Au Mexique, des enfants cancéreux en sursis faute de médicaments

A cinq ans, la petite Dhana est en sursis et se bat sur deux fronts : la leucémie lymphoblastique aiguë qui la ronge et la pénurie de médicaments qui sévit au Mexique.

A cause de cette carence, la fréquence des chimiothérapies a ralenti.

Ce fut le cas à la clinique gouvernementale de son Chiapas natal, dans le sud du pays. Cela continue aujourd’hui à l’hôpital pour enfants « Federico Gomez », à Mexico, où elle a été admise.

Les médicaments sont venus à manquer en septembre et octobre 2018, puis en février 2019. A cela s’est ajouté la fermeture, en août 2019, de sept des 17 usines du plus important producteur et distributeur de méthotrexate au Mexique, un élément majeur des traitements administrés.

« Le nouveau gouvernement avait pourtant promis qu’il n’y aurait plus d’interruption des traitements », explique à l’AFP le père de Dhana, Israel Rivas. « Ce n’est pas le cas ».

Et la situation s’aggrave. « Il n’y a pas eu une seule chimiothérapie possible en janvier », ajoute-t-il d’une voix nouée par l’inquiétude.

Dhana n’est pas la seule. Des parents de jeunes cancéreux ont pris contact avec son père via les réseaux sociaux. Ensemble, ils dénoncent la pénurie de méthotrexate, de vincristine et d’autres médicaments pour traiter cette maladie à travers le pays.

« A Federico Gomez, il y a 530 enfants concernés, mais dans tout le Mexique, il y en a beaucoup plus », s’emporte M. Rivas.

Il fait état de messages de parents vivant à Tijuana (nord), Oaxaca (sud), Puebla (centre), Mérida (est), Guadalajara (ouest), Minatitlan (sud), Acapulco (sud).

Selon les chiffres du ministère de la Santé, quelque 7.000 mineurs sont chaque année atteints de cancer.

S’ils bénéficient d’un traitement complet et rapide, le taux de survie peut dépasser 57,5% des cas.

– Le Cancer n’attend pas –

Mais pour Crisanto Flores, le père de Cristal, 3 ans et demi, le manque de médicaments est une option inconcevable.

De condition modeste, il a été contraint de déménager à Mexico afin que sa fille puisse y être soignée.

Et en janvier, il a traversé l’un des moments les plus critiques de la maladie de sa fille: le principal traitement nécessaire à la chimiothérapie de Cristal a manqué.

« Si la vincristine n’est pas disponible, la maladie va gagner du terrain », explique-t-il. La petite a déjà perdu l’usage d’un oeil.

Emmanuel Garcia, en Basse-Californie (nord), et Alejandro Barbosa, à Jalisco (ouest), vivent à près de 2.000 km l’un de l’autre.

Tous les deux se battent pour obtenir des médicaments.

« À Jalisco, il y a trois hôpitaux publics touchés par la pénurie de médicaments. Nous en achetons auprès de distributeurs certifiés par le gouvernement qui les convoient de l’étranger, ce qui est très coûteux », explique M. Barbosa de l’association « Nez rouge ».

Le prix de la vincristine a grimpé en flèche en raison de la pénurie. En moins d’un an, il est passé d’environ 440 (22 euros) à 2.220 pesos (110 euros).

Emmanuel Garcia a lui aussi rejoint le groupe des parents depuis décembre.

« Et qu’en est-il des autres dans le sud du Mexique ? », s’insurge-t-il.

-Une pénurie sans fin –

Pour se faire entendre, le 22 janvier, un groupe de parents d’enfants malades a bloqué l’accès à l’aéroport de Mexico.

Le lendemain, le président Andrés Manuel Lopez Obrador a été contraint d’aborder le sujet, mais sans rien proposer.

« Nous ne manquerons jamais de médicaments », a-t-il promis sans plus de détails. Le gouvernement explique en partie la pénurie par le démantèlement de l’ancien système d’achats gouvernemental qui était rongé par la corruption. Ces personnes et les entreprises « volaient (l’Etat) depuis longtemps », a déclaré le chef de l’Etat.

Des manifestations réunissant quelques familles ont eu lieu ces derniers jours, mais sans grand écho.

A Merida, capitale du Yucatan (sud-est), Flor Gonzalez, mère d’un enfant cancéreux, Remi, vit dans l’attente.

« Les médecins appliquent des traitements incomplets », dit-elle en relatant le cas d’un enfant qui a rechuté en raison du recours à un médicament de substitution.

Au Mexique, plus de 26,4 millions d’enfants n’ont accès à aucun type de sécurité sociale.

Une « assurance populaire », en place depuis 2003 et annulée en 2020, était l’un des programmes permettant à ces enfants de se faire soigner.

Municipales: Le choix d’Agnès Buzyn à Paris révèle les fragilités de la macronie

En choisissant Agnès Buzyn pour mener campagne à Paris, Emmanuel Macron improvise une solution d’urgence qui le prive d’un pilier du gouvernement, un choix révélateur des fragilités de la macronie, selon des analystes.

« Même s’il s’agit d’une personnalité appréciée, ce choix précipité démontre la fragilité du dispositif macronien. Cela ressemble à du rafistolage », commente auprès de l’AFP Jérôme Fourquet, le directeur Opinion et Stratégies de l’Ifop, en rappelant qu’encore vendredi, Agnès Buzyn affirmait ne pas vouloir être candidate.

« Alors que nous sommes en pleine épidémie de coronavirus et crise sociale dans les hôpitaux, la ministre quitte le navire en pleine tempête. Cela crée du scepticisme dans une partie de l’opinion, en particulier ceux qui sont concernés, comme les personnels hospitaliers », explique-t-il au sujet de la désormais ex-ministre de la Santé.

Dans l’entourage d’Emmanuel Macron, on estime avoir fait le meilleur choix, capable de transformer une crise aiguë – le retrait de Benjamin Griveaux à la suite de la diffusion de vidéos intimes – en avantage.

« En quelques heures, nous avons compris que c’était la bonne candidate pour Paris », explique un proche du chef de l’Etat. « Pour preuve, la mobilisation fébrile du camp Hidalgo. Agnès Buzyn est le vrai remède à la maire sortante: ni sectaire, ni déconnectée », fait-il valoir.

« C’est maladroit. Cela témoigne d’un problème de vivier de La République en marche et même d’un certain désarroi de la majorité », juge au contraire le directeur de recherches au CNRS Luc Roban, interrogé par Ouest-France.

Le pouvoir a choisi pour remplacer Benjamin Griveaux « une personne sérieuse, solide, qui a le sens des responsabilités » mais « cela donne l’image d’une mesure prise en urgence pour des raisons politiques, alors que d’importants dossiers sont en attente », insiste-t-il.

– « Repli » –

Même scepticisme chez Jean-Daniel Lévy, directeur du département Politique et Opinion d’Harris Interactive, qui décrit un président « acculé ». « Il n’avait déjà pas eu la main avec Cédric Villani. Puis plusieurs candidats potentiels pour Paris ont refusé. Il a dû nommer quelqu’un qui risque de montrer une méconnaissance des enjeux parisiens », avertit-il.

Sans oublier que l’ex-ministre peut être critiquée pour sa gestion du dossier des urgences, où le conflit social dure depuis 11 mois.

La candidature d’Agnès Buzyn illustre l’évolution récente de LREM, selon l’expert en communication politique Philippe Moreau-Chevrolet, qui y voit « le repli sur un petit cercle de fidèles avec un profil politique, la volonté de cibler en priorité l’électorat de droite ».

A cela s’ajoute l’impact sur l’opinion de la succession des départs du gouvernement, Agnès Buzyn était la 17e ministre à partir depuis le début du quinquennat, souligne Jérôme Fourquet.

« La liste des départs s’allonge furieusement, ce qui crée une instabilité », explique le politologue de l’Ifop, en citant les cas récents de Jean-Pierre Delevoye, écarté pour avoir gardé un mandat rémunéré en même temps que son poste de « Monsieur retraites » au gouvernement, et de François de Rugy, démissionnaire après la révélation de dîners fastueux à l’Assemblée.

L’affaire Griveaux « arrive après les affaires Benalla, Ferrand, de Rugy… à chaque fois, des personnalités politiques de la majorité sont mises en cause en raison d’un certain mode de vie, d’une certaine jouissance du pouvoir », renchérit Luc Rouban.

« Cela renvoie l’image d’une classe politique un peu cynique, un peu vulgaire, qui peut donner le sentiment de jouer avec la démocratie, de jouer sur tous les tableaux. Ce côté un peu +cour de Louis XVI+. C’est, je le crains, une machine à alimenter le populisme », selon lui.

« Les catégories populaires, particulièrement, sont assez exigeantes sur ces questions de morale, de discipline. Or les crises politiques se multiplient, et toujours un peu sur le même registre », conclut le politologue.

Afrique du Sud: mea culpa de l’ex-président de Klerk après avoir « nié » la gravité de l’apartheid

Le dernier président sud-africain de l’apartheid, Frederik de Klerk, a fait son mea culpa lundi, après avoir provoqué une vive polémique dans le pays en « niant » la gravité du système ségrégationniste tombé officiellement en 1994.

Début février, Frederik de Klerk, dernier président blanc de l’Afrique du Sud (1989-1994), « a nié que l’apartheid était un crime contre l’humanité », selon un communiqué de sa fondation.

Ces propos ont provoqué l’ire des parlementaires du parti de gauche radicale des Combattants pour la liberté économique (EFF), qui ont dénoncé la présence, le 13 février dans l’hémicycle, de M. de Klerk lors du discours annuel de la nation du chef de l’Etat Cyril Ramaphosa.

« Nous avons un meurtrier dans cette chambre », avait déclaré le leader de l’EFF, Julius Malema, avant de quitter le parlement en signe de protestation.

Le 14 février, Frederik de Klerk, 83 ans, a publié un communiqué pour dénoncer les « attaques au vitriol » de l’EFF et pour défendre sa position sur l’apartheid.

« L’idée que l’apartheid ait été un +crime contre l’humanité+ était et reste un projet de propagande initié par les Soviétiques et leurs alliés de l’ANC (Congrès national africain, au pouvoir depuis 1994) et du parti communiste pour stigmatiser les Sud-Africains blancs en les associant à de réels crimes contre l’humanité qui incluent généralement (…) le massacre de millions de personnes », avait-il affirmé.

« Quelque 23.000 personnes sont mortes dans des violences politiques en Afrique du Sud entre 1960 et 1994 », avait-il souligné.

Ces propos ont déclenché une très vive polémique en Afrique du Sud, profondément meurtrie par des décennies de régime ségrégationniste où la majorité noire n’avait pas les mêmes droits que la minorité blanche.

« Il est irresponsable (…) de débattre du degré d’horreur de l’apartheid », a souligné dimanche le très respecté Desmond Tutu, prix Nobel de la paix. « En se demandant si l’apartheid était un crime contre l’humanité », l’ex-président de Klerk « a rouvert de vieilles plaies », a dénoncé l’ancien archevêque.

Pressé de toute part, l’ancien président a été contraint lundi « de retirer » ses propos et de « présenter ses excuses pour la confusion, la colère et les blessures » qu’il a causées.

« Je suis d’accord » avec Desmond Tutu qu’il « n’est pas temps de pinailler pour savoir à quel point l’apartheid était inacceptable. C’était totalement inacceptable », a-t-il souligné.

Frederik de Klerk, pur produit du régime de l’apartheid, en avait précipité la chute en libérant en 1990 Nelson Mandela, héros de la lutte contre ce régime et avec qui il a partagé le prix Nobel de la paix en 1993.

Villageois tués au Cameroun anglophone: « un malheureux accident » dit l’armée

L’armée a démenti lundi que des militaires aient tué 22 civils dont des enfants il y a trois jours en zone anglophone, assurant que le drame était le résultat d’un « malheureux accident » après des échanges de tir entre forces de sécurité et rebelles sécessionnistes.

Cette version des militaires, qui ne parlent que de « cinq victimes » civiles, a immédiatement déclenché un tollé sur les réseaux sociaux.

Vendredi peu avant l’aube, des hommes armés – 40 à 50 portant tous des uniformes de l’armée et certains masqués, selon des témoignages recueillis par des travailleurs humanitaires contactés par l’AFP – ont attaqué le quartier de Ngarbuh, dans le village de Ntumbo, puis ont tué par balles et brûlé des habitants.

Dimanche, un représentant de l’ONU dans la province, avait assuré à l’AFP que 22 civils, dont 14 enfants, une femme enceinte et deux femmes portant des bébés, avaient été tués par « des hommes armés ».

L’opposition, ainsi que de nombreuses personnalités d’ONG de défense des droits Humain avaient aussitôt accusé l’armée, certains internautes diffusant d’horribles photos d’enfants aux corps calciné ou mutilés. Ces photos n’ont pas pu être authentifiées par l’AFP.

L’armée a catégoriquement démenti lundi, plus de trois jours après le drame. « Il s’agit tout simplement d’un malheureux accident, conséquence collatérale des opérations de sécurisation dans la région », a expliqué à l’AFP et dans un communiqué le porte-parole de l’armée, le colonel Cyrille Atonfack Guemo.

– Explosion de carburant –

Selon lui, quatre militaires et deux gendarmes qui effectuaient une « reconnaissance nocturne à pied » près d’une habitation « transformée en camp fortifié » et en stock d’armes, ont essuyé des « tirs nourris ». « Sept terroristes » ont alors été mis « hors d’état de nuire » lors de cette opération, selon lui.

Mais « les combats vont se poursuivre jusqu’à l’explosion de plusieurs contenants de carburant, suivie d’un violent incendie qui va affecter quelques habitations voisines », poursuit le colonel Atonfack, ajoutant: « Cet incendie a fait 5 victimes, dont une femme et 4 enfants, bien loin de ce qui est relayé dans les réseaux sociaux ».

« Ils ont tiré sur les gens et brûlé des victimes, leurs corps sont dans un horrible état », a assuré, sous couvert de l’anonymat, un travailleur humanitaire qui a recueilli des témoignages.

« Les gens nous ont appelés au téléphone pour dire que des militaires sont venus et ont cassé les portes, tiré sur ceux qui se trouvaient sur place et brûlé des maison », a affirmé lundi à l’AFP Louis Panlanjo, habitant de Ntumbo et membre d’une ONG locale. Environ 800 villageois « ont quitté les lieux pour se réfugier dans le centre ville », a-t-il ajouté lundi.

D’autres sources évoquent un bilan mortel bien plus élevé: l’avocat et militant des droits de l’Homme Agbor Felix Nkongho, parle de 32 civils tués. Un habitant, qui a requis l’anonymat, affirme que 35 corps ont été retrouvés et accuse l’armée, dans un entretien téléphonique avec l’AFP.

– « Monstres » –

Largement critiqué pour son mutisme, Yaoundé est finalement sorti du silence trois jours après le drame. « Cela nous a pris tout le week-end pour enquêter, c’est pour cela que nous ne réagissons qu’aujourd’hui », a plaidé le colonel Atonfack auprès de l’AFP.

Mais pour plusieurs personnalités, la version de l’armée passe mal.  » Incroyable!!!!!!!!!! Mais qui sont ces monstres ?!?!? Qui sont-ils ?!?!? D’où sortent-ils ?!?! », s’est émue sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011. « Après avoir nié le massacre, voilà comment l’armée traite les vies humaines », a-t-elle encore tweeté.

Pour le célèbre blogueur camerounais Florian Ngimbis « le déroulé des opérations tel que relaté fait plus penser à un mauvais scénario de série Z « , écrit-il sur le réseau social, assénant: « Ce serait drôle si les circonstances n’étaient pas si dramatiques ».

L’armée camerounaise comme les séparatistes armés sont accusés par des ONG internationales de défense des droits Humains de commettre des exactions et des crimes contre des civils dans les deux régions anglophones.

Ces dernières semaines plus de 100 personnes avaient été enlevées dans la zone par des rebelles, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ce conflit a déjà fait plus de 3.000 morts et 700.000 déplacés en trois ans dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest peuplée principalement par la minorité anglophone camerounaise.

Lundi, le procès de sept militaires accusés d’avoir froidement exécuté en 2015 dans le nord du pays deux femmes et leurs bébés, ajourné à de nombreuses reprises ces derniers mois, a repris à Yaoundé. Dans cette région, l’armée combat depuis 2014 le groupe jihadiste Boko Haram qui multiplie les attaques meurtrières.

A l’époque de ces assassinats, révélés par une vidéo, le gouvernement avait parlé de « fake news » et d' »horrible trucage », avant de se rétracter et arrêter les sept militaires.

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Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.

Japon: peine de mort requise au procès du tueur de 19 handicapés

La peine capitale a été requise lundi au tribunal de Yokohama, dans la banlieue de Tokyo, à l’encontre de Satoshi Uematsu, un Japonais de 30 ans jugé pour le meurtre de 19 handicapés résidents d’une maison spécialisée.

« Nous demandons la peine de mort », a déclaré un représentant du bureau des procureurs de Yokohama devant la cour.

Le verdict est attendu le 16 mars.

Bien que son avocat ait plaidé qu’il était sous l’emprise de stupéfiants, M. Uematsu n’a pas nié les faits et assuré avoir agi en étant pleinement responsable. Il avait été arrêté juste après son forfait commis le 26 juillet 2016.

En pleine nuit, alors que la plupart des occupants dormaient, il s’était introduit dans un centre pour handicapés mentaux à Sagamihara, dans la banlieue ouest de Tokyo, lieu où il avait auparavant travaillé.

Il était passé de chambre en chambre pour poignarder les résidents, laissant 19 morts et 26 blessés, dont la moitié grièvement. Il s’était ensuite rendu dans un commissariat, ses couteaux ensanglantés avec lui, pour avouer son crime. Il est jugé pour six chefs d’inculpation au total.

La tuerie de Sagamihara, une des pires de l’histoire récente du Japon, avait horrifié le pays, où le taux de criminalité est extrêmement faible. L’opinion publique avait aussi été choquée par les motivations de Satoshi Uematsu, liées à sa haine déclarée des handicapés mentaux. Il n’a exprimé aucun remord.

Il avait quitté son emploi au centre de Sagamihara quelques mois avant son attaque. Hospitalisé de force après avoir raconté à des collègues qu’il comptait y faire un carnage, il avait toutefois été rapidement libéré, un médecin ne l’ayant pas jugé dangereux.

La Belgique suspend la demande de remise à l’Espagne du Catalan Puigdemont

La Belgique ne livrera pas à l’Espagne les responsables indépendantistes catalans Carles Puigdemont et Toni Comin avant que le Parlement européen se soit prononcé sur une demande de levée de l’immunité de ces deux eurodéputés, a tranché lundi la justice belge.

Joint par l’AFP, un des avocats des Catalans, Me Simon Bekaert, a confirmé la décision rendue par la chambre du conseil du tribunal néerlandophone de Bruxelles.

« Le juge a décidé de reporter sine die le traitement de la demande d’extradition (…), en attendant la décision du Parlement européen sur la demande de levée d’immunité », a déclaré l’avocat.

M. Puigdemont, ex-président de la région Catalogne, et M. Comin, un de ses anciens « ministres », avaient fui en Belgique fin octobre 2017 après une tentative de sécession.

Ils sont tous deux recherchés par la justice espagnole, qui les accuse notamment de « sédition » et a déjà émis plusieurs mandats d’arrêt européens pour obtenir leur remise par la Belgique.

Les derniers mandats d’arrêt en date remontent à l’automne 2019.

Le juge d’instruction belge ayant engagé la procédure avait décidé de la suspendre début janvier, en vertu de la qualité d’eurodéputé de MM. Puigdemont et Comin leur offrant une immunité.

Une décision que n’a fait que confirmer lundi la chambre du conseil, selon Me Bekaert. « Dans son raisonnement, le juge a dit qu’il était lié par la décision du mois de janvier », a expliqué l’avocat.

Quant à la demande de levée de l’immunité de MM. Puigdemont et Comin, formulée le mois dernier par un juge espagnol, le Parlement européen n’a pas encore tranché. La décision finale n’est pas attendue avant juin, selon des sources parlementaires.

Outre Carles Puigdemont et Toni Comin, d’autres responsables indépendantistes catalans ont été élus en mai 2019 au Parlement de Strasbourg.

L’un d’eux, Oriol Junqueras, ancien numéro deux du gouvernement catalan, emprisonné en Espagne, s’est vu retirer son mandat après sa condamnation à 13 ans de prison et d’inéligibilité par la justice espagnole.

Une autre, Clara Ponsati, qui s’est réfugiée en Ecosse, est également sous le coup d’une demande de levée de son immunité. La procédure a été engagée la semaine dernière par le Parlement européen.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Un chanteur dissident rwandais retrouvé mort dans sa cellule

Un célèbre chanteur rwandais dont la musique a été interdite par le pouvoir « s’est suicidé » dans sa cellule, a affirmé lundi la police rwandaise, trois jours après avoir été arrêté pour avoir voulu quitter le pays.

Kizito Mihigo, qui a survécu au génocide au Rwanda et dont les chansons provoquaient la colère du gouvernement du président Paul Kagame, a été retrouvé mort dans sa cellule vers 05H00 (02H00 GMT).

Mihigo, qui avait été condamné à une peine de dix ans de prison en 2015 pour conspiration contre le gouvernement avant d’être remis en liberté, a été arrêté pour avoir tenté de traverser la frontière sud du Rwanda, vers le Burundi.

Le porte-parole de la police John Bosco Kabera a déclaré que le chanteur avait reçu la visite de membres de sa famille et de son avocat durant sa détention. »Une enquête a été ouverte pour déterminer les raisons de son suicide », a-t-il dit.

Kizito Mihigo avait été accusé en 2014 d’avoir mobilisé des jeunes pour des mouvements rebelles en exil dont des membres sont accusés d’avoir activement participé au génocide de 1994 qui a fait 800.000 morts, essentiellement parmi les Tutsi, selon l’ONU.

Il s’est attiré les foudres du Front populaire rwandais (FPR au pouvoir) en 2013 après avoir composé des chansons qui remettaient en question le contrôle strict du gouvernement sur l’héritage de la tragédie de 1994.

Sa musique, autrefois populaire auprès des élites dirigeantes, a été rapidement interdite. Deux ans plus tard, il a été accusé de terrorisme et de soutien à un mouvement politique d’opposition et condamné à 10 ans de prison.

Ses avocats avaient souligné l’absence de preuves contre leur client. Le chanteur a ensuite été libéré après une grâce présidentielle en septembre 2018.

Mihigo n’est pas la première personnalité critique envers le gouvernemenr à mourir de manière suspecte pendant une détention au Rwanda.

L’année dernière, un ancien directeur général du bureau de Kagame a été retrouvé mort dans une prison militaire après avoir été condamné à 10 ans pour corruption. En 2015, le médecin personnel de Kagame, Emmanuel Gasakure, a été abattu par la police alors qu’il était en détention.

Au pouvoir depuis 1994,Paul Kagame est accusé de diriger le pays d’une main de fer, de réprimer toutes les formes de dissidence et d’emprisonner ou d’exiler des politiciens de l’opposition.

Human Rights Watch a notamment accusé le régime de Kagame d’exécutions sommaires, d’arrestations, de détentions illégales et de tortures en détention.

Nord du Burkina Faso: une trentaine de tués, dont 24 dans une église

Une attaque dimanche contre une église protestante a fait 24 morts dans le nord du Burkina Faso, une région régulièrement ensanglantée par des violences jihadistes où cinq soldats ont également péri dans l’explosion d’un engin artisanal.

Le Burkina Faso, frontalier du Mali et du Niger, est confronté à des attaques jihadistes qui ont fait plus de 750 morts depuis 2015, selon un décompte de l’AFP.

Au moment du culte dominical, « un groupe armé terroriste » a fait irruption dans le village de Pansi, dans la province de Yagha (nord-est), et « attaqué les paisibles populations de la localité après les avoir bien identifiées et séparées des non résidents », a annoncé lundi le gouverneur de la région du Sahel, le colonel Salfo Kaboré.

« Le bilan provisoire fait état de 24 personnes assassinées, dont le pasteur d’une église protestante. Nous déplorons également 18 blessés et des personnes enlevées », a précisé le colonel Kaboré, dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Les blessés ont été évacués à Sebba et Dori pour des soins appropriés et les personnes décédées portées en terre le même jour par les survivants, aidés spontanément par les habitants des villages voisins », a ajouté le gouverneur.

« Des recherches sont en cours pour retrouver les personnes enlevées », a-t-il ajouté.

Le 10 février, un groupe armé avait fait irruption dans la ville de Sebba, capitale de la province, avant d’enlever sept personnes au domicile d’un pasteur.

Trois jours plus tard, cinq de ces personnes, dont le pasteur, étaient retrouvées mortes, les deux autres, des femmes, étant saines et sauves, selon le gouverneur de région.

Les attaques attribuées à des groupes jihadistes, contre les églises ou des religieux chrétiens se sont multipliées récemment au Burkina, pays sahélien pauvre d’Afrique de l’Ouest.

– Engins explosifs improvisés –

Dimanche, cinq soldats burkinabè par ailleurs ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule, également dans le nord du pays, selon des sources de sécurité.

« Un véhicule d’une unité de relève du détachement militaire de Banh a sauté sur un engin explosif improvisé dimanche matin », dans la province du Loroum, a indiqué à l’AFP une de ces sources, faisant état d’un bilan de cinq morts.

Les attaques à l’engin explosif improvisé se sont multipliées depuis 2018 au Burkina, coûtant la vie à une centaine de personnes, selon un décompte de l’AFP.

Le 28 janvier, six militaires ont été tués lors d’une de ces attaques, combinée à une embuscade, dans la province de la Kompienga (sud-est).

Le 17 janvier, six soldats ont été tués dans l’explosion d’un engin artisanal au passage de leur véhicule aux environs d’Arbinda, dans la province du Soum (nord).

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de sécurité burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences malgré l’aide de forces étrangères notamment de la France, présente dans le Sahel avec 4.500 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

Un militaire de Barkhane a été retrouvé mort dimanche de cause inconnue dans son campement au Burkina Faso, a indiqué lundi le ministère français des Armées.

Les forces burkinabè ont toutefois revendiqué une série de succès depuis trois mois, affirmant avoir tué une centaine de jihadistes au cours de plusieurs opérations.

Les violences jihadistes – souvent entremêlées à des conflits intercommunautaires – au Mali, au Burkina Faso et au Niger ont fait 4.000 morts dans ces trois pays voisins en 2019, selon l’ONU.

Ces attaques ont provoqué une crise humanitaire sans précédent avec des centaines de milliers de déplacés et réfugiés qui fuient les violences.

Face au virus, Taïwan mise sur des mascottes et une communication apaisée

Des mascottes animées, de l’humour et des conseils de prévention appelant à ne pas porter systématiquement un masque: face au coronavirus, Taïwan rejette l’alarmisme et mise sur une communication apaisée — aux antipodes des slogans catastrophistes du frère ennemi chinois.

Taïwan a enregistré une vingtaine de cas de contamination au nouveau coronavirus et a fait état dimanche du premier mort imputé à l’épidémie sur l’île, un chauffeur de taxi âgé de 61 ans.

Pour autant, Taipei évite à tout prix le climat de panique qui règne en Chine communiste où plus de 1.700 décès ont été recensés.

Sur les réseaux sociaux, les autorités taïwanaises recourent à des images d’animaux mascottes pour désamorcer les fausses informations et répéter des conseils d’hygiène de base.

Le ministère de la Santé s’est choisi pour « porte-parole » un chien baptisé Zongchai. Un vrai carton: son nom a acquis une popularité fulgurante et ses consignes sont repostées des centaines de milliers de fois.

Parmi ses recommandations figure le conseil de ne pas porter systématiquement un masque si l’on n’est pas souffrant… étant donné la pénurie.

« Laissez les masques aux gens qui en ont besoin, lavez-vous fréquemment les mains au savon, évitez de vous toucher les yeux, le nez, la bouche », suggère-t-il.

A l’occasion de la Saint-Valentin, le canidé livre ses conseils pour les rendez-vous romantiques par ces temps de coronavirus –lavages de mains réguliers, rester sobre et sexe protégé. « Et si je suis célibataire? », s’interroge le post. Zongchai aboie gentiment: « Tu peux aussi rester à la maison! ».

– ‘Coin-coinrément exagéré’ –

Le ministère des Affaires étrangères décide d’interdire l’entrée aux voyageurs venus de Chine continentale? Un pigeon au bec recouvert d’un masque annonce la nouvelle politique: « Virus à l’extérieur, sécurité à l’intérieur ».

Et pour désamorcer les rumeurs de pénurie de cartons pour les repas à emporter, le ministère de l’Economie met en scène une oie et un jeu de mots: « c’est coin-coinrément exagéré ». Les « likes » s’accumulent.

Certes, l’épidémie à Taïwan est sans commune mesure avec son ampleur en Chine continentale, où au moins 70.500 personnes ont été contaminées et où les autorités imposent des mesures de confinement drastiques à des dizaines de millions d’habitants.

Néanmoins, les modes et le ton de la communication de Taïwan –une île dont Pékin revendique la souveraineté mais qui est de facto dirigée de manière indépendante par un gouvernement démocratique– contrastent fortement avec la ligne du régime communiste.

Messages anxiogènes, slogans alarmistes dans les rues et des citoyens paniqués calfeutrés chez eux… Pékin a lancé une vaste campagne en appelant au patriotisme et au sacrifice.

Dans des villes en quarantaine à l’épicentre de l’épidémie, des calicots indiquent que « se rendre visite, c’est s’entretetuer » ou « se réunir, c’est un suicide collectif ». Des instructions catastrophistes qui ont essaimé dans tout le pays.

– Restrictions sur les masques –

En raison de la doctrine de « la Chine unique » défendue par Pékin, Taïwan est exclu de l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

L’île n’en a pas moins réagi promptement au moment où l’épidémie gagnait en ampleur de l’autre côté du détroit, en restreignant puis interdisant l’entrée aux visiteurs du continent.

Taïwan a dû également faire face brièvement à des achats panique de masques, face à des stocks limités.

Réponse pragmatique des autorités: sauf exception, on ne peut acheter que deux masques par semaine en utilisant sa carte d’assurance maladie.

Dans le même temps, Taipei restreignait à 250 le nombre de masques qu’une personne peut exporter. Les douanes ont intercepté la semaine dernière un navire tentant de sortir… 71.000 masques.

Emirats : feu vert à l’exploitation de la première centrale nucléaire arabe

Les Emirats arabes unis ont annoncé lundi avoir donné leur feu vert à l’exploitation de la centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, mais sans préciser la date de sa mise en service, déjà longtemps retardée.

« L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé l’octroi à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré le représentant permanent des Emirats à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Hamad Alkaabi, lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi.

Sa mise en route aura lieu dans un « futur proche » a-t-il ajouté.

Fondée en 2016, Nawah Energy Company exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site internet de l’entreprise.

« C’est une nouvelle étape dans notre marche vers le développement de l’énergie nucléaire pacifique », s’est réjoui sur Twitter Mohammed ben Zayed al-Nahyane, prince héritier d’Abou Dhabi.

« Nos efforts continuent pour nous préparer aux 50 prochaines années et assurer les besoins énergétiques du pays », a ajouté l’homme fort des Emirats arabes unis.

L’installation a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire, d’après les responsables, aux conditions légales de sécurité.

– 25% des besoins –

« Il s’agit d’un moment historique pour les Emirats arabes unis (…)qui vient couronner les efforts de 12 ans de construction », s’est également félicité M. Alkaabi durant la conférence de presse.

« Après l’octroi de la licence d’exploitation du premier réacteur, l’opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale », a-t-il précisé.

Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25% des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole.

L’Etat fédéral composé de sept émirats compte une population de 9,3 millions d’habitants, dont environ 80% d’expatriés.

Les besoins en électricité sont croissants, en raison notamment de l’utilisation systématique de la climatisation durant les étés caniculaires.

ENEC, une entreprise publique, a annoncé en décembre que le chargement du combustible nucléaire dans le réacteur devrait avoir lieu au cours du premier trimestre 2020.

– Programme « pacifique » –

Les responsables émiratis insistent sur le caractère « pacifique » de leur programme nucléaire et assurent qu’il ne contient aucun volet militaire, dans un contexte de tensions régionales accrues.

« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a souligné Hamad Alkaabi.

Le pays a accueilli plus de 40 missions internationales et inspections de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) et de l’Association mondiale des exploitants nucléaires (WANO) depuis 2010.

De son côté, le Qatar, émirat voisin, dit voir dans Barakah une « menace pour la paix régionale ».

Interrogé par l’AFP sur le fait que ce projet peut exacerber les tensions dans la région, M. Alkaabi, s’est voulu rassurant.

«  »Je dis aux critiques que si vous avez des questions, vous pouvez nous les poser, nous serons heureux d’y répondre (…) et les Emirats font partie de nombreuses conventions, dont celle sur la sécurité nucléaire », a-t-il souligné.

Il a ajouté que le feu vert donné au fonctionnement du réacteur a résulté d’un processus d’évaluation de cinq ans qui a porté sur « la conception du réacteur en termes de sûreté mais aussi de sécurité, y compris les mesures associées à l’urgence ».

Comme plusieurs de ses alliés, dont l’Arabie saoudite, Abou Dhabi est en froid diplomatique avec le Qatar, avec lequel il n’entretient plus de relations officielles depuis juin 2017.

Abou Dhabi, comme Ryad, entretient aussi des liens tendus avec Téhéran.

La centrale nucléaire est située sur la côte nord-ouest du pays et n’est donc séparée de l’Iran, en face, que par les eaux du Golfe.

Grand allié des Emirats, les Etats-Unis mènent une politique de « pression maximale » contre la République islamique, accusée depuis plusieurs mois de semer le trouble dans la région, en attaquant notamment des pétroliers dans les eaux du Golfe.

Ryad et Washington ont également accusé l’Iran, qui dément, d’être à l’origine de l’attaque de septembre 2019 contre des installations majeures du géant pétrolier Saudi Aramco.

Une spécialiste du Golfe requérant l’anonymat a indiqué que « l’intensification des tensions régionales augmente la vulnérabilité des nouvelles infrastructures énergétiques » face au risque de telles attaques.

Allemagne: la course à l’après-Merkel est lancée

La course à la succession d’Angela Merkel en Allemagne s’ouvre cette semaine au sein de son parti conservateur, qui voit les prétendants prendre leurs distances avec la dirigeante et plonger sa fin de règne dans l’incertitude.

En jetant l’éponge lundi dernier après une année tumultueuse à la tête de la CDU, la dauphine désignée jusque-là de la chancelière, Annegret Kramp-Karrenbauer dite « AKK », a balayé la perspective d’un passage de témoin paisible fin 2021, échéance du quatrième mandat de Mme Merkel.

« Le problème avec les géants, c’est qu’ils doivent finir comme des géants. Une transition ordonnée n’est pas possible avec eux (…). Les tout-puissants doivent être renversés », a prophétisé lundi le quotidien Bild.

Le journal populaire rappelle d’ailleurs qu’Angela Merkel a elle-même précipité en 1999 la chute d’un autre mastodonte, son mentor Helmut Kohl, évincé de la tête de la CDU à la suite d’un scandale politico-financier.

AKK, qui entend passer la main d’ici l’été, doit s’entretenir cette semaine avec les candidats pour lui succéder à la direction du parti conservateur, avant de présenter son rapport aux responsables chrétiens-démocrates lundi 24 février.

Elle doit en particulier rencontrer mardi Friedrich Merz, 64 ans, rival historique et ennemi juré de la chancelière, crédité par les sondages d’une large majorité dans les rangs conservateurs, selon l’agence DPA.

– Merkel attaquée sur l’Europe –

« L’éternel second », selon le Spiegel, tient-il enfin sa revanche ?

Partisan d’un net virage à droite, cet avocat d’affaires passé par Blackrock, un puissant fonds d’investissement américain, avait été battu d’un cheveu par Mme Kramp-Karrenbauer fin 2018 pour la tête du parti.

Parmi les favoris figure aussi Armin Laschet, 58 ans, actuel chef du plus grand Etat régional allemand, la Rhénanie-du-Nord-Westphalie. Centriste, il doit convaincre la base conservatrice, mais paraît mieux placé que Friedrich Merz pour nouer avec les Verts, en plein essor, une coalition inédite au niveau fédéral.

Pas question pour lui, pourtant, de jouer de sa proximité politique avec Angela Merkel: il s’est démarqué de la chancelière dès dimanche, déplorant son manque de réactivité face aux propositions d’Emmanuel Macron pour relancer le projet européen.

Enfin, l’ambitieux ministre de la Santé Jens Spahn, 39 ans, part en outsider, lui qui s’était distingué fin 2015 en étant l’un des premiers à critiquer la décision de la dirigeante d’ouvrir les frontières allemandes à plus d’un million de personnes fuyant la guerre et la misère.

Moins bien placé que ses concurrents, M. Spahn s’est montré ouvert à une direction « collective », piste évoquée ce week-end par plusieurs responsables soucieux de ne pas diviser le parti, et qui repousserait de fait le moment de désigner un candidat à la chancellerie.

– Positionnement vis à vis de l’AfD –

Le « premier point » à clarifier sera le positionnement vis-à-vis du parti d’extrême droite AfD, a insisté dimanche soir lors d’une émission télévisée Markus Söder, patron du « parti-frère » de la CDU en Bavière, la CSU.

Lui-même présenté comme un prétendant à la chancellerie, M. Söder exclut tout rapprochement avec l’AfD, après le séisme déclenché début février par une alliance dans la région de Thuringe entre droite modérée et extrême droite.

Brisant un tabou dans l’Allemagne d’après-guerre, le sujet divise la CDU, puisque la fuite d’une partie de ses électeurs vers l’extrême droite compromet sa capacité à gouverner.

Crédité d’environ 40% des intentions de vote en 2015, l’attelage avec la CSU n’attire plus que 26% des sondés, selon le baromètre DeutschlandTrend de jeudi dernier.

Mais la réponse à l’AfD, complexe tant le parti surfe à la fois sur un discours anti-migrants et sur un sentiment anti-élites et anti-européen particulièrement prégnant à l’Est, est loin d’être le seul chantier.

Le départ d’Angela Merkel, qu’il ait lieu fin 2021 ou à la faveur d’élections anticipés, coïncide en effet avec la fin d’une période économique dorée: à ses successeurs de préparer l’avenir d’une Allemagne vieillissante, réticente à utiliser ses excédents publics pour investir.

Le pays devra par ailleurs accélérer sa transformation industrielle face au changement climatique, un défi particulièrement épineux pour son secteur automobile.

Coronavirus: traque de centaines de croisiéristes débarqués au Cambodge

Retrouver la trace des passagers désormais éparpillés pour endiguer une éventuelle propagation: l’opérateur d’un navire de croisière américain traquait lundi des centaines de voyageurs autorisés à débarquer la semaine dernière au Cambodge, après qu’une des passagères a été testée positive au nouveau coronavirus.

La compagnie Holland America, propriétaire du paquebot Westerdam, travaille « en étroite coordination » avec divers gouvernements, l’Organisation mondiale de la Santé et des centres de dépistage aux Etats-Unis « pour enquêter et suivre les personnes qui pourraient avoir été en contact » avec la touriste infectée.

Après avoir été refusés par plusieurs pays asiatiques par peur du coronavirus, les 1.455 passagers du paquebot avaient été autorisés à accoster jeudi dans le port de Sihanoukville au sud du Cambodge, une décision saluée par Donald Trump alors que de nombreux ressortissants américains se trouvaient à bord.

Plus de 1.200 croisiéristes avaient débarqué du navire dans les jours suivants, après avoir passé pour certains un rapide examen médical.

Le Premier ministre Hun Sen avait accueilli les premiers en personne, ironisant sur « la maladie de la peur » et assurant qu’aucun cas n’avait été détecté à bord.

Certains avaient même été autorisés à se rendre sur les plages de Sihanoukville ou à visiter en bus Phnom Penh, des clichés publiés par des médias locaux les montrant souriants et sans masque.

Mais, samedi, une passagère américaine de 83 ans, qui avait pris un avion pour la Malaisie pour rentrer chez elle, a été diagnostiquée positive à Kuala Lumpur.

Des dizaines d’autres voyageurs ont, comme elle, déjà quitté le Cambodge pour prendre le chemin du retour, laissant craindre une propagation de l’épidémie qui a déjà tué près de 1.800 personnes en Chine.

Face à cela, les autorités cambodgiennes ont intensifié les contrôles sur les personnes encore présentes dans le pays.

« J’ai de jeunes enfants à la maison (aux États-Unis, ndlr) et je ne voudrais pas risquer de les infecter », a relevé à l’AFP Christina Kerby qui a débarqué il y a quelques jours et se trouve actuellement à Phnom Penh.

– Interdiction de transit –

Tous les pays de la région mettent en place des mesures pour se protéger de l’épidémie.

La Thaïlande, qui avait refusé au Westerdam d’accoster, envisage d’interdire l’entrée sur son territoire aux passagers du paquebot, mais un certain nombre d’entre eux ont déjà transité par le royaume.

Singapour a, elle, placé en quarantaine deux de ses ressortissants qui se trouvaient à bord. La cité-Etat a annoncé qu’elle n’autorisera « aucun autre croisiériste à entrer ou à transiter ».

Les passagers du Westerdam avaient embarqué le 1er février à Hong Kong, où une personne est décédée et 60 ont été infectées. Ils devaient ensuite poursuivre leur voyage au Japon.

Mais, par crainte de l’épidémie, le paquebot s’était vu interdire d’accoster dans l’archipel nippon, puis à Taïwan, aux Philippines, sur l’île américaine de Guam et enfin en Thaïlande, avant d’être accepté par le Cambodge, proche allié de Pékin qui investit des milliards de dollars dans le royaume.

A bord du navire, il reste encore 233 passagers et 747 membres d’équipage.

« Nous allons prélever des échantillons sur l’ensemble de ces personnes afin qu’elles soient testées », a déclaré à l’AFP un responsable cambodgien, ajoutant qu’elles resteront confinées sur le paquebot jusqu’aux résultats.

Quant à la touriste américaine testée positive, elle est actuellement sous observation en Malaisie. Son mari a également été placé sous surveillance.

Le nouveau coronavirus a fait à ce jour 1.775 morts et contaminé plus de 70.500 personnes, essentiellement en Chine continentale.

Une réunion entre les ministres des Affaires étrangères chinois et de l’Asean (l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est) doit se tenir au Laos le 20 février, a appris l’AFP de sources concordantes.

« Hirak »: quand les Algériens se réapproprient leur Histoire

27 décembre 1957. L' »architecte de la Révolution » algérienne contre le colonisateur français, Abane Ramdane, est assassiné dans un règlement de compte fratricide au sein du Front de libération nationale (FLN).

C’est Ramdane qui, en août 1956, lors d’un congrès clandestin du FLN dans la vallée de la Soummam (en Kabylie), fait adopter le principe de « la primauté » de l’autorité civile sur l’aile militaire.

27 décembre 2019. 62 ans jour pour jour après son assassinat, le cortège hebdomadaire algérois du « Hirak » — le « mouvement » de contestation populaire qui ébranle le régime depuis désormais un an — scande son nom et brandit des centaines de portraits de lui.

Comme chaque vendredi, la foule reprend la revendication phare du « Hirak »: « Un Etat civil et non militaire ». Le « testament » de ce héros de la lutte pour l’indépendance, trahi par le régime mis en place en 1962, dans lequel un cénacle de hauts gradés au fonctionnement opaque choisit les présidents et leur impose la ligne.

« Le fait de brandir le portrait d’Abane Ramdane qui fut tué par les siens est un message clair: ses assassins ont trahi le peuple algérien », explique Akram Belkaïd, journaliste et essayiste algérien.

« Le régime a usé et abusé du discours sur sa légitimité révolutionnaire. Il était fatal qu’un jour les Algériens disent que cette histoire de la Guerre d’indépendance est aussi la leur », poursuit-il.

« Ils entendent rappeler aux dirigeants actuels que le système qui dirige le pays depuis l’indépendance a trahi les idéaux de la Révolution », selon lui.

– Promesses trahies –

Depuis un an, les « hirakistes » exigent le démantèlement du « système » et le départ de ses représentants — au nom des promesses démocratiques reniées de la guerre de libération nationale.

« Une grande majorité d’Algériens disent (à leurs dirigeants): +Vous nous avez fait honte et avez fait honte à nos martyrs, en glorifiant et en prenant à votre compte une lutte d’indépendance où on finit par montrer le cadre d’un président incapable de parler à son peuple », rappelle Dalia Ghanem, docteure en sciences politiques au Carnegie Middle East Center à Beyrouth.

La scène à laquelle la chercheuse fait référence avait profondément humilié les Algériens : lors d’un meeting en l’absence de l’ex-chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika, impotent et aphasique, les apparatchiks de son parti s’étaient adressé par défaut à son portrait encadré.

En se réappropriant les figures historiques du combat anticolonial, comme Abane Ramdane ou Messali Hadj, pionnier de la lutte indépendantiste, « le peuple algérien a démontré qu’il dispose d’une grande aptitude à se réapproprier son Histoire et à se battre pour sauvegarder sa mémoire », souligne l’historien Benjamin Stora

« Il s’agit là d’un fait inédit: une histoire qui se fait en se réappropriant une histoire passée », relève ce spécialiste de l’Algérie, dont le dernier essai s’appelle précisément « Retours d’histoire ».

– « Mémoire incandescente » –

En fait, ce passé confisqué n’avait jamais vraiment disparu, grâce notamment à la transmission orale, ancrée dans la culture algérienne.

« La mémoire des évènements du XXe siècle est intacte et incandescente dans les cerveaux des Algériens. La transmission s’opère en famille et entre amis », observe Pierre Vermeren, historien du Maghreb contemporain.

« Pas besoin de l’Etat qui, certes nourrit cette mémoire, mais cultive une histoire nationale officielle et idéologique », dit-il.

La mémoire est désormais portée par des nouveaux médias et les réseaux sociaux — plus de la moitié des 42 millions d’Algériens les utilisent –, véritable caisse de résonance de ce mouvement inédit, pluriel et non-violent.

« Aujourd’hui, il y a une réappropriation générale en Algérie. Réappropriation du passé, de la mémoire. Les médias et réseaux sociaux accentuent la donne », constate Akram Belkaïd.

Pour la 1e fois dans l’histoire du pays, ni le président Abdelmadjid Tebboune ni le nouveau chef (par intérim) de l’armée, Saïd Chengriha, ne sont d’anciens moudjahidines de la résistance antifrançaise et ne peuvent se prévaloir de cette « légitimité historique ».

« La rhétorique de la légitimité de la guerre a été usée jusqu’à la corde et personne n’était plus sensible à ça », tempère néanmoins Karima Dirèche, historienne spécialiste du Maghreb contemporain.

Au sein du Hirak, « il y a une réappropriation » aussi de « héros de guerre morts très jeunes, telle qu’Hassiba ben Bouli, tuée à 19 ans, qui renvoient à la jeunesse de la contestation », souligne-t-elle.

« La construction d’une Nation forte et plurielle » est désormais « la tâche difficile de la génération qui arrive », prévient Benjamin Stora.

Emirats : feu vert à l’exploitation de la 1ère centrale nucléaire arabe

Les Emirats arabes unis ont donné leur feu vert à la mise en exploitation de leur centrale nucléaire de Barakah, la première du monde arabe, a annoncé lundi le représentant permanent de ce pays pétrolier du Golfe à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

« L’Autorité fédérale de régulation nucléaire (FANR) a approuvé la délivrance à l’entreprise Nawah de la licence d’exploitation du réacteur 1 de la centrale », a déclaré Hamad Alkaabi lors d’une conférence de presse à Abou Dhabi, ajoutant que sa mise en route aura lieu dans un « futur proche ».

Nawah Energy Company, fondé en 2016, exploitera et entretiendra, à terme, les quatre réacteurs de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays, selon le site de l’entreprise.

La centrale a été construite par un consortium mené par Emirates Nuclear Energy Corporation (ENEC) et le coréen Korea Electric Power Corporation (KEPCO), pour un coût estimé à 24,4 milliards de dollars (22,5 milliards d’euros).

Le premier des quatre réacteurs devait être mis en service fin 2017, mais la date de démarrage a été reportée à plusieurs reprises pour satisfaire aux conditions légales de sécurité.

« Il s’agit d’un moment historique pour les Emirats arabes unis (…) couronnant ainsi les efforts de 12 ans de construction (…) de ce programme nucléaire pacifique pour répondre aux besoins énergétiques futurs du pays », s’est félicité M. Alkaabi.

« Après la délivrance de la licence d’exploitation du premier réacteur, l’opérateur Nawah lancera sa mise en service pour préparer son entrée en exploitation commerciale », a précisé M. Alkaabi.

« Les Emirats restent attachés aux normes les plus élevées de sécurité et de non-prolifération nucléaires ainsi qu’à une coopération solide et continue avec l’AIEA et les partenaires nationaux et internationaux », a insisté le diplomate.

Lorsqu’ils seront pleinement opérationnels, les quatre réacteurs auront la capacité de produire 5.600 mégawatts d’électricité, soit environ 25 % des besoins des Emirats arabes unis, pays riche en pétrole.

« Sans mon vote »: à Téhéran, des habitants désabusés veulent boycotter les législatives

« Pas question d’aller voter! ». Comme Pari, nombre d’Iraniens confient vouloir s’abstenir aux législatives de vendredi, pour exprimer leur manque de confiance envers les autorités et leur lassitude face à des difficultés économiques aggravées par les sanctions américaines.

« C’est difficile pour tout le monde aujourd’hui en Iran et on n’en peut plus… on veut envoyer un message aux autorités », lance avec force cette habitante de Téhéran âgée de 62 ans, sous le regard approbateur de sa fille Kiana, 30 ans, une psychologue qui elle aussi entend déserter les urnes.

Près de deux ans après l’annonce par Washington du rétablissement de sanctions économiques, l’espoir de bénéficier de retombées de l’accord nucléaire de 2015 négocié par l’administration du président Hassan Rohani s’est évaporé et le pays s’enfonce dans la récession.

« Il n’y a pas de travail, pas d’avenir », lâche Kiana, les cheveux noir de jais s’échappant d’un foulard, rencontrée avec sa mère dans un quartier commerçant huppé du nord de la capitale.

Même ici, les inégalités sont criantes: d’élégantes femmes au volant de 4×4 côtoient des vendeurs de rue couverts de crasse, leurs marchandises à même le sol.

Un enfant, cireur de chaussures, assis sur le bord d’un trottoir glacial, est ignoré par des livreurs à moto de « Snapp food » (l’équivalent local d’Uber Eats) luttant contre les embouteillages pour apporter leur déjeuner à des concitoyens plus fortunés.

Autant que leur incapacité à relancer l’économie du pays et à « tenir leurs promesses », Kiana reproche aux dirigeants leur « manque d’honnêteté », rappelant notamment que les autorités ont mis trois jours à reconnaître que c’est un tir iranien qui a abattu, « par erreur », un avion de ligne ukrainien début janvier.

Réélu en 2017, le président Hassan Rohani, un conservateur modéré, avait promis plus de libertés sociales et individuelles et assuré que les Iraniens bénéficieraient de sa politique de rapprochement avec l’Occident.

– Vies rétrécies –

Mais les Téhéranais confient leur sentiment d’une vie rétrécie par l’inflation et la violente récession économique qui a suivi le rétablissement des sanctions américaines en 2018. Pour Pari, le « gouvernement aurait dû mieux gérer l’impact (de ces) sanctions ».

Plus au sud dans la ville, au bazar de Téhéran, Amir Mohtasham, 38 ans, au chômage depuis deux ans, estime ne pas en savoir assez sur le programme des candidats, pour la plupart issus du camp conservateur ou ultra-conservateur. « Si personne ne présente ses projets ou son programme, pourquoi est-ce que je devrais prendre part au vote? ».

« Ces élections sont vaines (…) je ne fais confiance ni aux conservateurs, ni aux réformateurs. Ils installent juste des urnes et ils veulent que les gens votent ! », critique-t-il.

A quelques mètres, Mohammad, un marchand de tapis âgé de 30 ans, est beaucoup plus fortuné mais son avis est similaire: « on a voté pour Rohani avec un rêve, mais on n’a rien accompli… il y a trop de mensonges ». « Si voter c’est légitimer, alors ce sera sans mon vote », assène-t-il.

D’autres habitants, issus des milieux conservateurs ou religieux, se disent décidés à participer. « J’irai voter bien sûr, mais je ne sais pas pour qui », déclare Hassan Ghole, 55 ans, un autre vendeur du bazar.

« Nos députés font ce qu’ils peuvent », juge-t-il, espérant que les futurs élus travailleront « à régler les problèmes de la jeunesse ».

– « Mécontentement » –

Dans le quartier défavorisé de Nazi Abad (sud), Mme Shahverdi, femme au foyer de 38 ans, dissimulée sous un tchador, explique qu’elle ira voter, par devoir.

« Du point de vue de notre religion, il est important d’aller voter, surtout que notre pays est encerclé par les ennemis; et si nous avons la foi en l’existence, alors notre économie se portera bien », lance-t-elle.

Mais dans ce même quartier, des jeunes n’hésitent pas à évoquer leur soif de plus de libertés. « Je n’accepte pas ce système et je n’irai pas voter », lance Kamran Baluchzadeh. A 20 ans, « je ne peux même pas être insouciant », déplore-t-il, évoquant les dépenses auxquelles il n’arrive pas à faire face et son inquiétude de ne pas pouvoir se marier.

Sacs de tissus et téléphone à la main, Pari Aghazadeh, 27 ans, qui travaille dans la mode, ne passe pas inaperçue dans le quartier avec sa silhouette filiforme, son nez refait, ses faux ongles et ses lèvres ultra maquillées.

Son avis aussi est tranché. « Je ne veux pas voter (…) parce que ça ne changera rien à nos problèmes », dit-elle, accusant le gouvernement de mauvaise gouvernance.

« Et aussi parce que ce gouvernement, ce système, s’en fichent des femmes. On n’a pas de libertés », lance-t-elle. En boycottant le scrutin, « on peut montrer notre mécontentement ».

Retraites: de Pietraszewski à Mélenchon… Les acteurs de la bataille à l’Assemblée

Deux ministres novices, une batterie de rapporteurs, la majorité et son aile gauche parfois remuante, face à des opposants ultra déterminés: coup de projecteur sur les acteurs de la grande explication sur les retraites à l’Assemblée.

Le baptême du feu de Véran et Pietraszewski

Deux ministres novices ont la lourde tâche de porter la réforme la plus difficile du quinquennat à peine arrivés dans leurs fonctions.

Le secrétaire d’Etat aux retraites et ex-député du Nord Laurent Pietraszewski est en poste depuis fin décembre, après le départ de l’ancien haut commissaire Jean-Paul Delevoye. Et le député Olivier Véran vient d’être nommé ministre de la Santé dimanche soir, en remplacement d’Agnès Buzyn, candidate LREM à Paris.

Réputé bon connaisseur des questions sociales, Laurent Pietraszewski s’était fait connaître dès le début de la législature en tant que rapporteur de la réforme controversée du Code du travail.

Auparavant, le secrétaire d’Etat de 53 ans au crâne dégarni, parfois adepte du jargon managérial et des boutades, a fait carrière chez Auchan, notamment dans les ressources humaines.

En commission spéciale retraites, « Pietra » comme le surnomment les marcheurs, a d’abord été critiqué par l’opposition pour son « mutisme », avant de prendre plus d’assurance au fil des débats.

Olivier Véran, neurologue, est lui propulsé ministre de la santé à 39 ans, un poste que l’ancien socialiste convoitait depuis plusieurs années y compris sous le précédent quinquennat.

L’ex-député LREM de l’Isère était jusqu’à présent rapporteur du budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée et rapporteur du volet organique de la réforme des retraites.

Gage de l’aile gauche, il connaît bien le sujet retraites et goûtait volontiers jusqu’ici aux formules chocs et aux piques contre les oppositions.

Un « marcheur » ex-PS chef d’équipe

Chez les députés, le texte est porté par une batterie de rapporteurs, avec l’élu LREM et ex-PS Guillaume Gouffier-Cha en chef d’équipe.

Ancien conseiller de Jean-Yves Le Drian à la Défense lors du quinquennat Hollande, M. Gouffier-Cha a été choisi pour sa « loyauté » et parce qu’il est un « habile négociateur », selon une source parlementaire. Il a été relativement discret en commission.

Sur le volet ordinaire, le co-rapporteur MoDem Nicolas Turquois s’est retrouvé en première ligne en commission, entre remarques ironiques sur l’obstruction des insoumis ou argumentaire sur les agriculteurs, sa profession d’origine.

Autres rapporteurs, Jacques Maire, fils de l’ancien dirigeant de la CFDT Edmond Maire, ainsi que Corinne Vignon et Carole Grandjean (LREM) étaient des « ambassadeurs » retraites pour le groupe politique LREM. Le député Agir Paul Christophe complète le casting.

Des meneurs dans les oppositions

Pour cette bataille cruciale, tous les groupes ont mobilisé leurs troupes.

Le chef de file des insoumis Jean-Luc Mélenchon fait tout pour endosser le rôle de premier opposant à cette réforme. Il a assumé l' »obstruction » et prévenu que ça va « chauffer tout le long ». Clémentine Autain ou Adrien Quatennens ont multiplié les interventions en commission pour rejeter en bloc le projet de loi.

Chez les communistes, outre le chef du groupe André Chassaigne, ce sont surtout Pierre Dharréville et Sébastien Jumel, deux élus aux formules chocs, qui sont à la manoeuvre.

Le PS, lui, s’en remet à sa chef de file Valérie Rabault et au porte-parole du parti Boris Vallaud. L’ancien conseiller de François Hollande à l’Elysée, aux formules ciselées, n’a de cesse de fustiger « l’amateurisme » du gouvernement.

Côté LR, le président de groupe Damien Abad martèle à l’Assemblée que son parti veut incarner une « troisième voie ». Le président de la commission des finances et ex-ministre du budget Eric Woerth intervient aussi régulièrement sur « l’absence » du volet financement dans le projet de loi.

Au RN, Sébastien Chenu n’est pratiquement pas venu à la commission spéciale dont il était membre, ce qui lui a valu des sarcasmes de LFI. « Nous défendrons nos amendements comme nous le faisons à chaque fois, en plénière », avait répliqué à distance Marine Le Pen.

Chez les « marcheurs », outre le gros des troupes, une aile gauche parfois remuante – avec notamment Martine Wonner ou Jean-François Cesarini – a bien l’intention de se faire entendre sur la pénibilité. Ou pour proposer des alternatives à l’âge pivot de 64 ans.

En Ouganda, les victimes d’attaques à l’acide réclament justice

Linette Kirungi se rendait à l’université un matin de 2012 quand elle a entendu des pas accélérer dans son dos. En faisant volte-face, cette Ougandaise a senti le liquide éclabousser sa figure et l’acide ronger sa chair.

« J’ai crié et je suis tombée pendant que l’agresseur prenait la fuite. La douleur était trop forte. La peau se détachait », raconte à l’AFP la jeune femme, désormais âgée de 27 ans.

Elle a découvert plus tard l’identité de son agresseur. Les jours précédant cette attaque à l’acide, son ex-petit ami l’avait harcelée, exigeant des explications sur son refus de l’épouser. Le matin même, il avait appelé pour savoir à quelle heure elle allait en cours.

L’acide est à la fois bon marché et facilement accessible en Ouganda. Certains utilisent même celui contenu dans des batteries de voiture.

En 2018, 42 attaques ont été répertoriées en Ouganda selon l’ONG locale Mettre fin à la violence à l’acide. Les mobiles sont principalement la jalousie, les ruptures de mariage, les différends relationnels ou les conflits au travail.

De nombreuses attaques ne seraient pas rapportées et les victimes se battent pour que le gouvernement durcisse la législation en la matière et qualifie ces attaques de « crime grave ».

Ephraim Kamuntu, le ministre ougandais de la Justice, affirme à l’AFP que le gouvernement travaille sur un projet de loi.

« Le gouvernement a pris note du grave danger de l’acide et de son usage abusif par des criminels. Nous travaillons avec d’autres acteurs, dont des survivants à l’acide, pour nous assurer de la mise en place d’une nouvelle loi contre ce crime », dit-il.

A l’heure actuelle, peu de victimes signalent ces agressions à la police, et quand elles le font, les arrestations mènent rarement à des condamnations.

Fred Enanga, porte-parole de la police ougandaise, ne se rappelle qu’une seule affaire s’étant soldée par une peine de prison, en 2017.

« Le défi, c’est que les victimes d’attaques à l’acide, et même leurs proches, signalent les cas mais après, (…) n’assurent pas de suivi pour aider la police à conclure les enquêtes », assure-t-il.

Mais Linette Kirungi, dont l’ex-petit ami n’a jamais été arrêté, déplore de son côté un manque de compréhension de la part de la police.

« Vous signalez le cas à la police, et ils s’attendent à ce que vous veniez au poste alors que vous êtes aux soins intensifs. A certains moments vous ne savez même pas ce qu’il se passe. Vous êtes sous assistance respiratoire… » précise-t-elle.

« Et si vous ne vous présentez pas (au poste de police), ils classent l’affaire ».

Cameroun anglophone: 22 villageois dont 14 enfants tués, selon l’ONU

Des hommes armés ont tué vendredi 22 civils, dont 14 enfants et des femmes, dans un village d’une province peuplée par la minorité anglophone dans le nord-ouest du Cameroun, a annoncé dimanche l’ONU à l’AFP.

L’opposition et des ONG locales ont accusé le gouvernement et les militaires, qui combattent depuis trois ans des groupes armés sécessionnistes anglophones, d’être responsables de cette tuerie, ce qui a été démenti auprès de l’AFP par un porte-parole militaire.

« Les éléments de preuve indiquent que la majorité des victimes sont des femmes et des enfants », a assuré par téléphone à l’AFP James Nunan, le chef du Bureau de la coordination des Affaires humanitaires (OCHA) de l’ONU pour les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest du Cameroun. « Il y a eu au moins 22 morts, parmi eux 14 enfants, dont 11 filles et neuf âgés de moins de 5 ans, une mère enceinte et deux femmes qui portaient leurs bébés », a ajouté M. Nunan.

Le drame s’est déroulé vendredi aux environs de 14H00 dans le village de Ntumbo, a précisé M. Nunan, dont l’équipe a recueilli « de nombreux témoignages » permettant d’établir ce bilan.

-3.000 morts en trois ans-

Le Nord-Ouest et le Sud-Ouest sont le théâtre, depuis trois ans, de combats meurtriers entre militaires et séparatistes armés. Ces affrontements, ainsi que les exactions et crimes commis par les deux camps selon les ONG internationales, ont fait plus de 3.000 morts et contraint plus de 700.000 personnes à fuir leurs domiciles.

Le Mouvement pour la Renaissance du Cameroun, l’un des deux principaux partis d’opposition, a « condamné le massacre » de femmes et d’enfants, dans un communiqué. « Le régime dictatorial » et « le chef suprême des forces de sécurité et de défense sont les premiers responsables de ces crimes », poursuit le parti.

Le MRC est le parti de Maurice Kamto, arrivé second à la présidentielle de 2018 derrière Paul Biya, l’inamovible chef de l’Etat, 86 ans dont 37 au pouvoir.

Sur sa page Facebook, l’avocat Félix Agbor Mballa, président du Centre pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique (CHRDA), a condamné « l’horrible meurtre » de « femmes et d’enfants (…) par les forces de défense de l’Etat ».

« Tous les témoignages accusent l’armée », lance aussi sur Twitter l’opposante Edith Kah Walla, candidate à la présidentielle en 2011.

« Faux » a simplement rétorqué à l’AFP dans la matinée de dimanche un responsable de la communication de l’armée. L’AFP a sollicité des responsables du gouvernement pour une réaction, en vain pour l’heure.

-Enlèvements-

Ce nouveau drame touchant la minorité anglophone dans cette ancienne colonie française majoritairement francophone, est survenu près d’une semaine après les élections législatives et municipales qui ont connu une faible participation selon l’Union africaine (UA), en particulier dans les deux provinces anglophones.

Là, les groupes armés séparatistes avaient interdit aux gens d’aller aux urnes et promis des représailles à ceux qui s’y risqueraient. Et Yaoundé avait dépêché d’importants renforts militaires.

Plus de 100 personnes avaient été enlevées dans les deux régions par des rebelles dans les deux semaines qui ont précédé les élections, selon Human Rights Watch (HRW) qui a accusé les forces de sécurité d’avoir commis de « nouveaux abus » dans la même période.

Ni les résultats officiels de ces scrutin, ni même le taux de participation, n’ont été rendus publics par le gouvernement à ce jour.

Présidentielle en Bolivie: le dauphin de Morales en tête des intentions de vote

Le dauphin de l’ex-président de gauche en exil Evo Morales, Luis Arce, est largement en tête des intentions de vote pour l’élection présidentielle du 3 mai en Bolivie, selon un sondage publié dimanche.

Luis Arce, candidat du Mouvement vers le socialisme (MAS), recueille 31,6% des intentions de vote, devant l’ex-chef de l’Etat centriste Carlos Mesa (17,1%) et la présidente par intérim conservatrice Jeanine Añez (16,5%), selon ce sondage de l’institut Ciesmori réalisé auprès de 2.224 personnes entre le 7 et le 14 février pour le quotidien El Deber et la chaîne de télévision Unitel.

Le leader de droite Luis Fernando Camacho, à l’origine du mouvement de protestation qui avait abouti au départ d’Evo Morales fin 2019, ne recueille que 9,4% des intentions de vote au niveau national, même s’il est en tête dans la région de Santa Cruz (est), la plus développée du pays.

Les élections du 3 mai visent à élire le président, le vice-président ainsi que 36 sénateurs et 120 députés.

Pour être élu dès le premier tour de la présidentielle, un candidat doit obtenir au moins 40% des voix et dix points d’avance sur son rival le plus immédiat. Si un tel cas de figure ne se produit pas, un second tour aura lieu le 14 juin.

Luis Arce, qui a été ministre de l’Economie d’Evo Morales de 2006 à 2019, avait été désigné candidat du MAS début février. M. Morales, poursuivi en Bolivie pour « sédition et terrorisme », n’a pas le droit de se représenter.

L’ancien président, âgé de 60 ans, a annoncé dimanche son retour en Argentine, où il vit en exil, après une série d’examens médicaux de routine à Cuba.

Trump exhorte la Russie à cesser de soutenir les « atrocités » en Syrie 

Le président américain Donald Trump a exhorté la Russie à cesser de soutenir les « atrocités » du régime du président syrien Bachar al-Assad, a annoncé dimanche la Maison Blanche.

Pendant une conversation téléphonique avec son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, M. Trump a « exprimé sa préoccupation au sujet des violences à Idleb », dans le nord-ouest de la Syrie, et « a exprimé le souhait des Etats-Unis d’assister à la fin du soutien de la Russie aux atrocités du régime d’Assad », a fait savoir la présidence américaine.

Soutenues par les raids aériens de son allié russe, les troupes du régime syrien ont récemment intensifié leur assaut contre la région d’Idleb, où se trouve le dernier bastion rebelle, tuant des centaines de personnes.

En vertu d’un accord de désescalade conclu en 2018 entre Moscou et Ankara, la Turquie dispose de douze postes d’observation dans la province d’Idleb. Mais la tension est montée entre Ankara et Moscou après la mort de 14 turcs tués dans les bombardements des forces gouvernementales syriennes dans la région.

Une délégation turque doit se rendre à Moscou lundi, après une visite de responsables russes la semaine dernière qui n’a abouti à aucun accord concret.

Troupes américaines en Afrique: Pompeo promet une démarche collective

Le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a assuré dimanche à Dakar que les Etats-Unis veilleraient à faire « ce qu’il faut » en partenariat avec leurs alliés au sujet de la réduction ou non de leur présence militaire en Afrique, notamment au Sahel confronté aux violences jihadistes.

M. Pompeo, qui s’exprimait devant la presse, s’est gardé de tout engagement et a laissé ouverte la question d’une réduction des forces américaines, actuellement à l’examen à Washington.

Peu auparavant, le ministre sénégalais des Affaires étrangères Amadou Ba, à ses côtés, avait indiqué que les Etats-Unis avaient fait part aux dirigeants sénégalais « de leur volonté de retirer leurs forces combattantes ». Il avait souligné que, pour le Sénégal, cela ne signifiait pas un retrait militaire américain du continent, les Etats-Unis apportant un soutien en renseignement, en logistique et en formation à la lutte contre le jihadisme.

Après trois ans d’administration Trump, M. Pompeo est le plus haut responsable américain à effectuer une tournée en Afrique subsaharienne. Après le Sénégal où il est arrivé samedi après-midi, il partait dimanche pour l’Angola, avant l’Ethiopie jusqu’à mercredi, d’où il se rendra en Arabie saoudite.

M. Pompeo entame sa première visite en Afrique subsaharienne dans les fonctions de secrétaire d’Etat au moment où les Etats-Unis veulent réduire les opérations antijihadistes dans le monde pour concentrer leurs forces sur ce qu’ils considèrent comme les menaces russe et chinoise pour leur suprématie militaire.

L’Afrique, où l’armée américaine est présente avec quelque 6.000 soldats, notamment au Sahel, en Somalie et à Djibouti, est considérée comme pouvant être la première concernée par la redistribution des forces.

Epargné par les violences au Sahel voisin, le Sénégal est communément salué comme une zone de stabilité et un partenaire solide dans la lutte contre l’extrémisme. Il suit avec la plus grande attention la réflexion américaine.

Le chef de la diplomatie sénégalaise a affirmé l’importance que « l’Afrique puisse monter en première ligne ». Mais il a relevé l’absence de moyens militaires et financiers africains, et rappelé la proposition du président Macky Sall de financer l’effort, en accord avec la communauté internationale, en y affectant 1% du déficit budgétaire des pays africains.

L’Afrique « a besoin des Etats-Unis d’Amérique », a-t-il dit.

– Opportunités économiques –

« Nous ferons ce qu’il faut, nous ferons ce qu’il faut collectivement, j’en suis convaincu », a répondu M. Pompeo en évoquant les partenaires sénégalais, africains, français et européens des Etats-Unis.

Quand l’examen du niveau des forces en cours au Pentagone sera achevé, « nous en discuterons, non seulement avec le Sénégal, mais tous les pays de la région, nous discuterons des raisons de ce que nous faisons, de la manière dont nous le faisons, et nous parviendrons à un résultat qui marche pour tout le monde », a-t-il dit.

Le Pentagone a annoncé mercredi un premier ajustement de ses forces en Afrique avec le remplacement d’une unité de combat par des instructeurs.

M. Pompeo est arrivé en Afrique quelques jours après le durcissement par le président Donald Trump des conditions d’entrée aux Etats-Unis pour les ressortissants de quatre pays africains (dont aucun sur l’itinéraire de M. Pompeo). En 2018, le président Donald Trump avait qualifié de « pays de merde » les Etats africains envoyant des immigrés aux Etats-Unis.

Le département d’Etat a souligné avant la visite de M. Pompeo que les trois pays africains visités étaient des « contributeurs majeurs à la stabilité régionale », à commencer par le Sénégal, qui fournit environ 1.500 hommes à la Mission de l’Onu au Mali.

Cependant, c’est surtout l’engagement économique que Washington comptait mettre en avant, y compris pour contrer la poussée chinoise sur un continent aux forts taux de croissance. Les trois pays sont « particulièrement remarquables » en termes d’opportunités, selon le département d’Etat.

M. Pompeo a résumé l’approche américaine: croissance et sécurité sont « mutuellement bénéfiques ».

Il a assisté dimanche matin à la signature de cinq protocoles d’accord, pour la construction d’une autoroute entre Dakar et Saint-Louis (entre l’Américain Bechtel et le Sénégalais Ageroute), dans les domaines de la santé et la production d’électricité (entre l’Américain General Electric et des agences gouvernementales sénégalaises).

Des milliers d’Algériens défilent à Kherrata, berceau de la contestation

Des milliers de personnes ont défilé dimanche à Kherrata dans l’est de l’Algérie, à l’occasion du 1er anniversaire d’une manifestation inédite dans cette ville contre la candidature à un 5e mandat de l’ex-président Abdelaziz Bouteflika, selon des témoins.

La manifestation de Kherrata avait donné le coup d’envoi à une vague de contestation populaire sans précédent contre le pouvoir, qui a poussé à la démission le 2 avril 2019 de M. Bouteflika, lâché par l’armée.

Le 16 février 2019, un rassemblement spontané a réuni des milliers de manifestants contre un nouveau mandat de M. Bouteflika, impotent et aphasique, à Kherrata, à 300 km à l’est d’Alger, la première marche à avoir allumé l’étincelle de la fronde qui devait ensuite gagner toute l’Algérie.

Le lendemain, le 17 février, une marche similaire a eu lieu à Bordj Bou Arreridj (150 km au sud-est d’Alger) et trois jours plus tard, des centaines de personnes ont manifesté à Khenchela dans l’est algérien également.

Durant le rassemblement de Khenchela, certains protestataires sont montés sur le toit de la mairie pour décrocher un portrait géant du chef de l’Etat qui recouvrait une partie de la façade à côté du drapeau algérien.

Quelques jours plus tard, le 22 février, des millions d’Algériens sont descendus dans les rues de toutes les grandes villes du pays pour exprimer leur rejet d’un 5e mandat de M. Bouteflika.

Pour marquer le 1er anniversaire de la marche de Kherrata, des milliers de manifestants ont sillonné dimanche les rues de la ville aux cris de « Les Algériens sont tous des frères » et brandissant l’emblème national ou berbère.

Plusieurs figures du « Hirak » -le mouvement de contestation-, parmi lesquelles le vétéran très respecté de la guerre d’indépendance Lakhdar Bouregaa ou encore Samir Benlarbi, un militant actif de la société civile, ont pris part à la manifestation, selon les témoins.

Les manifestants ont appelé à « une période de transition » devant aboutir à un changement de régime.

Le point de départ de la manifestation de 2019 à Kherrata a été rebaptisé « Place de la Liberté du 16 février 2019 ». Une stèle y a été érigée.

Le président Abdelmadjid Tebboune, élu le 12 décembre lors d’un scrutin boycotté par la majorité des Algériens, a de nouveau tendu dimanche la main à la contestation, lors d’une rencontre entre le gouvernement et les préfets du pays.

« Il y a de cela une année, les citoyens et citoyennes sont sortis dans un +Hirak+ béni pacifique, sous la protection de l’Armée nationale pour revendiquer le changement et rejeter, pacifiquement, l’aventure qui a failli conduire à l’effondrement de l’Etat et de ses piliers pour retomber dans la tragédie des années 1990 », a-t-il dit en allusion à la « décennie noire » de la guerre civile, selon l’agence APS.

RDC: au moins 14 morts à Kinshasa dans un accident de la route (nouveau bilan)

Au moins 14 personnes ont été tuées et plusieurs blessées dimanche à Kinshasa dans la spectaculaire collision d’un camion qui a percuté d’autres véhicules et fauché des passants à la suite d’un problème de freins, selon un nouveau bilan.

« Jusqu’à maintenant, il y a 14 décès et plusieurs blessés. On peut avoir plus de 30 blessés », a déclaré le ministre de la Santé, le Dr Eteni Longodo depuis une clinique située à côté des lieux de l’accident.

En début d’après-midi, la police faisait état de dix morts et 41 blessés.

Le chauffeur d’un camion-benne a perdu le contrôle de son véhicule quand il descendait une rue près du campus de l’université de Kinshasa (Unikin).

Une panne de frein est à l’origine de l’accident, selon plusieurs sources. Le camion « a percuté huit véhicules. Il y a tellement de morts que je n’en reviens pas », a déclaré à l’AFP une témoin, Yasmine Lutonadio.

Sur place, l’AFPTV a vu une demi-douzaine de véhicules fracassés, dont deux mini-bus et trois voitures.

« Le gouvernement est là. Nous nous occupons de la population. Nous allons faire en sorte que tout le monde puisse bénéficier de soins de qualité », a promis le ministre de la Santé.

Les Congolais se plaignent souvent de l’absence des pouvoirs publics dans les nombreuses tragédies qui émaillent leur vie quotidienne (accidents de la route et naufrages sur les voies navigables….).

Egalement présent sur place, le ministre de l’Intérieur Gilbert Kokande a envisagé des « mesures préventives que nous pourrions prendre » pour « éviter » des excès de vitesse sur cette rue en pente entre l’université et un croisement très fréquenté.

Iran: Rohani exclut de démissionner, malgré les difficultés

Le président iranien Hassan Rohani, dont la coalition politique apparaît menacée aux législatives du 21 février, a exclu dimanche de démissionner avant la fin de son mandat en 2021, même s’il a dit avoir présenté deux fois sa démission par le passé.

« Une démission n’aurait pas beaucoup de sens », a déclaré M. Rohani lors d’une conférence de presse à Téhéran, ajoutant que son gouvernement allait « continuer à réaliser (ses) promesses (malgré) les conditions économiques et la pression de l’ennemi ».

« L’idée de démissionner (à cause de ces problèmes) ne m’est jamais venue à l’esprit », a-t-il insisté.

M. Rohani, élu en 2013 et réélu en 2017, a fait cette mise au point après des rumeurs selon lesquelles il avait l’intention de démissionner avant la fin de son deuxième et dernier mandat.

Le président a néanmoins indiqué avoir proposé sa démission par deux fois au guide suprême, l’ayatollah Ali Khamenei, une première fois entre sa première élection et son entrée en fonction, et une deuxième fois au cours de son second mandat.

Dans les deux cas, a assuré le président, M. Khamenei a fermement rejeté l’idée. Selon M. Rohani, le guide suprême aurait déclaré: « Je voudrais que vous continuiez à servir jusqu’à la dernière minute, et je soutiens le gouvernement ».

La deuxième fois, M. Khamenei aurait affirmé selon le président qu’il ne laisserait pas « le gouvernement abandonner ses responsabilités ne serait-ce qu’une heure » avant le terme de son mandat.

La coalition des modérés et des réformateurs soutenant M. Rohani apparaît en mauvaise posture à l’approche des législatives de vendredi, qui pourraient être marquées par une forte abstention, censée profiter aux conservateurs et ultraconservateurs.

La République islamique a plongé dans une violente récession, dont elle peine à sortir, après le retrait en 2018 des Etats-Unis de l’accord international sur le nucléaire iranien, conclu en 2015 – sous l’impulsion de M. Rohani – entre Téhéran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne).

A la suite de ce retrait, Washington – qui accuse Téhéran de chercher à se doter de l’arme nucléaire, ce que l’Iran a toujours nié – a rétabli à l’encontre de la République islamique les sanctions économiques que les Etats-Unis avaient suspendues en vertu de cet accord.

Fortement critiqué sur le plan intérieur pour l’échec de sa politique d’ouverture avec l’Occident, M. Rohani a appelé devant la presse les Iraniens « à se rendre aux urnes et à voter » le 21 février malgré l’invalidation des candidatures de milliers de modérés et réformateurs.

Olivier Véran, la fulgurante ascension d’un neurologue macroniste

Olivier Véran, nommé dimanche ministre de la Santé, est un neurologue de 39 ans, député de l’Isère et soutien de la première heure d’Emmanuel Macron, rapporteur depuis janvier du volet organique de la réforme des retraites.

L’Isérois, médecin du CHU de Grenoble, n’entend pas faire de vieux os en politique mais il a accepté la lourde tâche de reprendre en main un ministère sous la pression des personnels hospitaliers en colère et de la menace d’épidémie du nouveau coronavirus, après le départ d’Agnès Buzyn annoncé dimanche.

Ce macroniste de la première heure pourra bénéficier, au moins dans un premier temps, de son statut de médecin comme le furent avant lui à ce poste Bernard Kouchner, Philippe Douste-Blazy, Nora Berra, ou Agnès Buzyn.

Alors jeune suppléant de Geneviève Fioraso (PS), il s’était fait connaître en entrant au Palais Bourbon en 2012 quand celle-ci avait rejoint les gouvernements Ayrault puis Valls jusqu’en 2015.

Il a rencontré Emmanuel Macron cette même année au moment de la discussion à l’Assemblée de la loi Macron. Et avait adhéré au mouvement En Marche! dès sa création, jusqu’à devenir le référent santé du candidat à la présidentielle.

Séduit par le « dépassement des clivages et de la politique politicienne » de celui qui était alors ministre de l’Économie, le neurologue a longtemps ambitionné de « faire prendre le virage de la prévention », parent pauvre des politiques de santé en France.

Au palais Bourbon, Olivier Véran a d’ailleurs été le rapporteur du volet prévention de la loi Santé, avant de devenir l’incontournable rapporteur général de la Commission des affaires sociales en 2017.

Il est aussi Conseiller régional d’Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2016 et a été nommé, en janvier, rapporteur du volet organique de la réforme des retraites, celui sur l’équilibre financier.

– « Le coeur à gauche » –

Ce politique affable, né en 1980 et issu du Parti socialiste, dit avoir « le cœur à gauche ».

Déjà pressenti pour occuper le maroquin de la Santé en 2017, Olivier Véran était qualifié à l’époque de « bosseur », « sympathique », « très bon connaisseur de l’hôpital » par Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF, premier syndicat de médecins libéraux (généralistes et spécialistes).

L’intéressé se définit lui-même comme « énergique », y voyant à la fois sa principale qualité et son principal défaut.

Ancien vice-président de l’Inter-Syndicat national des internes (ISNI) durant ses études de médecine à Grenoble, il a financé sa formation en travaillant comme aide-soignant, notamment en gériatrie.

« Tombé amoureux de l’organisation du système de soins », il a suivi un master en gestion et politique de santé à Sciences Po Paris (avec un mémoire sur les déserts médicaux) en parallèle à son clinicat. A cette époque, le jeune chef de clinique en neurologie vasculaire développe également un hôpital de jour pour faire de l’ambulatoire.

C’est en visitant cette structure que Geneviève Fioraso repère l’entreprenant praticien et lui propose d’être son suppléant en 2012.

« Je n’avais jamais été encarté politiquement, même si j’ai ma sensibilité évidemment », avait-il alors déclaré à l’AFP, se présentant comme « progressiste vraiment, très européen convaincu, opposé aux inégalités ».

Parlant anglais et espagnol, marié à une gynécologue-obstétricienne avec qui il a deux enfants, Olivier Véran n’entend pas faire de la politique plus d’un ou deux mandats: « Hors de question que ma femme sacrifie sa carrière ! », assure ce défenseur du non cumul.

Et puis, « la classe politique n’est pas aimée; quand je porte ma blouse blanche, j’ai une cote de confiance de 84%, quand je mets l’écharpe tricolore, ça tombe à 6%! Il faut renouveler la vie politique et être plus proches des gens », soutient ce pianiste amateur.

Bataille au centre chez les démocrates, le milliardaire Bloomberg cible de choix

Le milliardaire Michael Bloomberg est devenu dimanche la cible principale des autres candidats aux primaires démocrates, notamment de ceux cherchant comme lui à rallier les électeurs modérés, avant une semaine cruciale pour la nomination du futur adversaire de Donald Trump.

L’ancien maire de New York, placé troisième au niveau national dans la moyenne des sondages, derrière l’ancien vice-président Joe Biden et le sénateur socialiste Bernie Sanders, a notamment enregistré ces derniers jours un soutien croissant au sein de la population noire.

Quelque « 60 milliards de dollars peuvent vous acheter beaucoup de publicité, mais cela ne peut pas effacer votre bilan », a taclé dimanche Joe Biden sur NBC, lui reprochant notamment de ne pas avoir soutenu la candidature de Barack Obama en 2008.

L’ancien numéro deux du premier président noir des Etats-Unis a de quoi s’inquiéter à moins d’une semaine du troisième vote des primaires, dans l’Etat du Nevada. Populaire parmi les Noirs et les Latinos, M. Biden serait le premier à pâtir d’un report sur Michael Bloomberg du soutien des minorités, crucial pour remporter l’investiture démocrate pour la présidentielle de novembre.

Autre difficulté, les deux septuagénaires se partagent le couloir centriste avec deux autres candidats: l’ancien maire Pete Buttigieg, qui a remporté d’un cheveu l’Iowa, premier Etat ayant voté dans le cadre des primaires, et la sénatrice Amy Klobuchar, qui a fait forte impression en arrivant troisième dans le New Hampshire.

Cette dispersion joue en leur défaveur face à une aile gauche qui semble se rallier autour de Bernie Sanders.

Dimanche, M. Biden a également reproché à M. Bloomberg d’avoir longtemps défendu la politique des interpellations et fouilles arbitraires (« stop-and-frisk »), accusée d’avoir suscité une explosion des contrôles au faciès à New York.

Le neuvième homme le plus riche du monde selon Forbes a réitéré jeudi ses excuses pour cette pratique, dont il a reconnu qu’elle avait mené à l’arrestation de « trop d’innocents », dont « une immense majorité » de Noirs ou de Latinos.

« Prenez Carter ou Clinton ou Barack, ils avaient un soutien massif des Afro-Américains », a martelé M. Biden. « Je suis le seul qui a (…) leur soutien. Ils me connaissent. Ils savent qui je suis. »

– Absent des débats télé –

Après deux résultats très décevants dans l’Iowa et le New Hampshire, M. Biden compte précisément sur leur vote pour relancer sa campagne, notamment en Caroline du Sud, un Etat bien plus divers, le 29 février.

Paradoxe: si les attaques se concentrent sur lui, M. Bloomberg ne sera en lice ni en Caroline du Sud, ni dans le Nevada samedi. Délaissant ces Etats peu pourvus en délégués, il mise sur une entrée dans la course qu’il espère fracassante lors du « Super Tuesday » le 3 mars. Voteront alors 14 Etats d’un coup, dont le Texas et la Californie, qui élisent le plus grand nombre de délégués — qui désigneront in fine le candidat démocrate en juillet.

De par son démarrage tardif, qu’il avait justifié par ses craintes que les modérés ne puissent pas l’emporter avec Joe Biden, M. Bloomberg n’a d’ailleurs encore participé à aucun débat télévisé — et ne fera pas non plus partie du prochain, mercredi à Las Vegas.

« Vous ne pouvez pas vous cacher derrière les ondes télévisées » des spots de campagnes payés grâce à sa fortune personnelle, a accusé la modérée Amy Klobuchar sur CNN. « Je sais que je ne peux pas le battre sur les ondes, mais je peux le battre sur l’estrade des débats », a assuré la candidate, qui peine à se faire un nom en dehors de son MidWest d’origine.

En lutte avec elle pour la troisième place dans les sondages du Nevada (derrière MM. Sanders et Biden), Pete Buttigieg, 38 ans, a également critiqué ces « milliards de dollars » permettant à l’ex-maire new yorkais de déferler sur les chaînes américaines.

Interrogé sur la politique de M. Bloomberg vis-à-vis des Noirs, ainsi que sur des allégations de sexisme remises sur la table par une longue enquête du Washington Post samedi, le jeune Buttigieg n’a pas hésité à attaquer: « Je pense qu’il devra en répondre », a-t-il estimé sur Fox News.

L’ex-maire de la petit ville de South Bend, qui souffre d’un déficit de popularité au sein de la population noire, s’est engagé à « parler des problèmes » des minorités afin de « gagner leur confiance ».

Tout en réitérant un message se voulant rassembleur: « Beaucoup des électeurs de couleur à qui je parle sont concentrés sur une chose: battre Donald Trump. »

Syrie: le régime reprend le contrôle des abords de la métropole d’Alep

Le régime syrien a repris dimanche le contrôle de la ceinture de localités entourant la métropole d’Alep, poursuivant son offensive contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest du pays en guerre, selon un média d’Etat et une ONG.

Avec cette progression, les forces du président Bachar al-Assad ont éloigné leurs adversaires des abords d’Alep et sécurisé cette ville qui était la cible de bombardements des jihadistes et rebelles. Deuxième ville du pays et chef-lieu de la province du même nom, Alep a été reprise en 2016 par le régime.

Soutenues par les raids aériens de leur allié russe, les forces prorégime sont reparties en décembre à l’assaut de la région d’Idleb et des secteurs limitrophes.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent plus de la moitié de la province d’Idleb ainsi que des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié. Des groupes rebelles et d’autres factions jihadistes y sont présents.

Après des combats et raids aériens, les prorégime ont pris le contrôle de l’ensemble des localités et villages entourant Alep pour la première fois depuis 2012, sécurisant ainsi la ville et la protégeant des obus » des rebelles et jihadistes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

« Ils ont progressé rapidement dans le nord et l’ouest de la province d’Alep après le retrait total des factions » adverses et ont repris « près de 30 villages et localités », d’après l’ONG.

Selon la télévision étatique syrienne, « les unités de l’armée ont libéré tous les villages et localités à l’ouest de la ville d’Alep ». La télévision a montré des images présentées comme celles d’habitants d’Alep célébrant la reprise des villages par le régime.

Dans les oliveraies de l’est de la province d’Idleb, près de la localité de Maaret al-Naassane, des rebelles à bord d’un char ont tiré sur des positions du régime dans la localité de Miznaz dans l’ouest de la province d’Alep, selon un correspondant de l’AFP sur place.

Les forces du régime ont également conquis des territoires accolés à une autoroute reliant la ville d’Alep à la capitale Damas, pour sécuriser cette voie rapide, selon l’OSDH.

Depuis décembre, plus de 800.000 personnes ont été déplacées par les violences dans le nord-ouest syrien, selon l’ONU. Plus de 380 civils ont été tués, d’après l’OSDH.

Déclenchée en mars 2011 avec la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Appuyé par la Russie, l’Iran mais aussi le Hezbollah libanais, le pouvoir de Damas a multiplié les victoires jusqu’à reprendre le contrôle de plus de 70% de la Syrie.

Dimanche, le président du Parlement iranien Ali Larijani a rencontré à Damas M. Assad, qui a souligné la « détermination » de son peuple « à libérer tout le territoire syrien », selon la présidence.

M. Larijani est attendu dimanche soir à Beyrouth.