Législatives en Iran: les conservateurs en tête après les premiers résultats

Les conservateurs en Iran sont en tête selon les premiers résultats des élections législatives publiés samedi, une avance favorisée par une probable faible participation consécutive à la disqualification de milliers de candidats.

Les élections ont eu lieu vendredi dans un contexte de violente récession économique, due en partie aux sanctions américaines, et de tensions exacerbées entre Téhéran et Washington, ennemis jurés.

Avant le vote, près de la moitié des 16.000 candidatures avaient été invalidées, dont celles de milliers de réformateurs et de modérés, ce qui a pratiquement réduit le scrutin à un affrontement entre conservateurs et ultraconservateurs.

Les observateurs ont prédit une forte abstention, la population étant désillusionnée par les promesses non tenues des hommes politiques et tentant de faire face aux dures conditions de vie.

Samedi en milieu de journée, les votes avaient été comptés dans 71 circonscriptions sur 208 à l’échelle nationale, selon les chiffres du comité électoral national rapportés par l’agence de presse Isna.

L’alliance formée par les conservateurs et les ultraconservateurs semblait avoir un avantage confortable à Téhéran selon les premiers résultats, a déclaré le porte-parole du comité Esmaïl Moussavi à la télévision d’Etat.

Selon M. Moussavi, la plupart des votes sont allés aux trois premiers noms sur cette liste menée par Mohammad Bagher Ghalibaf, trois fois candidat malheureux à la présidentielle, ex-chef de la police, membre des Gardiens de la révolution -l’armée idéologique de l’Iran-, et maire de Téhéran de 2005 à 2017.

Les modérés et les réformateurs étaient très rares parmi les 40 candidats au total à Téhéran, a ajouté le porte-parole. Avec ses 30 sièges, la capitale iranienne représente un enjeu électoral de premier plan.

– « Une sélection » –

Les résultats définitifs pour Téhéran et d’autres provinces seront annoncés dimanche matin au plus tard, a ajouté M. Moussavi.

Les autorités ont annoncé la fermeture des écoles dans des dizaines de grandes villes pour permettre les opérations de dépouillement.

Si ces premiers résultats sont confirmés, cela constituerait un coup dur pour le président modéré Hassan Rohani, dont la marge de manoeuvre sera limitée jusqu’à la fin de son mandat en 2021.

Selon des chiffres non officiels publiés par l’agence Fars, la coalition conservatrice a remporté 135 des 290 sièges au nouveau Parlement. Les réformateurs en ont gagné 20 et les indépendants 28.

L’agence Fars a indiqué que 1,9 million de personnes avaient voté à Téhéran sur plus de neuf millions d’électeurs.

Plusieurs semblent avoir boycotté les élections dans la capitale. Parmi eux, Mme Arghavan Aram, qui gère une ONG pour les personnes transgenres.

« Une élection avec une seule tendance politique n’est pas une élection, c’est une sélection », a-t-elle dit.

Mais elle a dit espérer un avenir dans lequel « Trump (le président américain Donald Trump) part, les démocrates arrivent au pouvoir et un guide suprême modéré » en Iran, espérant que les choses changeront.

– Nouveaux décès au coronavirus –

Les élections de vendredi, les onzièmes depuis la révolution islamique de 1979, ont coïncidé avec l’annonce de nouveaux décès en Iran dus au nouveau coronavirus.

Samedi, les autorités iraniennes ont annoncé un nouveau décès portant le nombre de morts liés à cette maladie à cinq, soit le plus grand nombre de décès enregistrés dans un pays hors Extrême-Orient. Au total 28 personnes ont été contaminées en Iran. Les cinq personnes décédées sont probablement iraniennes.

L’Iran est par ailleurs plongé dans une violente récession, après le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 entre Téhéran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne), et le rétablissement des sanctions américaines qui ont asphyxié l’économie de ce pays pétrolier.

M. Rohani voyait dans cet pacte l’espoir d’une ère de prospérité pour l’Iran. Mais les ultraconservateurs sont opposés à toute négociation avec l’Occident et sont impatients de sortir de l’accord international sur le nucléaire.

Soudan du Sud: le rebelle Riek Machar redevient vice-président, espoirs de paix relancés

Le dirigeant rebelle du Soudan du Sud Riek Machar est redevenu samedi à Juba premier vice-président, conformément à un accord de paix conclu en 2018, relançant les espoirs de paix dans ce jeune pays ravagé par la guerre depuis six ans.

« Je jure d’être fidèle (…) à la République du Soudan du Sud », a déclaré lors de sa prestation de serment M. Machar devant un parterre de diplomates et de représentants des pays voisins, dont le dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.

M. Machar a donné l’accolade et serré la main de son rival de toujours, le président Salva Kiir, avec qui il va tenter de gouverner pour la troisième fois depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

« Je veux vous assurer que, pour le peuple du Soudan du Sud, nous allons travailler ensemble pour mettre fin à sa souffrance », a affirmé le dirigeant rebelle.

Sous pression internationale, ils se sont mis d’accord pour former un gouvernement d’union nationale, pierre angulaire de l’accord de paix conclu en septembre 2018.

Salva Kiir a dissous vendredi son gouvernement en vue de la formation de ce nouvel exécutif d’union, dont la composition doit être annoncée samedi.

« La formation de ce gouvernement nous donne espoir d’un nouvel élan vers la fin de la souffrance du peuple et une voie vers une paix durable », a affirmé Riek Machar.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi.

Les deux précédentes échéances pour former le gouvernement d’union n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La récente proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

– « Beaucoup plus à faire » –

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

« Le compromis de Kiir sur les Etats (régionaux) permet aux deux parties d’aller enfin de l’avant, même s’ils ont encore beaucoup plus à faire dans les semaines, les mois et les années à venir », a estimé Alan Boswell, expert sud-soudanais qui collabore au centre d’analyse International Crisis Group ((ICG), interrogé par l’AFP.

Riek Machar vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, brutalement interrompue par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Malgré ses richesses en pétrole, près de 82% des 11 millions d’habitants du Soudan du Sud vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Soudan du Sud: un pays ravagé par la guerre civile

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est l’un des pays les plus pauvres malgré ses richesses pétrolières, avec une économie ruinée par six années de guerre civile qui ont généré une grave crise humanitaire.

– Plus jeune État au monde –

Le 9 janvier 2005, le Nord et le Sud du Soudan signent un accord de paix, après des décennies de guerre civile entre rebelles sudistes et Khartoum (1959-1972 et 1983-2005), qui ont provoqué des millions de morts.

Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance, six mois après avoir voté par référendum sa sécession.

Cet État enclavé est frontalier du Soudan, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo et de la Centrafrique.

Avec une superficie de 589.745 km2, le pays, dont la capitale est Juba, représente presque un quart de l’ancien Soudan. Nord et Sud se disputent toujours la province riche en pétrole d’Abyei.

Contrairement au Nord musulman, le Sud est essentiellement chrétien et animiste.

– Guerre civile –

Le 15 décembre 2013, d’intenses combats opposent des factions rivales de l’armée à Juba. Le président Kiir, de l’ethnie dinka, accuse de tentative de coup d’État son ancien vice-président, Riek Machar, de l’ethnie nuer, limogé en juillet.

Celui-ci nie toute tentative de putsch, puis appelle l’armée à renverser Salva Kiir, l’accusant de vouloir « allumer une guerre ethnique ».

Les combats et massacres entre Dinka et Nuer s’étendent dans le pays.

Après un accord de paix signé en 2015, M. Machar redevient pour quelques semaines vice-président en 2016. Mais il doit s’exiler après des combats à Juba en juillet.

Un nouvel accord de paix intervient en septembre 2018 qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale.

La guerre civile, marquée par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts, pour moitié dus aux maladies et au manque d’accès aux soins.

– Pauvreté et crise humanitaire –

Près de 82% des 11 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Mi-février, les essaims de criquets qui dévastent les cultures en Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, dont 60% de la population est déjà menacée par la faim, sous l’effet combiné de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

– Économie dépendante du pétrole –

Le Sud a hérité à l’indépendance des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan, mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour ses exportations.

Le pétrole représente la quasi-totalité de ses exportations et plus de 40% du PNB, selon la Banque mondiale.

L’économie a pâti d’une baisse des cours de l’or noir et d’infrastructures endommagées par la guerre.

La croissance du PIB est estimée à 3,2% lors de l’année budgétaire 2018/2019, après une contraction de 3,5% l’année précédente, tandis que l’inflation a été divisée par deux à environ 60%.

C’est l’un des pays les plus affectés par la corruption selon Transparency International (178ème sur 180).

– Marais et savane –

Le Soudan du sud abrite une faune variée (antilopes, éléphants, girafes, lions…), malmenée par la guerre civile et le braconnage, mais qui pourrait permettre un essor du tourisme après le conflit.

Le pays abrite le plus grand écosystème de savane d’Afrique de l’Est qui favorise une importante migration saisonnière.

Le Sud, plus grande zone marécageuse du monde, héberge d’innombrables oiseaux et d’immenses étendues de papyrus et plantes aquatiques.

Burundi: « vague d’arrestations » dans la région de Bujumbura, selon l’opposition

Le Conseil national pour la liberté (CNL), principal parti d’opposition au Burundi, a dénoncé samedi « une vague d’arrestations » de ses responsables locaux dans la province de Bujumbura depuis jeudi.

« Après un simulacre d’attaque (…) mercredi, il y a eu une vague d’arrestations de responsables locaux du parti CNL », a déclaré à l’AFP Therence Manirambona, porte-parole du parti. Il a affirmé que « 23 personnes avaient déjà été arrêtés par la police et des Imbonerakure (jeunesse du parti au pouvoir) et sont détenus dans des cachots de la police ».

Ces interpellations ont été confirmées à l’AFP par un responsable policier qui a parlé « d’arrestations pour raison d’enquête ».

Selon le CNL, « des responsables de notre parti ont subi des mauvais traitement et malheureusement l’un d’eux, Félix Ndikuriyo (…) a été battu à mort jeudi soir ».

« Personne n’est emprisonné pour des raisons politiques, ils ont été arrêtés pour avoir violé la loi », a affirmé Léonidas Ntirandekura, un responsable gouvernemental local. Selon lui, M. Ndikuriyo « est mort de maladie ».

Le porte-parole du CNL a dénoncé une « entreprise de harcèlement orchestrée par le pouvoir à l’approche des élections de mai 2020 ». « Aujourd’hui, nous comptons au moins 6 militants assassinés, d’autres ont été portés disparus ou ont été torturés, plus de 200 croupissent en prison et plus de 100 permanences détruites ou dégradées », a-t-il affirmé.

Des chiffres confirmés par la société civile et les medias.

Le président du CNL, Agathon Rwasa, est considéré comme le principal du candidat du parti Cndd-FDD au pouvoir, le général Evariste Ndayishimiye, à la présidentielle du 20 mai.

L’actuel président, Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, avait surpris en annonçant en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution modifiée par référendum le lui permettait.

L’annonce en avril 2015 de sa candidature à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans un cycle de violences et de violations massives des droits humains qui ont fait 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes, selon les estimations de la Cour pénale internationale qui a ouvert une enquête.

Soudan du Sud: le chef rebelle Riek Machar investi vice-président

Le dirigeant rebelle du Soudan du Sud Riek Machar a été investi samedi à Juba premier vice-président de ce pays en guerre depuis six ans, conformément à un accord de paix conclu en 2018.

« Je jure d’être fidèle (…) à la République du Soudan du Sud », a déclaré M. Machar devant un parterre de diplomates et de représentants des pays voisins, dont le dirigeant du Soudan, le général Abdel Fattah al-Burhan.

M. Machar a donné l’accolade et serré la main de son rival de toujours, le président Salva Kiir, avec qui il va tenter de gouverner pour la troisième fois depuis l’indépendance du Soudan du Sud en 2011.

Sous pression internationale, ils se sont mis d’accord pour former un gouvernement d’union nationale, pierre angulaire de l’accord de paix conclu en septembre 2018.

Salva Kiir a dissous vendredi son gouvernement en vue de la formation de ce nouvel exécutif d’union dont la composition doit être annoncée samedi.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi.

Les deux précédentes échéances pour former le gouvernement d’union n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La récente proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

Ce dernier vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, brutalement interrompue par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Coronavirus: les Etats-Unis accusent la Russie de désinformation en ligne

Des milliers de comptes liés à la Russie sur Twitter, Facebook et Instagram propagent de la désinformation anti-américaine sur le nouveau coronavirus apparu en Chine, ont affirmé à l’AFP des responsables américains.

La campagne de désinformation et de propagation de théories du complot a démarré il y a un mois, à un moment où le nombre de morts en Chine était de trois et l’épidémie n’en était qu’à 200 cas à Wuhan, selon ces responsables. Aujourd’hui, le bilan est monté à plus de 2.200 morts et 75.000 cas en Chine, et plus d’un millier de cas dans 26 autres pays.

La campagne russe rappelle les tentatives du KGB pour faire croire, pendant la Guerre froide, que le VIH était une invention de scientifiques américains.

« Le but de la Russie est de semer la discorde et d’affaiblir de l’intérieur les institutions des Etats-Unis et leurs alliances, y compris au travers de campagnes souterraines et pernicieuses », a estimé Philip Reeker, sous-secrétaire d’Etat chargé de l’Europe et de l’Eurasie.

« En disséminant la désinformation sur le coronavirus, des acteurs russes malveillants choisissent une fois de plus de menacer la sécurité publique au détriment de la réponse globale » à l’épidémie, a-t-il ajouté.

Les responsables de la diplomatie américaine chargés de lutter contre la désinformation russe disent que des comptes aux noms de personnes fictives reproduisent des lignes d’attaques russes, non seulement en anglais mais aussi en français, en espagnol, en italien et en allemand.

Les théories propagées incluent l’idée que le virus a été créé par les Etats-Unis pour « faire une guerre économique à la Chine », que c’est une arme biologique inventée par la CIA, ou encore qu’il fait partie d’une stratégie occidentale de « messages anti-Chine ».

Des tweets accusent aussi faussement le cofondateur de Microsoft, Bill Gates, dont la fondation a investi des milliards de dollars dans des programmes de santé internationaux.

Les milliers de comptes impliqués étaient surveillés pour s’être ingérés dans diverses crises à travers le monde, de la guerre en Syrie aux manifestations au Chili et en France avec les gilets jaunes. Ils postent des messages « quasi-identiques » sur le coronavirus, selon un rapport préparé pour le Global Engagement Center du département d’Etat, la cellule de lutte contre les campagnes de désinformation étrangères.

– Comptes coordonnés –

Contrairement à d’autres sujets où l’activité dure généralement trois jours, les comptes s’activent depuis un mois, selon les responsables américains, signe de l’importance accordée à l’affaire par les Russes.

« C’est typique de la doctrine russe de confrontation informationnelle », explique un responsable. « Le nombre mondial de cas du coronavirus n’a pas atteint son pic, donc la stratégie russe est d’exploiter l’environnement informationnel de façon très peu coûteuse mais très efficace, afin de semer la discorde entre la Chine et nous, ou pour des raisons économiques ».

Le département d’Etat fait coïncider le début de la campagne sur internet au 20 janvier, quand les médias contrôlés par l’Etat russe ont commencé à diffuser des articles et interviews anti-occidentaux sur les origines de l’épidémie, notamment RT et Sputnik. Les opérateurs des comptes ont commencé le lendemain.

« Il est peu probable que ce soit une coïncidence », dit un responsable. « Quand les médias russes ont commencé à sortir ces théories, les comptes russes ont vraiment commencé à les promouvoir mondialement ».

« Ces milliers de comptes travaillent de concert les uns avec les autres, au quotidien, avec des phrases, un ton et un rythme identiques. On peut tous les relier assez facilement à RT, Sputnik et d’autres médias liés à la Russie ».

« Ce ne sont pas des robots, ce sont de vraies personnes derrière un clavier », ajoute le responsable.

« On peut ainsi voir pleinement à l’oeuvre leur écosystème de désinformation, incluant des télévisions d’Etat, des sites internet qui leur sont proches et des milliers de fausses identités sur internet qui, tous, poussent les même thèmes », a commenté Lea Gabrielle, qui dirige le Global Engagement Center.

Washington considère que la désinformation russe nuit à la réponse sanitaire contre le virus, notamment en Afrique et en Asie.

« Ces opérateurs semblent avoir carte blanche pour semer la discorde », dit un responsable du département d’Etat, en affirmant que les trolls russes étaient autonomes et n’agissaient pas forcément sur ordre explicite.

« Il n’est pas nécessaire qu’un thème particulier soit décidé au plus haut niveau. Ils ont la capacité indépendante d’opérer dans cet espace pour infliger les dommages qu’ils souhaitent, avec des conséquences potentiellement catastrophiques ».

Soudan du Sud: un pays ravagé par la guerre civile

Le Soudan du Sud, indépendant depuis 2011, est l’un des pays les plus pauvres malgré ses richesses pétrolières, avec une économie ruinée par six années de guerre civile qui ont généré une grave crise humanitaire.

– Plus jeune État au monde –

Le 9 janvier 2005, le Nord et le Sud du Soudan signent un accord de paix, après des décennies de guerre civile entre rebelles sudistes et Khartoum (1959-1972 et 1983-2005), qui ont provoqué des millions de morts.

Le 9 juillet 2011, le Soudan du Sud proclame son indépendance, six mois après avoir voté par référendum sa sécession.

Cet État enclavé est frontalier du Soudan, de l’Éthiopie, du Kenya, de l’Ouganda, de la République démocratique du Congo et de la Centrafrique.

Avec une superficie de 589.745 km2, le pays, dont la capitale est Juba, représente presque un quart de l’ancien Soudan. Nord et Sud se disputent toujours la province riche en pétrole d’Abyei.

Contrairement au Nord musulman, le Sud est essentiellement chrétien et animiste.

– Guerre civile –

Le 15 décembre 2013, d’intenses combats opposent des factions rivales de l’armée à Juba. Le président Kiir, de l’ethnie dinka, accuse de tentative de coup d’État son ancien vice-président, Riek Machar, de l’ethnie nuer, limogé en juillet.

Celui-ci nie toute tentative de putsch, puis appelle l’armée à renverser Salva Kiir, l’accusant de vouloir « allumer une guerre ethnique ».

Les combats et massacres entre Dinka et Nuer s’étendent dans le pays.

Après un accord de paix signé en 2015, M. Machar redevient pour quelques semaines vice-président en 2016. Mais il doit s’exiler après des combats à Juba en juillet.

Un nouvel accord de paix intervient en septembre 2018 qui prévoit la formation d’un gouvernement d’union nationale.

La guerre civile, marquée par des atrocités et le recours au viol comme arme de guerre, a fait plus de 380.000 morts, pour moitié dus aux maladies et au manque d’accès aux soins.

– Pauvreté et crise humanitaire –

Près de 82% des 11 millions d’habitants vivent sous le seuil de pauvreté (Banque mondiale 2018), et le pays se classe au 186ème rang sur 189 de l’indicateur de développement humain du Pnud.

Chassés par la guerre civile, plus de quatre millions de personnes ont fui leur foyer, dont 2,2 millions sont réfugiés ou demandeurs d’asile dans les pays voisins, selon le Haut-commissariat de l’ONU pour les réfugiés (HCR).

Mi-février, les essaims de criquets qui dévastent les cultures en Afrique de l’Est sont arrivés au Soudan du Sud, dont 60% de la population est déjà menacée par la faim, sous l’effet combiné de la guerre, de la sécheresse et d’inondations.

– Économie dépendante du pétrole –

Le Sud a hérité à l’indépendance des trois quarts des réserves pétrolières du Soudan, mais reste tributaire des infrastructures du Nord pour ses exportations.

Le pétrole représente la quasi-totalité de ses exportations et plus de 40% du PNB, selon la Banque mondiale.

L’économie a pâti d’une baisse des cours de l’or noir et d’infrastructures endommagées par la guerre.

La croissance du PIB est estimée à 3,2% lors de l’année budgétaire 2018/2019, après une contraction de 3,5% l’année précédente, tandis que l’inflation a été divisée par deux à environ 60%.

C’est l’un des pays les plus affectés par la corruption selon Transparency International (178ème sur 180).

– Marais et savane –

Le Soudan du sud abrite une faune variée (antilopes, éléphants, girafes, lions…), malmenée par la guerre civile et le braconnage, mais qui pourrait permettre un essor du tourisme après le conflit.

Le pays abrite le plus grand écosystème de savane d’Afrique de l’Est qui favorise une importante migration saisonnière.

Le Sud, plus grande zone marécageuse du monde, héberge d’innombrables oiseaux et d’immenses étendues de papyrus et plantes aquatiques.

Kazakhstan: 200 arrestations avant des manifestations de l’opposition

Environ 200 personnes ont été arrêtées samedi avant des manifestations organisées par deux partis d’opposition à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, pays autoritaire d’Asie centrale.

Ex-République soviétique riche en hydrocarbures, le Kazakhstan est régulièrement critiqué par les organisations de défense des droits de l’homme pour sa répression des manifestations et de l’opposition.

Des policiers ont interpellé samedi une trentaine de militants du Parti démocratique, au moment où ils tentaient d’organiser un rassemblement de protestation à Almaty, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Ce parti, non reconnu par les autorités, comptait tenir son premier congrès qui a dû être annulé après l’arrestation récente de son chef et de plusieurs militants.

Les protestataires réclamaient notamment la libération de Janbolat Mamaï, réalisateur et l’un des fers de lance du parti, arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention pour avoir lancé cet appel à manifester. « Liberté pour Mamaï! » scandaient-ils.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont par ailleurs arrêté jusqu’à 70 personnes qui se dirigeaient vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Dans l’après-midi, la police a procédé à l’arrestation d’une centaine d’autres militants qui étaient en train de se réunir pour une manifestation séparée, organisée à l’appel du parti Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), interdit dans le pays, selon un journaliste de l’AFP.

Le militant Erik Joumabaïev, en fauteuil roulant, était parmi les manifestants détenus par la police. Il a été embarqué dans une ambulance.

Le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui avait également annoncé son intention de manifester samedi, avait été interdit par un tribunal kazakh en 2018 car considéré comme « extrémiste ».

Le régime du Kazakhstan est critiqué depuis de longues années par les ONG de défense des droits de l’homme locales et internationales pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

– Nouvelles restrictions –

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi avant son arrestation, Janbolat Mamaï avait indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés dans le courant de la semaine à des peines allant jusqu’à cinq jours de détention. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le Parti démocratique de tenir son congrès.

Il a lui-même été arrêté plus tard vendredi.

Sa femme, la journaliste Inga Imanbaï, enceinte, figure parmi les militants interpellés samedi. Elle a ensuite été relâchée.

Le chef du DCK Moukhtar Abliazov, ancien ministre de l’Energie, banquier qui vit en exil en France et opposant de longue date au régime kazakh, a estimé que la justice cherchait un prétexte pour réprimer sa formation politique.

En juin 2019, près de 4.000 personnes avaient été interpellées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a mené Kassym-Jomart Tokaïev à la présidence.

Le nouveau président s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les ONG de défense des droits de l’homme ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi sur les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, un feu vert qu’elles accordent très rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

Algérie: des milliers de personnes à Alger pour fêter les un an du « Hirak »

Plusieurs milliers de personnes sont rassemblées au coeur d’Alger samedi, jour anniversaire du déclenchement du « Hirak », le mouvement populaire de contestation inédit qui agite l’Algérie depuis un an, a constaté un journaliste de l’AFP.

Autour de la Grande Poste, lieu de regroupement historique des manifestations, est déployé un dispositif policier semblable a celui constaté les vendredis, jours de manifestation hebdomadaire dans la capitale depuis un an, mais inhabituel le samedi.

« Nous sommes venus vous dégager! », « le Peuple veut faire chuter le régime », scandent à l’adresse des dirigeants algériens les manifestants rassemblés devant le bâtiment, sans que la police n’intervienne.

« Non au pouvoir militaire, Etat civil et non militaire », est-il inscrit sur une grande banderole, en référence à l’autorité exercée de façon opaque par le haut commandement militaire sur le pouvoir civil depuis l’indépendance du pays en 1962.

Des appels à manifester samedi ont été lancés sur les réseaux sociaux pour célébrer le premier anniversaire de ce mouvement de contestation, qui continue semaine après semaine à réclamer le changement total du « système » au pouvoir.

Vendredi, la 53e manifestation hebdomadaire consécutive a drainé une foule immense dans les rues d’Alger et dans de nombreuses autres villes du pays, démentant de manière cinglante les récents propos du président Abdelmadjid Tebboune, élu en décembre, qui a affirmé que « les choses commencent à s’apaiser » dans la rue.

Le 22 février 2019, les Algériens, perçus comme résignés et dépolitisés, descendaient en masse dans les rues des grandes villes, notamment à Alger où toute manifestation est pourtant interdite, pour s’opposer à la volonté annoncée du président Abdelaziz Bouteflika, profondément diminué par la maladie, de briguer un 5e mandat.

Six semaines de manifestations de plus en plus massives ont contraint le 2 avril le haut commandement de l’armée, pilier du régime, à exiger et obtenir la démission de M. Bouteflika, au pouvoir depuis 20 ans.

Mais le « Hirak », qui exige une véritable « rupture avec les institutions actuelles » et refuse que le processus soit confié au pouvoir en place, n’a pu empêcher l’organisation d’une présidentielle en décembre et l’élection de M. Tebboune, ancien fidèle de M. Bouteflika, malgré une abstention record (plus de 60%).

Kazakhstan: une centaine d’arrestations liées à un appel à manifester

Une centaine de personnes étaient détenues samedi à Almaty, plus grande ville du Kazakhstan, après l’appel à manifester lancé par deux groupes d’opposition au gouvernement de ce pays pétrolier d’Asie centrale.

Un correspondant de l’AFP a vu des policiers interpeller une trentaine de militants du Parti démocratique, non reconnu par les autorités, qui tentaient de former un rassemblement de protestation à Almaty.

« Liberté pour Mamay! » scandaient les protestataires, en référence à Zhanbolat Mamay, réalisateur et l’un des fers de lance du parti, arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention administrative pour avoir lancé cet appel à manifester.

La femme de Zhanbolat Mamay, la journaliste Inga Imanbay, qui est enceinte, faisait partie des militants interpellés samedi mais elle a ensuite été relâchée.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont arrêté jusqu’à 70 personnes qui étaient en train de se rendre vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Le régime du Kazakhstan fait l’objet de critiques depuis de longues années de la part d’organisations de défense des droits au niveau local et international pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi, Zhanbolat Mamay a indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés jusqu’à cinq jours de détention dans le courant de la semaine. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le groupe de tenir une conférence.

Il a lui-même été arrêté plus tard dans la journée.

Un autre groupe, le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui a été interdit par un tribunal en 2018 car considéré comme « extrémiste », avait également annoncé son intention de manifester samedi.

Le chef du DCK Moukhtar Ablyazov, ancien ministre de l’Energie, banquier et opposant de longue date au régime kazakh qui vit en exil en France, a estimé que la justice cherchait simplement un prétexte pour réprimer sa formation politique.

Le président Kassym-Jomart Tokaïev s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les organisations ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi concernant les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, qu’elles accordent très rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

En juin, près de 4.000 personnes avaient été arrêtées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a vu la victoire de M. Tokaïev.

Arrivée en Côte d’Ivoire du corps de l’enfant mort dans un train d’atterrissage

La dépouille de l’adolescent ivoirien découvert mort le 8 janvier dans le train d’atterrissage d’un avion à Roissy est arrivée vendredi soir à Abidjan, selon le ministre des Transports, Amadou Koné, qui l’a accueillie.

« C’est un de nos compatriotes qui est mort dans des conditions dramatiques. Il est normal que le gouvernement apporte son soutien », a déclaré à la presse M. Koné.

Le ministre ivoirien, en compagnie des membres de la famille, a également souligné que le gouvernement a largement contribué à l’opération en vue d’organiser « des funérailles de façon digne » à la victime de 14 ans, Laurent Barthélémy Ani Guibahi, retrouvé mort dans l’aéroport parisien à bord d’un avion en provenance d’Abidjan.

« Il fallait que j’aille prendre le corps de mon enfant. Je suis soulagé, je suis content de ramener le corps de mon enfant en famille », a dit de son côté le père de la victime, Marius Ani.

Le cercueil en bois ciré gris porté par quatre personnes a pris la direction des Pompes funèbres dans le quartier de Treichville, dans le sud d’Abidjan.

La mort du jeune garçon a ému tout le pays, mais certains se sont aussi inquiétés des failles qu’elle révélait dans les mesures de sécurité autour de l’aéroport d’Abidjan, dans un pays sous la menace jihadiste.

La Côte d’Ivoire a été touchée par un attentat le 13 mars 2016 (19 morts) sur la plage de la populaire station balnéaire de Grand-Bassam, proche de l’aéroport.

Les expulsions des riverains ont commencé à la mi-janvier pour créer un périmètre de sécurité. Encadrés par un important dispositif policier, les bulldozers ont détruit des zones à l’ouest de l’aéroport, rasant notamment le village d’Aérocanal qui comptait plusieurs centaines d’habitants.

Selon les premiers éléments de l’enquête, l’enfant de 14 ans a escaladé un mur de l’aéroport puis s’est accroché aux roues de l’avion juste avant le décollage.

Lesotho: la police ne « doute pas » de la maladie du Premier ministre soupçonné de meurtre

La police du Lesotho a indiqué samedi ne pas avoir « de doute » concernant l’authenticité de la maladie du Premier ministre Thomas Thabane qui est parti vendredi en Afrique du Sud pour « raisons médicales », le jour où il devait être inculpé du meurtre de son ex-épouse.

Admettant qu’il s’agissait d’une surprenante « coïncidence », un des responsables de la police du Lesotho, Palesa Mokete, a ajouté qu’il n’avait « pas de raison de douter » de l’authenticité de la maladie de M. Thabane, âgé de 80 ans, qui l’a poussé à partir en Afrique du Sud le jour prévu de son inculpation.

Il a précisé qu’aucun mandat d’arrêt n’avait pour l’instant été émis et que « de nouvelles dispositions » seraient prises lorsque le Premier ministre serait « en état » de se présenter devant la justice pour se voir signifier son inculpation pour meurtre.

Thomas Thabane devait être officiellement accusé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, Lipolelo Thabane, assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru.

Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Le Premier ministre était convoqué vendredi devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire. Mais il ne s’est pas présenté.

Un communiqué de son bureau a informé « la nation » que M. Thabane avait quitté « le pays au petit matin aujourd’hui (vendredi) pour une urgence médicale en Afrique du Sud ».

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique. Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Kazakhstan: des dizaines d’arrestations liées à un appel à manifester

Plusieurs dizaines de personnes étaient détenues samedi à Almaty, plus grande ville du Kazakhstan, après l’appel à manifester lancé par deux groupes d’opposition au gouvernement de ce pays pétrolier d’Asie centrale.

Un correspondant de l’AFP a constaté que la police avait placé en détention au moins dix militants du parti démocratique, non officiel, qui tentaient de former un rassemblement de protestation à Almaty.

Selon des témoins, les forces de l’ordre ont arrêté jusqu’à soixante-dix personnes qui étaient en train de se rendre vers le site désigné comme lieu de la manifestation.

Le régime du Kazakhstan fait l’objet de critiques depuis de longues années de la part d’organisations de défense des droits au niveau local et international pour sa législation restrictive en matière de manifestations.

Zhanbolat Mamay, réalisateur et l’un des fers de lance du parti démocratique, a notamment été arrêté et condamné vendredi à trois jours de détention administrative.

Lors d’un entretien téléphonique avec l’AFP vendredi, il a indiqué qu' »au moins dix » membres de sa formation avaient été condamnés jusqu’à cinq jours de détention dans le courant de la semaine. Une mesure destinée, selon lui, à empêcher le groupe de tenir une conférence.

Il a lui-même été arrêté plus tard dans la journée.

Un autre groupe, le Choix démocratique du Kazakhstan (DCK), qui a été interdit par un tribunal en 2018 car considéré comme « extrémiste », avait également annoncé son intention de manifester samedi.

Le chef du DCK Moukhtar Ablyazov, ancien ministre de l’Energie, banquier et opposant de longue date au régime kazakh qui vit en exil en France, a estimé que la justice cherchait simplement un prétexte pour réprimer sa formation politique.

Le président Kassym-Jomart Tokaïev s’était engagé à réformer la législation sur le droit de manifester peu après avoir succédé à Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991 jusqu’à sa démission surprise au printemps 2019.

Mais les organisations ne sont pas satisfaites du nouveau projet de loi concernant les manifestations qui, selon elles, contient de nouvelles restrictions.

A l’heure actuelle, les militants risquent d’être arrêtés s’ils participent à des rassemblements n’ayant pas reçu le feu vert des autorités, ce qu’elles octroient rarement pour des manifestations politiques.

Plusieurs dizaines de personnes avaient été interpellées en décembre lors de manifestations antigouvernementales non autorisées.

Quelques mois plus tôt, en juin, près de 4.000 personnes avaient été arrêtées selon les autorités lors de manifestations contre l’élection présidentielle qui a vu la victoire de M. Tokaïev.

Pour les Rohingyas américains, « Citoyens de nulle part », les restrictions de Trump inquiètent

Lila Mubarak déborde de fierté en racontant le chemin qu’elle a parcouru pour obtenir la nationalité américaine. Cette réfugiée, issue de la minorité rohingya de Birmanie, a fui la persécution dans son pays natal pour refaire sa vie à Chicago, la troisième ville des Etats-Unis.

« Je suis tellement heureuse de devenir citoyenne américaine parce qu’avant, j’étais apatride », dit la jeune femme de 27 ans, qui vient d’être naturalisée.

Mais chez les quelque 8.000 Rohingyas se trouvant aux Etats-Unis, on craint d’être les derniers à avoir été accueillis.

Le président Donald Trump a en effet annoncé que la Birmanie allait être ajoutée à la liste des pays avec des restrictions d’accès aux Etats-Unis, réduisant les espoirs des Rohingyas voulant échapper à la persécution.

– Exactions et discriminations –

Le périple qui a mené Lila Mubarak jusqu’aux bords du lac Michigan est similaire à celui de nombreux Rohingyas: elle a fui la Birmanie, est passée par la Malaisie puis a mis le cap sur les Etats-Unis.

Après avoir obtenu il y a cinq ans la précieuse « green card », carte de résidence permanente, elle a suivi des cours au Centre culturel rohingya de Chicago, ville qui accueille environ un quart des Rohingyas aux Etats-Unis.

À son apogée, la population rohingya comptait environ 1,3 million de personnes en Birmanie, sur une population de 54 millions d’habitants à majorité bouddhistes.

Victimes de discriminations depuis des générations, les Rohingyas de Birmanie ont vu leurs droits se réduire à peau de chagrin.

Depuis août 2017, quelque 740.000 Rohingyas se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir les exactions de l’armée birmane et de milices bouddhistes.

Les quelque 600.000 Rohingyas qui se trouvent toujours dans des camps et des villages en Birmanie vivent dans des conditions d' »apartheid » selon Amnesty International, sans liberté de mouvement et avec un accès limité à des emplois, à l’enseignement ou à des soins.

– « Paix et harmonie » –

De nombreux Rohingyas sont donc incapables de lire et d’écrire.

Abdul Jabbar Amanullah, qui a fui la Birmanie en 2012, a été embauché au Centre rohingya, où il aide les nouveaux arrivants dans leur recherche d’un emploi.

Beaucoup d’entre eux sont embauchés comme agents de propreté à l’aéroport international O’Hare ou comme plongeurs dans un casino voisin.

« Ce sont de bons emplois pour les nouveaux arrivants rohingyas car ils ne nécessitent pas un niveau d’anglais très élevé et le salaire n’est pas mauvais », explique M. Amanullah, ajoutant que même si la plupart des Rohingyas travaillent pour 15 dollars de l’heure, quelques-uns ont pu acheter leur propre maison.

Le directeur du Centre, Nasir Zakaria, a réussi à quitter la Birmanie à 14 ans en pagayant dans un petit bateau vers le Bangladesh.

« Nous aimons particulièrement Chicago, car nous vivions dans un village en Birmanie et ici, nous sommes encore parmi des visages familiers », a affirmé M. Zakaria, le seul de sa famille à avoir atteint les Etats-Unis. « Si nous avions besoin d’aide, nous contactions quelqu’un que nous connaissions. Nous pouvons faire la même chose ici ».

M. Zakaria parle souvent en ligne aux membres de sa famille restés en Birmanie, qu’il espère revoir un jour.

« Nous voulons juste vivre comme tout le monde. Nous voulons avoir des droits, la liberté de religion et la liberté d’expression. Nous voulons vivre dans la paix et l’harmonie. C’est tout ».

– « Citoyens de nulle part » –

Les fameuses « interdictions de voyager » de Donald Trump imposent un strict contrôle à la frontière pour les ressortissants de treize pays. La Birmanie, le Nigéria, l’Erythrée, le Soudan, la Tanzanie et le Kirghizistan ont récemment été ajoutés à la liste, des restrictions entrées en vigueur vendredi.

Bien que ces restrictions ne soient pas censées concerner les réfugiés fuyant la persécution, pour Azeem Ibrahim, analyste au Center for Global Policy de Washington, leur objectif est clair: « quelqu’un dans cette administration s’est probablement rendu compte que (les Rohingyas) faisaient partie de la plus grande population réfugiée du monde », dit-il.

Et « si vous voulez arrêter les réfugiés, vous incluez l’une des populations les plus vastes », conclut-il.

Susan Chestnut, qui enseigne l’anglais et la citoyenneté au Centre rohingya de Chicago, raconte que lorsqu’elle a commencé il y a deux ans, elle a été choquée par le faible niveau d’alphabétisation de ses élèves.

« Imaginez ne pas savoir utiliser un stylo. La plupart d’entre eux n’étaient jamais allés à l’école », dit-elle.

« Je leur apprends qu’en tant que citoyens, l’une des choses les plus importantes qu’ils peuvent faire est de voter et de faire entendre leur voix », ajoute-t-elle.

« Ils n’ont jamais connu cela. Ils ne savent pas ce que c’est, d’être un citoyen. Ils sont citoyens de nulle part mais ont fait des Etats-Unis leur pays. »

Coronavirus: un Italien décédé, le nord de l’Italie se barricade

Un Italien de 78 ans est le premier Européen décédé après avoir été infecté par le nouveau coronavirus en Italie, où une partie du nord de pays s’est barricadé depuis vendredi après une quinzaine de cas de contaminations.

L’homme était hospitalisé depuis une dizaine de jours en Vénétie, dans le nord de l’Italie, pour une maladie non liée au coronavirus, selon le ministère de la Santé, mais un test a confirmé qu’il avait été contaminé.

Adriano Trevisan, maçon retraité, faisait partie de nouveaux cas répertoriés infectés en Vénétie qui sont devenus trois dans la nuit, selon les autorités locales. Tandis que cinq médecins et onze autres personnes ont été identifiés comme porteurs du nouveau coronavirus en Lombardie. A part les médecins, les autres personnes fréquentaient le même bar et le même groupe d’amis.

Sur les trois cas de Vénétie, le président de la région Luca Zaia, interrogé sur Rainews24 s’est dit perplexe samedi matin: « nous faisons faire des tests dans leur entourage, la grande question c’est l’origine (de ce foyer) car ces personnes n’avaient eu aucun contact avec des Chinois ni des contacts particuliers » avec des personnes de retour de Chine. A part le patient de 78 ans décédé dans la nuit, les deux autres cas suspects sont âgés de 66 et 67 ans.

Cette vague de contaminations a contraint les autorités italiennes à prendre des mesures drastiques.

Au total, 22 cas de contamination ont été recensés jusqu’à présent en Italie, pays le plus touché en Europe par l’épidémie de pneumonie virale qui a démarré en Chine en décembre.

Bars, écoles, églises ou encore stades: les lieux publics ont été fermés vendredi pour une semaine dans onze villes du nord de l’Italie. La mesure touche aussi les bibliothèques, les mairies, les magasins ainsi que les nombreux défilés de carnavals organisés en cette période de l’année. Les écoles étaient fermées samedi dans la grande ville proche de Cremona. Des trains ont été stoppés en gare de Milan et Lecce (Pouilles) vendredi soir le temps de faire descendre des passagers présentant des symptômes grippaux.

La décision de semi-confinement d’une dizaine de villes a été prise par le ministère de la Santé après qu’un premier foyer autochtone italien a été identifié à Codogno, près de Lodi, avec la contamination de 14 personnes dont un homme de 38 ans hospitalisé depuis mercredi.

Dans cette zone située à environ 60 km au sud-est de Milan, plus de 50.000 personnes sont priées de rester chez elles et d’éviter les lieux fermés. Au total, 40 stades et salles de sports seront fermées aux compétitions amateurs ainsi que les lieux de culte.

Le Premier ministre Giuseppe Conte, interrogé à Bruxelles par la presse italienne, s’est toutefois voulu rassurant en soulignant que l’Italie « applique un très haut niveau de précaution ».

Le photographe de l’AFP a vu des rues désertes à Codogno, localité de 15.000 habitants proche de Lodi, où six nouveaux cas italiens ont été détectés et qui a été la première à tout fermer, y compris les magasins d’alimentation. Personne non plus aux urgences de l’hôpital local à part des infirmières masquées au changement de rotations. « Beaucoup de personnes en voiture à la recherche d’un magasin ouvert », a-t-il décrit, constatant qu’une boulangerie était tout de même ouverte ainsi qu’une pharmacie.

– « Incroyable » –

« C’est incroyable: maintenant la (situation de la) Chine que nous voyions à la télévision, c’est chez nous », a confié le propriétaire d’une boulangerie interrogé par l’agence Agi.

Environ 250 personnes dont 70 médecins et aide-soignants ont été placées à l’isolement, le temps de les soumettre à des tests, après qu’elles aient été en contact avec les 14 cas de Lombardie.

Le premier cas de Codogno, un Italien de 38 ans, cadre chez Unilever, est hospitalisé en soins intensifs en état grave. Son épouse enceinte de 8 mois, un ami avec lequel il jouait au football et trois personnes qui fréquentaient un bar dans la petite ville proche de Castiglione d’Adda, font partie des cas avérés.

Au total 16 personnes ont été testées positives en Lombardie, toutes autour de Codogno, dont cinq médecins qui avaient soigné ce cadre.

Les autorités sanitaires de la Lombardie n’ont pas identifié avec certitude la personne à l’origine de la contagion, mais ce pourrait être un Italien rentré de Chine en janvier qui aurait dîné à plusieurs reprises avec le manager de 38 ans.

Les 60 employés du siège local d’Unilever à Casalpusterlengo ont été également soumis à des tests de détection du virus.

L’Italie ne comptait jusqu’à présent que trois cas de coronavirus, tous contractés hors du pays et soignés à Rome, parmi lesquels deux touristes chinois placés à un moment en thérapie intensive mais dont l’état s’est nettement amélioré ces derniers jours.

En outre, un Italien contaminé par le nouveau coronavirus et qui se trouvait sur le bateau de croisière Diamond Princess au Japon a été rapatrié samedi matin avec une trentaine de passagers italiens qui ont été placés en quarantaine.

Le Togo vote à une présidentielle sans grand suspense

Les bureaux de vote ont ouvert samedi matin au Togo où les électeurs choisiront leur président, lors d’un scrutin sans grand suspense qui devrait assurer au sortant Faure Gnassingbé un quatrième mandat face à une opposition divisée.

Quelque 3,6 millions d’électeurs sont appelés aux urnes jusqu’à 16 heures (1600 GMT) dans les quelque 9.000 bureaux de vote du pays, mais un grand nombre d’entre eux ont déjà annoncé vouloir boycotter un scrutin qu’ils ne jugent ni libre ni transparent.

A Lomé, dans la cour ensablée du lycée Kodjoviakope où Jean-Pierre Fabre, leader historique de l’opposition est attendu pour voter dans la journée, Éric, la trentaine, chauffeur, est arrivé avant 7h (locales et GMT) pour être sûr de mettre son bulletin dans l’urne avant de partir travailler.

« On souffre trop au Togo, cette fois il faut que ça change. Je ne vous dirais pas pour qui je vais voter mais cette fois on ne veut pas se faire voler la victoire », a-t-il expliqué à l’AFP, ajoutant qu’il reviendrait pour « veiller au dépouillement » dans la soirée.

Dans un autre bureau de la capitale, Balakébawi Agbang, partisan d’Unir, le parti au pouvoir, invitait ses concitoyens à « sortir massivement pour faire le bon choix ». « J’ai voté pour la continuité, afin de permettre à Faure de poursuivre le travail entamé », a-t-il confié.

« Un coup K.O.! »: dans les rues de Lomé ces derniers jours, les supporters du chef de l’Etat, reconnaissables à leur tee-shirt et casquette bleu ciel, ont continué de scander leur principal slogan pour remporter le scrutin dès le premier tour.

Les résultats sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni).

– Six candidats face à Faure –

Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis 53 ans, ne devrait pas rencontrer d’obstacle majeur à sa réélection, après avoir déjà remporté trois scrutins contestés par l’opposition et la société civile, en 2005, 2010 et 2015.

Il affronte six autres candidats, dont le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui pourrait faire figure d’outsider malgré son profil d’homme du sérail.

Le président peut se targuer d’un bilan économique plutôt positif, avec une croissance stable de 5% mais ses détracteurs dénoncent une gouvernance autoritaire et la corruption de son entourage quand la moitié de la population vit sous le seuil de la grande pauvreté, avec moins d’1,90 dollar par jour.

Le Togo a d’ailleurs connu une grave crise politique en 2017 et 2018 avec des manifestations monstres pour demander la démission du président, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est donc en un front divisé que se présentent ses leaders pour le vote.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour, mais ce scénario paraît plutôt improbable.

– « Déçus » par l’opposition –

Dans les rues de Lomé, à Sokodé (centre) ou encore à Dapaong (nord), beaucoup se sont dits « déçus » par l’opposition et ont prévenu qu’ils n’iraient pas voter.

Plusieurs partis de l’opposition ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin, et l’absence d’engouement populaire a dominé toute la campagne.

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9.000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), qui a accusé le pouvoir d’organiser une élection à « huis clos ».

Le président de la Ceni, Tchambakou Ayassor, a en outre annoncé jeudi « l’annulation du système de sécurisation électronique des résultats de vote » qui devrait se faire via un logiciel baptisé « SINCERE », alimentant doutes et spéculations sur la tenue d’un scrutin libre et transparent.

Quelque 315 observateurs internationaux issus majoritairement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) seront toutefois présents, même si le président sortant est soutenu par nombre de ses pairs africains.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

En Arabie saoudite, l’ombre du coronavirus plane sur une réunion du G20

Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales des pays du G20 entament samedi une réunion de deux jours à Ryad consacrée à l’état de l’économie mondiale et aux retombées de l’épidémie du nouveau coronavirus.

Outre un plan d’action visant à protéger l’économie mondiale de l’impact de l’épidémie, les dirigeants financiers des 20 premières économies du monde devraient discuter des moyens de parvenir à un système de taxation mondial sur le numérique plus équitable.

« Les ministres des Finances et les gouverneurs des banques centrales discuteront des perspectives économiques mondiales et des réponses politiques possibles pour soutenir la croissance et se prémunir contre les risques de récession », ont déclaré les organisateurs dans un communiqué.

« Ils examineront aussi les priorités de la présidence saoudienne du G20 (…) y compris les défis fiscaux découlant de la numérisation de l’économie », est-il ajouté dans le communiqué. Un symposium de niveau ministériel a débuté samedi matin sur ces questions. Les ministres doivent ensuite se réunir a huis clos dans l’après-midi.

La réunion en Arabie saoudite, première nation arabe à prendre la présidence du G20, sera présidée par le ministre des Finances du royaume, Mohammed al-Jadaan, et le gouverneur de la banque centrale, Ahmed al-Kholifey.

Elle a lieu alors que l’inquiétude grandit face au nouveau coronavirus qui a poussé les autorités chinoises à isoler des millions de personnes pour empêcher sa propagation, ce qui entraîne des répercussions majeures sur l’économie mondiale.

L’impact de l’épidémie, qui a fait plus de 2.300 morts, pourrait être de courte durée, mais celle-ci survient à un moment où l’état de l’économie mondiale est « fragile », a déclaré la directrice du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva, lors d’une réunion à Ryad vendredi.

Mme Georgieva a rappelé que le FMI tablait sur une forte baisse des activités en Chine suivie d’une reprise rapide, mais a averti que la situation pourrait empirer et avoir des conséquences plus désastreuses pour d’autres pays.

Pékin a décidé de ne pas envoyer de responsables à la réunion de Ryad où elle est représentée par l’ambassadeur chinois en Arabie saoudite.

« Nous suivons de près l’évolution du virus et évaluons ses effets potentiels sur la croissance économique », a déclaré à la presse un haut fonctionnaire du Trésor américain.

L’Arabie saoudite, qui a succédé au Japon à la tête du G20, accueillera un sommet des dirigeants du groupe les 21 et 22 novembre prochains.

Des groupes de défense des droits humains ont exhorté les États membres du G20 à faire pression sur le royaume qui a intensifié la répression de toute voix dissidente, emprisonnant des militantes, des journalistes et des opposants.

Chili: des milliers de manifestants à Santiago pour des réformes

Plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées vendredi dans la capitale chilienne Santiago pour protester contre le gouvernement de droite de Sebastian Piñera et pour réclamer de vastes réformes.

Comme depuis plus de quatre mois, plusieurs milliers de manifestants ont gagné à la tombée de la nuit la plaza Italia –rebaptisée par leurs soins « Place de la dignité »–.

Munis de pancartes, de drapeaux chiliens et de clubs de football, certains portant des cagoules, les manifestants ont bloqué ce point de passage important qui connecte le centre à l’est de la capitale. Une initiative qui se répète chaque vendredi depuis le début de la mobilisation le 18 octobre.

« Tout cela va durer jusqu’à ce que tout change; jusqu’à ce que tout s’améliore, la santé, l’éducation, jusqu’à ce que le Chili change », a déclaré à l’AFP Leandra Verardi, une travailleuse indépendante de 28 ans, qui a l’habitude de venir manifester sur cette place qui est l’épicentre de la protestation.

Les affrontements sont fréquents dans ce quartier de Santiago, où la police détourne la circulation routière bien en amont et où les quelques commerces encore en activité ferment leurs portes plus tôt pour éviter les violences et les abondants gaz lacrymogènes des forces de l’ordre. Après quatre mois de heurts, les rues et les trottoirs de la place sont très endommagés.

Selon les journalistes de l’AFP, des manifestants ont lancé vendredi des pierres et des bâtons tandis que les policiers anti-émeutes ont répliqué avec des canons à eau et des gaz lacrymogènes. Les manifestants ont incendié des barricades, tandis qu’au moins un véhicule a brûlé.

C’est la hausse du prix du métro qui a provoqué les manifestations mais les exigences se sont faites plus larges au fil des semaines, réclamant des réformes sociales en profondeur.

Le président Piñera, qui aura passé deux ans à la tête du Chili le 11 mars, est crédité du taux de popularité le plus bas (6%) depuis que cet indice existe.

Son gouvernement a accepté quelques réformes qui n’étaient pas prévues dans son programme, en particulier en matière de retraite et de santé.

M. Piñera a également promulgué en décembre une loi permettant l’organisation d’un référendum le 26 avril sur un changement de la Constitution, accédant à l’une des principales revendications. L’actuelle Constitution a été approuvée le 11 septembre 1980 lors d’un référendum controversé pendant la dictature militaire d’Augusto Pinochet (1973-1990).

Bernie Sanders, favori des primaires démocrates, joue gros dans le Nevada

Les électeurs démocrates du Nevada, où se trouvent les célèbres casinos de Las Vegas au milieu du désert, sont appelés samedi à choisir leur candidat pour défier Donald Trump, le grand favori Bernie Sanders se présentant fragilisé après des révélations embarrassantes sur un soutien de Moscou à sa candidature.

Troisième scrutin des primaires démocrates, le vote du Nevada pourrait encore accroître la dynamique du sénateur socialiste ou bien renforcer l’un des candidats plus modérés pour enrayer son ascension, avant l’avalanche du « Super Tuesday » le 3 mars lorsque quatorze Etats voteront.

Le course est encore longue jusqu’à l’investiture du candidat qui portera les couleurs démocrates face au républicain Donald Trump lors de l’élection présidentielle du 3 novembre.

Mais l’élan pris dans le Nevada puis en Caroline du Sud (29 février) pourrait être déterminant.

Contrairement à l’Iowa et au New Hampshire, cet Etat désertique a une population cosmopolite, avec un tiers d’habitants hispaniques. Une différence qui pourrait affecter les candidats modérés Pete Buttigieg et Amy Klobuchar, qui arrivent avec le vent en poupe mais qui sont moins populaires chez les minorités.

L’ancien vice-président Joe Biden, deuxième dans les sondages du Nevada et à l’échelle nationale, espère bénéficier de son plus grand soutien chez les minorités, après deux résultats humiliants.

La sénatrice progressiste Elizabeth Warren a repris pied dans la course grâce à une bonne performance lors d’un débat mercredi à Las Vegas.

Comme l’Iowa, le Nevada organise des « caucus » pour ses primaires, des assemblées d’électeurs qui exprimeront publiquement leur choix de candidat à partir de midi (20H00 GMT) sur quelque 2.000 sites.

– Eviter le chaos –

Après le chaos dans la publication des résultats en Iowa début février, les démocrates du Nevada cherchent à tout prix à éviter un même fiasco en simplifiant le mode de recensement des scores.

Plus de 75.000 électeurs ont déjà voté lors de scrutins anticipés dans cet Etat, selon le parti démocrate, dont une majorité participait pour la première fois à ces primaires ce qui pourrait présager une forte mobilisation.

Mais à qui profiterait-elle?

Fort de ses deux excellents résultats dans l’Iowa et le New Hampshire, Bernie Sanders, très populaire chez les jeunes séduits par son programme résolument à gauche, martèle qu’une bonne mobilisation le favorise.

Pour le contrer cette fois, ses rivaux tentent de profiter de la controverse opposant le syndicat des employés de la restauration –très puissant dans les casinos de Las Vegas– aux partisans du socialiste.

Les révélations embarrassantes publiées vendredi soir sur une ingérence de la Russie en sa faveur pourraient aussi contrarier sa candidature.

« Mon message (au président russe Vladimir) Poutine est clair: restez à l’écart des élections américaines et lorsque je serai président, je m’en assurerai », a réagi le sénateur indépendant.

M. Sanders a confirmé avoir été informé par les services de renseignement américains d’une ingérence russe dans le processus électoral de novembre mais n’a pas fait allusion au soutien spécifique à sa candidature rapporté par le Washington Post.

De son côté, Donald Trump est furieux après d’autres informations selon lesquelles les Russes cherchaient spécifiquement à l’aider à remporter la présidentielle. Une « mascarade » alimentée par les démocrates « radicaux », a-t-il accusé vendredi.

– Bloomberg absent –

De son côté, le multi-milliardaire Michael Bloomberg fait l’impasse sur les premiers Etats pour entrer en lice lors du « Super Tuesday ».

Malgré cela, la fortune de l’ancien maire de New York lui a permis de se hisser à la troisième place dans la moyenne des sondages nationaux, à coups de spots publicitaires financés avec déjà plus de 360 millions de dollars depuis novembre.

Ses rivaux l’accusent sans relâche de vouloir « acheter » l’élection.

Déjà plombé par des accusations polémiques, cet ex-républicain essuie aussi des critiques nourries depuis sa piètre performance lors de son premier débat mercredi.

Celui dont la fortune est estimée à plus de 50 milliards de dollars s’est dit prêt vendredi à affranchir d’accords de confidentialité qu’elles ont signé plusieurs femmes l’accusant d’avoir tenu des propos sexistes.

« Si cela se passe comme ça pour un débat démocrate, il est assez probable que Trump n’en fera qu’une bouchée », a jugé Bernie Sanders sur la chaîne CBS.

Les Togolais aux urnes pour élire leur président, sans grand entrain ni suspense

Les Togolais élisent samedi leur président, lors d’un scrutin sans grand suspense qui devrait assurer au sortant Faure Gnassingbé un quatrième mandat face à une opposition divisée et dont nombre de partisans ont annoncé vouloir boycotter un scrutin qu’ils ne jugent ni libre ni transparent.

« Un coup K.O.! »: dans les rues de Lomé ces derniers jours, les supporters du chef de l’Etat, reconnaissables à leur tee-shirt et casquette bleu ciel, continuaient de scander ce qui est devenu au fil des semaines leur principal slogan.

« Nous, les partisans du grand parti UNIR, nous voulons que notre champion passe dès le premier tour, et c’est fini », expliquait l’un d’eux, Komi Ladjo, à l’AFP.

Quelque 3,6 millions d’électeurs togolais sont appelés aux urnes dans plus de 9.000 bureaux de vote de 7h à 16h. 10.000 policiers et gendarmes seront déployés dans tout le pays pour sécuriser le processus.

Les résultats sont attendus en début de semaine, selon des sources au sein de la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), qui a assuré vendredi soir que tout était prêt pour le scrutin.

Faure Gnassingbé, dont la famille est à la tête de ce pays d’Afrique de l’Ouest depuis 53 ans, ne devrait pas rencontrer d’obstacle majeur à sa réélection, après avoir déjà remporté trois scrutins contestés par l’opposition et la société civile, en 2005, 2010 et 2015.

Il affronte six autres candidats, dont le leader historique de l’opposition Jean-Pierre Fabre, de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et l’ancien Premier ministre Agbéyomé Kodjo, qui pourrait faire figure d’outsider malgré son profil d’homme du sérail.

Le président peut se targuer d’un bilan économique plutôt positif, avec une croissance stable de 5% mais ses détracteurs dénoncent une gouvernance autoritaire et la corruption de son entourage quand la moitié de la population vit sous le seuil de la grande pauvreté, avec moins d’1,90 dollar par jour.

Le Togo a d’ailleurs connu une grave crise politique en 2017 et 2018 avec des manifestations monstres pour demander la démission du président, mais le Parlement a finalement approuvé une modification de la Constitution lui permettant de se représenter en 2020 et en 2025.

La coalition de l’opposition, la C14, à l’origine des manifestations, n’a pas survécu à cet échec et c’est donc en un front divisé que se présentent ses leaders pour le vote.

– Absence d’engouement –

Dans les rues de Lomé, à Sokodé (centre) ou encore à Dapaong (nord), beaucoup se sont dits « déçus » par l’opposition et ont prévenu qu’ils n’iraient pas voter.

Plusieurs partis de l’opposition ont d’ailleurs décidé de boycotter le scrutin, et l’absence d’engouement populaire a dominé toute la campagne.

Les affiches géantes « Faure, croire en notre futur », placardées partout, rappellent combien le rapport de forces est inégal avec ses principaux rivaux, bien moins visibles, comme « Fabre, la force du courage et de la détermination » et « Kodjo, la chance de l’alternance ».

« Faure a utilisé tout ce qui appartient à l’Etat. Les bus de l’Etat. Même la compagnie téléphonique de l’Etat nous envoie des messages : « Votez Faure ». C’est David contre Goliath », explique Clément, un militant de l’opposition.

Les candidats de l’opposition ont toutefois prévenu qu’ils s’uniraient pour faire barrage à Faure Gnassingbé en cas de second tour, mais ce scénario paraît plutôt improbable.

« Notre candidat a été plusieurs fois candidat, mais on lui a volé la victoire a chaque fois ! Cette fois-ci, on ne peut plus lui voler, c’est lui qui va remporter la victoire », voulait pourtant croire Nyagniko, une militante de l’ANC.

Cette semaine, 500 observateurs de la société civile ont perdu leur accréditation, accusés d’ingérence dans le processus électoral, s’ajoutant aux 9.000 observateurs du conseil épiscopal Justice et Paix qui n’ont pas non plus été autorisés à surveiller le vote.

« Cela nous laisse vraiment perplexes et dubitatifs sur l’issue de ce scrutin », a regretté David Dosseh, du Front citoyen Togo debout (FCTD), qui a accusé le pouvoir d’organiser une élection à « huis clos ».

Le président de la Ceni, Tchambakou Ayassor, a en outre annoncé jeudi « l’annulation du système de sécurisation électronique des résultats de vote » qui devrait se faire via un logiciel baptisé « SINCERE », alimentant doutes et spéculations sur la tenue d’un scrutin libre et transparent.

Quelque 315 observateurs internationaux issus majoritairement de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cédéao) et de l’Union africaine (UA) seront toutefois présents, même si le président sortant est soutenu par nombre de ses pairs africains.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Le Dalaï Lama fête, en exil, ses 80 ans de leader spirituel du Tibet

Le Dalaï Lama fête samedi ses 80 ans en tant que leader spirituel du Tibet, une fonction qu’il a presque entièrement occupée en exil, sous les attaques constantes de la Chine.

A des centaines de kilomètres de l’immense palais Potala de Lhassa, le leader bouddhiste s’adresse depuis 1959 à ses compagnons tibétains d’exil depuis Dharamsala, au pied de l’Himalaya indien.

Mais il reste contre vents et marées le visage universellement reconnu de l’autonomie du Tibet, devenu province chinoise à part entière depuis 1951. Lauréat du prix Nobel de la paix en 1989, le vieux leader bouddhiste est désormais moins en vue.

Le charismatique quatorzième dalaï lama a ralenti le rythme de ses déplacements, autrefois soutenu, et a été hospitalisé en avril pour une infection pulmonaire, mais son aura pâtit également de l’influence grandissante de la Chine, et des représailles qu’elle agite régulièrement envers tous ceux qui sont tentés par un rapprochement avec le vieux leader bouddhiste.

Pékin accuse le dalaï lama, âgé de 84 ans, de vouloir diviser la Chine et le considère comme un « loup en robe de moine ».

– Sans commémoration –

Son bureau a d’ores et déjà prévenu que cet anniversaire se ferait sans commémoration, après avoir annulé un rassemblement de ses fidèles, prévu en mars, pour cause de coronavirus.

Né le 6 juillet 1935 sous le nom de Lhamo Dhondup, fils d’un couple de modestes fermiers des collines du nord-est tibétain, l’enfant a deux ans quand arrive dans son village une expédition en quête du nouveau leader spirituel du Tibet.

Capable de désigner des objets ayant appartenu au treizième dalaï lama, décédé en 1933, le garçon est proclamé comme sa réincarnation. Séparé de sa famille, il est emmené dans un monastère puis à Lhassa, où il reçoit une austère éducation théologique et philosophique, avant d’être intronisé quatorzième dalaï lama en 1939.

En 1950, alors âgé de 15 ans, il est intronisé à la hâte chef de l’Etat tibétain après l’entrée de l’armée chinoise au Tibet. En dépit de ses efforts pour protéger les Tibétains, il est contraint de fuir en 1959 vers l’Inde voisine, après la répression sanglante lancée par l’armée chinoise contre des manifestants tibétains.

Depuis, à la tête d’un gouvernement en exil, il a cherché sans relâche un compromis avec Pékin sur le sort des Tibétains, basé d’abord sur une revendication d’indépendance qui a lentement évolué vers une demande de plus grande autonomie.

Les militants tibétains comme Pékin savent que la mort de Tenzin Gyatso, le plus célèbre moine bouddhiste de la planète, pourrait porter un coup d’arrêt à la quête d’autonomie de la région himalayenne.

La façon dont sera choisi son successeur reste également posée.

Les bouddhistes tibétains choisissent traditionnellement le dalaï lama à travers une quête rituelle, qui peut prendre plusieurs années, avec un comité itinérant qui recherche des signes qu’un jeune enfant puisse être la réincarnation du dernier chef spirituel.

Le quatorzième dalaï lama pourrait néanmoins décider d’un processus non traditionnel qui empêcherait la Chine d’avoir son mot à dire: il pourrait choisir lui-même, de son vivant, son successeur, peut-être une fille, ou décréter qu’il est le dernier dalaï lama.

Soudan du Sud: le chef rebelle Riek Machar a été nommé vice-président

Le chef rebelle sud-soudanais Riek Machar a été nommé officiellement premier vice-président vendredi soir et prêtera serment samedi, selon un décret lu à la télévision.

Le président Salva Kiir et M. Machar sont convenus jeudi de former un gouvernement d’union nationale à la date butoir de samedi, pour tenter de mettre fin à six années d’une guerre civile dévastatrice.

M. Machar, qui a déjà été vice-président par deux fois entre 2011 et 2013, puis brièvement en 2016, devait initialement prêter serment vendredi. Mais la cérémonie a finalement été repoussée à samedi.

« Aujourd’hui (vendredi), son excellence le président publiera un décret présidentiel pour la nomination des vice-présidents et la dissolution des institutions à l’échelon national et régional », avait indiqué à l’AFP le ministre de l’Information, Michael Makuei.

Conformément à l’accord de paix signé en septembre 2018, M. Machar deviendra premier vice-président. Pour les quatre autres postes de vice-président, un consensus a été atteint seulement pour trois: un vice-président actuel et ancien allié de M. Machar, Taban Deng Gai, James Wani Igga du parti de M. Kiir, et Rebecca Nyandeng, ancienne ministre et ancienne alliée de M. Kiir devenue opposante.

« Les vice-présidents prêteront serment demain (samedi) et ensuite nous continuerons le processus pour la nomination du gouvernement, des gouverneurs des 10 États et des trois administrateurs en chef des zones administratives », a ajouté M. Makuei.

La formation d’un gouvernement d’union nationale était le point clé de l’accord de paix de 2018 et la date limite pour y parvenir avait été fixée au 22 février.

Les deux précédents échéances pour former ce gouvernement n’avaient pas été respectées, des désaccords persistant sur la création d’une armée nationale unifiée, le nombre d’États régionaux et les garanties portant sur la sécurité de M. Machar.

La proposition de M. Kiir dimanche de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, plus trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), a contribué à débloquer la situation.

M. Machar a d’abord rejeté cette concession du président, en contestant le statut proposé de Ruweng, une région essentielle pour la production de pétrole, mais sans que cela empêche l’accord sur le gouvernement.

Les deux hommes « continueront à résoudre le problème » une fois le gouvernement formé, a précisé vendredi à l’AFP Manawa Peter Gatkuoth, l’un des porte-parole de M. Machar.

Ce dernier vivait en exil depuis l’échec d’une précédente tentative de gouvernement d’union en 2016, qui avait pris fin abruptement quand d’intenses combats avaient opposé ses troupes à celles de M. Kiir à Juba.

Le président Kiir a annoncé jeudi que ses hommes seraient chargés de la sécurité de la capitale, ainsi que de celle de M. Machar.

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

Avec un retrait d’Afghanistan, Trump veut tenir une promesse électorale

Donald Trump est souvent accusé de se comporter sur la scène internationale comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, mais avec l’accord avec les talibans annoncé pour la semaine prochaine, il espère pouvoir tenir une importante promesse électorale, en pleine campagne présidentielle.

« C’est au président que revient le crédit » d’un accord, indiquait récemment un haut responsable de l’administration américaine, avant l’annonce vendredi d’une trêve partielle ouvrant la voie à des discussions inter-afghanes et un retrait des forces américaines du pays.

L’opinion américaine est très favorable à un retrait d’Afghanistan après plus de 18 ans d’un conflit meurtrier qui n’a pas permis d’infliger une défaite aux talibans mais qui continue de faire des victimes, en vain.

Les opposants à Donald Trump estiment que si la guerre prend fin, ce sera malgré la politique étrangère souvent imprévisible du président américain, et non grâce à elle.

Mais Donald Trump et ses partisans pourront argumenter avant les élections de novembre qu’il a tenu sa promesse de mettre fin à une guerre impopulaire.

« Le président appellera ça une victoire et retirera des forces américaines pour montrer qu’il a gagné et sa base applaudira », estime Robert Guttman, professeur à la Johns Hopkins University.

– Déstabilisateur en chef –

Comme il le fait dans son pays, le milliardaire républicain a cherché à déstabiliser ou tout simplement ignorer les dynamiques traditionnelles de la scène internationale. Il a couvert d’insultes les alliances les plus anciennes des Etats-Unis, avec les Européens et l’Otan, et a couvert de louanges les rivaux des Etats-Unis, la Russie et la Chine.

Avec son bagou de promoteur immobilier new-yorkais, Donald Trump a tenté de remporter des victoires diplomatiques que ses prédécesseurs considéraient comme impossible, avec un succès très mitigé.

Il pensait que sa touche personnelle débloquerait l’impasse avec la Corée du Nord, mais après trois rencontres historiques avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un, Pyongyang n’a pas bougé sur son programme nucléaire.

Il pensait que sa campagne de « pression maximum » forcerait l’Iran à négocier: il a imposé des sanctions sévères au régime de Téhéran, s’est retiré d’un accord international qui avait permis de limiter les ambitions nucléaires du régime, et a même fait tuer le responsable militaire le plus influent du pays.

Mais là aussi, c’est l’impasse. Le président Trump a notamment avoué avoir envisager de bombarder des cibles iraniennes avant d’annuler l’opération à la dernière minute.

Il a promis de mettre un terme aux « guerres sans fin », sans succès jusque-là.

Une force réduite a reçu l’ordre de quitter la Syrie, pour ensuite se voir ordonner de rester, donnant un avantage stratégique énorme au régime syrien et à son allié russe.

Mais en Afghanistan, il pourrait enfin avoir trouvé ses marques.

– Des incertitudes –

L’annonce simultanée d’un accord par le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo et par les talibans est une étape importante.

Les deux parties espèrent signer un accord le 29 février, si la baisse des violences devant s’amorcer samedi et durer une semaine est concluante, ce qui constituerait un pas en avant historique en vue de pourparlers de paix en Afghanistan.

Les choses pourraient encore tourner mal, en partie à cause de la nature imprévisible de Donald Trump.

Pas plus tard qu’en septembre, Trump étonnait le monde entier en tweetant qu’il avait invité les talibans à Camp David. La rencontre avait été annulée.

Ses opposants l’avaient alors accusé d’avoir voulu réussir un coup politique en utilisant les pires ennemis des Etats-Unis.

Mais pour l’exécutif, c’est la décision brutale de M. Trump de suspendre les négociations qui a persuadé les talibans de faire plus d’efforts, pour convaincre les Etats-Unis qu’ils étaient sérieux.

« C’est le tweet du président et la décision qu’il a prise », a indiqué le haut responsable de l’administration.

Mais pour le professeur Guttman, « avec Trump, rien n’est jamais certain, ni 100% vrai ».

Cela constitue néanmoins une belle histoire pour la campagne électorale, ajoute-t-il. « Trump va appeler ça une grande victoire et un super accord diplomatique que personne d’autre que lui n’aurait pu obtenir ».

La campagne démocrate s’emballe dans le Nevada, Sanders en favori

Les candidats aux primaires démocrates sillonnaient vendredi le Nevada, à la veille d’un troisième vote qui pourrait donner à Bernie Sanders une impulsion décisive vers l’investiture du parti pour défier Donald Trump, ou propulser un rival capable d’enrayer son ascension.

Organisé dans les casinos de Las Vegas jusque dans les régions désertiques de cet Etat de l’Ouest américain, le scrutin pourrait encore accroître la dynamique du sénateur indépendant avant l’avalanche de votes du « Super Tuesday », début mars, et le rapprocher d’un duel avec le républicain lors de la présidentielle de novembre.

Fidèle à sa nouvelle tradition, Donald Trump s’invitera vendredi dans le Nevada à la mi-journée pour un meeting de campagne juste avant le vote démocrate.

A coup de tweets et de discours moqueurs devant ses milliers de partisans, le président républicain se délecte de la bataille des primaires démocrates, affublant les candidats de surnoms moqueurs.

Mais il était furieux vendredi après la révélation que les Russes étaient à pied d’oeuvre, de façon souterraine, pour l’aider à remporter la présidentielle, selon le renseignement américain. Une « campagne de désinformation », selon lui, des démocrates.

– Sanders contre Bloomberg –

Faisant campagne sur un programme résolument à gauche, Bernie Sanders dispose d’un net avantage dans la moyenne des (rares) sondages portant sur le Nevada: il affiche 30% des intentions de vote, loin devant l’ancien vice-président modéré Joe Biden (16%).

L’ex-maire Pete Buttigieg et la sénatrice Elizabeth Warren suivent dans un mouchoir de poche (autour de 14%), devant le milliardaire Tom Steyer (10%).

L’autre milliardaire engagé dans la course démocrate, Michael Bloomberg, fait l’impasse, dans un choix rarissime, sur les premiers Etats pour entrer en lice lors du « Super Tuesday » le 3 mars, lorsque 14 Etats voteront.

Cet ex-républicain essuyait encore vendredi des critiques nourries après sa piètre performance lors d’un débat mercredi.

« Si cela se passe comme ça pour un débat démocrate, il est assez probable que Trump n’en fera qu’une bouchée », a jugé Bernie Sanders, dans un extrait d’entretien diffusé sur la chaîne CBS.

Comme la plupart de ses rivaux, il s’est encore indigné du montant inédit que dépense le multi-milliardaire pour financer sa campagne: déjà plus de 360 millions de dollars en spots publicitaires, selon Advertising Analytics, tirés de sa fortune.

« Nous sommes en démocratie. Chaque personne vaut un vote. Un type qui vaut 60 milliards de dollars ne peut pas acheter une élection », a lancé M. Sanders.

Mais la fortune de l’ancien maire de New York l’a déjà fait gagner en notoriété et propulsé à la troisième place dans la moyenne des sondages nationaux.

Certains démocrates s’inquiètent donc de voir le parti se déchirer dans un duel entre MM. Bloomberg et Sanders, des candidats aux deux pôles opposés pour les électeurs démocrates.

D’où la tentative frénétique chez les prétendants démocrates à la Maison Blanche de se présenter en candidat du rassemblement, plus au centre.

– Eviter le fiasco –

Déjà plus de 75.000 électeurs démocrates ont voté lors de scrutins anticipés organisés dans le Nevada, selon le parti démocrate, dont une majorité participait pour la première fois à ces primaires, ce qui pourrait laisser attendre une forte mobilisation.

Mais à qui profitera-t-elle?

Derrière le favori Bernie Sanders, la progressiste Elizabeth Warren a retrouvé de l’élan, et des financements, grâce à sa bonne performance lors du débat. La sénatrice a levé quelque cinq millions de dollars après l’émission.

Sur le terrain, le modéré Pete Buttigieg dispose aussi d’une bonne organisation. Pour contrer Bernie Sanders, il tente, lui aussi, de profiter de la controverse qui oppose le syndicat des employés de la restauration, très puissant dans les casinos de Las Vegas, aux partisans du socialiste.

Comme l’Iowa, le Nevada organise des « caucus » pour ses primaires, des assemblées d’électeurs qui exprimeront publiquement leur choix de candidat samedi à partir de la mi-journée.

Après le chaos dans la publication des résultats de ce premier Etat, les démocrates du Nevada cherchent à tout prix à éviter un même fiasco.

Le coronavirus en France: 1 décès, 10 guéris, 1 hospitalisé

Sur les douze cas avérés en France d’infection au nouveau coronavirus, un Britannique est toujours hospitalisé à Lyon, un Chinois est mort à Paris et les dix autres patients sont guéris. Plus d’une soixantaine de Français sont par ailleurs encore en quarantaine dans l’Hexagone.

– Un octogénaire décédé

Après plusieurs jours en réanimation à l’hôpital Bichat à Paris, un touriste chinois de 80 ans meurt le 14 février. Son décès annoncé le lendemain est le seul à ce jour en Europe.

Arrivé en France le 23 janvier, cet homme originaire de la province de Hubei avait, dans un premier temps, consulté les urgences de l’hôpital européen Georges Pompidou le 25 janvier mais n’avait pas été repéré comme un cas suspect car il ne correspondait pas aux critères. Il avait de la fièvre mais ni toux ni signe respiratoire et ne venait pas de Wuhan, épicentre de l’épidémie, mais d’une ville à 400 km au nord.

Il a ensuite développé des problèmes respiratoires qui ont motivé un changement de son classement et le test s’est révélé positif le 28 janvier.

– Dix guérisons

+ La fille de 50 ans du patient décédé, contaminée et hospitalisée à Bichat, a été déclarée guérie.

+ Un couple de Chinois, qui avaient fait partie des premiers cas annoncés le 24 janvier, est sorti de l’hôpital le 12 février. L’homme de 31 ans et la femme de 30 ans originaires de Wuhan étaient arrivés en France le 18 janvier.

+ Le 13 février, un patient de 48 ans a pu sortir à son tour après 22 jours d’hospitalisation à Bordeaux. Cet homme d’origine chinoise était rentré en France le 22 janvier après être notamment passé par Wuhan. Il avait été hospitalisé après s’être présenté à SOS-Médecins avec toux et fièvre. Selon l’équipe médicale, il été traité avec du remdesivir, un antiviral « prometteur ».

+ Un médecin hospitalisé à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, est sorti le 14 février. Ce premier cas avéré de transmission sur le sol français avait été annoncé le 30 janvier: il s’agit d’un médecin libéral qui a été contaminé par un patient chinois, parti ensuite pour Taïwan où il a déclaré la maladie.

Le chef de service des maladies infectieuses de cet hôpital, le professeur Eric Caumes, a indiqué à France 2 que ce patient avait suivi un traitement expérimental, basé sur des molécules utilisées « dans d’autres maladies virales ».

+ Six Britanniques, dont un enfant, avaient été contaminés par un compatriote de retour de Singapour qu’ils avaient côtoyé dans un chalet des Contamines-Montjoie (Haute-Savoie) où il avait séjourné quelques jours fin janvier avant de repartir dans son pays.

Les six, qui sont les derniers cas avérés en France, avaient été hospitalisés à Grenoble, à Lyon et Saint-Etienne. Cinq d’entre eux ont pu ressortir depuis.

– Un patient encore hospitalisé

« Il ne reste aujourd’hui qu’un seul patient hospitalisé, à Lyon, dont nous attendons la sortie prochaine », a indiqué vendredi le nouveau ministre de la Santé Olivier Véran.

Il s’agit du sixième et dernier Britannique dont l’état de santé « n’inquiète pas les médecins », a commenté vendredi soir le Directeur général de la santé Jérôme Salomon.

– Plus 350 passages en quarantaine

Depuis le début de l’épidémie, plus de 350 personnes ont été placées en quarantaine en France après avoir été rapatriées de Wuhan en quatre vagues: trois avions affrétés par la France sont arrivés les 31 janvier, 2 février et 21 février avec à leur bord ressortissants français et étrangers, et un vol opéré par les Britanniques, via Londres, le 9 février.

Certains passagers étrangers sont repartis directement dans leur pays. Les Français et étrangers restés en France ont été confinés pendant 14 jours, durée maximale d’incubation du virus, dans trois lieux.

Les 225 accueillis dans un centre de vacances à Carry-le-Rouet (Bouches-du-Rhône) sont tous déjà ressortis, d’abord 181 le 14 février puis 44 le 16 février.

Sur les 113 hébergés dans un centre de formation des officiers de sapeurs-pompiers à Aix-en-Provence, 78 sont sortis le 16 février. Les 35 personnes arrivées via Londres ne doivent ressortir que dimanche 23 février.

La quatrième vague de 28 Français est arrivée ce vendredi dans un centre de vacances du village de Branville, dans le Calvados.

– Les Français du Diamond Princess

Quatre Français étaient à bord du paquebot Diamond Princess, placé en quarantaine au Japon et qui reste le plus important foyer de contagion hors de Chine.

Trois d’entre eux ont été testés positifs et hospitalisés au Japon, le quatrième est un membre d’équipage toujours à bord.

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La guerre en Afghanistan en chiffres

La guerre en Afghanistan, lancée le 7 octobre 2001 en réponse aux attentats du 11-Septembre, est la plus longue que les Etats-Unis aient jamais menée. Voici les chiffres-clés de ce conflit que l’accord avec les talibans cherche à conclure.

– LES EFFECTIFS –

L’Otan s’est engagé en Afghanistan dès décembre 2001 mais les Etats-Unis ont fourni tout au long du conflit le plus gros contingent militaire, qui a atteint jusqu’à 98.000 soldats au plus fort des combats, en 2011, selon les chiffres du Pentagone.

En février 2020, quelque 16.500 militaires venus de 38 pays étaient encore déployés en Afghanistan pour participer à l’opération Resolute Support (RS) de l’Otan, qui n’a aujourd’hui plus officiellement qu’une mission de formation et d’assistance à l’armée afghane, selon les derniers chiffres de l’Alliance atlantique.

Les Etats-Unis fournissent encore le plus gros contingent de l’opération avec 8.000 militaires, suivis de l’Allemagne (1.300 soldats), le Royaume-Uni (1.100), l’Italie (900), la Géorgie (870) et la Roumanie (800).

La France, qui a eu jusqu’à 4.000 soldats en Afghanistan en 2010, s’est retirée du pays en 2012.

Outre leur participation à Resolute Support, plusieurs milliers de militaires américains participent sur le sol afghan à l’opération américaine Freedom’s Sentinel.

Le Pentagone ne publie pas le nombre exact de ses troupes participant à cette opération antijihadiste, mais il estime à « environ 14.000 militaires » le déploiement américain total en Afghanistan, bien que le président Donald Trump ait mentionné plusieurs fois le chiffre de 13.000.

– LES PERTES –

Ce sont les Etats-Unis, au sein de la coalition, qui ont payé le prix humain le plus fort en Afghanistan avec 1.909 militaires tués à l’ennemi et 20.717 blessés au 20 février, selon les chiffres du Pentagone.

Parmi les autres pays membres de la coalition, c’est le Royaume-Uni qui a subi le plus de pertes, avec 454 morts, suivi du Canada (157) et de la France (89 morts), selon les chiffres du site icasualties.org, qui compile les morts et les blessés des guerres en Irak/Syrie et en Afghanistan.

Le gouvernement afghan a cessé de publier les pertes dans les rangs de l’armée afghane, qui sont très élevées. L’ONU évalue entre 32.000 et 60.000 le nombre de civils afghans tués dans ce conflit.

– LE COÛT –

Au 30 septembre 2019, le Pentagone évaluait officiellement le coût des opérations militaires en Afghanistan à 776 milliards de dollars depuis 2001, dont 197,3 milliards destinés à la reconstruction du pays et de ses institutions.

Mais selon une étude de la Brown University publiée fin 2019, le coût des guerres américaines est bien supérieur au budget du seul Pentagone: l’aide accordée par le département d’Etat n’est pas comptabilisée, pas plus que les opérations des services de renseignement ou encore les coûts médicaux des milliers d’anciens combattants blessés dans ce conflit.

En tenant compte de tous ces facteurs, les chercheurs de Brown évaluent à 6.400 milliards le coût total des guerres antijihadistes menées par les Etats-Unis en Irak, en Syrie, en Afghanistan et ailleurs depuis 2001.

Lesotho: sur le point d’être inculpé de meurtre, le Premier ministre part en Afrique du Sud

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane, sur le point d’être inculpé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, est « parti » pour l’Afrique du Sud voisine, officiellement pour « raisons médicales », nouveau coup de théâtre dans ce feuilleton politico-judiciaire.

« S’il est établi qu’il a en réalité essayé d’éviter l’inculpation, nous lancerons un mandat d’arrêt » contre le Premier ministre, a prévenu le numéro 2 de la police du Lesotho, Paseka Mokete.

Thomas Thabane devait être officiellement accusé vendredi du meurtre de sa précédente épouse, Lipolelo Thabane, assassinée le 14 juin 2017 alors qu’elle rentrait chez elle en voiture dans la capitale Maseru.

Ce crime est intervenu deux jours seulement avant la prestation de serment de Thomas Thabane au poste de Premier ministre. Le couple était alors en instance de divorce.

Après avoir piétiné pendant plus de deux ans, l’enquête s’est accélérée ces dernières semaines.

La nouvelle épouse de Thomas Thabane, Maesaiah, âgée de 43 ans, a été inculpée début février du meurtre de sa rivale. Elle est actuellement en liberté sous caution, une mesure qui a choqué dans le petit royaume d’Afrique australe.

Vendredi, le Premier ministre lui-même était convoqué devant un tribunal de Maseru pour se voir notifier formellement son inculpation pour meurtre dans cette même affaire.

« Il ne vient pas au tribunal, il est parti pour un contrôle médical en Afrique du Sud », a cependant annoncé à l’AFP son secrétaire, Thabo Thakalekoala, précisant que Thomas Thabane, âgé de 80 ans, était arrivé jeudi en Afrique du Sud voisine.

« C’est un contrôle de routine. Il va régulièrement en Afrique du Sud », a ajouté Thabo Thakalekoala. « Quand les médecins estimeront qu’il va bien, ils le laisseront partir », a-t-il encore dit.

« Nous avons été informés qu’il est parti pour un contrôle médical de routine », a confirmé le numéro 2 de la police, Paseka Mokete. « Selon des sources, il est en Afrique du Sud. On attend de parler avec son avocat qui doit nous dire où il se trouve exactement », a-t-il ajouté.

La police a assuré avoir « beaucoup d’éléments contre le Premier ministre ». « Son téléphone n’est pas la seule preuve que vous avons. Il y a plein d’autres preuves », a affirmé Paseka Mokete sans plus de détails.

Un appel téléphonique suspect, passé depuis le téléphone portable du Premier ministre, a été localisé à l’endroit du meurtre le jour du crime, selon la police.

– « Thriller » –

Empêtré dans ce scandale à la tête de l’Etat, le parti de Thomas Thabane, la Convention de tous les Basotho (ABC), fait pression depuis des semaines sur le Premier ministre pour qu’il démissionne.

En début de semaine, il lui a donné un ultimatum lui ordonnant de quitter son poste d’ici à jeudi.

Jeudi précisément, Thomas Thabane a fait une allocution à la nation pour annoncer qu’il démissionnerait d’ici « fin juillet », invoquant son âge avancé.

« La réalité est qu’à mon âge, j’ai perdu l’essentiel de mon énergie », a-t-il expliqué.

Toute cette affaire politico-judiciaire « est un feuilleton sans fin, presqu’un thriller », a déclaré vendredi à l’AFP Liesl Louw-Vaudran, analyste à l’Institut pour les études sur la sécurité (ISS) basé à Pretoria.

Le Lesotho, petit pays d’Afrique australe enclavé dans l’Afrique du Sud, est coutumier des épisodes d’instabilité politique.

Au cours de la dernière décennie, aucun Premier ministre n’a fini son mandat de cinq ans.

Avant de prendre ses fonctions de chef de gouvernement en juin 2017, Thomas Thabane avait déjà occupé ce poste de 2012 à 2015. Il avait été contraint momentanément à l’exil en Afrique du Sud après une tentative de coup d’Etat militaire en 2014.

Lors de sa dernière investiture, le 16 juin 2017, deux jours seulement après le meurtre de Lipolelo Thabane, Thomas Thabane avait prêté serment aux côtés de celle qui allait devenir sa nouvelle épouse, Maesaiah.

Le couple a ensuite assisté aux obsèques de Lipolelo Thabane, avant de convoler en justes noces deux mois plus tard.

Présidentielle: comme en 2016, les Russes à la manoeuvre pour aider Trump

On prend les mêmes et on recommence ? Exactement comme il y a quatre ans, les Russes sont à pied d’oeuvre, de façon souterraine, pour aider Donald Trump à remporter la présidentielle, assurent les renseignements américains.

Cette révélation, faite à des parlementaires du Congrès lors d’un briefing censé rester confidentiel, a vivement irrité le président, convaincu que l’opposition allait s’en emparer pour affirmer, comme en 2016, qu’il ne pouvait remporter la Maison Blanche que grâce à un coup de pouce de Moscou.

Selon le New York Times, le président a été particulièrement courroucé par la présence à ce briefing, remontant au 13 février, d’Adam Schiff, le démocrate qui a dirigé l’enquête parlementaire qui a déclenché sa mise en accusation au Congrès. Une procédure qui a finalement abouti à l’acquittement de M. Trump.

Le milliardaire républicain a dans la foulée annoncé mercredi le limogeage de son chef du renseignement par intérim, Joe Maguire, et son remplacement par un de ses fidèles. C’est en effet une collaboratrice de M. Maguire, Shelby Pierson, qui a informé les parlementaires, parmi lesquels M. Schiff.

Ce dernier a réagi jeudi soir en accusant Donald Trump de s’accommoder volontiers de cette aide russe illégale, tout comme le 45e président américain a toujours nié avoir bénéficié des piratages des services secrets russes qui avaient révélé des emails embarrassants du parti démocrate qui avaient plombé la campagne d’Hillary Clinton en 2016.

« Nous comptons sur les services de renseignement pour informer le Congrès de toute menace d’ingérence étrangère dans nos élections. Si les informations sont vraies et que le président interfère avec cela, alors il est de nouveau en train de mettre en péril nos efforts visant à arrêter toute ingérence étrangère. Exactement comme nous avions prévenu qu’il le ferait », a tweeté Adam Schiff.

– « Paranoïa » –

De son côté la Russie a mis vendredi sur le compte de la « paranoïa » les nouvelles accusations des responsables du renseignement américain, dont on ne connaît pas encore les détails.

« Cela n’a rien à voir avec la vérité », a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, dénonçant « de nouveaux messages paranoïaques qui seront malheureusement de plus en plus fréquents à fur et à mesure que les élections approchent » aux Etats-Unis.

Moscou a toujours démenti toute implication dans l’élection présidentielle de 2016, à l’aide de hackers et de « trolls » russes sur les réseaux sociaux, malgré un consensus des agences fédérales américaines sur le sujet.

M. Trump a pour sa part toujours assuré ne pas avoir eu besoin de Moscou pour parvenir à la Maison Blanche.

« Le président est dans le déni concernant l’ingérence étrangère dans les élections depuis trois ans parce que son ego ne peut pas accepter que la Russie soit intervenue en sa faveur », a dénoncé le démocrate Bennie Thompson, président de la commission sur la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants.

« En limogeant M. Maguire parce que son personnel a présenté les conclusions franches des services de renseignement au Congrès sur l’ingérence russe dans l’élection présidentielle de 2020, le président ne refuse pas seulement de défendre (le pays) contre les ingérences étrangères, il les encourage », a-t-il ajouté dans un communiqué.

Pour remplacer M. Maguire, Donald Trump a choisi Richard Grenell, l’actuel ambassadeur des Etats-Unis en Allemagne qui, selon les démocrates, manque de l’expérience nécessaire pour un poste où il supervisera 17 agences fédérales, dont la CIA. La Maison Blanche a assuré que M. Grenell aurait une « approche impartiale ».

Syrie: effervescence diplomatique autour d’Idleb, Ankara sur le qui-vive

L’arrêt des combats dans la province rebelle syrienne d’Idleb, en proie à une violente offensive du régime et de Moscou, était vendredi au coeur d’une intense activité diplomatique qui devait culminer avec un entretien téléphonique entre les présidents turc et russe, acteurs clefs du conflit.

Avant cet entretien, annoncé pour 15H00 GMT par Ankara et Moscou, M. Erdogan a discuté au téléphone de la situation à Idleb avec les dirigeants français Emmanuel Macron et allemande Angela Merkel qu’il a appelés à « des actions concrètes pour empêcher une catastrophe humanitaire », selon la présidence turque.

Jeudi, la chancellerie allemande avait annoncé que Mme Merkel et M. Macron avaient exprimé leur « inquiétude » concernant la « situation humanitaire catastrophique » à Idleb lors d’un entretien téléphonique avec le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est le principal soutien du régime de Damas.

La chancelière allemande et le président français « ont exprimé leur volonté de rencontrer le président Poutine et le président turc Erdogan pour trouver une solution politique à la crise », a ajouté la chancellerie.

A Moscou, le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué vendredi que « la possibilité de la tenue d’un sommet est en discussion ». « Il n’y a pas encore de décision claire à ce sujet ».

M. Erdogan a indiqué devant la presse que la date du 5 mars avait été évoquée pour ce sommet, à Istanbul, mais que sa tenue était suspendue à une réponse favorable de M. Poutine.

– « Déterminant » –

« L’entretien d’aujourd’hui (avec Poutine) déterminera notre attitude pour la suite », a-t-il ajouté. « Aussi longtemps que le régime poursuivra sa cruauté, il est hors de question pour nous de nous retirer de là-bas ».

Aux termes d’un accord avec la Russie, la Turquie, qui soutient des groupes rebelles, dispose de douze postes d’observation militaires dans la province d’Idleb, dont plusieurs se retrouvent désormais dans des zones que le régime du président syrien Bachar al-Assad a reconquis à la faveur de son offensive lancée en décembre avec l’appui de l’aviation russe pour reconquérir ce dernier bastion rebelle en Syrie.

La Turquie a annoncé jeudi que deux de ses soldats avaient été tués par une frappe aérienne attribuée au régime syrien, portant à 16 le nombre de militaires turcs tués dans le nord-ouest de la Syrie depuis début février.

La région d’Idleb fait l’objet d’un accord de « désescalade » russo-turc, qui a volé en éclats ces dernières semaines.

Et le ton ne cesse de montrer entre Ankara et Moscou, qui semble déterminé à aider le régime syrien à reconquérir Idleb à tout prix, ce qui fait craindre un affrontement sur le terrain entre les deux pays qui collaborent étroitement depuis 2016 sur le dossier syrien malgré leurs intérêts divergents.

Environ 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui depuis décembre, selon l’ONU. Jamais la Syrie, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période aussi courte.

– « Enormes souffrances » –

Si la Turquie se préoccupe autant de la situation dans cette région frontalière, c’est parce qu’elle redoute l’arrivée sur son sol d’une nouvelle vague de réfugiés. Le pays accueille déjà plus de 3,6 millions de Syriens.

Les dirigeants de l’Union européenne, réunis vendredi à Bruxelles ont appelé à la cessation de l’offensive militaire « inacceptable » à Idleb et qui « provoque d’énormes souffrances humaines ».

Jeudi, l’armée russe a indiqué avoir mené des frappes pour stopper une attaque de factions armées soutenues par Ankara contre des positions du régime, appelant la Turquie à « cesser de soutenir les actions des groupes terroristes et de leur donner des armes ».

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG, a rapporté que des groupes appuyés par la Turquie avaient lancé une offensive dans la région d’Al-Nayrab, au sud d’Idleb, faisant état de 25 combattants tués dans les deux camps.

Selon Moscou et l’OSDH, l’artillerie turque a bombardé des positions du régime pour soutenir cette attaque.

M. Erdogan a sommé à plusieurs reprises les forces d’Assad de se retirer de certains secteurs à Idleb avant fin février, menaçant sinon de recourir à la force.

Alors que la Turquie continue d’envoyer des renforts militaires dans le nord-ouest de la Syrie, son ministre de la Défense Hulusi Akar, le chef d’état-major Yasar Guler et le chef de l’armée de terre Umit Dundar ont rendu vendredi visite aux troupes stationnées à la frontière syro-turque.