A Madagascar, l’armée livre à domicile une potion gratuite censée protéger du Covid

Des militaires malgaches, en uniforme mais sans arme, font du porte-à-porte dans les ruelles de la capitale Antananarivo. Au programme: distribution gratuite à des habitants, médusés mais ravis, d’une tisane vantée par le président malgache Andry Rajoelina pour lutter contre le nouveau coronavirus.

Cette boisson, conçue par l’Institut malgache de recherche appliquée (Imra), est préparée à base d’armoise, une plante à l’efficacité prouvée contre le paludisme.

« On a fait des tests, deux personnes sont maintenant guéries par ce traitement », a affirmé en début de semaine M. Rajoelina. « Cette tisane donne des résultats en sept jours (…). On peut changer l’histoire du monde entier », a-t-il lancé.

Mardi, c’était au tour de militaires de défendre sur un plateau de la télévision nationale la boisson, lui accordant cette fois-ci des qualités non pas de guérison mais de prévention.

« Il n’y a pas de médicament remède direct contre le coronavirus », a expliqué un médecin de l’armée, le colonel Willy Ratovondrainy. « Mais la seule solution jusqu’ici c’est le renforcement de l’immunité. Et ce remède traditionnel renforce l’immunité », a-t-il insisté.

Son efficacité spécifique contre le Covid-19 n’a pourtant fait l’objet d’aucune étude scientifique publiée.

Et l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a rappelé qu’il n’existait pour l’heure « aucune preuve que des médicaments actuels puissent prévenir ou guérir la maladie », reconnaissant cependant que des « remèdes traditionnels (…) peuvent soulager des symptômes du Covid-19 ».

A Madagascar, pays très pauvre de l’océan Indien, la population, qui se soigne régulièrement à base de plantes, a accueilli à bras ouverts la distribution inattendue et gratuite de la tisane « Covid-Organics ».

« On a hâte d’en prendre depuis qu’on a vu à la télévision le président Rajoelina en boire », explique Jean-Louis Rakotonandrasana, 58 ans, tireur de charrette, après avoir reçu sept sachets de tisane.

– Interdit aux femmes enceintes –

« Je trouve ça génial que ce soit le médicament qui vienne aux gens et non l’inverse », se réjouit aussi Dominique Rabefarihy, mère de famille, avant de répéter le mode d’emploi donné par les militaires.

« Un sachet pour quatre litres d’eau, à prendre à raison de deux verres par jour pour un adulte, et un verre pour les enfants. C’est interdit pour les femmes enceintes. »

La présence des militaires ne semble pas perturber outre mesure Dominique Rabefarihy. « Au contraire, je suis rassurée que l’armée se préoccupe de ma santé et de la sécurité de ma famille. »

Avec la distribution de ce remède traditionnel, l’objectif affiché par les autorités malgaches est de « protéger la population à travers une sensibilisation contre le virus et de renforcer son système immunitaire ».

« Nous recommandons fortement la prise de cette tisane à base de plantes », expliquent-elles, alors que le pays compte 121 cas de contamination confirmés, mais aucun décès.

– Distribution dans les écoles –

L’opération tisane lancée cette semaine et qui doit durer plusieurs jours est menée sur l’ensemble du territoire, avec un accent mis sur les régions où des cas ont été enregistrés (Antananarivo, Fianarantsoa et Toamasina), selon la présidence malgache.

Dans la capitale, des points de distribution fixes ont été aussi mis en place.

« Ici, c’est la version liquide prêt à boire qui est mise à disposition de tout le monde, à raison de 33 cl par personne », explique Rufin Rafanomezantsoa, un représentant de la municipalité d’Antananaviro.

Au bord d’une route poussiéreuse, la foule se presse, sans respecter les gestes barrière, pour obtenir la boisson.

« Tant que l’OMS ne peut pas proposer un médicament pour guérir cette maladie, je fais confiance au remède proposé par le président Andry Rajoelina », explique dans la file d’attente Jean-Paul Rakotozafy, 72 ans.

La distribution de tisane coïncide avec le début du déconfinement progressif des trois principales villes du pays.

« Ce déconfinement est permis car on a trouvé une solution contre le coronavirus », a affirmé, avec aplomb, le président Rajoelina.

Doyen de la faculté de médecine de Toamasina (est), le Dr Stéphane Ralandison tire, lui, la sonnette d’alarme, mettant en garde contre les méthodes « pas bien scientifiques » autour de cette tisane qui a commencé à être aussi distribuée dans les écoles.

« Chaque parent est bien évidemment libre de ne pas autoriser son enfant à le prendre », explique la directrice de cabinet du président, Lova Ranoramoro, mais « jusque-là nous n’avons pas eu de refus ».

Golfe: en Iran, le chef des Gardiens promet une « réponse décisive » aux menaces de Washington

Le chef des Gardiens de la Révolution, armée idéologique de la République islamique d’Iran, a promis jeudi une « réponse décisive » aux Etats-Unis si les menaces du président Donald Trump de « détruire » des embarcations iraniennes dans le Golfe étaient mises à exécution.

« Nous déclarons aux Américains que nous sommes absolument déterminés et sérieux (…), et que toute action sera accueillie avec une réponse décisive, efficace et rapide », a déclaré le général de division Hossein Salami à la télévision d’Etat.

« Nous avons également ordonné à nos unités navales de viser (bateaux et forces américaines) s’ils tentent de mettre en danger la sécurité de nos navires ou embarcations de guerre, » a ajouté M. Salami.

Le regain de tensions entre la République islamique et Washington, ennemis depuis plus de 40 ans, survient une semaine après un nouvel incident dans les eaux du Golfe entre des bâtiments de l’US Navy et des patrouilleurs des forces navales des Gardiens de la Révolution.

Mercredi, tandis que les Gardiens annonçant le lancement avec succès d’un premier satellite militaire, M. Trump a écrit sur Twitter: « J’ai donné l’ordre à l’US Navy d’abattre et de détruire toute embarcation iranienne qui harcèlerait nos navires en mer ».

M. Salami a pour sa part estimé que l’incident de la semaine passée était le résultat d’un « comportement non professionnel et dangereux de la part des Américains dans le Golfe Persique ».

Le commandant des Gardiens a également indiqué que les actions américaines dans cette voie navigable sensible avaient été entravées par l’épidémie du nouveau coronavirus.

« Lors de l’incident de la semaine dernière, on a constaté l’agitation opérationnelle et le désordre chez les unités navales américaines », a-t-il affirmé.

Selon lui, cela indique que « le commandement et le contrôle de leurs unités militaires peuvent avoir été affaiblis par (…) la maladie du coronavirus ».

L’Iran et les Etats-Unis sont parmi les pays les plus durement touchés par la pandémie de coronavirus.

Selon des chiffres du Pentagone, plusieurs centaines de cas ont été recensés dans l’US Navy, dont un grand nombre (plus de 400) proviennent du porte-avions USS Theodore Roosevelt, immobilisé à Guam, île américaine du Pacifique.

L’aveu du Cameroun du meurtre de civils par des soldats, un signal positif jugent ONU et ONG

Yaoundé a envoyé un signal positif en admettant — laborieusement et sous pression internationale — que des militaires ont tué des civils dont 10 enfants, en février dans un village du Cameroun anglophone séparatiste, estiment l’ONU et des ONG, même si des zones d’ombre demeurent.

Le 14 février, au moins 23 civils, dont 15 enfants, avaient été tués à Nargbuh, un village de la région du Nord-Ouest, selon l’ONU. Un massacre qui avait déclenché un tollé au Cameroun et dans nombre de capitales occidentales.

Depuis trois ans, l’armée et des rebelles séparatistes anglophones s’affrontent quasi-quotidiennement dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, où vit l’immense majorité de la minorité anglophone du pays. Les deux camps sont régulièrement accusés de perpétrer des crimes et des exactions contre des civils.

Mais pour le massacre de Ngarbuh, Yaoundé niait jusqu’alors farouchement l’implication de son armée, invoquant un « malheureux accident »: pris sous le feu de « terroristes », ses soldats auraient répliqué, un conteneur de carburant explosant dans les échanges de tirs et l’incendie tuant cinq civils.

Un scénario vivement contesté par l’ONU et les ONG, et mis en doute par certains partenaires occidentaux du Cameroun, France et Etats-Unis en tête.

Lundi, plus de deux mois après, les services de l’inamovible président Paul Biya ont finalement admis, au terme d’une enquête selon eux, que deux militaires et un gendarme –en détention aujourd’hui–, épaulés par une milice locale, avaient tué 10 enfants et trois femmes en donnant l’assaut à ce qu’ils assuraient être un repaire de « terroristes », et maquillé leur crime en incendiant les maisons et falsifiant leurs rapports.

– « Une enquête sans précédent » –

Mardi, le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme saluait une « étape positive » dans la lutte contre l’impunité, exigeant que « tous les responsables » de cette tuerie soit jugés dans un procès « équitable et transparent ». L’enquête de Yaoundé semble épargner l’institution militaire en attribuant ces « événements tragiques » à trois militaires incontrôlés qui n’en n’avaient pas reçu l’ordre.

« C’est un premier pas qu’il faut souligner », estime l’ONG Human Rights Watch (HRW) qui avait publié, le 28 février, un rapport accablant l’armée et une milice alliée. « Qu’une enquête ait été lancée, et plus encore que les résultats de cette enquête, qui reconnaissent l’implication de certains militaires, aient ensuite été publiés nous semble être un vrai effort du gouvernement », déclare à l’AFP Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale de HRW, joint au téléphone depuis Libreville.

Enquête et conclusions « sans précédent dans cette crise », abonde l’ONG camerounaise Centre for Human Rights and Democracy in Africa sur Facebook, en espérant qu’il y en aura d’autres. « Une multitude de massacres auraient été commis par des troupes gouvernementales » en toute impunité depuis 2016, selon elle.

– Bilans différents –

C’est cependant une victoire en demi-teinte pour des acteurs de la société civile.

L’enquête ne reconnaît le meurtre que de 13 civils, assurant que l’assaut a aussi tué « cinq terroristes ». Outre le bilan de 23 civils de l’ONU, une coalition de 26 ONG locales assure que « 31 corps » avaient été découverts, dont ceux de 14 enfants et sept femmes.

« Toute la vérité n’a pas été dite car nos chiffres sont différents », plaide Blaise Chamango, un responsable de cette coalition.

Même constat pour HRW qui avait dénombré au moins 21 civils tués, dont 13 enfants.

Le nombre d’assaillants est aussi sujet à caution. Selon les témoins interrogés par HRW, 10 à 15 « militaires » et au moins 30 supplétifs ont attaqué le village. Le communiqué de la présidence parle de trois militaires, deux gendarmes et 17 civils membres d’un comité de vigilance local.

– Excuses publiques –

M. Chamango et d’autres membres de la société civile camerounaise ont demandé aux autorités des « excuses publiques » aux ONG locales et internationales qui avaient été menacées après la publication de leurs propres conclusions.

« Jusqu’ici, le gouvernement niait les conclusions de nos rapports, parlant de mensonges visant à déstabiliser le pays et ses institutions », explique M. Mudge, de HRW. « Nous espérons que ce rapport d’enquête marquera un tournant, un changement dans nos relations ».

Depuis plus de trois ans, les combats, mais aussi les exactions et crimes commis par les deux camps, ont fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés dans les deux régions anglophones.

Total se renforce dans un projet controversé en Ouganda

Total a annoncé jeudi qu’il allait renforcer sa participation dans un grand projet pétrolier en Ouganda, dénoncé par des ONG de défense de l’environnement et des droits humains.

Le groupe français va acquérir l’ensemble des intérêts de la société pétrolière britannique Tullow dans le projet de développement du Lac Albert en Ouganda et dans le projet d’oléoduc East African Crude Oil Pipe Line (EACOP), qui doit traverser la Tanzanie.

Total doit verser à Tullow 575 millions de dollars ainsi que des paiements conditionnels, indexés sur la production et les cours du pétrole.

« Cela s’inscrit pleinement dans notre stratégie d’acquisition de ressources long-terme à bas coût », a salué le PDG de Total, Patrick Pouyanné, cité dans le communiqué.

Ces deux projets géants, menés avec la compagnie chinoise CNOOC, sont critiqués par des ONG qui les accusent de ne pas prendre en compte les impacts sur les populations et l’environnement.

Six ONG françaises et ougandaises ont ainsi assigné Total pour l’obliger à revoir son « plan de vigilance », une disposition imposée à toutes les multinationales par une loi française de 2017. « Il est question de graves atteintes aux droits humains et à l’environnement », avaient estimé Les Amis de la Terre et Survie.

Fin janvier, le tribunal judiciaire de Nanterre (proche de Paris) s’était déclaré incompétent et avait renvoyé l’affaire devant le tribunal de commerce.

Total estimait alors que « son plan de vigilance est conforme aux dispositions de la loi sur le devoir de vigilance et s’attache à identifier les risques répondant aux préoccupations des associations ».

Le groupe considère en outre s’être « assuré que sa filiale en Ouganda avait bien appliqué les plans d’actions adaptés afin de respecter les droits des communautés locales ».

L’opération annoncée jeudi avait jusqu’à présent coincé sur des questions fiscales et la taxation du produit de la vente.

« Les conditions de la transaction ont été discutées avec le gouvernement ougandais et les autorités fiscales compétentes, et un accord de principe a été conclu sur le traitement fiscal de la transaction », a précisé Total.

« Cet accord avec Tullow et le gouvernement ougandais, fruit d’un bras de fer fiscal, va permettre à Total de relancer de plus belle son méga-projet pétrolier », a regretté jeudi Juliette Renaud, des Amis de la Terre France. « Comme toujours, Total est guidé par un objectif de maximisation des profits sans souci pour les conséquences dramatiques pour les populations, l’environnement et le climat », a-t-elle réagi.

Le premier procès d’exactions du régime syrien s’est ouvert en Allemagne

Le procès de deux membres présumés des services de renseignement syriens, le premier au monde des exactions imputées au régime de Bachar al-Assad, s’est ouvert jeudi matin devant la justice allemande.

Le principal suspect, Anwar Raslan, 57 ans, portant moustache et lunettes, est présenté comme un ancien colonel de la Sûreté d’Etat. Il est poursuivi pour crime contre l’humanité.

La justice lui reproche d’être responsable de la mort de 58 personnes, de la torture d’au moins 4.000 autres, d’un viol et d’un sévice sexuel aggravé entre le 29 avril 2011 et 7 septembre 2012 dans le centre de détention d’Al-Khatib à Damas, dont il avait la charge.

Également dans le box des accusés à Coblence, Eyad al-Gharib, 43 ans, le visage en partie couvert à l’audience par un masque, comparaît pour complicité de crime contre l’humanité pour avoir participé à l’arrestation de manifestants emmenés dans cette prison, entre les 1er septembre et 31 octobre 2011.

– Sous haute sécurité –

Les deux hommes, en détention provisoire depuis leur arrestation le 12 février 2019, avaient fui leur pays avant de rejoindre l’Allemagne où ils ont demandé l’asile comme des centaines de milliers de Syriens depuis neuf ans.

Anwar Raslan affirme avoir fait défection fin 2012 et, selon plusieurs médias, avoir rejoint les rangs de l’opposition en exil avant son arrivée en Allemagne le 26 juillet 2014. Il encourt la prison à perpétuité.

Le procès, placé sous haute sécurité et qui se tiendra au moins jusqu’à la mi-août devant le tribunal de grande instance de Coblence, constitue « un pas important, c’est le début d’un examen des crimes (du régime syrien) devant une haute Cour allemande », affirme à l’AFP Wolfgang Kaleck, secrétaire général de l’ONG allemande ECCHR, qui a notamment apporté son soutien à 16 victimes rescapées dont certaines se sont constituées parties civiles.

Pour juger les deux Syriens, l’Allemagne applique le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes quels que soit leur nationalité et l’endroit où ils ont été commis.

C’est actuellement la seule possibilité de juger les exactions perpétrées en Syrie car la perspective d’une saisine de la Cour pénale internationale est rendue impossible par les veto de la Russie et de la Chine, selon des ONG, saluant la tenue de ce procès.

Ce procès devrait « servir d’avertissement fort pour ceux qui commettent actuellement des abus en Syrie: personne n’est au dessus de la justice », a souligné Human Rights Watch (HRW). Amnesty International juge que c’est une « étape majeure dans la lutte contre l’impunité liée aux atteintes aux droits de l’Homme gravissimes commises en Syrie ».

Les enquêteurs se sont notamment appuyés sur les témoignages des victimes qui ont survécu aux conditions de détention « inhumaines et dégradantes », selon la justice, et sont parvenues à rejoindre l’Europe.

Quelques photos parmi les dizaines de milliers prises par un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », et montrant des corps torturés et suppliciés, devraient être présentées au cours du procès où témoins et victimes syriennes se succèderont pour témoigner.

– Sévices brutaux –

Dans la prison d’Al-Khatib dite aussi de la division 251, les détenus, qui pour beaucoup avaient participé aux manifestations réclamant liberté et démocratie en Syrie dans le cadre du Printemps arabe à partir de mars 2011, ont reçu « des coups de poing, bâton, câble, fouet » et subi « des électrochocs », selon le parquet.

Ces « sévices brutaux psychiques et physiques » visaient à extorquer « des aveux et des informations sur l’opposition », précise l’acte d’accusation.

On ne parle « pas d’un quelconque gardien de prison », rétorque M. Kaleck, « mais de quelqu’un qui selon le parquet a eu une fonction de direction » au sein de l’appareil d’Etat syrien.

Les avocats des deux accusés n’ont pas voulu s’exprimer avant le procès.

En revanche, Bachar al-Assad, interrogé en novembre 2019 par la chaîne russe proche du Kremlin RT sur la procédure contre Anwar Raslan, avait nié toute pratique de la torture.

Pourtant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime.

La justice allemande se penche pour la première fois sur des exactions en Syrie

Deux membres présumés des services de renseignement syriens, dont un haut gradé, comparaissent à partir de jeudi devant la justice allemande pour le premier procès au monde des exactions imputées au régime de Bachar al-Assad.

Le principal suspect, Anwar Raslan, 57 ans, présenté comme un ancien colonel de la Sûreté d’Etat, est poursuivi pour crime contre l’humanité.

La justice lui reproche d’être responsable de la mort de 58 personnes, de la torture d’au moins 4.000 autres, d’un viol et d’un sévice sexuel aggravé entre le 29 avril 2011 et 7 septembre 2012 dans le centre de détention d’Al-Khatib à Damas, dont il avait la charge.

Également dans le box des accusés, Eyad al-Gharib, 43 ans, comparaît pour complicité de crime contre l’humanité pour avoir participé à l’arrestation de manifestants emmenés dans cette prison, entre les 1er septembre et 31 octobre 2011.

Les deux hommes, en détention provisoire depuis leur arrestation le 12 février 2019, avaient fui leur pays avant de rejoindre l’Allemagne où ils ont demandé l’asile comme des centaines de milliers de Syriens depuis neuf ans.

Anwar Raslan affirme avoir fait défection fin 2012 et, selon plusieurs médias, avoir rejoint les rangs de l’opposition en exil avant son arrivée en Allemagne le 26 juillet 2014. Il encourt la prison à perpétuité.

– « Pas important » –

Le procès, placé sous haute sécurité et qui se tiendra au moins jusqu’à la mi-août devant le tribunal de grande instance de Coblence, constitue « un pas important, c’est le début d’un examen des crimes (du régime syrien) devant une haute Cour allemande », affirme à l’AFP Wolfgang Kaleck, secrétaire général de l’ONG allemande ECCHR, qui a notamment apporté son soutien à 16 victimes rescapées dont certaines se sont constituées parties civiles.

Pour juger les deux Syriens, l’Allemagne applique le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes quels que soit leur nationalité et l’endroit où ils ont été commis.

C’est actuellement la seule possibilité de juger les exactions perpétrées en Syrie car la perspective d’une saisine de la Cour pénale internationale est rendue impossible par les veto de la Russie et de la Chine, selon des ONG.

Les enquêteurs se sont notamment appuyés sur les témoignages des victimes qui ont survécu aux conditions de détention « inhumaines et dégradantes », selon la justice, et sont parvenues à rejoindre l’Europe.

– « Electrochocs » –

Dans la prison d’Al-Khatib dite aussi de la division 251, les détenus, qui pour beaucoup avaient participé aux manifestations réclamant liberté et démocratie en Syrie dans le cadre du Printemps arabe à partir de mars 2011, ont reçu « des coups de poing, bâton, câble, fouet » et subi « des électrochocs », selon le parquet.

Certains ont été pendus par les poignets « de manière à ce que seules les pointes des pieds touchent encore le sol » et « ont continué à être battus dans cette position », poursuit-il, évoquant aussi « des privations de sommeil pendant plusieurs jours ».

Ces « sévices brutaux psychiques et physiques » visaient à extorquer « des aveux et des informations sur l’opposition », précise l’acte d’accusation.

On ne parle « pas d’un quelconque gardien de prison », rétorque M. Kaleck, « mais de quelqu’un qui selon le parquet a eu une fonction de direction » au sein de l’appareil d’Etat syrien.

Les avocats des deux accusés n’ont pas voulu s’exprimer avant le procès.

En revanche, Bachar al-Assad, interrogé en novembre 2019 par la chaîne russe proche du Kremlin RT sur la procédure contre Anwar Raslan, avait nié toute pratique de la torture.

« Nous n’avons jamais considéré que la torture pouvait améliorer la situation de l’Etat, c’est aussi simple que cela », avait affirmé le président syrien qui dirige le pays d’une main de fer depuis vingt ans.

Pourtant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime.

Nigeria: des centaines d’enfants des rues évacués de Kano pour éviter la propagation du virus

Des centaines de garçons font la queue en attendant de monter dans des bus qui les emmeneront loin de Kano. Après avoir noté leur nom et pris leur température, la grande ville du nord du Nigeria évacue ces enfants des rues pour se protéger du coronavirus.

La plupart d’entre eux sont des élèves d’écoles coraniques controversées que l’on voit généralement mendier dans les rues dans le nord majoritairement musulman du pays.

Pour freiner la propagation du coronavirus, les autorités locales ont décidé d’évacuer quelque 250.000 enfants de la ville de quatre millions d’habitants, pour les renvoyer dans leurs villages.

« Pour l’instant, nous allons évacuer 1.595 enfants », a déclaré à l’AFP Muhammad Sanusi Kiru, ministre de l’Education de Kano, alors que les premiers bus s’apprêtaient à partir mardi. « C’est un processus graduel, nous le faisons par phases, nous les récupérons petit à petit ».

Les rues de cette cité commerçante d’ordinaire bouillonnante d’activité – qui compte pour l’instant 73 cas officiellement confirmés de coronavirus et un décès – sont vides depuis le confinement décrété la semaine dernière.

Le gouvernement de Kano, qui estime le nombre d’enfants mendiants à plusieurs millions dans tout l’Etat, craint une propagation du virus qui pourrait s’avérer catastrophique dans une ville comme Kano, aux infrastructures de santé largement défaillantes.

– « Conditions désastreuses » –

Dans cette région, de nombreux parents envoient leurs fils dès l’âge de six ans apprendre le Coran auprès de maitres religieux dans des écoles non agréées, appelées Almajiri.

Les cours sont gratuits, mais les enfants doivent se débrouiller seuls, généralement en mendiant ou en effectuant des petits boulots.

Ces écoles – qui font aussi office de « maisons de correction » pour les jeunes toxicomanes – ont fait scandale l’année dernière, lorsque plusieurs raids de la police dans des villes du nord ont mis à jour les conditions inhumaines dans lesquelles y vivaient nombre d’enfants et de jeunes hommes.

Certains ont été retrouvés enchaînés, des centaines vivaient entassés dans des pièces sales où la torture et le viol étaient généralisés.

Dans une lettre ouverte en mars, une ONG nigériane, Almajiri Child Right Initiative, demandait que les enfants qui le pouvaient soient ramenés chez eux, et que des aides alimentaires soient distribuées à ceux qui restaient.

« Les écoles officielles ont été suspendues partout dans le pays pour contrôler la propagation probable de la pandémie (…) mais aucune mesure similaire n’a été appliquée dans les écoles Almajiri », selon l’ONG.

Compte tenu des conditions « désastreuses » dans lesquelles ces enfants vivent, « nous pensons qu’il n’y a pas pire environnement » pour eux.

– « Volontaires » –

Kano imite ainsi les Etats voisins de Kaduna et Nasarawa, qui ont déjà évacué des grandes villes des centaines d’enfants, dans le cadre d’une résolution prise par 19 gouverneurs du nord, pour lutter contre la mendicité dans le contexte de crise sanitaire.

Selon les autorités de Kano, qui ont appelé les leaders religieux à évacuer leurs élèves via des messages diffusés à la radio, la première vague de 1.595 garçons part sur une base « volontaire ».

« Les enseignants qui ont amené ces enfants à Kano sont ceux qui nous appellent volontairement pour venir les chercher », assure le ministre Kiru. « Nous ne les obligeons pas à quitter l’Etat ».

Pour l’activiste Saminu Dala, les 250.000 jeunes mendiants identifiés jusque-là « ne représentent qu’une fraction de leur nombre réel ».

« Dans une situation d’urgence comme celle-ci, vous devez être sévère et utiliser la puissance régalienne pour évacuer ces enfants », de force si besoin, a-t-il dit à l’AFP.

En février, avant même que le coronavirus arrive dans la région, la mendicité de rue avait été interdite. La police chargée de faire appliquer la charia, la Hisbah, avait reçu l’ordre d’arrêter les religieux et les parents qui enfreignaient la nouvelle mesure.

Seuls 1.500 enfants avaient initialement regagné leurs foyers, mais au bout de quelques semaines, la répression s’était essoufflée.

Loin de leur terre, les Nubiens rêvent de redonner vie à leur langue

Nourrie aux récits de l’époque lointaine où la vie s’articulait autour du Nil, Fatma Addar, 23 ans, a grandi dans la culture nubienne de ses parents, sans jamais en parler la langue, aujourd’hui très peu usitée.

« On me demande souvent comment je peux être nubienne si je ne parle pas notre propre langue (…). Cela a toujours été un problème pour moi », déplore Mme Addar, arabophone d’éducation.

Cette habitante d’Assouan (sud) appartient à la principale minorité ethnique d’Egypte: les Nubiens, qui ont leurs racines dans le Sud du pays et le Nord du Soudan actuel.

Depuis les années 1960, les terres de l’ancienne Nubie sont en grande partie submergées par les eaux du lac Nasser, né de la construction du Haut barrage d’Assouan, projet monumental lancé par le président Gamal Abdel Nasser et inauguré en 1971.

En l’absence de chiffres officiels, les experts et associations nubiennes évaluent leur nombre entre trois à quatre millions de personnes aujourd’hui, sur plus de 100 millions d’Egyptiens.

A l’époque de la submersion, une part importante de la population d’alors –soit quelque dizaines de milliers de personnes, selon les associations– a dû quitter les rives fertiles du Nil pour les campagnes arides du Sud, ou les grandes villes, et s’assimiler progressivement au reste de la société… Jusqu’à en adopter la langue.

– « Marginalisation culturelle » –

Car si les programmes scolaires comprennent des langues étrangères, ni le nubien ni le berbère, langues minoritaires, ne sont enseignés dans les écoles égyptiennes.

Pour le chercheur Hussein Kobbara, 63 ans, cela participe « clairement de la marginalisation culturelle » des Nubiens.

« Cela fragilise notre identité », ajoute l’universitaire, lui-même d’origine nubienne.

Mme Addar, à l’instar de la plupart des Nubiens de sa génération, n’a été exposée à la langue de ses aïeux qu’à de rares occasions, notamment auprès des membres les plus âgés de la communauté, derniers gardiens de l’idiome ancestral.

« Notre intégration à la société arabophone a peu à peu éloigné le besoin de parler nubien », regrette la jeune femme.

Avec ses origines remontant à plusieurs milliers d’années, la langue nubienne se décline en deux dialectes, le kenzi et le fadidji, assez différents l’un de l’autre.

Transmise surtout oralement, elle est aujourd’hui transcrite dans un alphabet de 24 lettres proche du grec, mis au point par une équipe de chercheurs dans les années 1990.

Du fait de sa rareté, cette langue a été utilisée comme code militaire dans l’armée égyptienne durant la guerre de 1973 contre Israël.

– « Contes d’antan » –

Ces dernières années, la communauté nubienne a décidé de réinvestir son patrimoine linguistique en profitant notamment des nouvelles technologies.

« On filme des Nubiens âgés qui nous racontent les coutumes et légendes de leurs anciens villages, puis on en extrait des expressions », explique à l’AFP Hafsa Amberkab, une cheffe d’entreprise nubienne.

Cette initiative intitulée « Komma Waidi » (« Contes d’antan », en nubien), vise à documenter toute une tradition orale de récits et de fables.

Dans l’une des vidéos –dont certaines sont accessibles sur les réseaux sociaux–, on voit une femme âgée baigner un nouveau-né dans le Nil sept jours après sa naissance pour le bénir et le protéger, selon un vieux rituel de baptême nubien.

Depuis 2019, Mmes Amberkab et Addar travaillent également à un dictionnaire kenzi qui comprend 230 mots transcrits en alphabet arabe et traduits en arabe, anglais et espagnol.

– Application mobile –

En 2017, le développeur Momen Talouch a de son côté créé l’application mobile Nubi destinée à l’apprentissage des deux dialectes nubiens.

« Je ne les parle pas couramment moi-même car j’ai toujours vécu à Alexandrie », dans le nord de l’Egypte, affirme-t-il, tout en revendiquant son appartenance à la Nubie.

Dotée de 3.000 utilisateurs réguliers et téléchargée plus de 20.000 fois, l’application propose d’apprendre, avec des jeux, des chansons et des proverbes transcrits en alphabet nubien moderne et traduits en arabe.

Les chansons oscillent entre des airs gais, incontournables des mariages de la communauté, et des morceaux chargés de mélancolie.

« Mon fils, toi qui t’en vas rejoindre le village, pense à moi quand tu y seras et salue-le pour moi », raconte l’une d’elles.

Les Nubiens réclament de longue date un « droit de retour » et ont obtenu, en 2014, l’inscription de cette revendication dans la Constitution égyptienne.

Bien que le texte leur garantisse « un retour sous dix ans », aucune mesure concrète n’a pour l’heure été prise.

Au contraire, le territoire de l’ancienne Nubie qui n’a pas été inondé a progressivement été placé sous le contrôle de l’armée, dont le rôle est croissant dans l’économie égyptienne.

– Réparation partielle –

L’histoire récente des Nubiens est jalonnée de vagues successives de déplacements de population.

Les différentes étapes de la construction de l’ancien barrage (1902, 1912, 1933), édifié sous le protectorat britannique à la fin du XIXe siècle, ont donné lieu à de premières évacuations, culminant avec la construction du Haut barrage d’Assouan dans les années 1960.

En 2017, plusieurs sit-ins et marches « pour le retour » dans le sud ont abouti à l’arrestation d’une vingtaine de manifestants nubiens.

L’an dernier, le gouvernement a annoncé des mesures partielles de réparation prévoyant le dédommagement, par compensations financières ou attribution de logements sociaux, de quelques milliers de Nubiens.

Toutefois, aux yeux des militants de la cause nubienne, ces gestes ne peuvent remplacer leur droit au retour.

« Cela sera toujours notre rêve et nous devons maintenir notre langue en vie jusqu’à ce que l’on puisse se réinstaller sur nos terres », exhorte la cheffe d’entreprise Hafsa Amberkab.

« Sinon, ce sera un retour sans âme ».

Aux Etats-Unis, la Géorgie rouvre ses commerces malgré le coronavirus et les critiques

Le gouverneur de la Géorgie a autorisé certains pans de l’économie à rouvrir vendredi dans cet Etat du sud des Etats-Unis, une décision critiquée par des responsables locaux et même par Donald Trump, pour qui la mesure est précipitée en pleine pandémie de coronavirus.

Brian Kemp, un fervent partisan du président américain, a décidé de rouvrir certains commerces comme les salles de gym, les bowlings, les ateliers de tatouages, les salons de coiffure et de soins esthétiques ou les ongleries.

A partir de lundi, ce sera au tour des cinémas et des restaurants, qui devront imposer de strictes mesures de distance sanitaire et procéder à des nettoyages réguliers.

Le gouverneur républicain a cité « les données favorables et l’augmentation des tests » pour justifier sa décision, selon lui « approuvée par nos professionnels de la santé », alors que l’Etat compte près de 21.000 cas positifs au coronavirus et a enregistré plus de 850 décès.

Ces réouvertures sont « d’une précision chirurgicale, ciblées et méthodiques, en donnant la priorité à la santé des citoyens », a assuré M. Kemp.

Mais même Donald Trump, ardent partisan d’une réouverture au plus vite de l’économie, a dit mercredi être en « désaccord profond » avec le gouverneur, estimant que les commerces concernés ne faisaient pas partie de la première phase du plan préparé par la Maison Blanche pour relancer l’activité de la première puissance mondiale.

« C’est trop tôt, ils peuvent attendre encore un petit peu », a-t-il expliqué, tout en disant laisser M. Kemp libre de sa décision.

« Je lui conseillerais de ne pas faire ça », a renchéri l’épidémiologiste Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la pandémie.

Keisha Lance Bottoms, la maire démocrate d’Atlanta, capitale de l’Etat de Géorgie, a de son côté dénoncé une décision qu’elle juge précipitée et dangereuse.

« Je suis profondément inquiète, car on observe toujours une courbe ascendante » de la contamination dans l’Etat, a-t-elle dit sur CBSN.

« J’espère que le gouverneur a raison et que j’ai tort, parce que s’il se trompe, plus de gens vont mourir », a affirmé la maire.

– Responsabilité individuelle –

Brian Kemp a en revanche reçu l’appui d’une partie du patronat local, comme celui de Kay Kendrick, présidente de la Fédération de la cosmétologie et de la coiffure, qui compte 95.000 membres.

« Beaucoup d’entre eux sont des indépendants qui n’ont pas d’autres sources de revenus », a-t-elle dit dans un communiqué.

Pour Diane Fall, au contraire, il est trop tôt. « On dirait que le gouverneur nous fait une faveur, mais je préfère être en vie plutôt qu’ouvrir mon commerce », a dit cette propriétaire d’un salon de coiffure à Decatur, citée par le Wall Street Journal.

Le patron du département d’épidémiologie à l’Université d’Atlanta, José Cordero, rappelle que la propagation du virus est différente selon les Etats et que chacun doit étudier la situation sur le terrain, tout en respectant les consignes sanitaires.

« L’ouverture de ces commerces ne signifie pas qu’on a carte blanche », a-t-il dit à l’AFP.

« Nous devons tous garder à l’esprit notre responsabilité individuelle, si vous êtes malade, restez à la maison », a-t-il ajouté.

Donald Trump souhaite une relance rapide pour briser la spirale de la crise et du chômage – plus de 22 millions d’Américains ont perdu leur emploi depuis le début de l’épidémie. A travers le pays, les partisans du déconfinement demandent la fin des restrictions qui ont mis en sommeil le pays.

Plusieurs Etats républicains ont récemment desserré l’étau du confinement obligatoire. La Caroline du Sud et la Floride ont ainsi ouvert quelques plages au public, et préparent un redémarrage en plusieurs phases.

L’UE profondément divisée avant un sommet sur l’après-crise

Les dirigeants européens semblent plus divisés que jamais au moment de débattre jeudi des solutions pour sortir l’UE de la récession due à la pandémie de coronavirus, ce qui devrait les contraindre à reporter toute décision d’envergure.

Les 27 ne parviennent pas, pour le moment, à s’entendre sur la façon de relancer le moteur économique et un détail en dit long sur leurs divergences: contrairement à l’habitude, ils ne devraient adopter aucune déclaration commune à l’issue de leur sommet en visioconférence, qui débutera à 13H00 GMT.

Dans sa lettre d’invitation aux chefs d’Etat et de gouvernement, le président du Conseil européen Charles Michel, à la manoeuvre lors des sommets, leur « suggère de se mettre d’accord pour travailler sur un fonds de relance aussi vite que possible ».

Mission devrait être confiée à la Commission européenne de travailler rapidement sur le sujet, ce qui constituera « le principal résultat du Conseil », anticipe une source européenne.

Pourtant, la pandémie a percuté de plein fouet les économies: l’UE, dont les populations sont confinées dans la plupart des pays, devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI.

Et la crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d’être la pire de la courte histoire de la monnaie unique lancée en 1999.

– Solidarité –

Dans ce contexte, les vieux clivages, auxquels on avait déjà assisté après la crise financière de 2009, ont réapparu au grand jour.

D’un côté les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie comme l’Italie et l’Espagne, réclament davantage de solidarité financière à leurs voisins du Nord.

Mais ces derniers, en particulier l’Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, rechignent à payer pour des Etats à qui ils reprochent de ne pas avoir fait preuve de discipline budgétaire pendant les années de croissance.

« Les pays du Sud ont l’impression que certains Etats, actuellement plus forts économiquement, vont utiliser cette crise pour l’être encore davantage. Et ceux du Nord pensent que leurs voisins du Sud vont profiter de la pandémie pour leur léguer le fardeau de la dette qu’ils ont contractée par le passé », résume un haut responsable européen.

L’Elysée anticipe « encore des débats à l’issue du Conseil » et n’attend pas d’accord avant l’été.

« Il faudra une réunion physique des chefs d’Etat et de gouvernement, au moins une », a résumé une source française.

« C’est le sommet typique sur lequel les rencontres bilatérales, la rencontre à côté de la salle, la possibilité de se parler, de se comprendre mieux dans un tête-à-tête, tout cela va manquer », a estimé l’ancien président du Conseil italien et président de l’Institut Jacques Delors, Enrico Letta.

– « Coronabonds » –

De l’avis de tous, le plan de relance devrait être de plusieurs centaines de milliards d’euros, mais un montant définitif est encore loin d’être acté.

Sur l’épineuse question du financement de fonds de relance, différentes options ont été présentées, mais aucune ne fait pour l’instant l’unanimité.

Rome, Madrid ou Paris plaident pour un endettement commun, sous des formes variées, que l’on a souvent résumé par le terme de « coronabonds ».

L’intérêt de la mutualisation des dettes pour les pays du Sud de l’Europe, c’est de bénéficier des taux d’intérêt peu élevés des pays du Nord.

La question se pose également sur le lien entre le fonds de relance et le budget à long terme de l’UE, qui doit en principe être adopté d’ici la fin de l’année pour la période 2021-2027.

Cette option rassure les pays du Nord car elle fournit un cadre légal mais elle risque de susciter d’autres questions tout aussi compliquées, comme la priorité de ces dépenses d’investissement d’après-crise par rapport à celles qui sont traditionnelles comme la Politique agricole commune (PAC).

Les dernières négociations sur ce budget pluriannuel, en février avant la crise sanitaire et économique, s’étaient soldées par un échec retentissant.

Yémen: 14 morts dans des inondations à Aden, craintes du coronavirus

Des inondations ont tué 14 personnes et fait des dizaines de blessés à Aden, principale ville du sud du Yémen, ont annoncé mercredi les autorités, sur fond de craintes d’une propagation du nouveau coronavirus dans le pays en guerre.

« Les inondations à Aden ont tué 14 personnes, des hommes, des femmes et des enfants », a déclaré à l’AFP le vice-Premier ministre yéménite, Salem al-Khanbashi.

« Nous avons besoin d’une aide urgente dans le secteur de la santé pour stopper la propagation des maladies, en particulier le choléra et d’autres infections virales qui peuvent tuer les gens », a alerté ce responsable qui dirige le haut comité des secours.

Mardi, au moins sept personnes ont péri et 85 blessées mardi dans plusieurs provinces du nord en proie aux intempéries, selon l’ONU.

Au total, au moins 21 Yéménites ont trouvé la mort dans des inondations ces dernières 48 heures dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

La capitale Sanaa et d’autres régions du pays –surtout dans le nord– subissent depuis plusieurs semaines par de fortes pluies, dans un pays déjà touché par la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, et qui a officiellement enregistré un premier cas de nouveau coronavirus début avril.

Depuis 2014, le gouvernement yéménite, soutenu à partir de 2015 par une coalition armée dominée par l’Arabie saoudite, est en guerre contre les rebelles Houthis, aidés par l’Iran, qui contrôlent Sanaa et plusieurs pans du nord du pays.

Plus de trois millions de Yéménites ont été déplacés en raison du conflit, le plus souvent dans des camps particulièrement exposés au risque de propagation de maladies, comme le choléra et le paludisme.

« Des gens sont morts, des maisons ont été endommagées, des (camps de déplacés) ont été touchés et ces inondations pourraient accélérer la propagation du choléra », a mis en garde mercredi Samah Hadid, responsable de l’ONG Oxfam.

Selon Mme Hadid, « il pourrait y avoir un million de cas de choléra cette année avec le début de la saison des pluies au Yémen », évoquant également « la menace sérieuse du coronavirus dans le pays ».

– Eau et boue –

Mercredi à Aden, capitale du sud et siège provisoire du gouvernement, déclarée « zone sinistrée » la veille par le Premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, des centaines de véhicules flottaient dans des rues inondées.

Au moins dix maisons ont été détruites et 90 autres endommagées, selon un responsable du gouvernement. Pas moins de 35 familles étaient bloquées dans leurs foyers inondés, ont indiqué des résidents d’Aden.

« Il y a de l’eau et de la boue chez moi, les voitures ont été balayées le long des rues, qui sont à présent complètement détruites », a dit l’un d’eux, Mohammed Abdel Hakim.

Ces intempéries ont touché les déplacés dans l’ensemble du pays, a indiqué mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), notamment à Marib, l’un des derniers bastions du gouvernement dans le nord où de violents affrontements ont éclaté ces dernières semaines entre loyalistes et rebelles.

« Beaucoup de familles ont perdu leur abri, et tout ce qu’elles détenaient », a écrit le HCR sur Twitter.

Environ 24 millions de Yéménites –plus de 80% de la population– dépendent d’une forme d’aide ou de protection, selon l’ONU.

Le Pentagone considère Kim Jong Un en « plein contrôle » du programme nucléaire nord-coréen

Le Pentagone n’a aucune information permettant de dire que Kim Jong Un a perdu le contrôle du programme nucléaire nord-coréen, a indiqué mercredi un haut responsable de l’état-major américain questionné sur les rumeurs sur les problèmes de santé du dirigeant nord-coréen.

En dehors des informations de presse, « je peux vous dire que selon nos renseignements, je n’ai rien pour confirmer ou démentir quoi que ce soit », a déclaré le chef d’état-major adjoint des Etats Unis, le général John Hyten, au cours d’une conférence de presse.

« Je pars du principe que Kim Jong Un a encore le plein contrôle de la force nucléaire nord-coréenne et des forces armées nord-coréennes », a-t-il ajouté.

La Corée du Nord a marqué le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies officielles.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le dirigeant nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

La Maison Blanche est elle aussi restée prudente sur ces informations.

Le président américain Donald Trump a souhaité mardi « bonne chance » à Kim Jong Un, tout en soulignant que les rumeurs sur ses éventuels problèmes de santé n’avaient pas été confirmées.

« Je veux juste dire à Kim Jong Un que je lui souhaite bonne chance », a déclaré M. Trump.

« Si son état de santé est celui mentionné dans les médias, c’est un état très préoccupant », a-t-il ajouté. « Personne n’a confirmé cela », a-t-il précisé. « Nous ne savons pas », a-t-il insisté, avant de conclure: « J’espère le voir en bonne santé ».

Les autorités sud-coréennes ont toutefois minimisé ces informations. Un haut responsable sud-coréen cité par l’agence de presse Yonhap a notamment affirmé, sous couvert de l’anonymat, qu’il n’était « pas vrai » que Kim Jong Un était gravement malade.

Yémen: huit morts dans des inondations à Aden, craintes du coronavirus

Des inondations ont tué huit personnes, dont cinq enfants, et fait des dizaines de blessés à Aden, la principale ville du sud du Yémen, ont indiqué des responsables mercredi, sur fond de craintes d’une propagation du nouveau coronavirus dans le pays en guerre.

Au total, au moins 15 Yéménites ont trouvé la mort dans des inondations en 48 heures dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. Au moins sept personnes ont péri et 85 blessées mardi dans plusieurs provinces du nord en proie aux intempéries, selon l’ONU.

La capitale Sanaa et d’autres régions du pays surtout du nord sont touchées depuis plusieurs semaines par de fortes pluies, dans un pays déjà touché par la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, et qui a officiellement enregistré un premier cas de nouveau coronavirus début avril.

Depuis 2014, le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition armée dominée par l’Arabie saoudite, est en guerre contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent Sanaa et plusieurs pans du nord du pays.

Plus de trois millions de Yéménites sont déplacés en raison du conflit, le plus souvent dans des camps particulièrement exposés au risque de propagation de maladies, notamment hydriques comme le choléra et le paludisme.

« Des gens sont morts, des maisons ont été endommagées, des (camps de déplacés) ont été touchés et ces inondations pourraient accélérer la propagation du choléra », a mis en garde mercredi Samah Hadid, responsable du plaidoyer à l’ONG Oxfam.

Selon Mme Hadid, « il pourrait y avoir un million de cas de choléra cette année avec le début de la saison des pluies au Yémen », évoquant également « la menace sérieuse du coronavirus dans le pays ».

Mercredi à Aden, capitale du sud et siège provisoire du gouvernement, déclarée « zone sinistrée » la veille par le Premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, des centaines de véhicules flottaient dans des rues inondées.

Au moins dix maisons ont été détruites et 90 autres endommagées, selon un responsable du gouvernement. Pas moins de 35 familles étaient bloquées dans leurs foyers inondés, ont indiqué des résidents d’Aden.

« Il y a de l’eau et de la boue chez moi, les voitures ont été balayées le long des rues, qui sont à présent complètement détruites », a dit l’un d’eux, Mohammed Abdel Hakim.

Ces intempéries ont touché les déplacés dans l’ensemble du pays, a indiqué mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), notamment à Marib, l’un des derniers bastions du gouvernement dans le nord où de violents affrontements ont éclaté ces dernières semaines entre loyalistes et rebelles.

« Beaucoup de familles ont perdu leur refuge, et tout ce qu’elles détenaient », a écrit le HCR sur Twitter.

Environ 24 millions de Yéménites –plus de 80% de la population– dépendant d’une forme d’aide ou de protection, selon l’ONU.

Coronavirus: 435 morts en 24 heures en Espagne, 2e jour de léger rebond

L’Espagne a recensé mercredi 435 morts du nouveau coronavirus en 24 heures, un chiffre qui a augmenté légèrement pour le deuxième jour consécutif et qui porte le total de décès à 21.717, a annoncé le ministère de la Santé.

430 morts avaient été notifiées mardi et 399 lundi, ce qui constituait un plus bas depuis quatre semaines.

Le pays, qui compte par ailleurs au total plus de 208.000 cas confirmés après une hausse de plus de 4.200 en 24 heures, est le troisième le plus endeuillé du monde derrière les États-Unis et l’Italie.

Le confinement très strict auquel est soumis l’Espagne depuis le 14 mars doit être prolongé mercredi par les députés jusqu’au 9 mai inclus.

Le gouvernement, qui aborde le déconfinement avec une extrême prudence, va toutefois assouplir légèrement ses mesures de lutte contre le virus en permettant aux enfants de sortir prendre l’air à partir de dimanche.

Après les avoir initialement autorisés à sortir avec un de leur parent uniquement pour aller au supermarché ou à la pharmacie, il a fait volte-face mardi soir face à l’avalanche de critiques de tous bords en autorisant de courtes promenades comme dans d’autres pays européens comme la France.

« La désescalade (dans les mesures de confinement) va être lente et progressive précisément car elle doit être sûre », a insisté le Premier ministre Pedro Sanchez mercredi devant les députés.

« Le confinement ne sera levé que lorsque nous y serons préparés car nous n’allons courir aucun risque », a-t-il martelé en évoquant la « deuxième moitié du mois de mai ».

Malgré un nombre de morts toujours élevé, l’Espagne a dépassé le pic de l’épidémie début avril, quand le coronavirus avait tué jusqu’à 950 personnes le 2 avril.

Signe de l’amélioration, les hôpitaux ne sont plus saturés et la région de Madrid devait fermer mercredi la morgue installée dans la patinoire d’un centre commercial madrilène, symbole du lourd bilan humain de la pandémie dans la capitale espagnole.

L’Iran annonce le lancement d’un satellite militaire en pleines tensions avec Washington

L’Iran a annoncé le lancement « avec succès » mercredi d’un premier satellite militaire, deux mois après l’échec de la mise en orbite d’un satellite scientifique et dans un contexte de tensions avec Washington qui perdurent malgré la pandémie de coronavirus.

L’annonce a été faite par les Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique qui a salué sur son site internet « une grande réussite et un nouveau développement dans le domaine de l’espace pour l’Iran islamique ».

Le satellite, baptisé Nour, a été « lancé avec succès ce matin, mercredi 22 mai, à partir du lanceur à deux étages Qassed depuis le désert de Markazi (centre) en Iran », a indiqué le site Sepahnews, organe des Gardiens.

Le satellite Nour (Lumière en persan) a « orbité autour de la Terre à 425 km », selon la même source.

Ce lancement survient plus de deux mois après l’échec le 9 février de la mise en orbite d’un satellite d’observation scientifique, baptisé Zafar (Victoire en persan).

Le lancement du Zafar avait été condamné par la France et les Etats-Unis qui ont accusé Téhéran de vouloir renforcer ses compétences dans le domaine des missiles balistiques par le biais du lancement de satellites.

Téhéran maintient que son programme spatial est « pacifique » et réfute les affirmations selon lesquelles il a une dimension militaire.

Les Etats-Unis avaient déjà mis en garde contre le programme spatial iranien, qualifiant notamment le tir par Téhéran d’une fusée chargée du lancement d’un satellite en janvier 2019 de « provocation » et de violation de la résolution 2231 du Conseil de sécurité des Nations unies.

Cette résolution appelle l’Iran à « ne mener aucune activité liée aux missiles balistiques conçus pour pouvoir emporter des charges nucléaires, y compris les tirs recourant à la technologie des missiles balistiques ».

Affirmant n’avoir aucun projet de se doter de l’arme atomique, Téhéran assure que ses programmes balistique et spatial sont licites et ne violent pas la résolution.

– En pleine pandémie –

L’hostilité de longue date entre Téhéran et Washington a été exacerbée depuis que Washington a décidé en mai 2018 de dénoncer unilatéralement l’accord international sur le nucléaire iranien (conclu en 2015) et de rétablir des sanctions économiques punitives contre Téhéran.

Les tensions ont atteint un nouveau pic après l’élimination du puissant général iranien Qassem Soleimani, tué dans une frappe de drone américaine à Bagdad le 3 janvier.

L’annonce du lancement du satellite militaire mercredi intervient sur fond de grave crise sanitaire en Iran, pays parmi les plus touchés par la pandémie du nouveau coronavirus.

La République islamique accuse les États-Unis de « terrorisme économique », Téhéran devant faire face à la fois à l’épidémie et aux sanctions américaines qui étouffent son économie depuis leur retour en 2018.

Depuis plusieurs semaines, l’Iran estime que les sanctions américaines contre Téhéran affaiblissent sa capacité à lutter contre la pandémie.

Celles-ci asphyxient financièrement le pays et restreignent ses capacités à emprunter sur le marché international.

Sur le papier, les biens humanitaires (médicaments, équipements médicaux notamment) échappent aux sanctions, mais en réalité, les banques internationales préfèrent généralement refuser une transaction impliquant l’Iran, quel que soit le produit concerné, plutôt que de courir le risque de s’exposer à des représailles des Etats-Unis.

Téhéan a annoncé en mars avoir demandé au Fonds monétaire international (FMI) une ligne de crédit d’urgence pour un montant pouvant s’élever à environ 5 milliards de dollars.

Mais Washington, qui dispose d’un droit de veto au sein de cette institution et mène une campagne de « pression maximale » contre l’Iran, a jusqu’à présent indiqué n’avoir aucune intention d’autoriser un tel prêt, accusant Téhéran d’utiliser ses ressources pour financer « le terrorisme à l’étranger ».

L’Iran a enregistré officiellement près de 5.300 morts du nouveau coronavirus et environ 85.000 cas de contamination, soit le bilan le plus lourd du Moyen-Orient.

Certains, à l’étranger comme à l’intérieur du pays, estiment que ces chiffres sont sous-estimés, évoquant quatre à cinq fois plus de morts.

Au Chili, la traque du castor, la plaie qui met en péril les forêts de Patagonie

Armé de son fusil, Miguel Gallardo fait face à une tâche colossale: traquer le castor, introduit dans la région dans les années 1940 et devenu depuis une plaie qui menace les forêts de la Patagonie chilienne.

A partir des 10 couples introduits en 1946, on compte aujourd’hui quelque 100.000 individus dans la zone de la Terre de feu, partagée entre le Chili et l’Argentine. Marcelo, lui, ne parvient à en abattre qu’une soixantaine à chaque saison.

« Le castor est très mignon, très intelligent, mais malheureusement, les dommages qu’il est en train de causer sur la végétation indigène et la faune sont énormes », déclare à l’AFP ce chasseur qui a 15 ans d’expérience et organise aussi des visites touristiques sur l’Ile Navarino, à proximité de Puerto Williams, à l’extrême sud du Chili.

Avec leurs puissantes dents et leurs talents de bâtisseurs, le castors se sont parfaitement acclimatés à ce nouvel habitat, totalement dépourvu de prédateurs.

« Il faut les éradiquer, mais il ne s’agit pas non plus d’arriver et de leur tirer dessus dans l’eau et qu’ils y pourrissent », ajoute ce chasseur, qui récupère les spécimens abattus pour utiliser leur fourrure « de très bonne qualité et assez chaude ».

En 1946, des militaires argentins ont rapporté d’Amérique du Nord dix couples de castors du Canada (castor canadensis) dans le but de monter une affaire de peaux et de fourrures en Terre de feu. Mais cela n’a finalement pas marché et ces castors ont été relâchés dans la nature.

Les deux pays voisins effectuent depuis les années 1980 des campagnes de contrôle pour tenter de réduire les populations de ces rongeurs, par des pièges ou des abattages. En face, les ONG de protection de l’environnement, comme l’Union de défense du droit animal de Punta Arenas, dénoncent la cruauté de ces méthodes ainsi que leur manque d’efficacité.

« Les défenseurs des animaux, je les comprends; je comprends que tuer un être vivant, un petit animal intelligent, c’est douloureux. Mais malheureusement, si nous ne prenons pas de mesures concernant le castor, nous allons nous retrouver sans forêt et sans végétation », met en garde Miguel Gallardo.

– 23.000 hectares dévastés –

« Penser à éradiquer le castor n’est en rien un combat contre le castor mais un besoin de protéger le patrimoine naturel de notre pays », abonde Charif Tala Gonzalez, responsable du département de conservation des espèces au ministère de l’Environnement.

En quelques années, ces rongeurs semi-aquatiques au pelage marron qui peuvent mesurer jusqu’à un mètre et peser 32 kilos ont fini par coloniser tout l’archipel de la Terre de feu.

Outre qu’il n’a pas de prédateurs naturels dans cette partie du globe, le castor vit en général longtemps, de 10 à 12 ans, durant lesquels il peut avoir 5 à 6 petits chaque année.

Cet animal est connu pour construire des barrages à partir de la végétation existante. Il installe ensuite sa tanière au milieu de la retenue qui se forme alors.

Cette montée des eaux fait mourir la végétation indigène et le peu d’arbres qui survivent sont abattus par les castors pour renforcer leur construction. Ils raffolent particulièrement des lengas centenaires, également appelés hêtres de la Terre de feu, et des coihues, connus sous le nom de hêtres de Magellan.

« La forêt ne peut pas se défendre (…) Tout ce qui reste au milieu de l’eau meurt, car nos forêts ne sont pas préparées à l’excès d’eau », explique Miguel, le chasseur.

Les autorités chiliennes estiment que depuis leur introduction, les castors ont dévasté plus de 23.000 hectares de végétation indigène, entraînant un manque à gagner évalué à 62,7 millions de dollars à cause de la destruction du bois.

Ils ont également eu un effet sur l’ensemble de la flore et la faune de la zone, leurs barrages provoquant des inondations qui ont coupé des routes, des zones de pâturage et de culture.

« Les écosystèmes de la Patagonie sont uniques (…) Pour qu’ils redeviennent pleinement des forêts, nous parlons en centaines d’années, si les conditions sont réunies », souligne Charif Tala Gonzalez.

Brésil: un accordéoniste défend l’Amazonie en chantant au fil de l’eau

Son accordéon est presque aussi large que son canot, mais la musique retentit jusqu’à la cime des arbres: Eder Rodrigues do Nascimento, 60 ans, pagaie des journées entières en chantant des vers sur la protection de l’Amazonie brésilienne.

« La nature dépend de vous, laissez-la vivre, le monde entier vous remercie, avec la plus grande joie », chante ce troubadour haut en couleurs, sillonnant les villages sur pilotis bâtis sur les rives du Jurua, un affluent de l’Amazone.

Pour se rendre d’un village à l’autre, il faut parfois plusieurs jours de navigation.

Seul sur sa modeste embarcation en bois, « Eder l’accordéoniste », comme il se fait appeler, est impuissant face aux fléaux comme la déforestation ou l’orpaillage illégal. Mais il symbolise la résistance de ceux qui vivent au plus près de la nature et sont mis en lumière lors de la Journée internationale de la Terre nourricière le 22 avril.

« Dans mes chansons, je parle de la préservation de la nature. Je donne des conseils pour que tout le monde fasse comme moi: ne pas brûler la forêt, ne pas polluer l’eau, ne pas couper d’arbres. Il faut laisser les arbres, c’est eux qui vont sauver le monde », déclare-t-il à l’AFP.

Ce métis au visage buriné et émacié habite à Boa Vista, localité qui fait partie de la réserve naturelle de Uacari, où les habitants vivent essentiellement de la pêche et de la cueillette.

« La terre est en train de devenir sèche à cause de la déforestation. Ça nous inquiète beaucoup parce que nous vivons dans la forêt », déplore-t-il.

« Parfois, on voit arriver des maladies que personne ne connaît et parfois les gens meurent sans qu’on en sache la cause », insiste l’accordéoniste.

Les peuples vivant aux confins de l’Amazonie sont particulièrement vulnérables face au nouveau coronavirus, qui a tué près de 200 personnes dans l’Etat d’Amazonas, où vit Eder.

« Ceux qui visitent l’Amazonie se rendent au paradis, ceux qui habitent l’Amazonie y sont déjà, si tu veux connaître la biodiversité, viens avec moi », fredonne le musicien, une lueur d’espoir dans les yeux quand il voit les jeunes villageois s’identifier aux paroles de ses chansons.

Le déboisement et les incendies de forêt ont fortement augmenté depuis l’arrivée au pouvoir en janvier 2019 du président d’extrême droite Jair Bolsonaro, dont la politique environnementale est vivement critiquée.

De nombreuses ONG l’accusent de vouloir livrer le « poumon de la planète » aux compagnies minières et à l’agro-négoce, tout en empiétant sur les territoires censés être réservés aux peuples autochtones.

Maroc: plus de 60 cas de contamination au nouveau coronavirus dans une prison

Une soixantaine de cas de contamination au nouveau coronavirus ont été enregistrés dans une prison du sud du Maroc, surtout parmi les employés, a indiqué la direction des prisons du royaume, annonçant que des tests de dépistage étaient en cours au sein de l’établissement.

Soixante employés et six détenus ont été testés positifs dans la prison de Ouarzazate, a indiqué dans un communiqué la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR), annonçant des « tests de dépistage pour tous les pensionnaires de l’établissement ».

Ces cas s’ajoutent aux 11 déjà signalés dans une prison de Marrakech (sud), et à ceux de Ksar Kébir (nord), où 9 fonctionnaires et deux prisonniers ont été testés positif, selon la direction des prisons.

Les cas de contamination dans les prisons du pays, qui compte quelque 80.000 détenus, sont désormais « limités » grâce aux « mesures préventives » adoptées, d’après la même source.

La DGAPR avait déjà indiqué que les fonctionnaires des établissements pénitenciers avaient été soumis à des quarantaines de deux semaines.

Début avril, plus de 5.654 détenus ont été relâchés au Maroc, pour tenter de réduire les risques de propagation dans les prisons.

D’autres pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord –où aucun cas de contamination en prison n’avait officiellement été rapporté jusque-là– ont fait de même, alors que la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a appelé à la libération de détenus à travers le monde.

Au Maroc, pays de 35 millions d’habitants, 3.186 cas de contamination ont été enregistrés officiellement, dont 144 décès et 359 guérisons.

Les autorités ont imposé des mesures de confinement, sous contrôle étroit des forces de l’ordre, après avoir suspendu les liaisons aériennes et verrouillé les frontières.

Le port du masque est obligatoire, sous peine de sanctions, et les autorités ont annoncé la prolongation jusqu’au 20 mai de « toutes les mesures de précaution et de restriction (…) de l’état d’urgence sanitaire ».

En Israël, un début de déconfinement vécu comme une « libération »

Dans une zone commerciale de Jérusalem, des dizaines de personnes font la queue devant une quincaillerie autorisée à rouvrir. Après des semaines à l’arrêt, Israël teste le déconfinement progressif, vécu comme une « libération » même si le gouvernement reste en « guerre » contre le coronavirus.

Dans le cadre d’un plan « responsable et progressif », le gouvernement israélien, l’un des premiers à prendre des mesures drastiques pour endiguer la propagation du nouveau coronavirus, a autorisé la reprise du travail dans certains secteurs à partir de dimanche.

En plus des pharmacies et supermarchés restés ouverts, les magasins d’outillage, d’ameublement et d’équipement sportif, les librairies et papeteries ont pu rouvrir, sauf dans les centres commerciaux et à condition de respecter certaines règles sanitaires.

Même partielle, la réouverture des commerces a provoqué un sentiment de « libération » chez les clients, déclare mardi Arié Herzog, gérant d’un magasin de bricolage de 600 m2 à Talpiot, un quartier de Jérusalem.

« J’ai vu la joie sur leur visage, c’était comme s’ils partaient en pique-nique tellement ils se sentaient soulagés de sortir de chez eux », dit-il.

Un de ses employés, posté à l’entrée du magasin, contrôle la température des clients, admis au fur et à mesure que d’autres sortent. Seule une quinzaine peuvent théoriquement se trouver en même temps dans la boutique.

Mais à l’intérieur, la distanciation est peu respectée et les clients font la queue à moins d’un mètre les uns des autres pour passer en caisse.

– Prudence –

Le début du déconfinement a été annoncé avant l’accord lundi entre le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz pour la formation d’un gouvernement d’union et « d’urgence » afin de remporter la « guerre » contre le nouveau coronavirus, qui a plombé l’économie du pays.

Israël, qui compte environ neuf millions d’habitants, a officiellement enregistré plus de 13.880 cas de malades, dont plus de 180 décès. Selon les chiffres officiels, plus de 4.000 personnes hospitalisées sont guéries et ont pu rentrer chez elles.

Piscine gonflable dans les mains, Shmuel Brachel, 43 ans, se réjouit de cette première excursion, hors de la maison, et pour des courses non-alimentaires.

« C’est sûr que ça fait du bien, mais en même temps il faut faire attention », estime ce coordinateur de séjours scolaires en Israël et actuellement au chômage technique. « J’attends de voir si la réouverture de certains magasins ne va pas provoquer une hausse des contaminations. »

M. Netanyahu a averti samedi que les mesures de confinement seraient rétablies si le nombre de cas augmentait à nouveau. « Si dans deux semaines on voit une amélioration continue, on allègera davantage » les restrictions, mais « s’il y a un nouveau pic de cas, nous serons contraints de renoncer à un allègement ».

– Explosion du chômage –

Avant dimanche, il était interdit de sortir à plus de 100 mètres de chez soi hormis pour travailler, si nécessaire, ou se rendre au supermarché, à l’hôpital ou à la pharmacie.

Le port du masque reste obligatoire, les écoles et universités restent fermées et les transports en commun n’ont que partiellement repris.

En Israël, le chômage a explosé pour passer à 3,4% en février et à environ 26% à l’heure actuelle. Ce taux devrait toutefois « baisser progressivement en mai », selon l’Israel democracy institute (IDI), un groupe de réflexion à Jérusalem.

« Certains salariés actuellement en congés sans solde retourneront au travail, en particulier dans la haute technologie et dans l’industrie (…) et des professionnels comme les comptables, avocats et consultants », prédit le centre.

Mais certaines entreprises ne survivront pas à la pandémie et des salariés congédiés risquent de ne pas être réembauchés, avertit l’IDI. « En plus des centaines de milliers d’Israéliens qui seront au chômage dans les prochains mois, des dizaines de milliers de sociétés s’effondreront, pour la plupart des petites entreprises ou gérées par des indépendants. »

Dimanche, des entrepreneurs ont manifesté devant le Parlement et la résidence du président à Jérusalem, réclamant une aide d’urgence pour les sauver de la faillite.

Coronavirus au Niger : dix manifestants écroués dans une prison de haute sécurité

Dix personnes ont été écrouées dans une prison de haute sécurité après leur arrestation lors de violentes manifestations à Niamey contre le couvre-feu et l’interdiction des prières collectives pour lutter contre la propagation du coronavirus au Niger, a indiqué mardi la police.

« Cent-huit manifestants ont été interpellés dans la ville de Niamey entre le 17 et le 19 avril dont dix sont déposés à la prison de haute sécurité de Koutoukalé », a déclaré la police dans un communiqué transmis à l’AFP.

La prison de Koutoukalé (60 km de la capitale) est l’établissement pénitentiaire le mieux gardé du pays, où de nombreux jihadistes sont également détenus.

Dimanche soir, des échauffourées ont opposé les forces de l’ordre aux habitants de plusieurs quartiers de Niamey, qui s’étaient soulevés contre des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus, notamment un couvre-feu (de 19H00 à 6H00) et surtout l’interdiction des prières collectives dans ce pays majoritairement musulman, à quelques jours du début probable du Ramadan.

« Des individus organisés ont entrepris de brûler des pneus et de s’attaquer à des biens privés. Beaucoup de quartiers ont été embrasés », a déclaré le gouverneur de la région de Niamey, Issaka Assane Karanta, à la télévision publique mardi.

« Nous avons aperçu des motocyclistes déposer des pneus (à certains endroits), nous avons vu des motocyclistes distribuer des bidons d’essence, nous avons rencontré des véhicules munis d’autorisations de circuler (dont les occupants) étaient en train de donner des instructions (à des manifestants), ce qui veut dire que tout cela a été bien planifié, bien organisé », a-t-il affirmé.

A Lazaret, un quartier populaire de Niamey, les forces de l’ordre étaient intervenues pour disperser à l’aide de grenades lacrymogènes des habitants qui s’apprêtaient à organiser une prière collective dans une mosquée, selon des habitants.

L’opération a vite dégénéré en émeute. Aux cris de « la lutte continue! », « ne reculez pas! », les manifestants, majoritairement des jeunes, ont brûlé des pneus et érigé des barricades de pierres dans les rues, de même source.

Des manifestations similaires avaient été organisées avant celles de Lazaret dans des zones en périphérie de la capitale, a expliqué à l’AFP une source sécuritaire.

Le Niger, un des Etats les plus pauvres au monde, totalise depuis le 19 mars 655 cas de coronavirus dont 20 décès, selon un bilan du ministère de la Santé publié lundi soir.

Le 12 avril, le gouvernement a prolongé l’isolement de Niamey du reste du pays ainsi que l’état d’urgence et le couvre-feu. Les lieux de culte et les écoles sont fermés.

Le Niger doit par ailleurs faire face aux attaques de groupes jihadistes, à l’ouest du côté de ses frontières avec le Mali et le Burkina Faso, et au sud-est du côté de sa frontière avec le Nigeria.

Le Niger abrite près de 450.000 réfugiés (Nigérians, Maliens et Burkinabè) et déplacés, chassés par les violences jihadistes ou des bandes armées, selon l’ONU.

Pays-Bas: la Cour suprême donne son aval à l’euthanasie en cas de démence avancée

La Cour suprême néerlandaise a donné mardi son aval à l’euthanasie de personnes atteintes de démence avancée, même si elles ne sont plus en état de réitérer leur souhait, une clarification juridique découlant d’un procès inédit aux Pays-Bas.

La justice néerlandaise avait acquitté en septembre une médecin accusée d’avoir donné la mort en 2016 à une patiente atteinte de la maladie d’Alzheimer sans s’être suffisamment assurée de son consentement, une affaire retentissante aux Pays-Bas, qui ont été les premiers à légaliser l’euthanasie.

Le ministère public avait renvoyé l’affaire devant la Cour suprême afin d’obtenir des clarifications juridiques, une mesure inhabituelle prise « dans l’intérêt de la loi ».

Le parquet cherchait à apporter des précisions sur le droit des personnes atteintes de démence à décider de leur propre sort, une question à laquelle la loi n’offrait pas, selon lui, de réponse tranchée.

« Un médecin peut donner suite à une demande écrite d’euthanasie chez les personnes atteintes de démence avancée », a déclaré mardi la Cour suprême.

Si toutes les conditions fixées par la loi sont remplies, un médecin ne peut pas être poursuivi par la justice, même si le patient n’est plus capable de réitérer son souhait de mourir, a indiqué dans un communiqué la plus haute instance judiciaire des Pays-Bas.

La législation stipulait déjà qu’une personne était en droit de formuler par écrit une demande d’euthanasie pour le cas où elle n’aurait plus la capacité d’exprimer sa volonté par la suite.

Désormais, « cela s’applique également si l’incapacité à exprimer une volonté est causée par une démence avancée », a statué la Cour suprême.

L’euthanasie n’est autorisée par la loi néerlandaise que sous de strictes conditions. Au moins deux médecins doivent certifier qu’il n’y a pas d’autre solution raisonnable pour le patient, et que sa souffrance est insupportable et sans aucun espoir d’amélioration.

Coronavirus: un hôtel accueillant des migrants mis en quarantaine en Grèce

Les autorités grecques se sont inquiétées mardi de l’explosion du nombre de migrants testés positifs au coronavirus dans un hôtel du Péloponnèse (sud) hébergeant 470 demandeurs d’asile.

Sur l’ensemble des 470 résidents de l’hôtel de Kranidi dans le Péloponnèse, à 166 km au sud d’Athènes, 150 ont été testés positifs au coronavirus selon Iosif Mertiris, le maire adjoint de la ville d’Ermionida, dont dépend le village de Kranidi.

« La police est stationnée devant l’hôtel et personne n’est autorisé à sortir », a déclaré le maire adjoint à la télévision publique ERT.

Lundi, l’édifice avait été désinfecté et les résidents soumis à des tests après qu’une Somalienne enceinte eut été détectée atteinte du nouveau coronavirus lors d’examens effectués à l’hôpital.

L’Organisation internationale pour les Migrations (OIM) en charge de la résidence a affirmé que « des interprètes, des psychologues, des travailleurs sociaux et des conseillers juridiques sont en contact constant avec les bénéficiaires pour les aider dans cette situation difficile ».

La Somalienne de 28 ans a été placée « à l’isolement dans sa chambre » et tout l’hôtel mis en quarantaine, selon le ministère de l’immigration.

Un employé de l’hôtel avait aussi été testé positif mais n’est pas venu travailler depuis 12 jours dans l’établissement, précise également le ministère.

Selon le maire de la commune, Yannis Giorgopoulos, interrogé par la chaîne de télévision ANT1, « il existe une grande inquiétude (…) mais la structure se trouve à 4-5 km des villages de Kranidi et Porto Heli, et donc est assez isolée ».

Le ministre adjoint à la protection civile, Nikos Hardalias, s’est voulu rassurant: « Il n’y a aucune raison de paniquer, tout ce qui doit être fait sera fait en suivant les réglementations ».

Quelques 100.000 demandeurs d’asile se trouvent actuellement en Grèce.

Deux camps sur le continent, dans la région de l’Attique, ont déjà été mis en quarantaine après l’apparition de plusieurs cas de coronavirus.

Le ministère de l’immigration a décidé de prolonger jusqu’au 10 mai le confinement imposée à tous les camps en Grèce.

La Grèce compte 116 morts du coronavirus alors que 61 personnes se trouvent actuellement en soins intensifs. Mais depuis plusieurs jours, le nombre d’hospitalisations diminue.

A Moscou, une clinique de luxe délaisse la chirurgie esthétique pour la lutte contre le Covid-19

Une dame âgée est allongée, intubée, tandis que des médecins en tenue de protection s’activent autour d’elle: bienvenue à l’hôpital K+31 de Moscou, qui soigne les malades du coronavirus, pourvu qu’ils en aient les moyens.

Il y a encore une semaine, le K+31 était une clinique privée de luxe s’occupant notamment de chirurgie esthétique, qui ne disposait même pas d’un service traitant les maladies infectieuses. Aujourd’hui, toute une branche de cet établissement a été transformée pour soigner les patients atteints du Covid-19.

Lundi, la Russie comptait 47.121 malades du coronavirus officiellement recensés et 405 morts, dont la majorité à Moscou, épicentre d’une épidémie qui s’aggrave de jour en jour.

Dans les lits du service, un vieil homme est branché à un respirateur automatique et à une dialyse, tandis qu’une femme d’une cinquantaine d’années change de position pour tenter de mieux respirer.

« Il n’y a pas un seul lit de libre », regrette auprès de l’AFP Boris Tchouradzé, le médecin-chef de K+31 où sont soignés 73 malades. Même situation dans l’hôpital public situé à proximité, qui traite environ 500 patients.

Pour lui, il s’agit de combattre un ennemi invisible et meurtrier comme s’il se trouvait sur un « champ de bataille ». Sachant que le pic de l’épidémie ne devrait pas être atteint avant « mi-mai », avertit ce soignant de 44 ans originaire de Géorgie, et qui a étudié la médecine en Russie.

Reconnaissant qu’il s’agit d’un « défi majeur pour le système de santé et le secteur médical », il assure cependant que les dizaines de milliers de lits disponibles à Moscou et l’ouverture de plusieurs nouveaux hôpitaux destinés à traiter les patients du Covid-19 devraient permettre de « surmonter cette situation difficile ».

– Des dizaines de milliers d’euros –

Se faire soigner au K+31 n’est pourtant pas à la portée de tous les Moscovites. L’établissement ne prend que les patients prêts à payer plusieurs dizaines de milliers d’euros pour leur traitement ou ceux disposant d’une assurance santé privée.

Le fonds d’investissement qui possède l’hôpital, Medinvest, gère aussi un établissement bien plus grand destiné aux patients du coronavirus qui ne disposent que de la couverture santé publique.

L’hôpital K+31 a été divisé en zones « vertes » jugées sûres et zones « rouges » où les patients infectés sont soignés. Pour y entrer, les médecins revêtent des combinaisons de protection complètes avec l’aide d’autres membres du personnel médical.

« C’est une réalité totalement nouvelle » pour les soignants de l’établissement, relève M. Tchouradzé.

Si les docteurs sont bien protégés, mettre la main sur ce genre d’équipement par ces temps de pénurie peut s’avérer difficile, ajoute le médecin-chef, reconnaissant qu’il s’agit d’un « problème global ».

« Un marché noir du matériel de protection a même émergé et beaucoup de gens gagnent de l’argent avec ça », affirme-t-il.

– Fier de ses troupes –

Dans le service de soins intensifs où sont traités cinq patients, le docteur Sergueï Sevalkine raconte qu’après une semaine de rôdage, « c’est devenu plus facile ».

Même s’il a encore du mal à se faire à la combinaison de protection. « Après une vacation, vous avez juste envie de la déchirer », plaisante-t-il.

Une autre médecin, Kamila Touïtchieva, s’occupe de classer les patients selon la gravité de leur état.

« Toute l’équipe s’est habituée à la manière dont les choses fonctionnent maintenant et je pense qu’on a trouvé notre rythme de croisière », dit-elle.

Comme beaucoup de membres du personnel, elle dort désormais dans un hôtel pour ne pas infecter sa famille. Elle dit ne pas être une « héroïne » pour autant: « nous travaillons avec une maladie dangereuse, mais ça rester du travail ordinaire ».

Le médecin-chef, Boris Tchouradzé, dit pour sa part être satisfait de ses docteurs, qui forment « une équipe solide » dans cette situation difficile.

« Je suis fier de mes troupes, voilà la vérité », lance-t-il.

Le cheikh Kawtharani, un Libanais nouveau maître du jeu en Irak

Le nom de Mohammed al-Kawtharani circulait déjà en Irak. Mais depuis l’assassinat de l’Iranien Qassem Soleimani, c’est ce dirigeant du Hezbollah libanais qui a la haute main sur la politique irakienne, à tel point que Washington offre désormais 10 millions de dollars pour toute information.

Ce 3 janvier 2020, alors que le monde apprend que le véhicule du général Soleimani a été pulvérisé par un drone américain aux portes de l’aéroport de Bagdad, la rumeur court que le cheikh Kawtharani a été assassiné à ses côtés.

Cette rumeur, rapidement démentie, est la preuve que les noms des deux hommes étaient déjà étroitement associés sur le dossier irakien, dans un pays où l’Iran veille jalousement à préserver ses intérêts via ses alliés chiites, leurs partis et factions armées.

Elle témoigne aussi que le cheikh Kawtharani était appelé à gagner en prérogatives avec la disparition de l’architecte de la stratégie iranienne au Moyen-Orient.

Pour Washington, qui a placé Mohammed Kawtharani sur sa liste noire du « terrorisme » dès 2013, ce Libanais participe à « la formation, au financement et au soutien politico-logistique » de « groupes opérant hors du contrôle du gouvernement irakien pour réprimer violemment les manifestants » ou « attaquer des missions diplomatiques ».

Aussitôt après l’annonce de la juteuse récompense américaine, la semaine passée, de nouvelles rumeurs ont fleuri.

– « Copie conforme » –

Plusieurs médias irakiens ont annoncé avoir appris « en exclusivité » que le cheikh Kawtharani se trouvait à Bagdad pour des discussions avec des responsables politiques, avant que tous ceux-ci ne démentent avoir rencontré l’homme qui vaut à présent 10 millions de dollars.

L’annonce de cette présence à Bagdad est intervenue alors que l’Irak tente de se doter d’un gouvernement. Tout sauf un hasard: à chaque fois qu’il a fallu former un cabinet, ou prendre une décision politique majeure dans le pays ces dernières années, c’est le général Soleimani qui était à la manoeuvre… flanqué de son lieutenant Kawtharani.

A présent, le lieutenant est devenu « la copie conforme de Soleimani », passant d’une réunion à un conciliabule au sein du cossu complexe des bureaux du Premier ministre dans l’ultrasécurisée Zone verte de Bagdad, rapporte un haut responsable irakien à l’AFP.

« Il est en charge du dossier irakien depuis 2003 » et la chute du dictateur Saddam Hussein qui a ouvert les portes à l’influence iranienne, argue de son côté un proche du cheikh Kawtharani.

« Il rapporte directement au chef du Hezbollah Hassan Nasrallah », qui dirigeait avec Soleimani la stratégie régionale de l' »axe de la résistance », réseau des alliés de Téhéran au Moyen-Orient, poursuit ce cadre du mouvement chiite libanais.

« C’est le seul étranger –à part Soleimani– qui connaît tous les détails de la scène politique irakienne », dit un autre cadre du Hezbollah.

– Nationalité irakienne, aussi –

L’histoire irakienne de l’homme au turban blanc des docteurs en religion, père de quatre enfants, a commencé il y a bien longtemps. Passé par le séminaire chiite de Najaf, ville sainte à 200 km au sud de Bagdad, où il est né de parents libanais avant de rentrer plus tard au pays, ce quinquagénaire a épousé une Irakienne. Il parle couramment l’arabe irakien –qui diffère sensiblement du dialecte libanais– et possède même la nationalité irakienne.

D’abord important au Liban où il a été un des cadres de la première heure du Hezbollah, le cheikh Kawtharani joue désormais « plus d’un rôle » en Irak, selon le spécialiste Hicham al-Hachémi, fin connaisseur des arcanes de la politique irakienne.

« C’est lui qui tire les ficelles au sein de la scène chiite loyale à Téhéran », assure-t-il à l’AFP. Et même au-delà: « depuis 2014, il a travaillé à réconcilier le pouvoir chiite à Bagdad avec des forces sunnites qui lui étaient hostiles. »

Une fois Soleimani et son lieutenant irakien Abou Mehdi al-Mouhandis, chef des paramilitaires pro-Iran en Irak, assassinés, il n’a fait qu’élargir son champ d’action.

Fort de ces relations, le cheikh Kawtharani peut aussi demander des faveurs. Il y a quelques mois, « il a demandé plusieurs milliards de dollars en Irak » dans le cadre la crise financière au Liban, assure à l’AFP un diplomate irakien. Un responsable irakien confirme, tandis que l’entourage du cheikh libanais dément.

Jusqu’ici, Kawtharani, dont peu de clichés existent, a pu rester dans l’ombre, en Irak comme au Liban, où sa discrétion est quasi totale. Mais les millions posés sur la table par Washington pourraient changer la donne.

« Demander des informations sur lui, c’est la première étape avant un possible assassinat ou une arrestation », s’alarme un proche.

« Les Etats-Unis n’envisagent pas actuellement d’assassiner Esmaïl Qaani », le remplaçant de Soleimani à Téhéran, avance un cadre du Hezbollah. « C’est mieux pour eux de viser une figure d’un parti plutôt que le représentant d’un Etat. »

Peu de test Covid-19 et défiance envers les autorités: le marché noir de la santé au Nigeria

Sur les groupes Whatsapp et dans les cliniques privées, les kits de tests de coronavirus se vendent au marché noir: au Nigeria, le nombre de tests officiels est insignifiant et peu ont confiance dans le système de santé public.

Le manque d’accès aux tests est un problème mondial, et plus particulièrement en Afrique sub-saharienne, où il y a un « énorme fossé » par rapport aux autres pays, a déclaré la semaine dernière le directeur du Centre de contrôle des maladies de l’Union Africaine, John Nkengasong.

Toutefois, au Nigeria, pays de 200 millions d’habitants – le plus peuplé du continent – ce « fossé » est encore plus criant qu’ailleurs.

La première économie d’Afrique n’a réalisé à ce jour que 7.100 tests officiels.

A titre de comparaison, le Ghana, avec une population six fois moins importante (30 millions d’habitants) en a réalisé neuf fois plus, avec plus de 68.000 (chiffres du 20/04).

L’Afrique du Sud, avec une population trois fois moins nombreuse, en a réalisé près de 114.000.

– « Demande inimaginable » –

« Nous n’avons aucune idée de l’ampleur de la propagation du Covid-19 au Nigeria », affirme un responsable d’un laboratoire médical privé.

Ce laboratoire a commandé des milliers de tests et une machine qui leur permettrait de réaliser plusieurs centaines de tests par heure, et « attend le feu vert du gouvernement », affirme cette source à l’AFP.

Mais « la demande pour ces kits hors des circuits officiels est inimaginable » et suscite un marché parallèle, rapporte ce responsable.

« Une ambassade voulait commander des milliers de tests (pour ses ressortissants), on les a renvoyés vers la NCDC », la Commission nationale de gestion des maladies, rapporte-t-il.

Certains criminels tirent néanmoins partie de cette demande, et le gouvernement a récemment mis en garde les Nigérians contre des publicités de « tests à faire à domicile frauduleux » qui « fleurissent sur la Toile ».

Comme dans de nombreux pays au monde, et pour des raisons évidentes de sécurité, les équipements spécialisés et les tests sont encadrés par les autorités officielles.

La NCDC conduit des programmes de tests en « porte à porte » à Abuja, et l’Etat de Lagos, épicentre des contaminations, tente de développer un réseau de dépistage dans tous ses quartiers.

A la mi-avril, le Nigeria comptait 12 laboratoires pour ses 36 Etats, avec une capacité de traiter entre 1.000 et 1.500 tests par jour.

– Secteur public à genoux –

Mais après des décennies de négligence, le secteur public de la santé est à genoux.

Près de 80% des institutions de santé dans le pays n’ont pas l’eau courante, rappelait Dr Francis Faduyile, le président de l’Association des médecins du Nigeria (NMA) le mois dernier.

« Mes patients ont peur que je les dénonce à la NCDC », raconte à l’AFP le médecin d’une clinique privée. « Avant de venir en consultation, ils me demandent +Si je viens, vous ne m’enverrez pas à Yaba?+ », en référence à l’un des centres d’isolation Covid-19 à Lagos.

Ce médecin, début avril, avait déjà vu une dizaine de patients suspectés d’avoir été contaminés par le coronavirus, mais un seul a accepté d’être testé: un coup d’épée dans l’eau, puisque les autorités sanitaires ont réalisé son test plus de 15 jours après s’être déclaré au NCDC, soit après la période d’incubation du virus.

Le rythme des tests officiels est « trop lent », regrette Zouera Issoufou directrice générale de la Fondation Dangote, qui porte le nom de l’homme le plus riche d’Afrique et partenaire privé du gouvernement, qui a commandé 250.000 tests.

Mais la demande mondiale explose, et « ils arrivent au compte-goutte », explique-t-elle.

Si le nombre officiel de décès liés au Covid-19 reste extrêmement faible dans un pays dans un pays si peuplé qui n’enregistre qu’une vingtaine de décès, « c’est que l’on ne teste pas les gens », assène Mme Issoufou.

– Des tests « dans son coin » –

Le Dr Richard Banda de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) au Nigeria, s’inquiète de ce marché parallèle et rappelle qu’il est « très dangereux de faire des tests dans son coin, dans des laboratoires privés, avec un risque de propagation du virus ».

Pour lui, « le manque d’informations fiables données lors des opérations de traçabilité est le problème majeur dans la lutte contre le Covid-19 au Nigeria ».

« Il y a encore beaucoup de stigmatisation autour de la maladie », conclue-t-il.

Un patient a été admis fin mars à l’hôpital universitaire de Lagos (LUTH), présentant tous les symptômes du coronavirus. Sa famille a menti, en omettant de dire qu’il avait déjà été testé positif.

« Ils avaient peur qu’on ne le prenne pas s’ils disaient la vérité », raconte un médecin à l’AFP. Le patient est finalement décédé et en plus des risques présentés pour les autres patients de l’hôpital, quatre médecins ont du être placés en quarantaine.

Dans un pays qui compte seulement 0,4 médecin pour 1.000 habitants (contre plus de 4 en France, selon les chiffres de la Banque Mondiale), « c’est très lourd pour nous », confie ce médecin du LUTH sous couvert d’anonymat.

Le personnel soignant comptait déjà 4 décès sur les 21 morts recensés officiellement au lundi 20 avril.

En télétravail, des Iraniennes luttent pour garder job et statut malgré le Covid-19

De l’effervescence électrisante des locaux de la start-up où elle exerce au télétravail isolée, Fereshteh a dû s’adapter face à la maladie Covid-19, comme nombre d’Iraniennes ayant décroché des jobs intéressants dans la high-tech et qui vont devoir se battre pour garder ce statut lors de lendemains incertains.

La voix un peu fatiguée au téléphone, contrastant avec le ton énergique qu’elle avait lorsque l’AFP l’a rencontrée dans son entreprise Alibaba il y a quelques semaines, Fereshteh Kasrai confie sur un ton malicieux être « plus efficace en télétravail… ».

« Mais émotionnellement, c’est dur, je ne suis pas habituée à rester aussi longtemps chez moi et l’interaction avec mes collègues me manque », dit cette Iranienne de 44 ans qui vit seule à Téhéran.

Cette responsable des ressources humaines ne cache pas ses « inquiétudes » pour l’entreprise, créée il y a cinq ans et dont le coeur du métier – le business du voyage – est très impacté.

Même si face au Covid-19, l’adaptation au pied levé à de nouvelles façons de travailler a été le mot d’ordre pour elle et ses collègues féminines afin de ne pas perdre ce statut souvent difficilement acquis.

Fereshteh a instauré de nouvelles routines avec ses équipes entre « vidéoconférences matinales sur Skype ou sur Zoom » et échanges « sur les projets en cours ».

A Alibaba, la majorité des employés est en ce moment en télétravail. Sans être officiellement confinés, les Iraniens – durement frappés par l’épidémie avec plus de 5.200 morts officiellement – ont été appelés à rester chez eux.

– « Iran Silicon Valley » –

En temps normal, entrer dans le grand entrepôt abritant le siège d’Alibaba à Téhéran, c’est entrer dans un autre Iran, loin des quartiers pauvres aux immeubles décrépis, des villes à l’histoire plurimillénaire ou des campagnes endormies.

Un panneau « Iran Silicon Valley » accueille le visiteur. On croise dans une ambiance branchée des food truck à cookies, des coussins géants dans les espaces de repos et des bureaux vitrés abritant des employés concentrés sur des ordinateurs Apple.

Des dizaines de jeunes femmes, en jean slim et foulard dévoilant largement leur chevelure, y travaillent avec des collègues masculins, dans une mixité qui ne va pas de soi partout en République islamique d’Iran.

Sur près de 700 employés à Alibaba, on compte 42% de femmes.

Certaines d’entre elles, comme Fereshteh – qui lors de sa rencontre avec l’AFP affichait un look travaillé, ongles vernis bleu et rouge à lèvres cerise – ont décroché des postes à responsabilité, un défi dans cette société très patriarcale.

Les plafonds de verre culturels et familiaux restent en général encore un frein dans la carrière des Iraniennes et notamment pour accéder aux postes de direction.

Plusieurs employées d’Alibaba témoignent des obstacles auxquels elles ont été confrontées dans le monde du travail, de l’avancement impossible sans réseau aux structures hiérarchiques trop lourdes.

« J’ai travaillé dans trois autres grandes entreprises, semi-privées ou liées au gouvernement, et j’ai eu le sentiment qu’il était très dur d’y évoluer, qu’il vous fallait impérativement connaître des gens influents », raconte Anis Amir Arjmandi, brune de 33 ans à l’abord chaleureux, directrice juridique à Alibaba.

Pour sa collègue Fatemeh Ashrafi, 38 ans, « dans une start-up, il y a plus d’espace pour faire entendre ses points de vue » et avoir des responsabilités. « On peut rencontrer nos managers quand on le souhaite, pas besoin d’attendre derrière leurs portes qu’ils nous accordent un peu de leur temps… »

Les « start-up sont dirigées par des générations plus jeunes, plus progressistes », souligne le journaliste spécialisé dans la high tech Khosro Kalbasi, basé à Téhéran.

Et de fait, le nombre de femmes dans les entreprises de high tech « a augmenté ces dernières années », relève-t-il, alors que selon lui l’Iran est l’un des pays les plus connectés du Moyen-Orient – avec un taux de pénétration de 87,19% pour internet et de 76,58% pour le web sur mobile (chiffres officiels).

– « Possibilité d’innover » –

Selon Azadeh Kian, professeur de sociologie à Paris et spécialiste de l’Iran, « 70% des étudiants en ingénierie et en sciences sont des étudiantes » dans ce pays.

« C’est aussi un secteur où elles savent qu’elles peuvent avoir plus de marge de progression et la possibilité d’innover ».

Fereshteh a pu constater que « les femmes imposent de plus en plus leurs voix dans le milieu du travail », se félicitant qu’à Alibaba le « vieux cliché selon lequel un programmeur doit absolument être un homme » a été brisé.

Le secteur des start-up, qui avait commencé à se développer dans les années 2000, a décollé à partir de 2013.

Mais les nouvelles technologies et l’utilisation des smartphones ont été durement touchées par le rétablissement en 2018 des sanctions américaines.

Effet inattendu des sanctions cependant: des entrepreneurs iraniens ont saisi l’occasion pour lancer leurs start-up, en s’inspirant de géants mondiaux bloqués en Iran pour créer un équivalent local, profitant d’un environnement protégé de la concurrence étrangère.

Parmi les plus réputées : Snapp (équivalent d’Uber), Digikala (pendant d’Amazon), cafe Bazaar (plateforme proposant des applications et des jeux développés par des Iraniens), Alibaba ou Tap30 (autre équivalent local d’Uber qui compte 1.400 employés à travers le pays.)

A Tap30, Mona Ahmadi, qui dirige à 33 ans 140 employés du centre d’appel, dit avoir trouvé « un bon job et un statut social ».

Au sein de cette société, « 45% de nos employés sont des femmes, la plupart ont moins de 30 ans et elles sont présentes dans tous les secteurs: marketing, technique, ressources humaines, centre d’appel », se félicite Negar Arab, 37 ans, responsable de la communication. Les équipes du juridique, des finances et de la communication y sont dirigées par des femmes.

L’une des réussites les plus marquantes dans ce secteur est aussi celle de Nazanin Daneshvar, 36 ans. Le site de vente au détail Takhfifan, co-fondé avec sa soeur il y a huit ans, est aujourd’hui la plus grosse start-up créée par une femme en Iran, employant 350 personnes.

On la remarque dans le e-commerce, où « pas assez de femmes » accèdent encore aux très hauts postes de direction, estime-t-elle.

En ce moment, ses bureaux sont fermés, le télétravail est généralisé. Certains employés ont pris des vacances, explique au téléphone d’une voix éprouvée Nazanin, le babillage de son bébé en fond sonore.

« Pour être honnête, c’est un grand choc (…) nos ventes ont considérablement chuté », confie-t-elle. « Nos employés font vraiment du bon boulot (…) mais ça prend énormément de temps et c’est épuisant » de télétravailler et gérer les équipes à distance.

– Pressions familiales –

Même avant la crise du Covid-19, le quotidien de cette entrepreneure était « encore difficile ».

Il y a quelques années, « il fallait que j’emmène mon père à tous mes rendez-vous (avec des investisseurs) car personne ne me prenait au sérieux comme manager, alors je disais que c’était lui le manager de ma société ».

Déjà en temps normal, « beaucoup n’arrivent pas à gérer la pression de leurs maris ou de leurs mères pour être moins impliquées dans leur travail; j’ai des employées qui ont démissionné parce qu’elles ne pouvaient plus assurer ce qu’on attend d’une femme traditionnelle ».

Dans cette période où nombre d’Iraniennes télétravaillent, les pressions familiales sont encore plus prégnantes, témoigne Nazanin.

Negar, la responsable de communication de Tap30, qui comme les autres entreprises accuse le coup de la crise sanitaire, a vu tout son quotidien chamboulé. Elle confie être « très occupée » entre le télétravail et s’occuper de sa fillette et de sa famille.

Et avec de probables suppressions d’emploi liées aux crises sanitaire et économique, les femmes risquent d’être plus visées que les hommes.

Notamment dans les entreprises gouvernementales et semi-gouvernementales où « la plupart des postes de direction sont occupés par des hommes et les postes moins prestigieux par des femmes », relève Anis Amir Arjmandi la directrice juridique à Alibaba.

Elle critique ainsi « la persistance d’un mode de pensée » où l’on préfère donner en priorité les emplois à des hommes parce qu’ils sont chefs de famille et doivent ramener l’argent à la maison.

« S’il y a le choix entre préserver le job d’une femme célibataire ou d’un homme marié, c’est ce dernier qui sera maintenu en poste; ce n’est pas juste mais c’est comme ça dans cette mentalité ».

Séoul minimise des informations sur l’état de santé de Kim Jong Un

La Corée du Sud a minimisé mardi des informations selon lesquelles le leader nord-coréen Kim Jong Un aurait été récemment opéré, alors que certains observateurs s’interrogent sur son absence lors de célébrations à Pyongyang la semaine dernière.

La Corée du Nord a célébré le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, qui est le grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies diffusées par la presse officielle.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le leader nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires, et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

« La raison du traitement cardio-vasculaire urgent qu’a subi Kim était son tabagisme excessif, son obésité et sa fatigue », affirme Daily NK en citant une source nord-coréenne non identifiée.

Cette information n’a pas été confirmée. Mais elle a suscité un déluge de spéculations.

Citant un responsable américain, CNN rapporte de son côté que Washington « étudie des informations » selon lesquelles Kim Jong Un est « en danger grave après une opération chirurgicale », sans dire si ces « informations » sont en fait l’article de Daily NK.

« Nous n’avons rien à confirmer et aucun mouvement particulier n’a été détecté en Corée du Nord », a déclaré dans un communiqué un porte-parole de la Maison bleue, la présidence sud-coréenne.

Certains responsables sud-coréens ont cependant fait part de leurs doutes quant à la crédibilité des informations de Daily NK.

La couverture de l’actualité nord-coréenne est particulièrement compliquée, en particulier pour tout ce qui a trait à la vie privée de M. Kim, qui est un des secrets les mieux gardés du régime.

Le ministère sud-coréen de l’Unification, qui gère les questions intercoréennes, et celui de la Défense se sont refusés à tout commentaire.

Moon Chung-in, conseiller à la sécurité du président sud-coréen Moon Jae-in, a dit à l’AFP n’avoir rien entendu de spécial concernant la santé de M. Kim.

La dernière fois que les médias nord-coréens ont fait état des activités de M. Kim remonte au 12 avril. Et ce n’est pas la première fois que son « absence » alimente toute sorte de spéculations.

Certains experts ont dès lors appelé à la plus grande prudence.

« Il n’y a aucune confirmation à ce stade et il est trop tôt pour tirer des conclusions sur son état de santé », a estimé Ahn Chan-il, un transfuge du Nord devenu chercheur à Séoul.

Il a relevé qu’une opération du coeur impliquait du matériel médical de pointe qui ne se trouve « que dans des établissements de Pyongyang ». Il ne serait « pas raisonnable » de le transporter ailleurs pour l’opération.

Burkina: 31 civils tués par les forces de l’ordre, selon HRW

L’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch a accusé lundi les forces de sécurité du Burkina Faso d’avoir exécuté 31 habitants de la ville de Djibo, dans le Nord du pays, « lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste » le 9 avril.

« Les forces de sécurité burkinabè ont apparemment exécuté 31 hommes lors d’une parodie brutale d’opération antiterroriste susceptible de constituer un crime de guerre », selon Corinne Dufka, directrice pour l’Afrique de l’Ouest à Human Rights Watch, citée dans un communiqué de l’organisation transmis à l’AFP.

L’ONG appelle les autorités burkinabè à « immédiatement ouvrir une enquête impartiale sur ces meurtres et tenir les responsables pour comptables de leurs actes, quel que soit leur rang ».

Le ministère de la Défense a indiqué lundi avoir ouvert une enquête dès le 10 avril.

« Ce type d’allégations avait été rapporté au ministre de le Défense nationale (…) qui dès le 10 avril 2020 a adressé une lettre au directeur de la Justice militaire pour l’instruire de faire ouvrir par ses services une enquête judiciaire afin d’établir la vérité des faits », a réagi le ministère dans un communiqué.

HRW et des organisations de la société civile burkinabè ont déjà plusieurs fois dénoncé des violences perpétrées par les forces de sécurité contre la population, qui ont fait selon ces ONG plusieurs centaines de morts, sous couvert de lutte contre les groupes jihadistes qui multiplient les attaques dans le pays depuis cinq ans.

Le Burkina fait face depuis 2015 – comme ses voisins le Mali et le Niger – à des violences meurtrières croissantes perpétrées par des groupes jihadistes, parfois entremêlées de conflits intercommunautaires, qui ont fait plus 800 morts et près de 860.000 déplacés.

Selon l’enquête menée par HRW à Djibo, ville située à 200 km au nord de la capitale Ouagadougou, les forces de sécurité ont ciblé exclusivement des hommes de la communauté peule, une ethnie semi-nomade sahélienne parmi laquelle les groupes islamistes recrutent particulièrement, selon les experts.

« Selon les habitants, des dizaines de membres des forces de sécurité ont été impliqués dans l’opération du 9 avril, qui a débuté vers 10 heures (locales et GMT) avec les arrestations, pour s’achever vers 13h30, lorsque plusieurs coups de feu ont été entendus », explique HRW.

« Les victimes ont été interpellées dans plusieurs quartiers, alors qu’elles étaient en train d’abreuver leur bétail, de marcher ou étaient assises devant leurs domiciles », par des militaires venant vraisemblablement du camp du Groupement des Forces antiterroristes de Djibo, petite ville d’une vingtaine de milliers d’habitants au coeur d’une région très fréquemment ciblée par les attaques jihadistes.

– « Une scène terrifiante » –

Les hommes arrêtés « ont été placés à bord d’un convoi formé d’une dizaine de véhicules militaires, dont des camionnettes, une voiture blindée et des motos ».

« Les villageois ont déclaré s’être rendus, vers 16 heures, à l’endroit où ils avaient entendu les coups de feu. Ils y ont trouvé les corps de 31 hommes qui avaient été vus pour la dernière fois sous la garde des forces de sécurité. Plusieurs d’entre eux avaient les yeux ou les mains liés. Les habitants ont déclaré qu’aucun n’était armé », détaille HRW.

« Ils avaient été tués par balle, certains déchiquetés par des rafales au point d’être méconnaissables », selon un témoin cité par HRW qui dit avoir perdu cinq membres de sa famille.

« C’était une scène terrifiante », « je n’ai pu reconnaître mon frère qu’à partir d’un fragment de ses vêtements », relate un autre témoin.

Pour son enquête, HRW précise avoir « mené des entretiens avec 17 personnes ayant connaissance des tueries du 9 avril, dont 12 témoins des arrestations puis de l’enterrement des corps », qui « ont établi une liste des victimes, toutes peules ».

Dans son communiqué, le ministère de la Défense assure que « les forces armées ayant en leur sein des fils de toutes les communautés qui composent le peuple burkinabè, elles ne sauraient opter de stigmatiser une d’entre elles. Surtout que le succès de leurs missions dépend de la confiance et de la collaboration des populations locales ».

« Si ces allégations étaient avérées, des sanctions seront prises à l’encontre des auteurs », affirme le ministère.

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre du Burkina, pays pauvre d’Afrique de l’Ouest, n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes, en dépit de certaines annonces triomphalistes, et malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Les violences jihadistes mêlées à des conflits intercommunautaires, qui touchent l’ensemble du Sahel, ont fait au total 4.000 morts au Mali, au Niger et au Burkina Faso en 2019, selon l’ONU.

Coronavirus au Burkina : le grand marché de Ouagadougou rouvre

Les affaires vont enfin pouvoir reprendre au marché central de Ouagadougou, considéré comme le poumon économique du Burkina Faso, rouvert lundi près d’un mois après sa fermeture pour cause de coronavirus, au grand soulagement des commerçants.

L’épidémie qui a causé 36 morts pour 576 cas dans ce pays pauvre d’Afrique de l’ouest, selon le dernier bilan officiel dimanche, avait entraîné la fermeture du grand marché et d’une quarantaine d’autres dans la capitale burkinabè de 3 millions d’habitants, le 25 mars, deux semaines après l’apparition de la maladie.

« C’est une joie de voir le marché rouvrir ses portes. La situation commençait à être difficile pour nous », réagit Boureima Compaoré, un marchand de pagnes (tissus), venu assister à la réouverture.

En pratique, les boutiques n’ouvriront effectivement que mardi, après la cérémonie officielle, pour donner le temps aux commerçants de reprendre possession de leurs étals.

« Depuis la fermeture, c’était la misère. On vivait au jour le jour, sans aucune économie », explique Souleymane Sawadogo, un vendeur de vêtements. « Maintenant nous sommes soulagés. On espère que les clients aussi ne vont pas avoir peur de venir faire des achats » dit-il, affirmant que les commerçants sont « prêts à se plier à aux mesures les plus rigoureuses pour garder le marché ouvert ».

Fruits, légumes, viandes, épices, mais aussi tissus, vêtements, quincaillerie, électroménager, informatique, pièces détachées pour deux-roues, et même oeuvres d’art… On trouve de tout dans cet marché animé sept jours sur sept, de l’aube au crépuscule.

Entre 25.000 et 30.000 personnes y travaillent, selon l’Agence de développement urbain de Ouagadougou. Organisé autour d’un énorme bâtiment de deux étages, occupant une place centrale de la capitale, le grand marché compte près de 3.000 boutiques.

L’Etat a décidé sa réouverture « pour soulager les commerçants, leur permettre de poursuivre leur activité et participer à la relance de l’économie nationale », selon le maire de Ouagadougou Armand Béouindé.

« Le grand marché, c’est le poumon économique de la capitale. Les autres marchés, même à l’intérieur du pays, se ravitaillent à partir du grand marché », souligne le président du Conseil national du secteur informel, Salifou Kaboré.

– « Changer de comportement » –

La pandémie met à rude épreuve la fragile économie du Burkina Faso, déjà éprouvée par la lutte contre les groupes jihadistes depuis cinq ans. La croissance devrait chuter à 2%, au lieu des 6,3% initialement prévus, selon le gouvernement.

Les frontières sont fermées, et les grandes villes, dont Ouagadougou, placées en quarantaine, désorganisant le commerce.

Autour du grand marché, les parkings sont à nouveau bondés de vélos et de motocyclettes. « Pour nous, les affairent reprennent », sourit Alassane Kaboré, gérant de l’un des parkings, affairé à ranger quelques engins.

« Il était temps car on ne savait plus quoi faire pour survivre. Nous n’avons pas bénéficié d’aide ou d’accompagnement pour tenir pendant la durée de la fermeture », relève-t-il.

Avant la réouverture, le marché central a été entièrement nettoyé et désinfecté, explique le ministre du Commerce Harouna Kaboré, alors que des haut-parleurs diffusent des messages sur les mesures barrières contre le coronavirus. Les mêmes opérations sont en cours pour les autres marchés.

« Des dispositifs de lavage des mains ont été installés à toutes les portes d’entrée et la prise de température est systématique. A l’intérieur, les allées ont été complètement dégagées, et un traçage fait pour respecter la distanciation sociale », assure le maire.

« Nous avons augmenté le nombre de policiers sur le site du marché pour aider les usagers et s’assurer que les gestes barrières seront respectés. Près de 500 bénévoles ont également été mobilisés pour poursuivre la sensibilisation et veiller au respect des consignes », détaille-t-il.

Commerçants et acheteurs devront porter un masque, et seulement deux clients en même temps seront autorisés par boutique, précise Halidou Sanfo, représentant des commerçants. « Nous sommes tous appelés à changer notre comportement. On ne peut plus fréquenter les marchés comme on le faisait avant et nous allons y veiller », promet-il.

Parmi les badauds, certains Ouagalais s’inquiètent de cette réouverture.

« La maladie n’est pas encore maîtrisée. Les cas ne font qu’augmenter », note Awa Zoungrana, professeur du secondaire.

« C’est sûrement pour éviter des troubles que les autorités ont rouvert le marché, sinon rien ne justifie une telle précipitation », soutient Albert Nana, fonctionnaire à la retraite, pas rassuré par les mesures de sécurité. « Je fréquente régulièrement le marché, mais je vais éviter d’y aller pendant quelques temps ».

Plus de 20.000 morts en Espagne qui prolonge le confinement

L’Espagne, qui dénombre plus de 20.000 morts dus à la pandémie de nouveau coronavirus, va prolonger le strict confinement de sa population de deux semaines, jusqu’au 9 mai inclus, a déclaré samedi son Premier ministre.

« Nous avons fait le plus dur grâce à la responsabilité et à la discipline sociales (…) nous avons laissé derrière nous les moments les plus extrêmes » mais « ces succès sont encore insuffisants et surtout fragiles », a insisté Pedro Sanchez, appelant à ne pas tout « mettre en péril » avec des décisions « précipitées ».

Le socialiste a toutefois annoncé que ce confinement allait être assoupli pour les enfants qui allaient pouvoir sortir « un peu chaque jour » à partir du 27 avril alors qu’ils n’en avaient pas le droit depuis le début du confinement le 14 mars.

Jusqu’ici, seuls les adultes pouvaient quitter leur domicile seuls pour aller travailler, acheter à manger ou des médicaments, se faire soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les appels se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours pour permettre aux enfants de prendre l’air comme dans d’autres pays européens.

Cette nouvelle prolongation de l’état d’alerte, qui devra être entérinée par le Parlement, sera suivie d’autres mesures de restrictions en mai avant une levée « prudente et progressive » du confinement en fonction de l’évolution de l’épidémie et qui pourra varier selon les régions, a ajouté M. Sanchez.

« Si cela est nécessaire, nous renforcerons de nouveau les mesures de protection », a-t-il averti.

Lundi, certains Espagnols avaient déjà pu reprendre le travail après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie mais le télétravail reste la norme lorsque cela est possible tandis que tous les commerces non essentiels sont toujours fermés.

– Plus de 20.000 morts –

L’Espagne a dépassé samedi les 20.000 morts à 20.043 morts, le troisième bilan le plus lourd du monde, derrière ceux des Etats-Unis et de l’Italie.

En 24 heures, le nombre de morts s’est élevé à 565, une légère baisse par rapport aux 585 notifiés vendredi et loin du record de 950 morts en un jour enregistré le 2 avril.

Ce comptage -qui n’inclut que les personnes testées positives au nouveau coronavirus- est cependant de plus en plus contesté par certaines régions selon lesquelles des milliers de personnes supplémentaires sont mortes après avoir présenté des symptômes de la maladie mais sans avoir pu être testées.

La Catalogne (Nord-Est), évoque notamment le chiffre de plus de 7.800 morts alors que le bilan national pour cette région est de plus de 3.800 samedi.

Le nombre de cas confirmés s’élève au total dans le pays à 191.726, après un ralentissement de la progression ces derniers jours malgré un plus grand nombre de tests pratiqués, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à près de 75.000.

Grâce au confinement, « le niveau de transmission actuel (du virus) est beaucoup plus bas », a souligné Fernando Simon, le directeur du centre d’urgences sanitaires lors de son point presse quotidien.

Le très surveillé taux d’infection qui était au-dessus de 3 au début du confinement, c’est à dire qu’un malade contaminait plus de 3 personnes, est désormais inférieur à 1.