Le premier procès d’exactions du régime syrien s’est ouvert en Allemagne

Le procès de deux membres présumés des services de renseignement syriens, le premier au monde des exactions imputées au régime de Bachar al-Assad, s’est ouvert jeudi matin devant la justice allemande.

Le principal suspect, Anwar Raslan, 57 ans, portant moustache et lunettes, est présenté comme un ancien colonel de la Sûreté d’Etat. Il est poursuivi pour crime contre l’humanité.

La justice lui reproche d’être responsable de la mort de 58 personnes, de la torture d’au moins 4.000 autres, d’un viol et d’un sévice sexuel aggravé entre le 29 avril 2011 et 7 septembre 2012 dans le centre de détention d’Al-Khatib à Damas, dont il avait la charge.

Également dans le box des accusés à Coblence, Eyad al-Gharib, 43 ans, le visage en partie couvert à l’audience par un masque, comparaît pour complicité de crime contre l’humanité pour avoir participé à l’arrestation de manifestants emmenés dans cette prison, entre les 1er septembre et 31 octobre 2011.

– Sous haute sécurité –

Les deux hommes, en détention provisoire depuis leur arrestation le 12 février 2019, avaient fui leur pays avant de rejoindre l’Allemagne où ils ont demandé l’asile comme des centaines de milliers de Syriens depuis neuf ans.

Anwar Raslan affirme avoir fait défection fin 2012 et, selon plusieurs médias, avoir rejoint les rangs de l’opposition en exil avant son arrivée en Allemagne le 26 juillet 2014. Il encourt la prison à perpétuité.

Le procès, placé sous haute sécurité et qui se tiendra au moins jusqu’à la mi-août devant le tribunal de grande instance de Coblence, constitue « un pas important, c’est le début d’un examen des crimes (du régime syrien) devant une haute Cour allemande », affirme à l’AFP Wolfgang Kaleck, secrétaire général de l’ONG allemande ECCHR, qui a notamment apporté son soutien à 16 victimes rescapées dont certaines se sont constituées parties civiles.

Pour juger les deux Syriens, l’Allemagne applique le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes quels que soit leur nationalité et l’endroit où ils ont été commis.

C’est actuellement la seule possibilité de juger les exactions perpétrées en Syrie car la perspective d’une saisine de la Cour pénale internationale est rendue impossible par les veto de la Russie et de la Chine, selon des ONG, saluant la tenue de ce procès.

Ce procès devrait « servir d’avertissement fort pour ceux qui commettent actuellement des abus en Syrie: personne n’est au dessus de la justice », a souligné Human Rights Watch (HRW). Amnesty International juge que c’est une « étape majeure dans la lutte contre l’impunité liée aux atteintes aux droits de l’Homme gravissimes commises en Syrie ».

Les enquêteurs se sont notamment appuyés sur les témoignages des victimes qui ont survécu aux conditions de détention « inhumaines et dégradantes », selon la justice, et sont parvenues à rejoindre l’Europe.

Quelques photos parmi les dizaines de milliers prises par un ancien photographe de la police militaire syrienne, exfiltré sous le pseudonyme de « César », et montrant des corps torturés et suppliciés, devraient être présentées au cours du procès où témoins et victimes syriennes se succèderont pour témoigner.

– Sévices brutaux –

Dans la prison d’Al-Khatib dite aussi de la division 251, les détenus, qui pour beaucoup avaient participé aux manifestations réclamant liberté et démocratie en Syrie dans le cadre du Printemps arabe à partir de mars 2011, ont reçu « des coups de poing, bâton, câble, fouet » et subi « des électrochocs », selon le parquet.

Ces « sévices brutaux psychiques et physiques » visaient à extorquer « des aveux et des informations sur l’opposition », précise l’acte d’accusation.

On ne parle « pas d’un quelconque gardien de prison », rétorque M. Kaleck, « mais de quelqu’un qui selon le parquet a eu une fonction de direction » au sein de l’appareil d’Etat syrien.

Les avocats des deux accusés n’ont pas voulu s’exprimer avant le procès.

En revanche, Bachar al-Assad, interrogé en novembre 2019 par la chaîne russe proche du Kremlin RT sur la procédure contre Anwar Raslan, avait nié toute pratique de la torture.

Pourtant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime.

La justice allemande se penche pour la première fois sur des exactions en Syrie

Deux membres présumés des services de renseignement syriens, dont un haut gradé, comparaissent à partir de jeudi devant la justice allemande pour le premier procès au monde des exactions imputées au régime de Bachar al-Assad.

Le principal suspect, Anwar Raslan, 57 ans, présenté comme un ancien colonel de la Sûreté d’Etat, est poursuivi pour crime contre l’humanité.

La justice lui reproche d’être responsable de la mort de 58 personnes, de la torture d’au moins 4.000 autres, d’un viol et d’un sévice sexuel aggravé entre le 29 avril 2011 et 7 septembre 2012 dans le centre de détention d’Al-Khatib à Damas, dont il avait la charge.

Également dans le box des accusés, Eyad al-Gharib, 43 ans, comparaît pour complicité de crime contre l’humanité pour avoir participé à l’arrestation de manifestants emmenés dans cette prison, entre les 1er septembre et 31 octobre 2011.

Les deux hommes, en détention provisoire depuis leur arrestation le 12 février 2019, avaient fui leur pays avant de rejoindre l’Allemagne où ils ont demandé l’asile comme des centaines de milliers de Syriens depuis neuf ans.

Anwar Raslan affirme avoir fait défection fin 2012 et, selon plusieurs médias, avoir rejoint les rangs de l’opposition en exil avant son arrivée en Allemagne le 26 juillet 2014. Il encourt la prison à perpétuité.

– « Pas important » –

Le procès, placé sous haute sécurité et qui se tiendra au moins jusqu’à la mi-août devant le tribunal de grande instance de Coblence, constitue « un pas important, c’est le début d’un examen des crimes (du régime syrien) devant une haute Cour allemande », affirme à l’AFP Wolfgang Kaleck, secrétaire général de l’ONG allemande ECCHR, qui a notamment apporté son soutien à 16 victimes rescapées dont certaines se sont constituées parties civiles.

Pour juger les deux Syriens, l’Allemagne applique le principe juridique de la compétence universelle qui permet à un Etat de poursuivre les auteurs de crimes quels que soit leur nationalité et l’endroit où ils ont été commis.

C’est actuellement la seule possibilité de juger les exactions perpétrées en Syrie car la perspective d’une saisine de la Cour pénale internationale est rendue impossible par les veto de la Russie et de la Chine, selon des ONG.

Les enquêteurs se sont notamment appuyés sur les témoignages des victimes qui ont survécu aux conditions de détention « inhumaines et dégradantes », selon la justice, et sont parvenues à rejoindre l’Europe.

– « Electrochocs » –

Dans la prison d’Al-Khatib dite aussi de la division 251, les détenus, qui pour beaucoup avaient participé aux manifestations réclamant liberté et démocratie en Syrie dans le cadre du Printemps arabe à partir de mars 2011, ont reçu « des coups de poing, bâton, câble, fouet » et subi « des électrochocs », selon le parquet.

Certains ont été pendus par les poignets « de manière à ce que seules les pointes des pieds touchent encore le sol » et « ont continué à être battus dans cette position », poursuit-il, évoquant aussi « des privations de sommeil pendant plusieurs jours ».

Ces « sévices brutaux psychiques et physiques » visaient à extorquer « des aveux et des informations sur l’opposition », précise l’acte d’accusation.

On ne parle « pas d’un quelconque gardien de prison », rétorque M. Kaleck, « mais de quelqu’un qui selon le parquet a eu une fonction de direction » au sein de l’appareil d’Etat syrien.

Les avocats des deux accusés n’ont pas voulu s’exprimer avant le procès.

En revanche, Bachar al-Assad, interrogé en novembre 2019 par la chaîne russe proche du Kremlin RT sur la procédure contre Anwar Raslan, avait nié toute pratique de la torture.

« Nous n’avons jamais considéré que la torture pouvait améliorer la situation de l’Etat, c’est aussi simple que cela », avait affirmé le président syrien qui dirige le pays d’une main de fer depuis vingt ans.

Pourtant, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH), au moins 60.000 personnes sont mortes sous la torture ou à cause des terribles conditions de détention dans les prisons du régime.

Nigeria: des centaines d’enfants des rues évacués de Kano pour éviter la propagation du virus

Des centaines de garçons font la queue en attendant de monter dans des bus qui les emmeneront loin de Kano. Après avoir noté leur nom et pris leur température, la grande ville du nord du Nigeria évacue ces enfants des rues pour se protéger du coronavirus.

La plupart d’entre eux sont des élèves d’écoles coraniques controversées que l’on voit généralement mendier dans les rues dans le nord majoritairement musulman du pays.

Pour freiner la propagation du coronavirus, les autorités locales ont décidé d’évacuer quelque 250.000 enfants de la ville de quatre millions d’habitants, pour les renvoyer dans leurs villages.

« Pour l’instant, nous allons évacuer 1.595 enfants », a déclaré à l’AFP Muhammad Sanusi Kiru, ministre de l’Education de Kano, alors que les premiers bus s’apprêtaient à partir mardi. « C’est un processus graduel, nous le faisons par phases, nous les récupérons petit à petit ».

Les rues de cette cité commerçante d’ordinaire bouillonnante d’activité – qui compte pour l’instant 73 cas officiellement confirmés de coronavirus et un décès – sont vides depuis le confinement décrété la semaine dernière.

Le gouvernement de Kano, qui estime le nombre d’enfants mendiants à plusieurs millions dans tout l’Etat, craint une propagation du virus qui pourrait s’avérer catastrophique dans une ville comme Kano, aux infrastructures de santé largement défaillantes.

– « Conditions désastreuses » –

Dans cette région, de nombreux parents envoient leurs fils dès l’âge de six ans apprendre le Coran auprès de maitres religieux dans des écoles non agréées, appelées Almajiri.

Les cours sont gratuits, mais les enfants doivent se débrouiller seuls, généralement en mendiant ou en effectuant des petits boulots.

Ces écoles – qui font aussi office de « maisons de correction » pour les jeunes toxicomanes – ont fait scandale l’année dernière, lorsque plusieurs raids de la police dans des villes du nord ont mis à jour les conditions inhumaines dans lesquelles y vivaient nombre d’enfants et de jeunes hommes.

Certains ont été retrouvés enchaînés, des centaines vivaient entassés dans des pièces sales où la torture et le viol étaient généralisés.

Dans une lettre ouverte en mars, une ONG nigériane, Almajiri Child Right Initiative, demandait que les enfants qui le pouvaient soient ramenés chez eux, et que des aides alimentaires soient distribuées à ceux qui restaient.

« Les écoles officielles ont été suspendues partout dans le pays pour contrôler la propagation probable de la pandémie (…) mais aucune mesure similaire n’a été appliquée dans les écoles Almajiri », selon l’ONG.

Compte tenu des conditions « désastreuses » dans lesquelles ces enfants vivent, « nous pensons qu’il n’y a pas pire environnement » pour eux.

– « Volontaires » –

Kano imite ainsi les Etats voisins de Kaduna et Nasarawa, qui ont déjà évacué des grandes villes des centaines d’enfants, dans le cadre d’une résolution prise par 19 gouverneurs du nord, pour lutter contre la mendicité dans le contexte de crise sanitaire.

Selon les autorités de Kano, qui ont appelé les leaders religieux à évacuer leurs élèves via des messages diffusés à la radio, la première vague de 1.595 garçons part sur une base « volontaire ».

« Les enseignants qui ont amené ces enfants à Kano sont ceux qui nous appellent volontairement pour venir les chercher », assure le ministre Kiru. « Nous ne les obligeons pas à quitter l’Etat ».

Pour l’activiste Saminu Dala, les 250.000 jeunes mendiants identifiés jusque-là « ne représentent qu’une fraction de leur nombre réel ».

« Dans une situation d’urgence comme celle-ci, vous devez être sévère et utiliser la puissance régalienne pour évacuer ces enfants », de force si besoin, a-t-il dit à l’AFP.

En février, avant même que le coronavirus arrive dans la région, la mendicité de rue avait été interdite. La police chargée de faire appliquer la charia, la Hisbah, avait reçu l’ordre d’arrêter les religieux et les parents qui enfreignaient la nouvelle mesure.

Seuls 1.500 enfants avaient initialement regagné leurs foyers, mais au bout de quelques semaines, la répression s’était essoufflée.

Loin de leur terre, les Nubiens rêvent de redonner vie à leur langue

Nourrie aux récits de l’époque lointaine où la vie s’articulait autour du Nil, Fatma Addar, 23 ans, a grandi dans la culture nubienne de ses parents, sans jamais en parler la langue, aujourd’hui très peu usitée.

« On me demande souvent comment je peux être nubienne si je ne parle pas notre propre langue (…). Cela a toujours été un problème pour moi », déplore Mme Addar, arabophone d’éducation.

Cette habitante d’Assouan (sud) appartient à la principale minorité ethnique d’Egypte: les Nubiens, qui ont leurs racines dans le Sud du pays et le Nord du Soudan actuel.

Depuis les années 1960, les terres de l’ancienne Nubie sont en grande partie submergées par les eaux du lac Nasser, né de la construction du Haut barrage d’Assouan, projet monumental lancé par le président Gamal Abdel Nasser et inauguré en 1971.

En l’absence de chiffres officiels, les experts et associations nubiennes évaluent leur nombre entre trois à quatre millions de personnes aujourd’hui, sur plus de 100 millions d’Egyptiens.

A l’époque de la submersion, une part importante de la population d’alors –soit quelque dizaines de milliers de personnes, selon les associations– a dû quitter les rives fertiles du Nil pour les campagnes arides du Sud, ou les grandes villes, et s’assimiler progressivement au reste de la société… Jusqu’à en adopter la langue.

– « Marginalisation culturelle » –

Car si les programmes scolaires comprennent des langues étrangères, ni le nubien ni le berbère, langues minoritaires, ne sont enseignés dans les écoles égyptiennes.

Pour le chercheur Hussein Kobbara, 63 ans, cela participe « clairement de la marginalisation culturelle » des Nubiens.

« Cela fragilise notre identité », ajoute l’universitaire, lui-même d’origine nubienne.

Mme Addar, à l’instar de la plupart des Nubiens de sa génération, n’a été exposée à la langue de ses aïeux qu’à de rares occasions, notamment auprès des membres les plus âgés de la communauté, derniers gardiens de l’idiome ancestral.

« Notre intégration à la société arabophone a peu à peu éloigné le besoin de parler nubien », regrette la jeune femme.

Avec ses origines remontant à plusieurs milliers d’années, la langue nubienne se décline en deux dialectes, le kenzi et le fadidji, assez différents l’un de l’autre.

Transmise surtout oralement, elle est aujourd’hui transcrite dans un alphabet de 24 lettres proche du grec, mis au point par une équipe de chercheurs dans les années 1990.

Du fait de sa rareté, cette langue a été utilisée comme code militaire dans l’armée égyptienne durant la guerre de 1973 contre Israël.

– « Contes d’antan » –

Ces dernières années, la communauté nubienne a décidé de réinvestir son patrimoine linguistique en profitant notamment des nouvelles technologies.

« On filme des Nubiens âgés qui nous racontent les coutumes et légendes de leurs anciens villages, puis on en extrait des expressions », explique à l’AFP Hafsa Amberkab, une cheffe d’entreprise nubienne.

Cette initiative intitulée « Komma Waidi » (« Contes d’antan », en nubien), vise à documenter toute une tradition orale de récits et de fables.

Dans l’une des vidéos –dont certaines sont accessibles sur les réseaux sociaux–, on voit une femme âgée baigner un nouveau-né dans le Nil sept jours après sa naissance pour le bénir et le protéger, selon un vieux rituel de baptême nubien.

Depuis 2019, Mmes Amberkab et Addar travaillent également à un dictionnaire kenzi qui comprend 230 mots transcrits en alphabet arabe et traduits en arabe, anglais et espagnol.

– Application mobile –

En 2017, le développeur Momen Talouch a de son côté créé l’application mobile Nubi destinée à l’apprentissage des deux dialectes nubiens.

« Je ne les parle pas couramment moi-même car j’ai toujours vécu à Alexandrie », dans le nord de l’Egypte, affirme-t-il, tout en revendiquant son appartenance à la Nubie.

Dotée de 3.000 utilisateurs réguliers et téléchargée plus de 20.000 fois, l’application propose d’apprendre, avec des jeux, des chansons et des proverbes transcrits en alphabet nubien moderne et traduits en arabe.

Les chansons oscillent entre des airs gais, incontournables des mariages de la communauté, et des morceaux chargés de mélancolie.

« Mon fils, toi qui t’en vas rejoindre le village, pense à moi quand tu y seras et salue-le pour moi », raconte l’une d’elles.

Les Nubiens réclament de longue date un « droit de retour » et ont obtenu, en 2014, l’inscription de cette revendication dans la Constitution égyptienne.

Bien que le texte leur garantisse « un retour sous dix ans », aucune mesure concrète n’a pour l’heure été prise.

Au contraire, le territoire de l’ancienne Nubie qui n’a pas été inondé a progressivement été placé sous le contrôle de l’armée, dont le rôle est croissant dans l’économie égyptienne.

– Réparation partielle –

L’histoire récente des Nubiens est jalonnée de vagues successives de déplacements de population.

Les différentes étapes de la construction de l’ancien barrage (1902, 1912, 1933), édifié sous le protectorat britannique à la fin du XIXe siècle, ont donné lieu à de premières évacuations, culminant avec la construction du Haut barrage d’Assouan dans les années 1960.

En 2017, plusieurs sit-ins et marches « pour le retour » dans le sud ont abouti à l’arrestation d’une vingtaine de manifestants nubiens.

L’an dernier, le gouvernement a annoncé des mesures partielles de réparation prévoyant le dédommagement, par compensations financières ou attribution de logements sociaux, de quelques milliers de Nubiens.

Toutefois, aux yeux des militants de la cause nubienne, ces gestes ne peuvent remplacer leur droit au retour.

« Cela sera toujours notre rêve et nous devons maintenir notre langue en vie jusqu’à ce que l’on puisse se réinstaller sur nos terres », exhorte la cheffe d’entreprise Hafsa Amberkab.

« Sinon, ce sera un retour sans âme ».

Aux Etats-Unis, la Géorgie rouvre ses commerces malgré le coronavirus et les critiques

Le gouverneur de la Géorgie a autorisé certains pans de l’économie à rouvrir vendredi dans cet Etat du sud des Etats-Unis, une décision critiquée par des responsables locaux et même par Donald Trump, pour qui la mesure est précipitée en pleine pandémie de coronavirus.

Brian Kemp, un fervent partisan du président américain, a décidé de rouvrir certains commerces comme les salles de gym, les bowlings, les ateliers de tatouages, les salons de coiffure et de soins esthétiques ou les ongleries.

A partir de lundi, ce sera au tour des cinémas et des restaurants, qui devront imposer de strictes mesures de distance sanitaire et procéder à des nettoyages réguliers.

Le gouverneur républicain a cité « les données favorables et l’augmentation des tests » pour justifier sa décision, selon lui « approuvée par nos professionnels de la santé », alors que l’Etat compte près de 21.000 cas positifs au coronavirus et a enregistré plus de 850 décès.

Ces réouvertures sont « d’une précision chirurgicale, ciblées et méthodiques, en donnant la priorité à la santé des citoyens », a assuré M. Kemp.

Mais même Donald Trump, ardent partisan d’une réouverture au plus vite de l’économie, a dit mercredi être en « désaccord profond » avec le gouverneur, estimant que les commerces concernés ne faisaient pas partie de la première phase du plan préparé par la Maison Blanche pour relancer l’activité de la première puissance mondiale.

« C’est trop tôt, ils peuvent attendre encore un petit peu », a-t-il expliqué, tout en disant laisser M. Kemp libre de sa décision.

« Je lui conseillerais de ne pas faire ça », a renchéri l’épidémiologiste Anthony Fauci, conseiller de la Maison Blanche sur la pandémie.

Keisha Lance Bottoms, la maire démocrate d’Atlanta, capitale de l’Etat de Géorgie, a de son côté dénoncé une décision qu’elle juge précipitée et dangereuse.

« Je suis profondément inquiète, car on observe toujours une courbe ascendante » de la contamination dans l’Etat, a-t-elle dit sur CBSN.

« J’espère que le gouverneur a raison et que j’ai tort, parce que s’il se trompe, plus de gens vont mourir », a affirmé la maire.

– Responsabilité individuelle –

Brian Kemp a en revanche reçu l’appui d’une partie du patronat local, comme celui de Kay Kendrick, présidente de la Fédération de la cosmétologie et de la coiffure, qui compte 95.000 membres.

« Beaucoup d’entre eux sont des indépendants qui n’ont pas d’autres sources de revenus », a-t-elle dit dans un communiqué.

Pour Diane Fall, au contraire, il est trop tôt. « On dirait que le gouverneur nous fait une faveur, mais je préfère être en vie plutôt qu’ouvrir mon commerce », a dit cette propriétaire d’un salon de coiffure à Decatur, citée par le Wall Street Journal.

Le patron du département d’épidémiologie à l’Université d’Atlanta, José Cordero, rappelle que la propagation du virus est différente selon les Etats et que chacun doit étudier la situation sur le terrain, tout en respectant les consignes sanitaires.

« L’ouverture de ces commerces ne signifie pas qu’on a carte blanche », a-t-il dit à l’AFP.

« Nous devons tous garder à l’esprit notre responsabilité individuelle, si vous êtes malade, restez à la maison », a-t-il ajouté.

Donald Trump souhaite une relance rapide pour briser la spirale de la crise et du chômage – plus de 22 millions d’Américains ont perdu leur emploi depuis le début de l’épidémie. A travers le pays, les partisans du déconfinement demandent la fin des restrictions qui ont mis en sommeil le pays.

Plusieurs Etats républicains ont récemment desserré l’étau du confinement obligatoire. La Caroline du Sud et la Floride ont ainsi ouvert quelques plages au public, et préparent un redémarrage en plusieurs phases.

L’UE profondément divisée avant un sommet sur l’après-crise

Les dirigeants européens semblent plus divisés que jamais au moment de débattre jeudi des solutions pour sortir l’UE de la récession due à la pandémie de coronavirus, ce qui devrait les contraindre à reporter toute décision d’envergure.

Les 27 ne parviennent pas, pour le moment, à s’entendre sur la façon de relancer le moteur économique et un détail en dit long sur leurs divergences: contrairement à l’habitude, ils ne devraient adopter aucune déclaration commune à l’issue de leur sommet en visioconférence, qui débutera à 13H00 GMT.

Dans sa lettre d’invitation aux chefs d’Etat et de gouvernement, le président du Conseil européen Charles Michel, à la manoeuvre lors des sommets, leur « suggère de se mettre d’accord pour travailler sur un fonds de relance aussi vite que possible ».

Mission devrait être confiée à la Commission européenne de travailler rapidement sur le sujet, ce qui constituera « le principal résultat du Conseil », anticipe une source européenne.

Pourtant, la pandémie a percuté de plein fouet les économies: l’UE, dont les populations sont confinées dans la plupart des pays, devrait enregistrer une chute record de son PIB de 7,1% cette année, selon les prévisions du FMI.

Et la crise qui menace les 19 pays de la zone euro risque d’être la pire de la courte histoire de la monnaie unique lancée en 1999.

– Solidarité –

Dans ce contexte, les vieux clivages, auxquels on avait déjà assisté après la crise financière de 2009, ont réapparu au grand jour.

D’un côté les pays du Sud, fortement endeuillés par la pandémie comme l’Italie et l’Espagne, réclament davantage de solidarité financière à leurs voisins du Nord.

Mais ces derniers, en particulier l’Allemagne et les Pays-Bas, moins touchés par le virus, rechignent à payer pour des Etats à qui ils reprochent de ne pas avoir fait preuve de discipline budgétaire pendant les années de croissance.

« Les pays du Sud ont l’impression que certains Etats, actuellement plus forts économiquement, vont utiliser cette crise pour l’être encore davantage. Et ceux du Nord pensent que leurs voisins du Sud vont profiter de la pandémie pour leur léguer le fardeau de la dette qu’ils ont contractée par le passé », résume un haut responsable européen.

L’Elysée anticipe « encore des débats à l’issue du Conseil » et n’attend pas d’accord avant l’été.

« Il faudra une réunion physique des chefs d’Etat et de gouvernement, au moins une », a résumé une source française.

« C’est le sommet typique sur lequel les rencontres bilatérales, la rencontre à côté de la salle, la possibilité de se parler, de se comprendre mieux dans un tête-à-tête, tout cela va manquer », a estimé l’ancien président du Conseil italien et président de l’Institut Jacques Delors, Enrico Letta.

– « Coronabonds » –

De l’avis de tous, le plan de relance devrait être de plusieurs centaines de milliards d’euros, mais un montant définitif est encore loin d’être acté.

Sur l’épineuse question du financement de fonds de relance, différentes options ont été présentées, mais aucune ne fait pour l’instant l’unanimité.

Rome, Madrid ou Paris plaident pour un endettement commun, sous des formes variées, que l’on a souvent résumé par le terme de « coronabonds ».

L’intérêt de la mutualisation des dettes pour les pays du Sud de l’Europe, c’est de bénéficier des taux d’intérêt peu élevés des pays du Nord.

La question se pose également sur le lien entre le fonds de relance et le budget à long terme de l’UE, qui doit en principe être adopté d’ici la fin de l’année pour la période 2021-2027.

Cette option rassure les pays du Nord car elle fournit un cadre légal mais elle risque de susciter d’autres questions tout aussi compliquées, comme la priorité de ces dépenses d’investissement d’après-crise par rapport à celles qui sont traditionnelles comme la Politique agricole commune (PAC).

Les dernières négociations sur ce budget pluriannuel, en février avant la crise sanitaire et économique, s’étaient soldées par un échec retentissant.

Yémen: 14 morts dans des inondations à Aden, craintes du coronavirus

Des inondations ont tué 14 personnes et fait des dizaines de blessés à Aden, principale ville du sud du Yémen, ont annoncé mercredi les autorités, sur fond de craintes d’une propagation du nouveau coronavirus dans le pays en guerre.

« Les inondations à Aden ont tué 14 personnes, des hommes, des femmes et des enfants », a déclaré à l’AFP le vice-Premier ministre yéménite, Salem al-Khanbashi.

« Nous avons besoin d’une aide urgente dans le secteur de la santé pour stopper la propagation des maladies, en particulier le choléra et d’autres infections virales qui peuvent tuer les gens », a alerté ce responsable qui dirige le haut comité des secours.

Mardi, au moins sept personnes ont péri et 85 blessées mardi dans plusieurs provinces du nord en proie aux intempéries, selon l’ONU.

Au total, au moins 21 Yéménites ont trouvé la mort dans des inondations ces dernières 48 heures dans ce pays le plus pauvre de la péninsule arabique.

La capitale Sanaa et d’autres régions du pays –surtout dans le nord– subissent depuis plusieurs semaines par de fortes pluies, dans un pays déjà touché par la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, et qui a officiellement enregistré un premier cas de nouveau coronavirus début avril.

Depuis 2014, le gouvernement yéménite, soutenu à partir de 2015 par une coalition armée dominée par l’Arabie saoudite, est en guerre contre les rebelles Houthis, aidés par l’Iran, qui contrôlent Sanaa et plusieurs pans du nord du pays.

Plus de trois millions de Yéménites ont été déplacés en raison du conflit, le plus souvent dans des camps particulièrement exposés au risque de propagation de maladies, comme le choléra et le paludisme.

« Des gens sont morts, des maisons ont été endommagées, des (camps de déplacés) ont été touchés et ces inondations pourraient accélérer la propagation du choléra », a mis en garde mercredi Samah Hadid, responsable de l’ONG Oxfam.

Selon Mme Hadid, « il pourrait y avoir un million de cas de choléra cette année avec le début de la saison des pluies au Yémen », évoquant également « la menace sérieuse du coronavirus dans le pays ».

– Eau et boue –

Mercredi à Aden, capitale du sud et siège provisoire du gouvernement, déclarée « zone sinistrée » la veille par le Premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, des centaines de véhicules flottaient dans des rues inondées.

Au moins dix maisons ont été détruites et 90 autres endommagées, selon un responsable du gouvernement. Pas moins de 35 familles étaient bloquées dans leurs foyers inondés, ont indiqué des résidents d’Aden.

« Il y a de l’eau et de la boue chez moi, les voitures ont été balayées le long des rues, qui sont à présent complètement détruites », a dit l’un d’eux, Mohammed Abdel Hakim.

Ces intempéries ont touché les déplacés dans l’ensemble du pays, a indiqué mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), notamment à Marib, l’un des derniers bastions du gouvernement dans le nord où de violents affrontements ont éclaté ces dernières semaines entre loyalistes et rebelles.

« Beaucoup de familles ont perdu leur abri, et tout ce qu’elles détenaient », a écrit le HCR sur Twitter.

Environ 24 millions de Yéménites –plus de 80% de la population– dépendent d’une forme d’aide ou de protection, selon l’ONU.

Le Pentagone considère Kim Jong Un en « plein contrôle » du programme nucléaire nord-coréen

Le Pentagone n’a aucune information permettant de dire que Kim Jong Un a perdu le contrôle du programme nucléaire nord-coréen, a indiqué mercredi un haut responsable de l’état-major américain questionné sur les rumeurs sur les problèmes de santé du dirigeant nord-coréen.

En dehors des informations de presse, « je peux vous dire que selon nos renseignements, je n’ai rien pour confirmer ou démentir quoi que ce soit », a déclaré le chef d’état-major adjoint des Etats Unis, le général John Hyten, au cours d’une conférence de presse.

« Je pars du principe que Kim Jong Un a encore le plein contrôle de la force nucléaire nord-coréenne et des forces armées nord-coréennes », a-t-il ajouté.

La Corée du Nord a marqué le 15 avril le 108e anniversaire de la naissance du fondateur du régime, Kim Il Sung, grand-père du dirigeant actuel. Cette date est de loin la plus importante du calendrier politique au Nord. Mais Kim Jong Un n’a été vu sur aucune des photographies officielles.

Daily NK, un média en ligne géré essentiellement par des Nord-Coréens ayant fait défection, a affirmé que le dirigeant nord-coréen avait été opéré en avril pour des problèmes cardio-vasculaires et qu’il était en convalescence dans une villa dans la province de Phyongan du Nord.

La Maison Blanche est elle aussi restée prudente sur ces informations.

Le président américain Donald Trump a souhaité mardi « bonne chance » à Kim Jong Un, tout en soulignant que les rumeurs sur ses éventuels problèmes de santé n’avaient pas été confirmées.

« Je veux juste dire à Kim Jong Un que je lui souhaite bonne chance », a déclaré M. Trump.

« Si son état de santé est celui mentionné dans les médias, c’est un état très préoccupant », a-t-il ajouté. « Personne n’a confirmé cela », a-t-il précisé. « Nous ne savons pas », a-t-il insisté, avant de conclure: « J’espère le voir en bonne santé ».

Les autorités sud-coréennes ont toutefois minimisé ces informations. Un haut responsable sud-coréen cité par l’agence de presse Yonhap a notamment affirmé, sous couvert de l’anonymat, qu’il n’était « pas vrai » que Kim Jong Un était gravement malade.

Yémen: huit morts dans des inondations à Aden, craintes du coronavirus

Des inondations ont tué huit personnes, dont cinq enfants, et fait des dizaines de blessés à Aden, la principale ville du sud du Yémen, ont indiqué des responsables mercredi, sur fond de craintes d’une propagation du nouveau coronavirus dans le pays en guerre.

Au total, au moins 15 Yéménites ont trouvé la mort dans des inondations en 48 heures dans le pays le plus pauvre de la péninsule arabique. Au moins sept personnes ont péri et 85 blessées mardi dans plusieurs provinces du nord en proie aux intempéries, selon l’ONU.

La capitale Sanaa et d’autres régions du pays surtout du nord sont touchées depuis plusieurs semaines par de fortes pluies, dans un pays déjà touché par la pire crise humanitaire au monde selon l’ONU, et qui a officiellement enregistré un premier cas de nouveau coronavirus début avril.

Depuis 2014, le gouvernement yéménite, soutenu par une coalition armée dominée par l’Arabie saoudite, est en guerre contre les rebelles Houthis, soutenus par l’Iran, qui contrôlent Sanaa et plusieurs pans du nord du pays.

Plus de trois millions de Yéménites sont déplacés en raison du conflit, le plus souvent dans des camps particulièrement exposés au risque de propagation de maladies, notamment hydriques comme le choléra et le paludisme.

« Des gens sont morts, des maisons ont été endommagées, des (camps de déplacés) ont été touchés et ces inondations pourraient accélérer la propagation du choléra », a mis en garde mercredi Samah Hadid, responsable du plaidoyer à l’ONG Oxfam.

Selon Mme Hadid, « il pourrait y avoir un million de cas de choléra cette année avec le début de la saison des pluies au Yémen », évoquant également « la menace sérieuse du coronavirus dans le pays ».

Mercredi à Aden, capitale du sud et siège provisoire du gouvernement, déclarée « zone sinistrée » la veille par le Premier ministre yéménite Maïn Abdelmalak Saïd, des centaines de véhicules flottaient dans des rues inondées.

Au moins dix maisons ont été détruites et 90 autres endommagées, selon un responsable du gouvernement. Pas moins de 35 familles étaient bloquées dans leurs foyers inondés, ont indiqué des résidents d’Aden.

« Il y a de l’eau et de la boue chez moi, les voitures ont été balayées le long des rues, qui sont à présent complètement détruites », a dit l’un d’eux, Mohammed Abdel Hakim.

Ces intempéries ont touché les déplacés dans l’ensemble du pays, a indiqué mercredi le Haut-Commissariat de l’ONU aux réfugiés (HCR), notamment à Marib, l’un des derniers bastions du gouvernement dans le nord où de violents affrontements ont éclaté ces dernières semaines entre loyalistes et rebelles.

« Beaucoup de familles ont perdu leur refuge, et tout ce qu’elles détenaient », a écrit le HCR sur Twitter.

Environ 24 millions de Yéménites –plus de 80% de la population– dépendant d’une forme d’aide ou de protection, selon l’ONU.

Coronavirus: 435 morts en 24 heures en Espagne, 2e jour de léger rebond

L’Espagne a recensé mercredi 435 morts du nouveau coronavirus en 24 heures, un chiffre qui a augmenté légèrement pour le deuxième jour consécutif et qui porte le total de décès à 21.717, a annoncé le ministère de la Santé.

430 morts avaient été notifiées mardi et 399 lundi, ce qui constituait un plus bas depuis quatre semaines.

Le pays, qui compte par ailleurs au total plus de 208.000 cas confirmés après une hausse de plus de 4.200 en 24 heures, est le troisième le plus endeuillé du monde derrière les États-Unis et l’Italie.

Le confinement très strict auquel est soumis l’Espagne depuis le 14 mars doit être prolongé mercredi par les députés jusqu’au 9 mai inclus.

Le gouvernement, qui aborde le déconfinement avec une extrême prudence, va toutefois assouplir légèrement ses mesures de lutte contre le virus en permettant aux enfants de sortir prendre l’air à partir de dimanche.

Après les avoir initialement autorisés à sortir avec un de leur parent uniquement pour aller au supermarché ou à la pharmacie, il a fait volte-face mardi soir face à l’avalanche de critiques de tous bords en autorisant de courtes promenades comme dans d’autres pays européens comme la France.

« La désescalade (dans les mesures de confinement) va être lente et progressive précisément car elle doit être sûre », a insisté le Premier ministre Pedro Sanchez mercredi devant les députés.

« Le confinement ne sera levé que lorsque nous y serons préparés car nous n’allons courir aucun risque », a-t-il martelé en évoquant la « deuxième moitié du mois de mai ».

Malgré un nombre de morts toujours élevé, l’Espagne a dépassé le pic de l’épidémie début avril, quand le coronavirus avait tué jusqu’à 950 personnes le 2 avril.

Signe de l’amélioration, les hôpitaux ne sont plus saturés et la région de Madrid devait fermer mercredi la morgue installée dans la patinoire d’un centre commercial madrilène, symbole du lourd bilan humain de la pandémie dans la capitale espagnole.