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Mali : la société civile fustige la décoration d’un juge islamique

Des organisations de la société civile malienne, ont montré leur hostilité à la décoration d'un juge islamique Houka Houka Ag…

Des organisations de la société civile malienne, ont montré leur hostilité à la décoration d’un juge islamique Houka Houka Ag Alhousseini.La décoration de Houka Houka par l’État malien pour « service rendu à la paix et au vivre ensemble » n’est pas du goût de 37 organisations de la société civile malienne. Elles ont manifesté leur désaccord dans un communiqué conjoint publié mercredi 16 novembre. « Nos 37 organisations condamnent avec énergie la distinction par le gouverneur de la région de Tombouctou de monsieur Houka Houka Ag Alhousseini, ancien commissaire islamique d’Ansar Dine à Tombouctou, toujours poursuivi par la justice malienne pour des faits de crimes de guerre, crimes contre l’humanité, perpétrés pendant la période d’occupation de Tombouctou », déplorent les organisations de la société civile qui appellent « à l’annulation de cette reconnaissance et à la mise à la disposition de l’intéressé à la justice malienne pour qu’il soit jugé ».

Pour ces organisations, parmi lesquelles le Cadre de concertation des ODDH de Tombouctou et Yermatoun, une association de défense des droits civils active dans la même région, l’ « acte du gouverneur est contraire au principe de l’Etat de droit et constitue une atteinte à la mémoire des victimes ».

« Cet acte est de nature à célébrer les bourreaux au moment où les victimes attendent désespérément que des procès soient organisés », dénonce la société civile malienne. Elle est d’autant plus remontée contre le gouverneur de Tombouctou qui « est censé savoir que Houka Houka est toujours poursuivi pour des crimes de droit international imprescriptibles », rappelant qu’en 2015, des organisations avaient déposé une plainte contre l’intéressé avec constitution de parties civiles « pour le compte de 33 victimes présumées de violences sexuelles commises à Tombouctou qualifiées de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre ».

Le 11 novembre dernier,Houka Houka Ag Alhousseini a été honoré en même temps qu’une trentaine de personnalités religieuses et coutumières lors de la journée des légitimées traditionnelles pour service rendu en faveur du retour de la paix et du vivre ensemble dans la région de Tombouctou.

Deux semaines plus tôt, en sa qualité de Cadi ((juge musulman remplissant des fonctions civiles, judiciaires et religieuses) de Zouérat, dans le cercle de Goundam, il a posé trois conditions au gouverneur de la région de Tombouctou pour la réouverture des écoles. La première consiste à « introduire l’arabe à l’école, dont le Coran et son interprétation en langue du milieu et dans tous les ordres d’enseignement ». Au sujet du second cycle, le religieux exige aussi que les « rangées des filles et des garçons soient séparées par une barrière lorsqu’il est impossible de séparer la classe ». « Il est souhaitable que les filles soient enseignées par les femmes et les garçons par des hommes lorsque les classes sont séparées », ajoute-t-il, souhaitant que les enseignants soient visibles par les élèves en fonction de leur genre.

En 2019, le Conseil de sécurité des Nations Unies a prononcé des sanctions contre Houka Houka Ag Alhousseini pour ses agissements faisant obstacle à la mise en œuvre de l’Accord d’Alger signé en 2014 entre l’État malien et des groupes rebelles nordistes.

Arrêté en janvier 2014 par les soldats français à la faveur de l’intervention Serval pour chasser les jihadistes du nord du Mali, Houka Houka a été libéré huit mois plus tard par les autorités maliennes. Depuis, il vit à Zouérat, un village situé à l’ouest de Tombouctou. Selon les Nations-Unies, il a été réintégré dans ses fonctions d’enseignant en septembre 2017 par le gouverneur de la région de Tombouctou de l’époque, Koina Ag Ahmadou, sous la pression du dirigeant de la Coalition du peuple de l’Azawad (CPA), Mohamed Ousmane Ag Mohamidoune.

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