Chute des cours du pétrole: pour l’Algérie, « la situation est critique », estime un expert

L’effondrement des cours du pétrole rend la situation « critique » pour l’Algérie en raison de sa dépendance à la rente pétrolière, avertit le professeur Mourad Preure, un spécialiste algérien des hydrocarbures et ancien dirigeant du groupe public pétrolier Sonatrach.

Pour ce géopoliticien de l’énergie, la chute des prix de l’or noir rend « envisageables » les scénarios « les plus pessimistes » pour l’économie mondiale.

Q: Quel impact attendre de la chute des prix du pétrole sur l’économie algérienne?

R: « L’Algérie est excessivement exposée aux fluctuations du marché pétrolier du fait de la faible diversification de son économie.

L’impact sera très fort avec des recettes d’hydrocarbures déjà en deçà des besoins. Selon toute vraisemblance, ces recettes en 2020 vont se situer dans un créneau entre 34 milliards de dollars, soit leur niveau actuel, et plus ou moins 20 milliards de dollars, selon les évolutions possibles de la crise.

Dans tous les cas, la situation est critique. Elle impose, d’abord, un effort rigoureux d’anticipation des menaces mais aussi des opportunités, car toute crise recèle des opportunités ».

Q: Quelles sont ces opportunités et les solutions possibles pour l’Algérie?

R: « Il est clair que, parmi les priorités, figurent une puissante accélération des réformes économiques, une profonde modernisation de la gouvernance et une amélioration du climat des affaires.

L’Algérie, toutes proportions gardées, a les moyens, notamment financiers, et des avantages comparatifs naturels, pour surmonter cette crise.

Mais il lui faut une stratégie novatrice: diversifier l’économie et aller vers la transition énergétique ».

Q: Quelles sont les probabilités que l’effondrement des cours persiste, soit du fait de la crise du coronavirus, soit de la volonté de certains producteurs de dicter les règles du marché?

R: « Nous sommes face à un véritable choc baissier, plus grave encore qu’en 2014.

Ce choc survient dans un contexte exceptionnel. L’économie chinoise subit un sévère ralentissement qui a un effet déflagrant sur l’industrie pétrolière mondiale.

Dans ce contexte, où il y a une surabondance de l’offre (de pétrole) et où la demande ralentit, les scénarios les plus pessimistes sont envisageables.

Une diffusion plus large de l’épidémie pourrait même conduire à +un collapsus+ de l’économie mondiale. Nous sommes dans une situation de grande imprévisibilité.

De fait, le « consensus d’Alger » qui avait réuni en 2016 les pays de l’Opep et des pays non Opep, avec à leur tête la Russie, n’a pas résisté à cette crise.

En effet, le partage des sacrifices consécutifs à une baisse de la production pour soutenir les prix est différent, vu le niveau de vulnérabilité plus fort de l’Arabie saoudite et des autres membres de l’Opep par rapport à la Russie, dont l’économie est plus diversifiée et qui peut se suffire d’un baril à 42,4 dollars (ndlr: Moscou a basé ses prévisions budgétaires 2020 sur un baril de Brent à 42,4 dollars).

La guerre des prix engagée inconsidérément par l’Arabie Saoudite, comme chaque fois dans l’histoire, se conclura encore par un affaiblissement des pays producteurs. Et des niveaux de prix en dessous de 30 dollars le baril ne sont plus à exclure.

Certes, on peut anticiper un retour de la Russie à la table des négociations et un ralentissement de la production américaine. Mais les incertitudes, excessivement fortes, quant à l’évolution de l’économie mondiale, orientent les marchés qui tendent à surréagir aux crises, entraînant un +effet papillon+, vers un enchaînement chaotique qui risque fort d’être inédit dans l’Histoire ».

Burundi: six candidatures retenues pour la présidentielle de mai

La Commission électorale nationale indépendante (Ceni) du Burundi a validé six candidatures à l’élection présidentielle du 20 mai et en a rejeté quatre autres pour « dossiers incomplets », a annoncé mardi son président.

« Au total, dix candidats ont présenté des dossiers de candidature à l’élection présidentielle. (Ils) ont été soumis à une analyse approfondie sur la base principalement de la Constitution et du code électoral », a déclaré à Bujumbura le président de la Ceni, Pierre-Claver Kazihise.

Six candidats ont vu leurs « dossiers acceptés », a ajouté M. Kazihise. Parmi eux, se trouvent le général Evariste Ndayishimiye, candidat du parti CNDD-FDD au pouvoir, et Agathon Rwasa, candidat du Conseil national pour la liberté (CNL), le principal parti d’opposition.

Les candidatures de l’actuel premier vice-président Gaston Sindimwo, du parti Uprona dominé par la minorité tutsi, et de Léonce Ngendakumana, du Frodebu, le parti ayant remporté les premières élections démocratiques au Burundi en 1993, ont également été retenues.

Enfin, la Ceni a validé les candidatures de deux indépendants, Francis Rohero et Dieudonné Nahimana.

La commission n’a pas donné la raison du rejet des dossiers de l’ancien président de transition Domitien Ndayizeye, présenté par la coalition d’opposition Kira, de Jacques Bigirimana, candidat du parti FNL proche du pouvoir, d’Anicet Niyonkuru, candidat du parti d’opposition CPD récemment rentré d’exil, et de Valentin Kavakure, jeune candidat du petit parti FPN.

Ces quatre personnalités ont toutefois deux jours pour faire appel devant la Cour constitutionnelle. Le CDP d’Anicet Niyonkuru a déjà annoncé son intention de déposer ce recours.

La campagne pour la présidentielle aura lieu du 27 avril au 17 mai, selon un calendrier publié par la Ceni.

Le président Pierre Nkurunziza, au pouvoir depuis 2005, avait surpris en annonçant en juin 2018 qu’il ne se présenterait pas à sa succession en 2020, alors que la nouvelle Constitution modifiée par référendum le lui permettait.

L’annonce en avril 2015 de sa candidature à un troisième mandat avait plongé le Burundi dans un cycle de violences et de violations massives des droits humains qui ont fait 1.200 morts et déplacé plus de 400.000 personnes, selon les estimations de la Cour pénale internationale, laquelle a ouvert une enquête.

Israël: un tribunal rejette la demande de report du procès de Netanyahu

Un tribunal a rejeté mardi la demande de report du procès pour corruption de Benjamin Netanyahu, dont l’ouverture est prévue le 17 mars, date limite à laquelle le président israélien doit désigner la personne chargée de former un gouvernement.

Les avocats de M. Netanyahu, Premier ministre qui a clamé avoir remporté « la plus grande victoire » de sa carrière lors des législatives du 2 mars, avaient envoyé lundi une lettre au tribunal de Jérusalem pour demander un report de 45 jours de l’ouverture du procès. Ils avaient affirmé ne pas avoir reçu « l’ensemble des pièces du dossier collectées durant l’enquête ».

Mais le tribunal a estimé qu’il n’y avaient pas de motifs suffisants justifiant un report.

« L’audience à venir est réservée à la lecture seulement » des chefs d’accusation, indique la décision de justice consultée par l’AFP.

« Une réponse de l’accusé aux charges (qui pèsent contre lui) n’est pas nécessaire à ce stade », ajoute le document.

Benjamin Netanyahu, seul chef du gouvernement dans l’histoire d’Israël à être inculpé en cours de mandat, est poursuivi pour corruption, malversation et abus de confiance dans trois affaires.

M. Netanyahu clame son innocence et se dit victime d’une « chasse aux sorcières » des services du ministère public et des médias.

Le procès doit s’ouvrir alors que Benjamin Netanyahu, au pouvoir sans discontinuer depuis une décennie, et ses alliés de droite tentent de former un gouvernement face à une opposition farouche, après les élections du 2 mars, les troisièmes en moins d’un an.

A l’issue du scrutin, ni M. Netanyahu ni son principal rival, le centriste Benny Gantz, ne sont parvenus à obtenir l’appui de 61 parlementaires, seuil requis pour former un gouvernement.

Des députés envisagent actuellement de proposer une loi qui permettrait d’empêcher toute personne inculpée de former un gouvernement.

Afrique du Sud: victoire du président Ramaphosa contre la cheffe de la lutte anti-corruption

La justice sud-africaine a tranché mardi en faveur du président Cyril Ramaphosa une controverse sur le financement de sa campagne pour la direction de son parti, estimant qu’il n’avait pas tenté de cacher au Parlement un don électoral.

Dans un rapport publié en 2019, la médiatrice de la République Busisiwe Mkhwebane, chargée de la lutte contre la corruption, avait accusé M. Ramaphosa d’avoir menti sur le financement de sa campagne de 2017 pour la présidence de son parti, le Congrès national africain (ANC).

Ce document était accablant pour Cyril Ramaphosa, qui s’est fait le chantre de la lutte contre la corruption. Mme Mkhwebane l’y avait accusé d’avoir trompé les députés de façon « délibérée » sur un don de 500.000 rands (environ 27.000 euros) de la part d’un groupe industriel sulfureux.

Interpellé par des députés, le chef de l’Etat avait initialement répondu que cette somme avait été versée à son fils Andile, consultant pour l’entreprise en question, Bosasa.

Puis il avait fait marche arrière en affirmant qu’il s’agissait d’un don électoral fait, selon lui, à son insu. Il avait plaidé la bonne foi, assurant qu’il ne disposait pas des bonnes informations lorsqu’il avait répondu à la question au Parlement.

Mardi, la Haute Cour de Pretoria lui a donné raison.

« Les conclusions » de la médiatrice selon lesquelles « le président n’aurait pas révélé des dons » pour sa campagne « sont irrationnelles », a déclaré le juge Elias Matojane.

Le magistrat a également rejeté les soupçons de « blanchiment d’argent » et d' »enrichissement personnel » du chef de l’Etat avancés par la médiatrice, estimant qu’il n’y avait « rien » pour les étayer.

Le président Ramaphosa a « salué » le jugement, réaffirmant son « engagement pour un gouvernement honnête ».

Cyril Ramaphosa a décroché la présidence de l’ANC en décembre 2017 puis pris les rênes du pays en février 2018 après la démission de Jacob Zuma, mis en cause dans des scandales politico-financiers.

Dans son jugement cinglant pour la médiatrice, la Haute Cour de Pretoria a estimé que Busisiwe Mkhwebane, réputée proche de Jacob Zuma, avait « fait preuve d’un manque complet de connaissances de base du droit ».

Mme Mkhwebane, dont la justice a déjà annulé plusieurs rapports, est sous le coup d’une procédure parlementaire visant à mettre fin à son mandat, qui expire en 2023.

Un an après, le Mozambique toujours affecté par les effets du cyclone Idai

Près de 100.000 personnes sinistrées lors du passage du cyclone Idai sur le Mozambique, le Zimbabwe et le Malawi continuent à vivre dans des abris de fortune un an après la catastrophe, ont déploré mardi plusieurs ONG.

Le 14 mars 2019, la tempête tropicale Idai a frappé de plein fouet la deuxième ville du Mozambique, Beira (centre), et ses 500.000 habitants puis a poursuivi sa route vers l’intérieur des terres au Zimbabwe et au Malawi voisins.

Son passage a fait officiellement plus d’un millier de morts, quelque 3 millions de sinistrés et causé d’énormes dégâts, aussi bien à l’habitat qu’aux cultures et réserves alimentaires.

Un an plus tard, Care International, Oxfam et Save the Children ont déploré que, faute d’un engagement financier suffisant de la part des donateurs internationaux, les populations sinistrées restaient dans une situation très précaire.

« En pleine crise climatique, gouvernements et humanitaires se battent encore pour obtenir les ressources nécessaires au rétablissement de la situation et à la reconstruction », a déclaré la responsable d’Oxfam au Mozambique, Rotafina Donco.

Trois mois après le passage d’Idai, l’ONU avait estimé à 3,2 milliards de dollars le montant de l’enveloppe nécessaire aux travaux de reconstruction au seul Mozambique. Le montant des promesses d’aide des donateurs internationaux n’avait alors atteint que 1,2 milliard de dollars.

Depuis plusieurs saisons, toute l’Afrique australe souffre de graves épisodes de sécheresse auxquels succèdent des inondations et des tempêtes d’une ampleur inédite, attribuée par les experts au réchauffement climatique.

Selon l’ONU, quelque 45 millions d’habitants de la pointe sud du continent sont aujourd’hui menacés par la famine.

« Les personnes et les pays les plus vulnérables souffrent tandis que le monde attend des principaux pollueurs qu’ils prennent leur juste part pour réduire les émissions de carbone de moitié d’ici 2030 », a regretté Marc Nosbach, de Care Mozambique.

Avec ses 2.500 km de côtes, le Mozambique figure parmi les cinq pays de la planète les plus menacés par le changement climatique, selon la Banque mondiale.

Ethiopian Airlines célèbre le 1er anniversaire du crash du vol ET302

La compagnie Ethiopian Airlines a célébré mardi le premier anniversaire du crash du vol ET302 en rassemblant les proches des victimes pour une cérémonie sur les lieux de l’accident, au sud-est de la capitale Addis Abeba.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le Boeing 737 MAX à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage. Les victimes provenaient de plus de 30 pays différents.

« Alors que les amis et les familles venues du monde entier se réunissent en Ethiopie pour honorer la mémoire de leurs êtres chers, je rends hommage aux victimes de cet accident et souhaite à leurs familles de rester fortes », a déclaré sur Twitter le Premier ministre éthiopien, Abiy Ahmed.

Les forces de sécurité ont empêché la presse d’accéder au lieu de la cérémonie. Mais les journalistes ont pu observer les voitures des familles de victimes s’y rendant.

Plusieurs familles avaient déjà plusieurs fois visité le site au cours de l’année écoulée, notamment immédiatement après l’accident, puis quand les restes des victimes ont été rapatriés dans leur pays d’origine à la fin 2019.

Mais la Française Catherine Berthet, qui a perdu sa fille Camille, âgée de 28 ans, n’était avant cette semaine encore jamais venue en Ethiopie depuis l’accident.

Elle s’est résolue à assister à cette cérémonie à la demande d’un médecin, qui espérait que cela l’aiderait à faire son deuil, a-t-elle raconté à l’AFP.

« Si vous perdez un enfant dans un accident de voiture, vous pouvez souvent voir le corps et c’est important. Je n’aurai pas cette chance car ma fille est morte dans un accident d’avion, son corps est en un million de morceaux », a-t-elle déclaré.

« Alors c’est important d’aller dans le pays où elle a vécu ses derniers instants », a-t-elle ajouté.

Virginie Fricaudet, présidente de l’association des victimes françaises, a dit espérer que cette cérémonie permettrait de « refermer un chapitre », même si elle a reconnu que les proches des victimes étaient toujours en deuil.

« Pour moi, cette commémoration doit servir à rassembler cette immense famille qui est unie par la tragédie », a indiqué Mme Fricaudet, qui a perdu un frère dans le crash.

Lundi, les familles des neuf victimes françaises avaient assisté à une autre cérémonie à l’ambassade de France à Addis Abeba, plaçant des roses blanches au pied d’arbres plantés un an plus tôt en mémoire des victimes.

Primaires démocrates: Joe Biden aborde en favori son premier duel avec Sanders

Après une série de victoires sans appel, Joe Biden espère prendre un avantage décisif sur son rival Bernie Sanders mardi, lors de leur premier duel de la primaire démocrate.

L’ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, dont les débuts de campagne avaient été difficiles, a repris la tête de la course destinée à désigner l’adversaire de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre.

Arrivé en tête en Caroline du Sud, puis dans dix des 14 Etats du « Super Tuesday » il y a une semaine, il engrange depuis les ralliements et s’envole dans les sondages.

Ce vétéran de la politique américaine au programme modéré disposait lundi d’une avance de 16 points sur le sénateur socialiste Bernie Sanders, 78 ans, qui prône une « révolution politique », selon une moyenne des enquêtes d’opinion réalisée par le site RealClearPolitics.

Mardi, les électeurs démocrates de six Etats, parmi lesquels le Michigan occupe une place de choix, sont appelés à les départager dans un scrutin qui pourrait conforter la dynamique en faveur de Joe Biden.

Cet Etat industriel de la région des Grands Lacs, durement frappé par la crise de l’automobile, avait toutefois donné tort aux sondages, en offrant la victoire à Bernie Sanders face à l’ancienne secrétaire d’Etat Hillary Clinton lors de la primaire démocrate de 2016.

Le sénateur socialiste, qui accuse un retard de 22,5 points en moyenne sur Joe Biden dans le Michigan, mise sur un réseau de bénévoles tout acquis à sa cause pour y créer de nouveau la surprise.

Pour redonner de l’élan à sa campagne, il lui faudrait aussi rafler la mise dans l’Etat de Washington, où les électeurs semblent indécis, et peut-être dans l’un des quatres autres Etats en jeu: Dakota du Nord, Idaho, Mississippi, Missouri.

– « Stupides » –

Lundi les deux hommes ont sillonné le Michigan s’attachant à marquer leurs différences mais se gardant d’attaques trop frontales. L’un et l’autre se sont engagés à soutenir le vainqueur de la compétition contre Donald Trump, cible de leurs principales piques.

« On doit se battre mais on ne peut pas devenir comme l’autre équipe », celle des républicains, a souligné Joe Biden lors d’une réunion publique dans la ville de Flint.

Les Américains ne « veulent pas d’une révolution », a-t-il toutefois lancé, en se posant comme un pragmatique capable de réconcilier un pays divisé comme jamais.

De son côté, Bernie Sanders a participé à une table-ronde sur le nouveau coronavirus, qui a contaminé plus de 600 personnes et fait au moins 26 morts aux Etats-Unis.

Epinglant les déclarations selon lui « stupides » du président sur le virus, il en a profité pour vanter ses promesses d’assurance maladie universelle qui donnerait à chaque Américain « un droit à la santé ».

Depuis le début de cette crise sanitaire, des école sont été fermées et de nombeux Américains placés en quarantaine, mais la campagne présidentielle n’a pas encore été affectée.

– « Rassemblement » –

Près de trente prétendants, dont de nombreuses femmes et élus des minorités, s’étaient lancés dans la course à l’investiture démocrate. Faute de succès dans l’opinion et de ressources suffisantes, certains avaient jeté l’éponge avant les premiers votes des primaires.

D’autres, comme le milliardaire Michael Bloomberg ou la sénatrice Elizabeth Warren, ont abandonné après avoir essuyé des échecs cuisants lors du Super Tuesday.

Ces défections laissent les deux septuagénaires seuls en lice avec l’élue du Congrès Tulsi Gabbard qui s’accroche malgré des résultats confidentiels.

A l’exception d’Elizabeth Warren qui n’a pas fait connaître sa préférence, les anciens grands candidats se sont ralliés à Joe Biden: Michael Bloomberg, Pete Buttigieg, Amy Klobuchar, Kamala Harris et, encore lundi, Cory Booker.

Tous jugent qu’il est le plus à même de battre Donald Trump et appellent les démocrates au « rassemblement » pour éviter que le milliardaire républicain n’emporte un second mandat.

Le programme de gauche de Bernie Sanders, sur l’assurance maladie ou la gratuité des études, est perçu comme « révolutionnaire » aux Etats-Unis et l’establishment démocrate craint qu’il n’effraie les électeurs centristes.

Quel que soit le candidat choisi, Donald Trump, qui peut compter sur de bons résultats économiques, est prêt à en découdre et a déjà affublé ses rivaux potentiels de sobriquets de son choix: « Bernie le fou » et « Joe l’endormi », en prélude à une campagne qui s’annonce âpre.

Migrants: Erdogan dit qu’il recevra Macron et Merkel à Istanbul le 17 mars

La chancelière allemande Angela Merkel et le chef de l’Etat français Emmanuel Macron se rendront le 17 mars à Istanbul pour des discussions sur les migrants et la Syrie avec le président Recep Tayyip Erdogan, a déclaré ce dernier à la presse turque.

« Nous allons nous réunir à Istanbul la semaine prochaine, mardi (17 mars) », a dit M. Erdogan, selon des propos rapportés mardi par l’agence de presse étatique Anadolu, ajoutant que le chef du gouvernement britannique Boris Johnson pourrait également être présent.

M. Erdogan a indiqué qu’il comptait initialement organiser ce sommet en fin de semaine, mais que cela n’avait pas été possible en raison des élections municipales qui se tiendront dimanche en France.

Sollicitée par l’AFP, la présidence française n’a pas confirmé le sommet annoncé par M. Erdogan.

Le président turc répondait aux questions de journalistes à bord de l’avion le ramenant lundi d’un sommet à Bruxelles consacré à un nouvel afflux de migrants vers l’Europe depuis la Turquie.

La Turquie a annoncé il y a deux semaines l’ouverture de ses portes avec l’Europe pour permettre à des milliers de migrants de passer, provoquant un afflux à la frontière grecque et réveillant à Bruxelles la crainte d’une crise similaire à celle de 2015.

Ankara appelle l’UE à prendre sa « part du fardeau » mais celle-ci dénonce un « chantage » aux migrants.

Lors du sommet à Bruxelles lundi, l’UE a appelé la Turquie à « respecter les engagements » issus d’un accord UE-Turquie conclu en mars 2016, qui prévoit que les migrants restent en Turquie, en échange notamment d’une aide financière européenne.

M. Erdogan a vivement critiqué les mesures prises par la Grèce qui a utilisé des grenades lacrymogènes et des canons à eau pour empêcher les migrants de franchir sa frontière.

« C’est un crime. Ils devront rendre des comptes. Mon conseil à la Grèce: ouvrez vos portes. Ces gens ne veulent pas rester en Grèce. Laissez-les entrer et se rendre dans d’autres pays européens », a-t-il dit.

Peu avant la publication de ces propos, le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu avait dit qu’Ankara espérait ébaucher un nouvel accord avec l’UE pour régler la question migratoire d’ici le 26 mars, date où se tiendra un sommet du Conseil européen.

– Idleb –

L’annonce par M. Erdogan de la prochaine visite de Mme Merkel et de M. Macron intervient par ailleurs au moment où la situation humanitaire est catastrophique dans la province d’Idleb, dans le Nord-Ouest de la Syrie.

Après plusieurs semaines d’escalade ayant débouché sur des affrontements inédits entre l’armée turque et le régime syrien appuyé par Moscou, M. Erdogan et son homologue russe Vladimir Poutine ont conclu la semaine dernière un cessez-le-feu.

« J’espère que cela continuera et que (le cessez-le-feu) deviendra permanent », a déclaré M. Erdogan.

Depuis décembre, près d’un million de personnes ont été déplacées par les violences à Idleb, en grande majorité vers la frontière turque. La Turquie, où vivent déjà quelque 3,6 millions de réfugiés syriens, refuse d’en accueillir davantage.

Le président Erdogan exhorte régulièrement les pays européens à soutenir son projet de construction d’abris à Idleb pour y reloger les déplacés.

Afghanistan: l’armée américaine entame son retrait, décret attendu sur un échange de prisonniers

L’armée américaine a commencé à se retirer de deux bases d’Afghanistan, première étape de l’accord signé à Doha entre les Etats-Unis et les insurgés, alors que Kaboul devait statuer mardi sur un échange de prisonniers avec les rebelles.

Les bases sont situées à Lashkar Gah, la capitale de la province du Helmand (Sud), largement sous contrôle des insurgés, et dans la province d’Herat (Ouest), a précisé à l’AFP ce responsable américain sous couvert d’anonymat.

Selon le texte de l’accord, le nombre de soldats américains sur place doit passer de 12 ou 13.000 à 8.600 d’ici mi-juillet. Cinq de la vingtaine de bases américaines dans le pays doivent être évacuées.

Les forces américaines conservent « tous les moyens (…) pour atteindre (leurs) objectifs », avait toutefois déclaré lundi le colonel Sonny Leggett, porte-parole des forces américaines en Afghanistan.

Selon Omar Zwak, porte-parole du gouverneur du Helmand, seuls « 20 ou 30 » soldats étrangers ont toutefois quitté Lashkar Gah depuis le weekend.

Désireux de mettre fin à la plus longue guerre de leur histoire, les Etats-Unis se sont engagés dans l’accord de Doha au retrait total des forces étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, si les talibans respectent des engagements sécuritaires.

Les insurgés doivent aussi, selon ce texte, participer à des discussions sur le futur du pays avec une délégation incluant le gouvernement afghan, que les talibans n’ont jamais reconnu.

Mais ce dialogue inter-afghan, qui devait démarrer mardi mais sera selon toute vraisemblance repoussé, se heurtait à un obstacle de taille. Le président Ashraf Ghani s’opposait depuis des jours à une des principales clauses négociées par les Américains et les rebelles : la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes.

Lundi, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo a toutefois annoncé qu’un décret statuerait mardi sur la libération des prisonniers insurgés et la formation d’une équipe nationale pour les négociations inter-afghanes. Mais à 17H15 locale (12H45 GMT), le gouvernement afghan n’avait toujours pas communiqué sur le sujet.

– ‘Liste détaillée’ –

Les talibans ont fait de cet échange de prisonniers un prérequis à l’ouverture du dialogue avec Kaboul.

« Nous avons soumis au camp américain une liste détaillée des 5.000 personnes (prisonniers) », a écrit sur Twitter Suhail Shaheen, un porte-parole des talibans, ajoutant que les prisonniers devraient être remis au groupe qui procédera à une « vérification ».

« Ils devront être les personnes dont le nom figure sur la liste », a-t-il précisé mardi.

Un responsable taliban, interrogé par l’AFP, a de son côté accusé le gouvernement afghan de « prévoir de ne libérer que les prisonniers qui sont âgés, très malades, ou ceux dont la peine est arrivée à son terme ».

Kaboul apparaît plus que jamais désuni, alors qu’Ashraf Ghani, vainqueur de la présidentielle de septembre, et son principal rival Abdullah Abdullah, qui revendique également la victoire, se sont tous deux déclarés présidents d’Afghanistan lundi, plongeant le pays dans une crise institutionnelle.

Ces disputes font craindre qu’un gouvernement affaibli ne puisse faire face aux talibans, qui risquent de gagner en puissance avec le retrait progressif des forces américaines, notamment dans les parties du pays où les insurgés sont déjà très présents.

Le Helmand, où la retrait des troupes américaines a démarré, est notamment considéré comme un bastion des insurgés, où les troupes américaines et britanniques ont été particulièrement visées en 18 ans de conflit afghan.

Les talibans, qui considèrent l’accord comme une « victoire » contre les Etats-Unis, ont déjà commencé à mettre à l’épreuve la volonté de Washington de protéger ses partenaires afghans, avec des dizaines d’attaques recensées depuis la signature du texte à Doha.

Le 3 mars, l’armée américaine s’était résolue à une première frappe aérienne contre les talibans depuis l’accord après qu’ils eurent attaqué à 43 reprises en une journée les forces afghanes dans le Helmand.

Les députés russes examinent la grande réforme constitutionnelle de Poutine

Les députés russes examinent mardi en deuxième lecture les amendements constitutionnels voulus par le président Vladimir Poutine, une réforme visant à marquer de son empreinte la Russie pour les décennies à venir.

Les révisions voulues devraient être adoptées par la Douma à une majorité écrasante. Elles concernent à la fois le système politique, des garanties socio-économiques et des valeurs sociétales conservatrices portées par le président russe.

Annoncée par surprise par M. Poutine en janvier, cette première révision de la Constitution depuis son adoption en 1993 est aussi largement considérée comme une manière de préparer l’après-2024, date où son dernier mandat présidentiel s’achèvera.

Pour certains, l’homme fort du Kremlin veut se laisser les moyens de conserver son influence lorsqu’il quittera la présidence. D’autres considèrent qu’il cherche à jeter les bases d’une succession organisée.

« Cela n’a rien à voir avec moi », a assuré M. Poutine, à quelques jours du vote de la Douma, la chambre basse du Parlement. « Nous proposons des amendements non pas pour cinq ou 10 ans, mais au moins pour 30 ou 50 ans », a-t-il dit.

– Pérenniser le système –

Visant par exemple à renforcer plusieurs prérogatives présidentielles et à muscler le rôle du Conseil d’Etat, un organe jusqu’ici consultatif, ces amendements constitutionnels ont déjà été adoptés à l’unanimité par les députés en première lecture en janvier.

Vladimir Poutine a soumis depuis 24 pages supplémentaires qui sont débattues depuis mardi midi (09H00 GMT).

Ces amendements « sont ce dont nous avons besoin aujourd’hui », a proclamé le président de la Douma, Viatcheslav Volodine.

Une troisième et dernière lecture pourrait avoir lieu dès mercredi, et le texte serait alors envoyé le jour même pour approbation au Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement.

Le texte dans son ensemble sera soumis ensuite à un « vote populaire » des Russes, le 22 avril.

Pour beaucoup d’analystes, cette réforme laisse à M. Poutine un maximum de portes ouvertes pour préserver son influence et pérenniser le système qu’il a bâti en 20 ans au pouvoir, alors qu’il ne pourra pas se représenter à la présidence.

La réforme du Conseil d’Etat a été très discutée à ce titre, certains y voyant l’institution via laquelle M. Poutine pourrait rester aux affaires tout en quittant le Kremlin.

Les amendements renforcent par ailleurs certains pouvoirs du président, qui pourra par exemple refuser de promulguer une loi adoptée par deux tiers des députés, ou nommer de nombreux juges.

Si avec la réforme constitutionnelle le Parlement se voit accorder le choix du Premier ministre, le président pourra toujours limoger le chef du gouvernement à sa guise et tout membre du cabinet.

Dans ce contexte, plusieurs députés ont appelé mardi à convoquer des élections législatives anticipées une fois la réforme adoptée.

Autre innovation: les juges, les élus et les responsables politiques au niveau fédéral auront l’interdiction de posséder une nationalité étrangère ou un permis de séjour dans un autre pays.

L’opposition, et notamment son chef de file Alexeï Navalny, a vigoureusement dénoncé la révision constitutionnelle, affirmant que le président voulait rester au pouvoir indéfiniment.

– « Manifeste conservateur » –

Des affirmations rejetées par Vladimir Poutine, 67 ans, qui a encore assuré la semaine dernière qu’un dirigeant qui ferait tout pour garder ses pouvoirs risque de « détruire » le pays. « C’est ce que je n’ai pas envie de faire ».

Confronté à une chute du niveau de vie et après une impopulaire réforme des retraites, M. Poutine a aussi décidé d’inclure à la Constitution un salaire minimum et des pensions réévaluées en fonction de l’inflation.

D’autres amendements reflètent le conservatisme du chef de l’Etat, comme l’ajout de la mention de « la foi en Dieu » et la définition du mariage comme l’union d’un homme et d’une femme.

Un éditorial du quotidien Vedomosti a qualifié ces mesures de « manifeste conservateur », affirmant qu’il s’agissait de l’héritage que souhaitait laisser le président aux générations futures.

Selon le commentateur politique Maxime Troudolioubov, s’exprimant dans Forbes Russie, il s’agit de « codifier Poutine », en créant une structure politique qui lui survivra.

Pour des analystes, ces mesures sociétales et économico-sociales visent aussi à convaincre les Russes de prendre part au « vote populaire » du 22 avril.

La vie suspendue des Italiens à l’heure du coronavirus

« Je n’ai pas peur, mais peut-être que je devrais? » s’interroge mardi un chauffeur de taxi romain au lendemain de l’appel du gouvernement demandant à tous les Italiens de « rester à la maison » pour endiguer l’épidémie de coronavirus.

« Je prends tout ça avec philosophie », sourit Francesco, 54 ans, qui a choisi délibérément de ne pas se masquer la bouche avec son écharpe bleue, contrairement à nombre de passants dans les rues semi-désertes de la Ville éternelle. « De toute façon il y a très peu de circulation, et encore moins de clients », ajoute ce Sicilien d’origine.

Ce fatalisme n’est pas général: lundi soir, après l’allocution du Premier ministre Giuseppe Conte, des supermarchés ouverts 24/24 ont été pris d’assaut à Rome et à Naples par des Italiens paniqués face à l’interdiction des déplacements non indispensables.

« Pommes de terres, biscottes, lait, sucre, farine, mais aussi savons et désinfectants, partent en premier, comme en temps de guerre », a raconté un vendeur à l’agence Ansa.

Le gouvernement a publié une note explicative rappelant que les supermarchés resteront ouverts et seront « régulièrement » approvisionnés, et recommandant de ne pas « s’affoler pour acheter des denrées alimentaires ou des biens de première nécessité ».

Les journaux italiens ne sont guère rassurants. « Tous à la maison », résume le quotidien de gauche La Repubblica, évoquant « un traitement de choc ». « Maintenant c’est toute l’Italie qui est fermée », titre Il Corriere della Sera. « Les écoles et le sport, c’est fini jusqu’au 3 avril », ajoute-t-il.

Du nord au sud, des queues se sont formées devant les supermarchés. A Naples, on y a même repéré trois footballeurs stars du Napoli, José Maria Callejon, Fernando Llorente et David Ospina, reconnus et pris en photo.

– « Les Romains sont fous! » –

A Rome, dans une supérette près du parc de la Villa Borghese, un vieux monsieur soupire devant un rayon de produits frais dévalisé et repart en poussant son caddie. A la sortie, la caissière se protège derrière un masque et des gants de latex.

A Bologne, capitale de l’Emile-Romagne (centre) et de la mortadelle, Clara Castelli, une retraitée de 83 ans, fait part de son désarroi: « Je me sens oppressée, dans cette ville où on ne rencontre plus personne, où les magasins ont baissé leur rideau par manque de clients, tout ça me rend triste. »

Au Vatican aussi, la vie semble arrêtée : le Saint-Siège a diffusé une vidéo du pape François célébrant tout seul sa messe quotidienne à la résidence Sainte-Marthe, à quelques pas de la Basilique Saint-Pierre. « Prions le Seigneur pour nos prêtres, pour qu’ils aient le courage de sortir et d’aller visiter les malades », a-t-il exhorté.

Comme dans toute situation de crise, la nature humaine réserve son lot de bonnes et mauvaises surprises.

Côté pile, cette note manuscrite dans le hall défraîchi d’un immeuble du quartier romain de Trastevere: « A l’attention des personnes âgées de l’immeuble: nous sommes prêts à vous aider pour faire vos courses ou d’autres commissions. Tommaso et Giulia. »

Côté face, dans le quartier de Prati près du Vatican, un homme d’une cinquantaine d’années sort furieux d’un bar. « Le serveur a fait une blague raciste devant trois Asiatiques qui ne comprenaient rien! C’est honteux, on vaut mieux que ça », lance-t-il.

Grazia, une pimpante octogénaire romaine, n’a cure des consignes de confinement et est sortie pour acheter sa marque préférée de yaourts: « Je ne peux pas rester tout le temps à la maison (…) Je mets des gants quand je sors. J’ai des masques mais je ne les utilise pas encore ».

« Il n’y a jamais de file comme ça », s’exclame-t-elle devant une queue d’une dizaine personnes respectant scrupuleusement la distance de sécurité d’au moins un mètre.

Michele, un jeune employé, s’active pour remplir les rayons: « les pâtes, la sauce tomate en boîte, le thon et le papier hygiénique sont en tête du classement… et bien sûr l’Amuchina! », le produit désinfectant préféré des Italiens.

Débordé, Emiliano, qui s’occupe des livraisons à domicile, va travailler jusqu’à 23H00: « Les Romains sont devenus fous, ils se retranchent chez eux! »

Non loin de l’épicerie, Manuela Prinzis, 43 ans, promène son fils de six ans: « On avait besoin de règles plus strictes », estime-t-elle. « Les Italiens ne respectent pas les règles. On n’est pas habitués aux règles ».

Cela est peut-être en train de changer. L’Italie n’a plus le choix: avec plus de 9.000 cas dont 463 mort, la patrie de Dante, auteur de « L’Enfer », première des trois parties de la Divine Comédie, est le pays le plus touché du monde après la Chine.

Pédophilie: ultime recours mercredi du cardinal Pell devant la justice australienne

La plus haute juridiction australienne examinera à partir de mercredi le pourvoi formé par le cardinal George Pell, naguère un des prélats les plus puissants du Vatican, contre son infamante condamnation pour pédophilie.

L’ex-secrétaire à l’Economie du Saint-Siège, âgé de 78 ans, avait été débouté en août par la Cour suprême de l’Etat de Victoria (sud de l’Australie) de l’appel contre sa condamnation en mars à six ans de prison pour des abus sexuels commis sur deux adolescents en 1996 et 1997 dans la cathédrale de Melbourne (sud-est).

M. Pell ne devrait pas assister aux deux journées d’audience devant la Haute cour d’Australie, basée à Canberra, laissant le soin à son équipe d’avocats d’essayer de convaincre les plus hauts magistrats du pays de casser sa condamnation.

C’est par deux voix contre une que la Cour suprême de Victoria avait rejeté l’appel du cardinal, qui a toujours clamé son innocence et est actuellement détenu. Cette voix discordante d’un des trois magistrats est au coeur du recours de l’ancien archevêque de Melbourne et Sydney.

L’affaire oppose un ancien enfant de choeur aujourd’hui trentenaire à M. Pell, un homme qui a participé à l’élection de deux papes, qui a été un des proches conseillers du pape François et qui a même été impliqué dans la réponse de l’Eglise face aux scandales de pédophilie.

La deuxième victime du prélat est décédée en 2014 d’une overdose, sans jamais avoir fait état de l’agression.

– Plusieurs options –

Deux des magistrats de la Cour suprême de Victoria avaient décrit le plaignant comme quelqu’un de « très convaincant » qui « n’est clairement pas un menteur, pas un fantaisiste et qui a été témoin de la vérité ».

Mais le troisième juge avait estimé que le témoignage de la victime comportait des « incohérences » et qu’il existait une « possibilité importante » pour que M. Pell n’ait pas commis de crime.

Plus haut représentant de l’Eglise catholique condamné pour viol sur mineur, le cardinal a été reconnu coupable en première instance en décembre 2018 de cinq chefs d’accusation, notamment d’avoir imposé une fellation en décembre 1996 à un garçon de 13 ans et de s’être masturbé en se frottant contre un autre.

Les faits avaient eu lieu dans la sacristie de la cathédrale St Patrick de Melbourne, dont M. Pell était l’archevêque, où les deux victimes s’étaient cachées pour boire du vin de messe.

Deux mois plus tard, M. Pell avait poussé un des adolescents contre un mur et lui avait empoigné les parties génitales.

Dans les documents qu’ils ont soumis à la Haute Cour, ses avocats contestent « la méthode judiciaire » des deux juges de la Cour suprême ayant maintenu la condamnation car, selon eux, ils exigeaient de lui qu’il « établisse son innocence, par opposition au simple fait de pointer les doutes existants ».

Sur le plan factuel, ils soutiennent que leur client n’a pas eu le temps de commettre les agressions dans la sacristie et, alors que la cathédrale était encore pleine de monde, qu’elles n’auraient pas pu passer inaperçues. Ils affirment aussi impossible que le prélat ait pu perpétrer ces actes dans ses habits lithurgiques.

A en croire Jeremy Gans, juriste à l’Université de Melbourne, la Haute Cour a plusieurs options. Elle pourrait rejeter l’appel immédiatement ou attendre plusieurs mois avant de rendre sa décision. Elle peut aussi renvoyer l’affaire devant la Cour suprême du Victoria.

Tirs nord-coréens: Pyongyang cherche à attirer l’attention, selon Séoul

Ouchanka noire sur la tête, une paire de jumelles dans les mains, le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a supervisé le dernier essai militaire de son pays, selon l’agence de presse nord-coréenne KCNA, la Corée du Sud voyant dans les derniers tirs de Pyongyang une tentative d’attirer l’attention de Washington et Séoul.

Kim a « guidé un nouvel exercice de frappe d’artillerie de longue portée », rapporte mardi KCNA au lendemain du tir de ce qui semblait être selon Tokyo des missiles balistiques.

Plus d’un an après le fiasco du deuxième sommet entre M. Kim et le président américain Donald Trump, la Corée du Nord n’a cessé de travailler au développement de ses programmes d’armement, estiment les experts.

Le Rodong Sinmun, organe officiel du Parti des travailleurs au pouvoir au Nord, a publié de son côté des photos montrant des roquettes tirées de lanceurs multiples comportant quatre tubes de lancement, visant ce qui semble être une île.

D’autres clichés montrent des projectiles de plus petit calibre et des pièces d’artillerie tirant des salves.

Coiffé d’une toque de style russe et d’une veste militaire beige, Kim apparaît sur une photos des jumelles à la main, flanqué d’un officier portant un masque noir.

La Corée du Nord a fermé ses frontières et pris des mesures drastiques pour tenter d’éviter que ne se propage sur son sol l’épidémie de coronavirus.

Mardi le ministère sud-coréen de l’Unification a indiqué que les trois exercices de tirs que M. Kim avaient supervisé ces deux dernières semaines étaient ses premières activités militaires depuis le début de l’année.

« Cela vise, d’un point de vue interne, à renforcer la solidarité, et d’un point de vue externe, à attirer l’attention des Etats-Unis et de la Corée du Sud et à les pousser à changer d’attitude », a estimé le ministère dans un communiqué.

La Corée du Nord est sous le coup de multiples sanctions du Conseil de sécurité des Nations unies, qui visent à la pousser à renoncer à ses programmes nucléaire et balistique interdits.

La péninsule avait connu en 2018 une spectaculaire détente, mais les efforts diplomatiques sont au point mort depuis l’échec du sommet de Hanoi entre MM. Kim et Trump.

Pyongyang avait unilatéralement donné à Washington jusque la fin de l’année 2019 pour faire de nouvelles concessions. Et fin décembre, M. Kim a annoncé que son pays, dès lors, ne se sentait plus tenu par son moratoire sur les essais nucléaires et les tirs de missiles balistiques intercontinentaux.

Il a aussi menacé de faire la démonstration, prochainement, d’une « nouvelle arme stratégique ».

Afghanistan: Washington « s’oppose fermement » à un « gouvernement parallèle »

Les Etats-Unis ont déclaré lundi « s’opposer fermement » à la formation d’un « gouvernement parallèle » en Afghanistan, où le chef de l’Etat officiellement réélu et son principal adversaire ont tous deux prêté serment comme président.

Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a toutefois salué les déclarations des deux rivaux, le président Ashraf Ghani et Abdullah Abdullah, en faveur du processus de paix. « Les Etats-Unis travaillent à la conclusion d’un accord entre les deux parties », a-t-il dit dans un communiqué.

« Il est capital pour l’avenir du pays et particulièrement pour la paix de faire de la formation d’un gouvernement inclusif et d’un Afghanistan uni une priorité », a-t-il ajouté.

« Nous nous opposons fermement à tout acte visant à former un gouvernement parallèle », a insisté le secrétaire d’Etat américain, sans nommer directement Abdullah Abdullah, qui a officiellement perdu la présidentielle afghane de septembre mais revendique la victoire.

Les Etats-Unis ont signé le 29 février à Doha un accord historique avec les talibans, qui prévoit un retrait des forces américaines et étrangères d’Afghanistan sous 14 mois, en échange de garanties des insurgés en matière de lutte antiterroriste et du lancement de négociations directes sans précédent entre le gouvernement afghan et les rebelles.

Mais si les soldats américains ont bien annoncé lundi avoir entamé la première phase de leur retrait graduel et conditionnel, la double cérémonie d’investiture de lundi à Kaboul a plongé le pays dans une crise institutionnelle qui se dresse comme un nouvel obstacle aux négociations de paix dont le début, prévu pour mardi, sera sans doute reporté.

En raison de ces rivalités Ghani-Abdullah, en effet, Kaboul n’a pas encore mis en place une équipe de négociateurs à dépêcher à ces pourparlers.

En outre, le président Ghani s’était opposé, ces derniers jours, à une des clauses négociées entre les Américains et les talibans, en l’absence du gouvernement afghan tenu jusqu’ici à l’écart: la libération de jusqu’à 5.000 prisonniers insurgés en échange de celle de jusqu’à 1.000 membres des forces afghanes.

Mike Pompeo a « salué » lundi certaines déclarations apaisantes du chef de l’Etat afghan, à savoir que les négociations continueraient « au cours des deux prochaines semaines pour parvenir à un accord sur un gouvernement inclusif » et qu’un décret statuerait mardi sur la libération de prisonniers talibans et la formation d’une équipe nationale pour les négociations interafghanes.

Il a également « accueilli avec satisfaction » des déclarations d’Abdullah Abdullah en faveur « de la paix ».

Aucune nouvelle date n’a toutefois été annoncée pour le début des négociations.

La menace du coronavirus se rapproche de la Maison Blanche

L’un vient de voyager à bord de l’avion de Donald Trump, l’autre l’avait accompagné lors d’une visite officielle avant le week-end: au moins deux élus proches du président américain étaient en quarantaine volontaire lundi après avoir été exposés au coronavirus, rapprochant d’un coup la menace de la Maison Blanche.

Un troisième élu en quarantaine volontaire, le sénateur Ted Cruz, aurait aussi rencontré le président américain jeudi dernier, après avoir été exposé au virus, selon plusieurs médias américains.

En tout, cinq élus du Congrès étaient lundi en isolement volontaire pour 14 jours, sans présenter de symptômes.

En partie responsable du plongeon des grandes places financières lundi, la crise mondiale du coronavirus a déjà de graves conséquences sur l’économie globale.

Donald Trump, 73 ans, a jusqu’ici eu tendance à dédramatiser, la Maison Blanche démentant lundi qu’il allait restreindre son programme officiel.

Mais en pleine année électorale, la crise pourrait profondément perturber l’agenda du républicain qui affectionne les grands meetings, alors même que l’un des ses grands arguments de campagne, la croissance américaine, pourrait être remise en cause par l’épidémie.

Wall Street a enregistré lundi sa plus lourde dégringolade sur une séance en plus de 11 ans, plombée par le krach pétrolier et la crise mondiale du coronavirus.

– Des élus en quarantaine –

L’élu de la Chambre des représentants Matt Gaetz voyageait lundi même à bord de l’avion présidentiel Air Force One qui ramenait Donald Trump vers Washington. Il a signalé un peu plus tard avoir été exposé « il y a onze jours » à une personne qui a depuis subi un test positif au coronavirus.

« Bien que l’élu ne ressente pas de symptômes, il a été testé aujourd’hui et attend des résultats bientôt », a écrit son équipe sur son compte Twitter.

Un autre élu républicain de la Chambre, Doug Collins, qui avait rencontré Donald Trump vendredi, a lui annoncé lundi qu’il se mettait volontairement en quarantaine bien qu’il n’ait « aucun symptôme », parce qu’il avait été exposé au coronavirus fin février.

Doug Collins était juste derrière le président américain vendredi lors d’une visite officielle des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) américains à Atlanta, selon des images de l’AFP. Il aurait aussi serré la main de Donald Trump à l’occasion de ce déplacement, d’après certains médias.

Les deux élus ont été exposés au virus lors d’une grande conférence conservatrice (CPAC), organisée du 26 au 29 février près de Washington.

M. Trump et son vice-président Mike Pence avaient participé à cette conférence.

C’est aussi lors de ce grand rendez-vous annuel des conservateurs que Ted Cruz, ainsi qu’un autre élu, Paul Gosar, avaient serré la main d’une personne porteuse du virus. Ils ont annoncé dimanche soir se mettre en quarantaine volontaire, sans ressentir de symptômes.

Une élue démocrate de la Chambre, Julia Brownley, a elle décidé de travailler à distance après avoir rencontré une personne porteuse du virus « la semaine dernière ». Elle ne présente pas non plus de symptômes, a-t-elle indiqué.

Connu pour être « germophobe » bien avant l’épidémie, Donald Trump avait plaisanté la semaine dernière sur les grandes précautions qu’il prenait pour éviter d’être contaminé.

« Je n’ai pas touché mon visage depuis des semaines », avait-il alors lancé. « Cela me manque! ».

Mais le président américain a également assuré qu’il prenait l’épidémie très au sérieux.

Les autorités sanitaires américaines ont exhorté lundi les personnes les plus susceptibles de tomber gravement malade à cause du coronavirus, soit les personnes âgées de plus de 60 ans et les personnes souffrant de maladies chroniques, à faire des stocks de nourriture et de médicaments afin de se préparer à rester chez elles.

L’épidémie a touché plus de 600 personnes aux Etats-Unis et fait au moins 26 morts. Des établissements scolaires ont fermé et des grands rendez-vous ont été annulés, mais pour l’instant la campagne n’est pas affectée.

Jugé pour agressions sexuelles, l’ex-Premier ministre écossais face à une accusatrice

« Il était totalement sur moi »: l’ex-Premier ministre indépendantiste écossais Alex Salmond a été confronté à l’une de ses accusatrices lundi au premier jour de son procès pour agressions sexuelles devant la Haute cour d’Edimbourg.

Arrivé au tribunal sans un mot, enveloppé dans un manteau foncé, l’ex-ténor de la cause indépendantiste écossaise doit répondre en tout de 14 chefs d’inculpation lors de son procès qui doit durer quatre semaines.

Il s’agit de deux tentatives de viol, dix agressions sexuelles et deux attentats à la pudeur, qui auraient été commis entre juin 2008 et novembre 2014 dans sa résidence officielle, au Parlement écossais, un restaurant de Glasgow ou une boîte de nuit d’Edimbourg. L’ex-chef du gouvernement écossais de 2007 à 2014 rejette vigoureusement ces accusations.

Dès le premier jour du procès, une ancienne collaboratrice du gouvernement écossais, qui ne peut être identifiée pour des raisons légales, a affirmé avoir été embrassée de force et de manière répétée sur le visage et dans le cou par l’ex-homme politique à l’imposante carrure, après un dîner avec d’autres participants dans sa résidence de Bute House.

– « Humiliée » –

« J’ai essayé de l’arrêter », a-t-elle expliqué, cachée de la vue de l’accusé et du public par un panneau blanc. En vain. Quand elle essaye de quitter la pièce, il l’en empêche. « A ce moment, j’ai commencé à avoir peur ». Elle finit par se dégager, il la suit contre sa volonté.

Peu après « il était totalement sur moi, m’embrassant, arrachant mes vêtements. Tout s’est passé très vite », a-t-elle poursuivi, la voix émue. Lui-même se déshabille et la pousse sur un lit. « Je me souviens le sentir sur moi. Il était excité, ses parties intimes sur moi », détaille-t-elle. Elle réussit finalement à le repousser et il finit par s’endormir.

Aujourd’hui, cette femme regrette de ne pas avoir appelé à l’aide ou essayé de se défendre davantage. « J’étais si gênée que cela m’arrive, je me sentais humiliée, mais j’avais aussi peur », a-t-elle poursuivi.

Peu avant cette agression, en mai 2014, Alex Salmond l’avait déjà touchée de manière « inappropriée », a-t-elle dit: « Il m’a juste tripotée, je n’ai pas d’autre mot ».

Encadré par deux gardes, vêtu d’un costume bleu foncé, l’accusé de 65 ans a écouté ce premier témoignage calmement, sans mot dire. Selon la version de ses avocats, il ne se trouvait pas dans sa résidence officielle lorsque les faits de mai 2014 se seraient déroulés.

Dans des documents déposés auprès de la cour, sa défense a aussi fait valoir que selon lui, trois autres des dix femmes qui l’accusent avaient consenti aux tentatives de baisers ou aux caresses de leurs cheveux.

– Combat pour l’indépendance –

Quelques mois avant son inculpation, l’ex-responsable politique au visage rond et à l’air bonhomme avait quitté en août 2018 le SNP, parti nationaliste au pouvoir en Écosse, afin de ne pas porter préjudice à une formation dont il était membre de longue date.

Reprenant le flambeau de la bataille indépendantiste, qui a gagné en vigueur depuis le Brexit, Nicola Sturgeon, la « First Minister » actuelle, avait alors exprimé son « énorme tristesse » de voir partir son « ami et mentor pendant trois décennies ». Celle qui lui a succédé à la tête du gouvernement écossais et du SNP avait ajouté que les plaintes à son encontre ne pouvaient pas être « mises sous le tapis ».

Après une enquête interne, c’est le gouvernement écossais qui avait rapporté les accusations à la police.

Ancien fonctionnaire et économiste de la Bank of Scotland, marié à une femme de 17 ans son aînée, Alex Salmond avait pris en 1990 les rênes du Scottish National Party, formation très hétérogène qu’il a contribué à recentrer.

Il en avait claqué la porte en 2000 après un revers électoral, avant de revenir à sa tête quatre ans plus tard.

En 2011, sous sa direction, le SNP avait raflé la majorité absolue au Parlement écossais de Holyrood, lui laissant espérer que l’indépendance de l’Écosse était à portée de main.

Le « non » l’avait finalement emporté lors du référendum sur l’indépendance de septembre 2014, provoquant quelques semaines plus tard la démission de M. Salmond de son poste de Premier ministre.

Depuis sa retraite politique, Alex Salmond anime un talk show controversé sur la chaîne de télévision d’information en anglais financée par l’Etat russe RT (ex-Russia Today).

La formation de Boeing pour les pilotes du 737 MAX jugée « inadéquate » par les enquêteurs éthiopiens

Les enquêteurs éthiopiens chargés de déterminer les causes du crash du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines ont mis en cause notamment la formation « inadéquate » fournie par l’avionneur américain, dans un rapport d’étape publié lundi à la veille du premier anniversaire de la catastrophe.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le vol ET302 à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ au sud-est de la capitale éthiopienne, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage.

Cet accident était survenu moins de cinq mois après celui d’un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui a fait 189 morts en s’écrasant quelques minutes après son décollage de Jakarta.

La succession des deux tragédies a plongé l’avionneur américain dans la pire crise de son histoire.

C’est principalement le dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, spécialement conçu pour compenser les moteurs plus lourds du 737 MAX, qui a été mis en cause dans les deux catastrophes.

Pour les enquêteurs du ministère éthiopien des Transports, « la différence de formation entre le B737 NG (qui précède le 737 MAX, NDLR) et le B737 MAX, fournie par le constructeur, apparaît inadéquate ».

Dans un rapport préliminaire en avril 2019, les enquêteurs éthiopiens avaient souligné que les pilotes du vol ET302 avaient respecté les procédures recommandées par Boeing mais n’avaient pas été en mesure de reprendre le contrôle de l’appareil.

Dans leur rapport publié lundi, ils estiment que la conception du système MCAS « le rend vulnérable à une activation indésirable ». Plus précisément, le rapport souligne le fait que le système peut être activé par un seul des capteurs de mesure de l’angle d’attaque de l’appareil.

Ainsi, dans le cas du vol ET302, les enquêteurs éthiopiens relèvent « peu après le décollage » une mesure « erronée » de l’angle d’attaque en provenance du capteur côté gauche.

Cette mesure a activé automatiquement le système MCAS, ce qui a conduit l’appareil à piquer du nez et ce, à plusieurs reprises.

– ‘Tire avec moi!’ –

Ils soulignent également que les mesures de l’angle d’attaque de l’appareil diffèrent entre le capteur gauche et le capteur droit, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement des données de bord, c’est-à-dire jusqu’au crash.

« Nous avons hâte d’examiner les informations complètes et les recommandations formelles qui seront contenues dans le rapport final du Bureau éthiopien enquête et accident », a réagi dans un communiqué Boeing, qui a de nouveau adressé ses « sincères condoléances » aux familles et aux proches des victimes de l’ET302.

Le rapport donne également des détails sur les derniers échanges entre les deux hommes dans le cockpit. « Tire avec moi! » enjoint le pilote Yared Getachew à son copilote Ahmednur Mohammed alors qu’il tente de reprendre le contrôle du 737 MAX et de redresser le nez de l’appareil.

Les dernières mesures du vol indiquent que l’appareil se déplaçait à plus de 900 km/h et descendait à plus de 33.000 pieds par minute (10 km par minute).

L’avion s’était écrasé dans un champ au sud-est d’Addis Abeba, provoquant un cratère de 10 mètres de profondeur, « 40 mètres de longueur et 28 mètres de largeur ». Des débris de l’appareil avaient été retrouvés à des centaines de mètres du point d’impact.

Vendredi, la commission des Transports du Congrès américain a jugé que le 737 MAX de Boeing était un avion « fondamentalement défectueux et dangereux ».

Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019. Les autorités du monde entier avaient pris cette décision rarissime en raison des similitudes entre les catastrophes de Lion Air et d’Ethiopian Airlines.

Le géant de Seattle (nord-ouest) a suspendu les livraisons, arrêté la production et remplacé son directeur général. Cette crise est la plus grave en 104 ans d’histoire du célèbre avionneur.

Boeing travaille actuellement à un correctif du système MCAS pour obtenir la levée de l’interdiction de vol.

Mardi, des proches des 157 victimes, originaires de plus de 30 pays différents, sont attendus sur le site du crash pour une cérémonie dans l’intimité.

Dimanche, des centaines d’Ethiopiens, essentiellement des villageois vivant aux alentours, ont rendu un émouvant hommage aux victimes, des femmes revêtant des vêtements blancs sur leurs tenues noires pour symboliser la fin de la période de deuil.

Burkina: nouvelles violences anti-Peul dans le sillage des attaques jihadistes

Au moins 43 civils ont été tués dimanche au cours de plusieurs attaques contre des villages peul par des groupes d’autodéfense dans le nord du Burkina Faso, où les attaques jihadistes récurrentes ont fait des centaines de morts.

« Dimanche, des attaques ont été perpétrées dans les villages situés dans la commune de Barga, province du Yatenga (Nord). Le bilan provisoire fait état de 43 victimes (…) et 6 blessés », a déclaré lundi le ministre burkinabè de la Communication Remis Fulgance Dandjinou, dans un communiqué.

Le président du Burkina Faso Roch Marc Christian Kaboré a décrété « un deuil national de 48 heures (…) en mémoire aux victimes de l’attaque perpétrée par des individus armés non identifiés dans les des villages de Dinguila Peul, Barga Peul, Ramdola Peul ».

« Ce sont des groupes d’autodéfense qui agissent en représailles aux attaques jihadistes », a indiqué une source locale à l’AFP, confirmant la version donnée par d’autres sources locales.

« Les Forces de défense et de sécurité ont été immédiatement déployées sur les lieux pour sécuriser les villages attaqués », a précisé le ministre de la Communication.

« Le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté cette attaque odieuse. Tout est mis en œuvre pour ramener le calme et la sérénité dans les villages touchés », a-t-il poursuivi, précisant que le procureur du tribunal de la ville de Ouahigouya avait été saisi.

– Amalgame entre jihadistes et Peul –

De plus, les ministres de la Défense et de l’Administration territoriale ont été envoyés « sur les lieux pour apporter le réconfort du gouvernement aux populations meurtries et faire le point de la situation », a ajouté M. Dandjinou.

Le nord du Burkina est en proie à de fréquentes attaques jihadistes. A l’instar du Mali, du Niger, du Nigeria et même de la Côte d’Ivoire, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peul éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Certains Peul ayant rejoint les groupes jihadistes, qui ont tué plus de 800 personnes depuis 2015 au Burkina, il est fréquent d’entendre des Burkinabè faire l’amalgame entre jihadistes et Peul.

Selon des experts, les groupes jihadistes attisent ces tensions, et les représailles contre les Peul se sont multipliées en 2019.

En janvier 2019, des individus armés non identifiés avaient attaqué le village de Yirgou et tué six personnes, dont le chef du village. Cette attaque avait été suivie de représailles intercommunautaires faisant 46 morts, selon un bilan officiel. Beaucoup plus, selon des ONG.

Les violences jihadistes, souvent entremêlées à ces conflits intercommunautaires, ont fait quelque 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon l’ONU.

– Recrutement de volontaires –

Sous-équipées et mal entraînées, les forces de l’ordre burkinabè n’arrivent pas à enrayer la spirale de violences jihadistes malgré l’aide de forces étrangères, notamment de la France, présente dans le Sahel avec 5.100 hommes dans le cadre de l’opération antijihadiste Barkhane.

En janvier, après une annonce du président en novembre, le Parlement burkinabé a adopté une loi permettant le recrutement de « volontaires » dans la lutte antijihadiste.

Ceux-ci doivent être recrutés dans leurs zones de résidence, après approbation des populations locales, en assemblée générale, et seront placés sous la tutelle du ministre de la Défense nationale. Ils exerceront des missions de surveillance, d’information et de protection, après une formation militaire initiale de 14 jours sur le maniement des armes, de la discipline et des droits humains.

Leur tâche sera de fournir des informations et de défendre le territoire sur leur lieu de résidence en cas d’attaque, en attendant que les forces de défense et de sécurité s’y déploient, selon le ministre de la Défense Moumina Cheriff Sy.

Certains observateurs avaient émis des réserves sur cette mesure, craignant justement des débordements dans un pays où il existe déjà des milices rurales dans certaines régions.

Les « koglewéogo » (gardiens de la brousse, en langue locale), ces milices rurales de défense, se targuent de remplacer les forces de sécurité et la justice, arrêtant voleurs et assassins. Mais leurs méthodes – ils sont accusés d’avoir recours à la torture – sont controversées.

La formation de Boeing pour les pilotes du 737 MAX jugée « inadéquate » par les enquêteurs éthiopiens

Les enquêteurs éthiopiens chargés de déterminer les causes du crash du Boeing 737 MAX d’Ethiopian Airlines ont mis en cause notamment la formation « inadéquate » fournie par l’avionneur américain, dans un rapport d’étape publié lundi à la veille du premier anniversaire de la catastrophe.

Le 10 mars 2019, six minutes après son décollage d’Addis Abeba, le vol ET302 à destination de Nairobi s’était écrasé dans un champ au sud-est de la capitale éthiopienne, tuant sur le coup les 157 passagers et membres d’équipage.

Cet accident était survenu moins de cinq mois après celui d’un 737 MAX de la compagnie indonésienne Lion Air qui a fait 189 morts en s’écrasant quelques minutes après son décollage de Jakarta.

La succession des deux tragédies a plongé l’avionneur américain dans la pire crise de son histoire.

C’est principalement le dysfonctionnement du système anti-décrochage MCAS, spécialement conçu pour compenser les moteurs plus lourds du 737 MAX, qui a été mis en cause dans les deux catastrophes.

Pour les enquêteurs du ministère éthiopien des Transports, « la différence de formation entre le B737 NG (qui précède le 737 MAX, NDLR) et le B737 MAX, fournie par le constructeur, apparaît inadéquate ».

Dans un rapport préliminaire en avril 2019, les enquêteurs éthiopiens avaient souligné que les pilotes du vol ET302 avaient respecté les procédures recommandées par Boeing mais n’avaient pas été en mesure de reprendre le contrôle de l’appareil.

Dans leur rapport publié lundi, ils estiment que la conception du système MCAS « le rend vulnérable à une activation indésirable ». Plus précisément, le rapport souligne le fait que le système peut être activé par un seul des capteurs de mesure de l’angle d’attaque de l’appareil.

Ainsi, dans le cas du vol ET302, les enquêteurs éthiopiens relèvent « peu après le décollage » une mesure « erronée » de l’angle d’attaque en provenance du capteur côté gauche.

Cette mesure a activé automatiquement le système MCAS, ce qui a conduit l’appareil à piquer du nez et ce, à plusieurs reprises.

– ‘Tire avec moi!’ –

Ils soulignent également que les mesures de l’angle d’attaque de l’appareil diffèrent entre le capteur gauche et le capteur droit, et ce jusqu’à la fin de l’enregistrement des données de bord, c’est-à-dire jusqu’au crash.

« Nous avons hâte d’examiner les informations complètes et les recommandations formelles qui seront contenues dans le rapport final du Bureau éthiopien enquête et accident », a réagi dans un communiqué Boeing, qui a de nouveau adressé ses « sincères condoléances » aux familles et aux proches des victimes de l’ET302.

Le rapport donne également des détails sur les derniers échanges entre les deux hommes dans le cockpit. « Tire avec moi! » enjoint le pilote Yared Getachew à son copilote Ahmednur Mohammed alors qu’il tente de reprendre le contrôle du 737 MAX et de redresser le nez de l’appareil.

Les dernières mesures du vol indiquent que l’appareil se déplaçait à plus de 900 km/h et descendait à plus de 33.000 pieds par minute (10 km par minute).

L’avion s’était écrasé dans un champ au sud-est d’Addis Abeba, provoquant un cratère de 10 mètres de profondeur, « 40 mètres de longueur et 28 mètres de largeur ». Des débris de l’appareil avaient été retrouvés à des centaines de mètres du point d’impact.

Vendredi, la commission des Transports du Congrès américain a jugé que le 737 MAX de Boeing était un avion « fondamentalement défectueux et dangereux ».

Le 737 MAX est cloué au sol depuis le 13 mars 2019. Les autorités du monde entier avaient pris cette décision rarissime en raison des similitudes entre les catastrophes de Lion Air et d’Ethiopian Airlines.

Le géant de Seattle (nord-ouest) a suspendu les livraisons, arrêté la production et remplacé son directeur général. Cette crise est la plus grave en 104 ans d’histoire du célèbre avionneur.

Boeing travaille actuellement à un correctif du système MCAS pour obtenir la levée de l’interdiction de vol.

Mardi, des proches des 157 victimes, originaires de plus de 30 pays différents, sont attendus sur le site du crash pour une cérémonie dans l’intimité.

Dimanche, des centaines d’Ethiopiens, essentiellement des villageois vivant aux alentours, ont rendu un émouvant hommage aux victimes, des femmes revêtant des vêtements blancs sur leurs tenues noires pour symboliser la fin de la période de deuil.

L’émir de Kano « détrôné », une guerre au sein du pouvoir traditionnel dans le nord du Nigeria

Les autorités locales ont « détrôné » lundi l’émir de Kano, l’une des plus grandes figures du pouvoir traditionnel au Nigeria, et l’ont conduit sous escorte policière, dans un autre Etat du pays : un geste rare qui marque le dernier épisode d’une guerre ouverte avec le pouvoir politique.

« Le conseil exécutif de l’Etat de Kano (nord) a donné son accord à l’unanimité pour détrôner l’émir Muhammadu Sanusi II et le relever de ses fonctions », selon un communiqué signé du porte-parole du gouvernement de l’Etat, Alhaji Usman Alhaji, lui reprochant d’avoir « manqué de respect aux institutions » et d’avoir refusé de participer à des réunions « sans justification légale ».

Aussitôt décidé au Parlement, son renvoi a été effectif: des membres des forces de sécurité accompagnés d’agent des services de renseignements (DSS) sont allés le chercher dans son palais pour le conduire dans l’Etat voisin de Nasawara « où il restera en exil », a confié une source gouvernementale à l’AFP.

Le gouverneur de l’Etat de Kano, Abdullahi Umar Ganduje, a presque aussitôt annoncé la nomination d’Alhaji Aminu Ado Bayero pour lui succéder.

M. Ganduje, membre du parti au pouvoir, le Congrès des Progressistes (APC), est en guerre contre Sanusi II, qu’il considère soutenir l’opposition politique.

Déjà en mai, profitant d’un déplacement de l’émir à la Mecque, les autorités ont décidé de diviser l’émirat en quatre territoires pour réduire son influence.

L’émir est aussi régulièrement convoqué par l’Agence anti-corruption pour répondre d’accusations de détournements de fonds ou d’appropriation de terres, et des pétitions circulent pour demander son renvoi.

Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir politique sous la colonisation britannique, mais leur influence est énorme dans la société nigériane, certains considérant les plus grands chefs comme des demi-dieux.

C’est le cas de Muhammadu Sanusi II, 58 ans, qui exerce son pouvoir dans le Nord musulman, où il partage son influence avec le sultan de Sokoto.

– Franc-parler –

Les émirs se succèdent de génération en génération depuis le 10e siècle, et Sanusi Lamido Sanusi, son nom à l’état-civil, fait partie de la nouvelle génération de chefs traditionnels modernes et très éduqués, qui n’hésitent pas à donner leur avis sur la chose publique.

Réputé pour son franc-parler, il fut gouverneur de la Banque centrale, dont il avait été écarté en 2014 après avoir dénoncé des détournements de fonds massifs sous le précédent gouvernement fédéral.

Il fut ensuite choisi pour succéder à son grand-oncle à cette prestigieuse fonction, lui conférant ainsi d’immenses pouvoirs sur une population d’environ 10 millions d’habitants.

En février, l’émir avait déclaré qu' »aucun leader dans le nord du Nigeria ne peut s’estimer heureux ».

« Personne ne peut se réjouir d’avoir 87% de la pauvreté du pays dans le Nord et des millions et des millions d’enfants qui ne vont pas à l’école », avait-il lancé à la suite de la publication d’un rapport édifiant de la Banque mondiale sur les taux de pauvreté dans le nord de ce pays de 200 millions d’habitants.

Il s’était également mis à dos nombre de religieux, dans cette région d’un islam très conservateur, en dénonçant certaines pratiques traditionnelles comme la polygamie et le fait d’avoir des familles très nombreuses si les chefs de famille n’ont pas les moyens de les assumer financièrement.

Le gouvernement de l’Etat de Kano a ainsi accusé l’émir de « détruire l’image » de l’émirat, assurant prendre cette décision très rare et historique pour « défendre le prestige, la religion, la culture et la tradition », valeurs bâties « depuis un millénaire ».

Dans les heures qui ont suivi cette annonce, les rues de la grande ville du Nord sont restées calmes, malgré la forte popularité de Sanusi II.

En 1963, des milliers de personnes avaient protesté contre le renvoi de l’émir de l’époque (le grand-père de Sanusi II) par les autorités, puis en 1981, les manifestations avaient tourné au bain de sang lorsque le gouvernement avait tenté de détrôner Ado Bayero, son prédécesseur.

Dans le Michigan, les démocrates face au dur choix du meilleur candidat pour battre Trump

Une vision plus modérée comme celle de Joe Biden ou un pari à gauche toute avec Bernie Sanders: les démocrates du Michigan se demandent, avant un scrutin crucial, quel candidat aux primaires serait le mieux placé pour battre Donald Trump en novembre.

Ancien bastion démocrate abritant le berceau de l’automobile Detroit, le Michigan avait donné en 2016 une victoire surprise au républicain Trump face à Hillary Clinton.

Frappés par les effets de la mondialisation, de nombreux ouvriers de l’automobile séduits par son programme protectionniste avaient contribué ici à porter Donald Trump jusqu’à la Maison Blanche. Ils devraient encore jouer cette fois un rôle crucial lors de la présidentielle.

Espérant chacun démontrer, lors de la primaire du Michigan mardi, qu’ils comptent aussi sur le soutien des ouvriers pour pouvoir battre, cette fois, Donald Trump, les deux favoris pour l’investiture démocrate sillonnaient lundi cet Etat.

Le sénateur indépendant Bernie Sanders, 78 ans, joue gros: le Michigan lui avait donné un grand élan en 2016 face à Hillary Clinton mais pourrait cette fois adouber l’ancien vice-président Joe Biden, 77 ans, fort d’une large avance dans les sondages.

Or un échec du « socialiste » autoproclamé Sanders dans le premier Etat industriel du « Midwest » à s’exprimer dans les primaires démocrates risquerait de signaler la fin à ses ambitions présidentielles.

Pour la gouverneure démocrate du Michigan Gretchen Whitmer, cela ne fait aucun doute: l’ancien bras droit de Barack Obama, Joe Biden, est le mieux placé pour remporter leurs suffrages, puisqu’il avait oeuvré au gigantesque plan de sauvetage destiné au secteur automobile frappé par la crise en 2008.

« Tout ceux qui travaillent pour ou sont proches du secteur –c’est à dire tout le monde dans cet Etat– doivent réfléchir à la direction que nous prenons et à qui nous a soutenu, surtout pendant le sauvetage de l’automobile », a-t-elle déclaré à l’AFP à Detroit dimanche.

– « Trahis » –

En 2016, Bernie Sanders avait su séduire les ouvriers blancs qui se sentaient ignorés par Washington.

Mais Joe Biden, déjà très populaire chez les démocrates noirs, vient de remporter 10 des 14 Etats qui ont voté mardi dernier lors du « Super Tuesday ». Une spectaculaire « remontada » opérée notamment grâce à des victoires dans des Etats où les électeurs sont, justement, en vaste majorité blancs.

Signe de l’importance du Michigan parmi les six Etats qui votent mardi: M. Sanders a annulé des discours prévus ailleurs pour en ajouter dans cet Etat, dont un meeting dimanche sur un campus universitaire à Ann Arbor.

« Je soutiens Bernie en partie parce j’ai l’impression qu’il pourra attirer beaucoup d’électeurs qui avaient voté pour Trump en 2016 », a expliqué Alvin Hermans, un étudiant en informatique de 19 ans.

Le sénateur tente de renforcer son soutien chez les grands syndicats, comme United Auto Workers (UAW) qui était parvenu l’an dernier à un accord avec le géant américain de l’automobile General Motors après une longue grève historique, motivée notamment par le coût de l’assurance santé.

Pour Tony Totty, un membre d’UAW âgé de 44 ans, ce bras de fer a éloigné nombre de ses collègues de Donald Trump pour les rapprocher de Bernie Sanders, qui propose une profonde réforme vers un système de couverture universelle.

La fermeture en 2019 d’une usine de General Motors a aussi mis à mal la promesse du président républicain de ramener les emplois industriels dans la région.

« Beaucoup de membres de notre usine se sentent trahis, et lorsqu’il sera temps de voter, ils vont se faire entendre », a prédit Tony Totty.

– « Un juste milieu » –

Il était venu de l’Ohio voisin pour soutenir des membres du syndicat Teamsters en grève.

Pour James Focht, un camionneur en grève, un candidat plus modéré serait pourtant préférable.

« Je pense qu’on peut trouver un juste milieu », explique-t-il. « Peut-être que Joe Biden pourrait réussir ».

Mais pour Eric Read, un assistant social âgé de 34 ans venu voir Bernie Sanders à Flint, opter pour le compromis serait une erreur.

« Quand les démocrates se présentent en modérés, ils n’obtiennent pas une participation aussi élevée que quand ils ont des candidats plus à gauche », affirme-t-il. Sanders est « celui qui peut battre Trump ».

Craig Walker, un camionneur de Dundee, dans le Michigan, explique qu’il soutient Donald Trump et qu’une victoire de Bernier Sanders pourrait aider le républicain à être réélu.

Car le président brandira sans relâche la menace du « socialisme », un terme qui évoque encore à certains des relents de Guerre froide et de communisme.

« Je pense encore que Trump va remporter le Michigan, mais cela va vraiment dépendre de qui gagne l’investiture démocrate », avance-t-il. « Cela va vraiment être serré ».

Venise confinée: aubaine pour certains, catastrophe pour d’autres

Venise, haut-lieu du tourisme mondial, est quasi déserte après la décision du gouvernement italien dimanche de confiner plusieurs régions du nord touchées par le coronavirus. Une bonne nouvelle pour certains touristes, une catastrophe pour le commerce.

Depuis quelques jours, et plus encore depuis dimanche, les gondoles flottent tristement le long des quais de la Cité des Doges et la célèbre Place Saint-Marc est étonnement calme, tout comme le pont Rialto où d’ordinaire les visiteurs se bousculent.

Une aubaine pour certains touristes qui peuvent déambuler dans les ruelles de la Sérénissime sans avoir à se frayer un passage au milieu de la foule.

« Je n’aurais pas pu rêver meilleure occasion que celle que m’a donnée le coronavirus, il n’y a personne dans les rues », a déclaré à l’AFP Fabrizio Netti, touriste vivant à Düsseldorf.

Mais pour les commerçants et les entrepreneurs locaux, dont l’activité dépend essentiellement du tourisme, la situation est synonyme de « désastre ».

C’est un nouveau coup dur pour la ville qui, en novembre avait déjà dû faire face à une inondation historique, une de ses célèbres « acqua alta », qui avait dévasté de nombreuses maisons, hôtels et églises.

« Pour les gondoliers c’est catastrophique car il n’y a pas de travail. C’est le cas non seulement pour nous, mais aussi pour les autres activités économiques », a témoigné au micro de l’AFPTV le gondolier Furio Zennaro.

Benedetta Pesce est employée dans l’une des rares boutiques de la place Saint-Marc à être restée ouverte. Face à la menace du virus, elle ne se dit pas particulièrement courageuse: « Nous essayons de l’être, mais c’est aussi pour éviter de perdre mon emploi que j’ai décidé de sortir et de venir travailler ».

« Le problème le plus grave en ce moment ici à Venise est d’ordre économique. Nous espérons que l’Italie pourra faire quelque chose pour tous ceux qui risquent de se retrouver sans emploi », confie Mino Biasin, opérateur touristique.

L’Italie, deuxième pays le plus touché par l’épidémie derrière la Chine avec plus de 7.000 cas dont 366 décès, a placé dimanche un quart de sa population en quarantaine.

Soudan: le Premier ministre de transition échappe à un attentat

Le Premier ministre de transition au Soudan, Abdallah Hamdok, a échappé lundi à un attentat « terroriste » à Khartoum, décrit comme une tentative de faire dérailler le processus politique engagé dans ce pays après 30 ans de dictature militaro-islamiste du président Omar el-Béchir.

Le convoi de M. Hamdok a été visé par une explosion et des tirs d’armes automatiques au moment où il ralentissait pour s’engager dans un pont sur le Nil menant aux bureaux du Premier ministre.

Ali Bakhit, le chef de cabinet du chef du gouvernement a été le premier a annoncer sur Facebook qu' »une explosion s’est produite au passage de la voiture du Premier ministre mais que grâce à dieu personne n’a été touché ».

« Le Premier ministre a été visé par une tentative d’assassinat mais il se porte bien et a été transporté dans un lieu sûr », a ensuite annoncé la télévision d’Etat, évoquant un « attentat terroriste ».

Radio Omdourman, une station d’Etat, a indiqué que le convoi du Premier ministre avait été visé par des tirs d’armes automatiques.

Le lieu de l’explosion, survenue à Kober, un quartier du nord-est de Khartoum, a été bouclé par les forces de l’ordre, qui ont immédiatement lancé une enquête.

Les images de deux véhicules endommagés par l’explosion ont été diffusées par la télévision d’Etat.

Dans un communiqué lu par le ministre de la Culture et de l’information, Fayçal Mohammed Saleh, le Conseil des ministres a qualifié l’attaque de « terroriste » sans en désigner les responsables.

– Attentat contre « la révolution » –

L’attentat, qui n’a pas été revendiqué dans l’immédiat, a fait un blessé léger parmi les membres du protocole accompagnant M. Hamdok, a précisé le Conseil des ministres en promettant de « faire face avec détermination à toutes les attaques terroristes ».

C’est la « révolution soudanaise qui a été visée par cette attaque (…) mais nous ferons en sorte que cette révolution poursuive sa marche », a souligné le Conseil des ministres.

« Je veux rassurer le peuple soudanais que je me porte bien et que ce qui s’est passé n’arrêtera pas la marche (du Soudan) sur la voie du changement », a écrit le Premier ministre sur Twitter.

A la mi-journée, M. Hamdok a présidé une réunion des dirigeants des Forces pour la liberté et le changement (FLC), fer de lance de la contestation qui a conduit au départ de l’ancien président Béchir en avril 2019. Il a ensuite réuni ses ministres pour une réunion extraordinaire.

Dans des images de la télévision d’Etat, M. Hamdok est apparu souriant pendant ces réunions et donnant l’accolade aux personnalités venues montrer leur soutien après l’échec de la tentative d’assassinat.

Plusieurs cortèges de manifestants soutenant M. Hamdok ensuite sillonné Khartoum, selon des témoins.

Ce sont les FLC qui ont proposé M. Hamdok, un ex-économiste de l’ONU, au poste de Premier ministre.

Conformément à un accord avec les militaires en août 2019, M. Hamdok a pris la tête d’un gouvernement de transition, aux côtés d’un Conseil souverain composé de civils et de militaires. Ces deux instances sont chargées de conduire une transition de trois ans, avec des élections libres à la clé.

– indignation générale –

Depuis son investiture, le Premier ministre s’emploie à relancer une économie en berne, à négocier la paix avec des mouvements rebelles de l’ouest et du sud du pays et à réformer un système politique hérité du pouvoir islamiste d’Omar el-Béchir, qui a dirigé le pays d’une main de fer pendant 30 ans.

Des Etats-Unis au Golfe, en passant par l’Ethiopie, les réactions à l’attentat ont été nombreuses et indignées

Un haut responsable du département d’Etat en charge de l’Afrique, Tibor Nagy, a condamné l’attentat, réaffirmant le soutien des Etats-Unis au « gouvernement de transition dirigé par des civils au Soduan et au peuple soudanais ».

Le haut représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères Josep Borrell a condamné l’attentat et souligné que les « idéaux de la révolution (soudanaise) doivent être préservés ».

La mission conjointe des Nations unies et de l’Union africaine au Darfour (Minuad) a condamné, dans un communiqué, l’attaque, estimant qu’elle visait « à faire dérailler le processus de transition au Soudan ».

Ryad a rejeté « cet acte terroriste et lâche dirigé contre la sécurité et la stabilité du Soudan » alors que le Emirats arabes unis ont dit « soutenir la période de transition » au Soudan.

Le ministre d’Etat aux Affaires étrangères des Emirats Anwar Gargash a estimé que l’attentat était destiné à « porter un coup à la transition et aux espoirs et aux aspirations du peuple soudanais ».

Le Qatar a condamné l’attentat avec « force », tandis que le Premier ministre d’Ethiopie Abiy Ahmed a souligné qu’un « tel incident ne doit pas faire dérailler le processus (politique) et la marche pour assurer la stabilité du Soudan ».

Primaires démocrates: Biden gonflé à bloc à la veille de son duel avec Sanders

Envolée dans les sondages, ralliements à la chaîne: Joe Biden était en position de force lundi à la veille de son premier duel avec le socialiste Bernie Sanders dans la primaire démocrate.

Après un début de campagne laborieux, l’ancien vice-président de Barack Obama, 77 ans, a repris la place de favori dans la course destinée à désigner l’adversaire de Donald Trump à la présidentielle du 3 novembre.

Quelque 52% des électeurs démocrates souhaitent que ce vétéran de la politique au message modéré porte les couleurs du parti contre 36% pour son rival Bernie Sanders, 78 ans, champion de la gauche, selon un sondage CNN publié lundi matin.

Avec 51% et 27% des intentions de vote respectivement, d’après une enquête du Detroit Free Press, l’écart est encore plus important pour le seul Michigan, le plus peuplé des six Etats où des scrutins sont prévus mardi.

En 2016, déjà en lice dans la primaire démocrate, Bernie Sanders avait nettement devancé Hillary Clinton dans cet Etat industriel de la région des Grands Lacs et un revers cette année porterait un coup dur à sa campagne. Mais à l’époque il avait fait mentir les sondages et tout reste possible.

Les électeurs du Dakota du Nord, Idaho, Mississippi, Missouri et Washington sont aussi appelés à départager les deux septuagénaires dans leur premier affrontement depuis le « Super Tuesday » qui fut fatal à plusieurs prétendants.

De piètres résultats dans les 14 Etats en jeu ont ainsi contraint le multi-milliardaire Michael Bloomberg ou la sénatrice Elizabeth Warren à jeter l’éponge. Si cette dernière réserve encore son choix, la plupart des anciens candidats se sont depuis ralliés à Joe Biden.

– « La bonne personne » –

Après Pete Buttigieg, Michael Bloomberg, Amy Klobuchar ou encore Kamala Harris, le sénateur noir Cory Booker lui a apporté lundi son soutien au nom du « rassemblement » nécessaire pour éviter l’éparpillement des voix.

« Il est temps que nous battions Donald Trump et c’est devenu très clair pour moi que Joe Biden est la bonne personne pour ça », a-t-il expliqué sur la chaîne CBS. « Nous devons nous unir et montrer notre force », a-t-il ajouté.

Les propositions de Bernie Sanders sur le système de santé, l’éducation ou le salaire minimum, très à gauche pour les Etats-Unis, font peur au sein de l’establishment démocrate.

Donald Trump, qui préférerait visiblement en découdre avec Bernie Sanders, ne cesse d’assurer que l’appareil démocrate essaie de l’écarter.

« Maintenant les démocrates essaient de salir Bernie avec la Russie, la Russie, la Russie. Ils le rendent fou ! », a-t-il encore tweeté lundi, en référence aux débats sur un voyage en Union Soviétique effectué par Bernie Sanders peu après son mariage.

– Coronavirus –

Même si le vent semble avoir tourné depuis une semaine, le sénateur du Vermont dispose toujours d’un soutien très fort dans certains segments de la population, notamment chez les jeunes et les hispaniques, et de militants déterminés sur le terrain. Il a également été adoubé dimanche par le révérend Jesse Jackson, une figure du combat pour les droits civiques.

Bien décidé à se battre, il promet de se rallier à Joe Biden si celui-ci l’emporte. Mais il ne manque aucune occasion d’égratigner le bilan de son rival, notamment ses votes passés pour l’intervention américaine en Irak ou des coupes dans l’assurance santé.

Lundi, les deux hommes battaient campagne dans le Michigan, qui avait basculé d’un cheveu en faveur de Donald Trump en 2016. Joe Biden, plutôt populaire dans le monde ouvrier, sera à Grand Rapids et Flint, marqué par un scandale d’eau contaminée. Bernie Sanders participera lui à une table-ronde sur le nouveau coronavirus à Detroit.

L’épidémie a touché plus de 500 personnes aux Etats-Unis et fait au moins 21 morts. Des établissements scolaires ont fermé et des grands rendez-vous ont été annulés, mais pour l’instant la campagne n’est pas affectée.

L’émir de Kano, grande figure traditionnelle du Nigeria, « détrôné » par les autorités

L’émir de Kano, l’une des plus grandes figures du pouvoir traditionnel au Nigeria, très influent dans tout le nord musulman du pays, a été « détrôné » lundi par le gouverneur pour insubordination et manque de respect envers le pouvoir politique et religieux.

« Le conseil exécutif de l’Etat de Kano (nord) a donné son accord à l’unanimité pour détrôner l’émir Muhammadu Sanusi II et le relever de ses fonctions », selon un communiqué signé du porte-parole du gouvernement de l’Etat, Alhaji Usman Alhaji.

L’émir a été renvoyé pour avoir « manqué de respect aux institutions » et notamment avoir refusé de participer à des réunions avec le gouverneur Abdullahi Umar Ganduje sans donner « de justification légale », explique le communiqué.

Muhammadu Sanusi II, 58 ans, est l’une des plus grandes figures traditionnelles au Nigeria, et particulièrement dans le Nord musulman, où il se partage le pouvoir traditionnel avec le sultan de Sokoto.

57e émir de Kano depuis le 10e siècle, Sanusi Lamido Sanusi, son nom à l’état civil, fait partie de la nouvelle génération de chefs traditionnels modernes et très éduqués. Il a été gouverneur de la Banque centrale, dont il avait été écarté en 2014 après avoir dénoncé des détournements de fonds massifs sous le précédent gouvernement fédéral.

En février, l’émir avait déclaré qu' »aucun leader dans le nord du Nigeria ne peut s’estimer heureux. »

« Personne ne peut se réjouir d’avoir 87% de la pauvreté du pays dans le Nord et des millions et des millions d’enfants qui ne vont pas à l’école », avait-il lancé à la suite de la publication d’un rapport de la Banque mondiale sur la pauvreté dans le nord de ce pays de 200 millions d’habitants.

Il avait également dénoncé les abus de la polygamie, demandant aux hommes musulmans qui n’ont pas les moyens financiers d’avoir des familles élargies ou d’envoyer leurs enfants à l’école de renoncer à épouser jusqu’à quatre femmes.

Le gouvernement de l’Etat de Kano a ainsi accusé l’émir de « détruire l’image » de l’émirat, assurant prendre cette décision très rare et historique pour « défendre le prestige, la religion, la culture et la tradition », valeurs bâties « depuis un millénaire ».

Réputé proche de l’actuel président Muhammadu Buhari, l’émir n’a pourtant jamais hésité à dénoncer les politiques économiques du gouvernement et le gouverneur de Kano, M. Ganduje, élu en 2019, l’accuse désormais de soutenir l’opposition.

Les chefs traditionnels ont perdu leur pouvoir politique sous la colonisation britannique, mais leur influence est énorme dans la société nigériane, certains considérant les plus grands chefs comme des demi-dieux.

Nord du Burkina: 43 civils tués dimanche par des groupes d’autodéfense

Quarante-trois villageois ont été tués dimanche au cours de plusieurs attaques dans des localités du nord du Burkina Faso, a annoncé lundi le gouvernement dans un communiqué, des sources locales précisant à l’AFP qu’il s’agit d’attaques de groupes d’autodéfense en représailles aux actions jihadistes.

« Dimanche, des attaques ont été perpétrées dans les villages de Dinguila et Barga situés dans la commune de Barga, province du Yatenga (Nord). Le bilan provisoire fait état de 43 victimes », a dit le ministre de la Communication Remis Fulgance Dandjinou.

Des sources locales, jointes par l’AFP, indiquent qu’il s’agit de villages où vivent majoritairement des Peuls, souvent accusés d’être proches des jihadistes.

« Les blessés, au nombre de six, ont été référés au Centre hospitalier régional de Ouahigouya où ils sont pris en charge. Les Forces de Défense et de Sécurité ont été immédiatement déployées sur les lieux pour sécuriser les villages attaqués », a précisé le ministre Dandjinou.

Le ministre n’a pas fait référence aux groupes d’autodéfense ou aux communautés peules.

« Le gouvernement condamne avec la plus grande fermeté cette attaque odieuse (…). Le Procureur du Faso près le Tribunal de Grande instance de Ouahigouya a par ailleurs été saisi (…) tout est mis en œuvre pour ramener le calme et la sérénité dans les villages touchés », a-t-il dit.

Les ministres chargés de la Défense nationale et de l’Administration territoriale ont été envoyés « sur les lieux pour apporter le réconfort du gouvernement aux populations meurtries et faire le point de la situation ».

« Ce sont des groupes d’autodéfense qui agissent en représailles aux attaques jihadistes », a indiqué une source locale à l’AFP, confirmant la version donnée par d’autres sources locales.

Le nord du Burkina est en proie à de fréquentes attaques jihadistes.

A l’instar du Mali, du Niger, du Nigeria et même de la Côte d’Ivoire, les tensions dégénèrent périodiquement en violences entre communautés agricoles et Peuls éleveurs, souvent nomades, présents dans toute l’Afrique de l’Ouest.

Certains Peuls ayant rejoint les groupes jihadistes, qui ont tué plus de 800 personnes depuis 2015 au Burkina, il est fréquent d’entendre des Burkinabè faire l’amalgame entre jihadistes et Peuls.

Les groupes jihadistes attisent ces tensions, et les représailles contre les Peuls se sont multipliées en 2019.

En janvier 2019, des individus armés non identifiés avaient attaqué le village de Yirgou et tué six personnes, dont le chef du village. Cette attaque avait été suivie de représailles intercommunautaires, faisant 46 morts, selon un bilan officiel. Beaucoup plus, selon des ONG.

Les violences jihadistes, souvent entremêlées à ces conflits intercommunautaires, ont fait quelque 4.000 morts en 2019 au Burkina Faso, au Mali et au Niger, selon l’ONU.

La guerre des prix du pétrole, pari risqué de l’Arabie saoudite

L’Arabie saoudite a fait plonger les marchés mondiaux en réduisant drastiquement les prix de son pétrole, une guerre des prix risquée pour le prince héritier Mohammed ben Salmane, dans un contexte de baisse de la demande liée à l’épidémie du nouveau coronavirus.

Cette bataille pourrait également constituer une menace existentielle pour cette puissance du Golfe, car elle coïncide avec une purge royale dans laquelle le frère et le neveu du roi Salmane ont été arrêtés.

Quelles sont les raisons et les conséquences de cette guerre des prix déclenchée par Ryad?

– Quel élément déclencheur ? –

La semaine dernière, l’Arabie Saoudite, chef de file de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a de nouveau fait pression pour réduire la production de brut afin de compenser la baisse de la demande mondiale en raison de l’épidémie du nouveau coronavirus.

Mais la Russie, deuxième producteur mondial après Ryad et partenaire de l’Opep sur ce dossier, s’y est opposée.

En réaction, l’Arabie saoudite a procédé à des baisses de ses prix les plus fortes depuis 20 ans, s’efforçant de s’approprier des parts de marché de Moscou et déclenchant des troubles sur les marchés financiers.

« Ce que fait l’Arabie saoudite pourraient être une tactique de négociation destinée à ramener la Russie à la table, mais il est peu probable que le marché soit optimiste à court terme », analyse la banque d’investissement Berenberg dans une note.

– Quelles retombées économiques ? –

Selon les analystes, l’effondrement des prix aura des conséquences importantes, allant de l’érosion des revenus des économies dépendantes de l’énergie à la déflation mondiale en passant par un ralentissement des projets d’exploration pétrolière.

Mais il pourrait être particulièrement dévastateur pour les pays du Golfe, qui représentent un cinquième de l’approvisionnement mondial en brut et où les revenus pétroliers comptent pour 70 à 90% des recettes publiques.

En 2014, une guerre des prix avait fait chuter le prix du pétrole à moins de 30 dollars le baril. Frappés de plein fouet, les pays du Golfe avaient dû adopter des mesures d’austérité pour combler leur déficit budgétaire.

Dimanche et lundi, les Bourses du Golfe ont plongé. Celle de Ryad, la plus importante de la région, a clôturé en baisse de 7,8% lundi, dans le sillage des Bourses asiatiques. Les places européennes et américaines leur ont emboîté le pas.

La position saoudienne pourrait également mettre dans l’embarras son allié américain, qui a besoin de cours solides pour rentabiliser son extraction de pétrole de schiste et concurrencer ainsi les acteurs plus importants tels que l’Arabie saoudite et la Russie.

– Quel impact sur MBS ? –

Le krach pétrolier pourrait compromettre les ambitieuses réformes économiques du prince héritier Mohammed ben Salmane, surnommé « MBS », financées par l’argent de l’or noir et précisément destinées à faire sortir l’économie du pays de sa dépendance à cette ressource.

L’effondrement des prix du pétrole coïncide par ailleurs avec une purge royale qui a eu lieu la semaine dernière. Les princes Ahmed ben Abdelaziz al-Saoud et Mohammed ben Nayef, respectivement frère et neveu du roi Salmane, ont été arrêtés pour, selon plusieurs sources, avoir fomenté un coup d’Etat contre MBS.

Selon une autre source proche de la cour royale, ces détentions constituent surtout un « message » pour étouffer toute opposition au prince héritier avant son intronisation.

Mais « la menace qui pèse sur le prince Mohammed ne vient pas de ses rivaux royaux mais de l’effondrement des revenus du pétrole et, avec eux, ses plans économiques ambitieux », estime Kristin Diwan, chercheuse à l’Arab Gulf States Institute, à Washington

– Qui gagnera la bataille ? –

L’affrontement entre Ryad et Moscou, et les autres producteurs de pétrole, sera remporté par le pays le plus apte à résister aux dégâts.

L’Arabie Saoudite détient d’importantes réserves et extrait son brut à des coûts défiant toute concurrence –seulement 2,80 dollars le baril– ce qui lui assure des marges confortables.

Mais avec son économie plus diversifiée, la Russie est un rival redoutable. « Il est peu probable que Moscou cède en premier, certainement pas avant trois à six mois », selon Chris Weafer du cabinet de conseil Macro Advisory.

« La Russie est dans une bien meilleure position financière pour supporter une guerre des prix du pétrole. Les réserves financières de la Russie sont supérieures de 80 milliards de dollars à celles de l’Arabie Saoudite », souligne-t-il.

Mais la position de Moscou changerait probablement si le prix du brut tombait en dessous de 25 dollars le baril pendant une période prolongée, ajoute M. Weafer.

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Algérie: nouvelle prolongation de la garde à vue de militants du « Hirak »

La garde à vue de quatre manifestants algériens, dont des figures du mouvement de contestation « Hirak », interpellés samedi par la police lors d’une marche antirégime, a été prolongée une nouvelle fois de 24 heures lundi, a indiqué une association de soutien aux détenus.

La garde à vue a été prolongée « pour complément d’enquête pour Khaled Drareni, Samir Benlarbi, Slimane Hamitouche et Toufik Hassani », a déclaré à l’AFP Kaci Tansaout, porte-parole du Comité national pour la libération des détenus (CNLD).

Samir Benlarbi et Khaled Drareni sont deux figures du « Hirak », le mouvement de contestation populaire qui secoue l’Algérie depuis plus d’un an. Le premier est un militant de la société civile et le second un journaliste indépendant, correspondant en Algérie de l’ONG Reporters sans frontières (RSF), qui a réclamé sa libération.

Toufik Hassani est un ancien policier qui a été interpellé à plusieurs reprises après avoir pris publiquement position en faveur du « Hirak ».

Tous avaient été interpellés samedi pour « attroupement non armé », en compagnie d’une trentaine de manifestants, alors qu’ils participaient à une marche à Alger.

« Ce prolongement de garde à vue est légal mais non justifié au vu des faits qu’on leur reproche » à ce jour, a précisé à l’AFP Me Noureddine Benissad, président de la Ligue algérienne des droits de l’Homme (LADDH) et membre du collectif de défense.

Les autres personnes interpellées samedi ont été relâchées le lendemain et devront comparaître pour leurs procès en avril.

Près de 300 manifestants avaient tenté de défiler samedi dans le centre d’Alger, mais ils avaient été dispersés par la police, selon un journaliste de l’AFP.

Les marches du « Hirak » se déroulent habituellement chaque vendredi mais des appels à défiler aussi le samedi ont été relayés sur les réseaux sociaux.

Plusieurs dizaines de personnes restent en détention dans le cadre du mouvement de contestation, selon les organisations de défense des droits humains, leur nombre précis étant difficile à établir en raison des remises en liberté et des interpellations qui se succèdent.

Parallèlement, la justice algérienne multiplie les renvois de procès pour les opposants.

« Nous n’allons pas nous taire devant cette nouvelle stratégie de renvoi de procès (…) et nous n’allons pas nous taire contre ces gardes à vue prolongées, contre ces arrestations arbitraires et condamnations d’innocents et nous n’allons pas nous taire contre cet acharnement », a écrit lundi le CNLD sur sa page Facebook.

Après avoir obtenu la démission du président Abdelaziz Bouteflika en avril 2019, le « Hirak » exige le changement du « système » en place depuis l’indépendance en 1962.

Burkina: 43 civils tués dimanche dans plusieurs attaques dans le Nord

Quarante-trois villageois ont été tués dimanche au cours de plusieurs attaques dans des localités du nord du Burkina Faso, a annoncé lundi le gouvernement dans un communiqué, des sources locales précisant à l’AFP qu’il s’agit d’attaques de groupes d’autodéfense en représailles aux actions jihadistes.

« Dimanche, des attaques ont été perpétrées dans les villages de Dinguila et Barga situés dans la commune de Barga, province du Yatenga (Nord). Le bilan provisoire fait état de 43 victimes », selon le ministre de la Communication Remis Fulgance Dandjinou. Des sources locales, jointes par l’AFP, indiquent qu’il s’agit de villages où vivent majoritairement des Peuls, souvent accusés d’être proches des jihadistes.

Nucléaire: l’AIEA réclame de nouveau à l’Iran sa « coopération immédiate »

Le directeur général de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), Rafael Mariano Grossi, a de nouveau demandé à l’Iran lundi de donner à ses inspecteurs l’accès à deux sites soupçonnés d’avoir pu abriter des activités nucléaires non déclarées.

« J’appelle l’ à coopérer immédiatement et pleinement avec l’agence, y compris en fournissant un accès rapide aux emplacements spécifiés », a déclaré M. Grossi à l’ouverture du Conseil des gouverneurs de l’AIEA à Vienne.

En janvier, Téhéran a refusé des inspections sur deux sites que souhaitait vérifier l’AIEA. Ces emplacements n’ont pas de lien avec les activités actuelles de l’Iran mais ont trait aux projets nucléaires militaires du pays dans les années 2000, selon plusieurs sources diplomatiques.

Ce « refus nuit à la capacité de l’agence (…) de fournir une assurance crédible de l’absence de matières et d’activités nucléaires non déclarées en Iran », a jouté M. Grossi devant l’organe de décision de l’AIEA, qui tient cette semaine sa réunion trimestrielle.

Le régime iranien estime ne plus être tenu de s’expliquer sur ses agissements dans les années qui ont précédé la signature de l’accord nucléaire de 2015, aujourd’hui menacé de délitement complet. Téhéran reproche à l’AIEA d’effectuer ces réclamations sous pression d’Israël et des Etats-Unis.

Ces nouvelles crispations sont de nature à renforcer la position d’une ligne dure vis-à-vis de l’Iran, en particulier à Washington.

Sur le volet de ses activités nucléaires actuelles, l’Iran collabore sans difficulté avec les inspecteur de l’AIEA qui ont accès à tous les sites nécessaires.

Depuis que les Etats-Unis ont dénoncé unilatéralement l’accord sur le nucléaire iranien en 2018 et imposé des sanctions qui étranglent l’économie iranienne, Téhéran s’est affranchi en plusieurs étapes, depuis mai 2019, de plusieurs limites clés fixées par l’accord international visant à garantir la nature pacifique de son programme nucléaire.

Dernière phase de ce désengagement, l’Iran a annoncé le 5 janvier que son programme nucléaire ne serait plus « soumis à aucune restriction dans le domaine opérationnel ».

« A ce jour, l’agence n’a observé aucun changement » consécutif à cette annonce, a déclaré M. Grossi lundi.