Politique




16 octobre 2009-16 octobre 2019: Les dix années d’Ali Bongo au pouvoir

Ce 16 octobre, Ali Bongo célèbre ses 10 ans d'accession à la tête du Gabon. Des années rythmées de haut…

Ce 16 octobre, Ali Bongo célèbre ses 10 ans d’accession à la tête du Gabon. Des années rythmées de haut et de bas, mais le Président résiste. Il estime que ses plus belles années sont à venir.

Ali Bongo Ondimba, né Alain-Bernard Bongo le  à Brazzaville. Il est Président de la République élu depuis le . Fils du précédent président Omar Bongo, il a été ministre de la Défense de 1999 à 2009.

Depuis 1989, il est marié avec une Française, Sylvia Valentin, fille d’Édouard Valentin, patron du groupe d’assurance « Omnium gabonais d’assurances et de réassurances » (OGAR), lui-même marié à une fille d’Omar Bongo. Il est père de quatre enfants : Malika (mariée à Steve Dossou, fils de Samuel Dossou-Aworet, Noureddine, Jalil et Bilal, ce dernier étant adopté.

Ses 10 années au pouvoir ont été rythmées sur plusieurs points:

Des élections contestées

Chacune des élections du Président ont été contestées. Le , les résultats officiels indiquent qu’Ali Bongo est élu président de la République avec 41,7 % des voix, face à Pierre Mamboundou (25,6 %) et André Mba Obame (25,3 %). Ces derniers contestent la légalité de la proclamation et la sincérité des résultats. À la suite de l’annonce des résultats, des émeutes éclatent à Port-Gentil et sont violemment réprimées, faisant au moins 15 morts. Après la validation des résultats de l’élection, Ali Bongo est investi le .

A sa deuxième élection, c’est avec son principal concurrent Jean Ping que le torchon brûle. Jean Ping pense que les élections ont été fraudées et qu’il est officiellement le président élu du Gabon. A partir du 31 Août 2016, de violentes manifestations ont suivit la proclamation de ces résultats. Des affrontements entre les forces de l’ordre et les populations, faisant des centaines de morts.  La suspension de l’accès à Internet est un événement tout aussi marquant de cette phase sombre de la politique gabonaise. Pourtant la révolte était déjà en cours: Les gabonais de la diaspora la rejoigne et font des manifestations chaque samedi en France, pour lutter contre « le hold up » électoral de leur pays.

Les réalisations

L’engagement du Président Ali Bongo n’est plus a démontré. Plusieurs descentes sur le terrain, des tournées constantes, et des dizaines de conseil des ministres à son actif. Le Président souhaite que les choses bougent. Il appelle constamment ses ministres à éviter l’inertie. Ses dernières actions visent à donner une meilleure place aux femmes au sein des administrations publiques. Il a notamment nommé trois femmes lors du dernier remaniement ministériel de ce mois d’octobre 2019.

Au début de sa présidence, il mène notamment une politique de « grands chantiers », contrastant avec la politique de son père. Construction de 600 km de routes ou de la zone d’intérêt économique de Nkok. Le port d’Owendo, un autre poumon économique du pays est exploité. Le récent projet de la transgabonaise est à sa première phase de réalisation.

Dès le départ de son premier mandat, c’est son ambitieux Plan stratégique Gabon émergent (PSGE), qu’il met sur pieds et promet transformer le Gabon en une génération. La consolidation de l’État de droit, la diversification de l’économie, la lutte contre la corruption et la pauvreté, la construction des infrastructures sociales (les hôpitaux, les logements, les écoles, les routes, etc.) étaient brandies comme le socle de la rampe de lancement du “Gabon émergent”. Mais les résultats escomptés ne sont pas atteints.

Son projet « Gabon vert » est basé sur des valeurs écologiques fortes en faveur de la préservation de l’environnement, de la lutte contre le réchauffement climatique et de la protection de la biodiversité. Il s’appuie sur un réseau de 13 parcs nationaux créés en 2002 et couvrant 11 % du territoire national. Le pilier « Gabon vert » promeut également le développement de différents secteurs économiques durables tels que l’écotourisme ou encore l’agriculture, avec l’objectif d’atteindre l’autosuffisance alimentaire.

Le « Gabon industriel » a pour enjeu de promouvoir la valorisation locale des matières premières et l’exportation de produits à haute valeur ajoutée. L’objectif est de garantir une exploitation durable des nombreuses ressources naturelles dont dispose le Gabon (pétrole, gaz, manganèse, bois, or, minerai de fer…). Parmi les mesures emblématiques du Gabon industriel, l’entrée en vigueur en 2010 de l’interdiction d’export des grumes, destinée à assurer la mise en place d’un processus de transformation locale générateur d’emploi.

Les échecs

Le secteur de l’éducation est encore un grand problème au Gabon. Multiples grèves de syndicats et des étudiants gangrènent l’enseignement supérieur. Le projet de construction de 05 nouveaux amphithéâtres pour désengorger les salles bondées est suspendu. Et sans compter les problèmes de bourses que rencontrent les étudiants étrangers. Ça reste donc un secteur très sensible.

L’audiovisuel aussi rencontre de nombreux problèmes, avec des grèves persistantes. Le secteur n’arrive pas à décoller, la gestion n’est pas optimale. Les dettes s’accumulent et l’industrie est en danger. Il est estimé que le pays est miné par une dette passée de 17 % en 2009 à près de 40 % du PIB en 2016. L’augmentation du nombre des ministres représentent pour les opposants un gouffre financier certain.

Des alliés du président Ali, lui ont également tourné le dos pour rejoindre l’opposition. Ali n’aurait pour eux, pas respecter ses promesses et serait même dans la continuité de la gestion de son feu père alors que la transition était attendue. A l’image du Président de l’Assemblée nationale durant dix-neuf ans, Guy Nzouba-Ndama, qui a démissionné en 2016 pour se présenter à la présidentielle de la même année. On compte également Blaise Moubamba qui a d’ailleurs appelé le peuple à se révolter et a exiger la transition.

Hospitalisations et tentative de coup d’État de 2019

Le président Ali a été victime d’un Accident vasculaire cérébral (AVC)et directement hospitalisé à Ryad le 24 octobre 2018. Il y est resté plus d’un mois avant d’être transféré le 29 novembre à Rabat, d’abord dans un hôpital militaire, puis dans une résidence privée pour y poursuive sa convalescence et sa rééducation.

Pendant cette période, les médias se font l’écho de débats quant à la nature de la transition politique à mettre en œuvre en cas d’incapacité du chef de l’État. De multiples fausses annonces de son décès se répandent également. L’opposant Jean Ping lance un appel à reconnaître sa légitimité à la présidence, lors d’une conférence qui est perçue comme un souhait de voir le président destitué. Le 7 janvier 2019, une unité de soldats mutinés, prétextant l’état de santé d’Ali Bongo, en convalescence après un accident vasculaire cérébral, prend brièvement le contrôle de Radio Gabon et transmet un appel au soulèvement, dans une apparente tentative de coup d’État. Cette insurrection échoue le même jour ; sur cinq mutins, deux sont tués et les autres arrêtés.

Affaibli par cet AVC, Ali Bongo se dit «toujours aussi déterminé à conduire notre pays». Le premier discours d’Ali Bongo Odimba depuis son AVC, au stade de Nzeng Ayong fût d’ailleurs mémorable car il a bien précisé: « Je suis là aujourd’hui et je serais toujours là« .

Les 04 années qu’il a encore a passé au pouvoir ne nous mettent pas au bout de nos surprises.