Tuerie au Canada: au moins 18 morts, toujours pas de mobile apparent

De multiples scènes de crime, un tueur au mobile inconnu: l’enquête sur la pire tuerie de l’histoire du Canada, une « tragédie » qui a fait au moins 18 morts en Nouvelle-Ecosse selon Justin Trudeau, s’annonce complexe alors qu’émergent les premières révélations sur son auteur présumé.

« Un homme armé a pris la vie à au moins 18 personnes » lors du week-end, a annoncé le Premier ministre lors de son point-presse quotidien. Le tireur a ensuite été abattu par la police.

« La tragédie n’aurait jamais dû se produire. La violence n’a jamais sa place dans notre pays », a-t-il jugé.

M. Trudeau a annoncé qu’un hommage « virtuel » aux victimes serait rendu vendredi à 19h sur un groupe Facebook: « ce sera l’occasion pour nous de célébrer la vie des victimes et d’être là pour leurs familles et leurs proches », a-t-il dit.

Pourquoi un tel carnage, se demandait lundi matin un pays encore sous le choc, où les fusillades de masse sont rares.

Les enquêteurs de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) tentaient de déterminer les circonstances et les motivations de Gabriel Wortman, un prothésiste dentaire de 51 ans qui a tué au moins 18 personnes entre samedi soir et dimanche matin, pour une raison encore mystérieuse.

Il a été abattu par la police dimanche en fin de matinée près d’Halifax, la capitale, à l’issue d’une cavale meurtrière de plus de 12 heures et de 100 km.

Les victimes ont été tuées en plusieurs endroits. La presse canadienne a commencé à les identifier: outre la policière Heidi Stevenson, une infirmière, une institutrice et plusieurs couples avec enfants ont été tués.

« Un monstre a assassiné ma mère aujourd’hui. Il l’a assassinée, sans réfléchir. La douleur va et vient par vagues. J’ai l’impression d’être en dehors de mon propre corps. Ca ne peut pas être vrai », a déploré sur Facebook Darcy Dobson après la mort de Heather O’Brien, une infirmière.

Wortman les connaissait-il ? Plusieurs victimes « ne semblent pas avoir de lien avec le tireur », avait expliqué la veille un porte-parole de la GRC lors d’une conférence de presse.

Selon des témoins cités par les médias, l’homme a mis le feu à sa maison et a tué par balle plusieurs personnes qui sortaient dans la rue. Il aurait également abattu le conducteur d’une voiture lors de son périple meurtrier.

La cheffe de la GRC, Brenda Lucki, estime qu’il a sans doute eu une « motivation » initiale avant de partir dans une folle poursuite meurtrière de nature « aléatoire ».

La tuerie a commencé samedi en fin de soirée dans une maison de la paisible commune rurale et côtière de Portapique, qui compte une centaine d’âmes. Appelée par des voisins qui avaient entendu des coups de feu, la police a découvert sur place plusieurs cadavres, à l’intérieur et devant une maison. Le tueur présumé était introuvable et plusieurs incendies ont été signalés dans les parages peu après.

Commençait alors une chasse à l’homme qui allait durer toute la nuit et la matinée, sur plus d’une centaine de kilomètres.

Gabriel Wortman circule dans un premier temps à bord d’une voiture ressemblant à celles utilisées par la GRC. Ce collectionneur d’équipements de police, selon des témoignages, portait au moins une partie d’un uniforme de la GRC.

-« Un de ces gars bizarres »-

Lundi matin, des premières informations commençaient à filtrer sur l’auteur présumé du carnage.

Wortman, possédait deux belles propriétés proches de la mer à Portapique, ainsi qu’une clinique de prothèse dentaire à Dartmouth, près de la capitale Halifax.

Des voisins ont expliqué au quotidien Globe and Mail qu’il avait un problème avec l’alcool et que sa clinique avait souffert des contraintes liées à l’épidémie de coronavirus.

Mais selon le responsable des enquêtes de la GRC de Nouvelle-Ecosse, Chris Leather, il était inconnu de la police et n’avait aucun passé violent.

Wortman avait une passion pour les équipements et voitures de police, qu’il rachetait aux enchères puis restaurait, ont raconté des témoins.

L’une de ses propriétés à Portapique était un véritable « sanctuaire » dédié à la GRC, selon un homme qui le connaissait cité par le Globe and Mail.

« C’était un de ces gars bizarres, il était vraiment branché objets de collection de la police », selon Nathan Staples.

Ce drame constitue la pire tuerie de masse de l’histoire récente du Canada.

Espagne: la pandémie fait moins de 400 morts en 24 heures

Le bilan quotidien du nouveau coronavirus en Espagne est passé lundi sous la barre des 400 morts, s’établissant à 399, pour la première fois en quatre semaines, a annoncé lundi le ministère de la Santé.

Au total, 20.852 personnes ont succombé à la maladie dans le troisième pays le plus endeuillé par la pandémie après les États-Unis et l’Italie.

Le nombre de cas détectés a dépassé les 200.000, à 200.210, alors que l’Espagne multiplie les tests: plus de 40.000 par jour selon le ministre de la Santé, Salvador Illa.

Autre donnée positive, le nombre de malades guéris qui s’élève à 80.587 lundi, soit 40% des cas confirmés.

– « Chiffres très encourageants » –

« Ce sont des chiffres très encourageants », a estimé le directeur du Centre d’urgences sanitaires, Fernando Simon, qui a toutefois rappelé que « les fins de semaines il y a toujours un retard de notification » qui se rattrape le mardi.

Le funeste bilan avait déjà été ramené à 410 morts dimanche et les autorités sanitaires espèrent avoir franchi le pic de la pandémie le 2 avril lorsqu’elles avaient enregistré 950 morts.

La baisse du nombre d’hospitalisations et des admissions en soins intensifs a soulagé le système de santé, débordé pendant des semaines.

Un grand hôpital temporaire installé dans les halles de la foire commerciale de Madrid a fermé en fin de semaine un des deux pavillons qu’il occupait.

Une morgue improvisée dans une patinoire toute proche doit fermer mercredi, a annoncé la région de Madrid, la plus touchée du pays avec plus de 7.000 morts.

– Recul du PIB –

Mais les inquiétudes grandissent sur le plan économique. La Banque d’Espagne a annoncé lundi tabler sur un recul de 6,6% à 13,6% du Produit intérieur brut (PIB) en 2020 dans la quatrième économie de la zone euro, en raison de la pandémie.

Cette chute sera « sans précédent dans l’histoire récente », même si son ampleur est soumise à « beaucoup d’incertitude » liée notamment à la durée finale du confinement, explique la banque centrale dans un communiqué.

Près de 3,9 millions d’Espagnols sont actuellement au chômage partiel, selon Madrid.

Les Espagnols entrent ainsi dans leur sixième semaine d’un des confinements les plus stricts d’Europe. Ils ne peuvent sortir que pour leurs achats essentiels, aller travailler ou sortir brièvement leur chien, mais pas leurs enfants.

Les enfants seront cependant autorisés à sortir pour la première fois pour prendre l’air à partir du 27 avril, dans des conditions qui restent à préciser.

Les violences contre les femmes, autre urgence en temps d’épidémie en Amérique latine

En Amérique latine, comme sur d’autres continents, le confinement imposé par l’épidémie de coronavirus a fait grimper en flèche les appels au secours des victimes de violences conjugales, empêchées de prendre la fuite par les mesures de restriction.

De l’ONU au pape François, les appels à aider les femmes victimes de violences en plein confinement, se sont multipliés ces dernières semaines.

« Malheureusement, de nombreuses femmes et jeunes filles se retrouvent particulièrement exposées à la violence précisément là où elles devraient en être protégées. Dans leurs propres foyers », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres.

Le pape argentin François a également rappelé que les femmes « parfois courent le risque de subir des violences, à cause d’une cohabitation dont elles supportent un trop grand poids ».

« Le confinement plonge des milliers de femmes dans un enfer, enfermées avec un agresseur dont elles ont plus peur que du coronavirus », explique à l’AFP Victoria Aguirre, de l’ONG argentine MuMaLa qui lutte contre les violences machistes.

En Argentine, 18 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint pendant les vingt premiers jours du confinement débuté le 20 mars, et les appels à l’aide via des numéros d’urgence ont bondi de 39%.

La situation n’est guère plus brillante au Mexique, au Brésil, au Chili et ailleurs dans la région, où les mesures prises par les autorités et les associations semblent parfois bien insuffisantes.

L’Amérique latine a enregistré 3.800 féminicides en 2019, soit une augmentation de 8% par rapport à l’année précédente, selon des données préliminaires de l’Observatoire de l’égalité de genre au sein de la Cepalc, une agence onusienne pour l’Amérique latine et les Caraïbes.

Au Mexique, depuis le début du confinement le 24 mars, « les appels d’urgence ont augmenté », a indiqué à l’AFP Nadine Gasman, directrice de l’Institut national des femmes de Mexico (Inmujeres).

Chercheuse et créatrice d’une carte qui recence les féminicides au Mexique, Maria Salguero estime qu’environ « 200 féminicides ont été commis depuis le 24 mars ».

– « Justicières » –

Début avril, le meurtre sordide d’Ana Paola, une adolescente de 13 ans, violée et frappée à mort chez elle par un cambrioleur dans l’Etat de Sonora (nord-est) alors que sa mère était sortie faire les courses, a provoqué l’indignation.

Dans le pays, depuis le début du confinement, les appels au secours ont augmenté de 60% auprès du Réseau national de refuge, une ONG qui organise l’accueil des femmes victimes de violence. Le nombre de femmes accueillies est, lui, en hausse de 5%.

A Sao Paulo, épicentre de l’épidémie de coronavirus au Brésil, les plaintes pour violences domestiques ont également bondi de 30%.

Quelque 700 volontaires ont décidé de former un « réseau de justicières » qui apportent aux victimes une aide médicale, légale et psychologique à travers la messagerie Whatsapp.

Au Chili, qui a fait le choix d’un confinement sélectif dans les zones les plus touchées et d’un couvre-feu, les plaintes ont par exemple explosé (+500%) à Providencia, un quartier de classes haute et moyenne de la capitale Santiago.

La crise sanitaire a entraîné « une augmentation de la consommation d’alcool, des effets sur la santé mentale, plus d’anxiété, d’angoisse, de dépression et de violence à l’intérieur des familles », a reconnu la sous-secrétaire à la Santé, Paula Daza.

En Argentine, le meurtre de Cristina Iglesias et de sa fille Ada, âgée de 7 ans, par le conjoint de la mère, a secoué le pays. Les deux corps ont été retrouvés enterrés à leur domicile à Buenos Aires.

Ailleurs, la police est arrivée à temps, alertée par des voisins, pour sauver une femme que son mari attaquait à coups de marteau.

« Vous vivez dans la peur de lui tourner le dos. Ce n’est que plus tard, quand les bleus apparaissent, que vous réalisez qu’il aurait pu vous tuer », a déclaré à l’AFP Luciana, 25 ans, survivante des coups de son ex-conjoint.

« Chaque jour, une femme est abusée, violée ou battue chez elle par son partenaire ou son ex », rappelle Ada Rico, de l’ONG La Casa del Encuentro.

« En temps normal, nous travaillons pour qu’elle porte plainte. Aujourd’hui, l’urgence est de la faire sortir de chez elle », souligne-t-elle.

Canada: un homme armé fait au moins 16 morts, pire tuerie du pays

Un homme armé a tué au moins 16 personnes, parmi lesquelles une policière, pour une raison encore inconnue dans la nuit de samedi à dimanche en Nouvelle-Ecosse (Canada), lors de la pire tuerie de ce genre qu’ait connu le Canada.

L’homme de 51 ans, un prothésiste dentaire selon les médias, a été tué dimanche en fin de matinée à l’issue d’une vaste chasse à l’homme d’une douzaine d’heures dans toute la province de l’est du Canada.

Lors de sa cavale meurtrière, Gabriel Wortman a notamment circulé au volant d’une voiture semblable à celles de la police, portant au moins une partie d’un uniforme de policier. Il a semé la mort en plusieurs endroits, dans des circonstances et pour une raison encore mystérieuses qui ont choqué le pays. Les fusillades de masse sont rares au Canada, contrairement au voisin américain.

La responsable nationale de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale), Brenda Lucki, a indiqué à plusieurs chaînes que le bilan était d’au moins 13 morts, avant d’annoncer en milieu de soirée un nouveau bilan d’au moins 16 morts, en plus du tueur, selon les chaînes CBC et CTV.

Les motivations de Gabriel Wortman doivent encore être éclaircies par l’enquête.

« Il est trop tôt pour parler de motivation », a expliqué lors d’un point presse le responsable des enquêtes criminelles de la police fédérale de Nouvelle-Écosse Chris Leather, qui avait dans un premier temps fait état de « plus de 10 morts ».

Plusieurs victimes « ne semblent pas avoir de lien avec le tireur », a-t-il noté. Mais « le fait que cet individu disposait d’un uniforme et d’une voiture de police laisse certainement penser que ce n’était pas un acte spontané ».

Mme Lucki a pour sa part indiqué que cet acte n’était pas considéré à ce stade comme de nature terroriste.

La tuerie a commencé samedi en fin de soirée dans la petite commune rurale de Portapique, une bourgade d’une centaine d’âmes à environ 130 kilomètre de la capitale Halifax. Plusieurs victimes ont été découvertes devant et à l’intérieur d’une maison où la police a été appelée après des signalements de coups de feu.

L’auteur présumé de ces meurtres avait pris la fuite à l’arrivée de la police, déclenchant une vaste chasse à l’homme. Les habitants de la région, déjà confinés par l’épidémie de coronavirus, ont été priés de s’enfermer chez eux par les autorités.

L’homme en fuite est « armé et dangereux' », avait prévenu la police, conseillant même aux habitants de se réfugier dans leur sous-sol si possible.

– « Violence insensée » –

Gabriel Wortman a été tué lors de son arrestation dimanche en fin de matinée.

Une agence indépendante chargée d’enquêter sur les incidents graves impliquant la police, l’Équipe d’intervention en cas d’incidents graves de la Nouvelle-Écosse, a annoncé dans un communiqué avoir ouvert une enquête après la mort du suspect, abattu par la police à Enfield, près de l’aéroport de Halifax en fin de matinée.

Une policière, Heidi Stevenson, 23 ans d’ancienneté et mère de deux enfants, a été tuée dimanche et un policier a été blessé, a précisé la police.

« C’est avec tristesse que j’ai appris l’acte de violence insensé qui a été perpétré en Nouvelle-Écosse et a coûté la vie de nombreuses personnes, y compris celle d’une membre de la Gendarmerie royale du Canada », a réagi le Premier ministre, Justin Trudeau, dans un communiqué.

Selon les médias canadiens, Wortman était propriétaire d’un cabinet d’orthodontie à Dartmouth, près de Halifax. La police a indiqué qu’elle tenterait de déterminer si ce massacre avait un lien quelconque avec l’épidémie de coronavirus, qui a entraîné la fermeture des activités non essentielles dans tout le pays.

Cette tuerie, dont le bilan pourrait encore s’alourdir selon la police, est d’ores et déjà la pire de ce genre que le Canada ait connu de toute son histoire.

Le 6 décembre 1989, un homme avait tué par balles 14 femmes à l’école Polytechnique de Montréal avant de se donner la mort, provoquant ce qui était à l’époque la pire tuerie de masse -et le premier féminicide- de l’histoire du pays.

Le 23 avril 2018 à Toronto, le conducteur d’une camionnette de location avait tué huit femmes et deux hommes qu’il avait volontairement percutés sur un trottoir d’une artère du centre-ville.

Le Premier ministre de Nouvelle-Ecosse, Stephen McNeil, a pour sa part dénoncé « un des actes violents les plus insensés de l’histoire de notre province » atlantique, qui vit surtout de l’exploitation du bois et de la pêche. C’est l’une des provinces les moins peuplées du pays -qui en compte dix- avec moins d’un million d’habitants.

USA: l’épidémie régresse à New York, la polémique monte sur le confinement

L’épidémie de coronavirus dans l’Etat de New York, épicentre américain, est sur une courbe descendante, une première depuis le début de l’épidémie qui risque d’alimenter la polémique entre Donald Trump et les gouverneurs des Etats sur le maintien des mesures de confinement.

« Nous avons dépassé le point haut, et toutes les indications à ce stade sont que nous sommes dans une phase descendante », a indiqué dimanche le gouverneur de New York, Andrew Cuomo, lors de son point de presse quotidien sur l’épidémie.

Mais alors que la pression pour relancer l’activité monte à travers les Etats-Unis – avec plus de 740.000 cas confirmés et 40.000 morts le pays le plus touché au monde par l’épidémie – il a appelé à la prudence pour « ne pas compromettre » les progrès réalisés.

« La poursuite de cette descente dépendra de ce que nous ferons », a souligné M. Cuomo, qui a prolongé récemment les mesures de confinement dans son Etat jusqu’au 15 mai.

D’autres Etats ont commencé à relâcher les règles de distanciation. Certaines plages de Floride ont été autorisées à rouvrir dimanche, et immédiatement prises d’assaut. Les gouverneurs du Texas et du Vermont ont aussi prévu de relancer certaines activités, prudemment, dès lundi.

La pression est forte, alors que le chômage explose. Les manifestations se sont multipliées depuis huit jours dans les Etats américains pour dénoncer un confinement jugé excessif.

La plupart des rassemblements se sont limités à quelques centaines de personnes – l’un d’eux, dimanche à Chicago a même fait un flop, avec à peine trois voitures de manifestants. Mais une manifestation mercredi à Lansing, dans le Michigan, a réuni quelque 3.000 personnes.

Le président américain a à sa façon encouragé ces manifestations: vendredi, il avait appelé à « libérer » certains Etats dirigés par des gouverneurs démocrates. Samedi, après une dizaine de manifestations anti-confinement dans divers Etats, il a estimé que « certains gouverneurs étaient allés trop loin ».

Des commentaires dénoncés par certains gouverneurs, y compris républicains.

Larry Hogan, gouverneur républicain du Maryland, théâtre d’une manifestation samedi, a estimé qu' »encourager les gens à manifester contre un plan sur lequel vous venez de faire des recommandations, cela n’a pas de sens ».

– Dispute sur les tests –

Autre point de friction entre gouverneurs et Donald Trump: les tests massifs nécessaires pour pouvoir relancer l’économie sans risquer une nouvelle flambée de l’épidémie.

Le gouvernement fédéral assure que les Etats ont désormais une capacité suffisante de tests à leur disposition, ce que démentent plusieurs gouverneurs.

« Tout comme j’avais raison pour les respirateurs (notre Pays est maintenant le +Roi des respirateurs+, les autres pays nous appellent à l’aide et on va les aider), j’ai raison pour les tests: les gouverneurs doivent augmenter leurs efforts et faire le travail. On sera avec eux JUSQU’AU BOUT », a tweeté Donald Trump dimanche.

« Il y a une capacité suffisante de tests dans le pays aujourd’hui pour que n’importe quel Etat puisse entrer dans la phase 1 » de réouverture de l’économie, a aussi affirmé son vice-président Mike Pence, sur Fox News.

Dans le cadre des recommandations émises par la Maison Blanche aux Etats pour décider la levée progressive du confinement, cette première phase prévoit la réouverture partielle de certains commerces.

Mais le gouverneur démocrate de Virginie, Ralph Northam, très critiqué par Donald Trump ces derniers jours pour avoir adopté des restrictions sur les armes, a qualifié de « délirantes » et « d’irresponsables » ces affirmations.

« Il nous a été demandé, en tant que gouverneurs, de mener cette guerre sans le matériel dont nous avons besoin », a-t-il affirmé sur CNN.

Gretchen Whitmer, gouverneure démocrate du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont manifesté mercredi, a également pointé une pénurie.

Tout comme M. Cuomo, qui alterne entre critiques et compliments de Donald Trump, mais qui a cherché à calmer le jeu.

Il a jugé la collaboration entre le gouvernement fédéral et les Etats pour faire descendre la courbe d' »exploit phénoménal », soulignant que Washington avait été « un partenaire formidable » quand il avait fallu augmenter la capacité des hôpitaux new-yorkais en mars.

Mais il a souligné que les tests constituaient le nouveau défi. « On peut faire mieux en travaillant ensemble que séparément », a-t-il souligné. « Nous devons travailler ensemble et faire du mieux possible. J’ai confiance que nous y arriverons car nous l’avons fait dans le passé ».

Coronavirus: Impatiente et craintive, l’Italie prépare son déconfinement

Son économie à l’arrêt, ses citoyens enfermés à la maison, l’Italie ne parle plus que de déconfinement, entre impatience de repartir et crainte d’une deuxième vague pandémique.

« Nous sommes de retour! ». Sur son compte Instagram, le célèbre glacier romain Giolitti annonce une reprise de ses livraisons mardi et exprime la volonté de beaucoup de retrouver un semblant de normalité, même partielle.

Premier touché en Europe, le pays déplore plus de 23.600 morts officiellement recensés (433 nouveaux décès dans les dernières 24 heures). Mais il sort de la phase aiguë de la pandémie de nouveau coronavirus, après plusieurs semaines d’un confinement commencé le 9 mars.

Jour après jour, les médias évoquent ce qui sera de nouveau bientôt autorisé. Ces spéculations ont poussé le gouvernement à rappeler ce week-end « qu’aucune modification n’est prévue » dans un confinement en vigueur jusqu’au 3 mai inclus.

Mais même les ministres évoquent le sujet. « Nous devons donner aux citoyens une plus grande liberté de circulation », a déclaré le vice-ministre de la Santé Pierpaolo Sileri.

Sa collègue de la Famille Elena Bonnetti laisse entrevoir une réouverture partielle des aires de jeu: « Quelque chose doit changer dans les deux prochaines semaines pour nos enfants! Nos enfants ont le droit de jouer! »

– Une économie en souffrance –

La pression est forte pour faire redémarrer la troisième économie européenne, en grande souffrance.

La maison de luxe Gucci relance lundi son centre de recherche près de Florence, avec un nombre limité d’employés. Fincantieri rouvre lui tous ses chantiers navals, « de manière très graduelle », avec dans un premier temps, un maximum de 10% des salariés dont la température sera prise à l’entrée.

Selon une étude publiée samedi par la Confindustria, la première organisation patronale, la quasi-totalité des entreprises italiennes (97,2%) a souffert de la pandémie, près de la moitié de manière « très grave »; leur chiffre d’affaires a baissé d’un tiers par rapport à mars 2019 (32,6%).

Selon le quotidien La Repubblica, la moitié des 23 millions de salariés et travailleurs indépendants devra être aidé par l’Etat, une proportion appelée à augmenter.

« Dans le plein respect des protocoles sanitaires (…), il faut regarder vers l’avant. Le mot d’ordre est de repartir », a déclaré Marco Marsilio, gouverneur des Abruzzes (centre).

Adversaire du confinement depuis le début, l’ex-Premier ministre Matteo Renzi a même appelé à une réouverture des écoles, condition selon lui du redémarrage économique, quand le gouvernement semble privilégier septembre.

Sur Facebook, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a insisté sur l’importance d’un programme « bien articulé, qui concilie protection de la santé et exigences de la production » pour une reprise « qui garde sous contrôle la courbe épidémiologique et la capacité de réaction de nos structures hospitalières ».

Si le gros de cette première vague pandémique semble passé, « la vraie question est le retour du virus à l’automne », met en garde Luca Zaia, gouverneur de Vénétie.

« Cohabiter avec le virus signifie repenser les journées. Non aux heures de pointe dans toutes les phases du quotidien. Il faut oublier les rues et les transports publics bondés », exhorte le patron de l’Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.

– Divergences Nord-Sud –

Ce rythme de reprise suscite des divergences entre le Nord, moteur économique du pays très touché par la maladie, et le Sud, pauvre et relativement épargné, dont le système sanitaire apparaît mal armé pour affronter un éventuel rebond de la pandémie.

La Lombardie et la Vénétie (Nord) veulent rouvrir rapidement? « Peut-être qu’ils sont plus optimistes que nous. Ici on fera les choses par étapes, on ne peut pas prendre de risques », prévient la présidente de la Calabre (Sud) Jole Santelli.

Son homologue de Campanie (Sud), la région de Naples, Vincenzo de Luca souhaite qu’une fois le confinement levé, les déplacements d’une région à l’autre restent prohibés et que les visiteurs du Nord puissent être placés en quarantaine.

Dans sa stratégie pour prévenir tout regain pandémique, l’Italie a augmenté le rythme des tests salivaires (entre 50.000 et 60.000 par jour), et la Lombardie compte commencer cette semaine les tests sérologiques sur le personnel médical des villes les plus touchées.

L’application de traçage Immuni sera expérimentée dans certaines régions mais ne sera effective partout que durant la deuxième quinzaine de mai, selon les autorités.

Espagne: bilan de morts quotidien le plus bas depuis quatre semaines

L’Espagne a enregistré 410 morts du nouveau coronavirus au cours des dernières 24 heures, contre 565 la veille, le bilan quotidien le plus bas depuis près d’un mois, a annoncé dimanche le ministère de la Santé.

« C’est la première fois que nous passons en dessous des 500 morts depuis que les décès quotidiens ont commencé à grimper », a souligné le chef du Centre d’alertes sanitaires Fernando Simon.

C’est le bilan sur 24 heures le plus bas annoncé depuis le 22 mars, soit depuis quatre semaines, dans le troisième pays le plus frappé au monde derrière les Etats-Unis et l’Italie.

Le Dr Simon a rappelé que la chute des chiffres de samedi à dimanche pouvait s’expliquer par le ralentissement des enregistrements de décès pendant le week-end et que cette baisse est généralement suivie d’un rebond le mardi.

Mais « c’est un chiffre qui nous incite à l’espoir », a-t-il déclaré.

Qu’il s’agisse des décès, des hospitalisations ou des admissions en soins intensifs, a poursuivi le médecin, « les données continuent de suivre une tendance décroissante qui indique clairement que la transmission de la maladie a diminué de façon substantielle ».

Ces chiffres confirment que l’Espagne a atteint son objectif « d’aplatir la courbe » de la transmission, a affirmé le ministre de la Santé Salvador Illa.

Seuls 4.218 nouveaux cas ont été détectés au cours des dernières 24 heures, soit une progression de 2,4%, a-t-il souligné, alors que l’Espagne multiplie les tests PCR (réaction en chaine par polymérase), les plus fiables. Elle en réalise désormais plus de 40.000 par jour, contre 20.000 en moyenne au début de la crise, a précisé le ministre.

– La morgue-patinoire va fermer –

Ce ralentissement de la contagion a permis de soulager le système de santé, un temps submergé.

A Madrid, la région la plus touchée devant la Catalogne, cela a permis de fermer vendredi soir un des deux pavillons de l’Ifema, la foire commerciale de la capitale qui avaient été transformés pour accueillir les malades.

Cet hôpital de campagne, ouvert le 22 mars, a accueilli jusqu’à 1.500 patients au plus fort de la crise. Il devrait rester ouvert jusqu’à la fin mai, a précisé la présidente de la région Isabel Diaz Ayuso.

Elle a également annoncé la fermeture mercredi prochain de la morgue improvisée dans la patinoire proche de l’Ifema, qui aura accueilli plus de 1.000 cercueils.

Seule une des trois morgues de fortune que la région avait dû monter devant l’afflux de cadavres continuera à fonctionner, a précisé Mme Diaz Ayuso.

Les autorités sanitaires estiment avoir franchi le pic de la pandémie le 2 avril quand elles avaient comptabilisé 950 morts en 24 heures. Mais elles ne sont pas prêtes pour autant à recommander la levée du confinement, un des plus stricts d’Europe.

Le chef du gouvernement Pedro Sanchez a annoncé samedi qu’il demanderait au parlement la reconduction du confinement jusqu’au 9 mai inclus. Seul allègement prévu: à partir du 27 avril, les enfants, enfermés depuis le 14 mars, seront autorisés à sortir prendre l’air, dans des conditions qui restent à préciser.

Les adultes peuvent se rendre au travail si le télétravail est impossible, faire des achats de première nécessité ou sortir brièvement le chien. Mais les promenades et l’exercice physique leur sont interdits.

Le bilan officiel de la pandémie en Espagne s’élève à 20.453 morts. Mais ce chiffre est contesté, notamment par Madrid et la Catalogne, qui relèvent que des milliers de morts dans les maisons de retraite qui présentaient des symptômes de la maladie sans avoir pu être testés n’ont pas été comptabilisés.

Coronavirus: Impatiente et craintive, l’Italie prépare son déconfinement

Son économie à l’arrêt, ses citoyens enfermés à la maison, l’Italie ne parle plus que de déconfinement, entre impatience de repartir et crainte d’une deuxième vague pandémique.

« Nous sommes de retour! ». Sur son compte Instagram, le célèbre glacier romain Giolitti annonce une reprise de ses livraisons mardi et exprime la volonté de beaucoup de retrouver un semblant de normalité, même partielle.

Premier touché en Europe, le pays déplore plus de 23.000 morts officiellement recensés. Mais il sort de la phase aiguë de la pandémie de nouveau coronavirus, après plusieurs semaines d’un confinement commencé le 9 mars.

Jour après jour, les médias évoquent ce qui sera de nouveau bientôt autorisé. Ces spéculations ont poussé le gouvernement à rappeler ce week-end « qu’aucune modification n’est prévue » dans un confinement en vigueur jusqu’au 3 mai inclus.

Mais même les ministres évoquent le sujet. « Nous devons donner aux citoyens une plus grande liberté de circulation », a déclaré le vice-ministre de la Santé Pierpaolo Sileri.

Sa collègue de la Famille Elena Bonnetti laisse entrevoir une réouverture partielle des aires de jeu: « Quelque chose doit changer dans les deux prochaines semaines pour nos enfants! Nos enfants ont le droit de jouer! »

– Une économie en souffrance –

La pression est forte pour faire redémarrer la troisième économie européenne, en grande souffrance.

La maison de luxe Gucci relance lundi son centre de recherche près de Florence, avec un nombre limité d’employés. Fincantieri rouvre lui tous ses chantiers navals, « de manière très graduelle », avec dans un premier temps, un maximum de 10% des salariés dont la température sera prise à l’entrée.

Selon une étude publiée samedi par la Confindustria, la première organisation patronale, la quasi-totalité des entreprises italiennes (97,2%) a souffert de la pandémie, près de la moitié de manière « très grave »; leur chiffre d’affaires a baissé d’un tiers par rapport à mars 2019 (32,6%).

Selon le quotidien La Repubblica, la moitié des 23 millions de salariés et travailleurs indépendants devra être aidé par l’Etat, une proportion appelée à augmenter.

« Dans le plein respect des protocoles sanitaires (…), il faut regarder vers l’avant. Le mot d’ordre est de repartir », a déclaré Marco Marsilio, gouverneur des Abruzzes (centre).

Adversaire du confinement depuis le début, l’ex-Premier ministre Matteo Renzi a même appelé à une réouverture des écoles, condition selon lui du redémarrage économique, quand le gouvernement semble privilégier septembre.

Sur Facebook, le chef du gouvernement Giuseppe Conte a insisté sur l’importance d’un programme « bien articulé, qui concilie protection de la santé et exigences de la production » pour une reprise « qui garde sous contrôle la courbe épidémiologique et la capacité de réaction de nos structures hospitalières ».

Si le gros de cette première vague pandémique semble passé, « la vraie question est le retour du virus à l’automne », met en garde Luca Zaia, gouverneur de Vénétie.

« Cohabiter avec le virus signifie repenser les journées. Non aux heures de pointe dans toutes les phases du quotidien. Il faut oublier les rues et les transports publics bondés », exhorte le patron de l’Institut supérieur de la Santé, Silvio Brusaferro.

– Divergences Nord-Sud –

Ce rythme de reprise suscite des divergences entre le Nord, moteur économique du pays très touché par la maladie, et le Sud, pauvre et relativement épargné, dont le système sanitaire apparaît mal armé pour affronter un éventuel rebond de la pandémie.

La Lombardie et la Vénétie (Nord) veulent rouvrir rapidement? « Peut-être qu’ils sont plus optimistes que nous. Ici on fera les choses par étapes, on ne peut pas prendre de risques », prévient la présidente de la Calabre (Sud) Jole Santelli.

Son homologue de Campanie (Sud), la région de Naples, Vincenzo de Luca souhaite qu’une fois le confinement levé, les déplacements d’une région à l’autre restent prohibés et que les visiteurs du Nord puissent être placés en quarantaine.

Dans sa stratégie pour prévenir tout regain pandémique, l’Italie a augmenté le rythme des tests salivaires (entre 50.000 et 60.000 par jour), et la Lombardie compte commencer cette semaine les tests sérologiques sur le personnel médical des villes les plus touchées.

L’application de traçage Immuni sera expérimentée dans certaines régions mais ne sera effective partout que durant la deuxième quinzaine de mai, selon les autorités.

Coronavirus: la Pâque orthodoxe bouleversée malgré des réticences

Plus de 260 millions de chrétiens orthodoxes célébraient dimanche Pâques dans des conditions exceptionnelles, les autorités les ayant globalement invités à rester chez eux pour limiter la propagation du nouveau coronavirus, même si des rassemblements ont été maintenus.

Les orthodoxes ont fêté cette année la résurrection du Christ une semaine après les catholiques et les protestants, qui observent un autre calendrier. Le 12 avril, les célébrations de Pâques avaient donné lieu à des scènes ahurissantes de lieux de culte quasiment déserts.

Dans l’ensemble, les orthodoxes — qui vivent principalement en Europe orientale et en ex-URSS — ont donc vécu dimanche une Pâque confinée, même si dans certains pays les traditions sont passées avant les règles de distanciation, à l’heure où le coronavirus a fait plus de 160.000 morts dans le monde et provoqué le confinement de la moitié de l’humanité.

Le président bélarusse Alexandre Loukachenko, qui conteste activement la gravité de l’épidémie, s’est rendu dans une chapelle à la campagne. « Je n’approuve pas ceux qui ont fermé aux gens la voie vers l’église », a-t-il déclaré, cité par l’agence étatique Belta.

En Géorgie, plusieurs centaines de personnes se sont retrouvées lors d’une messe de minuit dans une cathédrale de Tbilissi. « J’aurais pu rester à la maison et regarder la messe à la télé, mais dans cette église je trouve une vraie sérénité », a confié à l’AFP Lamara Jvania, une fidèle de 58 ans.

En Ukraine, l’Eglise orthodoxe rattachée au Patriarcat de Moscou avait encouragé les fidèles à se réunir même si très peu d’entre eux l’ont fait à Kiev, a constaté un journaliste de l’AFP. Cette Eglise est pleinement touchée par l’épidémie, l’un de ses monastères dans la capitale ukrainienne étant devenu un foyer de la maladie avec près de 140 contaminations et la mort de trois moines.

– Eglises fermées –

En Russie, Kirill, le chef du Patriarcat de Moscou, qui revendique 150 millions de fidèles, a assuré une messe à huis clos dans la principale cathédrale de la capitale. « Cette terrible maladie a touché nos gens », a-t-il affirmé lors d’un prêche télévisé, mais « nous sommes ensemble: une grande famille de fidèles orthodoxes ».

Pour l’exemple, le président Vladimir Poutine a fêté Pâques dans une petite chapelle de sa résidence officielle. « Cette année les célébrations ont lieu avec des restrictions forcées », a-t-il regretté dans une vidéo, assis à une table décorée de gâteaux de Pâques. De nombreux lieux de culte sont toutefois restés ouverts dans des dizaines de régions de Russie, qui compte 42.853 cas de coronavirus, dont 361 mortels.

Le Patriarcat œcuménique de Constantinople, en Turquie, avait ordonné que les offices soient fermés au public et retransmis sur internet. Même situation à Chypre et en Grèce, en Serbie, en Macédoine du Nord, ou encore en Egypte pour les plus de 10 millions de Coptes orthodoxes.

La Vieille Ville de Jérusalem, généralement bondée pour les célébrations de Pâques, était quasiment déserte ce week-end, en raison des mesures de confinement.

– « Première fois de ma vie » –

Au Liban, où vivent plusieurs communautés orthodoxes, les églises étaient fermées et les rues désertes. « C’est la première fois de ma vie que je vis un dimanche pascal pareil. Ni cérémonie religieuse, ni déjeuner en famille », a déploré Afaf, 76 ans, vivant au nord de Beyrouth.

Pour certains, ces célébrations ont rappelé des heures sombres. « Ces Pâques ressemblent à celles de la dictature quand on s’enfermait chez nous. On fermait les portes et fenêtres pour allumer une cierge de peur de finir en prison », a expliqué Tatjana Jani, une femme de 72 ans vivant en Albanie, où la religion avait été interdite pendant la période communiste.

En Roumanie, les églises étaient elles aussi inaccessibles mais des volontaires et des prêtres ont fait du porte-à-porte pour distribuer du pain bénit et le feu sacré, symboles de la Pâque orthodoxe.

En Bulgarie, les lieux de culte étaient ouverts mais quasiment vides, les fidèles s’y hasardant devaient porter un masque et conserver les distances de sécurité. Comme Dimitri Goldman, 46 ans, rencontré lors de la messe de minuit à la cathédrale Alexandre Nevski de Sofia. Lui priait « pour que l’on surmonte cette crise ».

Hommages intimes, confinés ou en ligne aux héros du ghetto de Varsovie

Une multitude d’hommages intimes, sur place ou depuis les lieux de confinement, ainsi que des initiatives en ligne ont remplacé dimanche les cérémonies anniversaires habituelles aux héros du soulèvement du ghetto de Varsovie de 1943, remodelées à cause de la pandémie.

Le 19 avril 1943, quelques centaines de combattants juifs attaquèrent les nazis dans la capitale polonaise, préférant mourir l’arme à la main plutôt que prendre le chemin des chambres à gaz du camp d’extermination de Treblinka (Est de la Pologne), où l’occupant allemand avait envoyé plus de 300.000 Juifs de Varsovie enfermés dans le ghetto dans des conditions inhumaines.

A Varsovie, comme chaque année, les sirènes d’alarme ont retenti à midi, en hommage aux insurgés.

Le grand rabbin de Pologne, Michael Schudrich, masque de protection sur le visage, a récité une prière au pied du monument aux héros du ghetto, devant quelque dizaines de personnes rassemblées sur l’esplanade, qui ont observé les distances recommandées avant d’aller une à une déposer une gerbe.

Signe des temps d’épidémie, cette année dans les rues, pas de distribution traditionnelle de jonquilles, que les Varsoviens épinglent massivement à leurs vêtements, une tradition héritée du dernier commandant de l’insurrection, Marek Edelman, décédé en 2009, qui allait chaque année déposer un bouquet de jonquilles au monument aux Héros du ghetto.

Par la couleur et la forme, les jonquilles rappellent l’étoile jaune dont le port était imposée aux Juifs par les Nazis.

Faute de distribution de jonquilles, le musée Polin de l’Histoire des juifs de Pologne a publié en ligne un patron permettant de fabriquer la fleur jaune dans du carton et demandé à chacun de publier sur les réseaux sociaux son portrait à la jonquille, un appel largement suivi.

Le musée Polin, mais aussi le Mémorial de la Shoah à Paris, ont prévu de retransmettre, sur internet, conférences, documentaires, cérémonies et performances artistiques liés au 77ème anniversaire du soulèvement du ghetto.

Un an après l’invasion, en septembre 1939, de la Pologne, les Allemands créèrent dans la capitale polonaise un quartier spécial pour les Juifs. Ils y enfermèrent quelque 480.000 personnes pour les exterminer par la faim et les maladies, avant d’en déporter 300.000 vers les chambres à gaz du camp de Treblinka, à 80 kilomètres à l’Est de Varsovie.

Le révolte du ghetto de Varsovie, du 19 avril au 16 mai 1943, est le fait le plus connu de la résistance juive contre les nazis.

L’armée a quitté les rues de la capitale du Lesotho (AFP)

L’armée a quitté dimanche les rues du royaume du Lesotho, au lendemain de l’opération ordonnée par le Premier ministre Thomas Thabane pour « restaurer l’ordre » face à ses adversaires politiques qui exigent sa démission.

Les blindés et les soldats en armes qui patrouillaient samedi dans les rues de la capitale Maseru, sous confinement pour cause de pandémie de coronavirus, avaient regagné leurs casernes dimanche matin, a constaté une journaliste de l’AFP.

Sollicité par l’AFP, le porte-parole de l’état-major de l’armée n’a pas répondu immédiatement.

Au pouvoir depuis 2017, M. Thabane, 80 ans, a déployé samedi les troupes dans le pays en réaction à l’attitude de « certaines personnes et institutions » qui, a-t-il accusé « s’en prennent aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale.

Le Lesotho traverse une grave crise politique depuis la mise en cause, au début de l’année, de Thomas Thabane dans le meurtre de son ex-femme en 2017.

La police et la justice l’accusent d’avoir ordonné son assassinat avec son épouse actuelle, qui a été inculpée.

Lâché par son propre parti, la Convention de tous les Basotho (ABC), le chef du gouvernement est pressé depuis de démissionner mais il s’accroche bec et ongles au pouvoir.

Il a promis de partir à la retraite « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge, mais l’ABC et l’opposition continuent d’exiger son départ immédiat.

Plus de 20.000 morts en Espagne qui prolonge le confinement

L’Espagne, qui dénombre plus de 20.000 morts dus à la pandémie de nouveau coronavirus, va prolonger le strict confinement de sa population de deux semaines, jusqu’au 9 mai inclus, a déclaré samedi son Premier ministre.

« Nous avons fait le plus dur grâce à la responsabilité et à la discipline sociales (…) nous avons laissé derrière nous les moments les plus extrêmes » mais « ces succès sont encore insuffisants et surtout fragiles », a insisté Pedro Sanchez, appelant à ne pas tout « mettre en péril » avec des décisions « précipitées ».

Le socialiste a toutefois annoncé que ce confinement allait être assoupli pour les enfants qui allaient pouvoir sortir « un peu chaque jour » à partir du 27 avril alors qu’ils n’en avaient pas le droit depuis le début du confinement le 14 mars.

Jusqu’ici, seuls les adultes pouvaient quitter leur domicile seuls pour aller travailler, acheter à manger ou des médicaments, se faire soigner ou sortir rapidement leur chien.

Les appels se sont faits de plus en plus pressants ces derniers jours pour permettre aux enfants de prendre l’air comme dans d’autres pays européens.

Cette nouvelle prolongation de l’état d’alerte, qui devra être entérinée par le Parlement, sera suivie d’autres mesures de restrictions en mai avant une levée « prudente et progressive » du confinement en fonction de l’évolution de l’épidémie et qui pourra varier selon les régions, a ajouté M. Sanchez.

« Si cela est nécessaire, nous renforcerons de nouveau les mesures de protection », a-t-il averti.

Lundi, certains Espagnols avaient déjà pu reprendre le travail après deux semaines d’arrêt quasi total de l’économie mais le télétravail reste la norme lorsque cela est possible tandis que tous les commerces non essentiels sont toujours fermés.

– Plus de 20.000 morts –

L’Espagne a dépassé samedi les 20.000 morts à 20.043 morts, le troisième bilan le plus lourd du monde, derrière ceux des Etats-Unis et de l’Italie.

En 24 heures, le nombre de morts s’est élevé à 565, une légère baisse par rapport aux 585 notifiés vendredi et loin du record de 950 morts en un jour enregistré le 2 avril.

Ce comptage -qui n’inclut que les personnes testées positives au nouveau coronavirus- est cependant de plus en plus contesté par certaines régions selon lesquelles des milliers de personnes supplémentaires sont mortes après avoir présenté des symptômes de la maladie mais sans avoir pu être testées.

La Catalogne (Nord-Est), évoque notamment le chiffre de plus de 7.800 morts alors que le bilan national pour cette région est de plus de 3.800 samedi.

Le nombre de cas confirmés s’élève au total dans le pays à 191.726, après un ralentissement de la progression ces derniers jours malgré un plus grand nombre de tests pratiqués, tandis que le nombre de personnes guéries s’élève à près de 75.000.

Grâce au confinement, « le niveau de transmission actuel (du virus) est beaucoup plus bas », a souligné Fernando Simon, le directeur du centre d’urgences sanitaires lors de son point presse quotidien.

Le très surveillé taux d’infection qui était au-dessus de 3 au début du confinement, c’est à dire qu’un malade contaminait plus de 3 personnes, est désormais inférieur à 1.

Encouragées par Trump, les manifestations anti-confinement se multiplient aux Etats-Unis

New Hampshire, Maryland, Texas: des manifestations demandant la levée des mesures de confinement face au coronavirus ont agité samedi plusieurs villes à travers les Etats-Unis, encouragées la veille par Donald Trump, accusé d’attiser les divisions.

Ils étaient environ 400 à manifester, à pied ou depuis leur voiture, devant le Parlement de Concord, capitale du petit Etat du New Hampshire (1,3 million d’habitants), relativement épargné par l’épidémie avec 1.287 cas confirmés et 37 morts du coronavirus vendredi. Le gouverneur républicain Chris Sununu y a ordonné un confinement au moins jusqu’au 4 mai.

« Les chiffres mentent », ou « Rouvrez le N.H. », disaient certaines pancartes brandies par les manifestants, au milieu de drapeaux américains. Parmi eux figuraient des hommes en cagoules et armés, a constaté l’AFP.

« Les gens sont tout à fait prêts à faire ce qu’il faut », mais « les chiffres ne justifient pas les mesures de confinement draconiennes que nous avons dans le New Hampshire », a indiqué à l’AFP Skip Murphy, 63 ans, électeur de Donald Trump.

A Annapolis, capitale du Maryland, les manifestants restaient en voiture, et l’AFP en a vu environ 200 défiler devant le Parlement local. « La pauvreté tue aussi », disait une pancarte, « je n’obéirai pas à des décrets illégaux », disait une autre.

A Austin, capitale du Texas, Etat le plus peuplé après la Californie, ils étaient environ 250, armés de pancarte dénonçant notamment « l’effondrement économique » précipité par la mise à l’arrêt de toutes les activités non « essentielles », qui a fait exploser le nombre de chômeurs et fait perdre à beaucoup tout revenu.

Owen Shroyer, présentateur du site proche de l’extrême droite Infowars, avait appelé ces derniers jours à y participer, avant de voir son compte Twitter suspendu vendredi.

Si ces rassemblements semblaient réunir beaucoup de partisans de Donald Trump, certains participants ont souligné que leurs motivations n’étaient pas politiques.

Dolores, une coiffeuse qui manifestait à Annapolis, a expliqué ne plus pouvoir travailler ni toucher aucune aide gouvernementale, car elle est employeuse et non employée.

« Il faut que je sauve mes affaires, je dois travailler pour vivre, sinon je vais mourir », a-t-elle dit à l’AFP.

« Cela n’a rien à voir avec Trump ou avec les gouverneurs démocrates ou républicains », a affirmé Skip Murphy à Concord. « C’est pour dire que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne, et que le confinement doit s’arrêter là où il n’a pas de sens ».

– « Ne pas politiser l’émotion » –

De telles manifestations se sont multipliées ces derniers jours à travers les Etats-Unis, pays le plus frappé par le coronavirus avec plus de 715.000 cas et 37.000 morts, alors que le chômage explose et que beaucoup de gens ont perdu leurs revenus, dans un pays au filet de protection sociale limité.

La plus importante à ce jour s’est déroulée mercredi à Lansing, capitale du Michigan, où quelque 3.000 personnes ont vilipendé les mesures de confinement de la gouverneure démocrate Gretchen Whitmer.

Le président Trump, qui ne cache pas sa hâte de « rouvrir » l’économie du pays tout en laissant les gouverneurs de chaque Etat décider quand et comment lever les restrictions, a appelé vendredi à « libérer » du confinement trois Etats gérés par des gouverneurs démocrates – Michigan, Minnesota et Virginie.

Le gouverneur de l’Etat de New York, le plus touché par l’épidémie avec plus de 236.000 cas confirmés et un ordre de confinement en vigueur au moins jusqu’au 15 mai – malgré un nombre de morts journaliers en baisse – a reconnu samedi que certains Etats, moins affectés, pouvaient adopter des stratégies de relance de l’économie plus rapide que la sienne.

« Les chiffres dictent les stratégies », a indiqué le gouverneur Andrew Cuomo lors d’un point presse.

Mais il a implicitement critiqué l’attitude de Donald Trump et de certains responsables républicains qui critiquent le confinement prolongé par les gouverneurs démocrates.

Le confinement est « émotionnellement difficile, et économiquement désastreux », a-t-il souligné. Mais « comment la situation peut-elle empirer, et empirer rapidement? Si vous politisez toute cette émotion. Nous ne pouvons pas nous le permettre, » a-t-il martelé.

burs-cat/la

Cinq choses à savoir sur le Lesotho

Le Lesotho, agité par un rocambolesque feuilleton politico-judiciaire impliquant le Premier ministre, est un petit royaume montagneux enclavé au coeur de l’Afrique du Sud à qui il fournit une bonne partie de son eau.

– « Royaume dans le ciel » –

Surnommé le « royaume dans le ciel », le Lesotho est connu pour la beauté de ses paysages montagneux. Plus de 80% du pays (30.355 km2) sont situés à une altitude supérieure à 1.800 mètres. Son point culminant est le mont Thabana Ntlenyana (3.482 m).

Les Basotho, peuple bantou d’Afrique australe, sont très largement majoritaires. Environ 80% de la population sont chrétiens.

La capitale, Maseru, est la plus grande ville du pays (250.000 habitants). Les deux langues officielles sont l’anglais et le sotho.

– Histoire mouvementée –

Ancien protectorat britannique, le Lesotho devient indépendant en 1966, année du couronnement du roi Moshoeshoe II.

Quatre ans plus tard, le roi est contraint à un exil de quelques mois par son Premier ministre, marquant le début de plus de deux décennies de troubles et de gouvernements militaires.

En 1990, le souverain est remplacé par son fils, Letsie III.

La victoire écrasante du Congrès du Lesotho pour la démocratie (LCD), en 1998, est violemment contestée. Le risque d’un « coup d’Etat » est invoqué pour justifier une intervention militaire de l’Afrique du Sud et du Botswana. Les affrontements font 75 morts, Maseru est dévastée.

En 2014, le pays est de nouveau déstabilisé par un coup d’Etat manqué. L’année suivante, le Premier ministre Thomas Thabane est battu aux élections. Après deux ans d’exil, il remporte les élections législatives anticipées en 2017.

Mais deux jours avant son investiture, son épouse Lipolelo Thabane, avec qui il est en instance de divorce, est assassinée. Deux mois plus tard, Thomas Thabane se remarie.

Début février 2020, l’affaire connaît un rebondissement spectaculaire avec l’inculpation de la nouvelle femme du Premier ministre, pour complicité de meurtre. Mis en cause dans l’affaire, Thomas Thabane qui a annoncé sa démission au plus tard fin juillet, comparaît le 24 février devant la justice et son dossier est renvoyé devant la Haute Cour sans qu’il soit formellement inculpé.

– Dépendance sud-africaine –

Le Lesotho a la particularité d’être complètement enclavé au milieu de l’Afrique du Sud.

Pays pauvre de 2,1 millions d’habitants, il importe de la nourriture de chez son puissant voisin qui attire également une bonne partie de sa population à la recherche d’un emploi.

De son côté, l’Afrique du Sud compte sur les abondantes réserves en eau du royaume. Le barrage de Katse (centre) approvisionne en électricité les villes de Pretoria et Johannesburg.

Près de la moitié des revenus des ménages provient des transferts financiers de migrants employés en Afrique du Sud, notamment dans le secteur minier.

Le Lesotho dispose aussi de quelques mines de diamants.

– 54 ans d’espérance de vie –

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23,8% de la population et un manque criant de services publics, le Lesotho fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Il est actuellement sous confinement total pour cause de pandémie de coronavirus, mais aucun cas de contamination n’y a été officiellement rapporté.

Le pays et son agriculture sont très exposés aux aléas climatiques et à la sécheresse. Près de 75% de la population vit en milieu rural et dépend directement de l’agriculture et de l’élevage. 50% de la population souffrent d' »insécurité alimentaire grave », selon l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO).

En 2018, l’espérance de vie y était seulement de 54 ans (Banque mondiale).

– Pionnier du cannabis médical –

En 2017, le pays est le premier en Afrique à autoriser la culture du cannabis médical.

Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC), 70% du cannabis en Afrique du Sud provient du Lesotho où la marijuana est la troisième source de revenus.

Contesté et menacé, le Premier ministre du Lesotho fait intervenir l’armée

Le Premier ministre contesté du Lesotho Thomas Thabane a fait descendre samedi l’armée dans les rues du petit royaume pour « restaurer l’ordre », nouvel épisode de la crise politique causée par son implication dans le meurtre de son ex-épouse.

Soupçonné par la police et la justice d’avoir ordonné cet assassinat, M. Thabane, 80 ans, résiste bec et ongles depuis des semaines aux appels à la démission lancés par son propre parti et par l’opposition.

De plus en plus menacé, le chef du gouvernement a repris l’initiative samedi en annonçant avoir « déployé l’armée pour reprendre le contrôle de la situation (…) et restaurer l’ordre et la paix ».

Dans un discours surprise prononcé à la radio et à la télévision nationales, il a accusé, sans les citer, « certaines personnes et institutions » de « s’en prendre aux principes et à l’autorité qui assurent la stabilité et la démocratie ».

Des soldats équipés de casques et de gilets pare-balle patrouillaient samedi à pied ou à bord de véhicules blindés les rues de la capitale Maseru.

Le commandant en chef de la police Holomo Molibeli, son adjoint et un autre officier supérieur ont été arrêtés par l’armée, a indiqué sous couvert d’anonymat à l’AFP une source gouvernementale. « Ils sont pour l’instant détenus à la caserne de Makoanyane », a-t-elle ajouté.

L’intervention des militaires intervient au lendemain d’une décision de la Cour constitutionnelle qui a annulée la suspension des travaux du Parlement ordonnée par le Premier ministre.

– ‘Paix en péril’ –

Le chef de l’opposition a vivement dénoncé la décision de Thomas Thabane.

« Il s’agit d’un recours abusif aux forces de sécurité », a regretté Mathibeli Mokhothu, président du Congrès démocratique (DC), qui a accusé le Premier ministre de « menacer l’indépendance de la justice » et de « mettre en péril la paix au Lesotho ».

« Le Premier ministre a perdu le contrôle de la situation car il ne se comporte plus en Premier ministre », a commenté auprès de l’AFP le politologue Motlamelle Kapa, de l’université du Lesotho. « Nous assistons à un combat entre (M. Thabane) et la police et la justice, qui essaient de faire rendre des comptes à l’exécutif ».

La crise qui secoue le Lesotho a débuté il y a plusieurs mois avec la mise en cause de M. Thabane dans l’assassinat, le 14 juin 2017 quelques jours avant son arrivée au pouvoir, de sa femme Lipolelo Thabane, avec laquelle il était en instance de divorce.

Son épouse actuelle Maesaiah Thabane, 43 ans, a été inculpée en février du meurtre de sa rivale et placée en liberté sous caution. M. Thabane devait l’être prochainement.

La révélation de l’affaire a suscité une onde de choc politique. Le parti de M. Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), lui a retiré son soutien et exige depuis sa démission. Le chef du gouvernement a refusé d’obtempérer aussitôt et promis en février de quitter ses fonctions « d’ici à la fin juillet » en raison de son âge.

Pour hâter son départ, l’ABC et plusieurs partis d’opposition ont annoncé le mois dernier être parvenus à un accord pour remplacer l’actuelle équipe ministérielle dès que possible.

– ‘Actes terroristes’ –

Le Premier ministre avait alors vivement réagi en dénonçant des « actes terroristes » et ordonné aux forces de sécurité d’ouvrir une enquête contre ses rivaux.

Le Parlement a également adopté une loi lui interdisant d’appeler à de nouvelles élections au cas où les députés voteraient une motion de censure contre lui.

Prétextant la lutte contre la pandémie de coronavirus, M. Thabane a ordonné la suspension pendant trois mois de la représentation nationale.

Mais vendredi, la Cour constitutionnelle du pays, saisie par son parti et l’opposition, a annulé cette décision. « La décision du Premier ministre de suspendre le Parlement est nulle et non avenue », a annoncé le juge Sakoane Sakoane à l’audience.

Le Lesotho a été placé sous confinement total jusqu’au 21 avril pour cause de pandémie de coronavirus. Aucun cas ne contamination n’y a jusque-là été rapporté.

Enclavé au milieu de l’Afrique du Sud, le petit royaume montagneux a connu depuis son indépendance en 1966 une histoire politique instable rythmée de coups d’Etat militaires.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de ses 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Le 18 avril 1980 naissait le Zimbabwe

Lentement « l’Union Jack » glisse le long du mât. Une immense clameur s’élève dans le stade Rufaro à Salisbury. Il est un peu plus de minuit ce vendredi 18 avril 1980: le Zimbabwe est né.

Trente-six mille poitrines fêtent avec enthousiasme la montée du drapeau rouge, vert, jaune et noir, frappé de l’étoile et de l’oiseau sacré, symboles du nouvel Etat, qui a abandonné son ancien nom de Rhodésie.

Mettant fin à 90 ans de colonisation, la Grande-Bretagne accorde l’indépendance à son ancienne colonie « rebelle ». Devant une foule en délire, le Prince Charles, héritier du trône britannique, remet au président du nouvel Etat, Canaan Banana, le texte de la Constitution.

Une centaine de délégations étrangères assistent aux cérémonies. L’Afrique du sud et la plupart des pays d’Europe de l’Est ne sont pas représentés. L’Union soviétique, coupable de soutenir Joshua Nkomo, grand rival (chez les nationalistes noirs) du nouvel homme fort du pays Robert Mugabe, a failli ne pas être conviée.

Les principaux mouvements de libération comme ceux d’Afrique du Sud, le Front Polisario du Sahara occidental, et l’Organisation de libération de la Palestine sont représentés, ainsi que les pays occidentaux. Grand absent, l’ancien leader rhodésien blanc Ian Smith.

– Une colonie rebelle –

Ian Smith était devenu le 11 novembre 1965 le premier sujet britannique à déclarer unilatéralement l’indépendance d’une colonie de la Couronne, depuis les Etats-Unis en 1776.

« L’affaire rhodésienne », ne devait être réglée que quinze ans plus tard, après sept ans de guerre entre les autorités de Salisbury (aujourd’hui Harare) et les nationalistes noirs.

Pour prévenir une accession de la majorité noire au pouvoir, la minorité blanche conduite par Ian Smith (250.000 personnes contre 6 millions de Noirs) déclare l’indépendance, contre la volonté de Londres. L’initiative, jugée illégale, est condamnée par la communauté internationale.

Le pays se rebaptise « Rhodésie » (dérivé de Cécil Rhodes, explorateur et aventurier qui colonisa la région à la fin du XIXe siècle). Le gouvernement britannique conserve l’appellation « Rhodésie du sud » pour marquer la pérennité du statut de colonie. Certaines instances internationales l’appellent déjà « Zimbabwe » (nom du royaume ayant dominé cette région jusqu’à la fin du XVe siècle).

En réaction aux sanctions économiques imposées par le Royaume-Uni puis l’ONU, le gouvernement organise une semi-autarcie.

Selon Londres, la Rhodésie, enclavée, devait se soumettre tôt ou tard. C’était ignorer la capacité d’autosuffisance d’une colonie que sa population blanche (se servant d’une abondante et avantageuse réserve de main d’oeuvre noire) avait portée à un exceptionnel degré de prospérité.

– Plus de 27.000 morts –

Et c’était ignorer la conviction de son leader qui avait promis que « jamais, même dans mille ans », les Noirs ne gouverneraient.

Outre l’embargo, les Rhodésiens sont confrontés à des tentatives d’insurrection des nationalistes noirs.

Tout commence vraiment le 21 décembre 1972. A l’aube, un petit commando attaque à la roquette la ferme des Borgrave, une famille européenne vivant à Centenary (nord-est). Quelque vitres brisées, une fillette légèrement blessée: la communauté blanche y voit une escarmouche sans lendemain. C’est en fait le premier acte d’un conflit dont le bilan, sept ans plus tard, atteindra plus de 27.000 morts

Le nombre des nationalistes augmente d’année en année et les accrochages deviennent de plus en plus sévères, surtout à partir de 1975, lorsque le Mozambique voisin devient indépendant.

Mais le mouvement noir est divisé et les rivalités entre ses chefs fortes: l’Union populaire africaine du Zimbabwe (ZAPU), dirigée par Joshua Nkomo, et l’Union nationale africaine du Zimbabwe (ZANU) de Robert Mugabe ont une idéologie socialiste et exigent le transfert du pouvoir à la majorité africaine. La première, « modérée », est favorable aux négociations avec les autorités, la seconde, « radicale », défend la lutte armée.

– De difficiles négociations –

Le Conseil national africain (ANC) de l’évêque Abel Muzorewa, prône lui la non-violence.

Fin 1974, les trois tendances proclament leur unification, mais les Etats voisins favorisent Robert Mugabe, qui, à la tête de 12.000 combattants, mènera désormais la guérilla.

L’effondrement de l’empire portugais, la politique « d’ouverture » de l’Afrique du Sud et les progrès de la guérilla noire sur le terrain contraignent Salisbury à rouvrir le dossier. Ian Smith tente d’entamer un dialogue avec l’aile modérée des nationalistes. Une rencontre historique a lieu le 25 août 1975 aux chutes Victoria.

Après un « règlement interne », des élections générales ont lieu en avril 1979. Deux mois plus tard, l’Etat de « Zimbabwe-Rhodésie » est proclamé. Un gouvernement à majorité noire, dirigé par le vainqueur des élections, l’évêque Abel Muzorewa, est installé.

Les guérilleros ne désarment pas et la même année, Abel Muzorewa signe à Londres, avec la Grande-Bretagne et ses deux ennemis, Robert Mugabe et Joshua Nkomo, un accord aboutissant à l’indépendance.

Nouvel homme fort du pays, Robert Mugabe, séduira d’abord par une politique de réconciliation. Il instaurera ensuite un régime autoritaire et précipitera l’effondrement économique de son pays avec une violente réforme agraire. Contraint de démissionner en 2017 après trente-sept ans de pouvoir, il mourra deux ans plus tard.

Coronavirus: plus de 5.000 morts annoncés en Iran

Le nouveau coronavirus a fait plus de 5.000 morts en Iran, selon les chiffres officiels annoncés samedi à Téhéran, où les petits commerçants commencent à rouvrir après une longue fermeture imposée par la crise sanitaire.

Les autorités ont dénombré 73 décès supplémentaires depuis vendredi midi, ce qui porte à 5.031 le nombre total de morts dus à la maladie dans la République islamique, a déclaré le porte-parole du ministère de la Santé, Kianouche Jahanpour à la télévision.

L’Iran est de loin le pays le plus touché par la pandémie au Proche et au Moyen-Orient, mais les chiffres du gouvernement sont jugés largement sous-estimés à l’étranger ainsi qu’à l’intérieur du pays.

Selon les statistiques officielles, le nombre de nouveaux décès provoqués par le virus est apparu en baisse samedi pour le septième jour d’affilée et la propagation ralentit sa progression depuis le début du mois.

Avec 1.374 personnes infectées au cours des dernières 24 heures, le nombre de cas confirmés de contamination déclarés en Iran s’élève désormais à 80.860.

M. Jahanpour a affirmé, sans fournir de détails, que les sanctions américaines visant la République islamique avaient empêché Téhéran d’acheter des tests de dépistage à la Corée du Sud, en dépit des « affirmations mensongères (de Washington) selon lesquelles le commerce médical n’est pas visé par les sanctions ».

Mardi, un rapport du Centre de recherches du parlement iranien notait que le bilan réel des décès liés au nouveau coronavirus pourrait être supérieur de 80% aux chiffres annoncés par le gouvernement et le nombre d’infections « huit à dix fois » plus important.

Une autre critique des chiffres gouvernementaux a été publiée mercredi par le quotidien Charq citant une élue du conseil municipal de Téhéran, Nahid Khodakarami, chargée des affaires de santé publique. Selon cette dernière, le nombre de personnes qui meurent de l’épidémie serait compris, chaque jour, entre « environ 70 et plus de 100 » dans la capitale.

Le même article de Charq comprend un démenti officiel selon lequel « toute maladie respiratoire n’est pas le (nouveau) coronavirus ».

Pour éviter que l’économie iranienne ne soit anéantie par le double effet des sanctions américaines et de la crise sanitaire, le gouvernement a autorisé le 11 avril la réouverture des petits commerces dans les provinces.

La mesure est étendue depuis samedi matin à Téhéran, où nombre de petites échoppes ont rouvert, ont observé des journalistes de l’AFP.

Hong Kong: la police rafle des leaders pro-démocratie pour les manifestations de 2019

La police de Hong Kong a mené samedi une opération de grande envergure contre des leaders du mouvement pro-démocratie, arrêtant 14 personnes pour leur soutien ou leur participation aux immenses manifestations qui ont secoué la place financière asiatique l’an dernier.

Parmi les personnes interpellées figure le magnat des médias Jimmy Lai, 72 ans, fondateur du journal d’opposition Apple Daily, appréhendé à son domicile.

Les parlementaires ou ex-parlementaires Martin Lee, Margaret Ng, Albert Ho, Leung Kwok-hung et Au Nok-hin, accusés d’avoir organisé et participé à des rassemblements illégaux en août et octobre, ont également été arrêtés, a indiqué la police.

Cinq autres personnes interpellées sont soupçonnées d’avoir promu des manifestations interdites en septembre et octobre.

« Les personnes arrêtées sont accusées ou seront accusées de crimes liés » à ce genre de faits, a déclaré le commissaire Lam Wing-ho.

Les 14 interpellés comparaîtront en justice mi-mai.

Jimmy Lai avait déjà été arrêté en février pour sa participation à une manifestation en août 2019, que la police avait interdite pour des raisons de sécurité.

« J’ai fini par être arrêté. Comment je me sens? Je me sens très soulagé », a déclaré de son côté à la presse Martin Lee après avoir été libéré sous caution.

« Depuis tellement d’années, tellement de mois, tellement de jeunes gens ont été arrêtés et poursuivis, alors que je n’étais pas arrêté. Je le regrette », a ajouté l’avocat de 81 ans, qui avait créé le premier parti politique de Hong Kong où il est considéré comme le père de la démocratie.

Il a dit ne pas regretter ses actions et être fier de soutenir la jeunesse hongkongaise dans son combat pour la démocratie.

Hong Kong avait été secouée plusieurs mois en 2019 par d’immenses manifestations parfois émaillées de violences. Elles avaient été provoquées au départ par un projet de loi – désormais abandonné – prévoyant d’autoriser les extraditions vers la Chine continentale, où les citoyens disposent de moins de droits et où le système judiciaire est bien plus opaque.

– Mise en scène –

« Les arrestations aujourd’hui de leaders pro-démocratie à Hong Kong sont le coup de grâce pour le concept de +Un pays, deux systèmes+ », a estimé la directrice de Human Rights Watch pour la Chine, Sophie Richardson, faisant allusion au principe qui garantit dans la ville des libertés que n’ont pas les Chinois du continent.

« Il est difficile de prévoir les prochaines initiatives de Pékin, mais il semble bien que les dirigeants de Hong Kong vont continuer de permettre des abus plutôt que de défendre les droits des habitants de Hong Kong », a-t-elle déploré.

Les rassemblements géants de 2019 dans le territoire semi-autonome ont rapidement muté en un mouvement pro-démocratie réclamant plus de libertés, qui est devenu le plus grand défi au pouvoir de Pékin depuis que l’ex-colonie britannique est repassée dans le giron chinois en 1997.

Les manifestations et les affrontements avec la police ont progressivement cessé, en partie à cause de l’épuisement et des arrestations, mais aussi de la pandémie de coronavirus.

Les dirigeants chinois ont refusé de céder aux demandes des militants pro-démocratie, telles que l’organisation d’élections libres dans la ville, une enquête sur les violences policières durant les manifestations et une amnistie pour les plus de 7.000 personnes (dont beaucoup n’ont pas 20 ans) arrêtées pendant le mouvement.

La parlementaire pro-démocratie Claudia Mo a déclaré samedi que le gouvernement local « tente de toutes ses forces de mettre en place un règne de terreur ».

« Ils font tout ce qu’ils peuvent pour essayer de museler et de détruire l’opposition locale, mais nous restons unis », a-t-elle dit. « Il est évident que toutes leurs actions sont une mise en scène ».

Face à une demande inédite, les banques alimentaires américaines sur tous les fronts

De longues heures d’attente dans un véhicule: à cause du coronavirus, des millions d’Américains, exsangues, se tournent vers les banques alimentaires, qui multiplient les distributions avec la crainte de ne bientôt plus pouvoir faire face.

Ils étaient 1.000 véhicules à se présenter mardi à une distribution organisée par la banque alimentaire de Pittsburgh (Pennsylvanie), dont les besoins ont augmenté de 38% en mars.

En huit opérations exceptionnelles comme celle-ci, quelque 227 tonnes de nourriture ont été enfournées dans des coffres de voitures, explique Brian Gulish, le vice-président.

« Beaucoup de gens ont recours à nos services pour la première fois », dit-il. « C’est pour ça que ces files sont si longues. Ils ne connaissent pas notre réseau » de plus de 350 points de collecte dans le Sud-Ouest de l’Etat.

Partout, de La Nouvelle-Orléans à Detroit, les mêmes scènes se reproduisent, signes d’une population en détresse, privée de ressources, dans l’attente des chèques promis par le gouvernement fédéral qui commencent à arriver.

Un sommet a sans doute été atteint le 9 avril à San Antonio, au Texas, où environ 10.000 véhicules se sont présentés, certains dès la veille au soir.

« Cela fait des mois que nous n’avons plus de boulot », raconte Alana, lors d’une distribution à Chelsea, dans la banlieue de Boston. « Hier, j’ai vu une femme avec un bébé de 15 jours, deux autres enfants, un mari au chômage, et plus rien dans les placards », dit cette femme qui n’a pas voulu donner son nom de famille.

Les besoins des banques alimentaires n’ont plus rien à voir avec ceux d’avant la crise, en hausse de 30%, par exemple, à Akron, près de Cleveland dans l’Ohio.

« On a construit, sur des années, une chaîne d’approvisionnement qui pouvait répondre à certains besoins », explique Dan Flowers, directeur général de l’Akron-Canton Regional Foodbank. « L’augmenter de 30% du jour au lendemain, c’est quasiment impossible ».

D’autant que les banques alimentaires font également face aux perturbations majeures qui secoue tout le secteur agroalimentaire aux Etats-Unis.

Les consommateurs dévalisent les supermarchés, qui n’ont plus autant d’invendus à donner, tout comme les restaurants, fermés ou tournant au ralenti.

Heureusement, l’industrie agroalimentaire répond globalement présent et continue d’assurer des dons.

Les banques alimentaires, dont les 200 filiales locales du réseau Feeding America, reçoivent même quantité de livraisons exceptionnelles.

Déjà contributeur ordinaire, le géant J.M. Smucker a acheminé des palettes supplémentaires dans l’Ohio, et la distillerie Ugly Dog, du Michigan, un camion entier de gel hydroalcoolique dans des bouteilles de spiritueux, explique Dan Flowers.

– « A bout » –

Les dons affluent aussi en numéraire, de foyers anonymes ou de Jeff Bezos, première fortune mondiale, qui a offert 100 millions de dollars à Feeding America.

Sans ces dons, « ces banques alimentaires ne pourraient pas faire face à la demande », dit Dan Flowers, qui achète actuellement 35% de ses approvisionnements, contre 5% ordinairement, le reste provenant de dons en nature.

Et il ne suffit pas de s’assurer des quantités nécessaires, encore faut-il être livré, alors que les besoins de la grande distribution explosent.

Il n’est plus rare d’attendre six, voire huit semaines, pour voir arriver un camion.

La Food Bank de New York, une des grandes organisations de la métropole, n’hésite plus à augmenter les volumes commandés, explique Zanita Tisdale, « parce que si nous revenons dans une semaine, les prix pourraient avoir monté de manière significative et le délai de livraison s’allonger de façon exponentielle ».

Entre l’approvisionnement, qui s’est complexifié, et les familles, dont le nombre augmente, il y a les équipes des banques alimentaires, qui commencent à tirer la langue, après des semaines à flux tendu.

« Nos employés sont à bout », décrit Dan Flowers. « Ils travaillent tellement dur. On aimerait bien en voir la fin ».

Comme beaucoup d’autres, son organisation n’accepte plus les bénévoles, pour éviter la propagation du virus, ce qui les prive de dizaines de bras.

Pour soutenir cet effort, la Garde Nationale a envoyé des soldats dans beaucoup de points chauds.

« L’approvisionnement est encore suffisant, mais dans un mois, nous ne savons pas », prévient Brian Gulish.

Le plan de soutien exceptionnel à l’économie, voté fin mars par le Congrès, prévoit 850 millions de dollars de nourriture pour les banques alimentaires, rappelle Dan Flowers, qui espère en récolter les premiers bénéfices en juin.

« Ça nous remettra en selle », dit-il. Mais le tout est de tenir jusque-là. « Ce qui m’inquiète, ce sont les six à huit prochaines semaines ».

La pandémie galope en Afrique mais peut encore être contenue (OMS)

L’OMS s’est alarmée vendredi de la progression rapide de la pandémie de coronavirus en Afrique, tout en estimant qu’à ce stade elle pouvait encore être contenue.

« Au cours de la semaine écoulée, il y a eu une hausse de 51% du nombre de cas recensés sur mon propre continent, l’Afrique, et une hausse de 60% du nombre de décès recensés », a constaté le directeur général de l’OMS, l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus.

« Compte tenu de la difficulté d’obtenir des kits de diagnostic, il est probable que les nombres réels soient plus élevés », a-t-il affirmé au cours d’une conférence de presse virtuelle depuis Genève.

Selon l’OMS, les pays d’Afrique ont besoin de soutien, de ressources, d’équipements, de transfert de technologies.

« Nous ne pensons pas aujourd’hui que la maladie a passé le stade de ne pouvoir être contenue. Nous pensons que beaucoup peut être fait pour limiter l’impact du virus. Et nous pensons que nous devons accélérer nos efforts alors que le nombre de cas augmente chaque jour », a estimé Michael Ryan, directeur des programmes d’urgence de l’OMS.

L’Afrique peut se prévaloir de « réelles capacités » pour y parvenir avec une « longue histoire de lutte contre les épidémies, un solide programme contre la polio », a-t-il souligné tout en reconnaissant des « contraintes », liées notamment à l’habitat, souvent dense et dans des conditions d’hygiène précaires ou d’accès l’eau limité.

« Nous ne voulons pas que vous perdiez espoir. Contenir (le virus] est possible. Ca va être un combat difficile. Le monde entier veut aider. Nous devons faire plus, nous devons permettre à plus de personnes de tester et d’identifier les cas, d’établir des centres de traitement, de nous assurer que nous puissions observer la distanciation physique, avoir des points d’eau pour se laver les mains là où il n’existe pas d’eau courante », a détaillé une autre responsable de la gestion de la pandémie à l’OMS, Maria Van Kerkhove.

Simultanément à Washington, la banque mondiale et le FMI ont indiqué qu’il manquait 44 milliards de dollars au continent pour lutter contre la pandémie.

Créanciers officiels et privés ont mobilisé ou pourraient mobiliser jusqu’à 70 milliards de dollars, mais l’Afrique a besoin de 114 milliards, selon ces institutions.

Trump a appelé à « redémarrer l’Amérique »: et maintenant ?

Donald Trump a donné jeudi le coup d’envoi au « redémarrage de l’Amérique » sans fixer de cadre clair. Que va-t-il se passer maintenant dans la première puissance économique mondiale, où le coronavirus poursuit ses ravages ?

– Etat par Etat –

Le président américain caressait le rêve d’une reprise en fanfare. « Ce serait bien de redémarrer avec un Big Bang », déclarait-il encore le 8 avril. Lundi encore, il assurait disposer d’un « pouvoir absolu » qui lui aurait permis d’imposer aux gouverneurs des mesures de déconfinement.

Mais le scénario retenu n’est pas celui-là.

S’appuyant sur des signes de ralentissement de la pandémie, Donald Trump a fixé jeudi le cap mais les gouverneurs restent à la barre. Selon l’évolution du virus dans leur Etat, ce sont eux qui décideront du calendrier et du rythme du redémarrage.

D’après le milliardaire républicain, 29 Etats relativement épargnés par le virus pourraient très rapidement – voire immédiatement – lever les premières mesures de confinement.

Les premiers devraient être les Etats les plus ruraux qui ont pris des mesures assez souples, voire aucune, comme les deux Dakota, le Wyoming ou le Nebraska.

Au Nord, dans la région des Grands Lacs, plus touchée, plusieurs Etats espèrent rouvrir partiellement leur économie d’ici deux semaines. « J’espère avoir des assouplissements le 1er mai », a ainsi déclaré vendredi avec prudence la gouverneure du Michigan.

En revanche, les Etats les plus sévèrement touchés attendront. Le confinement a été prolongé jusqu’au 15 mai dans l’Etat de New York, le plus touché avec 15.000 morts, près de la moitié du bilan total.

« On n’est pas du tout prêt » pour un déconfinement, a renchéri vendredi le gouverneur du Maryland, Larry Hogan, qui prévoit un « pic » des contaminations la semaine prochaine dans la région de la capitale Washington.

– Secteur par secteur –

« On a un plan pour faire redémarrer l’Ohio, mais ce sera graduel, une chose après l’autre », a tweeté de son côté le gouverneur Mike DeWine.

La Floride rouvrira certaines plages pendant quelques heures dès vendredi et les parcs et restaurants pourraient suivre prochainement

Dans l’Etat de Washington (nord-ouest), le géant de l’aéronautique Boeing compte reprendre graduellement la production la semaine prochaine.

En Californie, les restaurants pourraient rouvrir, mais avec un nombre de couverts réduit de moitié et des serveurs gantés, voire masqués.

Dans la capitale fédérale, les écoles ne rouvriront pas avant les vacances d’été, a prévenu la maire.

– Une reprise sous surveillance –

Les experts répètent qu’il faut pouvoir surveiller la résurgence du virus et réagir vite le cas échéant, ce qui passe par des capacités massives de dépistage et un programme efficace de traçage de leurs contacts.

Les Etats-Unis ont connu de gros couacs au début de la pandémie avec des tests insuffisants, mais ont déployé de gros efforts depuis. Plus de 3,4 millions de personnes ont désormais été testées.

« Les capacités restent insuffisantes », a cependant déploré le gouverneur démocrate de l’Etat de New York Andrew Cuomo.

Quant à l’identification des personnes ayant croisé les malades, des applications sur téléphones portables sont à l’étude. Mais Tom Frieden, ancien directeur des Centres américains de prévention et de lutte contre les maladies (CDC) estime qu’il faudra recruter massivement pour avoir environ 300.000 « traceurs de contact ».

« Leur travail sera un retour aux bases de la santé publique: parler aux gens, traiter les patients comme s’ils étaient des VIP, gagner leur confiance, les aider à se souvenir », a-t-il expliqué à l’AFP.

– Les enjeux –

Dès le début, Donald Trump a affiché son impatience face à des mesures de confinement qui plombent l’économie et handicapent sa campagne de réélection.

En début de mois, il souhaitait les lever pour Pâques. Il s’est ensuite ravisé, mais ne cesse de déplorer le coût pour les entreprises et les salariés de cette mise à l’arrêt de pans entiers du pays.

De fait, plus de 22 millions de personnes se sont inscrites au chômage au cours des quatre dernières semaines, les ventes au détail ont chuté de 8,7%, la construction immobilière de 22,3%…

Partout dans le pays, des manifestants, proches des partisans les plus à droite du président, se sont rassemblés ces derniers jours pour réclamer la fin du confinement. « Nous voulons travailler » ou « Vivre libre ou mourir »: des centaines de personnes ont ainsi défilé dans le Michigan.

Soufflant sur les braises, Donald Trump a appelé dans des tweets vendredi à « LIBERER » le Michigan, le Minnesota et la Virgina, trois Etats gouvernés par des démocrates.

Mais selon un sondage Pew publié jeudi, deux tiers des Américains se disent inquiets d’une levée des restrictions trop rapide.

Dans plusieurs pays d’Afrique centrale, le masque devient obligatoire

Dans plusieurs pays d’Afrique centrale, le port du masque est devenu obligatoire dans l’espace public afin de freiner la propagation du nouveau coronavirus, ont annoncé ces derniers jours leurs gouvernements.

Au Gabon, le masque est obligatoire depuis mercredi matin, tout comme en Guinée équatoriale, qui demande aussi à ses citoyens de porter des gants lors de leur sortie.

Conscient de la difficulté des Gabonais à se procurer des masques médicaux, Libreville a recommandé à ses citoyens le port « du masque alternatif ». De nombreux ateliers de couture au Gabon et ailleurs se sont mis à produire des masques en tissu, moins efficaces mais qui limitent toutefois la propagation du virus.

Lundi, le gouvernement tchadien avait également décrété le port obligatoire du masque sur son territoire avant de revenir sur sa décision le lendemain à cause du manque d’offre sur le marché.

Le Cameroun – l’un des pays les plus touchés par le virus en Afrique avec 855 cas déclarés officiellement mercredi – avait déjà adopté cette mesure jeudi dernier.

Dans ces pays d’Afrique centrale, ces dispositions s’ajoutent à celles déjà prises, comme l’instauration de couvre-feux nocturnes, la fermeture des écoles, des frontières et des lieux de culte ainsi que les restrictions sur les rassemblements.

Libreville, la capitale du Gabon, et ses environs sont également confinés depuis lundi pour 14 jours.

L’Afrique reste pour l’heure relativement moins touchée par l’épidémie. Mais de nombreux experts continuent de redouter une catastrophe sanitaire sur ce continent pauvre et aux systèmes de santé défaillants.

Coronavirus au Nigeria: 18 personnes tuées par les forces de sécurité depuis fin mars

Les forces de sécurité ont tué 18 personnes depuis fin mars au Nigeria, accusées de ne pas avoir respecté les mesures de confinement pour tenter d’enrayer l’épidémie de coronavirus, presque impossibles à appliquer pour les plus pauvres.

La commission nationale de surveillance des droits de l’Homme a enregistré 105 actes de violations des droits de l’Homme « perpétrés par les forces de l’ordre » et « 18 personnes tuées » dans des exécutions extra-judiciaires, dans un rapport publié mercredi soir.

Cet organe officiel a accusé les forces de sécurité d’un « usage disproportionné de la force, d’abus de pouvoir, de corruption et de non-respect des lois nationales et internationales ».

Le nombre de personnes tuées par les forces de sécurité est plus élevé que celui des victimes décédées du coronavirus au Nigeria où 407 cas ont été recensés, dont 12 morts.

Depuis le 31 mars, de nombreux Etats au Nigeria ont adopté des mesures de confinement, particulièrement strictes à Lagos, Abuja ou dans l’Etat d’Ogun, où la population a l’obligation de rester à la maison, sauf pour acheter de la nourriture un jour sur deux.

Des vidéos de violences policières postées sur les réseaux sociaux, où l’on voit des policiers détruire des étals de marché, ou encore tabasser la population ont fait scandale dans le pays, où les forces de sécurité sont régulièrement accusées d’abus de pouvoir et de corruption.

Segun Awosanya, à la tête d’une puissante organisation de la société civile de surveillance des violences policières (Social Intervention Advocacy Foundation, SIAF) a également dénombré 18 morts depuis le début du confinement.

Deux personnes ont notamment été tuées mercredi dans l’Etat d’Anambra (sud-est) et un chauffeur de poids-lourd transportant de la nourriture dans l’Etat d’Abia (sud-est) a été abattu, vraisemblablement pour avoir refusé de donner un pot-de-vin au barrage de la Nigerian Civil Defense Corps, l’une des nombreuses agences de sécurité dans le pays, selon des témoins.

« Mais il pourrait y en avoir bien plus », explique à l’AFP M. Awosanya, aussi connu sous le nom de « Sega l’Eveilleur ». « Ca, ce ne sont que les cas qui nous sont signalés par les familles ».

La SIAF travaille ensuite avec la police pour procéder à une enquête interne. « Nous avons vu une explosion des plaintes depuis 15 jours, et particulièrement de gens arrêtés et emmenés au poste », poursuit l’activiste.

– Très tendu –

« Tout le monde est très tendu. La police et les agences de sécurité qui n’ont pas d’équipement pour se protéger du virus, aucune sécurité, aucune logistique pour se défendre contre la criminalité qui a très fortement augmenté aussi », concède « Sega l’Eveilleur ».

Interrogé par l’AFP, le porte-parole de la police Frank Mba a regretté que « la commission reste trop générale dans ses accusations ».

Elle « aurait du donner des détails sur ceux qui ont été tués par la police, leur nombre exact, leur nom et le lieu de l’incident, ainsi nous pourrions prendre des sanctions adéquates », a-t-il déclaré à l’AFP.

Il a affirmé que les membres des forces de police coupables d’abus seront punis.

Le Nigeria compte le plus grand nombre de personnes vivant sous le seuil de l’extrême pauvreté au monde (plus de 87 millions en 2018), selon l’organisation World Poverty Clock.

Les rares aides gouvernementales ne parviennent à calmer ni la faim ni la colère de la population, et la Banque mondiale a mis en garde la semaine dernière contre un risque de « crise alimentaire » en Afrique.

La question d’un confinement stricte et obligatoire a soulevé de très nombreuses interrogations et critiques en Afrique sub-saharienne où la grande majorité de la population dépend de l’économie informelle pour se nourrir et où même la petite classe moyenne ne dispose pas d’économies suffisantes pour vivre sans travailler.

De nombreux incidents ont été recensés sur le continent depuis ces dernières semaines.

La police sud-africaine a dispersé mardi par des tirs de balles en caoutchouc et de gaz lacrymogènes des habitants affamés d’une banlieue pauvre du Cap (sud-ouest), furieux de ne pas avoir reçu de distributions alimentaires.

Moratoire sur la dette des pays pauvres: un geste positif, mais très insuffisant pour l’Afrique

Un geste positif mais il faudra aller beaucoup plus loin: c’est l’avis largement partagé en Afrique après l’annonce d’un moratoire sur la dette pour aider les pays pauvres à faire face à la pandémie de coronavirus et à son impact dévastateur.

« C’est une bouffée d’oxygène », estime Qutes Hassane Boukar, responsable de l’Analyse budgétaire d’Alernative espace citoyen (AEC), une des plus importantes ONG du Niger, après la décision du G20 mercredi de suspendre pour un an le service de la dette pour les pays les plus pauvres, dont une quarantaine de pays africains.

« Il y a beaucoup de dépenses prévues dans le cadre de la lutte contre la pandémie du coronavirus, le fait qu’il y ait un moratoire permet à ces Etats de mobiliser les ressources qu’ils auraient pu engager pour rembourser la dette publique », explique M. Bukar.

L’Afrique est encore relativement peu touchée par l’épidémie, selon les bilans officiels, mais l’on craint une flambée de la maladie sur un continent où les systèmes de santé sont notoirement insuffisants, ainsi que des conséquences économiques dévastatrices.

La Banque Mondiale et le Fonds monétaire international (FMI) ont averti que l’Afrique subsaharienne connaitra en 2020 sa première récession économique généralisée depuis 25 ans.

« Cette suspension de dette va permettre au pays africains de respirer un peu, mais elle ne vaut pas annulation », souligne Djidénou Kpoton, analyste économique béninois.

Le moratoire sur la dette des pays pauvres devrait « libérer 20 milliards de dollars », a précisé mercredi le ministre des Finances saoudien Mohammed al-Jadaan à l’issue du G20. L’endettement total du continent africain est estimé à 365 milliards de dollars, dont environ un tiers dû à la Chine.

Le moratoire « va permettre aux économies africaines de ne pas plonger dans l’immédiat, mais si on ne trouve pas d’autres solutions on va à la catastrophe », juge l’économiste ivoirien Jean Alabro.

– « Une insulte » –

« La plupart de nos économies dépendent de l’extérieur. Les deux tiers des exportations sont des matières premières ou des produits semi-finis. Or la demande internationale va s’effondrer et les prix avec », avertit l’économiste sénégalais Demba Moussa Dembélé, directeur du Forum africain des alternatives.

« La décision du G20 est ridicule, ce n’est pas à la hauteur de la situation. C’est une insulte à l’égard des pays pauvres », affirme-t-il.

Plutôt qu’un simple sursis pour les remboursements, économistes et acteurs de la société civile réclament une annulation complète des dettes.

En effet le moratoire « ne permet ni d’enclencher un cercle vertueux ni de donner un coup d’arrêt au processus d’endettement chronique des pays africains », explique Christian Abouta, évaluateur des politiques publiques au Bénin.

Pour l’économiste congolais Noël Magloire Ndoba, « c’est une manœuvre cosmétique (…) le vrai problème est celui de la dette en tant que telle, il faut l’annuler purement et simplement ».

Annuler, oui, mais « sous réserve de réformes majeures. Car tant que nous avons des dirigeants qui confondent leur poche et la poche du pays, peu importe le nombre de moratoires ou d’annulations de dette, ça ne changera rien », fulmine l’opposant tchadien Masra Succès, président du Parti Les Transformateurs.

Au delà des questions de la dette et de la mauvaise gouvernance, qui sont cruciales, il faut aussi réformer en profondeur les économies africaines pour qu’elles soient moins dépendantes des marchés mondiaux et plus résilientes face aux crises, analyse Jean Alabro.

« Aujourd’hui les ministres des Finances africains sont considérés comme bons quand ils arrivent à emprunter de l’argent. Il faut qu’ils s’intéressent davantage à favoriser les entreprises locales plutôt que les multinationales, pour promouvoir la production locale et pour créer des emplois. Les dirigeants africains doivent bâtir des économies tournées vers l’intérêt des populations », conclut-il.

Traumatisés par la guerre : le théâtre pour panser les blessures psychiques en Afghanistan

Alors qu’il assistait à Kaboul à une pièce de théâtre sur le traumatisme, Hussain s’est mis à sangloter, la représentation ravivant ses souvenirs d’une scène de guerre dans laquelle il a manqué perdre la vie en Afghanistan.

« Je ne pouvais pas m’arrêter de pleurer », raconte l’étudiant de 22 ans, qui a survécu à un attentat-suicide ayant tué 57 personnes dans la capitale afghane en 2018. « Je fais encore des cauchemars de ce moment, le sang, les bouts de corps et les personnes blessées qui crient à l’aide. »

Hussain, qui refuse de communiquer son nom de famille, assistait à « Tanhayee » (« Solitude »), une pièce de théâtre narrant l’histoire de deux femmes : une survivante d’un attentat-suicide et une victime d’agression sexuelle.

Dans un pays conservateur ayant connu quatre décennies de guerre et de déplacements de population, ses producteurs espèrent alerter par ce biais sur l’impact durable d’évènements traumatisants.

« Chaque individu dans ce pays a été d’une manière ou d’une autre affecté par un traumatisme mental », affirme Jebrael Amin, un porte-parole de l’ONG Peace of Mind (Tranquillité d’esprit) Afghanistan, qui finance la pièce. « Le théâtre est un bon moyen de sensibiliser les gens, car ils se rendent compte qu’autour d’eux, beaucoup partagent les mêmes douleurs ».

Quelque 85 % des Afghans ont vécu ou assisté à au moins un événement traumatisant, selon une enquête de l’Union européenne datant de 2018. Les données du ministère de la Santé montrent qu’environ un Afghan sur deux souffre de détresse psychologique.

« Il ne fait aucun doute que la guerre et la violence qui y est associée sont les plus grands facteurs de détresse mentale et de traumatisme en Afghanistan », remarque Bashir Ahmad Sarwari, chef du département de la santé mentale du ministère.

– Stigmatisation –

Mais moins de 10 % des Afghans ont reçu un soutien psychosocial suffisant de la part de l’État, selon l’ONG Human Rights Watch.

La situation est encore pire hors des grandes villes, où les infrastructures sanitaires manquent. De grands pans de l’Afghanistan rural sont en outre sous le contrôle des talibans, peu portés sur l’accompagnement psychologique.

Le gouvernement afghan a formé environ 850 conseillers en santé mentale cette dernière décennie. Mais la peur d’être stigmatisé dans une société patriarcale et conservatrice fait que de nombreuses personnes s’abstiennent de demander de l’aide.

« C’est un gros problème car les personnes souffrant de problèmes de santé mentale sont étiquetées comme faibles, stupides ou même folles », rappelle M. Sarwari.

L’impact peut être dévastateur. Najib, qui a refusé de donner son nom complet par peur des critiques, a commencé à souffrir de dépression et d’anxiété après avoir perdu sa mère dans un attentat dans Kaboul en 2017.

Lorsqu’il s’est ouvert auprès de ses amis, il affirme avoir été rejeté. « J’ai pensé au suicide », se souvient-il.

Najib s’est senti impuissant et isolé pendant des années, jusqu’à ce qu’on le persuade de consulter un psychologue.

Pour que, comme lui, davantage de malades franchissent le pas, les professionnels de santé afghans se tournent désormais vers des moyens non conventionnels, projets artistiques et autres représentations théâtrales.

« Tanhayee » a ainsi été joué 15 fois. Mais la pièce a dû être interrompue pour éviter la propagation du nouveau coronavirus.

– Rôle réel –

Selon le ministère de la Santé, plus de deux millions d’Afghans sur les 35 que compte le pays ont visité des cliniques de santé mentale l’année dernière. Ils étaient à peine quelques milliers il y a 10 ans.

« Nous sommes sur le bon chemin », se félicite Wahid Majroh, conseiller principal au ministère. « Mais le niveau de traumatisme (…) ici est tel que les services ou la sensibilisation à la santé mentale ne peuvent pas suivre. »

Les expériences violentes sont si répandues en Afghanistan que la souffrance décrite dans « Tanhayee » a fait pleurer de nombreux spectateurs.

La catharsis fonctionne dans les deux sens. L’actrice Jamila Mahmoodi, qui joue la victime d’un attentat, estime que la pièce l’a aidée à surmonter le fait qu’elle avait elle-même échappé de justesse à un attentat-suicide.

Pendant des mois, la jeune femme de 21 ans dit avoir lutté contre le stress post-traumatique. « J’ai l’impression que jouer sur scène m’aide », observe-t-elle. « Je me sens en paix tout en jouant le rôle que moi et des milliers d’autres avons douloureusement vécu dans la vraie vie. »

Il y a 60 ans, Brasilia devint la capitale du Brésil

Le 21 avril 1960, le Brésil inaugure en grande pompe sa nouvelle capitale, Brasilia, cité futuriste créée ex nihilo, abritant de multiples chefs-d’oeuvre architecturaux.

Voici le récit de sa fondation, à partir des dépêches de l’AFP de l’époque.

Ce projet pharaonique a émergé en moins de quatre ans, sur la savane rouge des hauts plateaux semi-désertiques dans le centre-ouest du pays, à un millier de kilomètres de Rio de Janeiro (capitale depuis 1763), explique l’AFP, avant le début de plusieurs jours de festivités. Un lac artificiel, Paranoa, de plus de 40 km carrés, a même été aménagé.

Aux commandes de l’oeuvre – classée en 1987 au patrimoine de l’humanité – l’urbaniste Lucio Costa, le paysagiste Roberto Burle Marx et l’architecte Oscar Niemeyer, récompensé en 1988 par le prix Pritzker, équivalent du Nobel pour l’architecture.

– Vaste circonférence –

L’inauguration de la « capitale de l’espoir », suivant la formule popularisée par le ministre français de la Culture André Malraux, coïncide avec l’anniversaire de la mort du premier martyr de l’indépendance du Brésil, surnommé « Tiradentes » (arracheur de dents), qui appelait à établir la capitale au centre du pays.

A l’approche de l’événement, 24 heures sur 24, « cent mille ouvriers ingénieurs et techniciens mettent la dernière main au plus grand chantier du monde ».

« Pour abriter les bâtisseurs de Brasilia, une ville de fortune est née » au « milieu de la savane », avec « cent cinquante mille habitants, soixante hôtels, quarante bars et sept banques », appelée à être rasée une fois Brasilia achevée.

Le projet a été impulsé par le président brésilien Juscelino Kubitschek, pour qui « c’est une révolution géopolitique. Après avoir campé pendant presque deux cents ans au bord de l’eau, le Brésil va prendre possession de son territoire ».

Brasilia « a la forme d’une circonférence – tellement vaste que du sommet du gratte-ciel de 28 étages où seront logés les services administratifs relevant du Parlement, les limites n’en seront pas visibles », décrit l’AFP.

« A l’intérieur de cette circonférence », dont deux diamètres dessinent le signe de la croix, « les avenues (…) décrivent des cercles concentriques » ou « sont tracées suivant les rayons du cercle, mais ne débouchent jamais les unes sur les autres, des ponts et des tunnels ayant été aménagés à tous les croisements ».

– Chefs-d’oeuvre d’architecture –

Le Parlement aux deux demi-sphères, le palais présidentiel du Planalto et la Cour suprême fédérale sont situés sur la Place des Trois Pouvoirs, « centre de la circonférence » et « coeur de la cité ».

Parmi les « plus beaux monuments », une cathédrale futuriste, avec une énorme gerbe liant les tiges de béton symbolisant l’amitié entre le Brésil et le Portugal, ou le palais d’Itamaraty (ministère des Affaires étrangères).

Dans un premier temps, le transfert du pouvoir est surtout symbolique: « l’aménagement intérieur de nombreux édifices publics n’est pas achevé, les bureaux ne sont pas complètement installés, et surtout, le fonctionnement des ascenseurs est souvent précaire », explique l’AFP le 20 avril.

Le réseau téléphonique intérieur n’est pas au point. Des difficultés de dernière minute surgissent dans les liaisons radio avec les autres villes.

Difficile également de se déplacer dans une agglomération pratiquement dépourvue de transports publics, avec de longues distances.

L’heure est néanmoins à la fête. Le 20 avril, « les Brésiliens qui, depuis 24 heures affluent dans la nouvelle capitale laissent libre cours à leur enthousiasme devant des chefs-d’oeuvre de l’architecture ».

Pour bénir la cité, le cardinal Manuel Cerejeira, légat pontifical, apporte une croix au pied de laquelle fut dite en 1500 la première messe au Brésil.

Le président reçoit les clés de la ville devant « une foule d’environ 3.000 personnes », composée d’ouvriers en blue jean, paysans de hauts plateaux au visage brûlé de soleil, touristes de Rio ou de Sao Paulo vêtus de blanc ainsi que de hauts fonctionnaires et parlementaires en costume sombre.

Cérémonies religieuses, fêtes populaires kermesse, parade militaire, défilé des ouvriers ayant participé à la construction, rythment l’événement pendant plusieurs jours.

Le 21, les pouvoirs sont installés à Brasilia.

« Les façades des édifices publics » et des immeubles d’habitation « sont toutes en baies vitrées. Ainsi, le peuple pourra +contrôler+ constamment le travail des serviteurs de l’Etat », explique l’AFP le 23 avril.

Quatre années après l’inauguration de sa nouvelle capitale, qui a plombé ses finances pour plusieurs années, le Brésil connaît un coup d’Etat, instaurant une dictature militaire jusqu’en 1985.

Etats-Unis: les plus gros perdants de la déroute boursière liée au coronavirus

La panique a gagné cette semaine les marchés financiers à travers le globe, Wall Street connaissant jeudi sa pire séance depuis le krach boursier d’octobre 1987.

Même s’il y a eu un spectaculaire rebond lors de la séance de vendredi, une dizaine de milliers de milliards de dollars de capitalisation boursière est partie en fumée.

« On a baissé après avoir monté extrêmement lors des dix dernières années. Ca a l’air brutal mais il faut se dire que la Bourse a fait trois pas en avant et un pas en arrière », résume Gregori Volokhine, gérant de portefeuilles chez Meeschaert Financial Services.

Voici les grands perdants de la débâcle boursière:

– Les plus riches

Les milliardaires, dont les fortunes sont investies dans les marchés actions notamment dans les entreprises qu’ils dirigent ou dont ils sont les principaux actionnaires, sont ceux qui ont le plus perdu.

Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde, a vu sa fortune investie dans Amazon fondre, de 117 milliards de dollars en fin de semaine dernière à 109 milliards vendredi, soit 8 milliards de dollars de moins en sept jours, d’après des chiffres en temps réel du magazine Forbes.

La fortune de Bill Gates, le co-fondateur de Microsoft, est, elle passée en une semaine de 108,2 milliards de dollars à 103 milliards vendredi, en baisse de 5,3 milliards.

Le Français Bernard Arnault, troisième homme le plus riche du monde et PDG de LVMH, a perdu pour sa part 14 milliards en une semaine, à 84,6 milliards.

L’homme d’affaires Warren Buffett, « l’oracle d’Omaha », a été pénalisé par la déroute des compagnies aériennes, dont son groupe Berkshire Hathaway est un actionnaire important. Sa fortune est passée de 81,6 milliards en fin de semaine dernière à 76,3 milliards vendredi.

Mark Zuckerberg, qui complète le top 5, a vu sa richesse diminuer de 9,2 milliards de dollars à 62 milliards dans le sillage de la chute boursière de Facebook.

Toutes ces pertes sont néanmoins virtuelles car les grosses fortunes n’ont pas vendu leurs titres et pourront donc regagner l’argent perdu si les marchés se redressent.

– Les retraités, les futurs retraités et les rentiers

La panique sur les marchés a entraîné un grand nombre d’investisseurs à se réfugier dans des actifs dits sûrs comme les titres de dette, et notamment la dette américaine.

Cette ruée a provoqué la chute des rendements de ces obligations, ce qui affecte les assurances-vie classiques et les contrats d’assurance-vie à annuités variables, dont une partie de la somme investie à la souscription fructifie selon les résultats de la Bourse jusqu’à la retraite de l’assuré.

Le taux des bons du Trésor à 30 ans, la plus longue échéance, était de 1,5% vendredi.

– Les petits porteurs et épargnants

Le nombre de ménages américains possédant des actions, directement ou via des fonds, était, selon la dernière enquête de la Réserve fédérale sur le sujet, de 51,9% en 2016. C’est plus d’un Américain sur deux.

Ces actifs sont souvent contenus dans les plans d’épargne retraite 401(k).

Les investisseurs individuels vont donc avoir une mauvaise surprise lorsqu’ils vont recevoir leur prochain relevé. Ils verront sans doute que leur « fortune » virtuelle a diminué drastiquement, ce qui risque d’influencer leur comportement de consommateur. Or la consommation est le moteur de l’économie américaine.

« Ils ne vont plus acheter le dernier modèle d’iPhone qu’ils avaient prévu d’acheter et c’est là où l’impact va durer », souligne M. Volokhine.

– Fonds de pension

Leurs pertes sont aussi essentiellement virtuelles car ils ne vendent pas leurs titres et investissent sur le long terme.

La partie de leurs actifs investie dans les actions a énormément souffert, et celle mise dans les obligations rapporte moins car les rendements ont diminué.

Il y a une troisième partie des actifs, dont la performance est inconnue: l’argent confié aux hedge funds et aux sociétés de capital-investissement.

Il va falloir attendre la fin du premier trimestre pour avoir une idée claire des pertes liées à ce troisième pan car les fonds publient leurs performances trimestriellement.

– Le divertissement, les loisirs et la restauration

Si un grand nombre d’entreprises va accuser un manque à gagner ponctuel, ce ne sera pas le cas pour les industries du cinéma, du théâtre, des croisières, du voyage et de la restauration qui ne pourront pas rattraper les dépenses perdues.

Disney est ainsi un des gros perdants.

Au-delà du coronavirus, l’ibuprofène déjà suspecté d’aggraver des infections

L’ibuprofène, suspecté d’aggraver l’infection chez les malades du coronavirus, est un médicament anti-inflammatoire largement utilisé par le grand public en cas de fièvre avec douleurs, alors qu’il est pourtant accusé d’entraîner des risques de complications infectieuses graves.

L’Agence française du médicament (ANSM) a alerté l’année dernière sur les risques de ce produit, qui appartient à la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Elle s’est appuyée pour cela sur une enquête qui a montré qu’en 18 ans, de 2000 à 2018, 337 cas de « complications infectieuses », dont 32 décès, ont été répertoriés pour l’ibuprofène (et 46 cas dont dix décès avec le kétoprofène, qui est également un AINS).

C’est pour cette raison que depuis le 15 janvier, les médicaments à base d’ibuprofène (dont les plus connus sont le Nurofen ou l’Advil) ne peuvent plus être vendus en libre service dans les rayons des pharmacies françaises.

Ils sont toujours disponibles sans ordonnance, mais il faut les demander au pharmacien, qui doit les ranger derrière son comptoir.

L’enquête de l’ANSM suggérait l’existence d’un « rôle aggravant » de l’ibuprofène « en cas d’infection », en particulier de celles dues au streptocoque. L’Agence française avait alerté ses homologues européennes sur la question.

Cette enquête portait sur des cas graves survenus chez des enfants et des adultes (souvent jeunes), sans facteur de risque particulier (comme par exemple être immunodéprimé).

Selon l’enquête, les complications entraînées par ces médicaments sont des « infections sévères » à l’origine d’hospitalisations, de séquelles et de décès.

Elles touchent la peau et des tissus mous comme par exemple les « fasciites nécrosantes ». Cette infection est due à un germe (essentiellement un streptocoque) surnommé bactérie « mangeuse de chair », source d’amputations et de mort.

Il peut également s’agir de septicémie (« sepsis »), de pneumonies compliquées d’abcès, de pleurésie, d’abcès cérébraux ou encore d’infections ORL atteignant le thorax (médiastinite).

Ces complications infectieuses (essentiellement dues à deux bactéries, streptocoque ou pneumocoque) « ont été observées après de très courtes durées de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsqu’il était associé à une antibiothérapie », selon l’ANSM.

Elles sont survenues alors que l’ibuprofène (ou le kétoprofène) était « prescrit ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances: atteintes cutanées bénignes d’aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d’insecte…), manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire…) ou ORL (difficulté à avaler, angine, otite…) ».

En raison de ces risques, de nombreux professionnels de santé réclament que les médicaments à base d’ibuprofène ne puissent plus être vendus sans ordonnance.

L’enquête de l’ANSM montrait en outre qu’on persiste à utiliser les AINS pour traiter les enfants atteints de varicelle, alors qu’ils doivent être évités au profit du paracétamol.

« En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d’infection courante comme une angine ou une toux », il faut « privilégier l’utilisation du paracétamol en respectant les règles de bon usage », souligne l’ANSM.

Le paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.) doit en effet être pris en respectant strictement les doses, car à trop forte dose, il peut être très dangereux pour le foie.

Le grand public n’est pas toujours conscient des risques que peuvent entraîner ces médicaments, d’autant que l’information est parfois défaillante.

A titre d’exemple, dans des conseils mis en ligne pour l’isolement à domicile (ou autoconfinement) des patients possiblement infectés par le coronavirus, le NHS (système de santé britannique) recommande de prendre du paracétamol ou de l’ibuprofène, sans même faire mention des risques et des précautions d’emploi de ces médicaments.

Coronavirus: mode d’emploi d’une France qui se calfeutre

Privés de restaurant, de café au zinc, de cinéma et de voyages, les Français peuvent encore faire leurs courses au supermarché ou en pharmacie, voter, acheter leurs cigarettes et dormir à l’hôtel. Mode d’emploi d’une France qui se calfeutre face au coronavirus.

Le pays est entré au stade 3 de l’épidémie: pour ralentir sa progression, les activités jugées « non indispensables » ont été interdites.

Manger au restaurant : non. Se faire livrer un repas : oui

Les restaurants ont fermé leurs portes samedi à minuit, tout comme les bars, brasseries, cafés et discothèques, « jusqu’à nouvel ordre ». En revanche les activités de vente à emporter et de livraison sont maintenues dans les restaurants et débits de boissons, avec la recommandation d’éviter tout contact.

Voir un film ou un match, piquer une tête: non

Les cinémas sont fermés, tous les événements culturels et sportifs ont été annulés et les rassemblements publics de plus de 100 personnes ont été interdits à l’échelle nationale. Ce chiffre peut tomber à 50 dans les zones les plus touchées (Oise…). Les musées, théâtres, opéras, piscines ferment.

Rentrer de vacances : oui. Partir : non

Les transports longue distance vont être drastiquement réduits: trafic ferroviaire bientôt divisé par deux – pour les TGV et les Intercités -, à partir de mardi, et seulement « quelques vols » internationaux vers Etats-Unis, Afrique, Outre-mer et quelques vols domestiques.

La SNCF va « adapter son offre » pour permettre aux Français de rentrer de vacances: quitter les stations de ski – qui ferment – ou le Maroc – dont 12.000 touristes sont progressivement rapatriés.

Prendre les transports, un taxi ou un VTC: oui

Les transports en commun dans les agglomérations sont maintenus, avec à ce stade à Paris 80% des métros en circulation, un « trafic normal » pour les bus et tramways, ainsi que les RER A et B.

Les taxis et VTC sont maintenus.

Travailler : oui, quand télétravailler est impossible

Fortement conseillé par le gouvernement, le télétravail est possible pour « à peu près un emploi sur trois ». Les parents devant garder des enfants de moins de 16 ans et ne pouvant y recourir ont droit à un arrêt maladie. Les autres pourront se rendre à leur travail.

Faire ses courses : oui

Les supermarchés et épiceries resteront ouverts. Leur approvisionnement en produits alimentaires et de première nécessité sera « garanti dans les jours et les semaines à venir », a assuré le ministre de l’Economie Bruno Le Maire, et les règles du travail de nuit notamment, seront assouplies pour les magasins.

Il n’y aura « pas de rationnement » a-t-il assuré, appelant les Français à ne pas s’y ruer pour « acheter plus que de besoin ».

Les espaces culturels et les cafétérias de la grande distribution seront fermés.

Aller en cours ou passer des concours : non.

Ecoles, collèges, lycées et universités du pays ferment lundi, au moins jusqu’aux vacances de printemps, ce qui concerne plus de 12 millions d’élèves et 2,6 millions d’étudiants. Trois à quatre heures d’enseignement par jour – exercices en ligne, « classe virtuelle » en visioconférence- doivent être proposées.

Les concours qui devaient se tenir dans l’enseignement supérieur durant les trois prochaines semaines sont reportés, tant pour accéder aux grandes écoles (Polytechnique, HEC, CentraleSupelec…) que pour l’Education nationale (agrégations et Capes).

Les concours postbac (pour certaines écoles de commerce, d’ingénieur, des instituts d’études politiques…), seront remplacés par des examens des dossiers, dans le calendrier de Parcoursup.

Faire garder son enfant: seulement pour le personnel soignant

Un service de garde doit être mis en place région par région, pour les personnels « indispensables à la gestion de la crise sanitaire », a annoncé Emmanuel Macron jeudi.

Acheter ses médicaments ou les croquettes du chat: oui

A l’instar des pharmacies, les parapharmacies resteront ouvertes, tout comme, a annoncé Bruno Le Maire dimanche, « les animaleries et les magasins d’alimentation pour animaux ».

Aller à la banque, acheter son journal et ses cigarettes : oui

Les établissements bancaires resteront ouverts, tout comme les débits de tabac. Les marchands de journaux aussi peuvent continuer leur activité.

Se faire opérer : non, sauf urgences

Toutes les capacités hospitalières nationales et le maximum de médecins et de soignants sont mobilisés. Les soins « non essentiels » sont reportés dans les hôpitaux.

Pratiquer sa religion : cela dépend

Face à l’épidémie, les différents cultes s’organisent. Des messes sont toujours célébrées dans les églises catholiques et des offices dans les synagogues, mais avec des distances minimales entre les fidèles. La Grande mosquée de Paris a fermé. Toutes les mosquées ont été appelées par le Conseil français du culte musulman à suspendre l’organisation des prières du vendredi « jusqu’à nouvel ordre ». Pour le culte protestant, certaines églises ont demandé à fermer.

L’hôtel : oui… mais petit-déjeuner au lit

Les hôtels peuvent continuer à accueillir leurs clients, mais leurs restaurants et bars doivent garder portes closes. Il est toutefois possible d’y prendre son petit déjeuner ou tout autre repas, mais uniquement en chambre.

Le tribunal? Seulement pour les « contentieux essentiels »

Les tribunaux seront fermés sauf pour des « contentieux essentiels »: « les audiences correctionnelles pour les mesures de détention provisoire et de contrôle judiciaire », les « comparutions immédiates », « les présentations devant le juge d’instruction et le juge des libertés et de la détention », « les audiences du juge de l’application des peines » ainsi que celles du « tribunal pour enfants et du juge pour enfants » pour « la gestion des urgences », ou encore « les permanences du parquet », a indiqué la Chancellerie.

Cette dernière appelle à repousser, « dans la mesure du possible », les procès d’assises.