Les plaies toujours ouvertes de la mine d’or de la forêt hondurienne

Plus de soixante ans après l’exploitation de ses riches gisements d’or et d’argent, la forêt de La Tigra, à une quinzaine de kilomètres de la capitale du Honduras, exhibe encore ses plaies.

Déclarée réserve forestière en 1980, La Tigra a été livrée de 1880 à 1954 au groupe minier américain The New York and Rosario Mining Company. Les 24.000 hectares de la réserve sont habités par des félins, des cervidés, des singes, des reptiles et une multitude d’oiseaux, dont le très rare et farouche quetzal.

Mais aujourd’hui encore, malgré leur reconquête par la végétation, les effondrements de galeries et de tunnels entre les roches ouvertes à la dynamite témoignent de la violence infligée à la terre.

La forêt « a regagné la zone centrale (de l’exploitation) ainsi que celle du campement (des travailleurs). Les vestiges de galeries se sont adaptés à l’environnement naturel, et sont même devenus des attractions touristiques, mais les eaux restent contaminées » par des métaux lourds, prévient Carlos Espinal, spécialiste de la protection de l’environnement.

« Il faudra entre 200 et 300 ans pour que les substances nocives soient éliminées de l’eau. En certains endroits, rien ne pousse, même pas les mauvaises herbes », déplore-t-il.

La restauration de l’environnement naturel est un processus « lent et de long terme », souligne la biologiste Marlenia Acosta. Les mesures prises par les spécialistes sont certes utiles, mais la régénération de la forêt « est plus du fait de la nature que de l’action humaine », reconnaît-elle.

– Un consulat américain –

C’est vers 1880 que les frères Washington et Louis Valentine, des Américains, fondèrent –avec le président hondurien de l’époque, Marco Aurelio Soto, et le général Enrique Gutierrez– leur société pour exploiter les richesses du sous-sol de La Tigra, explique à l’AFP Carlos Espinal.

Jusqu’à 15.000 hommes travaillèrent dans le labyrinthe de tunnels horizontaux et verticaux creusés pour parvenir aux filons. Mineurs et minerais étaient transportés par deux trains électriques tandis que trois petites centrales électriques alimentaient les installations. Celles-ci comptaient des ateliers, des kilomètres de tuyauteries, une usine de traitement du minerai au cyanure…

C’est aussi toute une petite ville qui fut érigée, avec son quartier pour les cadres, une école, des courts de tennis, une piscine, un hôpital… et même un consulat américain.

Une fois coulé en lingots de 54 kg, le minerai était acheminé à dos de mules jusqu’à Tegucigalpa avant d’être exporté vers les Etats-Unis. En 74 années d’exploitation, ce sont 6,5 millions de tonnes de minerai, pour une valeur de 100 millions de dollars de l’époque, qui ont été arrachés ici à la terre, selon les archives conservées sur place.

De toute cette effervescence ne reste aujourd’hui que San Juancito, devenu un quartier de la grande banlieue de Tegucigalpa d’à peine 1.500 habitants. « C’est un village fantôme. Ici il n’y a pas de travail, il n’y a rien », se lamente Marco Seaman, qui, à l’âge de 60 ans, hante les étroites rues pavées de San Juancito.

Washington rejette les critiques sur son repli national

Les Etats-Unis ont rejeté samedi les critiques sur leur repli national, n’hésitant pas à s’en prendre directement au président allemand, et ont affirmé que l’Occident était “en train de gagner” face à la Chine et la Russie.

La Conférence sur la sécurité de Munich, grand-messe annuelle internationale sur les questions de défense, a été le théâtre d’un mini-éclat diplomatique avec l’intervention du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.

Sans prendre de gants, il a répliqué à des propos la veille du chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier, lors de ce même forum, qui avait critiqué le repli national et l’égoïsme propagés à ses yeux par l’administration de Donald Trump.

Ces critiques, et d’autres du même type entendues ces dernières années, « ne reflètent pas du tout la réalité », a déclaré M. Pompeo.

« J’ai le plaisir de vous annoncer que l’idée selon laquelle l’alliance transatlantique serait morte est grandement exagérée », a-t-il ironisé.

– ‘Great again’ –

Le chef de l’Etat allemand, qui ne dispose pas de pouvoir exécutif mais dont la voix porte en Allemagne, avait regretté que « notre principal allié, les Etats-Unis, refusent sous l’administration actuelle l’idée même d’une communauté internationale ».

« Les pays sont invités à placer leurs propres intérêts au-dessus de ceux de tous les autres, +Great again+ même aux dépens des voisins et des partenaires », avait-il raillé à propos du slogan électoral du président américain Donald Trump « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique).

Le ministre américain des Affaires étrangères lui a répondu du tac au tac.

Il a fait valoir que son pays avait contribué au renforcement de l’Otan sur son flanc oriental, près de la frontière avec la Russie, ou encore avait conduit l’effort pour mettre fin au « califat » auto-proclamé de l’organisation Etat islamique en Syrie.

« Est-ce que c’est ça les Etats-Unis qui +rejettent la communauté internationale+ ? », a-t-il demandé.

« L’Occident est en train de l’emporter », a-t-il clamé en réponse à ceux qui doutent de la cohésion du lien transatlantique.

« Nous devrions avoir confiance dans l’alliance transatlantique, nous sommes en train de gagner et nous le faisons ensemble », a ajouté M. Pompeo.

Une ligne soutenue par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

« Nous ne devrions pas être en compétition entre nous et mettre en avant nos différences, tout en minimisant nos forces », a-t-il dit à Munich.

« L’Europe et les Etats-Unis sont des partenaires indispensables, les deux côtés de la même pièce », a-t-il ajouté.

Mike Pompeo a lui jugé que « l’Occident a un meilleur avenir que les alternatives illibérales », dénonçant l’évolution de la Russie et de la Chine.

– Nord-Stream –

Il a annoncé que les Etats-Unis allaient financer des projets énergétiques à hauteur d’un milliard de dollars dans des pays d’Europe centrale et de l’Est pour renforcer leur indépendance énergétique face à Moscou.

Il s’agit d’un « signe de soutien à la souveraineté, la prospérité et l’indépendance énergétique de nos amis européens » qui profitera « aux pays d’Europe centrale et de l’Est membres de l’Initiative des Trois Mers », qui réunit douze Etats membres de l’Union européenne.

« Nous voulons galvaniser l’investissement du secteur privé dans leurs secteurs énergétiques afin de protéger la liberté et la démocratie dans le monde », a-t-il ajouté.

L’initiative des Trois Mers réunit douze pays de l’Union européenne bordés par les mers Baltique, Adriatique et Noire. Cet espace s’étend de l’Estonie et de la Pologne au nord à la Croatie au sud et la Roumanie et la Bulgarie à l’est.

Il a pour objectif de renforcer la coopération entre ses membres dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité, notamment vis-à-vis de la Russie que nombre de ses membres considèrent comme une menace directe.

Ils contestent notamment, comme les Etats-Unis, le projet de gazoduc Nord Stream 2, fortement soutenu par l’Allemagne, qui vise à doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l’Europe occidentale, en contournant l’Ukraine.

Coronavirus: le tourisme sous haute-tension en Asie du Sud-Est

Hôtels vides, plages désertées, annulations en série: l’Asie du Sud-Est, particulièrement dépendante du tourisme, paye au prix fort l’épidémie de coronavirus avec des pertes évaluées à plusieurs milliards d’euros.

L’ambiance est morose dans la station balnéaire de Pattaya, l’une des destinations favorites des Chinois en Thaïlande: le front de mer, d’habitude si animé, s’est dépeuplé, les bateaux de touristes restent à quai et les échoppes du marché flottant font grise mine.

Dans le camp d’éléphants Chang Siam Park, attraction-phare de la ville, Ma Mya, vendeuse de souvenirs, a vu ses recettes baisser de moitié. « Si cela continue, je vais devoir repartir chez moi », soupire la jeune femme de la tribue Kayan, un long collier doré à spirale autour du cou.

Le parc accueillait 1.500 à 2.000 visiteurs par jour. « Ils ne sont pas plus de 200 aujourd’hui, et j’ai déjà perdu deux millions de bahts » (près de 60.000 euros), raconte à l’AFP Nantakorn Phatnamrob, propriétaire du camp.

Au Cambodge, même les célèbres temples d’Angkor ne font plus recette: la vente de billets a chuté de 30 à 40%, d’après le ministère du Tourisme.

Le constat est le même au Vietnam: 13.000 chambres d’hôtel ont déjà été annulées à Hanoï et la fréquentation du joyau du pays, la Baie de Halong, a baissé de plus de 60%.

Pour montrer qu’elles ont tiré les leçons de l’épidémie de SRAS de 2002/2003, les autorités chinoises ont pris des mesures draconiennes contre le nouveau coronavirus qui a tué pour le moment plus de 1.500 personnes et en a contaminé des dizaines de milliers.

Pékin a placé depuis fin janvier 56 millions d’habitants en quarantaine et interdit à l’ensemble de la population les voyages organisés à l’étranger.

Résultat: la Thaïlande, qui a accueilli 11 millions de Chinois l’année dernière (27% de l’ensemble de ses touristes étrangers), a enregistré début février une chute de visiteurs de l’empire du Milieu de « plus de 86% », d’après le ministre du Tourisme, Phiphat Ratchakitprakarn.

Au Vietnam, les touristes chinois ont quasi disparu avec un effondrement de « 90 à 100% » selon les zones.

La contagion se propage aux Européens, Américains ou Australiens qui renoncent à leur voyage par crainte du coronavirus, même si ce dernier sévit pour l’instant essentiellement en Chine continentale et que peu de personnes ont été contaminées en Asie du Sud-Est.

– Des milliards d’euros de pertes –

Cette situation inédite pourrait s’avérer catastrophique pour les économies de la région, très tributaires du tourisme.

En Thaïlande, le secteur représente 20% du PIB et les pertes liées à l’épidémie devraient atteindre cette année près de 7,4 milliards d’euros (1,5% du PIB), selon Don Nakornthab, haut responsable à la Banque centrale thaïlandaise.

Le Vietnam estime de son côté qu’il va perdre entre 5,4 et 7,1 milliards d’euros dès les trois prochains mois.

Mais que va-t-il se passer si, comme le craignent certains spécialistes de l’industrie du tourisme, les effets se propagent « à long terme jusqu’en 2021 »?

Conscients du risque, la Thaïlande et le Cambodge ne refusent pas les touristes chinois, se contentant de renforcer les contrôles dans les aéroports et aux postes frontaliers.

Les autorités thaïlandaises vont même leur proposer des visas gratuits.

Et le Premier ministre cambodgien, Hun Sen, joue les VRP. Dénonçant « la maladie de la peur », il fait tout pour s’attirer les bonnes grâces de Pékin, son proche allié, et faire revenir les Chinois dans le royaume.

Les autorités vietnamiennes se veulent, elles, beaucoup plus protectionnistes: elles ont interdit les vols à destination et en provenance de Chine continentale, et les trains de voyageurs ont été stoppés.

Quant au Laos, il a fermé sa frontière terrestre avec la Chine et plusieurs vols quotidiens ont été annulés.

« Depuis, nous ne voyons plus de Chinois et la situation risque d’empirer », dit à l’AFP Ong Tau, vendeuse de jus de fruits dans l’ancienne ville coloniale de Luang Prabang.

Nombre d’agences de voyages et d’hôteliers de la région cassent les prix et ont étendu leurs politiques permettant à leurs clients de reporter sans frais leur séjour, afin d’atténuer les annulations.

Au Kazakhstan, lumière inattendue sur les Dounganes après des violences

Khousseï Daourov était presque inconscient quand il a senti l’acier froid d’un pistolet sur sa tempe, après avoir été pris dans les violences inter-ethniques le week-end dernier dans le sud du Kazakhstan.

Ces affrontements entre la majorité kazakhe et une minorité musulmane d’origine chinoise, les Dounganes, ont fait onze morts, des dizaines de blessés et provoqué la fuite de plusieurs milliers de personnes au Kirghizstan voisin. En majorité, il s’agissait de Dounganes, qui sont 150.000 à travers l’Asie centrale.

Leader communautaire local, M. Daourov essayait d’apaiser les tensions quand un Kazakh lui a braqué un pistolet sur le visage. C’est un autre Kazakh qui est intervenu, convaincant le premier de le laisser partir.

Les yeux mouillés de larmes, une écharpe soutenant son bras cassé dans les heurts, l’homme d’une soixantaine d’années est réticent à blâmer ses « frères » kazakhs pour ce déchaînement de violence. « Ce ne sont pas les Kazakhs qui ont fait cela à notre peuple », assure-t-il. « C’étaient des bandits, des tueurs à gages ».

Il ne s’attendait pas à ce que, dans la nuit du 7 février, des centaines de Kazakhs prennent d’assaut le village à majorité doungane de Massantchi, environ 130 kilomètres à l’ouest d’Almaty, capitale économique du pays. Ces affrontements sanglants mettent en lumière les tensions latentes de cette région multi-ethnique.

Pour les Dounganes, la vie en Asie centrale s’avère pourtant calme par rapport aux répressions qui les ont fait fuir la Chine impériale au 19ème siècle. Installé à cheval sur les frontières kirghize et kazakhe, ce peuple revendique un héritage à la fois chinois et arabe et travaille principalement dans l’agriculture ou le petit commerce.

Leur dialecte, mélange de chinois et de farsi, les singularise dans une région dominée par les langues turciques, sans pour autant empêcher leur intégration.

– Conflit « impensable » –

Pour Batyrbek Toreïev, un fonctionnaire vivant dans le village de Karakemer, le raid soudain sur Massantchi était même « impensable »: « Nos familles sont amies avec leurs familles. On s’arrête les uns chez les autres », s’étonne-t-il, ajoutant que « ce qui est arrivée est arrivé, il faut continuer à vivre désormais ».

En Chine, les Dounganes sont connus sous le nom de Hui. Comme d’autres, ce groupe ethnique de dix millions de personnes est victime de la répression visant les musulmans dans l’ouest de la Chine.

Mais au Kirghizstan et au Kazakhstan aussi, certains ne cachent pas leur ressentiment, accusant les Dounganes de profiter de leur héritage culturel et linguistique commun pour commercer avantageusement avec la Chine.

En 2013, des dizaines de camionneurs dounganes auraient été passés à tabac par des chauffeurs kirghiz à un poste-frontière avec la Chine, où ils se disputaient des marchandises à ramener en Asie centrale. Et au début des années 2000, des maisons dounganes avaient été brûlées après un conflit avec des villageois kirghiz.

A l’époque, les Dounganes avaient trouvé refuge au Kazakhstan. Cette fois-ci, ce sont tous les groupes ethniques du Kirghizstan qui méritent un « énorme merci » pour avoir fourni nourriture, aide et logement aux Dounganes en fuite, affirme Khousseï Daourov.

Les traces d’affrontements n’ont pas complètement disparues à Massantchi mais l’Etat kazakh, qui a toujours vanté l’harmonie d’un pays où, selon le ministère des Affaires étrangères, « plus de 100 groupes ethniques vivent en paix », tente de rétablir un semblant de normalité.

Dans une mosquée, de vieux Dounganes partagent du riz avec des policiers d’ethnie kazakhe. Dans cette petite ville, la présence accrue des forces de l’ordre depuis les affrontements a été bien accueillie, assure-t-on.

– Colère palpable –

Ailleurs, des employés de l’administration régionale enlèvent les débris noircis de ce qu’il reste du plus grand supermarché de Massantchi. Parmi ces travailleurs, le ressentiment est palpable.

« Ils ont tabassé un de nos anciens », dit l’un d’eux, Ermek Saparov. Cet incident, deux jours avant les affrontements, aurait contribué à alimenter les appels à la violence, notamment sur les réseaux sociaux et les services de messagerie.

Son collègue Oulan Achirbek admet avoir été tenté de répondre aux appels à la vengeance mais avait du travail vendredi soir. Sa colère n’est pas retombée: « Vous voyez, c’était un magasin doungane mais ce sont les Kazakhs qui font tout le nettoyage ».

Un autre sujet alimentant le ressentiment envers les Doungane, et que l’AFP a vu circuler largement à travers les services de messagerie, est d’ordre linguistique: selon ces messages, les Dounganes privilégieraient les langues russe ou doungane à la langue kazakhe dans leur vie quotidienne.

Malik Iassyrov, un Doungane de 24 ans tué par balle, était pourtant professeur de kazakh dans un collège du village proche de Sortobe. « C’était un patriote. Il est allé à Massantchi défendre ses concitoyens », dénonce Aïche Gadir, sa mère, lors d’une cérémonie organisée à leur domicile pour les proches du jeune homme.

Toute la nuit, Malik Iassyrov était resté en contact avec sa mère. Il décrivait les scènes de meurtre et de pillage, suppliant sa mère d’emmener ses deux enfants au Kirghizstan. Vers une heure du matin, son téléphone s’est éteint. Ce n’est que le lendemain matin que Mme Gadir a appris la mort de son fils.

« Cela fait 150 ans que nous sommes ici. Pourquoi Allah nous punit ainsi? », demande-t-elle: « Comment pouvons-nous passer à autre chose? »

Législatives cruciales en Iran, la coalition gouvernementale en sursis

Les Iraniens sont appelés aux urnes le 21 février pour des élections législatives cruciales qui devraient signer le retour des conservateurs et accroître la pression sur le président Hassan Rohani déjà en difficulté.

Le scrutin intervient alors que la République islamique d’Iran est sous le coup de sanctions américaines asphyxiant son économie, et a été ces derniers mois au bord d’un affrontement militaire avec les Etats-Unis, son ennemi juré.

Le pays a aussi été secoué par des manifestations contre le gouvernement, notamment en raison d’une hausse subite du prix de l’essence.

Pas moins de 7.296 candidats aux 290 sièges du Parlement ont été disqualifiés contre 7.148 qualifiés par le Conseil des Gardiens, organe chargé de la validation des candidatures et dominé par les ultraconservateurs.

Fin janvier, M. Rohani, un conservateur modéré, a mis en garde contre les menaces pesant selon lui sur « la démocratie », après la disqualification de ces milliers de candidats, la plupart issus de la coalition gouvernementale formée par les modérés et les réformateurs.

– « Promesses » non tenues –

Ces disqualifications sont « sans précédent », estime le journaliste indépendant Farshad Ghorbanpour qui souligne la désillusion chez les électeurs.

« La principale différence avec les précédentes élections est qu’avant, la population croyait que leurs votes permettraient des réformes. Cet espoir a disparu pour une majorité d’Iraniens », dit-il.

« Le Parlement actuel est composé en majorité des réformateurs, et les gens estiment qu’ils n’ont rien accompli de sérieux. Le peuple a en conclu que son choix n’a aucune incidence », ajoute-t-il.

Selon des observateurs, les électeurs ayant soutenu M. Rohani pourraient bien rester chez eux le vendredi 21 février.

Mostafa Hamidi, 37 ans, vendeur au bazar de Téhéran, affirme à l’AFP qu’il n’ira pas voter, se disant déçu des « promesses non tenues » des politiciens et de la dégradation de la situation économique. « Notre vote ne sert à rien. »

Beaucoup d’habitants interrogés par l’AFP critiquent la mauvaise gouvernance selon eux des autorités.

« A chaque fois qu’on a voté, les choses ne se sont pas améliorées, elles ont empiré », estime Morteza Jaberi, qui a une échoppe de pièces détachées dans le quartier pauvre de Molavi (sud).

Elu en 2013 puis réélu en 2017, le président Rohani avait promis plus de libertés sociales et individuelles et assuré que les Iraniens allaient pouvoir bénéficier des fruits du rapprochement avec l’Occident.

Il a été l’instigateur, pour Téhéran, de l’accord international sur le nucléaire iranien conclu en 2015. Ce pacte avait permis à l’Iran, pays pétrolier, de sortir de son isolement avec un allègement des sanctions internationales, en échange de garanties destinées à prouver que le programme nucléaire iranien n’avait aucune visée militaire.

Mais cet accord est menacé de voler en éclats depuis le retrait unilatéral américain en 2018 et le rétablissement par Washington des sanctions qui ont plongé l’économie iranienne dans une récession.

– Parlement « sur la touche » –

Par ailleurs, mi-novembre, l’Iran a connu une vague de contestation déclenchée par une hausse surprise du prix de l’essence, qui a été réprimée. Selon Amnesty International, la répression a fait au moins 304 morts.

Début janvier, les Etats-Unis ont tué dans une attaque de drone à Bagdad le puissant général iranien Qassem Soleimani, et des millions d’Iraniens lui ont rendu hommage dans un élan d’unité nationale.

Mais cette unité s’est ensuite fissurée. Après trois jours de déni, les forces armées ont reconnu avoir abattu par « erreur » un avion de ligne ukrainien (176 morts) après son décollage de Téhéran, ce qui a provoqué l’indignation de la population.

En l’absence de véritables concurrents, une grande coalition de conservateurs pourrait remporter largement les législatives, dont la campagne a débuté jeudi dans la discrétion.

Le Parlement, principal organe législatif de l’Iran, rédige les lois, ratifie les traités internationaux et approuve le budget.

Même si cette assemblée a été « de plus en plus mise sur la touche dans le processus de prise de décision », l’arrivée d’ultraconservateurs pourrait compliquer la tâche pour M. Rohani, relève Ellie Geranmayeh, analyste au Conseil européen des relations internationales.

Selon Henry Rome, analyste sur l’Iran à Eurasia group, la coalition gouvernementale de M. Rohani a même peu de chance de survie.

« Un Parlement ultraconservateur va tourmenter Rohani lors de la dernière année de son mandat, questionner ses ministres et compliquer la capacité du gouvernement à répondre aux pressions liées aux sanctions. »

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Afrique du Sud: vers la fin du quasi-monopole de l’électricité, les mines soufflent

L’Afrique du Sud, dont l’économie est handicapée par des délestages fréquents, a annoncé la fin du quasi-monopole de l’entreprise publique d’électricité Eskom, une mesure réclamée à cor et à cri depuis des années par l’industrie minière, clé pour le pays.

Depuis 2018, l’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, a renoué, après un répit de trois ans, avec les délestages réguliers, jusqu’à plusieurs heures par jour.

La compagnie publique d’électricité Eskom, qui fournit plus de 90% de l’électricité dans le pays, n’arrive pas à répondre à la demande.

Ses centrales à charbon, principale source d’électricité en Afrique du Sud, sont vieillissantes et mal entretenues. Et le groupe – qui croule sous une dette abyssale de 26 milliards d’euros, résultat d’une mauvaise gestion et de pillage pendant la présidence de Jacob Zuma (2009-2018) – peine à les réparer.

Les coupures ont un effet « paralysant » sur l’économie, a reconnu jeudi soir le président sud-africain Ramaphosa lors de son discours annuel à la nation.

Alors pour « augmenter rapidement et de façon significative la capacité de production » d’électricité hors Eskom, il a annoncé une révolution: une série de mesures facilitant la production par les industriels de leur propre électricité. Les demandes dans ce sens seront examinées dans un délai de 120 jours.

L’annonce du chef de l’Etat a été immédiatement « saluée » par l’industrie minière, qui fait campagne depuis des années pour produire son électricité, notamment à base d’énergies renouvelables.

L’Afrique du Sud, pays très ensoleillé, dispose des conditions idéales pour l’énergie solaire et éolienne.

– « Bonne direction » –

Il y a quelques années, le géant sud-africain Sibanye-Stillwater avait obtenu l’autorisation de produire 50 mégawatts, « mais nous en avions demandé 150 », s’est plaint récemment son PDG, Neal Froneman, accusant Eskom de « protéger son monopole ».

Si tout se passe bien, ces déceptions pourraient être prochainement de l’histoire ancienne.

« Les compagnies minières seront bientôt (…) moins dépendantes d’Eskom », s’est réjouie jeudi soir la chambre des mines.

L’industrie minière a déjà en boîte « une série de projets énergétiques de 1,5 gigawatt qui peuvent être opérationnels dans les neuf à trente-six mois », a-t-elle précisé.

L’annonce du président Ramaphosa est un soulagement pour les mines – l’un des secteurs les plus gourmands en électricité – et l’industrie en général, alors que la croissance de l’Afrique du Sud est désespérément molle (0,8% en 2018).

C’est « un pas dans la bonne direction », a estimé l’analyste Raymond Parsons. « Il est impératif de réduire le risque qu’Eskom continue à faire peser sur l’économie sud-africaine. »

Les délestages d’Eskom sont « considérés comme l’une des principales menaces pesant sur l’économie sud-africaine », selon la chambre des mines. Ils « ont un effet dévastateur sur le secteur minier », a affirmé récemment son président, Roger Baxter.

En 2019, le secteur des mines, qui contribue à 8% du produit intérieur brut (PIB) sud-africain, s’est contracté de 1,3%.

En décembre, au plus fort des délestages, des mines ont fonctionné au ralenti.

Le groupe Petra Diamonds a dû fermer momentanément ses mines de Cullinan, Finsch et Koffiefontein. Ses mineurs ont dû être remontés d’urgence à la surface pour ne pas se retrouver bloqués dans les entrailles de la terre.

Le plan gouvernemental annoncé jeudi pourrait être la clé « pour éroder le monopole » d’Eksom, souligne l’agence de notation financière Fitch Ratings, mettant cependant en garde contre l’opacité entourant la délivrance des permis de production d’électricité.

Autoriser des sociétés minières « à apporter leurs propres solutions énergétiques signifie qu’on peut faire partie de la solution. C’est vraiment positif », a salué le président d’Anglo American, Mark Cutifani.

« Ce qui me rend triste, ajoute son concurrent Neal Froneman, est qu’il ait fallu attendre deux ans et une crise pour en arriver là. »

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Un moment historique: des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican se sont rencontrés, une première en sept décennies et un nouveau signe de rapprochement depuis l’accord de 2018 sur la nomination des évêques.

Les deux Etats n’entretiennent plus de relations diplomatiques depuis 1951, en raison notamment de différends d’ordre religieux, Pékin se méfiant de toute influence religieuse étrangère sur son territoire.

Mais le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont entretenus vendredi à Munich (Allemagne), en marge de la Conférence sur la sécurité, a indiqué samedi le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC) au pouvoir.

Des diplomates et représentants des deux Etats s’étaient déjà rencontrés. Mais une entrevue publique à ce niveau, lors d’un événement international, est inédite.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre des ministres des Affaires étrangères de Chine et du Vatican », s’est félicité Wang Yi, selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », a-t-il déclaré devant Mgr Paul Gallagher, dont le titre officiel est secrétaire chargé des rapports avec les Etats.

– « Résultats positifs » –

Le PCC se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité sur la Chine. Il s’est ainsi longtemps méfié de la potentielle influence politique du pape sur la stabilité sociale dans le pays.

La Chine compte de 10 à 12 millions de catholiques, sur une population totale de 1,4 milliard d’habitants.

Ces croyants sont partagés entre une Eglise officielle (dont le clergé est soumis aux autorités) et une Eglise clandestine, tirant sa légitimité de l’obéissance au pape et dont les membres sont parfois l’objet de persécutions et d’arrestations.

Dans la pratique, cette fracture entre catholiques s’est réduite depuis la signature en 2018 d’un accord historique Pékin-Vatican sur la nomination des évêques, lequel a permis de réchauffer les relations bilatérales.

Ce texte « provisoire » donne aux deux parties un droit de regard. Le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval; le gouvernement chinois a fait de même dans l’autre sens.

L’accord a permis « d’obtenir des résultats positifs », s’est félicité vendredi Wang Yi devant son homologue du Vatican, toujours selon le Quotidien du Peuple.

– Des blocages –

« La Chine est disposée à améliorer encore la compréhension et la confiance mutuelle avec le Vatican, afin que l’élan d’interaction positive entre les deux parties continue de progresser », a-t-il souligné.

Du côté du Saint-Siège, la secrétairerie d’Etat a salué dans un communiqué une rencontre tenue « dans un climat cordial ». Les deux hommes ont réitéré « la volonté de poursuivre le dialogue institutionnel au niveau bilatéral pour favoriser la vie de l’Eglise et le bien du peuple chinois ».

Le pape François ne cache pas son désir de renforcer la relation avec Pékin. Mais le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Notamment parce que le Vatican continue d’entretenir des relations diplomatiques avec Taïwan. Une situation de blocage, car cette île peuplée de 23 millions d’habitants est considéré par Pékin comme une province chinoise en attente de réunification.

Le rapprochement Chine-Vatican divise également au sein de l’Eglise. Si certains y voient un dialogue utile pour améliorer la situation des croyants chinois, d’autres sont méfiants face à un PCC qui appelle régulièrement à « siniser » les religions.

Alain Souchon, voix des foules sentimentales

Toujours là, toujours à part: Alain Souchon est cet éternel adolescent de la chanson française, tout à la fois rêveur et pourfendeur de l' »ultra moderne solitude » contemporaine.

Son dernier –et superbe– disque « Ame fifties » a décroché le titre de meilleur album de l’année aux Victoires de la musique.

Comme à son habitude, derrière l’élégance des mélodies –troussées avec ses fils Pierre et Charles– se cache une certaine gravité, comme ces jeunes hommes envoyés hier en Algérie pour y faire la guerre ou l’ascenseur social en panne aujourd’hui.

Mais qu’est-ce qui le fait encore courir les scènes à 75 ans? « Quand je vois Mick Jagger, je me dis, s’il y a été, j’y vais aussi, même si ce n’est pas comparable bien sûr (rires) », racontait-il à l’AFP à l’automne 2019.

« J’entendrai constamment +Let’s Spend the Night Together+ (et de la chanter en interview), avec l’autre (Jagger) qui arrive comme un léopard! J’en suis fou de ça, ça m’exalte! », poursuivait-il enjoué.

Qu’est-ce qui résume mieux Souchon que sa chanson phare « Foule sentimentale », sacrée aux Victoires de la musique comme la plus marquante de la période 1985-2005? On y retrouve ce chanteur complexe, son éternelle « soif d’idéal » comme son incompréhension face à une société qui parfois « nous prend, faut pas déconner, dès qu’on est né, pour des cons ».

Un succès estampillé 100% Souchon: il en a signé paroles et musique, contrairement à bien d’autres de ses tubes mis en musique par son compagnon de route Laurent Voulzy, comme « J’ai dix ans », « Allô maman bobo », « Bidon », « La ballade de Jim », « C’est déjà ça »…

Avec sa chevelure indomptée, sa distanciation amusée face au star-system, Souchon cultive depuis toujours une image de Pierrot un peu lunaire, comme pour mieux oublier une enfance perturbée.

– « Patauger dans la semoule » –

Né le 27 mai 1944 à Casablanca (Maroc), il est élevé jusqu’à sept ans par un homme qui n’était pas son père mais dont il portait le nom, Kienast.

Le jeune Alain suit ensuite sa mère pour rejoindre son père biologique, Pierre Souchon, qui lui donne son nom. Mais ce père meurt quelques années plus tard dans un accident de voiture. En souvenir, Alain Souchon baptisera son premier fils Pierre et écrira à son père l’émouvante « Dix-huit ans que je t’ai à l’oeil » (1977).

Le chanteur confiait en 2015, dans un documentaire, avoir gardé de cette enfance perturbée une « envie de stabilité », que ce soit pour sa vie conjugale, son appartement ou ses voitures.

Il écrit ses premières chansons à l’adolescence, notamment à l’occasion d’un séjour en Angleterre, puis donne ses premiers concerts dans des cabarets parisiens comme ses références, Léo Ferré ou Guy Béart.

Il enregistre ses premières chansons au début des années 1970 mais il faut attendre la rencontre avec Laurent Voulzy, orchestrée par le directeur artistique Bob Socquet, pour que naisse son premier tube, « J’ai dix ans », en 1974.

« De deux chanteurs qui pataugeaient dans la semoule, on s’est retrouvés avec une chanson qui était au hit-parade! Alors on en a fait une autre, et puis une autre », confiait à l’AFP Souchon en 2014, année où les deux complices ont sorti leur premier album chanté en duo.

Cette collaboration fructueuse va constituer le fil rouge de la carrière de Souchon mais aussi de Voulzy, pour lequel le premier écrit de nombreuses paroles (« Rockollection », « Le soleil donne », « Belle-île-en-mer, Marie-Galante », « Le pouvoir des fleurs »).

Souchon, qui incarne à ses débuts la « nouvelle chanson française », va alors développer cette plume si singulière, oscillant entre poésie mélancolique et chronique sociale parfois grinçante.

Sa silhouette dégingandée s’est aussi promenée du côté du cinéma dans une poignée de films, avec un rôle resté célèbre dans « L’été meurtrier » aux côtés d’Isabelle Adjani.

Victoires de la musique: Clara Luciani, la grenade pop

C’est la belle histoire de la chanson française: loin du cliché du démarrage météorique, Clara Luciani a dû attendre près d’un an avant que ne détone « La grenade », son hit féministe.

Le nom de son album « Sainte-Victoire » semblait évidemment prédestiné pour les Victoires de la musique qui l’ont consacrée vendredi « artiste féminine ».

Mais que la reconnaissance fut longue. L’opus sort en avril 2018 et il faut attendre près de 12 mois pour que « La grenade » éclate sur les ondes. « Qu’est-ce que tu regardes?/T’as jamais vu une femme qui se bat/Suis-moi/Dans la ville blafarde/Et je te montrerai/Comme je mords, comme j’aboie ». Des paroles fortes, sur une trame électro, façon années 1980 revisitées, qui ont fait mouche.

Le titre a trouvé un bel écho dans le contexte #MeToo né de l’affaire Harvey Weinstein, mais s’est aussi inscrit dans le courant des nouvelles porte-voix du féminisme, comme Angèle avec « Balance ton quoi » ou Suzane avec « SLT ».

Le refrain « Prends garde/Sous mon sein la grenade/Sous mon sein là regarde » a aussi été récupéré pour des campagnes vantant le dépistage du cancer du sein. « Une politicienne a écrit des paroles en Belgique pour en faire un hymne écolo », confiait même Clara Luciani dans Le Parisien. « Heureusement, c’est assez proche de mes idées, mais j’aurais bien aimé que l’on me demande l’autorisation ».

– « Le tremblement essentiel » –

La chronologie de ce succès étonne encore aujourd’hui cette fille d’une aide-soignante et d’un employé de banque. « Ça a mis un temps fou! +La Grenade+ a commencé à être vraiment diffusée à la radio en janvier 2019 », souffle encore la chanteuse. Mais tout ira ensuite très vite pour celle qui s’est longtemps cherchée, en assurant des voix pour le groupe La Femme ou pour le chanteur Raphaël.

Elle sera ainsi sacrée « révélation scène » en février 2019. Et garde un souvenir fort des journées qui avaient précédé la cérémonie. « C’est l’exercice de chanter dans cette grande soirée qui me traumatisait. Je faisais des rêves où je manquais une marche, je tombais devant tout le monde ».

« En plus, j’ai une maladie qui s’appelle le tremblement essentiel », confiait-elle encore dans Le Parisien. « C’est neurologique, héréditaire, ma mère a ça aussi. Je tremble donc toujours un peu et c’est accentué par le stress, la fatigue… Et les Victoires, c’était la première télé où je n’ai pas trop tremblé, où on ne voyait pas à quel point j’étais effrayée ».

A 27 ans, la native de Martigues profite pleinement des concerts. Et parfois en famille, puisque sa sœur aînée, Léa – Ehla de son nom de scène – est également chanteuse. C’est elle qui avait assuré la première partie de Clara à l’Olympia en avril dernier.

Sur « Sainte-Victoire » on peut ainsi entendre « Ma soeur » que Clara dédie à Léa: « Personne ne croit en toi comme j’y crois/Personne, personne/Je serai là même s’il ne devait rester/Personne, personne ».

Philippe Katerine, l’homme à la tête de Chouan

Tellement décalé qu’il finit par être à sa place partout: Philippe Katerine, césarisé au cinéma, est désormais une valeur sûre de la chanson, plus libre que jamais après avoir passé le cap de la cinquantaine.

« Confessions », album-péplum complètement fou, a valu vendredi soir la Victoire de la musique de l’artiste masculin à ce Vendéen fier de l’être – il avait soutenu en chanson le petit club des Herbiers en Coupe de France.

Une nouvelle consécration pour ce faux-naïf qui a été reconnu sur le tard.

Le Vendéen débute sa carrière en 1991 sous l’unique nom de Katerine, avec le disque « Les mariages chinois ». Mais le succès n’arrive qu’une quinzaine d’années plus tard. En 2005, l’ancien étudiant en arts plastiques à Rennes fait un carton avec son huitième opus, « Robots après tout », clin d’oeil à l’album « Human After All » des Daft Punk. Son tube « Louxor, j’adore » lui permet d’accéder à une large audience.

L’homme aux pantalons à pattes d’éléphant vintage et pulls cintrés n’a pas fait que passer le mur du son. Il a aussi crevé l’écran. En 2019, il est récompensé par un César du meilleur second rôle pour son personnage de Thierry, employé de piscine timide au parler lent dans « Le Grand Bain ».

Depuis, l’hurluberlu dégarni enchaîne les piges au cinéma. On l’a ainsi vu dans des seconds rôles d’impresario aux tenues improbables dans « Yves » de Benoît Forgeard – pour qui il avait été aussi président de la République dans « Gaz de France » -, ou dernièrement d’adjoint au maire dans « Notre Dame » de Valérie Donzelli et de préfet dans « Merveilles à Montfermeil » de Jeanne Balibar.

– « Je suis timide » –

« C’est vrai que je suis timide », reconnaissait-il récemment auprès de l’AFP, affirmant que le cinéma est aussi pour lui un moyen de sortir de chez lui, où il resterait volontiers toute la journée à dessiner. Et bien sûr à créer une musique qui n’a plus de limites, comme « Confessions », qui brasse thèmes sociétaux et intimes. Du Katerine tout craché. Entre langue très crue ou enfantine.

Gérard Depardieu, beau-père de ce touche-à-tout qui vit avec Julie Depardieu, mère de deux de ses enfants, vient même y poser sa voix. Dans ce titre, « Blond », Katerine parle habilement du sort réservé au fil des âges à ceux qui n’ont pas cette couleur de cheveux, de l’esclavage aux contrôles au faciès.

On y entend le monument du cinéma reprocher à Katerine sa blondeur. « Je lui ai écrit sa partie, en lui disant +là, tu vois, tu me juges, tu m’engueules+ et ça, il sait très bien faire ça, pas de problème (rires) », confie-t-il à l’AFP.

Ce fan de hip-hop – l’album « Ye » de Kanye West est « un repère très fort » pour lui – s’offre aussi des duos avec Oxmo Puccino (« La Clef ») et Lomepal (« 88% », chanson qui dénonce l’homophobie).

Ainsi qu’une belle sucrerie avec Léa Seydoux dans « Rêve heureux ». « Elle avait un peu le désir de chanter, on s’est rencontrés et j’ai tout de suite accroché avec elle, je la trouve sensible, un peu sauvage, on s’est reconnus comme des cousins éloignés ». Elle lui dit « aimer » ses chansons depuis « qu’elle est jeune ». « Alors je lui ai écrit une chanson un peu à ma gloire, histoire de me faire du bien (rires), mais que des gens pourront chanter à d’autres: c’est une chanson de service à la personne ».

Chine-Vatican: rencontre historique entre ministres des Affaires étrangères

Pour la première fois, des ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican, deux Etats sans relations diplomatiques depuis des décennies en raison de différends d’ordre religieux, se sont rencontrés, a indiqué samedi un média officiel.

Le Chinois Wang Yi et son homologue Mgr Paul Gallagher se sont vus vendredi à Munich, a indiqué le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste chinois (PCC). La ville allemande accueille en ce moment la Conférence sur la sécurité.

Une rencontre à ce niveau diplomatique est une première depuis au moins six décennies, le Vatican et la République populaire de Chine n’ayant plus de relations diplomatiques depuis les années 1950.

Elle intervient dans un contexte de réchauffement des relations bilatérales depuis la signature d’un accord historique en 2018 sur la nomination des évêques en Chine.

« C’est aujourd’hui la première rencontre entre les ministres des Affaires étrangères de la Chine et du Vatican », a déclaré Wang Yi.

« Cela ouvrira davantage d’espace pour les futurs échanges entre nos deux parties », s’est-il félicité selon le compte-rendu publié par le Quotidien du peuple sur son site internet.

Le PCC au pouvoir se méfie de toute organisation, notamment religieuse, pouvant menacer son autorité. Il s’est longtemps méfié du Vatican en raison de son influence potentiellement politique sur les catholiques chinois.

Les quelque 10 millions de catholiques de Chine sont censés ne fréquenter que les églises homologuées par l’Etat et dont le clergé est validé par le PCC. Mais beaucoup se rendent également dans des lieux de culte dirigés par des religieux fidèles au pape.

Aux termes de l’accord « préliminaire » signé en 2018, le pape François a reconnu des évêques chinois qui avaient été nommés par Pékin sans son aval. Le texte donne toutefois aux deux parties un droit de regard sur les nominations.

Malgré le rapprochement en cours, le rétablissement des liens officiels entre les deux Etats reste compliqué à concrétiser.

Sous pression, la Grèce prend le dossier migratoire à bras le corps

Mur flottant pour bloquer les canots de migrants, centres de rétention, reconductions à la frontière: sept mois après sa prise de fonctions, le gouvernement conservateur grec durcit sa politique en matière d’asile, sous la pression des îles égéennes exaspérées et au bord de l’asphyxie.

« La décongestion de nos îles est notre priorité numéro 1 », a déclaré à l’AFP le ministre des Migrations Notis Mitarachi, dans un geste d’apaisement vers les insulaires qui multiplient les actions de protestation parfois émaillées d’incidents.

Cinq ans après la grande crise migratoire de 2015, la Grèce, à nouveau première porte d’entrée des migrants en Europe, peine à gérer les procédures de demande d’asile dont près de 90.000 sont à ce jour en souffrance, dans un pays qui compte 112.000 exilés, selon les derniers chiffres officiels.

Premières impactées, les cinq îles égéennes, où les migrants continuent d’affluer quotidiennement en provenance de la Turquie voisine.

Plus de 38.000 personnes vivent dans des camps surpeuplés et insalubres prévus pour 6.200 places. Tentes et abris de fortune aux allures de bidonville y poussent comme des champignons aux abords de ces sites, suscitant exaspération et réactions de rejet aux relents xénophobes.

« Il est essentiel de transférer dans les prochaines semaines autant de demandeurs d’asile que possible sur le continent où ils pourront poursuivre leur procédure de demande d’asile », a déclaré à l’AFP le représentant du Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR) en Grèce, Philippe Leclerc, qui réclame « des conditions supplémentaires de réception » en Grèce continentale.

Après avoir transféré 9.000 demandeurs d’asile sur le continent (au lieu des 20.000 prévus) sur fond de grogne des habitants, le gouvernement de Kyriakos Mitsotakis élu en juillet se focalise désormais sur les reconductions à la frontière des déboutés du droit d’asile.

« Le processus de retour sera accéléré » vers la Turquie et vers les pays d’origine, a précisé Notis Mitarachi.

– Accélération des procédures –

Condition sine qua non: les services grecs de l’asile devront rendre plus rapidement leurs verdicts. La nouvelle législation, entrée en vigueur en janvier et vivement critiquée par les ONG, le leur permet.

« Je pense qu’il serait raisonnable de traiter les cas en trois mois », a estimé Notis Mitarachi. Priorité sera donnée aux nouveaux arrivants: 25 jours maximum pour gérer la première demande et jusqu’à 60 jours en cas d’appel, avant une reconduction sine die à la frontière pour les déboutés.

En outre, l’octroi de l’asile en Grèce sera réversible tous les trois ans, selon la situation dans le pays d’origine, a tranché le gouvernement, contraint de rétablir un ministère des Migrations supprimé à son arrivée au pouvoir.

Et pour décourager encore les exilés de traverser la mer Egée, le gouvernement prévoit d’installer un mur flottant de 2,7 kilomètres de long et d’1,10 mètre de haut.

Un projet controversé qui attire les foudres des organisations non gouvernementales. Human Rights Watch le considère comme « insensé et potentiellement dangereux » pour les frêles canots de migrants qui viendraient s’y accrocher la nuit.

Amnesty International s’est alarmé d’un plan « qui suscite de graves inquiétudes sur les capacités des sauveteurs à continuer à venir au secours de personnes tentant la périlleuse traversée maritime vers Lesbos ».

Aux termes de sa nouvelle loi, la majorité de la droite Nouvelle Démocratie s’attaque aussi aux passeurs et aux éventuelles complicités, en prévoyant un registre des organisations humanitaires autorisées à intervenir auprès des migrants.

– « Camps prisons » –

Le gouvernement espérait au moins apaiser la colère des insulaires avec la fermeture des camps sordides de Moria (Lesbos), Vathy (Samos) et Vial (Chios), remplacés, à l’été, par de nouveaux centres « fermés ».

Mais élus et habitants exigent « le désengorgement immédiat et massif des îles », d’où leur rejet sans équivoque d’un projet voué, selon eux, à héberger toujours plus de migrants dans des « camps prisons ».

« Si nous acceptons un nouveau camp pour 7.000 personnes, il pourra accueillir officieusement 20 à 25.000 personnes », a déclaré le maire de Samos, Georgios Stantzos. La capacité de cinq camps sera théoriquement prévue pour 20.000 personnes.

Le projet suscite aussi les critiques d’ONG qui y voient une « violation du droit international sur l’asile ».

« Demander l’asile n’est pas un crime même si on a franchi irrégulièrement une frontière. Nous demandons (…) que la détention soit l’exception absolue », a déclaré Philippe Leclerc du HCR.

« Toute violation du règlement intérieur (des futurs camps) affectera négativement la demande d’asile et accélérera le processus de retour du délinquant », a pourtant prévenu le ministre des Migrations.

Mobilisation en ex-RDA contre les « pactes » électoraux avec l’extrême droite

L’élection du président de Thuringe grâce à l’extrême droite a provoqué un séisme en Allemagne: des milliers de personnes manifesteront samedi à Erfurt, capitale de cette région d’ex-RDA paralysée par la recomposition politique en cours.

Quelque 10.000 personnes sont attendues samedi après-midi à cette mobilisation sous le mot d’ordre « Pas avec nous, pas de pacte avec les fascistes: jamais et nulle part! »

La manifestation est organisée par des ONG, artistes, syndicalistes et responsables politiques, unis dans l’alliance #Unteilbar (« indivisible » en français) et soutenus par de nombreux mouvements tels que Fridays for Future ou Bund.

L’élection surprise le 5 février du libéral Thomas Kemmerich, grâce aux voix coalisées de la droite conservatrice et de l’extrême droite avait déjà provoqué nombre de rassemblements spontanés dans toute l’Allemagne.

– « Fin d’un tabou » –

Face au tollé, ce candidat du petit parti libéral FDP a jeté l’éponge 24 heures après son élection à une très courte majorité. Mais pour les organisateurs de la manifestation, le mal est fait.

« Cette élection marque la fin d’un tabou », s’est ému dans la presse allemande Maximilian Becker, porte-parole de l’alliance. « Nous voulons montrer que ce qui se passe en Thuringe ne restera pas sans réponse ».

Signe de la tension dans tout le pays, plusieurs locaux du FDP sont devenus depuis plusieurs jours la cible d’attaques dans toute l’Allemagne, rapporte le Spiegel.

D’autant que l’Alternative pour l’Allemagne (AfD), le parti d’extrême droite créé en 2013, compte bien continuer à dynamiter le jeu politique allemand. En Thuringe, les institutions restent ainsi paralysées depuis plus d’une semaine.

L’extrême droite, accusée par Angela Merkel de vouloir « détruire la démocratie », menace désormais de porter ses suffrages, en cas de nouvelle élection à la tête de cette région enclavée, sur Bodo Ramelow. Cette personnalité de la gauche radicale était à la tête de la région jusqu’en 2019 et refuse catégoriquement tout apport de voix de l’autre extrémité de l’échiquier politique.

Les partis hors AfD doivent se réunir lundi à Erfurt pour trouver une porte de sortie à cette crise. Nouvelles élections? Coalition minoritaire? Plusieurs options sont sur la table pour gouverner cette région, concentré des incertitudes qui traversent le paysage électoral allemand.

L’onde de choc de cette crise politique continue d’ailleurs de se propager au delà des frontières du Land, dans une Allemagne confrontée à la fin, au plus tard en 2021, de l’ère Angela Merkel, au pouvoir depuis 14 ans.

– « Marche funèbre » –

Elle a ainsi provoqué la chute de la dauphine d’Angela Merkel, Annegret Kramp-Karrenbauer, qui a renoncé à la course à la chancellerie, faute d’être obéie par des cadres de son parti.

Certains membres du parti conservateur CDU, en particulier dans les régions d’ex-Allemagne de l’Est, sont en effet tentés par un rapprochement avec l’extrême droite, particulièrement puissante dans ces régions.

La rhétorique de l’AfD passe bien dans l’ex-RDA communiste, économiquement plus pauvre. En Thuringe, le revenu moyen annuel s’élevait ainsi en 2018 à 35.701 euros, contre 42.962 euros en moyenne en Allemagne, selon l’Office des statistiques.

Si le chômage y est à peine supérieur au taux fédéral (5,3% contre 5%), la Thuringe souffre d’être délaissée par les jeunes générations et d’un grave déficit de natalité. Plus d’un habitant sur 4 (25,7%) y est âgé de plus de 65 ans (21,5% en Allemagne).

Cette mobilisation contre l’extrême droite intervient aussi en pleines commémorations de la libération des camps nazis et du bombardement de la ville de Dresde il y a 75 ans.

Près de 1.500 militants néonazis, et de nombreux contre-manifestants, sont ainsi attendus samedi, sous étroite surveillance policière, dans cette ville de Saxe samedi. Ils défileront en une « marche funèbre » cultivant le mythe d’une « ville martyre », injustement sacrifiée par les Alliés.

Tunisie: le nouveau gouvernement sera annoncé samedi (présidence)

Le chef du gouvernement tunisien désigné Elyes Fakhfakh a reporté d’un jour l’annonce de la composition de son gouvernement attendue initialement vendredi, afin de « poursuivre les consultations », selon la présidence tunisienne.

M. Fakhfakh, ancien ministre tunisien des Finances, a été désigné le 20 janvier par le président Kais Saied pour former un gouvernement après le rejet le 10 janvier par le Parlement d’un premier cabinet formé sous la houlette du parti d’inspiration islamiste Ennahdha.

Il disposait d’un mois pour constituer une équipe susceptible de convaincre un Parlement morcelé.

« Pour mener à bien le processus de formation du gouvernement dans les meilleures conditions, il a été décidé de reporter l’annonce de sa composition à samedi 17H00 GMT afin de poursuivre les consultations et l’examen de certaines questions liées au futur gouvernement », a dit la présidence dans un communiqué, sans préciser lesquelles.

Le communiqué a été publié à l’issue d’une rencontre vendredi soir entre MM. Fakhfakh et Saied, auquel le Premier ministre devait initialement remettre la liste de son cabinet avant de l’annoncer à la presse.

Vendredi, Ennahdha (54 des 217 sièges au Parlement) a critiqué lors d’une conférence de presse les noms évoqués par M. Fakhfakh, affirmant qu’il « n’a aucune chance de succès et de continuité ».

Il l’a appelé à former un gouvernement d’unité nationale comprenant tous les partis représentés au Parlement.

En cas d’échec, M. Fakhfakh –dont le gouvernement a besoin d’une majorité de 109 voix– M. Saied pourra dissoudre l’Assemblée et convoquer des élections législatives anticipées.

Le gouvernement sortant gère actuellement les affaires courantes.

Elyes Fakhfakh, 47 ans, a été nommé ministre du Tourisme fin 2011 avant d’être ministre des Finances de décembre 2012 jusqu’à janvier 2014. Il a été candidat à la présidentielle en 2019, mais n’a convaincu que 0,34% des électeurs au premier tour.

Bernie Sanders dénonce les attaques homophobes visant Pete Buttigieg

Le sénateur Bernie Sanders a dénoncé vendredi les attaques homophobes « scandaleuses » visant son rival démocrate Pete Buttigieg prononcées par un célèbre animateur de radio proche de Donald Trump.

Figure de la sphère conservatrice américaine, Rush Limbaugh s’est moqué mercredi de l’ancien maire de South Bend (Indiana), « ce type gay de 37 ans qui embrasse son mari sur scène ». M. Buttigieg a en fait 38 ans.

Ces propos ont pris un relief particulier car ils sont intervenus quelques jours après un hommage appuyé rendu par Donald Trump à l’animateur.

Lors de son discours sur l’état de l’Union devant le Congrès réuni au grand complet, le président américain lui a décerné la « médaille de liberté », plus haute décoration civile des Etats-Unis, et l’a remercié pour « des décennies de dévouement à notre pays ».

« En tant que candidats, nous avons des désaccords, mais des attaques personnelles comme celles-ci sont inacceptables », a réagi Bernie Sanders.

« Les commentaires homophobes de Rush Limbaugh concernant Pete Buttigieg sont scandaleux et offensants. Ensemble, nous mettrons fin aux divisions et à la haine semées par Donald Trump », a-t-il ajouté.

Interrogé jeudi sur le fait de savoir s’il pensait que les Américains pourraient élire un président homosexuel, le président américain a répondu: « Je pense que oui ».

« Je pense que certains ne le feraient pas. Mais je ne ferais pas partie de ce groupe pour être honnête », a-t-il ajouté dans l’émission de radio de Geraldo Rivera.

Pete Buttigieg n’a lui pas directement répondu aux attaques de l’animateur conservateur.

« Je suis fier de mon mariage, je suis fier de mon mari », a-t-il simplement déclaré jeudi soir lors d’une rencontre avec des électeurs à Las Vegas.

Supercoupe d’Afrique: quatrième titre pour le Zamalek, vainqueur de l’Espérance Tunis

Les Egyptiens du Zamalek ont remporté vendredi à Doha la Supercoupe d’Afrique face à l’Espérance Tunis (3-1), une rencontre que des tensions géopolitiques ont bien failli empêcher d’avoir lieu.

Sur le plan sportif, la victoire du Zamalek, titré l’an passé en Coupe de la confédération, s’est dessinée en deuxième mi-temps grâce à un doublé d’Achraf Bencherki (58e, 90e+5). Auparavant, les Egyptiens avaient ouvert le score par Youssef Obama dès la 2e minute, mais ils avaient été rejoints sur un penalty de Raouf Benguit (54e) pour l’Espérance Tunis, vainqueur de la Ligue des champions de la CAF 2019.

Le Zamalek, à présent quadruple vainqueur de la Supercoupe, devient ainsi le deuxième club le plus titré de la compétition derrière une autre équipe cairote, Al-Ahly (six titres). L’Espérance Tunis, titrée en 1995 pour sa première participation, a depuis enchaîné quatre défaites en 1999, 2012, 2019 et, donc, 2020.

Mais la rencontre a pris une dimension géopolitique: en raison des tensions entre l’Egypte et le Qatar, où se joue la compétition depuis la saison passée, le Zamalek avait dans un premier temps menacé de la boycotter. L’Égypte est l’un des quatre pays à imposer un boycott économique sur le Qatar en raison du soutien de l’émirat à l’Iran et à des groupes islamistes radicaux, ce que Doha nie.

Et son adversaire, l’Espérance Tunis, n’était il y a quelques mois même pas assuré de jouer la compétition: leur titre en Ligue des champions de la CAF, acquis fin mai sur le terrain au terme d’une finale controversée, n’a été validé par le Tribunal arbitral du sport (TAS) qu’en août. Le TAS avait ainsi sanctionné le club marocain du Wydad Casablanca pour avoir quitté la pelouse en guise de protestation contre une panne de l’assistance à l’arbitrage vidéo (VAR), qui aurait pu leur valider un but refusé par l’arbitre.

Mexique: manifestation anti-féminicides devant la présidence

Des associations féministes ont manifesté vendredi à Mexico devant la présidence contre la recrudescence de féminicides, à la suite du meurtre particulièrement brutal d’une jeune femme.

« Mexique féminin » ont peint à la bombe les manifestantes sur un mur d’enceinte de la présidence mexicaine, selon un journaliste de l’AFP.

« Dans un pays où dix féminicides se produisent chaque jour, il est indigne que nous soyons considérées comme un cauchemar par les médias, la société et le gouvernement … Aujourd’hui, nous voulons dire que nous sommes au-delà de la colère. Nous sommes furieuses ! », a confié à l’AFP l’une des manifestantes cagoulées qui a requis l’anonymat.

Les femmes, environ une centaine, dont beaucoup portaient des vêtements sombres et avaient le visage couvert de cagoules noires, ont exigé que le président mexicain Andrés Manuel Lopez Obrador agisse afin d’endiguer les meurtres de femmes dans le pays.

Plus tôt vendredi, durant sa conférence de presse matinale quotidienne, le chef de l’Etat avait déclaré qu’il était « en faveur des femmes et contre la violence ».

« Les sanctions ne vont pas diminuer. Je suis totalement contre le machisme, cela ne fait aucun doute », avait-il ajouté sans pour autant annoncer quoique ce soit de concret.

« Je ne fuis pas mes responsabilités », a assuré le président.

Apparemment pas dupe, la militante féministe Frida Guerrera, a profité de la conférence de presse pour critiquer publiquement les actions du gouvernement dans ce domaine.

« Vous parlez beaucoup de corruption, mais en attendant, la question des féminicides et des disparitions est entachée par la corruption » qui ronge le Mexique, a-t-elle lancée au chef de l’Etat.

D’autres manifestations sont prévues vendredi à Mexico ainsi que dans plusieurs villes du pays.

En 2019, le Mexique a enregistré 1.006 victimes de féminicides, selon des chiffres officiels sans doute en-deçà de la réalité selon des experts qui soulignent que la caractérisation de ce crime par les autorités reste problématique.

Le week-end dernier, Ingrid Escamilla, une jeune fille de 25 ans, a été poignardée à Mexico par son compagnon qui l’a ensuite dépecée et éventrée pour lui arracher des organes qu’il a jeté dans les toilettes de l’appartement où ils vivaient.

Le crime a provoqué une vague d’indignation au Mexique. L’affaire a également déclenché des protestations contre la diffusion par des responsables de la justice et de la police d’images du corps mutilé d’Ingrid dans les pages de certains tabloïds de la capitale.

Une enquête est en cours pour déterminer comment ces images ont été rendues publiques.