Afghanistan: au moins 27 morts dans le premier attentat à Kaboul depuis l’accord USA-talibans

Au moins 27 personnes ont été tuées dans une attaque contre un rassemblement politique dans l’ouest de Kaboul, a-t-on appris auprès du ministère afghan de l’Intérieur, la première du genre dans la capitale depuis l’accord conclu entre les talibans et les Etats-Unis.

Les assaillants ont ouvert le feu depuis un chantier proche de l’évènement, selon le ministère de l’Intérieur.

« Au moins 27 personnes, dont des femmes et des enfants, ont été tuées et 29 blessées », a déclaré Nasrat Rahimi, le porte-parole de ce ministère, à la chaîne Tolonews. Nizamuddin Jalil, un cadre du ministère de la Santé, a fait état de « 29 morts et 30 blessés, tous des civils », interrogé par l’AFP.

Des photos sur les réseaux sociaux montrent des alignements de corps, dont certains ont le visage recouvert d’un morceau de tissus, signe qu’il s’agit de cadavres.

Des unités des forces spéciales afghanes « mènent des opérations de nettoyage » de la zone, a ajouté M. Rahimi, ajoutant que le bilan « évoluera ».

De nombreux membres de l’élite politique afghane étaient présents, dont le chef de l’exécutif afghan Abdullah Abdullah, qui dit avoir remporté la présidentielle de septembre même si les résultats officiels le donnent perdant.

« Nous étions au milieu de la cérémonie (…) quand soudainement des coups de feu ont retenti », a raconté Mohammad Mohaqiq, le plus connu des hommes politiques hazaras et un proche d’Abdullah Abdullah, également sur Tolonews.

L’ancien président Hamid Karzaï et l’ex-Premier ministre Salahuddin Rabbani, également présents, avaient quitté l’évènement un peu plus tôt, a-t-il ajouté.

« Tous les responsables de haut niveau ont été évacués des lieux en toute sécurité », a commenté Nasrat Rahimi, le porte-parole du ministère de l’Intérieur.

Les talibans ont nié toute responsabilité dans cette attaque qui souligne le niveau d’insécurité auquel l’Afghanistan est confronté, alors que les Etats-Unis se sont engagés le 29 février au Qatar à ce que toutes les forces étrangères se retirent du pays sous 14 mois, en échange de garanties des talibans.

L’attaque visait une cérémonie commémorant la mort d’Abdul Ali Mazari, un homme politique de la minorité hazara, dont les membres sont très majoritairement chiites, dans un Afghanistan sinon largement sunnite.

Le président Ashraf Ghani a dénoncé « un crime contre l’humanité », dans un communiqué.

L’année dernière, cette même cérémonie avait déjà été visée par des tirs de mortiers. Le groupe État islamique avait alors revendiqué l’attentat, qui avait tué au moins 11 personnes.

Cet incident survient moins d’une semaine après la signature, le 29 février, de l’accord de Doha.

Une trêve partielle instaurée à la demande de Washington le 22 février avait été levée lundi par les talibans, qui ont depuis lors multiplié les attaques contre les forces de sécurité afghanes, soulignant la difficulté d’un dialogue entre les insurgés et le gouvernement de Kaboul, autre condition de l’accord de Doha.

Parmi les dispositions sécuritaires que les talibans se sont engagés à respecter figure aussi l’assurance qu’ils ne prêteront pas assistance à des groupes extrémistes et qu’ils les empêcheront de se servir de l’Afghanistan comme d’une base pour menacer la sécurité des Etats-Unis ou de leurs alliés.

Le groupe Etat islamique, présent en Afghanistan depuis 2015, a multiplié les attaques contre la communauté chiite dans le pays. Ces derniers mois, il a été fragilisé par des frappes aériennes américaines et de multiples offensives des forces gouvernementales ainsi que des talibans.

Chassés de son bastion du Nangarhar, province frontalière du Pakistan, ses combattants demeurent présents dans le territoire voisin du Kunar ainsi qu’à Kaboul.

Epidémies en RDC: la rougeole, l’autre course de vitesse

Vaccinations, traitement, sensibilisation: une course de vitesse contre la rougeole est enclenchée au fond de la brousse à Seke Banza, dans l’extrême ouest de la République démocratique du Congo, où cette épidémie oubliée a tué plus de 6.000 personnes en un an.

A plusieurs heures de moto du chef-lieu Matadi, l’épidémie a tué six personnes depuis le début de l’année à Seke Banza, pour 1.254 cas, dont la moitié ont moins de cinq ans et 10% plus de 15 ans.

La dernière victime est un petit garçon décédé dans la semaine à l’hôpital général du secteur.

Avant d’être hospitalisé, l’enfant est passé chez des médecins traditionnels qui lui ont donné des traitements pouvant abîmer le foie, selon ce même diagnostic.

Dans la salle voisine, une demi-douzaine de cas moins graves, certains sous perfusion, présentent des boutons sur le visage ou des pustules rouges sur le corps.

« Il y a deux catégories de patients: ceux qui sont dans la phase aiguë de la rougeole, avec des signes respiratoires, conjonctivites, fièvres. Quelques mois après, comme leur système immunitaire est défaillant, ils peuvent déclencher d’autres maladies comme le paludisme. On les prend aussi en charge », explique Méderic Monier, de Médecins sans frontières (MSF).

Adolphe Kiakupuati, chasseur comme la plupart des hommes de la région, est venu avec ses trois enfants. L’information est un enjeu majeur dans cette zone enclavée en pleine forêt, aux confins des deux Congos, explique-t-il.

« Pendant la période de vaccination des enfants (ndlr: en novembre), j’étais occupé dans la forêt et je n’étais pas au courant. Mais maintenant ils sont sous traitement », explique le père de famille.

Une deuxième étape de vaccination vient de commencer cette semaine sous l’égide de MSF dans la région, entre champs, forêts et rivière.

Les vaccins sont embarqués à moto dans les villages autour de Temba, à six heures de route de Seke Banza centre, à travers des sentiers en terre battue.

Les vaccinations ont lieu dans la paroisse d’une église.

« Tu vois, je ne suis même pas allée travailler aux champs. Je suis venue faire vacciner mes enfants », sourit Elodine Nsasi, mère de trois enfants.

La logistique est l’autre grand défi dans cette zone enclavée, sans infrastructure. « Le grand challenge, c’est d’arriver à fournir tous ces vaccins sur tous ces villages, en respectant la qualité et la chaîne de froid. Tous les vaccins doivent être entre deux et sept degrés », indique le logisticien de MSF, Jean Pletinckx.

« La RDC a enregistré l’épidémie la plus meurtrière de rougeole de son histoire, avec plus de 335.413 cas suspects et 6.362 décès du 1er janvier 2019 au 20 février 2020 », selon les dernières données de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

« On note une tendance à la diminution du nombre de cas de rougeole notifiés », ajoute l’OMS. Entre le 1er janvier et mi-février, « la RDC a enregistré un total de 20.475 cas suspects de rougeole incluant 252 décès (létalité: 1,2%) ».

Syrie: le calme prévaut à Idleb, au premier jour d’une trêve turco-russe

La province d’Idleb, région du nord-ouest de la Syrie théâtre d’une bataille acharnée et d’une crise humanitaire, bénéficie vendredi d’une rare période de calme, aucun avion ne sillonnant le ciel pour la première fois depuis des mois, au lendemain d’un accord de cessez-le-feu russo-turc.

Cette trêve, entrée en vigueur à minuit (22H00 GMT) après des semaines de combats entre forces pro-régime d’un côté et groupes jihadistes et rebelles de l’autre, semblait tenir en matinée, malgré des violences nocturnes intermittentes, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et des correspondants de l’AFP.

Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a signalé « l’absence totale d’avions de guerre russes et du régime dans l’espace aérien d’Idleb », une aubaine pour la population civile, qui paie un lourd tribut lors des bombardements.

Dans la nuit, durant les trois premières heures de vendredi, « des affrontements intermittents et des échanges de tirs ont eu lieu, avant de s’interrompre », a précisé M. Abdel Rahmane.

Six soldats syriens et au moins neuf jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP) –dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine– ont été tués dans ces accrochages, selon l’OSDH.

Jeudi, le président russe Vladimir Poutine, dont le pays appuie militairement Damas, et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan, qui soutient des groupes rebelles, sont parvenus à un accord de cessez-le-feu au terme d’une réunion marathon à Moscou.

Cette trêve doit mettre fin à des semaines de violences ayant provoqué un drame humanitaire, avec près de 500 civils tués, selon l’OSDH, et près d’un million de déplacées, d’après l’ONU. En toile de fond figure en outre une potentielle crise migratoire en Europe, après la décision d’Ankara de laisser passer les réfugiés.

– « Aucune confiance » –

Selon l’accord de jeudi, la Russie et la Turquie organiseront à partir du 15 mars des patrouilles communes sur une large portion de l’autoroute M4, un axe crucial pour le régime reliant Alep (nord) à Lattaquié (ouest) en passant par la région d’Idleb.

Ces patrouilles conjointes, une première dans cette zone, auront lieu entre le village de Tronba, à Idleb, et un village de la province de Lattaquié, un bastion du régime.

M. Poutine a dit espérer que cet accord serve de « base solide pour mettre un terme aux combats dans la zone de désescalade d’Idleb » et pour « stopper les souffrances de la population civile ».

Mais les habitants d’Idleb sont pour le moins sceptiques.

Ahmad Qaddour, qui vit dans un camp de déplacés avec sa femme et ses deux enfants, affirme s’attendre au pire.

« Nous n’avons aucune confiance dans le régime et la Russie », affirme ce père de famille de 29 ans.

La première grande offensive lancée par Damas contre la région d’Idleb remonte à fin 2017. Elle a été suivie de deux autres opérations, dont la dernière lancée en décembre 2019, ponctuées de trêves ayant toutes volé en éclat.

Un accord conclu entre Ankara et Moscou en septembre 2018 prévoyant l’instauration d’une zone « démilitarisée » pour éviter une offensive de Damas est resté lettre morte.

Cet accord prévoyait également la réouverture, avant fin 2018, de deux autoroutes stratégiques dans le collimateur de Damas: la M4 ainsi que la M5, tout aussi stratégique car reliant la capitale Damas à la grande ville d’Alep (nord).

Entretemps, le régime a continué de progresser sur le terrain jusqu’à s’emparer désormais de la moitié de la province d’Idleb, et est parvenu à sécuriser par la force la quasi-totalité de la M5.

– « Bonne nouvelle » –

L’offensive lancée en décembre par Damas, avec l’appui de l’aviation russe, a par ailleurs entraîné une poussée de fièvre inédite avec la Turquie.

L’armée turque est déployée dans le nord syrien depuis 2016, et elle soutient certains groupes rebelles à Idleb.

Plus de 50 soldats turcs ont été tués depuis février dans des affrontements directs avec l’armée syrienne ou dans des bombardements attribués au régime.

Des frappes turques de représailles ont abattu plusieurs avions du régime et fait des dizaines de morts parmi les soldats syriens.

Cette escalade a suscité des craintes d’affrontements directs entre Moscou et Ankara, et entraîné des secousses en Europe, via le dossier migratoire.

Vendredi, le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, s’est réjoui de l’accord de Moscou, tout en appelant à la prudence et à un accès pour l’aide humanitaire.

Depuis vendredi dernier, des dizaines de milliers de personnes ont afflué vers la Grèce après que M. Erdogan a ordonné l’ouverture des frontières de son pays, réveillant en Europe la peur d’une crise migratoire similaire à celle de 2015.

Déclenché le 15 mars 2011 par des manifestations prodémocratie, le conflit syrien a fait plus de 380.000 morts et n’a eu de cesse de se complexifier au cours des années, avec l’implication de multiples acteurs régionaux et internationaux.

« Macho »: duel féministe au sein de la coalition de gauche espagnole

A quelques jours de la Journée des femmes, la bataille autour du féminisme a créé des tensions entre les socialistes et la gauche radicale, alliés au sein du gouvernement espagnol et qui cherchent tous deux à dominer le puissant mouvement féministe.

La pomme de discorde a été la présentation mardi du projet de loi sur les violences sexuelles baptisé « seul un oui est un oui » et introduisant la notion de consentement explicite.

Défendu par la ministre de l’Egalité et numéro deux de Podemos, Irene Montero, ce texte a été retoqué par le ministère de la Justice, dirigé par le socialiste Juan Carlos Campo.

Dans un rapport interne, ce ministère a déploré « les doublons inutiles » avec d’autres lois d’un texte qui ne prévoit pas « les mécanismes nécessaires pour assurer son application » et empiète sur la loi pionnière contre les violences de genre de 2004.

De quoi causer la fureur du chef de Podemos et vice-président du gouvernement, Pablo Iglesias, qui est également … le compagnon d’Irene Montero.

« Derrière les excuses techniques, je crois qu’il y a beaucoup de machistes frustrés », a-t-il lancé avant que le chef de ce parti au Parlement, Pablo Echenique, ne surenchérisse en affirmant que « lorsque des femmes prestigieuses rédigent une loi, il faut qu’un macho vienne dire +ne t’inquiète pas, je vais t’expliquer comment faire les choses ».

Tentant d’éteindre la polémique, la numéro deux du parti socialiste (PSOE) Adriana Lastra est montée au créneau pour démentir l’existence de « ministres machistes ». « Il y a un gouvernement féministe, du premier au dernier » ministre, a-t-elle assuré.

Le ministre de la Justice Juan Carlos Campo a dû se défendre en justifiant les retouches par sa volonté que les projets de loi « soient les plus parfaits possibles » tandis que Pablo Iglesias a assuré que ses critiques ne visaient pas M. Campo.

– Divergences –

Cette controverse est un nouvel exemple des divergences entre les socialistes et Podemos qui avaient pourtant promis de les mettre de côté avant de former en janvier le premier gouvernement de coalition du pays depuis la fin de la dictature franquiste en 1975.

Dans ce contexte tendu, les deux partis ont d’ailleurs convoqué la semaine prochaine une commission de suivi créée lors de la formation du gouvernement pour s’assurer du respect de leur accord de coalition.

Mais cette polémique révèle surtout le fait que les socialistes et Podemos « se disputent pour avoir l’hégémonie » au sein du puissant mouvement féministe espagnol, analyse Cristina Monge, politologue à l’Université de Saragosse.

« Le PSOE s’affiche comme un parti de gouvernement, un parti qui sait légiférer, et présente les membres de Podemos comme des novices », alors que le parti de Pablo Iglesias « accuse le PSOE d’avoir moins d’ambition réformatrice », explique l’universitaire.

Considérée comme pionnière depuis l’adoption de la loi de 2004 sur les violences de genre, l’Espagne compte un puissant mouvement féministe qui a fait descendre des centaines de milliers de femmes dans la rue depuis deux ans pour la Journée des droits des femmes le 8 mars.

Depuis son arrivée au pouvoir, le Premier ministre Pedro Sanchez a fait du féminisme un des piliers de son action, nommant en 2018 le gouvernement le plus féminin de l’histoire du pays. Il a depuis promu récemment des femmes à la tête des services secrets, de la Garde civile et de trois des quatre vice-présidences de son exécutif.

L’opposition de droite du Parti populaire (PP) n’a pas manqué de se moquer de la cacophonie gouvernementale.

« Si j’étais ministre de l’Égalité aujourd’hui et que mon mari, vice-président du gouvernement, montait au créneau pour me défendre des critiques d’un collègue au gouvernement comme un mâle alpha, je l’enverrais dormir sur le canapé », a raillé la présidente des députés du PP, Cayetana Álvarez de Toledo.

Le virus progresse, l’OMS appelle à lutter « à fond »

« Inexorable », le coronavirus poursuit vendredi sa progression à travers le monde, l’OMS accusant certains pays de ne pas prendre la menace suffisamment au sérieux.

Si l’épidémie, avec ses conséquences économiques, angoisse chaque jour un peu plus les marchés financiers, elle tend aussi les relations entre Etats, à commencer par le Japon et la Corée du Sud.

« Il y a un moment où, nous le savons tous (…) une épidémie est de toutes façons inexorable », a déclaré jeudi le président français Emmanuel Macron.

Pourtant, une « longue liste » de pays n’en font pas assez pour combattre le coronavirus, a mis en garde l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

« Ce n’est pas un exercice, ce n’est pas le moment d’abandonner, ce n’est pas le moment de trouver des excuses, c’est le moment d’y aller à fond », a plaidé le directeur général de l’OMS, Tedros Adhanom Ghebreyesus, sans nommer les pays visés.

Mais aux Etats-Unis, le principal syndicat infirmier a dénoncé l’état d’impréparation de nombreux hôpitaux, s’inquiétant du manque d’équipement et d’information pour les professionnels de santé.

Le Congrès a approuvé à la quasi-unanimité un plan d’urgence de 8,3 milliards de dollars pour financer la lutte contre le coronavirus, qui a contaminé plus de 180 personnes et fait au moins 12 morts dans le pays.

Le président Donald Trump avait proposé un premier budget de 2,5 milliards de dollars, jugé insuffisant par l’opposition.

Le vice-président Mike Pence, chargé de coordonner la réponse à l’épidémie, a reconnu que le pays ne disposait pas d’assez de tests pour satisfaire la demande attendue.

Au large de la Californie, les autorités ont commencé jeudi à procéder à des tests à bord d’un paquebot pour déterminer si des passagers avaient contracté la maladie.

Le Grand Princess, qui compte environ 3.500 personnes à bord, appartient à la même compagnie que le Diamond Princess, placé en quarantaine en février au Japon et où plus de 700 contaminations ont été recensées, dont six mortelles.

– Grogne à Wuhan –

Dans le monde entier, le nombre de cas de contaminations flirte avec les 100.000: 85 pays et territoires ont relevé au moins 97.510 personnes infectées, et parmi elles, 3.346 en sont mortes, selon un bilan établi par l’AFP jeudi à 17H00 GMT.

Le gouvernement italien, premier foyer européen de contamination, a mis en place un plan de 7,5 milliards d’euros pour faire face à l’épidémie et ses conséquences.

En Chine, pays le plus touché, la stabilisation se confirme: Pékin a fait état vendredi de 30 nouveaux décès, soit le chiffre le plus bas depuis le 27 février.

Mais le pays s’inquiète des risques de recontamination via l’étranger: il dénombre désormais 36 cas de contamination importés, sur un total de 80.552.

La crise s’accompagne d’une contestation inhabituelle à l’encontre du régime communiste: une des plus hautes responsables du pays a été conspuée lors d’une visite à Wuhan, berceau de l’épidémie, par des habitants confinés apparemment mécontents d’un manque de vivres.

– Les Bourses redévissent –

La crise faisait à nouveau baisser les places financières asiatiques vendredi, au lendemain d’une dégringolade des Bourses européennes puis de Wall Street. Tokyo a fini en forte baisse, à -2,72%.

La chute brutale du trafic aérien dans le monde pourrait faire perdre jusqu’à 113 milliards de dollars de revenus aux compagnies, a alerté l’association internationale du transport aérien (Iata).

La britannique Flybe, qui emploie 2.000 salariés, a cessé ses activités et a été placée en redressement judiciaire, tandis que la Portugaise TAP a annoncé la suppression de près de 1.000 vols.

Nombre de pays prennent des mesures d’interdiction de territoire ou de quarantaine pour des voyageurs provenant de pays touchés. Trente-six pays ont déjà imposé une interdiction totale d’entrée aux personnes arrivant de Corée du Sud, selon Séoul, et 22 autres ont pris des mesures de quarantaine.

Séoul doit convoquer l’ambassadeur du Japon pour protester contre les mesures « irrationnelles » de quarantaine imposées par ce pays aux personnes arrivant de Corée du Sud.

Le virus touche chaque jour de nouveaux pays: le royaume himalayen isolé du Bhoutan a annoncé vendredi son premier cas, un touriste américain.

En quelques semaines, les masques, désinfectants, gants ou combinaisons de protection sont devenus des denrées rares. Nombreux sont les Etats à prendre des décrets pour interdire l’exportation du matériel médical.

En France, trois hommes ont été arrêtés pour avoir tenté de vendre 40.000 masques périmés.

Le monde du sport est lui aussi affecté: le match de rugby du Tournoi des six nations Italie-Angleterre, prévu à Rome le 14 mars, a été reporté sine die. Le marathon de Paris, prévu le 5 avril, l’a été au 18 octobre.

burs-bar/phv

Un an après le crash, la solidarité renforcée des pilotes de ligne éthiopiens

Quelques heures à peine après le crash du vol ET302 d’Ethiopian Airlines au sud-ouest d’Addis Abeba, le 10 mars 2019, des personnes en deuil ont afflué dans un bâtiment situé non loin de la piste où il avait pris son envol: le siège national de l’association des pilotes de ligne.

Par un jour normal, le site ressemble à un country club, avec ses membres jouant au tennis ou au basket tandis que des familles sont attablées en terrasse.

Mais le 10 mars 2019, alors que les détails de la tragédie commençaient à émerger, les responsables ont organisé une veillée funèbre impromptue dans le hall d’entrée, où des bougies et des fleurs sont venues progressivement entourer les portraits du capitaine et de son équipage.

Très vite, le lieu attira à la fois des employés d’Ethiopian Airlines qui, en pleurs, vinrent se recueillir pendant leur pause déjeuner mais aussi des citoyens lambdas sans lien direct avec le crash qui fit 157 morts.

« Cette semaine-là, il n’y avait plus aucune place de parking libre ici. Les gens venaient de tout Addis Abeba », se remémore Yeshiwas Fentahun, qui présidait alors l’association.

« Le fait que nous avions cette installation ici était très important, non seulement pour nous mais pour toute personne touchée par l’accident ».

Depuis, l’association a continué de jouer un rôle central dans le travail de deuil de ses quelque 800 membres.

Des pilotes sont ainsi venus sur place pour y trouver un soutien psychologique, organiser des collectes pour les familles des victimes ou encore rebaptiser le terrain de football du nom du capitaine du vol ET302 et grand amateur de ballon rond, Yared Getachew.

Ce type de réconfort sera très important pour les membres de l’association au moment de l’anniversaire du crash, qui va sûrement raviver les traumatismes de la tragédie, explique son ex-président.

« Oui, les gens vont de l’avant mais ce n’est pas toujours facile de passer à autre chose. Ce n’est pas quelque chose qui va forcément de soi », ajoute Yeshiwas.

– Soutien psychologique –

L’Association des pilotes de ligne d’Éthiopie fut fondée en 1964, presque 20 ans après le lancement d’Ethiopian Airlines.

Son siège a de tout temps offert un lieu de détente aux pilotes de retour d’un vol en provenance d’une des 120 destinations désormais desservies par la compagnie, la plus grande du continent avec plus de 110 appareils.

Le capitaine Yared du vol ET302 venait régulièrement les mardis et jeudis soir participer au matchs de football de l’association.

L’ancien président de l’association désormais responsable syndical au sein de la compagnie aérienne se souvient d’un Yared enjoué, qui n’hésitait pas à taquiner les autres joueurs dans un amharique approximatif, lui qui avait la double nationalité éthiopienne et kényane.

Mais l’association dépasse le cadre du simple club de loisirs. Quand un de ses membres tombe malade ou perd un proche, les autres mettent la main à la poche dans le cadre de collectes organisées par le « Comité humanitaire » de l’organisation.

C’est ce comité qui se chargea très rapidement de répertorier et localiser les familles des huit membres d’équipage du vol 302.

« Après que le gouvernement a informé ces gens de la mort (de leur proche), nous les avons contactés et avons entamé ce qui pouvait être fait pour soulager les préoccupations immédiates », explique Yegzeru Belete, qui a piloté pendant 40 ans des appareils d’Ethiopian Airlines avant de prendre sa retraite l’année dernière.

En quelques mois, l’association avait réuni 600.000 birr – plus de 18.000 dollars – pour chaque famille, une somme qui fut remise en mains propres, à Addis Abeba et, dans le cas du copilote Ahmednur Mohammed, à Dire Dawa, à environ 350 km à l’est de la capitale.

L’association a également organisé des sessions de soutien psychologique pour les pilotes, ce que la compagnie a négligé de faire selon Yeshiwas.

« J’aurais préféré qu’Ethiopian Airlines ait une approche plus volontariste pour apporter (…) un meilleur soutien à ses pilotes et membres d’équipage après le crash », déplore le responsable syndical. Mais « ça n’est pas arrivé ». Sollicitée, la compagnie n’a pas souhaité commenter.

– Tragiques réminiscences –

En apparence, la vie quotidienne au siège de l’association a repris son cours normal mais, de par son ampleur, la tragédie du vol ET302 n’est jamais bien loin dans l’esprit des pilotes.

Les articles de presse sur telle avancée de l’enquête, notamment sur le rôle joué par le logiciel anti-décrochage MCAS du Boeing 787 MAX, ou les spéculations sur la remise en service de cet appareil phare de l’avionneur américain, continuent de raviver de très douloureux souvenirs.

L’enquête menée par Ethiopian Airlines n’est pas encore terminée mais son responsable Amdye Ayalew a indiqué cette semaine à l’AFP qu’un rapport d’étape pourrait être divulgué juste avant le premier anniversaire du 10 mars.

Ces rappels permanents de l’accident rendent d’autant plus essentiel le soutien offert par l’association de pilotes à ses membres, selon Yeshiwas.

« Ce n’est pas une chose facile » de continuer de voler après un crash, souligne-t-il.

« Vous vous demandez sans cesse ce que les pilotes ont pu penser, quels ont été leurs sentiments juste avant le crash. Votre esprit n’arrête pas de poser ces questions ».

Des vues aériennes de sites célèbres désertés montrent l’impact du coronavirus

Des esplanades vides, une gare fantomatique et des lieux saints désertés – une série d’images satellite saisissantes révèle l’impact de l’épidémie de coronavirus sur certains des sites les plus fréquentés du monde.

Ces photos aériennes, publiées par la société américaine d’imagerie spatiale Maxar, montrent des villes normalement bondées, de La Mecque à Pékin, aujourd’hui clairsemées.

Une des images montre une poignée de fidèles tournant autour de la Kaaba, le lieu le plus sacré de l’Islam, à La mecque, un site habituellement noir de monde.

Les autorités saoudiennes ont suspendu temporairement le pèlerinage de la Omra – le petit pèlerinage -, une mesure inédite pour lutter contre le nouveau coronavirus, qui a déjà tué 3.000 personnes dans le monde.

En Iran, une image au-dessus du sanctuaire Fatima Ma’sumeh à Qom montre l’un des endroits les plus sacrés du pays sans visiteur alors que ses célèbres dômes dorés scintillent au soleil.

Les cours intérieurs et les rues adjacentes sont également désertes.

Des photos au-dessus de Wuhan, en Chine – l’épicentre de l’épidémie mondiale – montrent des dizaines de trains stationnés à la gare déserte de Dongdamen.

Dans la ville sous quarantaine et pratiquement coupée du monde depuis le 23 janvier, la gare généralement animée a été transformée en dépôt de fortune.

A Pékin, la place Tiananmen porte bien son nom de « porte de la paix céleste », avec seulement quelques dizaines de voitures en circulation et aucun piéton à l’horizon.

Syrie: calme rare à Idleb au premier jour de la trêve turco-russe

La province d’Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, s’est réveillée vendredi dans un calme relatif, aucun avion ne sillonnant son espace aérien pour la première fois depuis des mois après l’entrée en vigueur d’un accord de cessez-le-feu russo-turc.

La trêve, entrée en vigueur à minuit (22H00 GMT) semblait tenir vendredi matin après des violences intermittentes durant la nuit, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) et des correspondants de l’AFP sur place.

Le directeur de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane, a signalé vendredi matin « l’absence totale d’avions de guerre russes dans l’espace aérien d’Idleb ».

Plut tôt dans la nuit, « des affrontements intermittents et des échanges de tirs ont eu lieu durant les trois premières heures de vendredi puis se sont arrêtés », a précisé M. Abdel Rahmane.

Six soldats syriens et au moins neuf jihadistes du Parti islamique du Turkestan (TIP) –dont les membres appartiennent majoritairement à la minorité musulmane ouïghoure de Chine– ont été tués, selon l’OSDH.

Le président russe Vladimir Poutine et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan sont parvenus jeudi à un accord de cessez-le-feu au terme d’une réunion marathon à Moscou.

L’accord doit mettre fin à des semaines de violences ayant provoqué une catastrophe humanitaire, avec près de 500 civils tués, selon l’OSDH, et près d’un million de déplacées, d’après l’ONU.

Selon le texte de l’accord, la Russie et la Turquie organiseront à partir du 15 mars des patrouilles communes sur une large portion de l’autoroute M4, un axe crucial pour le régime traversant la région d’Idleb.

Ces patrouilles conjointes, une première dans cette zone, auront lieu entre la ville de Tronba à Idleb et un village de la province de Lattaquié, un bastion du régime situé plus au sud.

M. Poutine a dit espérer que cet accord serve de « base solide pour mettre un terme aux combats dans la zone de désescalade d’Idleb » et pour « stopper les souffrances de la population civile ».

L’offensive lancée en décembre par Damas, avec l’appui de l’aviation russe, pour reprendre ce dernier grand bastion jihadiste et rebelle avait par ailleurs entraîné une poussée de fièvre inédite entre la Syrie et la Turquie.

L’armée turque est déployée dans le nord syrien depuis 2016 et soutient certains groupes rebelles à Idleb.

La situation a dégénéré ces dernières semaines, plus de 50 soldats turcs ayant été tué depuis février dans des affrontements directs avec l’armée syrienne ou dans des bombardements attribués au régime.

Des frappes turques de représailles ont abattu plusieurs avions du régime et fait des dizaines de morts parmi les soldats syriens.

Cette escalade a suscité des craintes sur d’éventuels affrontements directs entre Moscou et Ankara.

Déclenché le 15 mars 2011 par des manifestations prodémocratie, le conflit syrien a fait plus de 380.000 morts et n’a eu de cesse de se complexifier au cours des neuf dernières années, avec l’implication de multiples acteurs régionaux et internationaux.

8mars: la Mauritanienne Dioully Oumar Diallo veut rendre les femmes « actrices de leur sécurité »

Dioully Oumar Diallo entend que les femmes soient « actrices de leur propre sécurité ». Après avoir lancé une application pour rendre sûres les courses en taxi, elle a développé des formations d’autodéfense pour les femmes, malgré les pesanteurs de la très conservatrice société mauritanienne.

Après avoir décroché à Dakar un diplôme d’ingénieur en télécommunications, Dioully Oumar Diallo est rentrée en Mauritanie en 2013. Son pays connaît alors un climat particulièrement lourd, après une série d’enlèvements suivis de viols, de tortures et de meurtres, se souvient cette femme de 38 ans.

« J’avais des petites sœurs qui allaient à l’école, je m’inquiétais, ma mère s’inquiétait… Il fallait que je réagisse », dit-elle à l’AFP, à quelques jours de la Journée internationale des droits des femmes.

En 2015, elle crée Taxi Secure. Cette application gratuite pour smartphone permet d’identifier le taxi grâce à sa plaque d’immatriculation, « d’envoyer un message d’alerte si jamais on sent que le taximan veut nous amener à une autre destination » et de géolocaliser le véhicule, explique-t-elle.

Mais elle se rend compte des limites de Taxi Secure: tout le monde ne dispose pas d’un smartphone connecté.

– « Les griffes des prédateurs » –

Elle se lance alors dans un nouveau projet, « Rim Self Défense ». L’idée est de dispenser aux femmes et jeunes filles des formations pour faire face à des agresseurs sexuels. « Il fallait donner aux femmes la possibilité d’être actrices de leur propre sécurité, de s’extraire elles-mêmes des griffes des prédateurs et non d’attendre, souvent en vain, le sauvetage d’un passant », résume-t-elle.

Elle se rapproche donc des salles où sont enseignés le karaté, le judo, le kungfu ou le jujitsu. Mais l’idée que des hommes apprennent les arts martiaux à des femmes passe difficilement dans cette république islamique. L’association se tourne alors vers les rares pratiquantes d’un sport de combat et les forme à transmettre leurs techniques à d’autres femmes.

Les salles d’entraînement sont devenues des espaces d’échange et de sensibilisation sur les questions du mariage précoce et des mutilations génitales, explique Dioully Oumar Diallo, qui milite pour que « cesse l’impunité dont bénéficient les agresseurs sexuels » en Mauritanie.

Un projet de loi sur les violences basées sur le genre, aggravant les peines pour viol et pénalisant le harcèlement sexuel, a été rejeté en 2017 et 2018 par le Parlement.

Les députés ont renâclé sur le concept de « genre », valeur étrangère à la Mauritanie selon eux, sur le droit de voyager sans autorisation du mari ou sur la faculté des organisations d’aide aux victimes à se constituer parties civiles.

Dioully Oumar Diallo a été invitée à présenter son expérience le 6 mars aux « Arabofolies », un festival organisé par l’Institut du Monde Arabe à Paris.

Embarrassée, l’Ethiopie ne sait comment honorer les morts du vol ET302

Gebru Ketema était dehors, affairé avec son bétail, quand le vol ET302 d’Ethiopian Airlines s’est abattu dans un champ proche de son village. Les 157 personnes à bord sont mortes dans le crash.

Les jours suivants ont été frénétiques, les sauveteurs affluant sur place. Gebru et ses voisins les ont accueillis dans leur maison, partageant avec eux leur repas mais aussi leur « peine », se rappelle-t-il.

Un an plus tard, le site de l’accident est entouré par une clôture en bois inachevée et ne voit plus guère de visiteurs, en dehors de quelques proches de défunts venus apporter des fleurs.

« Cet endroit est devenu célèbre à cause de l’accident. On nous a dit qu’ils allaient installer une sorte de monument ici, mais ça n’a pas l’air d’avancer beaucoup », commente Gebru.

A quelques jours du premier anniversaire du crash mardi, Ethiopian Airlines a donné peu d’indications sur ce qu’elle entend faire du site.

En janvier, elle espérait encore utiliser cet anniversaire pour annoncer le vainqueur d’un concours d’architecture pour un monument du souvenir, selon un document préliminaire consulté par l’AFP.

Mais la compagnie semble avoir suspendu, au moins provisoirement, ce projet, des familles de victimes ayant exprimé leur incompréhension face à ce qu’elles jugeaient être une décision précipitée, explique Zekarias Asfaw, qui a perdu son frère dans la catastrophe.

Le désaccord portait sur la question de savoir si Ethiopian Airlines était déterminée à honorer les morts de manière respectueuse, ajoute Zekarias, qui fait partie d’un comité destiné à discuter de ce mémorial.

« Vous vous précipitez parce que vous n’y accordez aucune valeur », a-t-il dénoncé en évoquant la compagnie aérienne, qui n’a pas souhaité répondre aux questions de l’AFP.

« Vous avez une compagnie qui désespère de passer à autre chose, et vous avez des familles qui disent: +Non, nous n’avons même pas eu l’opportunité de nous rassembler et de commencer ce parcours du souvenir », souligne-t-il.

– « Manque de compassion » –

Les familles avaient aussi d’autres reproches à adresser à ce plan. Elles ont fait observer que le document parlait exclusivement d' »hommes et femmes », alors même que des enfants étaient aussi parmi les passagers.

Plus généralement, le document, qui en plusieurs endroits utilisait Wikipédia comme source sur des aspects connus du drame, était bâclé et absolument pas professionnel, selon Zekarias.

« En tant qu’Éthiopien, je suis embarrassé de voir comment tout cela a été géré », dit-il. « La manque de professionnalisme, le manque de compassion… ».

En l’absence d’un site officiel du souvenir, deux autres emplacements ont été aménagés à Addis Abeba depuis un an pour honorer la mémoire des victimes du vol ET302.

Au siège national de l’association des pilotes de ligne éthiopiens, un terrain de football a été rebaptisé du nom du capitaine du vol ET302 et grand amateur de ballon rond, Yared Getachew.

Une plaque en sa mémoire est accrochée sur un mur à côté du terrain.

De l’autre côté de la ville, la cathédrale de la sainte Trinité accueille un autre monument commémoratif en mémoire de Yared et de 16 autres victimes éthiopiennes – les autres victimes étaient de nombreuses nationalités, dont notamment des Kenyans et des Canadiens.

Des plaques comportent deux photos pour chaque victime avec un logo d’Ethiopian Airlines en noir et blanc.

Dans cette cathédrale reposent d’importants dignitaires éthiopiens, comme l’empereur Haïle Sélassié ou l’ancien Premier ministre Meles Zenawi.

– La tristesse ressentie –

Il était donc approprié que les victimes du vol ET302 soient aussi honorées ici, estime le père Hadis Abab Tsegazeab.

« Elles sont ici parce qu’Ethiopian Airlines est la première compagnie d’Afrique et parce que sa contribution à la Nation n’est pas négligeable », précise-t-il.

Les victimes sont aussi honorées de manière privée, y compris par des gens qui n’avaient aucun lien personnel avec elles.

Yared Getachew, un avocat d’Addis Abeba, se souvient de la tristesse qu’il a ressentie quand il a appris l’accident, suivie de sa surprise quand il a su qu’il portait le même nom que le capitaine du vol.

Bien qu’il n’ait connu aucun des passagers, il a décidé d’assister à un service commémoratif à la cathédrale de la sainte Trinité dans les jours qui ont suivi pour « transmettre (ses) condoléances ».

Depuis, lui et son fils de 12 ans, Isaac, ont instauré un petit rituel pour se remémorer les morts chaque fois qu’ils prennent l’avion.

Avant le crash, Isaac, un passionné d’aviation, passait chaque décollage à raconter à son père dans le détail tout ce qui se passait: ce que les pilotes faisaient, ou comment fonctionnaient les ailerons des ailes, par exemple.

Désormais, après le décollage, Yared et Isaac lancent la minuterie de leur téléphone et se recueillent en silence pendant six minutes: le temps séparant le décollage du vol ET302 de l’aéroport d’Addis Abeba et son crash.

« Nous essayons très calmement d’imaginer ce qu’ils ont subi », dit Yared en parlant des victimes.

« Combien ça a dû être difficile pour ceux qui étaient à l’intérieur de l’avion (…). Même la moindre turbulence quand vous êtes dans un avion est extrêmement effrayante. Alors pendant six minutes après le décollage, nous essayons de nous souvenir de toutes ces victimes ».

Toou, un village meurt sous le feu croisé des ennemis maliens

Il y a deux mois, les 400 habitants de Toou ont fui précipitamment devant les hostilités entre groupes ennemis, laissant leur village aux fantômes de la guerre malienne pour marcher vers un avenir inconnu.

Aujourd’hui, ils s’entassent dans l’école d’un quartier périphérique de Sévaré, près de la capitale régionale Mopti (centre), dans deux bâtiments qui se font face au bout d’un chemin en terre bordé de terrains vagues.

Dans le bâtiment de droite, les hommes; dans celui de gauche, les femmes et les enfants. « La journée, ça va, mais le soir, il y a des gens partout: ici, là, là et encore là ! On est dix à dormir dans la même pièce », récrimine Housseini Karembe, 65 ans, en agitant les bras.

Lui et les autres sont partis de Toou le 5 janvier, quand des mois de tensions entre chasseurs traditionnels dogons et jihadistes ont atteint leur point culminant pour le village. Sommés de vider la place par les jihadistes, 400 hommes, femmes et enfants s’en sont allés sans rien ou presque, et ont parcouru à pied à travers la brousse et sous un soleil de plomb les 26 kilomètres jusqu’à Sévaré.

Ils ont rejoint sans bruit la masse de plus d’un million de réfugiés et de personnes actuellement déplacées, selon l’agence spécialisée de l’ONU, par les violences dans le centre du Sahel, notamment dans le centre du Mali où se trouve Toou, et au Burkina Faso voisin.

Housseini Karembe est maintenant assis, adossé au mur, dans l’ancienne salle de classe où les inscriptions à la craie sur le tableau rappellent que des enfants venaient étudier ici.

A côté de lui grésille une vieille radio. Plus loin, on a branché des portables sur une batterie de voiture. Au fond, un homme s’emploie à faire de la corde à partir d’un sac de jute.

« Il faudrait des tentes, on ne peut pas rester comme ça dans une école, c’est de la débrouille », peste le vieux Housseini Karembe, marabout du village qui enseignait aux jeunes la parole coranique.

– Plus rien que des marmites –

Ses voisins ont un sourire gêné: « On a un toit et à manger, il ne faut pas trop râler », dit l’un d’eux. Les 400 habitants reçoivent chaque mois des coupons du Programme alimentaire mondial (PAM) pour acheter de la nourriture.

Dans la cour trônent les quelques marmites qui ont pu être emportées. « C’est les seuls objets qu’on a pu emmener quand on a fui. De quoi faire la cuisine », dit Telemo Sombor Ga, 55 ans, frère du chef de village.

Il s’assied au milieu des vieux de Toou, qui opinent du chef pendant qu’il conte leur histoire.

« On est partis un dimanche, le 5 janvier », raconte-il. « On a marché, longtemps. Jusqu’à Baboye, puis Sévaré. Et depuis, nous sommes ici ».

Depuis des mois, Toou était pris « entre les jihadistes et les dozos ».

Les dozos sont des chasseurs traditionnels, appartenant à de nombreuses communautés différentes. Les dozos dogons se sont réunis depuis 2016 en une milice armée qui revendique de défendre les populations contre les attaques jihadistes, en l’absence de l’Etat.

La milice se veut un rempart contre le groupe jihadiste emmené par Amadou Koufa, imam peul qui a pris les armes en 2015 et entraîné des centaines de jeunes dans un jihad de combat sous la bannière d’Al-Qaïda. Les affrontements directs, sporadiques par le passé, sont devenus plus fréquents dernièrement.

Avant, les jihadistes passaient souvent par Toou pour prêcher, mais « ils nous laissaient tranquilles », relate Telemo Sombor Ga.

– « Toou n’existe plus » –

Tout a changé quand « les dozos sont venus s’installer le 18 septembre sur la colline non loin de Toou ». A partir de ce moment, les tensions « n’ont fait qu’augmenter ».

« On était pris entre deux feux », dit-il. « Même les femmes ne pouvaient pas aller en brousse, personne ne pouvait sortir. On était bloqués ».

Le 4, c’est l’attaque. Des jihadistes déboulent à moto dans le camp dozo, les rafales se font entendre encore et encore. A Toou, on espère rester en dehors du conflit.

Mais les jihadistes descendent au village plus tard dans la journée, disent aux habitants de partir, maintenant. D’autres habitants racontent le feu mis aux greniers et aux maisons.

« Toou n’existe plus aujourd’hui », dit un vieil homme.

Dans l’école, la vie reprend. Des dizaines d’enfants courent partout en piaillant, les femmes s’affairent autour des marmites. Tous s’interrogent sur l’avenir.

« On se sent étrangers ici », dit Aminata Karembe, 18 ans, petite-fille du marabout. Elle suivait l’enseignement coranique, rêvait de reprendre le commerce familial. « Pour l’instant, c’est gâché ».

Machistes anonymes: au Mexique, sessions de rééducation pour hommes violents

« Je m’appelle Jaime. Cette semaine, j’ai été violent verbalement et psychologiquement envers ma compagne. Je suis là pour aider et être aidé », déclare un sexagénaire dans une maison d’un quartier cossu du centre de Mexico, dont une pièce a été transformée en salle de thérapie.

« Je te soutiens », lui répondent en choeur une douzaine d’autres hommes, âgés de 20 à 70 ans, en faisant des exercices de respiration, les yeux clos. La main sur le coeur, dans un exercice de sincérité, ils réfléchissent ensuite aux violences qu’ils exercent envers les femmes et la conscience qu’ils en ont.

Au Mexique, où dix femmes sont assassinées chaque jour, de plus en plus d’hommes remettent en question le machisme dominant. L’association Gendes (Genre et développement), fondée en 2009, propose des sessions pour aider ces hommes à se départir de leurs comportements violents.

« Je n’ai jamais été violent physiquement envers une femme, mais je l’ai été sous d’autres formes : psychologiquement, verbalement et sexuellement, parce que j’ai parfois été infidèle. Je le reconnais et je veux changer », raconte Jaime, un architecte de 63 ans qui refuse de décliner son nom.

Jaime a décidé de se rendre à ces sessions sur la recommandation de sa compagne après avoir traversé une crise conjugale.

« La masculinité a toujours été associée à la violence, la domination, la force. Mais actuellement, les choses changent. De nouvelles masculinités émergent qui promeuvent l’égalité entre hommes et femmes », explique Mauro Vargas, psychothérapeute et directeur de Gendes.

A travers les 1.200 sessions que l’association organise chaque année à Mexico, le praticien veut d’abord que les hommes comprennent les différents types de violences contre les femmes : sexuelle, physique, économique, verbale voire numérique.

La question de la violence de genre et des féminicides a surgi au centre du débat au Mexique ces deux dernières années avec de nombreuses manifestations contre l’inefficacité des institutions face aux violences machistes.

Les deux meurtres récents, particulièrement odieux, d’une femme et d’une fillette, ont remobilisé les féministes, qui ont une nouvelle fois critiqué les lacunes de la police, de la justice, et d’un gouvernement complètement dépassé, malgré les espoirs suscités en 2018 par l’arrivée au pouvoir pour la première fois d’un président de gauche, Andres Manuel Lopez Obrador.

– Désapprendre –

Pour Mauro Vargas, des comportements comme le harcèlement de rue, les groupes WhatsApp où sont partagées des photos de femmes nues ou des commentaires sexistes sur les collègues de travail, perpétuent des schémas d’inégalité qui culminent dans des actes de violence machiste.

Lors des sessions de thérapie, les hommes « désapprennent ce que la société leur a appris dans un environnement machiste et misogyne », explique-t-il.

Sans qu’il soit possible de les comptabiliser, ce type de sessions ou de groupes qui explorent de nouvelles formes de masculinité se multiplient à Mexico, avec le souhait de rompre avec la culture patriarcale.

Dans des galeries d’art, des librairies, des hommes, informés le plus souvent par les réseaux sociaux, se réunissent spontanément pour débattre de leur rôle face aux revendications des féministes.

Le machisme n’est pas une maladie, sinon une « décision culturelle », rappelle Arturo Reyes, un psychologue de 29 ans qui travaille à Gendes. « Un macho en voie de rééducation est un homme en déconstruction », ajoute-t-il.

Les participants aux sessions le savent et luttent pour reconnaître et modifier leurs attitudes machistes, très enracinées, voire célébrées, dans la société mexicaine.

Dans la salle de thérapie, les hommes fixent le sol, puis lèvent la tête, reprennent leur force pour partager leur expérience.

Un homme avoue nerveusement avoir battu son fils.

Pour Arturo Reyes, la plus grande satisfaction vient quand, à la fin de la thérapie, l’un d’eux l’embrasse et lui dit : « Grâce à ces séances, ma femme et mes enfants peuvent maintenant m’approcher sans crainte ».

A l’assaut de la mairie de Londres, Rory Stewart s’invite sur le canapé des habitants

Pour conquérir la mairie de Londres en mai, l’ex-ministre conservateur Rory Stewart n’hésite pas à payer de sa personne: il arpente la capitale britannique à pied et dort sur le canapé des Londoniens pour mieux comprendre leurs problèmes.

Il y a vingt ans, cet ancien diplomate de 47 ans avait déjà adopté cette approche peu conventionnelle quand il avait traversé l’Afghanistan à pied.

« Tous les changements commencent lorsque vous posez les pieds sur terre », a-t-il confié à l’AFP en marchant dans Highgate, un quartier arboré du nord de Londres.

Son parcours est aussi original que sa campagne. Ancien soldat, Rory Stewart a été diplomate en Indonésie, dans les Balkans et en Irak. Il a dirigé une association caritative à Kaboul et est aussi un écrivain à succès, grâce à son livre sur sa traversée solitaire de l’Afghanistan.

Du fait de ses voyages à travers le monde, certains lui ont prêté une activité d’espion, comme son père. Ce que l’intéressé dit ne pas pouvoir confirmer.

De retour au Royaume-Uni, le globe-trotteur s’est lancé en politique, devenant député conservateur puis ministre, avant de défier Boris Johnson, l’été dernier, dans la course pour prendre la tête des Tories.

Il a échoué puis a été expulsé de son parti pour avoir contesté la stratégie du Premier ministre sur le Brexit. Il souhaite désormais ravir au travailliste Sadiq Khan la mairie de Londres en mai, se présentant comme candidat indépendant.

« Si vous me demandez si je préfère être Premier ministre ou maire, je préfère de loin être maire », a assuré Rory Stewart, se réchauffant avec une tasse de thé.

– « Les gens se confient » –

Compétent en matière de transports, de logement, de développement économique ou de qualité de l’air, le maire de Londres dispose d’un budget de 18 milliards de livres (20 milliards d’euros).

Il a « un énorme potentiel pour changer les choses », insiste Rory Stewart auprès d’un groupe de jeunes volontaires qui l’ont rejoint pour faire campagne.

Il se filme durant ses promenades et partage ses observations – souvent liées au manque d’arbres – dans des vidéos qui ont fait de lui une sorte de star sur les réseaux sociaux.

Mais il s’est aussi attiré des critiques avec sa campagne #ComeKipWithMe (#VenezRoupillerAvecMoi), dans laquelle il propose aux Londoniens de venir dormir chez eux pour partager leur quotidien, « sur le sol ou un canapé », « dans un logement social ou une péniche ». Certains y voient une forme de tourisme de la misère.

Pour Rory Steward, qui a vécu toute sa vie au Royaume-Uni dans la même maison du quartier londonien huppé de South Kensington, cette démarche lui procure au contraire un aperçu inestimable.

Il a récemment dormi dans un foyer pour sans-abri avec dix autres hommes qui lui ont confié leurs problèmes d’addiction ou de santé mentale.

« En rendant mon lit à six heures du matin, en parlant avec eux de la façon dont ils en étaient arrivés là, j’ai découvert des choses que je n’aurais jamais pu découvrir lors d’une réunion politique, plus formelle », a-t-il expliqué à l’AFP.

Marié et père de deux enfants, il ne compte pas s’arrêter même s’il est élu. « Vous parlez (aux gens) durant la soirée, vous vous réveillez, vous partagez une tasse de thé le matin. Et les gens se confient d’une façon très différente que si vous frappez simplement à leur porte. »

– « Pas un conservateur » –

Le prix des logements, la question des sans-abri et la criminalité endémique, avec une forte hausse des attaques au couteau, figurent parmi les principaux enjeux de la campagne.

Une jeune femme approche Rory Stewart et lui confie ne plus se sentir en sécurité lorsqu’elle sort seule. Le candidat promet de tripler le nombre de policiers locaux et de démissionner s’il ne parvient pas à réduire les crimes violents sous deux ans.

Mais son passé de conservateur pourrait lui porter préjudice: c’est en effet sous les tories, au pouvoir depuis dix ans, que les effectifs policiers ont été fortement réduits dans un contexte d’austérité.

« Je ne suis pas un conservateur », martèle désormais celui qui ne veut pas s’aliéner les habitants d’une ville majoritairement pro-européenne et multiculturelle. « Je suis un indépendant. Je ne suis pas vraiment un professionnel de la politique ».

Mais sans l’appui financier et la force de frappe d’un parti, ses chances de l’emporter sont minces. Le sondage le plus récent, réalisé en novembre, plaçaient Rory Stewart en troisième position, après Sadiq Khan et le candidat conservateur Shaun Bailey.

La France autorise l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso

Le gouvernement français a autorisé l’extradition de François Compaoré vers le Burkina Faso, où ce frère de l’ancien président déchu est mis en cause dans l’enquête sur l’assassinat en 1998 d’un journaliste, a appris jeudi l’AFP auprès de Matignon.

Le décret d’extradition du frère cadet de Blaise Compaoré, chassé par la rue après 27 ans au pouvoir fin octobre 2014, a été signé par le Premier ministre Edouard Philippe, selon cette source. Il doit encore être publié au Journal officiel.

Contacté par l’AFP, l’avocat de M. Compaoré, Me Pierre-Olivier Sur, a refusé de faire tout commentaire pour l’heure.

Ce décret reste susceptible d’un recours devant le Conseil d’Etat.

En juin 2019, la Cour de Cassation avait rejeté le pourvoi de M. Compaoré contre son extradition vers Ouagadougou, où le dossier Zongo, classé en 2003 après un « non-lieu » en faveur du seul inculpé, a été rouvert à la faveur de la chute de son frère, Blaise Compaoré.

Journaliste d’investigation reconnu et directeur de l’hebdomadaire « L’Indépendant », Norbert Zongo avait été assassiné le 13 décembre 1998, alors qu’il enquêtait sur le meurtre du chauffeur de François Compaoré. Sa mort avait provoqué une profonde crise politique au « pays des hommes intègres ».

Le journaliste, âgé de 49 ans, auteur de plusieurs enquêtes retentissantes dénonçant une mauvaise gouvernance sous le régime Compaoré, avait été tué avec trois de ses compagnons. Les quatre dépouilles avaient été retrouvées calcinées dans le sud du Burkina Faso.

François Compaoré avait été arrêté à l’aéroport de Roissy en octobre 2017, en exécution d’un mandat d’arrêt émis par les autorités de Ouagadougou.

Mais à ce jour, il n’est pas inculpé dans son pays, à la différence de trois ex-soldats du Régiment de sécurité présidentielle (RSP), l’ancienne garde prétorienne de Blaise Compaoré.

« C’est un tournant décisif qui vient d’être franchi dans la quête de la justice et la manifestation de la vérité sur cette affaire qui n’a que trop durer », a réagi Guy Zongo, fils aîné de Norbert Zongo.

« C’est une autre étape importante de franchie et nous nous réjouissons que cela se passe dans le bon sens et selon les accords qui existent entre les deux pays », a-t-il dit à l’AFP.

« Même si ce n’est pas aujourd’hui qu’il sera extradé puisque le décret peut faire l’objet d’un recours, tôt ou tard justice sera rendue. Nous sommes sereins sur cette fin inéluctable. Nous espérons que les choses se fassent en respect des procédures et nous avons espoir de voir enfin cette extradition se faire », a-t-il conclu.

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Macron salue « la décision historique » de Ouattara de ne pas se représenter

Emmanuel Macron a salué jeudi la « décision historique » du président ivoirien Alassane Ouattara de ne pas se présenter pour un troisième mandat à l’élection présidentielle en octobre.

« Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple », a réagi le président français dans un tweet.

Le chef de l’Etat ivoirien, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant son intention de ne pas être candidat et « de transférer le pouvoir à une jeune génération ».

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Au cours de la visite d’Emmanuel Macron à Abidjan en décembre, la question du contexte délicat de la prochaine élection présidentielle avait été évoquée. Le président français s’était déclaré « confiant dans la volonté et la capacité du peuple ivoirien à franchir dans la paix, cette étape importante pour la démocratie ivoirienne ».

Ce scrutin se déroulera dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

Jill Biden, atout et garde du corps improvisé de « Joe » dans la présidentielle américaine

Sans hésiter, l’air déterminé, Jill Biden a repoussé une militante qui se précipitait vers son époux lors d’un meeting. Une image forte qui traduit bien le rôle central qu’elle occupe dans la campagne de l’ancien vice-président démocrate Joe Biden pour la présidentielle américaine.

A 68 ans, l’élégante silhouette de cette enseignante souriante ne semblait pas la prédisposer à tacler des manifestantes, lors de ce discours à Los Angeles après les victoires spectaculaires de l’ancien vice-président dans les primaires démocrates

Mais son geste n’a pas eu l’air de surprendre Joe Biden, 77 ans, qui a ensuite plaisanté sur le fait qu’il ne valait mieux pas « chercher des noises » à sa compagne depuis plus de quarante ans.

« Je suis sûrement le seul candidat à la présidentielle dont la femme est du +Service secret+ », le nom du service de protection des personnalités aux Etats-Unis, s’est-il amusé au lendemain de l’incident.

A son entrée en campagne au printemps dernier, Joe Biden avait donné le ton, en démarrant son premier discours avec cette phrase rendant hommage à la popularité de son épouse.

« Je m’appelle Joe Biden et je suis le mari de Jill Biden ».

Il la répète depuis sans relâche et Jill Biden a pris une place centrale dans sa campagne.

Rendue célèbre par ses huit ans passés à ses côtés quand il était le bras droit de Barack Obama, elle sillonne les Etats-Unis pour ses propres évènements avec une vigueur qui semble parfois dépasser celle de son époux.

Dans ces rencontres, elle présente Joe Biden comme le candidat le plus à même de rassembler non seulement les démocrates modérés mais aussi des indépendants et républicains déçus par le président Donald Trump.

C’est d’ailleurs à cette occasion qu’elle a commis un rare faux pas, en août 2019, en appelant des électeurs démocrates à « avaler un peu » la pilule pour voter pour lui.

« Alors d’accord, votre candidat est peut-être meilleur sur, par exemple, la santé que Joe mais vous devez penser surtout à qui peut gagner cette élection » présidentielle en novembre, avait-elle déclaré dans des commentaires controversés.

Mais sa pétulante présence en campagne est surtout un avantage, selon Katherine Jellison, professeur spécialiste en histoire des femmes américaines à l’université de l’Ohio.

« Le fait qu’elle ait accompli des choses impressionnantes sur le plan professionnel tout en présentant une personnalité très chaleureuse et amicale en fait une épouse politique idéale au 21e siècle », dans un pays où il est habituel que les conjoints soient impliqués dans les campagnes, souligne-t-elle.

Jill Biden avait interrompu sa carrière lorsqu’elle avait eu leur fille, Ashley, en 1981, mais avait ensuite repris les études pour décrocher un doctorat en éducation. Elle enseigne toujours dans une université.

« Hillary Clinton et Michelle Obama aussi avaient occupé un rôle de premier plan dans la campagne de leurs époux, mais il est difficile de trouver un conjoint qui ait été plus au coeur d’une campagne présidentielle », ajoute Katherine Jellison.

– « Redonné la vie » –

Après des premiers résultats décevants qui, pour beaucoup, signaient sa mort politique, Joe Biden vient d’opérer un spectaculaire retour lors du « Super Tuesday » vers le statut de favori des primaires démocrates.

Et c’est main dans la main que Jill et Joe Biden étaient montés mardi soir sur scène pour fêter ces victoires.

« C’est comme cela que nous avons toujours fonctionné. J’ai fait campagne dans toutes ses élections », avait-elle récemment confié à CNN.

Sénateur pendant 36 ans, puis vice-président de 2009 à 2017, Joe Biden en est à sa troisième campagne présidentielle.

Jill Biden se montre particulièrement protectrice cette fois, peut-être en réaction à l’avalanche de critiques déversées par Donald Trump contre son époux.

Dès février, Jill Biden avait démontré qu’elle était prête à défendre physiquement son époux, en repoussant un manifestant qui s’approchait du candidat, dans le New Hampshire.

Joe et Jill Biden se sont mariés en 1977, cinq ans après l’accident tragique qui avait emporté la première épouse du sénateur et leur fillette.

Encore petits, ses deux fils survivants, Beau et Hunter, lui avaient eux-mêmes suggéré d’épouser Jill quelques années plus tard, a raconté Joe Biden dans des mémoires, où il avait écrit:

« Elle m’a redonné la vie ».

Macron salue « la décision historique » de Ouattara de ne pas se représenter

Emmanuel Macron a salué jeudi la « décision historique » du président ivoirien Alassane Ouattara de ne pas se présenter pour un troisième mandat à l’élection présidentielle en octobre.

« Je salue la décision historique du président Ouattara, homme de parole et homme d’État, de ne pas se présenter à la prochaine élection présidentielle. Ce soir, la Côte d’Ivoire donne l’exemple », a réagi le président français dans un tweet.

Le chef de l’Etat ivoirien, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant son intention de ne pas être candidat et « de transférer le pouvoir à une jeune génération ».

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Au cours de la visite d’Emmanuel Macron à Abidjan en décembre, la question du contexte délicat de la prochaine élection présidentielle avait été évoquée. Le président français s’était déclaré « confiant dans la volonté et la capacité du peuple ivoirien à franchir dans la paix, cette étape importante pour la démocratie ivoirienne ».

Ce scrutin se déroulera dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

Ouattara, un économiste au coeur des convulsions ivoiriennes

Alassane Dramane Ouattara entend laisser l’image d’un économiste bâtisseur, qui a pacifié la Côte d’Ivoire après une longue crise meurtrière, en annonçant son départ du pouvoir à l’issue de son second mandat fin 2020.

« Je n’ai certainement pas tout réussi, mais les résultats sont là (…). J’ai donné le meilleur de moi-même », a affirmé Alassane Ouattara jeudi, dans le cadre solennel de la réunion du Sénat et de l’Assemblée nationale en congrès à Yamoussoukro.

Lors de son discours, véritable bilan de ses dix années au pouvoir, « Ado », 78 ans, a assuré avoir hérité d’un pays « en lambeaux », et s’est targué d’avoir « ramené la paix et la sécurité » et « remis le pays au travail ».

Le président Laurent Gbagbo ayant refusé de reconnaître sa défaite dans les urnes, Alassane Ouattara était arrivé au pouvoir par les armes, grâce au soutien de l’armée française, ancienne puissance coloniale, et de la rébellion du Nord.

Il avait hérité d’un pays scindé en deux depuis 2002, aux tensions intercommunautaires à fleur de peau, à l’économie minée par les violences et les sanctions internationales.

Cet ancien haut dirigeant du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’Ouest (BCEAO) a su pendant ses dix ans à la présidence jouer de ses relations avec les Occidentaux et les bailleurs de fonds pour attirer à nouveau capitaux et investisseurs.

Alassane Ouattara a ainsi transformé la Côte d’Ivoire, menant notamment une ambitieuse politique de grands travaux.

« 80% de la population a accès à l’eau potable contre 55% en 2011 », a souligné jeudi le chef d’Etat, égrenant ses réalisations: « 40.000 km de route, 22 ponts, 7 universités 33.000 classes, 27 collèges et lycées, 10 nouveaux hôpitaux… ».

– Image de technocrate –

Mais ses détracteurs critiquent un « technocrate international sans âme », sans volonté sociale et ayant instrumentalisé la justice contre ses opposants.

Si la croissance économique est au rendez-vous, avec une moyenne de 8% depuis 2012, l’émigration clandestine vers l’Europe connaît ces dernières années une ampleur jamais vue.

Alassane Ouattara est aussi loin d’avoir jugulé la corruption, pourtant l’une de ses promesses de campagne.

Surtout, la question de la réconciliation reste posée, alors que la Cour pénale internationale (CPI) a acquitté Laurent Gbagbo, ouvrant la voie à un possible retour en Côte d’Ivoire si l’appel du parquet est rejeté.

« Entre les arrestations politiques des derniers mois et la possibilité qu’il se représente, les Occidentaux lui ont reproché de dériver vers la dictature…. Il a été surpris, vexé même. Persuadé que toutes ses décisions sont bonnes », soulignait fin janvier une source proche du pouvoir.

Né le 1er janvier 1942 à Dimbokro (centre), Alassane Ouattara a accompli la majorité de sa scolarité au Burkina Faso voisin.

Issu du nord du pays majoritairement musulman, il a longtemps été le symbole de la crise identitaire qui a déchiré la Côte d’Ivoire.

– « Ivoirité » –

Marié à une Française, il entre en 1968 au FMI et devient en 1983 vice-gouverneur de la BCEAO, dont il sera plus tard gouverneur.

En 1990, il est nommé Premier ministre par le président Félix Houphouët-Boigny, fonction qu’il exerce jusqu’à la mort du « Vieux » en 1993.

Redoutant ses ambitions, le camp du nouveau président Henri Konan Bédié tente de prouver l’inéligibilité de Ouattara, accusé d’être d’origine burkinabè. Commence ainsi un débat empoisonné sur l' »ivoirité », un concept nationaliste qui a participé à la montée des tensions communautaires.

Lors de la présidentielle de 2000, la candidature de Ouattara est ainsi rejetée pour « nationalité douteuse ».

Après un putsch manqué en 2002, la partition de la Côte d’Ivoire s’impose avec un sud tenu par le camp du président Laurent Gbagbo et un nord rebelle pro-Ouattara.

Sous la pression internationale, Laurent Gbagbo valide en 2005 la candidature Ouattara à la présidentielle, scrutin reporté jusqu’en novembre 2010 et suivi d’une crise qui fera plus de 3.000 morts.

Une offensive finale permet à « Ado » d’accéder au pouvoir le 11 avril 2011. Sa réélection triomphale en 2015 – plus de 83% des voix au premier tour – met fin à l’incessant débat sur sa légitimité.

En annonçant qu’il ne briguerait pas un troisième mandat controversé en 2020, il veut laisser l’image de l’homme qui a permis au pays de tourner la page de la crise. Son souhait ne sera exaucé que si la présidentielle d’octobre se déroule sans heurt, alors que des tensions demeurent dans le pays.

Migrants: la Grèce accusée de recourir à la manière forte

Refoulement en Turquie, utilisation de gaz lacrymogènes, confiscation de biens: la Grèce est accusée de recourir à la manière forte avec les migrants qui tentent d’entrer en Europe, et Ankara lui attribue même la mort de trois personnes.

« Des soldats grecs (…) nous ont pris notre argent, nos téléphones. Il est arrivé la même chose à nos amis », raconte Resul,un jeune Afghan, rencontré par l’AFP le long de la longue frontière terrestre qui sépare la Turquie et la Grèce sur plus de 200 km.

D’autres candidats malheureux à l’exil rencontrés sur les routes affirment qu’ils ont été rossés par les forces de l’ordre grecques, déjà montrées du doigt pour avoir utilisé des gaz lacrymogènes aux ogives potentiellement mortelles en cas de tir tendu sur une personne.

Depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a ordonné l’ouverture des frontières pour laisser passer les migrants désireux de se rendre dans l’Union européenne, Athènes a complètement fermé sa frontière terrestre tout en déployant des forces le long du fleuve Evros.

Les pratiques présumées de « push-back », qui consistent à repousser les personnes qui voudraient entrer sur un territoire sont dénoncées par plusieurs organisations internationales et des ONG, qui reprochent également au gouvernement grec de contrevenir au droit international et européen en décidant de suspendre les demandes d’asile pendant un mois.

– Etat de siège –

De source gouvernementale grecque, on assure qu' »il n’y a pas de refoulements ». Le gouvernement « empêche l’entrée (sur son territoire ndlr), c’est tout à fait différent », a déclaré cette source à l’AFP.

Parmi les mesures décidées par le conseil gouvernemental de sécurité nationale détaillées dans un acte législatif, figurent « l’arrestation, le transfert dans des centres de détention et le retour immédiat, si c’est possible dans leur pays d’origine, de tous ceux qui entrent illégalement dans le territoire grec ».

« Le principe fondamental de non-refoulement » stipule que « personne ne peut être renvoyé dans un pays où sa vie ou sa liberté seraient en péril », a souligné mardi Stella Nanou, la responsable de l’Agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) en Grèce, lors d’une visite au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule côté turc).

L’ONG allemande de défense des droits des réfugiés Pro Asyl a elle aussi tancé les autorités grecques, jugeant « illégaux » les renvois vers la Turquie « sans que les procédures d’asile n’aient été enclenchées ».

A la frontière, la région reculée de terres agricoles et de villages assoupis offre le spectacle d’une zone en état de siège: camions militaires et véhicules de police quadrillent la zone du nord au sud et d’est en ouest.

La Turquie accuse aussi les gardes-frontières grecs d’avoir tué trois migrants lors de heurts à la frontière, ce qu’Athènes a fermement démenti, rejetant des « fausses informations ».

– Chaussures et téléphones portables –

Des journalistes de l’AFP ont vu le long de la frontière des soldats grecs cagoulés embarquant des migrants dans des véhicules militaires. Certains réfugiés se trouvaient aussi à bord de fourgonnettes sans plaques d’immatriculation.

Les policiers et les militaires ont systématiquement refusé d’indiquer la destination de ces personnes interpellées.

« On les livre à la justice pour entrée illégale sur le territoire », se contente d’indiquer à l’AFP un policier qui refuse de décliner son identité, à Tychero, un bourg collé à la frontière.

Des forces de l’ordre grecques sont également soupçonnées d’avoir dépouillé des réfugiés de leurs effets personnels.

A Tychero, des paires de chaussures souillées de boue sont entassées à côté de l’entrée du poste de police, ainsi que des téléphones portables. De l’autre côté de la frontière, des migrants marchent pieds nus et affirment que les policiers grecs leur ont pris leurs chaussures.

Quand ils parviennent à entrer en Grèce, les migrants sont livrés à eux-mêmes. A la différence des îles de la mer Egée, aucune organisation humanitaire n’est déployée dans cette vaste région.

Un temps favorite, Elizabeth Warren abandonne la course à la Maison Blanche

Elle était la dernière femme pouvant encore peser dans la course à l’investiture démocrate. La sénatrice Elizabeth Warren a décidé d’abandonner la course à la Maison Blanche après une série de défaites cuisantes dans les premières étapes des primaires, confirmant le grand duel entre Bernie Sanders et Joe Biden.

« Je veux que vous l’entendiez de moi: je suspends aujourd’hui ma campagne présidentielle », a-t-elle indiqué jeudi par téléphone à son équipe de campagne selon un texte publié en ligne, sans indiquer si elle avait décidé de soutenir un autre candidat.

A 70 ans, la progressiste avait grimpé jusqu’au sommet des sondages à l’automne avant de retomber.

Elle n’a pas réussi à arriver en tête dans une seule de la vingtaine de primaires démocrates organisées à ce jour, essuyant des défaites particulièrement humiliantes dans l’Etat du Massachusetts qu’elle représente au Sénat et dans celui où elle a grandi, l’Oklahoma.

Elizabeth Warren doit s’exprimer devant la presse depuis le Massachusetts à 12H30 (17H30 GMT).

La sénatrice d’ordinaire combative était restée très silencieuse depuis la « super » journée électorale de mardi.

– Soutien courtisé –

« Le combat va peut-être prendre une nouvelle forme aujourd’hui, mais je ferai partie de ce combat, et je vous veux dans ce combat avec moi », a-t-elle indiqué jeudi à son équipe de campagne.

Le soutien de cette ancienne professeure en droit, pourfendeuse de Wall Street, qui dispose d’un grand réseau de volontaires et partisans très motivés, est désormais très courtisé.

La question est de savoir si elle donnera ou non ce soutien à l’un des deux candidats restants en mesure de remporter l’investiture: Bernie Sanders, avec lequel elle partage beaucoup d’idées marquées très à gauche, ou l’ex-président modéré Joe Biden, qui a récupéré sa position de favori ces derniers jours.

« La sénatrice Elizabeth Warren est la combattante la plus farouche pour les familles de la classe moyenne », a salué Joe Biden sur Twitter après l’annonce de son retrait. « Son travail à Washington, dans le Massachusetts, et sur le terrain de campagne a fait une réelle différence dans la vie des gens. Nous avions besoin de sa voix dans cette course. »

Elizabeth Warren avait été la première des grands candidats à entrer dans la course à la Maison Blanche, dès décembre 2018.

« Rêvons en grand, battons-nous fort, à nous de gagner! »: la foule, d’abord quelques centaines, puis des milliers, reprenait en coeur son cri de ralliement à travers les Etats-Unis.

Combative, très disciplinée dans sa campagne, elle se targuait d’avoir « un projet » pour toutes les grandes questions et espérait pouvoir rassembler les ailes gauche et plus centriste du parti.

Ancienne électrice républicaine, née de parents modestes, Elizabeth Warren a été visée sans relâche par les piques de républicains, Donald Trump en tête, sur les origines amérindiennes qu’elle a longtemps revendiquées et qui se sont révélées être en fait très diluées.

Le président républicain a d’ailleurs commenté rapidement son départ en employant de nouveau les sobriquets qu’il aime distribuer.

« Elizabeth +Pocahontas+ Warren, qui n’allait nulle part (…), vient juste de quitter la primaire démocrate… trois jours trop tard », a-t-il tweeté en affirmant qu’elle avait empêché ainsi Bernie Sanders de remporter plusieurs Etats.

Elle était la dernière femme figurant parmi les candidats favoris dans les primaires démocrates, dans une course qui avait pourtant débuté avec une diversité record chez les candidats.

-Sexisme? –

« Ce cycle électoral en particulier a soulevé des questions très légitimes sur les défis auxquels sont confrontés les femmes qui se présentent à la présidence des États-Unis », n’a pas manqué de pointer la sénatrice Kamala Harris, elle aussi ex-candidate à l’investiture démocrate.

Le sexisme a pesé sur la candidature de Mme Warren, estime aussi Jessica Valenti, une auteure féministe.

La première explication des commentateurs pour ses défaites va « probablement porter sur les craintes concernant sa capacité à être élue » face à M. Trump, écrivait-elle mercredi sur le site Medium. « Ne me dites pas que cela n’a rien à voir avec du sexisme. J’ai passé l’âge ».

D’autres affirment que ses attaques contre le milliardaire Michael Bloomberg lors des débats ont aussi pu lui coûter, certains la percevant comme « agressive » ou « méchante », ce qui n’aurait pas été le cas avec un homme.

« Je peux citer un milliardaire qui a été empêché d’acheter cette élection », s’est-elle pourtant targuée jeudi à ce sujet auprès de son équipe de campagne.

Afghanistan: Washington tente de maintenir le processus de paix sur les rails

Les Etats-Unis ont appelé jeudi à mettre fin « immédiatement » au « regain de violence » en Afghanistan qui a suivi la signature d’un accord historique avec les talibans, et à surmonter les obstacles pour l’ouverture de négociations de paix interafghanes.

Malgré la détérioration de la situation, le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo a réaffirmé sa confiance dans les chefs du groupe islamiste chassé du pouvoir à Kaboul en 2001 par Washington pour avoir refusé de rompre avec Al-Qaïda après les attentats du 11-Septembre.

« Nous pensons toujours que les dirigeants des talibans travaillent pour tenir leurs engagements », a-t-il dit lors d’une conférence de presse au département d’Etat, quatre jours après avoir assisté à la signature de l’accord de Doha et à cinq jours du début théorique de négociations directes inédites entre les rebelles et le gouvernement afghan.

Ce texte prévoit que les forces américaines et étrangères entament immédiatement leur retrait progressif, et que le dernier soldat quitte l’Afghanistan dans les 14 mois — à condition que les talibans tiennent leurs engagements en matière contreterroriste et que le dialogue interafghan progresse.

Pour autant, Mike Pompeo n’a pas nié la multiplication des attaques talibanes, qui ont poussé les Etats-Unis à mener une frappe aérienne contre les insurgés.

« Le regain de violence dans certaines parties de l’Afghanistan ces derniers jours est inacceptable », a protesté le secrétaire d’Etat. « La violence doit être réduite immédiatement pour que le processus de paix puisse aller de l’avant », a-t-il martelé.

Après une semaine de « réduction de la violence » globalement respectée préalablement à l’accord finalement signé samedi, les talibans ont repris leurs attaques contre les forces afghanes.

Les diplomates américains espéraient pourtant que cette trêve partielle perdurerait dans l’attente de l’ouverture, prévue le 10 mars probablement à Oslo, des négociations interafghanes, censées permettre de la transformer en cessez-le-feu permanent.

– « Echanges de prisonniers » –

Entre la signature et le 10 mars, « la réduction de la violence reste en vigueur », assurait ainsi un haut responsable américain la semaine dernière.

Mais dès lundi, les talibans ont annoncé la reprise des offensives contre les forces afghanes, tout en confirmant la trêve partielle avec l’armée américaine. Kaboul a ainsi dénombré mercredi 30 attaques talibanes sur les 24 heures précédentes, qui ont tué quatre civils et onze membres de forces de sécurité.

Les Etats-Unis savaient à l’avance « que le chemin serait semé embûches », a tenté de relativiser Mike Pompeo. Il a fait écho au secrétaire général de l’Otan Jens Stoltenberg qui avait prévenu mercredi dans un entretien avec l’AFP que le processus serait « long et difficile », ponctué par des « déceptions ».

Washington est donc à la manoeuvre pour lever les obstacles un à un et éviter que ce processus de paix déraille. Et pour cause: cela empêcherait à Donald Trump, déjà en campagne pour sa réélection à la présidentielle de novembre, de tenir une de ses promesses phares, le retrait des forces américaines et la fin de la plus longue guerre de l’histoire des Etats-Unis après 18 ans de combats.

Fait exceptionnel, et impensable encore récemment, le président des Etats-Unis s’est personnellement entretenu mardi au téléphone avec le chef politique des talibans, Abdul Ghani Baradar, et a même vanté sa « bonne relation avec le mollah ».

Au-delà de la violence, le principal obstacle au dialogue interaghan est, dans l’immédiat, la libération de prisonniers prévue par l’accord entre les Américains et les talibans. Le texte prévoit, d’ici au 10 mars, un échange de prisonniers pouvant concerner jusqu’à 5.000 rebelles détenus par Kaboul et jusqu’à 1.000 détenus du camp adverse aux mains des insurgés.

Mais le président afghan Ashraf Ghani, dont le gouvernement a été tenu à l’écart des pourparlers de Doha, a rejeté dès dimanche toute libération de prisonniers avant même de s’asseoir à la table des négociations avec les talibans.

« Ce sont des documents âprement négociés: toutes les parties savent qu’il est temps de procéder aux échanges de prisonniers », a répondu le secrétaire d’Etat américain, appelant « toutes les parties à cesser de gesticuler ».

Il a précisé que son émissaire pour l’Afghanistan Zalmay Khalilzad était jeudi à Kaboul pour tenter de surmonter ces obstacles.

Un premier cas de coronavirus confirmé en Afrique du Sud

L’Afrique du Sud a annoncé jeudi avoir identifié un premier cas du nouveau coronavirus sur son territoire, un homme de 38 ans qui a récemment séjourné en Italie.

Cet homme et son épouse faisaient partie d’un groupe de dix personnes qui est rentré en Afrique du Sud dimanche, a précisé le ministre de la Santé Zweli Mkhize.

A son arrivée sur le territoire sud-africain, cet individu, dont la nationalité n’a pas été précisée, ne présentait pas de symptômes, selon le ministre. Mais mardi, il a consulté un médecin généraliste dans la province du KwaZulu-Natal (nord-est) à cause de fièvre, maux de tête, maux de gorge et toux.

Les tests ont révélé qu’il était porteur du nouveau coronavirus. Il s’agit du premier cas connu en Afrique australe. Après le Nigeria et le Sénégal, le pays est le troisième en Afrique subsaharienne à enregistrer un cas sur son sol.

Actuellement hospitalisé, « le patient est à l’isolement depuis le 3 mars », a ajouté le ministre en précisant que son médecin l’était également.

« Nous ne sommes qu’au début de tout ça », a prévenu le président Cyril Ramaphosa, appelant cependant la population à « ne pas paniquer ».

« Cela va se transformer en crise nationale et nous avons besoin de continuer d’informer la population. Cela va avoir un énorme impact sur de nombreuses choses », notamment les transports et l’économie qui est « dans une situation très précaire », a-t-il ajouté devant la presse.

L’Afrique du Sud, première puissance industrielle du continent, vient de replonger dans la récession, la deuxième depuis 2018.

Le pays doit évacuer dans les prochains jours quelque 180 de ses ressortissants de la ville chinoise de Wuhan, l’épicentre de l’épidémie de coronavirus.

Aucun d’entre eux n’a été officiellement contaminé mais ils seront placés en quarantaine pendant trois semaines à leur arrivée en Afrique du Sud, selon les autorités.

Avant l’annonce de ce premier cas local, seuls deux citoyens sud-africains, membres d’équipage du navire de croisière placés en quarantaine au Japon, ont été contaminés par le coronavirus, selon Pretoria. Ils sont désormais considérés comme guéris et doivent rentrer prochainement en Afrique du Sud.

A l’échelle mondiale, près de 100.000 cas connus ou avérés de nouveau coronavirus ont été enregistrés depuis le début de l’épidémie, dont 3.300 décès, dans plus de 80 pays et territoires, selon un décompte de l’AFP.

Les principaux pays touchés sont la Chine continentale, la Corée du Sud, l’Italie et l’Iran.

Algérie/corruption: peines sévères requises en appel contre d’ex- dirigeants

La justice algérienne a requis jeudi de lourdes peines de prison à l’encontre d’anciens hauts dirigeants politiques, dont deux ex-Premiers ministres, et d’hommes d’affaires jugés pour corruption par la cour d’appel d’Alger.

Au coeur de ce procès figurent un scandale majeur dans l’industrie du montage automobile et, au delà, le financement illégal de la campagne électorale pour le cinquième mandat présidentiel d’Abdelaziz Bouteflika, poussé en avril 2019 à la démission sous la pression d’un mouvement de contestation inédit dans le pays.

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 que sont jugés des dirigeants de ce rang. Il s’agit en outre du premier procès consécutif aux enquêtes lancées après la démission d’Abdelaziz Bouteflika.

Comme au procès en première instance en décembre, le procureur a réclamé 20 ans de prison ferme contre les deux principaux inculpés, Ahmed Ouyahia et Abdelmalek Sellal, ex-chefs de gouvernement de M. Bouteflika, ainsi qu’une peine de 15 ans de prison ferme contre deux ex-ministres de l’Industrie, Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi, selon un journaliste de l’AFP sur place.

Il a en outre requis 10 ans de prison ferme contre Ali Haddad, ex-président de la principale organisation patronale algérienne FCE et PDG du n°1 privé du BTP, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes électorales de M. Bouteflika.

Et 10 ans contre deux autres hommes d’affaires, Ahmed Mazouz et l’ex-vice-président du FCE, Mohamed Baïri, tous deux propriétaires d’usines de montage de véhicules.

Le procureur a réclamé la confiscation de l’ensemble des biens des accusés, qui étaient présents au tribunal.

Depuis dimanche, au total une vingtaine de personnalités -ex-responsables politiques, puissants patrons et hauts fonctionnaires- sont jugées en appel.

Ces personnalités sont poursuivies pour le financement « occulte » de la dernière campagne électorale de M. Bouteflika, début 2019, et pour favoritisme dans l’industrie automobile via des partenariats entre marques étrangères et grands groupes algériens, souvent propriétés d’hommes d’affaires liés à l’entourage de l’ex-président.

Les groupes agréés par les autorités ont bénéficié d’importantes subventions et de substantiels avantages fiscaux, malgré un cahier des charges rarement respecté.

« Les usines de montage sont des ateliers de gonflage de pneus tandis que de simples commerçants sont devenus des industriels », a accusé le représentant du ministère public dans son réquisitoire.

En première instance, M. Ouyahia, 67 ans avait écopé de 15 ans de prison, et M. Sellal, 71 ans, de 12 ans. Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi avaient été condamnés à 10 ans d’emprisonnement et l’industriel Ali Haddad à sept ans.

Les principaux accusés ont rejeté les charge retenues contre eux.

Cinq accusés en fuite ont été condamnés par contumace et ne sont pas rejugés.

Le président ivoirien Alassane Ouattara va passer la main

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a créé la surprise jeudi en annonçant qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle en octobre 2020.

« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a-t-il lancé devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire.

Elus et observateurs attendaient une annonce sur la révision constitutionnelle promise depuis des mois et qui générait rumeurs et fantasmes. Finalement, cette révision ne comporte que des points mineurs (nomination du vice-président après l’élection et non un ticket pour le scrutin, aménagements juridiques…).

Mais le président a profité du cadre symbolique de Yamoussoukro et de la réunion de deux chambres pour une annonce qui a pris tout le monde de court, dans un continent où de nombreux présidents s’accrochent au pouvoir le plus longtemps possible.

La Guinée, pays voisin, est ainsi secouée par des violences, autour de la volonté prêtée au président Alpha Condé de briguer un troisième mandat à la fin de l’année.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

Le débat est désormais clos. L’annonce faite au terme d’un discours d’une trentaine de minutes a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des élus mais aussi de centaines d’élèves et étudiants invités au Congrès.

« Prési! Prési! Merci! Merci! », ont scandé des jeunes.

– L’opposition satisfaite –

« On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans », a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro.

L’annonce d’Alassane Ouattara a été saluée dans les rangs de l’opposition.

« C’est une bonne décision qui permet au président Ouattara de sortir la tête haute de sa carrière politique. C’est un acte important qui permet d’apaiser l’environnement, de clarifier le jeu politique et d’offrir l’opportunité à la nouvelle génération de faire ses preuves », a ainsi affirmé l’opposant Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Le message est aussi adressé à tous les hommes politiques de sa génération. Il appartient à chaque leader politique et surtout ceux de sa génération de se déterminer. C’est un défi qu’il leur a lancé et j’espère qu’ils seront à la hauteur », a poursuivi M. Nguessan, ne cachant pas « espérer être celui qui va prendre la relève ».

Depuis la mort du « père fondateur » de la Côte d’Ivoire Felix Houphouet Boigny en 1993, la vie politique était dominé par le trio de rivaux: Alassane Ouattara, Henri Konan Bédié (président 1993-1999) et Laurent Gbagbo (2000-2010).

Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin n’a pas écarté l’idée de se présenter. Et le destin de Laurent Gbagbo, qui en aura 75, est lié à la décision de la Cour pénale internationale qui doit statuer sur son sort.

– « Entre tristesse et respect » –

Au Parti démocratique de Côte d’Ivoire(PDCI) de Konan Bédié on se dit aussi satisfait: « Le président a libéré toute le monde. Il faut savoir faire la passe », a affirmé la députée Véronique Aka.

Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

Pour le moment, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, mais devenu un de ses adversaires, est le seul à s’être déclaré candidat à la présidentielle. Accusé de complot, sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, il vit actuellement en France.

Dans le camp du président, certains qui espéraient voir Alassane Ouattara briguer un troisième mandat pleuraient ouvertement dans l’immense hall de la Fondation Houphouet-Boigny.

Le ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement s’est dit « partagé entre tristesse et respect ».

« Alassane Ouattara c’est 25 années de notre histoire, un combat difficile avec des militants tués, des moments forts, la victoire en 2010. Ouattara, c’est des performances économiques et sociales et beaucoup avaient le sentiment qu’il devait parachever le travail », a-t-il estimé.

« C’est une décision personnelle que nous respectons », a-t-il toutefois ajouté. « C’est aussi une leçon pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne: il faut savoir céder la place. Et c’est un message qui fera écho sur le continent africain ».

Le président ivoirien Alassane Ouattara ne briguera pas un troisième mandat

Le président ivoirien Alassane Ouattara, qui entretenait depuis des mois le mystère sur son éventuelle candidature à un troisième mandat, a annoncé jeudi à Yamoussoukro qu’il ne se présenterait pas à l’élection présidentielle en octobre 2020.

« Je vous annonce solennellement que j’ai décidé de ne pas être candidat à la présidentielle du 31 octobre 2020 et de transférer le pouvoir à une jeune génération », a-t-il lancé devant les parlementaires du Sénat et de l’Assemblée nationale réunis en Congrès extraordinaire.

Cette annonce faite au terme d’un discours d’une trentaine de minutes a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements de la part des élus mais aussi de centaines d’élèves et étudiants invités au Congrès.

« Prési! Prési! Merci! Merci! », ont scandé des jeunes.

La Constitution ivoirienne n’autorise que deux mandats, mais M. Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, estimait avoir le droit de se représenter en raison du changement de Constitution en 2016, ce que contestait l’opposition.

– L’opposition satisfaite –

« On est content qu’il laisse la place à la jeune génération. C’est un homme de parole. Je suis fier de mon président même si je ne suis pas un de ses partisans. Je suis fier qu’on fasse confiance à la jeunesse », a affirmé Daouda Bakayoko, élève-maître au Cafop (équivalent de l’Ecole Normale) de Yamoussoukro.

La décision d’Alassane Ouattara a été saluée dans les rangs de l’opposition.

« C’est une bonne décision qui permet au président Ouattara de sortir la tête haute de sa carrière politique. C’est un acte important qui permet d’apaiser l’environnement, de clarifier le jeu politique et d’offrir l’opportunité à la nouvelle génération de faire ses preuves », a ainsi affirmé l’opposant Pascal Affi Nguessan, ancien Premier ministre de Laurent Gbagbo.

« Le message est aussi adressé à tous les hommes politiques de sa génération. Il appartient à chaque leader politique et surtout ceux de sa génération de se déterminer. C’est un défi qu’il leur a lancé et j’espère qu’ils seront à la hauteur », a poursuivi M. Nguessan, ne cachant pas « espérer être celui qui va prendre la relève ».

L’ancien président Henri Konan Bédié, qui aura 86 ans lors du scrutin n’a pas écarté l’idée de se présenter. Et le destin de Laurent Gbagbo, qui en aura 75, est lié à la décision de la Cour pénale internationale qui doit statuer sur son sort.

Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant la présidentielle d’octobre. Elle se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011, née du refus du président en place, Laurent Gbagbo, de reconnaître sa défaite électorale face à Alassane Ouattara, qui avait fait 3.000 morts.

– « Entre tristesse et respect » –

Les élections municipales et régionales de 2018 ont été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

Pour le moment, l’ancien Premier ministre Guillaume Soro, 47 ans, ex-chef de la rébellion pro-Ouattara, mais devenu un de ses adversaires, est le seul à s’être déclaré candidat à la présidentielle. Accusé de complot, sous le coup d’un mandat d’arrêt en Côte d’Ivoire, il vit actuellement en France.

Dans le camp du président, certains qui espéraient voir Alassane Ouattara briguer un troisième mandat ont fait part d’une certaine déception, comme le ministre Mamadou Touré, porte-parole adjoint du gouvernement, « partagé entre tristesse et respect ».

« Alassane Ouattara c’est 25 années de notre histoire, un combat difficile avec des militants tués, des moments forts, la victoire en 2010. Ouattara, c’est des performances économiques et sociales et beaucoup avaient le sentiment qu’il devait parachever le travail », a-t-il ainsi estimé.

« C’est une décision personnelle que nous respectons », a-t-il toutefois ajouté. « C’est aussi une leçon pour l’ensemble de la classe politique ivoirienne: il faut savoir céder la place. Et c’est un message qui fera écho sur le continent africain », a-t-il conclu.

Egypte: la plus vieille pyramide encore debout rouvre après rénovation

La pyramide du pharaon Djoser à Saqqara, vieille de 4.700 ans et considérée comme la plus ancienne encore visible en Egypte, a rouvert au public jeudi au sud du Caire après plusieurs années de rénovation, a constaté une journaliste de l’AFP.

« Nous rouvrons aujourd’hui, après sa restauration, la plus ancienne pyramide encore debout en Egypte », a déclaré, lors d’une cérémonie jeudi au pied de la célèbre pyramide à degrés, le ministre des Antiquités et du Tourisme Khaled el-Enany.

Il s’agit également du « premier édifice entièrement construit en pierre du monde », selon le ministre.

Le projet de rénovation de ce monument avait débuté en 2006 avant d’être interrompu « pour des raisons sécuritaires » liées à la révolte populaire de 2011. Il avait repris en 2013, selon Ayman Gamal Eddine, responsable du projet au ministère des Antiquités.

Le coût total des travaux de restauration s’élève à 104 millions de livres égyptiennes, soit six millions d’euros, selon le gouvernement égyptien.

Située à 20 km au sud du Caire, la pyramide domine une vaste nécropole dans la région de Memphis, première capitale égyptienne.

Haut d’environ 60 mètres et doté de six étages, ce monument a été construit vers 2.700 avant J.-C. par le célèbre architecte Imhotep, au-dessus d’une cavité profonde de 28 mètres abritant une tombe de granit rose.

« Les premiers à s’être intéressés à la préservation la pyramide étaient les dirigeants de la 26e dynastie » au VIIe et VIe siècles avant notre ère, a indiqué à l’AFP M. Gamal Eddine, montrant aux premiers visiteurs les poutres en bois millénaires qui soutiennent, par endroits, le plafond de l’édifice.

Les travaux avaient été rendus nécessaires après qu’un séisme eut endommagé considérablement l’intérieur de la pyramide en 1992.

En 2014, une polémique avait éclaté lorsque des médias égyptiens avaient fait état d’informations selon lesquelles la pyramide de Djoser avait été détériorée par les travaux de rénovation.

Des ONG égyptiennes avaient alors critiqué ces travaux, estimant qu’ils altéraient l’aspect originel du monument.

« Jusqu’en 2015, les experts de l’Unesco ont présenté des rapports critiques du projet de restauration, nous avons depuis repris les travaux conformément aux normes de l’Unesco. En 2018, l’Unesco nous a présenté des rapports positifs », a assuré jeudi M. Enany.

– Attirer les touristes –

Le site, inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 1979, constitue la première nécropole familiale d’Egypte, une pratique introduite par le pharaon Djoser.

Sur cette même nécropole de Saqqara, les autorités égyptiennes avaient dévoilé en avril 2019 une tombe ornée de reliefs colorés et d’inscriptions bien préservées, appartenant à un noble de la Ve dynastie (entre 2.500 et 2.300 avant J.-C.).

Ces dernières années, les autorités ont considérablement renforcé leur communication autour des découvertes archéologiques dans l’espoir d’attirer de nouveau les touristes qui ont déserté l’Egypte en raison des troubles liés à la révolte de 2011.

Les sites archéologiques constituent pour l’Egypte un argument majeur face à la concurrence d’autres destinations touristiques, et dans ce contexte, M. el-Enany, ministre des Antiquités depuis 2016, a également obtenu en décembre dernier le porte-feuille du Tourisme.

« Nous travaillons dur à construire une nouvelle Egypte (…) et la restauration de notre patrimoine figure en tête de nos priorités », a souligné le Premier ministre Mostafa Madbouli, présent jeudi à la cérémonie, en rappelant les nombreux projets gigantesques lancés par son gouvernement.

Parmi eux, se trouvent la construction de la nouvelle capitale administrative et du Grand Musée Egyptien (GEM), tous deux censés être inaugurés fin 2020.

Coronavirus: huis clos pour tous les matches de foot au Maroc

Tous les matches de football, pour toutes les compétitions et toutes les catégories, se joueront désormais à huis clos de manière préventive en lien avec l’épidémie mondiale de nouveau coronavirus, a-t-on appris jeudi auprès de la Fédération royale marocaine (FRMF).

Cette décision vise à « veiller à la sécurité des joueurs, des entraîneurs et des supporteurs », selon un communiqué de la FRMF publié sur son site internet.

Le royaume, où le football est le sport numéro un, a fait état jeudi d’un deuxième cas confirmé de contamination.

Plusieurs manifestations publiques, comme le salon annuel de l’agriculture ou une compétition de judo, ont été annulées par précaution ces derniers jours.

De plus, les annulations liées au risque sanitaire commencent à peser sur le secteur touristique, selon la presse marocaine.

Les autorités s’efforcent dans le même temps de lutter contre la multiplication des « fake news » concernant l’épidémie sur les réseaux sociaux et plusieurs personnes ont été arrêtées à ce sujet ces derniers jours.

A la frontière gréco-turque, des citoyens patrouillent pour « éviter l’invasion » de migrants

A la nuit tombée, dans le village de Poros, dans le Nord-Est de la Grèce, les tracteurs sont à l’arrêt et les rues désertes. Sakis, vêtu d’un treillis militaire, se rend le long du fleuve Evros, à la frontière avec la Turquie, « pour défendre les portes de la Grèce et de l’Europe ».

Au bout de ce petit bourg agricole, le fleuve, relativement étroit, reste un point privilégié de passage des réfugiés entrant en Grèce. Depuis la décision de la Turquie d’ouvrir ses portes, le 28 février, policiers lourdement équipés, agriculteurs, éleveurs, chasseurs et pêcheurs bloquent tout accès.

Rassemblés autour d’un feu improvisé, ils veulent « éviter l’invasion », explique Sakis, un agriculteur de 38 ans. Fusil de chasse sur le dos, l’heure est venue de quadriller le secteur.

« J’ai très peu dormi depuis. Jour et nuit, je fais des rondes avec ma voiture sur le chemin longeant le fleuve pour observer si des barques tentent d’accoster sur le rivage grec », raconte-t-il, épuisé.

Dès qu’un migrant est repéré, la police ou l’armée est avertie et l’exilé est embarqué. Giokas Xanthos s’adonne à la pêche régulièrement sur l’Evros et connaît les points sensibles où les passeurs lâchent les migrants: « nous avons une connaissance parfaite du terrain qui peut être utile aux autorités ».

Encore hantée par la crise migratoire de 2015, la population locale sombre dans une rhétorique xénophobe, guerrière, et s’organise pour que les frontières grecques restent hermétiques.

« Avec un voisin comme la Turquie, nous vivons avec une menace permanente. Nous avons besoin d’une aide concrète de l’Europe et pas seulement de promesses », estime le maire de Poros, Athanassios Pemoussis, qui a appelé ses concitoyens à « soutenir les forces de l’ordre grecques dans un combat difficile ».

Depuis que le président turc Recep Tayyip Erdogan a ouvert les frontières de son pays, des dizaines de milliers de réfugiés ont afflué vers la Grèce. Au poste-frontière de Kastanies (Pazarkule côté grec), où les migrants sont massés dans la zone tampon, des échauffourées ont eu lieu ces derniers jours.

Ici, le patron du café « Jojo Wild Rose » assure qu’il n’y a pas de milice « car avec les barbelés ici les migrants ne peuvent pas passer ». Mais plus au sud, où des groupes de migrants tentent des incursions le long des 212 km de frontière souvent poreuse, les patrouilles sont constituées d' »anciens militaires à la retraite depuis plusieurs années », souligne-t-il.

– « Nous sommes en zone de guerre » –

Depuis mardi, Dimitris Kolgionis, maire adjoint de Pherès, la commune de 5.000 habitants dont dépend Poros, a organisé des rotations pour surveiller la frontière: « 500 personnes ont répondu présentes et se relayent par tranches horaires ».

De 9H à 13H, mercredi, c’était au tour de Giorgos Ioumis, retraité, de participer à la patrouille citoyenne: « Toute la région de l’Evros est mobilisée. Nous sommes en zone de guerre et il faut défendre notre territoire ».

Kizialidis Kizialis, 60 ans, agriculteur de Poros, avoue « avoir peur des migrants » mais se félicite « du bon travail du gouvernement et de la police ».

A Poros, le passage semble désormais quasi-impossible. Athènes a doublé ses patrouilles sur toutes ses frontières terrestres et maritimes et demandé le déploiement des renforts de l’agence européenne des frontières Frontex.

Selon le gouvernement grec, près de 7.000 tentatives d’entrées illégales ont été empêchées en 24 heures dans la région et 24 migrants y ont été arrêtés, surtout orginaires d’Afghanistan et du Pakistan, entre mercredi matin et jeudi matin.

Lundi, une vingtaine de tracteurs avec des spots lumineux puissants s’est rendue près du fleuve pour éclairer l’autre côté et dissuader quiconque de passer en Grèce.

« Une démonstration de force qui a été efficace puisque plusieurs personnes ont été arrêtées », constate Athanassios Pemoussis. Des médias grecs rapportent également des arrestations musclées de migrants par des groupes de citoyens armés. « Nous avons des armes par protection », précise Sakis, « nous sommes décidés à garder nos frontières. Et si un accident doit arriver, il arrivera ! ».

« Mal du pays »: des Chinois tentent le retour à Wuhan

Dans l’immense gare déserte, un jeune couple descend du TGV pour retrouver Wuhan. Après plus de 40 jours de séparation, quelques rares Chinois retournent dans la ville à l’épicentre du nouveau coronavirus.La métropole du centre de la Chine est coupée du monde depuis le 23 janvier, plus d’un mois après l’apparition du virus sur un marché de la ville de 11 millions d’habitants.

Mais malgré la quarantaine, les trains ont continué à traverser le Hubei, la province dont Wuhan est la capitale. Et le ralentissement de l’épidémie ces dernières semaines permet à certains Wuhanais de tenter le retour chez eux.

« Il y a des gens qui arrivent de l’étranger et qui pourraient provoquer une nouvelle flambée de l’épidémie. Alors Wuhan va peut-être devenir l’endroit le plus sûr », se rassure Mme Zhao, qui s’apprête à descendre du TGV en gare de Wuhan avec son mari.

Lorsque la ville a été placée de facto en quarantaine, le couple séjournait chez des parents dans la lointaine province du Jilin (nord-est) à l’occasion des congés du Nouvel an chinois.

Depuis, Mme Zhao, 30 ans, et son mari s’inquiétaient pour leur famille restée à Wuhan et se heurtaient parfois à la peur des autres Chinois envers les personnes originaires du Hubei.

– Trois essais ratés –

Quant à leurs tentatives de retour, elles ont été mises en échec par les restrictions imposées aux transports publics dans tout le pays.

« On a essayé trois fois mais à chaque fois nos billets de train ont été annulés », témoigne-t-elle. « On ne pouvait plus rentrer ».

Pour limiter le risque de contagion, les chemins de fer ont drastiquement réduit le nombre de billets mis en vente. Le convoi qui traverse le Hubei est ainsi presque vide, avec quelques voyageurs entièrement revêtus d’une combinaison intégrale et de lunettes de protection, en plus du masque obligatoire.

En dépit de la quarantaine, les habitants du Hubei peuvent rentrer dans leur province aux termes d’un dispositif adopté le mois dernier — à condition qu’ils soient en bonne santé.

« Notre famille est à Wuhan. J’ai le mal du pays », explique à l’AFP Zhao Bojian, un garçon de 13 ans qui se prépare à descendre du train avec son père.

Père et fils se trouvaient au Japon quand leur ville s’est retrouvée bouclée. Ils ont ensuite attendu à Shanghai de voir comment la situation allait évoluer.

« On cherchait le moyen de rentrer. Nous sommes partis pendant très longtemps. Tout ce que je veux c’est rentrer à la maison », explique le garçon, alors que le Hubei rassemble pourtant la grande majorité des plus de 80.000 contaminations et 3.000 décès dénombrés en Chine.

– Discrimination anti-Hubei –

Dans le nord-est, Mme Zhao et son mari redoutaient les discriminations qui frappent parfois les personnes originaires du Hubei.

Ils ont été mis en quarantaine pendant 14 jours, soit la durée maximale supposée de la période d’incubation, et se sont vu interdire l’entrée de commerces.

« On comprenait pourquoi les gens réagissaient comme ça. Ils ont besoin de se protéger », déclare Mme Zhao au journaliste de l’AFP, alors que le personnel du train tente d’interrompre la conversation au motif que les voyageurs sont trop près l’un de l’autre.

Le couple va encore devoir attendre un peu avant de retrouver sa famille élargie: une nouvelle quarantaine de 14 jours l’attend à Wuhan.

Mme Zhao, qui travaille pour une fondation philanthropique, compte ensuite participer à l’effort d’approvisionnement du Hubei.

Son mari, dénommé Gao, se rassure en sachant que ses parents sont en bonne santé, mais le virus n’est pas loin: des amis de la famille ont été contaminés.

Mais d’après lui, d’autres habitants éparpillés aux quatre coins de la Chine s’apprêtent eux-aussi à rentrer au pays.

« On a passé le cap de la peur maximale », assure-t-il.

Soudan: l’épisode le plus sanglant de la contestation a résulté d’une attaque délibérée (ONG)

Au moins 241 personnes ont été tuées dans une attaque délibérée des forces de sécurité soudanaises contre un sit-in à Khartoum le 3 juin 2019, a affirmé jeudi l’ONG Physicians for Human Rights (PHR).

Cet épisode est le plus sanglant du mouvement de contestation du régime de l’ancien président Omar el-Béchir qui a duré cinq mois et fait plusieurs centaines de morts, selon divers bilans. Il s’est produit après le départ de M. Béchir en avril 2019.

Malgré la chute d’Omar el-Béchir écarté par les militaires, les Soudanais ont continué à manifester voyant dans son remplacement par un Conseil militaire un « coup d’Etat ».

Le 3 juin 2019, les forces de sécurité sont intervenues pour faire cesser le sit-in organisé devant le QG de l’armée à Khartoum. Après avoir attribué l’attaque à des « hommes en uniformes », les autorités ont fini par reconnaître qu’elle avait été menée par les forces de sécurité.

Elles ont toutefois affirmé que des manifestants ont été tués « par erreur ». Un comité de médecins, proche des manifestants a avancé un bilan de 127 morts mais les autorités n’ont parlé que de 71 tués.

Pour PHR, une ONG américaine documentant les graves violations des droits humains par le biais de la médecine notamment, il s’agit en réalité d’une série d' »attaques violentes et planifiées (des forces de l’ordre) contre les manifestants prodémocratiques ».

« Ces forces ont ciblé intentionnellement les travailleurs et les établissements de santé par le harcèlement, l’intimidation et la violence et ont soumis les manifestants, hommes et femmes, à des violences sexuelles et sexistes », a accusé l’ONG dans un communiqué accompagnant son rapport de 61 pages.

Le rapport de PHR, intitulé « Chaos et feu, une analyse du massacre du 3 juin 2019 à Khartoum » est basé sur des entretiens avec 30 survivants de l’attaque, des témoignages, des évaluations cliniques et l’analyse de milliers de photos et vidéos.

Ces éléments fournissent des « preuves irréfutables d’actes de violence inadmissibles contre les manifestants prodémocratie, notamment des exécutions extrajudiciaires et des actes de torture, un usage excessif de la force, des violences sexuelles et sexistes, et la disparition forcée de manifestants », a souligné PHR.

« Le massacre du 3 juin contre les civils soudanais des mains des forces de sécurité est une violation flagrante des droits humains », a déclaré Phelim Kine, directeur de la recherche et des enquêtes de PHR.

Une commission d’enquête soudanaise n’a toujours pas rendu ses conclusions définitives sur cet épisode sanglant de la contestation près de dix mois après les faits.

Les militaires se sont associés en août 2019 aux civils au Soudan pour former un Conseil souverain afin de superviser la transition vers un régime civil. Le premier gouvernement post-Béchir a prêté serment le 8 septembre.