Canada: la police démantèle un premier barrage ferroviaire en terre autochtone

La police canadienne a démantelé lundi un barrage autochtone qui paralyse depuis des semaines un axe ferroviaire crucial, alors que Justin Trudeau tente de mettre fin à une crise provoquée par la protestation contre un projet de gazoduc.

Les barrages qui ont essaimé dans tout le pays, en soutien à la nation Wet’suwet’en de Colombie-Britannique opposée à la construction d’un gazoduc sur son territoire ancestral, « doivent être levés maintenant », avait prévenu vendredi le Premier ministre. Il avait alors laissé la porte ouverte à une intervention policière faute de déblocage rapide.

Plusieurs dizaines de policiers sont intervenus lundi matin sans violence sur l’un des principaux barrages du pays: celui situé sur la réserve mohawk de Tyendinaga, près de Belleville (Ontario), à environ 200 km au nord-est de la métropole Toronto.

Le barrage de Tyendinaga est situé sur un axe stratégique pour le trafic ferroviaire entre l’est et l’ouest du Canada, ainsi qu’avec le nord des Etats-Unis.

Après une brève échauffourée avec quelques manifestants, filmée par l’un d’eux et diffusée sur les réseaux sociaux, la police a interpelé plusieurs personnes.

La police de l’Ontario « a la responsabilité légale de faire respecter l’injonction et nous avons commencé à le faire ce matin », a-t-elle indiqué dans un communiqué, alors qu’un ultimatum aux manifestants avait expiré dimanche à minuit.

« Tous les manifestants sont encouragés à quitter le site de façon pacifique », a ajouté la police, précisant que « le recours à la force ne se fera qu’en dernier recours ».

Les chefs héréditaires de la nation Wet’suwet’en à l’origine du mouvement devaient se réunir dans la journée en Colombie-Britannique pour décider de la suite à lui donner.

– Le spectre d’Oka –

Samedi, alors qu’ils visitaient un autre barrage en territoire mohawk, à Kahnawake, près de Montréal, plusieurs d’entre eux avaient réitéré leurs demandes, préalables à toute négociation avec le gouvernement: retrait complet de la police fédérale de leur territoire ancestral en Colombie-Britannique et suspension des travaux du gazoduc par la compagnie Coastal GasLink.

La mise en garde de Justin Trudeau n’a pas semblé dissuader les manifestants: si un barrage au sud de Montréal a été levé par la police vendredi soir, d’autres ont fleuri depuis pendant le weekend en Saskatchewan ou à Vancouver, dans l’ouest) du pays.

Lundi matin, quelques heures après l’intervention policière à Tyendinaga, des membres de la communauté mohawk de Kahnawake, qui bloquent également des voies sur leur territoire depuis plusieurs semaines, ont brièvement perturbé la circulation sur un pont menant à Montréal.

Dans la capitale Ottawa, plusieurs centaines de personnes ont défilé et dansé dans les rues lors d’une manifestation spontanée, a constaté l’AFP.

« Il est absolument essentiel que ces barricades soient levées », a réaffirmé lundi le ministre de la Sécurité publique Bill Blair, en marge d’une réunion d’urgence convoquée par Justin Trudeau à Ottawa.

Pour autant, « nous restons engagés à mettre en oeuvre le processus de réconciliation, mais ce sont deux questions distinctes », a-t-il ajouté.

Un Justin Trudeau à bout de patience avait durci le ton vendredi face aux manifestants. Il avait exigé la levée immédiate de tous ces barrages qui affectent l’économie canadienne, tout en appelant à une reprise du dialogue et une issue « pacifique » à cette crise.

M. Trudeau, qui a fait de la réconciliation avec les autochtones l’une des priorités de son deuxième mandat, marche sur des oeufs.

Pressé d’agir vite par l’opposition conservatrice, le dirigeant libéral veut éviter que la crise ne dégénère en cas d’incident lors d’une intervention policière, comme ce fut le cas à plusieurs reprises ces dernières décennies.

Il y a trente ans, la crise d’Oka au Québec, qui avait mobilisé les Mohawks en raison de l’agrandissement controversé d’un terrain de golf, avait fait un mort du côté des forces de l’ordre.

Cinq ans plus tard, c’est un militant autochtone qui avait été tué par balle par la police lors d’une intervention dans le parc provincial d’Ipperwash en Ontario.

Précurseur à la base de militants inégalée, les atouts-clé de Bernie Sanders

Il a une base de militants que ses rivaux lui envient, un discours pour réduire les inégalités devenu un must pour tous les démocrates, et une capacité à débattre et résister aux attaques personnelles: voici les principales qualités qui ont fait de Bernie Sanders le favori de la course à l’investiture démocrate.

– Précurseur

Doyen de la course à 78 ans, le sénateur du Vermont, « socialiste » revendiqué, défend les droits des travailleurs et dénonce un système conçu pour les riches depuis les années 70.

Il a fait des inégalités, de l’augmentation du salaire minimum, d’une sécurité sociale sur le modèle européen un leitmotiv depuis 40 ans, alors que ses rivaux et le parti démocrate ne se sont emparés de ces thèmes que récemment. Il prône aussi un « +New Deal+ vert », vaste plan de relance de l’économie alliant justice sociale et lutte contre le changement climatique.

Depuis sa campagne malheureuse contre Hillary Clinton en 2016, le parti démocrate a évolué dans sa direction, et « les idées qui semblaient radicales il y a quatre ans sont devenues en quelque sorte dominantes », disait-il dimanche sur CBS.

« Si les grands partis refusent de prendre les décisions nécessaires pour changer les inégalités économiques dans ce pays, il ne faut pas s’étonner que les électeurs se tournent vers des candidats plus extrêmes idéologiquement », dit Costas Panagopoulos, professeur à Northeastern University.

-Base enthousiaste

Cette constance vaut au sénateur indépendant du Vermont le soutien d’une base électorale « très dévouée », que tous ses rivaux lui envient, souligne David Barker, politologue à l’American University de Washington. Seul Donald Trump peut se targuer d’une base aussi fidèle, selon plusieurs analystes.

Faite surtout de jeunes blancs lors de sa première campagne présidentielle en 2015-2016, cette base s’est diversifiée depuis pour inclure beaucoup plus d’électeurs noirs ou hispaniques, à l’image du soutien actif que lui apporte la jeune élue du Congrès Alexandria Ocasio-Cortez.

Sa victoire haut la main samedi dans le Nevada, première primaire du calendrier organisée dans un Etat où les minorités constituent une part importante de l’électorat, a confirmé l’élargissement de sa base.

Ses partisans sont aussi très généreux, et ont permis au sénateur de bénéficier d’un record de donations individuelles depuis le début de sa campagne (121 millions de dollars).

Utilisant avec dextérité les réseaux sociaux, ils peuvent s’avérer redoutables contre les détracteurs de leur héros. Les critiques contre les méthodes de ces « Bernie bro(thers) » vont d’ailleurs crescendo: le jeune candidat centriste Pete Buttigieg a pour la première fois épinglé publiquement M. Sanders sur ce point lors du dernier débat démocrate mercredi dernier.

– Infatigable

Fort de ses 40 ans d’expérience, et malgré une crise cardiaque qui aurait pu sonner le glas de sa campagne en octobre, Bernie Sanders enchaîne les meetings à travers le pays – où il harangue souvent la foule pendant plus d’une heure – à un rythme endiablé.

Depuis sa victoire dans le Nevada, Bernie Sanders porte désormais son attention vers la prochaine primaire en Caroline du Sud samedi avec l’espoir de l’emporter, ce qui lui donnerait un avantage certain pour le « Super mardi » du 3 mars, rendez-vous clé des primaires avec 14 Etats qui désigneront leur candidat.

– Fin communicateur anti-élite

Depuis 40 ans qu’il défend ses idées « socialistes », dont près de 30 ans comme élu au Congrès, Bernie Sanders a peaufiné ses arguments.

Avec sa dénonciation de Wall Street et son appel à changer « un système corrompu », sa présentation pédagogique du coût du système de santé privé américain ou de la dette étudiante, il est un débatteur aguerri, et un bon communicateur qui ne reculera pas devant Donald Trump, selon M. Barker.

Il partage avec le président un discours anti-élite et une spontanéité qui fait qu' »ils n’ont pas besoin de demander leur avis à un +focus group+ avant de s’exprimer », souligne Jim Campbell, politologue à l’université de Buffalo.

Lors du débat de mercredi dernier, Bernie Sanders a réussi à sortir quasi-indemne d’attaques contre son passé « communiste », émanant du milliardaire new-yorkais Michael Bloomberg, ou contre ses idées présentées comme « clivantes » par Pete Buttigieg.

Donald Trump l’a aussi déjà attaqué plusieurs fois sur son « socialisme » qui, pour beaucoup d’Américains, rime avec le communisme honni de la Guerre froide. Le président a ainsi rappelé son voyage avec sa femme à Moscou en 1988, ou sa défense à la même époque du régime sandiniste au Nicaragua.

Ces attaques font que beaucoup de démocrates modérés doutent que Bernie Sanders puisse emporter la présidentielle face à Trump en novembre.

Mais plusieurs sondages indiquent qu’il peut gagner. Un tout récent sondage CBS News/YouGov le voit ainsi devancer légèrement Trump au plan national, et d’autres sondages le prédisent gagnant dans des Etats-clé comme le Michigan, le Wisconsin ou la Pennsylvanie.

Harvey Weinstein jugé coupable d’agression sexuelle et de viol

Le producteur déchu Harvey Weinstein a été reconnu coupable lundi d’agression sexuelle et de viol, mais a évité une condamnation pour les accusations les plus graves, un verdict en demi-teinte qui constitue cependant une victoire pour le mouvement #MeToo.

Reconnu coupable d’agression sexuelle et de viol, Harvey Weinstein, 67 ans, est passible de 25 ans de prison au maximum, mais ne risque pas la perpétuité, car le jury l’a disculpé de la circonstance aggravante de comportement « prédateur », qui aurait pu lui valoir la prison à vie.

Sa peine sera déterminée ultérieurement par le juge James Burke, qui a présidé aux débats.

Il s’agit de la première reconnaissance de culpabilité dans une affaire post-#MeToo, celle de l’acteur Bill Cosby résultant de poursuites entamées en 2015, avant que le mouvement anti-agressions sexuelles ne commence en octobre 2017.

Le jury a eu besoin de cinq jours pour parvenir à une décision à l’unanimité sur certains chefs, condition nécessaire pour prononcer un verdict.

Les jurés devaient se déterminer sur le témoignage de trois femmes, parmi les plus de 80 qui ont accusé Harvey Weinstein de harcèlement ou d’agression sexuelle.

Au final, le jury ne l’a jugé coupable que des deux chefs les moins graves, l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, et le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013.

Il a, en revanche, relaxé le producteur d’un chef de viol plus grave lié à Jessica Mann, mais surtout de la circonstance aggravante de comportement « prédateur ».

L’agression de Mimi Haleyi et le viol présumé de Jessica Mann étaient poursuivis en tant que tels, tandis que le viol d’une troisième femme, la comédienne Annabella Sciorra, bien que prescrit, pouvait, lui, déclencher cette circonstance aggravante.

Mais le jury a également déclaré Harvey Weinstein non coupable de ce viol remontant à l’hiver 1993, près avoir demandé à réentendre le témoignage de l’actrice durant ses délibérations.

– Témoins discrédités

Tout au long du procès, la défense avait cherché à discréditer le récit des trois femmes.

Les avocats d’Harvey Weinstein ont produit une série de courriers électroniques montrant que Mimi Haleyi et Jessica Mann avaient maintenu le contact, de leur propre initiative, avec l’accusé après les faits présumés.

Dans le cas de Jessica Mann, la victime présumée a même concédé avoir eu des relations sexuelles sans opposition avec Harvey Weinstein jusqu’en 2016.

« Ce n’était pas une relation », avait martelé la procureure Joan Illuzzi-Orbon. « Jessica Mann était la poupée de chiffon d’Harvey Weinstein. »

Mimi Haleyi a elle raconté avoir eu un rapport sexuel initié par l’accusé deux semaines environ après le viol présumé, sans manifester de résistance.

Jessica Mann a dit avoir maintenu des relations avec l’ancien magnat du cinéma par « peur », tandis que Mimi Haleyi a expliqué qu’il s’agissait pour elle de maintenir une « relation professionnelle ».

La défense avait cherché à dépeindre deux femmes opportunistes, prêtes à se soumettre aux caprices du producteur, voire à ses pulsions sexuelles, pour tenter de mettre un pied à Hollywood.

Les avocats d’Harvey Weinstein avaient aussi laissé entendre que les deux plaignantes avaient témoigné par intérêt, pour augmenter leurs chances d’obtenir du producteur des dommages et intérêts une fois celui-ci condamné.

« Elles ont sacrifié leur dignité, leur intimité, leur quiétude dans l’espoir de faire entendre leur voix » au procès, leur avait opposé la procureure.

La procureure Joan Illuzzi-Orbon et son adjointe Meghan Hast avaient souligné qu’en fait d’opportunités, elles n’avaient quasiment rien obtenu du magnat d’Hollywood.

L’accusation a aussi rappelé qu’aucune des deux femmes n’avait attaqué en justice Harvey Weinstein pour obtenir réparation financière et qu’elles n’avaient aucun intérêt à venir témoigner au procès.

Ce verdict de culpabilité pourrait constituer un tournant pour le mouvement #MeToo, mais aussi pour la jurisprudence de ce type d’affaires, qui donnent très rarement lieu à des condamnations.

M. Weinstein doit encore répondre d’une autre inculpation pour deux agressions sexuelles à Los Angeles, annoncée début janvier.

Pourfendeur de Wall Street, Bernie Sanders y a aussi ses fidèles

Bernie Sanders, grand favori pour l’investiture démocrate à la présidentielle américaine de novembre, a fait de Wall Street sa bête noire. Mais même au coeur de la finance new-yorkaise, ce socialiste revendiqué a ses fans.

Surfant sur une dynamique favorable avec sa nette victoire dans le Nevada samedi et plusieurs sondages nationaux récents qui le placent largement devant ses rivaux, le sénateur de 78 ans apparaît comme le grand favori pour obtenir l’investiture démocrate et défier Donald Trump en novembre.

Son projet de taxer les riches et de resserrer le contrôle des banques et du système financier effraye des barons des marchés new-yorkais, tels l’ex-PDG de Goldman Sachs Lloyd Blankfein ou le gestionnaire de fonds Leon Cooperman, qui a jugé mardi que Bernie Sanders était plus dangereux que le coronavirus pour les marchés financiers. Le milliardaire Warren Buffett a lui affirmé, lundi sur la chaîne CNBC, qu’il voterait « certainement » pour l’ancien maire de New York Michael Bloomberg, accusé par Bernie Sanders de vouloir acheter la nomination démocrate avec sa fortune personnelle.

Mais d’autres acteurs du secteur accueillent avec enthousiasme la montée en puissance du sénateur du Vermont.

« Je ne suis pas Lloyd Blankfein, je travaille dans une entreprise familiale et je dois payer ma facture de santé à la fin du mois », explique Wade Black, un des membres fondateurs de la société d’investissement Scarsdale Equities, depuis son bureau du Rockefeller Center, au coeur de Manhattan.

Pour ce souriant quadragénaire démocrate qui dit avoir viré plus à gauche avec l’âge, les opinions à Wall Street sont bien plus diverses que certains clichés ne le laissent entendre.

« Beaucoup des gens qui y travaillent sont de simples salariés, ils ne sont pas payés comme les dirigeants de fonds spéculatifs. Il y a des employés de banque, du personnel administratif. Ce serait choquant qu’ils ne reflètent pas la diversité d’opinions qui existe aux Etats-Unis », insiste-t-il.

Un avis auquel souscrit Daniel Alpert, 61 ans, co-fondateur de la banque d’investissement new-yorkaise Westwood Capital.

« Wall Street s’est rajeunie. On ne sait pas vraiment ce que les jeunes pensent, car ils sont muselés. Les plus âgés qui sont restés occupent aujourd’hui des postes de direction, mais ne font que répéter le même refrain », décrit M. Alpert.

Le creusement des inégalités rend selon lui le message de Bernie Sanders plus audible dans l’ensemble de la société américaine, y compris le monde de la finance.

– Soutien financier –

Il n’y a eu aucun sondage qui permette d’avoir une idée précise de la proportion d’employés du secteur qui soutiennent M. Sanders.

Mais selon le Center for Responsive Politics, qui comptabilise les donations politiques de groupes de campagne et de particuliers supérieures à 200 dollars, Bernie Sanders a touché 1,7 million de dollars du secteur de la finance, des assurances et de l’immobilier depuis le début de sa campagne il y a un an, sur un total de 108 millions collectés au 31 décembre 2019.

Une somme loin de celles provenant du même secteur qu’ont perçues ses rivaux démocrates Pete Buttigieg (4,4 millions) et Joe Biden (4,1 millions), sur une ligne plus modérée, ou Donald Trump (2,7 millions).

Les contributions issues de fonds spéculatifs, de groupes d’investissement privés ou de sociétés de capital-risque sont en revanche quasi-nulles pour le sénateur socialiste revendiqué, se targuant de dépendre essentiellement des dons modestes de particuliers.

Wade Black a lui versé « environ 400 dollars » pour la campagne de Bernie Sanders, disant contribuer sous le coup de l’émotion lorsqu’il estime que le candidat est injustement attaqué.

– Menace pour les marchés? –

Si Bernie Sanders s’en prend régulièrement à Wall Street et à la haute finance, opposant la classe dominante des 1% aux 99% restants de la population, ses soutiens dans ce secteur ne se sentent pas pour autant visés.

« Il parle des grandes banques d’investissement, comme Goldman Sachs ou Bank of America. Elles exercent un pouvoir immense, encore plus qu’en 2008 » lors de la crise financière mondiale, souligne M. Black.

Dans son programme, Bernie Sanders propose de démanteler ces établissements, « trop grands pour faire faillite » et de mettre fin à ce qu’il qualifie d’impunité pour leurs dirigeants.

Pour plusieurs milliardaires américains, ce projet de réforme et d’autres mesures dans la même veine font courir le risque d’un effondrement boursier si le sénateur accédait à la Maison Blanche.

« On avait dit la même chose pour Donald Trump. Le marché a chuté au lendemain de son élection avant de se reprendre. Tout cela est grotesque », balaie Dan Alpert.

Allemagne: une voiture fonce dans un défilé de carnaval, « plusieurs blessés »

Plusieurs personnes ont été blessées lundi lorsqu’une voiture a foncé dans un défilé de carnaval dans le centre de l’Allemagne, a annoncé la police, sans pouvoir préciser pour l’heure s’il s’agissait d’un acte délibéré.

Le conducteur du véhicule « a été arrêté », a précisé la police, alors qu’une partie de l’Allemagne célèbre le « lundi des roses », le point culminant des festivités du carnaval.

La police a dans la foulée annoncé sur Twitter l’annulation « par mesure de précaution » de tous les défilés de carnaval dans l’Etat-région de Hesse.

Selon des médias locaux, un break Mercedes gris métallisé a foncé dans la foule à Volkmarsen, près de Kassel, et au moins dix personnes ont été blessées, dont des enfants.

Selon le quotidien Bild, le nombre de blessés s’élevait à « plus de trente, dont environ un tiers grièvement ».

« Il est encore trop tôt » pour déterminer si le conducteur a délibérément foncé dans la foule, a indiqué à l’AFP une porte-parole de la police, qui n’a pas voulu non plus donner d’indications sur la gravité des blessures.

Des témoins interrogés par le quotidien régional Frankfurter Rundschau ont eu l’impression que le suspect visait particulièrement les enfants après avoir foncé à plein gaz dans la foule et poursuivi sa course sur une trentaine de mètres.

De nombreuses victimes gisaient au sol et ont été prises en charge par des équipes de secours déployées en masse dans cette commune de 7.000 habitants, situé dans l’Etat régional de Hesse.

– Vigilance –

Selon des témoins cités par les médias locaux, le véhicule a percuté la foule vers 14h30 (13h30 GMT).

Des photos publiées par les médias montraient une voiture Mercedes arrêtée devant l’entrée d’un parking de supermarché.

De nombreux véhicules de police et des pompiers ont investi les alentours de ce supermarché. Un hélicoptère a également atterri dans la zone, selon le quotidien local Hessische Niedersächische Allgemeine.

L’origine des faits n’est pas encore établie mais ils interviennent dans un contexte tendu en Allemagne, en particulier dans cet Etat de Hesse frappé mercredi dernier par une double fusillade raciste qui a fait neuf morts à Hanau.

Les autorités allemandes sont sur le qui-vive concernant la menace islamiste, particulièrement depuis un attentat au camion-bélier revendiqué par le groupe Etat islamique qui avait fait 12 morts en décembre 2016 à Berlin.

Depuis cette date, les autorités allemandes ont déjoué neuf tentatives d’attentat de ce type, dont deux en novembre 2019, selon des chiffres de l’Office fédéral de police criminelle.

Mais la menace d’un terrorisme d’extrême droite inquiète tout autant les autorités, avec le meurtre d’un élu allemand pro-migrants en juin 2019, puis une attaque visant une synagogue de Halle en octobre 2019, et enfin l’attentat de Hanau.

Les régions de l’Ouest et du Sud de l’Allemagne en particulier célèbrent actuellement le carnaval, rendez-vous annuel costumé très attendu.

Traditionnellement le lundi des roses consiste en un défilé de chars dans les rues des grandes villes comme Cologne, Düsseldorf ou Mayence.

Le carnaval est très suivi dans les régions à majorité catholique.

Le Botswana s’inquiète de la hausse du braconnage visant ses rhinocéros

Les autorités du Botswana ont tiré lundi la sonnette d’alarme à propos de la forte recrudescence des cas de braconnage visant leurs rhinocéros sauvages, dont près de 10% de la population a disparu au cours de l’année écoulée.

Au moins 46 d’entre eux ont été tués depuis avril dernier pour leurs cornes dans la seule réserve de Moremi (nord), a déclaré à l’AFP le directeur adjoint du ministère en charge de la Vie sauvage, Moemi Batshabang.

« Le braconnage a augmenté dans des proportions inquiétantes dans ce secteur », a ajouté M. Batshabang.

S’il accueille la plus importante population d’éléphants au monde, le Botswana ne recense plus aujourd’hui sur son territoire qu’un faible nombre de rhinocéros – blancs ou noirs – évalué entre 400 et 500 spécimens, selon ses statistiques.

La plupart ont élu domicile dans le célèbre delta de la rivière Okavango (nord), où se trouve la réserve de Moremi.

Les autorités du pays d’Afrique australe redoutent qu’au rythme actuel de la chasse illégale, leur population de rhinocéros soit entièrement rayée de la carte d’ici 2021.

Comme dans le reste du continent, le braconnage se nourrit de la forte demande pour leurs cornes, composées de kératine comme les ongles humains, issue de la Chine et du Vietnam notamment, où la médecine traditionnelle leur prête la faculté de soigner le cancer ou l’impuissance sexuelle.

Au marché noir, le kilogramme de cornes de rhinocéros se monnaie jusqu’à 60.300 dollars (55.000 euros).

En renforçant ses moyens de lutte contre braconniers et trafiquants, l’Afrique du Sud, qui abrite 80% de la population mondiale, a réussi à réduire de 23% le nombre de ses rhinocéros tués en 2019, selon les statistiques officielles.

Tanzanie: un journaliste libéré après avoir plaidé coupable de crimes économiques

Un journaliste d’investigation tanzanien, Erick Kabendera, dont la détention depuis sept mois a suscité une vive réprobation internationale, a été libéré lundi après avoir plaidé coupable de crimes économiques.

M. Kabendera travaille pour des médias nationaux et étrangers, comme The East African, dont le siège est au Kenya. Il a publié plusieurs analyses critiques sur la vie économique et politique dans la Tanzanie du président John Magufuli.

Il avait d’abord été détenu pour être interrogé sur sa nationalité avant que les charges ne soient transformées en sédition. Puis ces charges ont été abandonnées et finalement M. Kabendera a été inculpé en août 2019 de crimes économiques et blanchiment d’argent.

Il était détenu depuis et son procès a été reporté 11 fois. Il s’était même vu refuser d’assister aux funérailles de sa mère en janvier.

L’arrestation et les poursuites engagées contre ce journaliste indépendant réputé ont été pour beaucoup d’observateurs révélatrices de l’érosion de la liberté de la presse en Tanzanie depuis l’élection de M. Magufuli fin 2015.

M. Kabendera a plaidé coupable des chefs d’accusation de blanchiment d’argent et de non-paiement de 173 millions de shillings (69.000 euros) d’impôts.

Il a été libéré après avoir payé une amende de 250.000 shillings (100 euros) pour avoir omis de payer des impôts, mais doit encore verser 100 millions de shillings (39.933 euros) d’amende pour blanchiment d’argent.

Le journaliste a déclaré qu’il « appréciait le soutien de tous ».

« J’ai traversé des moments difficiles et finalement je suis libre. Je ne m’y attendais pas mais je suis reconnaissant pour tout le soutien », a-t-il dit.

Son avocat Jebra Kambole a précisé que l’amende restante serait payée en plusieurs versements.

Les Etats-Unis et la Grande-Bretagne avaient dénoncé la « lente érosion » des droits en Tanzanie, citant l’exemple de M. Kabendera.

Reporters sans frontières (RSF), qui classe la Tanzanie de M. Magufuli parmi les régimes prédateurs de la liberté de la presse, et Amnesty International, entre autres, ont réclamé la libération de M. Kabendera.

Depuis l’élection de M. Magufuli, des meetings de partis d’opposition ont été interdits, des responsables de l’opposition arrêtés et poursuivis, des journaux fermés et des journalistes et artistes molestés ou menacés de mort, après avoir critiqué le gouvernement.

Surnommé le « bulldozer », M. Magufuli a fermé des journaux, interdit des rassemblements de l’opposition, mis un terme aux retransmissions en direct des sessions parlementaires et utilisé la loi sur les cybercrimes pour emprisonner les critiques.

Soudan du Sud: la voie de la paix reste pavée d’obstacles

Le président sud-soudanais, Salva Kiir, et son vieux rival Riek Machar partagent à nouveau tant bien que mal le pouvoir, mais la marche vers la paix sera encore longue et périlleuse pour leur pays, après six années d’une guerre civile destructrice.

Chef de la principale rébellion au Soudan du Sud, M. Machar est redevenu samedi vice-président, pour la troisième fois depuis l’indépendance en 2011 et conformément à un accord de paix conclu en 2018.

Il a donné l’accolade à M. Kiir, auquel l’oppose pourtant une inimitié viscérale à l’origine de tous les maux récents de leur pays, et qui a pour sa part proclamé « la fin officielle de la guerre ».

« C’est une étape cruciale, mais ce n’en est qu’une dans le très long parcours qui attend le Soudan du Sud pour sortir du conflit », souligne pour l’AFP Alan Boswell, expert auprès de l’International Crisis Group (ICG).

« Les Sud-Soudanais restent très sceptiques quant aux chances de voir ces deux dirigeants travailler ensemble et non l’un contre l’autre », ajoute-t-il.

L’annonce jeudi d’un accord sur la formation d’un gouvernement d’union nationale n’est intervenue que sous forte pression internationale et à quelques heures de la date butoir fixée au 22 février, après le report des deux échéances précédentes.

Pour y parvenir, les deux leaders ont dû se résoudre à des concessions de dernière minute, saluées par les partenaires internationaux.

La proposition de M. Kiir de revenir à un système fédéral de 10 États, au lieu de 32, a ainsi contribué à débloquer la situation. Même si son choix d’y ajouter trois « zones administratives » (Ruweng, Pibor et Abyei), dans des régions pétrolières, a été initialement mal accueilli par M. Machar.

– De nombreux motifs de dissension –

Et ce dernier a en retour pris le risque de sacrifier à sa sécurité personnelle, en acceptant qu’elle soit confiée aux troupes présidentielles.

Mais les motifs de dissension restent nombreux. Les deux camps continuent par exemple à maintenir leurs propres forces armées, le projet de créer une armée nationale unifiée forte de 83.000 hommes n’ayant guère avancé.

« C’est la confusion totale pour ce qui est des dispositions sécuritaires », observe M. Boswell. « Les deux camps gardent l’essentiel de leurs forces en réserve et ils ont recruté abondamment pour garnir leurs rangs ».

La situation pourrait dès lors facilement « échapper à tout contrôle », met en garde l’analyste.

Pour Luuk van der Vondervoort, chercheur au European institute of peace, la question est avant tout de savoir s’il y aura « un véritable partage du pouvoir », car « la dernière fois, ça n’avait pas été le cas ».

Le Soudan du Sud a sombré dans la guerre civile en décembre 2013 lorsque M. Kiir, un Dinka, a accusé M. Machar, son ex-vice-président, membre de l’ethnie nuer, de fomenter un coup d’État.

Le conflit, marqué par des atrocités, dont des meurtres et des viols, a fait en six ans plus de 380.000 morts et provoqué une crise humanitaire catastrophique.

– La reconstruction prendra « des générations » –

Un précédent accord de paix avait permis la nomination de M. Machar comme vice-président en 2016. Mais l’expérience n’avait duré que quelques semaines et s’était soldée par d’intenses combats entre ses troupes et celles de M. Kiir à Juba.

Pour M. Van der Vondervoort, il revient à la communauté internationale de maintenir l’impulsion. « Il faut avoir conscience que derrière toutes les images publiques et la rhétorique de la réconciliation, derrière les accolades et les sourires, cet accord n’a été rendu possible que par la pression continue de la région et des États-Unis ».

Cinq postes de vice-présidents ont été attribués, dont celui de premier vice-président confié à M. Machar, et les négociations se poursuivent pour la composition du gouvernement.

Certains observateurs veulent voir une lueur d’espoir dans l’apparente volonté de M. Kiir et Machar de faire des compromis.

« Pour l’instant, nous ne savons pas ce qui se passera car (M. Machar) n’a pas encore pris ses fonctions (…). Mais s’ils continuent à faire des compromis, alors nous verrons de bonnes choses se passer dans ce pays », estime Abraham Kuol Nyoun, professeur en sciences politiques à l’université de Juba.

La guerre civile a contraint plus de quatre millions de personnes à fuir leur foyer. Et, à l’écart des marchandages politiques, quelque 190.000 personnes continuent à vivre dans des camps placés sous protection de l’ONU, trop apeurés pour rentrer chez eux.

Des villes et villages entiers ont été détruits par ce brutal conflit ethnique et pour M. Boswell la reconstruction du pays prendra « des générations ».

« Recréer une identité nationale et favoriser le pardon national prendra beaucoup, beaucoup de temps », ajoute-t-il, remarquant que neuf ans après l’indépendance les leaders sud-soudanais doivent encore convaincre leur peuple que le « Soudan du Sud peut être viable et aller de l’avant ».

Accusé du meurtre de son ex-femme, le Premier ministre du Lesotho devant la justice

Le Premier ministre du Lesotho Thomas Thabane s’est présenté lundi à la surprise générale devant la justice de son pays pour y répondre des rocambolesques accusations du meurtre de son ex-épouse qui agitent le royaume depuis des semaines.

Officiellement en Afrique du Sud depuis vendredi dernier pour des « raisons médicales », M. Thabane, 80 ans, a fait une apparition inattendue en début de matinée devant un tribunal de la capitale Maseru, a constaté une journaliste de l’AFP.

Il était accompagné de sa deuxième femme Maesaiah Thabane, 42 ans, épousée deux mois après la mort de la première et déjà inculpée de complicité du meurtre de sa rivale.

A l’issue d’une brève audience, le dossier a été renvoyé devant la Haute Cour du Lesotho sans que le Premier ministre Thabane ne soit formellement inculpé.

Son avocat, Qhalehang Letsika a plaidé qu’il ne pouvait pas l’être tant qu’il dirigeait le gouvernement.

« Mon client ne peut pas être poursuivi tant qu’il exerce ce mandat mais il n’est pas au-dessus des lois », a-t-il expliqué, ajoutant que ses fonctions actuelles « lui assurent l’impunité ».

La juge en charge du dossier, Phethise Motanyane, a convenu que la situation était exceptionnelle et préféré renvoyé l’affaire devant l’instance supérieure. « Je dois avouer que ce dossier est inédit dans notre pays », a-t-elle commenté.

La date de l’audience devant la Haute Cour n’a pas été annoncée.

L’affaire déstabilise le sommet de ce petit pays coincé au cœur de la puissante Afrique du Sud depuis des mois.

– Remous politiques –

Elle a véritablement éclaté en janvier, lorsque le chef de la police a révélé dans un courrier rendu opportunément public qu’un appel passé sur le téléphone portable du Premier ministre avait été localisé sur les lieux du meurtre de sa femme.

Lipolelo Thabane, 58 ans, a été tuée par balle en juin 2017 à Maseru, deux jours avant l’investiture de son époux.

Sous la pression de l’opposition et de son propre parti, le Congrès de tous les Sothos (ABC), Thomas Thabane a annoncé quelques jours plus tard qu’il allait démissionner d’ici juillet.

Interrogé une première fois par la police sur les circonstances de cet assassinat, le chef du gouvernement avait été convoqué vendredi devant le tribunal de Maseru pour y être inculpé.

Mais il s’est alors fait porter pâle, officiellement en déplacement en Afrique du Sud pour des raisons médicales « d’urgence ». Son entourage a alors fait savoir qu’il ne serait pas prêt à comparaître avant le 27 février.

Son départ inopiné à l’étranger a un temps poussé les autorités à envisager l’émission d’un mandat d’arrêt à son encontre.

Sur le front politique, le principal parti d’opposition, le Congrès démocratique, a formellement déposé vendredi dernier devant le Parlement une motion de défiance contre le Premier ministre et son gouvernement.

Si elle obtient une majorité des voix des parlementaires, il devra démissionner ou proposer au roi Letsie III la dissolution du Parlement et l’organisation de nouvelles élections.

Le Lesotho a une longue histoire d’instabilité politique, illustrée par des coups d’Etat militaires en 1986 et 1991.

Frappé par le chômage, une épidémie de sida qui touche 23% de sa population de 2 millions d’habitants et un manque criant de services publics, il fait partie des pays les plus pauvres de la planète.

Afrique du Sud: des femmes porteuses du VIH stérilisées de force dans des hôpitaux (rapport)

Une cinquantaine de Sud-Africaines porteuses du VIH ont été stérilisées de force dans des hôpitaux en Afrique du Sud, a révélé lundi une enquête qui fait état de nombreuses violations de leurs droits et appelle à une action gouvernementale.

Cette enquête a été lancée en 2015 lorsque deux organisations de défense des droits des femmes ont approché la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) avec 48 cas documentés de stérilisation forcée.

La CGE avait réuni des témoignages sous serment de plaignantes faisant état de ces stérilisations.

« Toutes les femmes qui ont déposé plainte étaient des femmes noires qui étaient majoritairement porteuses du VIH », a déclaré la cheffe du CGE, Keketso Maema, citée dans ce rapport publié lundi.

« Alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher (…) elles ont été contraintes ou forcées de signer des formulaires dont elles ont appris par la suite qu’il s’agissait de formulaires de consentement permettant par divers moyens à l’hôpital de les stériliser », selon les termes du document.

Tous les cas mentionnés dans le rapport ont eu lieu entre 2002 et 2015.

Des enquêteurs ont découvert que du personnel hospitalier menaçait de refuser de prodiguer à ces femmes des soins médicaux si elles ne signaient pas ces formulaires.

Certaines des plaignantes, selon ce rapport, ont déclaré avoir reçu ces formulaires alors qu’elles vivaient des moments de « douleur extrême » au cours desquels elles ne pouvaient pleinement comprendre le contenu de ces formulaires et ce qu’elles étaient en train de signer.

Toutes ces femmes ont accouché par césarienne, facilitant une intervention chirurgicale de stérilisation.

Elles ont été nombreuses à tomber en dépression après avoir découvert qu’elles ne pourraient plus avoir d’enfants, et certaines ont été abandonnées par leur conjoint.

– Pas de questions –

Une de ces victimes a déclaré aux enquêteurs qu’elle avait découvert tardivement que ses trompes de Fallope – une des parties constituantes de l’appareil génital féminin et dont le rôle est indispensable dans le processus de reproduction – avaient été sectionnées après un accouchement.

Elle a appris ce qui lui était arrivé plusieurs années après avoir consulté un médecin privé pour comprendre son infertilité nouvelle.

Après son accouchement, elle était restée à l’hôpital pendant une période anormalement longue pour être soignée pour une infection de sa cicatrice après une césarienne.

« Elle (…) n’a jamais été informée de ce qui lui était arrivé », selon les termes du rapport, citant des extraits de son témoignage.

Une autre plaignante a du signer les formulaires et au moment où elle demandait à l’infirmière pourquoi elle devait le faire, celle-ci lui a répondu: « Vous les gens porteurs du VIH vous ne vous posez pas de questions quand vous faites des bébés ».

« Pourquoi posez-vous des questions maintenant, vous devriez être stérilisés, les personnes vivant avec le VIH, vous aimez faire des bébés, et ça nous ennuie. Signez les formulaires et partez ».

La commission a conclu que ces femmes ont été exposées à des violations graves des droits humains et subi « des traitements dégradants ». En outre, elle accuse le personnel hospitalier d’avoir failli à leur « obligation de soins ».

Ce rapport a été communiqué au ministère sud-africain de la Santé, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

Le nombre total de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud est passé d’environ 4,64 millions en 2002 à 7,97 millions en 2019, selon des statitisques gouvernementales.

En 2019, 13,5% de la population totale en Afrique du Sud était séropositive.

L’opposition appelle les Togolais à contester la rélection du président, ses électeurs se disent « résignés »

L’opposition a appelé les Togolais à « défendre la vérité des urnes », au lendemain de la victoire contestée du président sortant Faure Gnassingbé reconduit pour un quatrième mandat, mais le pays était très calme, les partisans de l’opposition se disant « résignés ».

Faure Gnassingbé, 53 ans, a été reconduit à la tête de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest lors d’un scrutin aux chiffres officiels « inédits », tant par son score (72% des voix) que par le taux de participation de 77%.

C’est la première fois que des résultats officiels sont annoncés aussi rapidement au Togo, à peine plus de 24 heures après le scrutin, et la Commission électorale indépendante (Ceni) a « pris tout le monde de court », selon un diplomate missionné dans le pays.

« Les observateurs internationaux n’avaient même pas encore fait leurs déclarations », note cette source, estimant qu’il était « impossible de compiler et centraliser physiquement -des quelque 9.000 bureaux de vote du pays- sans système électronique ».

« Il ne s’est pas embêté avec des résultats au coude à coude », analyse cet observateur, « il a voulu faire passer le message que c’est lui le patron ».

La situation commençait à se crisper quelques heures avant cette annonce: les deux camps s’étaient d’ores et déjà déclarés vainqueurs, et le candidat outsider de l’opposition, Agbéyomé Kodjo, crédité de 18% des suffrages selon les résultats officiels, dénonçait des fraudes et des irrégularités.

Dès lundi matin, un appel de l’opposant à « défendre la vérité des urnes » circulait à travers le pays, sur l’application de messagerie Whatsapp, sans guère rencontrer d’écho.

A Lomé, quelques véhicules de l’armée et des forces de l’ordre patrouillaient dans les rues, tandis que la population se rendait au travail et vaquait à ses occupations ordinaires.

Les Togolais étaient descendus par dizaines de milliers dans les rues en 2017 et 2018 pour demander la démission de Faure Gnassingbé, dans des manifestations réprimées dans le sang.

Mais le pouvoir a tenu bon et en 2019, le Parlement votait une révision de la Constitution lui permettant de se présenter pour un quatrième et cinquième mandats.

– ‘Fatigués’ –

Les électeurs de l’opposition se sont dit « déçus » voire « trahis » par l’opposition historique de l’Alliance nationale pour le changement, qui a remporté un score très faible (4%), mais de manière générale beaucoup ne croient plus à l’alternance et sont résignés après plus d’un demi-siècle de la même famille au pouvoir.

Dans les quartiers de Lomé acquis à l’opposition, on échangeait, mais d’une manière générale, les gens se disent « fatigués ».

« Chaque jour, c’est toujours le même qui gagne, nous on voulait le changement mais cela ne peut pas arriver ici », explique Caleb, un commerçant partisan de « Kodjo », à l’AFP.

« Même si Kodjo appelle à descendre dans la rue je ne crois pas que j’irai. On a manifesté mais rien ne change, je vais pas mettre ma vie en danger », a-t-il ajouté.

« Les résultats sont faux mais nous sommes résignés. Qu’est-ce qu’on peut faire? Si tu sors dans la rue on te tue, on te frappe », renchérit Dodji, le client d’un restaurant de rue qui prenait son café lundi matin.

De son côté, le président sortant n’a pas fait pour l’instant de discours à la nation, mais a fêté sa victoire avec ses supporters dans un « village présidentiel », construit à Lomé à l’occasion de la campagne électorale.

Il est apparu en costume gris clair et casquette bleue estampillée d’un F pour « Faure », et a remercié « la jeunesse togolaise mobilisée pour célébrer (…) la démocratie ».

« La vérité vient d’éclater (…). Ceux qui voulaient s’agiter se sont agités, mais nous sommes restés calmes », a-t-il déclaré sous les applaudissements des partisans d’Unir (Union pour la république).

Lundi matin, sur son compte officiel Twitter, les internautes pouvaient lire un bref message: « Merci pour la confiance renouvelée. Oui, allons-y ».

M. Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 après le décès de son père, le général Gnassingbé Eyadéma, qui avait lui-même dirigé le Togo pendant 38 ans, a été réélu depuis lors de scrutins tous contestés par l’opposition.

Il garde d’importants alliés parmi ses pairs africains et avec la France, ex-puissance coloniale impliquée dans la lutte contre les mouvements jihadistes au Sahel voisin, qui restent particulièrement sensibles à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Second jour d’échanges de tirs entre le Jihad islamique et Israël

Le Jihad islamique a lancé une nouvelle salve de roquettes lundi dans le sud d’Israël où des écoles, des commerces et des routes sont fermés de manière préventive, après des frappes meurtrières la veille de l’aviation israélienne contre des positions de ce mouvement palestinien en Syrie et à Gaza.

Ces nouvelles tensions entre Israël et le Jihad islamique, un groupe armé jugé proche de l’Iran, interviennent à une semaine des élections législatives cruciales pour la survie politique du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

De manière préventive, quelque 65.000 élèves ont été sommés de rester à la maison lundi dans des villes israéliennes jouxtant la bande de Gaza, les trains ont été annulés entre les villes d’Ashkelon et Beersheva et plusieurs routes sont fermées dans le sud du pays.

Vingt roquettes ont été tirées de Gaza vers le territoire israélien, dont 18 ont été interceptées par le bouclier antimissiles Dôme de Fer, a indiqué l’armée, alors que le Jihad islamique a simultanément revendiqué ces frappes.

– Souvenir de novembre –

Selon un journaliste de l’AFP, une roquette est tombée dans un parc pour enfants de la ville de Sdérot sans faire de blessés car personne n’était sur les lieux.

Dans la foulée, l’armée israélienne a bombardé des cibles du mouvement dans la bande de Gaza.

« Le Jihad islamique et le Hamas doivent comprendre que cela ne peut durer. S’ils ne cessent pas les frappes complètement – et je ne parle pas d’un jour ou deux, mais définitivement – nous devrons aller de l’avant avec une campagne (militaire) d’envergure », a prévenu lundi M. Netanyahu.

Au cours de la nuit de dimanche à lundi, l’aviation israélienne avait mené des frappes aériennes contre des « positions » du Jihad islamique près de Damas, en Syrie, et dans la bande de Gaza après des tirs de roquettes par le groupe depuis l’enclave.

Six combattants, dont deux du Jihad islamique, ont été tués dans ces frappes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH).

Les forces israéliennes sont souvent accusées par Damas de mener des frappes en Syrie voisine, mais elles revendiquent rarement des bombardements dans ce pays, qu’elles accusent d’héberger des éléments qui lui sont hostiles comme le Hezbollah libanais, la Force iranienne Qods et le Jihad islamique.

Israël avait mené en novembre une opération éclair contre le Jihad islamique dans la bande de Gaza qui avait fait une trentaine de morts dont neuf membres d’une famille palestinienne sans lien avec le groupe armé.

L’armée avait alors abattu un important commandant du mouvement, Baha Abou al-Ata, qu’elle jugeait responsable de nombreux tirs de roquettes contre Israël dont l’un en direction d’un meeting de M. Netanyahu peu avant les élections de septembre qui n’ont pas abouti à la formation d’un gouvernement.

En représailles, le Jihad islamique avait lancé des centaines de roquettes vers Israël qui avait répliqué par des bombardements aériens mais en évitant de frapper les positions du Hamas pour ne pas mettre en péril une trêve fragile avec ce mouvement islamiste favorisée par l’ONU, le Qatar et l’Egypte.

Le Hamas a livré trois guerres à Israël, mais bénéficie depuis près d’un an de cette trêve avec l’Etat hébreu contrairement au Jihad islamique, deuxième plus important groupe islamiste armé de Gaza.

– Bombes, bulldozer et roquettes –

Dimanche, l’armée israélienne avait ouvert le feu sur deux membres du Jihad islamique qui « tentaient de placer un engin explosif à proximité » de la barrière séparant Israël de Gaza.

« Un bulldozer de l’armée a récupéré le corps de l’un des assaillants », tué par les forces israéliennes, a précisé l’armée.

Selon un journaliste de l’AFP sur place, des Palestiniens se sont approchés pour tenter de récupérer la dépouille de l’homme avant qu’un bulldozer israélien ne ramasse le corps et retourne en direction de la barrière frontalière.

Israël garde les corps de Palestiniens pour s’en servir comme monnaie d’échange avec le Hamas, qui détient aussi des dépouilles d’Israéliens.

Une vidéo de l’incident, authentifiée par l’AFP, circule en boucle sur les réseaux sociaux palestiniens et à l’étranger. Lundi, le Premier ministre palestinien, Mohammed Shtayyeh, a condamné « l’assassinat » de ce membre du Jihad islamique dont la dépouille a été « maltraitée » par les autorités israéliennes.

Appelant à venger l’un de ses « martyrs », le Jihad avait ensuite tiré des roquettes vers Israël.

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Virus : l’Italie confine onze villes du Nord pour endiguer la contagion

Un cordon sanitaire était en place lundi autour de onze villes du nord de l’Italie, cœur économique du pays, pour endiguer la propagation du coronavirus, qui y a déjà fait cinq morts.

La soudaine flambée depuis vendredi des cas de nouveau coronavirus, passés de 6 à 219 en quatre jours, fait de l’Italie le pays le plus touché en Europe et le troisième dans le monde après la Corée du Sud et la Chine.

L’annonce lundi de la mort d’un homme de 88 ans près de Milan, en Lombardie (nord-ouest), a fait grimper le bilan à cinq décès, tous survenus dans le nord du pays : quatre en Lombardie et un en Vénétie (nord-est). Il s’agissait à chaque fois de personnes âgées et souvent déjà atteintes d’autres pathologies.

Le premier décès d’un Italien – et premier d’un Européen – avait été annoncé vendredi dans un village près de Padoue en Vénétie.

Le patient numéro 1 pour la Lombardie est un homme de 38 ans, Mattia, cadre de la multinationale anglo-néerlandaise Unilever à Casalpusterlengo. L’origine de sa contamination reste cependant un mystère, du propre aveu du ministère de la Santé.

L’Italie a multiplié depuis les mesures de précaution, dont la mise en semi-confinement des quelque 52.000 habitants d’une dizaine de villes du Nord: les lieux publics y sont fermés, sauf quelques magasins de première nécessité et les pharmacies de garde.

Le chef de la Protection civile italienne Angelo Borrelli a cherché lundi à rassurer la population: « Nous sommes intervenus à travers des mesures fortes et importantes, et donc je pense que notre pays est en mesure de garantir la sécurité », a-t-il assuré lors d’une conférence de presse.

Par précaution, toutes les excursions scolaires sont suspendues à l’intérieur et l’extérieur de la péninsule. Cette crise sanitaire a fait chuter la bourse de Milan, capitale économique du pays (-4,7%, vers 13H00 GMT).

Par ailleurs, une soixantaine de passagers venus de Lombardie et de Vénétie voyageant à bord d’un avion de la compagnie italienne Alitalia se sont vu interdire lundi de débarquer à l’île Maurice.

En Lombardie, région la plus touchée avec 167 cas, le métro de Milan était à moitié vide lundi matin, avec de nombreux passagers équipés de masques de protection.

Ecoles, universités, mais aussi musées, cinémas et théâtres dont la prestigieuse Scala, ainsi que la cathédrale gothique, symbole de la ville, sont fermés.

– Cinémas désertés –

Certains supermarchés milanais sont déjà dévalisés et le maire de la ville Beppe Sala a appelé ses concitoyens à la raison: « plutôt que de courir dans les supermarchés pour s’accaparer des aliments, il faudrait prendre soin des plus faibles, en particulier des personnes âgées qui sont celles qui courent le plus de risques ».

Les bars devront baisser leurs rideaux de 18H00 à 6H00 du matin, suspendant de fait la tradition locale de l’apéritif.

« Nous sommes sûrs que les mesures que nous avons prises empêcheront la contagion de se répandre », a assuré le président de Lombardie, Attilio Fontana.

En Ligurie (nord-ouest), la célébration des messes a été interrompue. Seuls les enterrements et les mariages restent programmés, mais en petit comité.

Les cinémas du pays sont aussi désertés: ce week-end, les recettes ont chuté de 44% par rapport au week-end précédent.

Outre la Lombardie, voisine de la Suisse, c’est en Vénétie, proche de la Slovénie, qu’ont été détectés le plus grand nombre de cas (27 cas dont un mort).

La Vénétie a décrété dimanche l’interruption des festivités du célèbre carnaval de Venise -qui devait s’achever mardi- ainsi que des manifestations sportives et la fermeture des écoles et musées. Mais bars et restaurants restent ouverts.

Trois autres régions sont touchées: l’Emilie-Romagne (nord), le Piémont (nord-ouest) frontalier de la France, et le Trentin-Haut-Adige (nord-est), frontalier de l’Autriche.

Autour des principaux foyers, écoles et universités sont fermées, tout comme tous les lieux publics (bars, restaurants, bibliothèques, mairies, salles de sport).

ljm-cf-cm-glr/mm

Foot: Adebayor a fait ses grands débuts au Paraguay sous le maillot d’Olimpia

L’attaquant togolais Emmanuel Adebayor, ancien joueur d’Arsenal et de Manchester City, a fait dimanche ses grands débuts dans le Championnat du Paraguay de football sous le maillot d’Olimpia.

Adebayor, 35 ans, est entré en jeu en début de seconde période du choc entre Olimpia et Cerro Porteno, en remplacement du vétéran paraguayen Roque Santa Cruz, son ancien coéquipier à Manchester City et grand ami.

La rencontre s’est soldée par un nul 1-1. Si Adebayor, chaleureusement accueilli par les supporters d’Olimpia, est resté muet, il a bien failli offrir la victoire à sa nouvelle équipe d’une tête qui a rasé la transversale du but de Cerro Porteno.

Le Togolais formé au FC Metz, finaliste de la Ligue des champions 2004 avec Monaco, était sans club depuis décembre et la résiliation de son contrat avec le club turc de Kayserispor.

Il est également passé par le Real Madrid et Tottenham.

Le Club Olimpia, une des formations de la capitale Asuncion, a remporté les quatre derniers titres de champion du Paraguay et pointe après six journées à la 4e place du tournoi d’ouverture avec 11 points, soit cinq de moins que le leader, Libertad.

Olimpia dispute également la Copa Libertadores et affrontera en phase de poules les Brésiliens de Santos, le club argentin de Defensa y Justicia et les Equatoriens de Delfin.

« Comme des réfugiés »: à Wuhan, la lutte des habitants confinés pour se nourrir

« On a l’impression d’être des réfugiés »: à Wuhan, la ville berceau du coronavirus coupée du monde depuis un mois, les habitants confinés luttent pour se nourrir, entre une offre raréfiée, des restrictions d’achat et une envolée du prix des légumes.

Son quartier a été verrouillé sans préavis: Guo Jing, une jeune femme de 29 ans, est désormais cloîtrée chez elle.

Elle a vu les libertés de circulation réduite progressivement à néant: d’abord, le 23 janvier, il est devenu interdit de quitter Wuhan, coupée du monde dans l’espoir d’endiguer l’épidémie, apparue dans cette ville de 11 millions d’âmes du centre de la Chine.

Puis, les habitants n’ont plus eu le droit de quitter leur complexe résidentiel ou bloc d’habitation qu’une fois tous les trois jours.

Et désormais, même cette permission a disparu: Guo Jing ne peut plus mettre un pied dehors et dépend désormais des livraisons à domicile.

« Certes, je peux vivre ainsi encore un mois », explique-t-elle, évoquant ses stocks de légumes marinés et d’oeufs.

Tous n’ont pas cette chance: pour les millions de Chinois piégés à Wuhan, l’interdiction de quitter sa résidence suscite d’angoissantes questions pratiques.

« Quand les provisions que nous avons chez nous seront terminées, j’ignore totalement où nous pourrons faire des achats », s’inquiète Pan Hongsheng, qui vit avec son épouse et ses deux enfants.

Les habitants de cette ville bouclée depuis un mois ont été contactés par l’AFP par téléphone et par messagerie.

Certaines communautés ou résidences passent des commandes en gros après de supermarchés.

Rien de tel dans le voisinage de M. Pan: « Tout le monde s’en fiche », se désole-t-il auprès de l’AFP. « Notre petit de trois ans n’a même plus de lait en poudre! ».

Pan Hongsheng est dans l’impossibilité de transmettre des médicaments à ses beaux-parents octogénaires habitant un autre quartier. « On a l’impression d’être des réfugiés », commente-t-il, amer.

– « On ne peut pas choisir » –

Les autorités appellent à la patience: « Le contrôle étroit des communautés dérange un peu la vie des gens, c’est inévitable », a simplement constaté devant la presse Qian Yuankun, vice-secrétaire du Parti communiste dans la province.

Les achats groupés de nourriture s’envolent, organisés sur des groupes de discussion improvisés sur la messagerie mobile WeChat.

Certains commerces vendent des paniers de produits frais au poids, à condition que les commandes soient groupées à une même adresse.

Dans le quartier de Guo Jing, on peut acheter 6,5 kilos de légumes de cinq variétés, dont des patates et des choux, au prix fort de 50 yuans (6,60 euros).

« Vous ne pouvez pas choisir ce que vous aimeriez manger. Les préférences personnelles ne sont plus de saison », soupire la jeune femme.

Le système des achats groupés laisse de côté certaines communautés de petite taille, puisque les supermarchés exigent un nombre minimum de commandes.

« Honnêtement, on ne peut pas faire autrement », se justifie Yang Nan, patronne d’un supermarché Laocunzhang, qui impose un minimum de 30 commandes groupées. « Nous avons seulement quatre véhicules » et un effectif réduit.

Un autre supermarché indique à l’AFP ne satisfaire que 1.000 commandes au maximum par jour.

« C’est devenu très compliqué de recruter » des coursiers, observe Wang Xiuwen, salarié du département logistique du magasin, indiquant être réticent à accepter des bras extérieurs… par crainte des contaminations.

– Légumes « déjà pourris »-

L’intensité des restrictions varie cependant selon les quartiers.

Une jeune femme de 24 ans, s’exprimant sous couvert d’anonymat, explique à l’AFP que les occupants de son immeuble peuvent sortir, une personne par foyer à la fois, et payer des livreurs directement pour leur ramener des courses.

Dans d’autres districts, les supermarchés ont interdiction de vendre directement aux particuliers, ce qui oblige à s’en remettre aux comités de quartiers ou organisations de résidents capables d’acheter en gros.

Ainsi, le complexe résidentiel de David Dai, dans les faubourgs de Wuhan, organise des commandes groupées au prix fort.

« Mais la réalité est horrible (…) On reçoit des tas de tomates et d’oignons déjà pourris », s’énerve ce père de 49 ans, selon qui le tiers des aliments livrés est bon à jeter. Sa famille en est réduite à faire sécher des épluchures de navets pour ajouter des nutriments aux futurs repas, raconte-t-il.

Le pire, c’est l’incertitude, conclut Ma Chen, un jeune trentenaire vivant seul.

Faute de savoir quand une prochaine commande sera possible et combien de temps dureront les restrictions, « je ne sais jamais quelle quantité de nourriture acheter ».

« Namaste Trump »: meeting bouillant pour le président américain en Inde

Dans le chaudron d’un stade de cricket flambant neuf, Donald Trump et le Premier ministre indien Narendra Modi ont tenu lundi un meeting géant devant plus de 100.000 personnes, point d’orgue de la visite d’État de deux jours en Inde du président américain.

Les deux dirigeants, qui mettent en avant leur alchimie personnelle dans un contexte de tensions commerciales entre leurs pays, ont loué les liens entre l’Inde et les États-Unis en partageant à la mi-journée l’estrade du plus grand stade de cricket du monde à Ahmedabad (Gujarat, ouest), pour un meeting intitulé « Namaste Trump » (« Bonjour Trump » en hindi).

« Les relations entre l’Inde et les États-Unis ne sont plus seulement un partenariat parmi d’autres. C’est une relation bien plus profonde et plus grande », a déclaré Narendra Modi à l’intention de son hôte américain, qui effectue lundi et mardi son premier déplacement officiel dans le pays de 1,3 milliard d’habitants.

Le président républicain s’est félicité de l' »accueil phénoménal » reçu en Inde, où il a atterri en fin de matinée.

« L’Amérique aime l’Inde. L’Amérique respecte l’Inde, et l’Amérique sera toujours une amie fidèle et loyale du peuple indien », a lancé le locataire de la Maison Blanche, en louant notamment la diversité culturelle du géant d’Asie du Sud, son cinéma de Bollywood et ses joueurs de cricket.

Les gradins du stade Sardar Patel étaient pleins à l’arrivée des deux leaders, les files d’attentes ayant commencé dès quatre heures du matin pour entrer dans l’enceinte. Dans une forte chaleur d’après-midi, près de la moitié de l’assemblée a cependant quitté le stade avant même la fin du discours de Donald Trump, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Nous sommes très heureux que Modi dirige notre pays et de la façon dont il a organisé cet événement avec Trump, et ses relations avec lui permettront au pays d’y gagner », a dit à l’AFP Dev Khatri, qui travaille dans une boutique de téléphones mobiles à Ahmedabad, venu avec des amis principalement pour écouter le dirigeant indien.

« Nous sommes partis à la moitié du discours de Trump. Il faisait trop chaud. Les gens devant nous aussi sont partis », a regretté Manav Patel, un étudiant en ingénierie de 18 ans.

– Taj Mahal –

La première journée de cette visite d’État de Donald Trump est l’occasion d’une démonstration d’amitié soigneusement chorégraphiée entre le président américain et le Premier ministre indien, les discussions de fond étant prévues pour la série d’entretiens bilatéraux mardi à New Delhi.

Le milliardaire a commencé son déplacement au Gujarat (ouest), riche État dont est originaire Narendra Modi et que le nationaliste hindou a longtemps gouverné. Il s’est rendu à l’ashram de Gandhi et sa limousine blindée a suivi un parcours de plusieurs km dans les rues d’Ahmedabad, décorées d’immenses effigies et affiches lui souhaitant la bienvenue.

Des milliers d’Indiens l’ont salué sur le parcours, sans toutefois atteindre les « millions » de personnes évoquées par M. Trump avant son voyage.

Il s’est ensuite envolé pour Agra, où il doit assister au coucher du soleil avec sa femme Melania sur le somptueux Taj Mahal, avant de se rendre à New Delhi pour une journée de pourparlers et de signatures d’accords et contrats mardi.

Le meeting « Namaste Trump » était le retour de faveur de Narendra Modi au président américain pour un grand meeting similaire entre les deux hommes aux États-Unis, « Howdy Modi », organisé à Houston (Texas) en septembre dernier.

« Nous avons vraiment aimé que (Donald Trump) fasse l’éloge de l’Inde et parle de l’importance des liens entre l’Inde et les États-Unis », a estimé Harsh Kumar, un étudiant de 18 ans, interrogé par l’AFP à la sortie du stade. « Il a parlé de sujets cruciaux comme le commerce et les jeunes comme nous espérons qu’il réglera les problèmes sur des sujets comme les visas et l’innovation. »

La venue de Donald Trump en Inde ne devrait pas être l’occasion d’annonces majeures. Les deux nations sont engagées dans un bras de fer commercial depuis l’année dernière mais, faute de terrain d’entente à ce jour, aucun grand accord commercial ne devrait être conclu lors de cette visite.

Washington s’irrite du protectionnisme historique du géant d’Asie du Sud et juge que les entreprises américaines n’ont pas un accès suffisant à son marché intérieur.

burs-amd/phv

Julian Assange: des révélations à l’audience d’extradition

Voici les grandes étapes de la saga judiciaire autour de Julian Assange, incarcéré près de Londres. La justice britannique examine à partir de lundi la demande d’extradition du fondateur de Wikileaks vers les Etats-Unis, où l’Australien de 48 ans est accusé d’espionnage.

– Révélations et mandat d’arrêt –

Fin juillet 2010, la presse mondiale publie 70.000 documents confidentiels sur les opérations de la coalition internationale en Afghanistan diffusés par le site internet WikiLeaks. 400.000 rapports concernant l’invasion américaine en Irak sont publiés en octobre puis, un mois plus tard, le contenu de 250.000 câbles diplomatiques américains.

Le 18 novembre, la Suède lance un mandat d’arrêt européen contre Julian Assange dans le cadre d’une enquête pour viol et agression sexuelle de deux Suédoises en août 2010. L’Australien assure que les jeunes femmes étaient consentantes.

Assange se livre à la police britannique le 7 décembre. Il est détenu neuf jours puis assigné à résidence.

En février 2011, un tribunal londonien valide la demande d’extradition de la Suède. L’Australien redoute d’être extradé aux États-Unis et d’y encourir la peine de mort.

– Réfugié à l’ambassade d’Équateur –

Le 19 juin 2012, Assange se réfugie à l’ambassade d’Équateur à Londres et demande l’asile politique. L’Équateur, présidé alors par la figure de la gauche sud-américaine Rafael Correa, le lui accorde en août puis exige en vain un sauf-conduit de Londres pour qu’Assange se rende en Équateur.

Il restera cloîtré dans l’ambassade pendant près de sept ans, période pendant laquelle il obtiendra même la nationalité équatorienne avant d’en être déchu.

Le 2 avril 2019, le président équatorien Lenin Moreno — qui a rompu avec son prédécesseur — affirme qu’Assange a violé l’accord sur ses conditions d’asile. Le 11, Assange est arrêté dans l’ambassade par la police britannique.

– Enquête sur le viol rouverte –

Aussitôt, l’avocate de la femme qui accuse Julian Assange de viol en Suède en 2010 annonce qu’elle va demander au parquet la réouverture de l’enquête. Le parquet l’avait classée sans suite en 2017 faute de pouvoir faire avancer la procédure.

Le 14, l’avocate d’Assange déclare que son client est prêt à coopérer avec les autorités suédoises si celles-ci demandent son extradition mais que la priorité reste d’éviter une extradition vers les États-Unis.

Le 1er mai, Julian Assange est condamné à 50 semaines de prison par un tribunal londonien pour violation des conditions de sa liberté provisoire.

Le 13, le parquet de Stockholm annonce la réouverture de l’enquête pour viol puis demande le placement en détention d’Assange. Demande refusée par la justice suédoise le 3 juin.

– Nouvelle inculpation américaine –

Le 23 mai 2019, la justice américaine, qui l’accuse déjà de « piratage informatique », l’inculpe de 17 nouveaux chefs en vertu des lois anti-espionnage. Assange encourt jusqu’à 175 ans d’emprisonnement. Son audience d’extradition vers les Etats-Unis, prévue le 30 mai, est reportée pour raison de santé en février 2020.

Le 31, le rapporteur de l’ONU sur la torture, après avoir rencontré Assange en prison, estime qu’il présente « tous les symptômes (de) torture psychologique ». Il affirmera début novembre que le traitement infligé à Assange met sa vie « en danger ».

Le 21 octobre, Julian Assange, confus et bredouillant, comparaît pour la première fois en personne devant le tribunal de Westminster.

– Abandon des poursuites en Suède –

Le 19 novembre, le parquet suédois annonce le classement sans suite de l’enquête pour viol, faute de preuves.

« Tous les actes d’enquête ont été épuisés (…) sans apporter les preuves requises pour une condamnation », alors que les faits seront prescrits le 17 août 2020, précise le parquet.

– Audience d’extradition à Londres

La justice britannique examine à partir du 24 février 2020 la demande américaine d’extradition du fondateur de Wikileaks. Les audiences sont prévues toute la semaine, avant d’être interrompues pour reprendre pour trois semaines à compter du 18 mai.

Afrique du Sud: des femmes porteuses du VIH stérilisées de force dans des hôpitaux (rapport)

Une cinquantaine de Sud-Africaines porteuses du VIH ont été stérilisées de force dans des hôpitaux en Afrique du Sud, a révélé lundi une enquête qui fait état de nombreuses violations de leurs droits et appelle à une action gouvernementale.

Cette enquête a été lancée en 2015 lorsque deux organisations de défense des droits des femmes ont approché la Commission pour l’égalité des sexes en Afrique du Sud (CGE) avec 48 cas documentés de stérilisation forcée.

La CGE avait réuni des témoignages sous serment de plaignantes faisant état de ces stérilisations.

« Toutes les femmes qui ont déposé plainte étaient des femmes noires qui étaient majoritairement porteuses du VIH », a déclaré la cheffe du CGE, Keketso Maema, citée dans ce rapport publié lundi.

« Alors qu’elles étaient sur le point d’accoucher (…) elles ont été contraintes ou forcées de signer des formulaires dont elles ont appris par la suite qu’il s’agissait de formulaires de consentement permettant par divers moyens à l’hôpital de les stériliser », selon les termes du document.

Des enquêteurs ont découvert que du personnel hospitalier menaçait de refuser de prodiguer à ces femmes des soins médicaux si elles ne signaient pas ces formulaires.

Certaines des plaignantes, selon ce rapport, ont déclaré avoir reçu ces formulaires alors qu’elles vivaient des moments de « douleur extrême » au cours desquels elles ne pouvaient pleinement comprendre le contenu de ces formulaires et ce qu’elles étaient en train de signer.

La commission a conclu que ces femmes ont été exposées à des violations graves des droits humains et subi « des traitements dégradants ». En outre, elle accuse le personnel hospitalier d’avoir failli à leur « obligation de soins ».

Ce rapport a été communiqué au ministère sud-africain de la Santé, qui n’a pas souhaité s’exprimer dans l’immédiat.

Le nombre total de personnes vivant avec le VIH en Afrique du Sud est passé d’environ 4,64 millions en 2002 à 7,97 millions en 2019, selon des statitisques gouvernementales.

En 2019, 13,5% de la population totale en Afrique du Sud était séropositive.

Faure Gnassingbé, l’héritier discret qui s’est imposé à la tête du Togo

Héritier d’une dynastie à la tête du Togo depuis plus d’un demi-siècle, Faure Gnassingbé s’est affirmé comme un président implacable avec ses adversaires, et a remporté un quatrième mandat au terme d’une élection à nouveau contestée par l’opposition.

« Bébé Gnass », comme le surnommaient avec une certaine condescendance ses adversaires politiques, a longtemps été en quête de légitimité vis-à-vis de son père, le général Gnassingbé Eyadéma – « le Vieux » – qui a dirigé le Togo d’une main de fer pendant 38 ans.

Faure Gnassingbé, après avoir été propulsé au pouvoir par l’armée à la mort de son père en 2005, a remporté sa première élection quelques mois plus tard, au terme d’un scrutin marqué par des violences ayant fait 400 à 500 morts, selon l’ONU.

Mais, pour cette quatrième élection, le chef de l’Etat a voulu montrer une image de réconciliateur, proche du peuple.

« La vérité vient d’éclater après l’annonce des résultats qui nous placent loin devant nos adversaires », a déclaré brievement le président sortant le soir de sa victoire, costume taillé sur mesure et casquette bleue marquée d’un F, comme « Faure », sur la tête.

Selon les chiffres officiels, le candidat d’Unir (Union pour la république), le parti au pouvoir, a remporté 72,36% des suffrages, un score inédit, avec un taux de participation de 76% bien plus élevé qu’en 2015 (61%), mais l’opposition a dénoncé de nombreuses fraudes et irrégularités.

L’opposition et la société civile n’ont cessé de dénoncer un régime autoritaire, des arrestations arbitraires et l’absence d’alternance démocratique: des critiques « exagérées », selon le chef de l’Etat.

« L’intimidation (des opposants, ndlr), c’est plus une réputation qu’une réalité (…) En tous cas je ne me sens pas l’âme d’un dictateur », a-t-il insisté lors d’un entretien accordé à l’AFP et au journal Le Monde, depuis le palais présidentiel à Lomé en amont de l’élection.

– « Sans passion » –

Pendant cette campagne, le chef de l’Etat de 53 ans s’est adonné aux bains de foule, dont il n’a jamais été très coutumier. Toutefois, sa grande réserve était encore palpable et sa voix était basse dans ses discours.

Car si l’exercice du pouvoir est bien rôdé après quinze années à la tête du petit pays d’Afrique de l’Ouest, le chef de l’Etat reste un personnage mystérieux, qui n’a jamais accordé une interview à la presse locale.

« Il est très méfiant, il parle peu », confie à l’AFP un de ses collaborateurs. « J’ai parfois l’impression qu’il n’a confiance en personne ».

« Il est indéchiffrable », ajoute un de ses proches. « Il est très difficile de savoir ce qu’il pense. C’est un homme qui gouverne sans passion (…), il ne fait jamais rien dans l’émotion ou la précipitation ».

Féru de religion, il prie beaucoup et s’est rendu au sanctuaire de la Vierge à Lourdes, dans le sud-ouest de la France, ces derniers mois, selon son entourage.

– Stabilité –

Célibataire, « Faure » est également connu pour être un homme à femmes, et aurait plusieurs enfants et petits-enfants. Il est lui-même issu d’une fratrie qui pourrait s’élever à plus de 50 frères et soeurs.

L’histoire mouvementée de la dynastie Gnassingbé a d’ailleurs fait couler beaucoup d’encre.

Un de ses demi-frères, Kpatcha, qui fut son ministre de la Défense, est toujours détenu dans une prison de Lomé après un coup d’Etat manqué en 2009. La famille reste profondément divisée et beaucoup n’ont cessé de dénoncer « un coup monté » pour évincer son rival.

Ces dernières années, le Togo n’a pas connu le sursaut de croissance attendu, stagnant aux alentours de 5% ces dernières années et la moitié de la population vit sous le seuil de l’extrême pauvreté.

Mais le chef de l’Etat peut compter sur de solides soutiens à l’intérieur, avec au premier chef l’armée, mais aussi sur la scène internationale et régionale.

La France, ex-puissance coloniale, allié traditionnel de la dynastie Gnassingbé et présente au Sahel voisin dans la lutte contre les mouvements jihadistes, est particulièrement sensible à la stabilité du Togo dans cette région volatile.

Alors qu’il visitait en campagne électorale les postes de l’armée sur la frontière avec le Burkina Faso, Faure Gnassingbé a posé en père de la nation, appelant « les populations, les leaders religieux, et les chefs traditionnels » à ne pas se soulever contre les forces de défense et de sécurité.

Lors de manifestations massives en 2017 et 2018, des dizaines, voires des centaines de milliers de personnes étaient descendues dans les rues pour demander sa démission.

Mais le pouvoir a tenu bon et le parlement a finalement voté une révision constitutionnelle en 2019 permettant au chef de l’Etat de se représenter pour deux mandats de cinq ans supplémentaires en 2020 et 2025.

Le chef de l’ONU s’alarme de voir les droits humains « pris d’assaut »

Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres s’est alarmé lundi de voir les droits humains « pris d’assaut » de toutes parts dans le monde, tout particulièrement pour les femmes avec notamment des « niveaux alarmants de féminicides ».

« Les droits de l’Homme font face à des défis croissants », a lancé M. Guterres à l’ouverture de la session annuelle du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, en ajoutant « qu’aucun pays n’est à l’abri » face à cette dérive.

« Les peurs progressent » et « les droits de l’Homme sont attaqués » partout, a ajouté l’ancien Premier ministre portugais, en appelant la communauté internationale à « l’action » pour renverser cette tendance.

Dans son discours devant le Conseil, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme, Michelle Bachelet, a également réclamé une action urgente pour éviter de laisser « à nos jeunes et à leurs enfants un gigantesque incendie incontrôlable de crises des droits humains qui se mêlent et s’aggravent ».

Le secrétaire général de l’ONU n’a cité aucun pays en particulier dans son discours, même s’il a fait des allusions à des situations comme le conflit en Syrie ou le sort des migrants voulant se rendre en Europe.

Il a ainsi souligné le cas « des civils piégés dans des enclaves dans des régions ravagées par la guerre, affamés et bombardés en dépit du droit international », et dénoncé les « trafics d’êtres humains, qui affectent toutes les régions du monde ».

M. Guterres s’est aussi inquiété de voir des « reculs des droits des femmes, des niveaux alarmants de féminicides, des attaques contre les défenseurs des droits des femmes, et la persistance de lois et de politiques qui perpétuent la soumission et l’exclusion ».

« La violence contre les femmes et les filles est la violation des droits humains qui se répand le plus », a-t-il souligné.

– Lois répressives –

« Les lois répressives se multiplient, avec des restrictions de plus en plus grandes pour les libertés d’expression, de religion, de participation, de réunion et d’association », a ajouté M. Guterres.

Il a également fait allusion à la progression du populisme, en déplorant une « arithmétique politique perverse » consistant à « diviser les gens pour multiplier les votes » et « saper l’Etat de droit ».

« Les journalistes, les défenseurs des droits humains et les militants écologistes – tout particulièrement les femmes – font l’objet de menaces croissantes, au moment même où leur engagement est indispensable à l’exercice de la justice », a-t-il ajouté.

Il a également déploré que les nouvelles technologies permettent de « donner aux autorités des moyens inédits pour contrôler les allées et venues de chacun et restreindre les libertés ».

La crise climatique quant à elle constitue « la plus grande menace pour la survie de notre espèce » et met en danger « les droits humains aux quatre coins de la planète », a-t-il ajouté.

M. Guterres a également pris la défense des « minorités religieuses et indigènes » persécutées ainsi que des membres des communautés LGBTI victimes « d’actes de haine ».

Ces discours surviennent après de multiples critiques contre M. Guterres, accusé de ne pas être assez incisif sur les questions de droits de l’Homme, et de ménager les pays puissants comme les Etats-Unis, l’Arabie saoudite ou la Chine.

Le prédécesseur de Mme Bachelet, Zeid Raad al-Hussein, s’était demandé début février dans la revue Foreign Policy si avec le temps cette réticence à nommer des pays ne serait pas assimilée à une « faiblesse ».

Le chef de l’ONG Human Rights Watch Kenneth Roth avait fait part l’an dernier à l’AFP de son « énorme déception » de voir M. Guterres « ne parler des droits de l’Homme qu’en termes génériques ».

Le chef de l’ONU a quant à lui assuré qu’il y avait « des moments où nous parlerons fort pour identifier les violations et ceux qui les commettent. A d’autres moments nous travaillerons en coulisses ».

La but n’est pas « de faire les gros titres » mais d’obtenir « des changements significatifs pour la vie des gens », a assuré M. Guterres.

Il a ajouté dans son discours que la souveraineté des Etats, souvent invoquée par de nombreuses capitales, « ne pouvait servir de prétexte aux violations des droits de l’Homme », et a récusé « la fausse dichotomie entre droits humains et souveraineté nationale ».

Centrafrique: un procès historique ravive des blessures du conflit

Dans ces allées bordées d’arbres immenses et d’élégantes bâtisses tombées en décrépitude, le temps s’est comme arrêté. A Bangassou, petite cité somnolente du sud-est de la Centrafrique, ne subsistent que les vestiges d’un passé florissant, et les traumatismes d’un des pires massacres qu’a connu ce pays à l’histoire tourmentée.

En mai 2017, une colonne de miliciens chrétiens anti-balaka a déferlé sur cette ville, jusqu’alors relativement épargnée par la guerre civile qui ravageait le reste du pays depuis 2013, et tué au moins 72 civils musulmans et 12 Casques bleus en quelques jours, selon l’ONU.

Les assaillants accusaient leurs victimes civiles de complicité avec la rébellion Séléka, une coalition à dominante musulmane qui avait renversé le régime du président François Bozizé en 2013 et plongé la Centrafrique dans une spirale d’affrontements intercommunautaires.

Pour ce massacre, cinq chefs de ces milices anti-balaka ont été condamnés le 7 février aux travaux forcés à perpétuité à Bangui, pour crimes contre l’humanité. Un verdict historique dans un pays rompu à l’impunité.

Depuis la signature d’accords de paix locaux en 2018, musulmans et chrétiens arpentent librement les rues.

– Crimes contre l’humanité –

Et à Tokoyo, le quartier majoritairement musulman ravagé par les pillards, la vie reprend péniblement son cours. Depuis dix mois, Baba Kété, un grand commerçant de la région, est revenu vivre dans les ruines de sa propriété détruite en 2017, à quelques pas de la mosquée ravagée et du marché désormais occupé par les étals des chrétiens.

M. Kété veut croire que la réconciliation sera plus facile qu’ailleurs dans cette région où chrétiens et musulmans sont issus des mêmes ethnies et souvent des mêmes familles. « On a confiance, les gens ont compris », assure-t-il.

Mais à ce jour, seuls 145 déplacés ont pu regagner leurs foyers. Le reste de la communauté musulmane, environ 2.000 personnes, habite toujours le « petit séminaire », en face de la cathédrale, où ils avaient trouvé refuge en 2017 sous la protection des Casques bleus de la mission de maintien de la paix de l’ONU, la Minusca, et subi un siège de plusieurs mois.

Entassés dans ce camp de fortune sur une propriété de l’église catholique, ces déplacés continuent d’alimenter les rumeurs les plus folles. “Tant qu’ils resteront là, il n’y aura pas de véritable paix”, pense l’évêque de Bangassou, monseigneur Aguirre.

Le verdict n’a pas dissipé les inquiétudes des uns et des autres.

« Ce n’était pas la justice, plutôt une salle de théâtre », siffle Ali Idriss, chef du camp, pour qui « ceux qui ont encadré et fabriqué les anti-balakas sont toujours là ».

– Impunité pour les notables –

Un rapport d’experts de l’ONU souligne la responsabilité de plusieurs notables locaux dans l’organisation des massacres. Aucun n’a encore été poursuivi.

« Si on rentre au quartier, ils vont s’organiser pour nous tuer encore », s’inquiète Ismaïl Dicky, un habitant du camp.

Parmi les personnalités citées dans le rapport de l’ONU, figure le sultan de Bangassou, Maxime Takama. « C’est toute la population qui devrait être condamnée », balaye son représentant, Antoine Zangandou, d’une voix râpeuse.

« Une majorité de la population était favorable à l’arrivée des anti-balaka », affirme le père Serge Ikaga, curé de la paroisse de Tokoyo, ajoutant: « Beaucoup de gens pensent que si les anti-balaka n’étaient pas rentrés dans la ville, alors c’étaient les Sélékas ».

Pour les experts de l’ONU, ce sont des notables chrétiens qui ont manipulé la population et soutenu les milices anti-balaka, dans le but, notamment, de s’emparer des biens des riches commerçants musulmans.

– « Désarmer les coeurs » –

Trois ans après les tueries, « il faut encore désarmer les coeurs », insiste le père Serge. « On évite de parler de ces événements ».

Car les chrétiens s’estiment tout aussi victimes des évènements de 2017, accusant notamment les déplacés du site d’avoir détruit plusieurs maisons autour du petit séminaire.

« Ils sont victimes de quoi ? C’est de la malhonnêteté ! » s’emporte Ali Idriss.

En attendant, « il y a beaucoup de mécontents » parmi les chrétiens, assure Christian Kotalimbora, coordinateur de la société civile régionale. Et s’ils approuvent les peines infligées aux cinq chefs de milice, la plupart ne comprennent pas la condamnation de 23 complices à de lourdes peines lors du procès à Bangui.

« Ces accusés sont presque tous nos parents. On était traumatisés et abandonnés par l’Etat », argue M. Kotalimbora.

Un abandon dénoncé par les deux communautés: à Bangassou, comme ailleurs en Centrafrique, l’absence des forces de l’ordre et de toute perspective pour les jeunes ont joué un rôle déterminant dans la crise.

Au Sahel, l’exception mauritanienne face au jihadisme

A des kilomètres de la première ville, au fond de la seule tente d’un campement en plein désert de Mauritanie, trône une radio VHF. Qu’un étranger passe par ici, et les habitants actionnent l’appareil pour prévenir les autorités.

C’est un modeste mais efficace maillon du dispositif sécuritaire qui, mêlé à un travail sur les esprits, préserve la Mauritanie de la menace jihadiste alors que celle-ci ne cesse de s’étendre chez ses voisins sahéliens.

Tandis que le Mali frontalier compte ses morts à intervalles réguliers, la Mauritanie, quatre millions d’habitants, n’a pas connu d’attaque sur son sol depuis 2011.

« Il faut remonter aux années 2005 pour comprendre », explique un diplomate occidental. L’expansion de groupes islamistes en Algérie, voisin du nord, touche alors de plein fouet la Mauritanie, théâtre de plusieurs attentats.

En 2008, l’ancien chef de la sécurité présidentielle, le général Mohamed Ould Abdel Aziz, prend le pouvoir par la force. Un an plus tard, il est élu président.

Les partenaires occidentaux sont circonspects, mais pragmatiques: en raison du nombre substantiel de Mauritaniens dans les groupes jihadistes naissants dans le nord du Mali, « la France a très vite compris que la menace jihadiste pouvait s’étendre à la Mauritanie », selon un ancien coopérant français, tenu comme d’autres sources à cacher son identité.

Paris, et Washington dans une moindre mesure, envoient des formateurs encadrer les unités antiterroristes et renforcer le renseignement mauritanien.

Les autorités mauritaniennes investissent sur la formation et travaillent à fidéliser les soldats: budgets gonflés, nouveaux équipements, salaires versés à la banque, accompagnement social des militaires.

– Bataille des idées –

Aujourd’hui, des dizaines de checkpoints jalonnent chaque axe routier. Une immense région jouxtant le Mali a été classée « zone militaire » où les civils n’ont pas le droit de circuler. « Toute voiture qui y circulerait serait repérée et contrôlée. Cette mesure a permis le repérage de bandes armées de trafiquants de cannabis qui ont subi des bombardements de l’armée de l’air par le passé », souligne Hassane Koné, chercheur à l’Institut d’études de sécurité à Dakar.

Au même moment, Nouakchott engage la bataille des esprits. Un dialogue est organisé en 2010 entre les principaux oulémas et environ 70 jihadistes en prison. Les leaders religieux en convainquent une cinquantaine de se repentir. Parmi eux, certains sont envoyés à la télévision, dans les mosquées, pour prêcher auprès des jeunes que le jihad n’est pas la bonne voie.

Plus de 500 imams sont recrutés, et les jeunes sortis des mahadras (écoles traditionnelles islamiques) se voient offrir une formation professionnelle.

« Nous avons vu à cette époque une forte baisse des recrutements jihadistes », explique M. Koné, par ailleurs ancien directeur des renseignements de la gendarmerie mauritanienne. « Les gens sont moins sensibles aux idées radicales, les populations collaborent plus avec l’Etat », continue-t-il.

L’actuel président Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani, ancien chef d’état-major et ex-bras droit du président Aziz, louait en janvier cette « ouverture spirituelle » fondée sur « l’ancrage des valeurs de tolérance et d’acceptation de l’autre pour déstructurer et détruire les fondements religieux de l’action des terroristes ».

Au travail idéologique et sécuritaire s’est greffée la création de villes ex nihilo, synonymes d’activité économique et de services de proximité, quand les groupes jihadistes prospèrent dans d’autres pays sur l’absence de l’Etat.

Ainsi sont nées en plein désert Nbeiket Lahwach, Termessa, Bouratt et Chami.

– Pacte secret ? –

« Il s’agit d’occuper le terrain, de dire aux populations nomades qui n’avaient pas de sentiment d’appartenance étatique: +Votre pays s’occupe de vous, vous protège, vous soigne, éduque vos enfants+ », analyse Isselmou Ould Salihi, journaliste mauritanien spécialiste des questions jihadistes.

L’immunité mauritanienne aux attaques ainsi que des déclarations américaines ont nourri les interrogations sur l’existence d’un pacte de non-agression secret entre Nouakchott et jihadistes.

Les Etats-Unis ont affirmé avoir trouvé en 2011, dans la cache pakistanaise où a été tué l’ancien leader d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, des documents faisant état d’une tentative de rapprochement entre le groupe et Nouakchott en 2010.

« Rien n’a jamais permis de corroborer ces rumeurs, elles sont fausses », oppose une source proche du pouvoir.

Le diplomate occidental interrogé par l’AFP abonde: « Pas de deal mais des relations tribales évidentes et historiques entre habitants du nord du Mali et de la Mauritanie ».

La Mauritanie prend cette semaine la présidence tournante du G5 Sahel coordonnant la coopération de cinq pays de la sous-région sur la sécurité et le développement. « La Mauritanie est un acteur qui a pu venir à bout du terrorisme en 2011. Nous attendons beaucoup de leur présidence », explique une source française.

Julian Assange, héros controversé d’une transparence parfois troublée

Dangereux propagateur de secrets d’Etat, qu’il faut juger, ou héros traqué de la liberté d’informer, qu’il faut protéger, le fondateur de Wikileaks Julian Assange fait figure d’ardent défenseur d’une transparence controversée.

A 48 ans, l’Australien à la chevelure argentée affronte à partir de lundi une procédure judiciaire cruciale: la justice britannique examine la demande d’extradition des Etats-Unis qui veulent le juger pour espionnage.

La justice américaine lui reproche d’avoir diffusé en 2010 plus de 700.000 documents sur les activités militaires et diplomatiques de Washington sur sa plateforme Wikileaks. Il risque jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis.

Les appels se sont multipliés ces derniers mois pour dénoncer le traitement subi par Assange, incarcéré à la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.

Ses conditions de détention ont été dénoncées par le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer comme une « situation inhumaine », qui mettrait sa vie « en danger ». Un collectif de médecins a assimilé le traitement qui lui est réservé à de la « torture psychologique ».

C’est dans cet établissement pénitentiaire de haute-sécurité qu’il est incarcéré depuis qu’il a été extrait de l’ambassade d’Equateur à Londres, où il s’était réfugié, déguisé en coursier, le 19 juin 2012, alors sous le coup de poursuites pour viol en Suède, depuis abandonnées.

Son image de « cyber-warrior » s’est brouillée au fil des ans, en particulier avec la diffusion par sa plateforme, en 2016, à un moment-clé de la campagne présidentielle américaine, de milliers de courriels piratés provenant du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.

Ces révélations avaient alors suscité des éloges appuyés du candidat Donald Trump. « J’adore WikiLeaks », affirmait-il lors d’un meeting. D’après la CIA, ces documents ont été obtenus par Wikileaks auprès d’agents russes, ce que nie la plateforme.

Cet épisode a alimenté les soupçons de collusion avec la Russie d’un Assange dont les révélations se font souvent au détriment des Etats-Unis, et qui a collaboré avec la chaîne de télévision RT, proche du Kremlin.

– « Le plus dangereux du monde » –

L’Australien a commencé dans la vie en étant ballotté de droite à gauche par sa mère, Christine Ann Assange, une artiste de théâtre qui s’était séparée de son père avant même sa naissance.

Il compare son enfance à celle de Tom Sawyer, entre construction de radeau et explorations diverses de son environnement. Jusqu’à l’âge de 15 ans, il vit dans plus de 30 villes australiennes et fréquente de nombreuses écoles avant de se poser à Melbourne où il étudie les mathématiques, la physique et l’informatique.

Doué, travailleur, il est happé par la communauté des hackers et commence à pirater les sites internet de la Nasa ou du Pentagone en utilisant le pseudonyme de « Mendax ».

C’est à cette époque qu’il a un fils, Daniel, dont il se disputera la garde avec la mère. Lorsqu’il lance WikiLeaks dans le but de « libérer la presse » et de « démasquer les secrets et abus d’État », il devient, selon un de ses biographes, « l’homme le plus dangereux du monde ».

Il se fait connaître du grand public en 2010 avec la publication de centaines de milliers de documents américains. Un coup d’éclat qui vaut à cet homme grand et mince au teint diaphane d’être présenté comme un champion de la liberté d’informer.

Mais en même temps que sa notoriété grandit, les critiques s’accumulent.

En 2011, les cinq journaux (dont The New York Times, The Guardian et Le Monde) associés à WikiLeaks condamnent la méthode de la plateforme, qui rend publics des télégrammes du département d’Etat américain non expurgés. Ils estiment que les documents sont susceptibles de « mettre certaines sources en danger ». La critique sera également formulée par le lanceur d’alerte Edward Snowden.

Chargé de rédiger l’autobiographie de Julian Assange, Andrew O’Hagan a fini par jeter l’éponge avec ce verdict définitif : « L’homme qui se targue de dévoiler les secrets de ce monde ne supporte pas de dévoiler les siens ».

Mais un noyau dur lui est resté fidèle, à l’instar de l’actrice américaine Pamela Anderson, ou encore la créatrice de mode Vivienne Westwood.

Décès à 86 ans d’Hervé Bourges, grande figure des médias et de la francophonie

Hervé Bourges, grande figure de l’audiovisuel français et fervent défenseur de la francophonie, est décédé dimanche à l’âge de 86 ans, a-t-on appris auprès de proches.

Il est décédé dans un hôpital parisien, entouré de son épouse et de proches, a notamment indiqué à l’AFP Olivier Zegna-Rata, qui fut son directeur de cabinet au Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA).

Journaliste, patron successif des chaînes de télévision TF1, France 2 et France 3, et de radio (RFI), Hervé Bourges avait été à la tête du CSA de 1995 à 2001.

Outre ses rôles éminents dans les médias, Hervé Bourges fut aussi un militant anti-colonialiste du temps de la guerre d’Algérie, un amoureux de l’Afrique et un fervent défenseur de la francophonie.

« Nous qui l’admirions, avons fait appel à lui, pu maintes fois compter sur son inestimable concours, ses avis sur les médias ou sur l’Etat de droit, sommes profondément peinés », a tweeté Michaelle Jean, qui a notamment été envoyée spéciale de l’Unesco pour Haïti (2010-2014) et secrétaire générale de la Francophonie (2014-2018).

De son côté, l’ancien patron de Radio France et de l’Institut national de l’audiovisuel Mathieu Gallet a rendu hommage sur Twitter à l’homme « exigeant et juste ».

« Hervé Bourges, c’était l’Algérie, c’était l’Afrique, c’était la francophonie, c’était le journalisme, c’était l’audiovisuel public, c’était tout l’audiovisuel. C’était une conscience. J’aimais son regard sur le monde et sur les hommes », a-t-il ajouté.

Né le 2 mai 1933 à Rennes (Ille-et-Vilaine, nord-ouest), Hervé Bourges fut diplômé de l’Ecole supérieure de journalisme de Lille (ESJ) en 1955. Sa vie fut ensuite un long parcours entre médias, politique et même diplomatie, un temps ambassadeur de France auprès de l’Unesco.

Il avait signé en 2012 un dernier documentaire « l’Algérie à l’épreuve du pouvoir », avec le réalisateur Jérôme Sesquin.

Ethiopie: 29 blessés dans « un attentat à la bombe » pendant un meeting pro-Abiy (police)

Un « attentat à la bombe » pendant un rassemblement de soutien au Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a fait 29 blessés dimanche, a déclaré un responsable de la police, illustrant de nouveau l’instabilité dans le pays avant les élections prévues en août.

Le meeting était organisé dans la ville d’Ambo, située à environ 100 km à l’ouest de la capitale, Addis Abeba.

« L’attentat à la bombe contre un rassemblement du Dr Abiy a fait 29 blessés, dont 28 ont été soignés et renvoyés chez eux », a déclaré M. Arasa Merdasa, un haut responsable de la police éthiopienne à l’agence de presse officielle Ethiopian News Agency.

M. Abiy n’assistait pas à ce rassemblement, organisé par des responsables à Ambo.

« La police a arrêté six personnes suspectées pour cet attentat », a ajouté le responsable de la police éthiopienne.

La Commission électorale éthiopienne a proposé le 15 janvier d’organiser les très attendues prochaines élections générales en août, en pleine saison des pluies, s’attirant immédiatement des critiques.

Ces élections sont perçues comme une étape cruciale dans la transition politique que tente de mener à bien le Premier ministre Abiy Ahmed, prix Nobel de la paix 2019, dans un contexte de violences communautaires croissantes.

Entré en fonction en avril 2018 après plusieurs mois de manifestations antigouvernementales, M. Abiy espère que les Éthiopiens lui donneront le mandat pour mettre pleinement en œuvre les réformes politiques et économiques qu’il envisage.

La campagne officielle démarrerait le 28 mai, avec une publication des résultats devant survenir avant le 8 septembre.

Deux partis d’opposition, le Front de libération oromo (OLF) et Ezema, avaient notamment demandé en janvier à ce que le scrutin soit repoussé à fin août, en espérant que les pluies seraient alors moins denses.

Lors des dernières législatives, en 2015, la coalition au pouvoir, le Front démocratique révolutionnaire du peuple éthiopien (EPRDF) avait remporté les 547 sièges à pourvoir. Mais depuis, Abiy Ahmed a décidé de transformer l’EPRDF en un parti politique unifié, le Parti éthiopien de la prospérité.

Cette modification controversée a cependant été rejetée par l’une des quatre composantes de l’EPRDF, le Front de libération des peuples du Tigré (TPLF), qui jusqu’à 2018 dominait la coalition.

Par ailleurs, l’ouverture décidée par M. Abiy a laissé libre cours aux vieilles rancœurs ethniques. Lors de la dernière éruption de violence, en octobre, des affrontements ethniques en Oromia ont provoqué la mort de 86 personnes. Et en 2018, l’Éthiopie a été le pays comptant le plus de déplacés au monde.

M. Arasa a ajouté que l’attaque de dimanche serait imputable à l’OLA, la branche armée séparatiste de l’OLF.

Des responsables ont également accusé l’OLA d’être responsable de l’assassinat vendredi d’un haut responsable de la sécurité à Burayu, une autre ville d’Oromia située à la périphérie d’Addis Abeba.

Le socialiste Sanders en super-favori, les démocrates modérés s’inquiètent

Le sénateur socialiste Bernie Sanders a frappé un grand coup dans les primaires démocrates en remportant largement le Nevada, mais sa domination laisse un parti facturé et en plein questionnement sur la stratégie pour battre Donald Trump à la présidentielle américaine de novembre.

Les résultats n’étaient encore que partiels dimanche, au lendemain des caucus du Nevada, troisième étape du long processus des primaires. Mais sur 72% des bureaux de vote, le candidat au programme nettement marqué à gauche disposait d’un très large avantage, avec 47,1% des suffrages, devant l’ancien vice-président Joe Biden (20,9%) et le modéré Pete Buttigieg (13,6%). L’équipe de campagne de ce dernier a adressé une lettre au parti démocrate de l’Etat signalant des « irrégularités » dans le décompte des votes.

« Nous avons mis en place une coalition intergénérationnelle, multiraciale, qui ne va pas juste remporter le Nevada, mais qui va balayer le pays tout entier », s’est targué M. Sanders, sénateur de 78 ans devant une marée de militants samedi soir à San Antonio (Texas).

Longtemps perçu comme un outsider dans un pays où le socialisme évoque encore à certains des relents de guerre froide, Bernie Sanders est désormais en position de briguer la Maison Blanche pour le parti.

Il a réussi à balayer les doutes autour de son âge ou de son état de santé, quelques mois seulement après une crise cardiaque, et se présente en position de force avant le « Super Tuesday », le 3 mars, lorsque 14 Etats américains voteront pour cette primaire démocrate.

L’ascension de M. Sanders révèle aussi les fractures du parti démocrate, où aucun candidat modéré ne parvient pour l’instant à rivaliser avec lui.

– Parti fracturé –

Elle suscite aussi des inquiétudes sur la capacité de Bernie Sanders à rassembler largement pour vaincre Donald Trump en novembre. Le président républicain lui a du reste adressé dimanche ses félicitations pour sa « grande victoire », avant de s’envoler pour une visite en Inde.

Trois centristes sont lancés à la poursuite du sénateur socialiste, qui prône un système d’assurance maladie entièrement public et la gratuité des études universitaires.

Un temps favori, Joe Biden semble requinqué par sa deuxième place dans le Nevada, après deux échecs dans l’Iowa et le New Hampshire. Il pense disposer d’une coalition pour gagner grâce à sa popularité auprès des électeurs noirs qui seront déterminants samedi prochain lors de la primaire de Caroline du Sud.

Joe Biden y espère une victoire qui le relancerait avant le « Super Tuesday ». Mais son avance sur Sanders semble s’évaporer. Selon une moyenne de sondages nationaux des sondages publiée dimanche, Joe Biden n’est plus qu’à trois points au-dessus de Bernie Sanders contre une avance de 12,5 points il y a dix jours.

A 38 ans, le benjamin de la course Pete Buttigieg a adopté une stratégie plus agressive contre Bernie Sanders. L’ancien maire de South Bend, dans l’Indiana, a vivement mis en garde contre le risque de choisir un socialiste pour qui le capitalisme est « à l’origine de tous les maux ».

« Le sénateur Sanders croit en une révolution idéologique inflexible, qui oublie la plupart des démocrates, sans parler de la plupart des Américains », a-t-il lancé.

Le milliardaire Michael Bloomberg fait une analyse semblable. Pour lui, Bernie Sanders n’a aucune chance contre Donald Trump.

L’ancien maire de New York a fait le pari de délaisser les premières primaires démocrates qui apportent un nombre faible de délégués pour l’investiture et de concentrer ses efforts sur le « Super Tuesday », lorsque voteront de grands Etats comme la Californie et le Texas.

– « Erreur fatale » –

M. Bloomberg, 9e fortune mondiale, inonde le pays de publicités de campagne, au point d’avoir — après seulement quatre mois de campagne — pulvérisé le record de dépenses pour un candidat américain. Et le septuagénaire s’est hissé à la troisième place de la moyenne des sondages nationaux.

« Nous allons avoir besoin des indépendants ET des républicains pour battre Trump », a martelé son équipe de campagne. Le choix de Bernie Sanders pour défier Donald Trump serait une « erreur fatale », a-t-elle ajouté.

Huit candidats sont encore officiellement dans la course de ces primaires démocrates. Mais les sénatrices Elizabeth Warren et Amy Klobuchar, respectivement 4e et 5e dans le Nevada avec 10% et 5%, pourraient voir rapidement leur horizon s’assombrir et connaître des problème de financement. Certains candidats pourraient devoir jeter l’éponge au début du mois de mars.

La justice britannique examine la demande d’extradition d’Assange vers les USA

Réclamé par la justice américaine pour avoir publié une masse d’informations classifiées, le fondateur de Wikileaks Julian Assange va s’efforcer à partir de lundi de convaincre la justice britannique de refuser de l’extrader vers les Etats-Unis.

Personnage controversé, l’Australien de 48 ans a déclaré lors d’une audience préliminaire qu’il refusait de se « soumettre à une extradition pour un travail de journalisme qui a récolté de nombreuses récompenses et protégé beaucoup de gens ». Il risque jusqu’à 175 ans de prison aux Etats-Unis.

D’abord poursuivi pour piratage informatique, Assange a vu s’alourdir en mai dernier les charges pesant contre lui lorsque la justice américaine l’a inculpé de 17 chefs supplémentaires, en vertu des lois anti-espionnage. Ses soutiens dénoncent dans ces poursuites un grave danger pour la liberté de la presse.

Les Etats-Unis lui reprochent notamment d’avoir mis en danger certaines de leurs sources en publiant en 2010 sur Wikileaks 250.000 câbles diplomatiques et 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l’armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Parmi ces documents figurait une vidéo montrant des civils tués par les tirs d’un hélicoptère de combat américain en Irak en juillet 2007.

La justice britannique va devoir déterminer si la demande d’extradition qui lui est soumise respecte un certain nombre de critères légaux, et notamment si elle n’est pas disproportionnée ou incompatible avec des droits de l’Homme.

Julian Assange doit comparaître à partir de lundi matin et pour toute la semaine devant la Woolwich Crown Court, à proximité de la prison de Belmarsh, au sud-est de Londres.

L’audience sera ensuite ajournée pour reprendre le 18 mai, pour trois semaines. La décision peut être frappée d’appel.

Julian Assange est incarcéré dans cet établissement pénitentiaire de haute sécurité depuis sa retentissante arrestation en avril dernier dans l’ambassade d’Equateur.

Il y avait trouvé refuge près de sept ans plus tôt, alors qu’il craignait d’être extradé vers les Etats-Unis ou la Suède, où il faisait l’objet de poursuites pour viol. Assange a toujours rejeté ces accusations, et les poursuites ont été abandonnées il y a trois mois après de multiples rebondissements.

– « Torture psychologique » –

Lors d’une ultime audience procédurale mercredi dernier, la défense de Julian Assange a affirmé que le président Donald Trump avait offert au fondateur de Wikileaks de le gracier s’il disculpait la Russie dans une autre affaire de fuite de données, celle des courriels internes du parti démocrate américain. La Maison Blanche a immédiatement démenti.

Dans un document produit pour sa défense, l’avocate de Julian Assange, Jennifer Robinson, a affirmé que la proposition avait été faite par l’ex-député républicain Dana Rohrabacher « sur instruction » du président américain.

Dana Rohrabacher a quant à lui affirmé avoir dit à Assange que s’il « donnait des preuves » pour dire qui était à l’origine de la fuite, il pourrait « appeler le président Trump à le gracier », démentant en revanche avoir fait une quelconque offre au nom du président américain.

Wikileaks avait publié en 2016, à un moment clé de la campagne, des milliers de courriels piratés du Parti démocrate et de l’équipe d’Hillary Clinton, qui ont contribué à fragiliser la candidate.

Selon Baltasar Garzon, avocat qui coordonne la défense de Julian Assange, « en août 2017, l’administration Trump a essayé de mettre Julian Assange sous pression pour qu’il dise des choses qui seraient favorables au président » américain.

« Quand Assange a refusé, il a été inculpé et une demande d’extradition a été émise, ainsi qu’un mandat d’arrêt international », a affirmé l’ancien juge d’instruction espagnol jeudi dernier lors d’une conférence de presse à Paris.

De nombreuses voix se sont élevées pour dénoncer le traitement infligé à Julian Assange, le rapporteur de l’ONU sur la torture Nils Melzer estimant en mai qu’il présentait « tous les symptômes typiques d’une exposition prolongée à la torture psychologique, une anxiété chronique et des traumatismes psychologiques intenses ». Selon ses proches, son état de santé s’est récemment amélioré.

Bénéficiant de nombreux soutiens, parmi lesquelles des organisations comme Amnesty international ou Reporters sans frontières, qui souligne que le fondateur de Wikileaks a « transmis des informations d’intérêt général à des journalistes », Julian Assange veut demander l’asile politique à la France.

L’après-Merkel tourne au casse-tête en Allemagne

Le parti conservateur allemand doit dévoiler lundi qui il compte porter à sa tête et comment il envisage de préparer l’après-Merkel à l’horizon 2021. Une tâche compliquée par une crise interne sans précédent autour de son positionnement face aux extrêmes.

La présidente démissionnaire de l’Union démocrate-chrétienne (CDU), Annegret Kramp-Karrenbauer dite « AKK », doit donner des réponses en milieu de journée, au lendemain d’un cinglant revers aux élections régionales de Hambourg.

Dans la cité hanséatique, la CDU a été rétrogradée à la troisième place avec environ 11,5% des suffrages, l’un de ses pires scores de l’après-guerre, derrière des sociaux-démocrates à 37% et surtout des Verts passés de 12,3% à plus de 25%.

Face aux remous qui agitent le mouvement, le choix crucial du candidat à la chancellerie, avec de bonnes chances de succéder au pouvoir à Angela Merkel lors des élections législatives de fin 2021, devrait être reporté à la fin de l’année, selon les médias allemands.

Dans l’intervalle un président de parti devrait être désigné lors d’un congrès extraordinaire en mai ou juin. A moins que la CDU n’opte en faveur d’une présidence intérimaire collégiale rassemblant les principaux courants, pour éviter une lutte fratricide.

– Thuringe –

C’est AKK qui a accéléré le calendrier en annonçant le 10 février son intention de jeter l’éponge, après un peu plus d’un an seulement à la tête du parti.

Raison immédiate: une crise interne à la CDU déclenchée par la décision d’élus locaux de s’allier à l’extrême droite de l’Alternative pour l’Allemagne (AfD) dans la région de Thuringe, en violation des consignes nationales.

Plus fondamentalement, la ministre de la Défense n’est pas parvenue à incarner une relève crédible à la chancelière.

AKK voulait au départ aller vite. Son successeur devait être aussi intronisé candidat à la chancellerie du parti, afin qu’il jouisse d’une légitimité lui faisant cruellement défaut.

Mais choisir dès aujourd’hui le successeur désigné d’Angela Merkel aurait été difficilement compatible avec un maintien de la chancelière au pouvoir pendant encore un an et demi.

« Comment se débarrasser d’Angela Merkel? » devenue encombrante, résume ainsi le quotidien Bild.

Pour la présidence du parti, la CDU devrait avoir le choix entre deux partisans d’un coup de barre à droite, pour rompre avec la politique centriste d’Angela Merkel dans l’espoir de récupérer les électeurs tentés par l’AfD, et deux personnalités modérées.

Parmi les premiers on trouve Fredrich Merz, vieil ennemi d’Angela Merkel dont il a récemment qualifié le leadership de « défaillant », et Jens Spahn, étoile montante du parti.

Dans la deuxième catégorie figurent Armin Laschet, un baron régional, ainsi qu’un invité de dernière minute, Norbert Röttgen, ancien ministre de l’Environnement jadis écarté par la chancelière.

– ‘Auto-destruction’ –

Le choix préfigurera donc l’orientation future de ce parti qui domine la vie politique allemande depuis plus de 70 ans, mais voit sa base électorale s’éroder. Il ne recueille plus que 27% des intentions de vote, contre 23% aux Verts et 14% à l’extrême droite.

Car au-delà des personnes, la CDU doit urgemment clarifier son profil politique dans un paysage électoral de plus en plus morcelé, où les majorités deviennent à tous les niveaux difficiles à composer.

Le mouvement est secoué en interne depuis trois semaines par une crise sur la question des alliances avec les extrêmes, tant à droite qu’à gauche.

Jusqu’ici la CDU campe sur une ligne du « ni-ni », excluant les deux, qui a de plus en plus de mal à tenir.

Le débat a atteint son paroxysme dans la région de Thuringe à la suite de récentes élections marquées par une forte poussée de l’AfD, sans majorité claire pour gouverner.

Après s’être alliés à ce parti, avant de rentrer dans le rang face au tollé provoqué, les responsables locaux de la CDU ont brisé vendredi un autre tabou politique en acceptant de tolérer un gouvernement minoritaire dirigé par la gauche radicale, Die Linke, héritière du parti communiste est-allemand. Nouveau tollé et rappel à l’ordre de leur direction nationale.

L’hebdomadaire Der Spiegel parle d’une « auto-destruction de la CDU » à l’oeuvre, à l’heure du crépuscule de l’ère Merkel, d’un « parti sans direction, sans centre stratégique ».

« Parti hors de contrôle », grince également Bild.

Syrie: des frappes israéliennes tuent deux militants du Jihad islamique

L’armée israélienne a revendiqué lundi une série de frappes aériennes contre des « positions » du Jihad Islamique en Syrie, qui ont fait deux morts, après des tirs de roquettes par ce groupe islamiste armé depuis Gaza.

Deux combattants du Jihad islamique ont été tués à Damas par un bombardement de l’aviation israélienne sur la capitale syrienne, a annoncé lundi l’organisation à Gaza.

Peu avant minuit heure locale (22h00 GMT), une correspondante de l’AFP à Damas a entendu plusieurs explosions successives et très fortes. L’agence de presse syrienne Sana a publié des images montrant des explosions lumineuses dans le ciel noir.

« L’aviation militaire israélienne (…) a visé les environs de Damas avec plusieurs salves de missiles », a indiqué une source militaire syrienne citée par Sana.

« En représailles (à des tirs de roquettes), des avions de combat de l’armée israélienne ont bombardé des cibles du Jihad Islamique au sud de Damas », a indiqué l’armée israélienne dans un communiqué après minuit.

Les forces israéliennes sont souvent accusées par les autorités à Damas de mener des frappes en Syrie, mais elles revendiquent rarement des bombardements chez le voisin syrien, qu’elles accusent d’héberger des éléments qui lui sont hostiles comme le Hezbollah libanais, les forces iraniennes Al-Qods, et le Jihad Islamique.

La « majorité » des missiles israéliens ont été « détruits avant d’atteindre leurs cibles » tandis que d’autres ont été déviés de leur trajectoire, selon la source militaire citée par l’agence Sana.

Et l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), une ONG qui suit de près l’évolution du conflit en Syrie, a évoqué des frappes aériennes « près de l’aéroport international de Damas » visant « des positions des Gardiens de la révolution iraniens », armée idéologique de la République islamique d’Iran, mais aussi « des positions du Jihad Islamique ».

– Bombes, bulldozer et roquettes –

Les forces israéliennes ont aussi bombardé dans la nuit des positions du Jihad islamique dans la bande de Gaza au terme d’une journée tendue dans cette enclave paupérisée où vivent deux millions de Palestiniens sous blocus israélien. Ces bombardements ont fait quelques blessés selon des responsables à Gaza.

L’armée israélienne avait ouvert le feu dimanche matin sur « deux terroristes » qui « tentaient de placer un engin explosif à proximité » de la barrière séparant Israël de Gaza, mince bande de terre contrôlée par les islamistes du Hamas qui ont livré trois guerres à Israël depuis 2008.

Mais le Hamas bénéficie depuis près d’un an d’un accord de trêve avec l’Etat hébreu contrairement au Jihad Islamique, considéré comme le deuxième plus important groupe islamiste armé de Gaza, d’où l’armée israélienne s’est retirée il y a une quinzaine d’années.

Dans la foulée de ces heurts à la frontière, « un bulldozer de l’armée a récupéré le corps de l’un des assaillants », tué par les forces israéliennes a précisé à l’AFP une porte-parole de l’armée.

Selon un journaliste de l’AFP sur place, des Palestiniens se sont approchés pour tenter de récupérer la dépouille de l’homme que le Jihad Islamique a présenté comme l’un de ses combattants, avant qu’un bulldozer israélien ne ramasse le corps inerte et retourne en direction de la barrière frontalière.

Israël garde les corps de Palestiniens pour s’en servir comme monnaie d’échange avec le Hamas, qui détient aussi des dépouilles d’Israéliens.

Une vidéo de l’incident, authentifiée par l’AFP, circulait d’ailleurs en boucle dimanche sur les réseaux sociaux palestiniens.

Appelant à venger l’un de ses « martyrs », le Jihad Islamique a lancé plus d’une vingtaine de roquettes vers Israël, dont certaines ont été interceptées par le bouclier antimissile israélien Dôme de Fer selon les autorités locales qui ont annoncé la fermeture, lundi, des écoles dans des villes jouxtant la bande de Gaza.

Selon l’armée israélienne, ces tirs n’ont fait aucun blessé en Israël.

Du point de vue israélien, « le risque d’une escalade (militaire) à Gaza cette année est de plus de 50% », a indiqué une source proche du dossier.

Israël impose depuis plus de dix ans un blocus sur le territoire palestinien qu’il justifie par la nécessité de contenir le Hamas, qu’il tient pour responsable de toute attaque venant de l’enclave.

L’Etat hébreu avait toutefois mené en novembre dernier une mini-campagne militaire contre des éléments du Jihad islamique à Gaza en tentant d’éviter de frapper les positions du Hamas pour ne pas compromettre la trêve avec ce mouvement armé.

Les huit aéroports des Canaries ferment en raison d’une tempête de sable

Les huit aéroports situés sur l’archipel des Canaries ont fermé dimanche alors que des vents violents chargés de sable réduisaient nettement la visibilité, ces mêmes vents ayant entraîné déjà samedi des perturbations dans trois aéroports de cette région prisée des touristes.

« La visibilité est très faible. Les avions qui devaient atterrir sur les îles ont été détournés vers l’Espagne continentale » a affirmé dimanche une porte-parole de l’opérateur aéroportuaire Aena, ajoutant qu’il était trop tôt pour dire combien de vols seraient touchés.

Selon l’AENA, certains vols sont aussi détournés vers le Cap Vert, le Maroc, la Mauritanie et le Portugal.

Dans un tweet, le ministre des Transports Jose Luis Abalos a remercié ces pays pour leur « solidarité ». Les professionnels du transport aérien « ne se souviennent pas avoir jamais vu un temps aussi mauvais pour le transport aérien aux Canaries », a-t-il estimé.

Le trafic aérien était revenu à la normale sur l’archipel quelques heures plus tôt dimanche, au lendemain de perturbations similaires qui avaient engendré l’annulation ou la déviation d’environ 280 vols, selon la porte-parole d’Aena.

L’opérateur avait suspendu samedi l’ensemble des vols au départ et à destination de Grande Canarie et tous ceux quittant les deux aéroports de Tenerife (nord et sud) à cause des vents violents chargés de poussière de sable en provenance du Sahara qui ont drastiquement réduit la visibilité des pilotes sur ces îles au large du Maroc.

La compagnie maritime norvégienne Fred. Olsen & Co. a de son côté suspendu dimanche son service de ferry entre les îles de Fuerteventura et Lanzarote, et entre San Sebastian et Valle Gran Rey sur l’île de Gomera, « jusqu’à nouvel ordre » en raison du mauvais temps, a affirmé le groupe dans un tweet.

Le service météorologique national espagnol a indiqué que des rafales de vent atteignant 160 kilomètres par heure ont été enregistrées dans certaines parties de l’archipel dans la nuit.

Les vents violents ont par ailleurs rendu plus difficile la prise en charge d’un incendie qui s’est déclaré samedi près du village de Tasarte, dans le sud-ouest de Grande Canarie.

Des avions largueurs d’eau ont été empêchés dimanche de décoller et d’approcher la zone de l’incendie qui a brûlé environ 300 hectares et imposé l’évacuation d’environ 500 personnes, a déclaré le gouvernement régional des Canaries dans un communiqué.