Rwanda : Un ancien maire emprisonné à vie pour le génocide de 1994

L’ancien maire de la commune de Nyakizu, dans le sud du Rwanda, Ladislas Ntaganzwa, accusé d’avoir orchestré le massacre de milliers de Tutsis lors du génocide de 1994 dans ce pays d’Afrique de l’est, a été condamné à la prison à perpétuité dans une décision historique, a confirmé vendredi une source judiciaire à APA à KigaliNtaganzwa, 58 ans, a été reconnu coupable de génocide, d’extermination en tant que crime contre l’humanité et de viol en tant que crime contre l’humanité et l’a condamné à la réclusion à perpétuité.

Selon le communiqué publié par le Parquet, l’accusé n’a toutefois pas été « reconnu coupable de meurtre en tant que crime contre l’humanité et d’incitation directe et publique à commettre le génocide ».

L’ancien haut fonctionnaire administratif local pendant le régime déchu avant 1994 était l’un des suspects de génocide les plus recherchés au Rwanda et sur la liste des fugitifs les plus recherchés par le Tribunal pénal international résiduel.

Il est jugé depuis son expulsion vers le Rwanda en provenance de la République démocratique du Congo en 2016.

Ntaganzwa – qui faisait l’objet d’une prime américaine de cinq millions de dollars (4,6 millions d’euros) sur la tête – a été accusé d’avoir organisé « le massacre de milliers de Tutsis à divers endroits », avait déclaré le Mécanisme des tribunaux pénaux internationaux soutenu par l’ONU (MICT), lors de son arrestation.

Le tribunal rwandais a constaté que l’ancien maire avait personnellement dirigé une série de massacres de civils Tutsis, dont une attaque contre une église où des milliers de personnes s’étaient réfugiées.

Côte d’Ivoire: légère hausse du prix du carburant et du gaz butane pour le mois de juin

Les prix du carburant et du gaz butane affichent une légère hausse pour le mois de juin 2020 en Côte d’Ivoire, où l’essence super passe de 570 Fcfa le litre à 580 Fcfa/litre de même que le gasoil, tandis que le gaz butane B12,5 Kg, beaucoup utilisé dans les ménages, est cédé à 4 750 Fcfa, en hausse de 475 Fcfa.Le prix maxima de détail des produits pétroliers, arrêté par la direction générale des hydrocarbures, pour la période du 1er au 30 juin 2020, montre une légère hausse des coûts du carburant. Le super sans plomb passe de 570 Fcfa le litre à 580 F/L de même que le prix du gasoil, en hausse respectivement de 10 Fcfa. 

Le pétrole lampant, lui, reste inchangé à 555 Fcfa le litre à l’ambiant. Ce produit, en raison du manque de couverture de l’électricité dans certaines zones rurales du pays, est beaucoup utilisé dans des campagnes et des villages.  

Les prix du gaz butane, pour le mois de juin 2020, enregistrent également une légère augmentation. Mais, la bouteille de gaz de 6 Kg (B6), elle, demeure stable à 2 000 Fcfa, alors que toutes les autres bouteilles ont connu un relèvement de prix.

La bouteille de gaz de 12,5 Kg (B12,5) passe de 4 375 Fcfa à 4 750 Fcfa, en hausse de 375 Fcfa, la B15 Kg de 5 250 Fcfa à 5 700 Fcfa, en hausse de 450 Fcfa, la B17,5 Kg de 6 125 Fcfa à 6 650 Fcfa, en hausse de 525 Fcfa, la B25 Kg de 8 750 Fcfa à 9 500 Fcfa, en hausse de 750 Fcfa.  

L’ajustement des prix des produits pétroliers en Côte d’Ivoire se fait chaque mois conformément aux dispositions du mécanisme automatique des prix des hydrocarbures sur le marché mondial. 

Reprise des cours à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, mardi

Les activités académiques reprennent mardi prochain à l’Université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan, la plus grande université de la Côte d’Ivoire, après plus de deux mois de fermeture, dans le respect des mesures barrières contre la Covid-19, a appris APA samedi sur place dans la capitale économique ivoirienne.Dans une note de service, Prof. Abou Karamoko, le président de cette institution a  informé les enseignants, les chercheurs, le personnel administratif et technique et les étudiants que la reprise effective des activités académiques est fixée au mardi 02 juin 2020 à 07h30mn.

 « Dans le respect des décisions du Conseil national de sécurité et pour la protection et de tous contre la Covid-19, le port du masque est obligatoire pour l’accès à l’Université Félix Houphouët-Boigny absolument», a souligné Prof. Karamoko. 

Le président ivoirien Alassane Ouattara a autorisé le 25 mai dernier la réouverture des établissements d’enseignement primaire, secondaire et supérieur dans le Grand Abidjan ( Abidjan et banlieue) après examen de l’évolution de la Covid-19. 

Depuis le 16 mars dernier, les autorités ivoiriennes avaient décidé de fermer les écoles dans le pays afin de casser la chaîne de transmission de la maladie à Covid-19. La Côte d’Ivoire enregistre à ce jour 2750 cas confirmés de Covid-19 dont 1370 décès et 32 décès.

Les « dégâts collatéraux du coronavirus » en vedette dans la presse sénégalaise

L’évolution de la maladie à coronavirus au Sénégal, non sans conséquences sur le traitement des autres pathologies dans les hôpitaux, est le sujet le plus en vue dans les quotidiens locaux parvenus samedis à APAL’AS souligne que le prolongement d’un mois encore de l’état d’urgence est l’«ultime prorogation ». L’enseignant de droit Ndiogou Sarr explique qu’il « n’y aura plus de possibilité de prorogation ».

L’ex-député proche du pouvoir, Moustapha Diakhaté, n’est pour sa part pas d’accord avec cette mesure d’exception, dénonçant dans Vox Populi « un coup d’état ».

Dans ce journal, le professeur Moussa Seydi déclare que « le nombre de cas graves va augmenter » parce que le nombre de cas positifs du coronavirus augmente. Il a fait cette déclaration après sa visite à l’hôpital de Diamniadio. Le Sénégal a enregistré vendredi 29 mai son 42e décès lié à la pandémie, souligne le quotidien.

Libération fait focus sur « le cas importé qui intrigue Dakar », la capitale qui a franchi le même jour « la barre des 2500 cas recensés ». Le patient vient de la Gambie « malgré toutes les restrictions au niveau des frontières et des transports ».

EnQuête s’intéresse aux dégâts collatéraux du coronavirus et voit des « cancéreux à l’agonie ». Ils sont « sans soins depuis des mois » à cause des restrictions dans le transport, la perte de revenus et la peur de la Covid-19, explique le journal.

« SOS médecins », titre ainsi Le Quotidien, montrant que l’impact de la pandémie est bien réel sur les autres pathologies. Le journal constate une « baisse drastique des consultations », rapportant en même temps « l’alerte du directeur de la Prévention ».

En revanche, souligne le quotidien national Le Soleil, « tout est fin prêt » pour la reprise des cours en classes d’examen, mardi prochain. Et « le ministère s’adaptera à toute nouvelle évolution de la situation », selon le chef du département, Mamadou Talla.

Sur d’autres sujets, L’Observateur revient sur la crise au Club des investisseurs du Sénégal en relation avec l’affaire entre la start-up Akilee et la société nationale d’électricité (Senelec), sur fond d’un contrat à polémique. Le journal met en exergue un des responsables du club, Dr Abdourahmane Diouf, « Akilee (acculé) dans une tempête ».

Le Quotidien souligne que l’opposition, par le biais de la plateforme CRD, « veut des poursuites contre les dirigeants » pour faire la lumière sur le contrat Senelec-Akilee.

L’Observateur fait de nouvelles révélations de « l’enquête sur les films pornos des lycéens » et donne le profil des 4 filles et 5 garçons « acteurs des orgies sexuelles ».

En football, Record se remémore Sénégal-France de 2002 et décroche une interview avec l’ex-défenseur des Bleus, Emmanuel Petit. Sur leur défaite en match d’ouverture de la Coupe du monde, il lâche: « Peut-être qu’on a été maraboutés ».

La presse marocaine rend hommage à feu Abderrahmane Youssoufi

Les quotidiens et hebdomadaires marocains parus ce samedi ont tenu à rendre un dernier hommage à fe Abderrahmane Youssoufi, décédé vendredi à l’âge de 96 ans.« Un géant nous quitte », titre l’hebdomadaire +Maroc Hebdo+ qui écrit que feu Youssoufi a marqué de son empreinte le paysage politique et, plus généralement, l’histoire du Maroc des 70 dernières années.

Nationaliste de la première heure, il fera, très jeune, montre de ses talents: au milieu des années 1940, et alors que le nationalisme est encore balbutiant et cherche à se faire une place dans le Maroc sous protectorat français, le Parti de l’Istiqlal (PI) en fait un de ses recruteurs attitrés au sein des classes populaires casablancaises, avec notamment le futur leader syndicaliste Mahjoub Ben Seddik, rappelle la publication.

Et c’est, pour l’anecdote, à cette occasion qu’il contribue à créer en 1947, en plein Hay Mohammadi, le Tihad athlétic sport (TAS), dont le comité de direction et les joueurs tiendront à lui rendre hommage fin novembre 2019 après la première victoire du club en Coupe du trône de son histoire en se rendant à son domicile du quartier de Bourgogne, à Casablanca même. Devenu avocat après notamment trois années d’études en France, il est en 1956, au moment de l’indépendance, une des figures politiques les plus en vue du moment.

Et c’est à ce titre qu’il se trouve en première ligne lors des différents rebondissements qui émaillent le champ politique marocain au cours des deux décennies suivantes: il est par exemple, avec notamment Mehdi Ben Barka et Abderrahim Bouabid, à la barre de la scission du PI qui conduit à l’émergence, en 1959, de l’Union socialiste des forces populaires (USFP).

Et, surtout, il fait partie des principaux opposants de Hassan II. Le défunt roi le fera par ailleurs condamner par contumace en 1975 lors du fameux procès de Marrakech, n’empêchant toutefois pas qu’un respect mutuel existait. D’ailleurs, Hassan II lui confiera, au moment de la nomination du gouvernement d’alternance, pouvoir mourir tranquille après lui avoir confié la primature. Et, justement, cette nomination constitue sans doute le pinacle de la carrière de M. Youssoufi, dont il ne sortira pourtant pas tout-à-fait satisfait: à Bruxelles en février 2003, où il prononce un discours, il s’en dira même amer, surtout après avoir été remplacé quelques mois plus tôt par Driss Jettou en dépit de la première place de l’USFP aux législatives du 27 septembre 2002, souligne le journal.

«Adieu Ssi Abderrahman», titre pour sa part +Al Ahdath Al Maghrebia+ qui consacre tout un numéro spécial, pour son édition du week-end, au dernier Premier ministre de Hassan II, décédé vendredi à Casablanca à l’âge de 96 ans.

Au moment où il a été transporté à l’hôpital, après un malaise, nous avons tous commencé à prier pour que son cœur tienne le coup, au moins jusqu’à la fin du confinement pour que le peuple marocain puisse lui consacrer des adieux qui soient à la hauteur de l’homme qu’il était et des sacrifices qu’il a consentis pour son pays, écrit en substance l’éditeur du journal.

Le quotidien est revenu sur presque un siècle de vie d’un homme exceptionnel. Un homme qui a su gagner l’estime, la sympathie de tout le monde, mais aussi et surtout la confiance des deux rois. Un militant au rang d’un homme d’Etat.

Youssoufi, poursuit le quotidien, était à la fois un résistant, un militant, un syndicaliste et un politicien et il était par-dessus tout un fervent défenseur des droits de l’Homme. C’était ce Marocain, le seul qui a échappé à la peine de mort pour, ensuite, sauver son pays d’une crise cardiaque. Ni les adversaires, ni les maladies, et il en a connues de bien graves, n’ont pu entamer son caractère.

«Youssoufi, le départ d’un homme courageux», écrit de son côté le +Al Massae+ qui rend un hommage posthume au défunt. Il a laissé derrière lui un héritage politique symbolique. Il est passé de l’opposition au pouvoir sans jamais perdre son pouvoir d’influence, souligne le quotidien.

L’homme jouit d’un grand respect de la part de toutes les composantes de l’échiquier politique, mais aussi et surtout de l’amitié du Roi Mohammed VI qui a tenu à être présent au moment de l’inauguration, récemment, d’une avenue qui porte son nom à Tanger, sa ville natale.

Dans un long portrait qu’il lui a consacré, le quotidien effleure à peine le riche parcours de cette personnalité politique qui a, écrit-il, marqué de son empreinte l’histoire du Maroc pendant des décennies.                 

+Al Akhbar+ survole les moments forts de la vie de ce grand homme, l’illustrant de photos d’archives le mettant en scène tantôt avec les leaders politiques et syndicaux, tantôt avec les deux souverains qu’il a côtoyés de très près.

Le journal s’est particulièrement intéressé à la vie privée, au demeurant très discrète, du leader socialiste. Il a évoqué sa rencontre avec sa femme, Hélène, fille d’un couturier grec pour  laquelle il a eu le coup de foudre et aux côtés de laquelle il a passé toute sa vie. Il a parlé de sa passion pour la lecture, sa vie de tous les jours dans son modeste appartement, à Cannes puis à Casablanca, et comment, sur les conseils de sa femme, il a refusé de s’installer dans la somptueuse villa de fonction que feu Hassan II avait mise à sa disposition.

Af’Sud : du temps pour un plan de sauvetage de South African Airways

Vendredi, des responsables chargés de sauver South African Airways (SAA) d’une faillite ont demandé au gouvernement de leur accorder plus de temps pour produire un plan de sauvetage commercial pour la compagnie en difficulté.Les praticiens du sauvetage commercial ont été nommés en décembre dernier et disposaient de trois mois pour élaborer un plan viable pour la poursuite des activités de la SAA.

Dans leur demande de prorogation de délai, les responsables – connus sous le nom de SAA Business Rescue Practitioners – ont déclaré qu’ils avaient besoin de plus de temps pour consulter les prêteurs, les créanciers, l’actionnaire (le gouvernement) et les syndicats de la compagnie aérienne sur le projet de plan, avant de le soumettre aux autorités.

Ils ont également évoqué leurs engagements en cours avec le gouvernement, qui leur a demandé d’envisager « un projet de plan restructuré » à inclure dans leur projet de plan – et de ne pas abandonner la SAA en tant qu’entreprise.

Le premier projet de plan d’affaires des praticiens prévoyait le démantèlement de la compagnie aérienne. Il a envoyé des lettres à ses 5.000 travailleurs pour connaître leur opinion sur cette idée.

Mais comme prévu, les travailleurs, par l’intermédiaire de leurs syndicats, ont poursuivi les sauveteurs en justice pour empêcher le démantèlement de la SAA et ainsi créer davantage de chômage dans un pays déjà sous le choc.

Le tribunal a statué en faveur des travailleurs contre le plan des sauveteurs visant à démanteler la compagnie aérienne, sans apporter de solution à sa survie.

Maroc : Elle bat coronavirus à 110 ans

Une doyenne de longévité au Maroc a pu résister et battre le coronavirus après s’être remise de la maladie et quitté ce vendredi le Centre hospitalier universitaire (CHU) Hassan II de Fès.gée de 110, la dame s’est remise de la maladie après un séjour de 26 jours au CHU-Fès, où elle a été prise en charge selon le protocole de soins adopté conformément aux orientations du ministère de la santé. Malgré son âge, la centenaire ne souffre d’aucune autre pathologie.

Le rétablissement de cette Marocaine n’est pas un cas isolé. Plusieurs centenaires à travers le monde ont réussi vaincu la maladie.

« De 100 à 113 ans, qu’ils vivent en France, en Russie ou en Angleterre, les centenaires guéris émerveillent les soignants », rapporte le quotidien français +Le Figaro+, citant notamment la doyenne espagnole Maria Branyas, âgée de 113 ans, mais aussi Geneviève Mazet, une Française âgée de 104 ans, Ana del Valle, une Espagnole de 107 ans, Noémie Baraldi, une ancienne résistance française de 100 ans, Connie Titchen, une Britannique de 106 ans, Pelagueïa Mikhaïlovna Poïarkova, une moscovite qui a fêté son centième anniversaire en sortant de l’hôpital ou encore Saltanat Akbari, une Iranienne âgée de 107 ans.

Mohammed VI : La disparition de Abderrahmane Youssoufi, une perte considérable pour le Maroc

Le Roi Mohammed VI a adressé un message de condoléances à Mme Hélène El-Youssoufi, veuve du grand militant, feu Maître Abderrahmane El-Youssoufi, ancien Premier ministre, décédé dans la nuit de jeudi à vendredi à l’âge de 96 ans.Dans ce message, le Souverain affirme avoir appris avec une vive émotion et une profonde tristesse la nouvelle du décès du grand militant, feu Maître Abderrahmane El-Youssoufi, ajoutant que sa disparition constitue une perte considérable, non seulement pour sa famille, mais aussi pour son pays, le Maroc, qui perd l’un de ses hommes les plus valeureux.

De fait, un pan entier de l’histoire du Maroc contemporain porte la marque de sa personnalité singulière et de son style unique d’homme fidèle et loyal, clairement attaché aux principes et guidé par un sens éminent des responsabilités, affirme le Souverain.

En cette douloureuse circonstance survenue selon la volonté imparable du Seigneur, le Souverain exprime ses plus sincères condoléances et l’expression de Sa profonde compassion, à Mme Hélène El-Youssoufi et, à travers elle, aux proches du regretté disparu, à ses amis, à ses partisans, à sa grande famille politique nationale, notamment au Parti de l’Union Socialiste des Forces Populaires (USFP).

Le Souverain dit avoir une pensée émue et déférente pour le défunt aux grandes qualités humaines, soulignant que son patriotisme sincère ne se démentit jamais au cours des décennies de son action militante. Son parcours fut voué à la défense des droits de l’Homme et sa vie politique fut jalonnée d’énormes sacrifices.

Le message royal souligne que le regretté disparu, œuvra ainsi lors d’une étape historique marquante dans le processus de consolidation de notre choix démocratique et révéla sa stature d’Homme d’Etat, sage et chevronné.

Décès : El Youssoufi, l’homme qui a conduit la gauche au pouvoir au Maroc

L’ancien Premier ministre socialiste, Abderrahmane El Youssoufi, est décédé dans la nuit de jeudi à vendredi.Qui était Abderrahmane El Youssoufi, cet homme dont la disparition dans la nuit de jeudi à vendredi a attristé les Marocains ? Figure historique de la gauche socialiste, Abderrahmane El Youssoufi est né à Tanger le 8 mars 1924. Lycéen à Rabat, la capitale, il n’a pas vingt ans quand il décide de rallier le Mouvement national, fer de lance de la lutte pour l’indépendance du Royaume chérifien alors sous protectorat franco-espagnol depuis 1912. Cet engagement précoce le propulse, au lendemain de l’indépendance acquise en 1956, au sein du Secrétariat général de l’Union Nationale des Forces Populaires (UNFP), devenue Union Socialiste des Forces Populaires (USFP) en 1975, une scission menée par l’aile gauche du parti historique indépendantiste Istiqlal.

Brillant intellectuel, El Youssoufi est même promu Rédacteur en chef du journal « Attahrir » (Libération) créé par cette formation alors radicalement ancrée à gauche. Un poste qu’il occupe de 1959 à 1965.

Mais son militantisme lui a valu des ennuis judiciaires. Entre 1960 et 1963, il a fait l’objet de nombreuses arrestations sous le règne du Roi Hassan II, alors au début de son règne.

Abderrahmane El Youssoufi a ainsi été condamné par contumace, avec l’ensemble des membres de la commission administrative de l’UNFP, à deux ans de prison avec sursis pour complot contre le régime.

À la suite de l’assassinat en France du leader socialiste Mehdi Ben Barka en 1965, il se rend à Paris pour participer à l’organisation du procès. C’est alors le début d’un exil de quinze ans en France.

Durant cette période, il est poursuivi par contumace, lors du grand procès de Marrakech tenu entre 1969 et 1975, pour complot. Dans son réquisitoire, le Procureur requiert contre lui la peine de mort.

A la faveur d’une grâce royale, il rentre au Maroc en 1980. El Youssoufi s’installe ensuite au sommet de l’USFP après le décès de son ami Abderrahim Bouabid.

Au courant de cette décennie, en signe de protestation contre la gestion des dernières élections législatives, il repart en exil volontaire à Cannes, dans le sud de la France. A la faveur de négociations secrètes avec le pouvoir, il rentre au Maroc quelques années plus tard et reprend son poste de Premier Secrétaire de l’USFP.

A la suite de nouvelles élections législatives et d’un compromis « historique » avec le Roi Hassan II, il parvient à prendre la tête d’un gouvernement dit d’alternance. Une première pour un opposant au Maroc et dans le monde arabe. Nous sommes en 1998.

Avec un mandat du Roi Hassan II, il présente, le 14 mars de la même année, la liste du gouvernement au Souverain.

Après la mort d’Hassan II, son fils aîné et héritier constitutionnel, Mohammed VI lui renouvelle sa confiance, non sans lui rendre un hommage remarqué.

Reconduit dans ses fonctions de Premier ministre le 6 septembre 2000, Abderrahmane El Youssoufi restera à ce poste jusqu’au 9 octobre 2002. Un an plus tard, il se retire de la direction de son parti et de… la vie politique.

Son nom est à jamais lié à l’histoire du Maroc. Aux yeux d’une bonne frange de la population, son gouvernement est celui ayant mis le Royaume sur les rails du progrès en lançant de nombreux projets politiques et économiques. L’ancien opposant socialiste a réconcilié le grand public avec la politique.

« El Youssoufi était un homme politique exceptionnel », répètent aujourd’hui bon nombre de médias et d’hommes politiques.

Le Roi Mohamed VI, qui l’apprécie particulièrement, a même tenu à inaugurer à Tanger, en 2016, une avenue portant le nom du défunt.

Un hommage rarement rendu au Maroc à un homme de son vivant. Abderrahmane El Youssoufi, qui avait 96 ans, a été enterré dans la journée de vendredi.

Maroc : Abderrahmane El Youssoufi en quelques dates

APA retrace le parcours d’Abderrahmane El Youssoufi, l’ancien chef de gouvernement marocain décédé dans la nuit de jeudi à vendredi.8 mars 1924 : naissance à Tanger d’Abderrahmane El Youssoufi.

1960-1963 : il est arrêté deux fois et jugé par contumace pour complot contre le régime du monarque Hassan II. Il écopera d’une peine deux ans avec sursis.

1975 : exilé en France depuis 1965, Abderrahmane El Youssoufi est, à nouveau, poursuivi par contumace lors du grand procès de Marrakech (1969-1975). Le procureur requiert sa condamnation à mort.  

1980 : cette année marque son retour au Maroc à la faveur d’une grâce royale.

4 février 1998 : il est chargé par Sa Majesté Hassan II de former un « gouvernement d’alternance » censé œuvrer pour la réconciliation avec l’opposition de gauche.

6 septembre 2000 : il est reconduit à son poste de Premier ministre par le Roi Mohammed VI qui vient de monter sur le trône.

9 octobre 2002 : il cède son fauteuil de Premier ministre à Driss Jettou. Ce départ du gouvernement est suivi, quelques mois plus tard, de sa démission de l’USFP, l’Union Socialiste des Forces Populaires, dont il est le Premier Secrétaire pendant une dizaine d’années. Il prend ainsi sa retraite politique.

2016 : le Roi Mohammed VI inaugure une avenue portant le nom d’Abderrahmane El Youssoufi dans sa ville natale de Tanger.

2018 : M’barek Bouderka, figure de la gauche marocaine et artisan de l’instance équité et réconciliation (Organisme ad hoc créé par Mohamed VI au lendemain de son intronisation pour régler les dossiers liés aux violations des droits de l’Homme sous le règne de son père) publie un recueil de conversations avec El Youssoufi intitulé  « Discussions autour de ce qui s’est passé, bribes de mon parcours telles que racontées à Bouderka ».

2020 : El Youssoufi décède à Casablanca dans la nuit de jeudi 28 à vendredi 29 mai.