La bataille d’un couple gay croate pour accueillir des enfants

Éduqués, employés, calmes, attentifs: Ivo et Mladen réunissent toutes les caractéristiques idéales pour accueillir des enfants dans le cadre de la procédure de placement familiale en Croatie, où environ 1.000 d’entre eux ont désespérément besoin d’un foyer.

Seulement voilà, être gay dans un pays conservateur sous large influence de l’église catholique est un problème. De longues années durant, les préjugés les ont empêchés de réaliser leur rêve d’accueillir des enfants.

Début février, une lueur d’espoir s’est profilée à l’horizon lorsque la justice locale a tranché, sur fond de débat houleux : les couples de même sexe en Croatie ont le droit d’accueillir des enfants. La Cour constitutionnelle a estimé que la législation en vigueur produisait « des effets discriminatoires » à l’égard des homosexuels.

« Nous sommes ravis », a déclaré à l’AFP Ivo Segota, un biologiste moléculaire de 37 ans, attablé dans un café de Zagreb avec son compagnon Mladen Kozic, un sociologue de 38 ans.

« Avec cette décision (…) plus personne ne devrait avoir à endurer ce que nous avons enduré », ajoute-t-il.

Leur parcours du combattant avait commencé il y a plusieurs années : après le rejet immédiat de la demande d’adoption qu’ils avaient déposée, ils se sont empressés de déposer une demande d’accueil d’enfants en 2017.

« Notre désir d’enfants (…) n’est pas différent de celui des autres couples souhaitant entendre les rires d’enfants dans leurs foyer », dit Ivo.

Puisqu’ils ne sont pas autorisés à se marier, Ivo et Mladen ont enregistré un « partenariat de vie », un statut qui leur accorde presque les mêmes droits.

Si le niveau de tolérance envers la communauté LGBT a augmenté en Croatie au cours des dernières années, les groupes conservateurs proches de l’église s’efforcent de maintenir le mariage gay hors-la-loi et bataillent pour empêcher l’adoption ou l’accueil d’enfants dans les familles homoparentales.

– « Rejeté » –

Pour le couple, la procédure a vite tourné à un cercle administratif vicieux de demandes rejetées, de plaintes et de décisions de la justice, leur faisant faire la navette entre le Centre de soutien social à Zagreb, le ministère des Affaires sociales et les tribunaux.

Pourtant, le couple avait des arguments, et le Centre de soutien social s’était montré très enthousiaste après les entretiens des deux partenaires, assure Ivo.

La majorité des couples candidats à l’accueil d’enfants étant des personnes âgées pour la plupart d’une cinquantaine d’années, Ivo et Mladen sortaient du lot.

Le centre a néanmoins douché leur espoirs, invoquant un manque de législation sur laquelle s’appuyer pour répondre à leur demande. Par la suite, l’institution a ignoré une décision du tribunal de Zagreb lui demandant de réexaminer la demande du couple provoquant l’indignation parmi des groupes de défense des droits de l’Homme.

« Mladen et moi étions choqués », indique Ivo en se rappelant sa réaction après avoir lu le mot « rejeté » dans la lettre adressée par le centre.

La récente décision de la Cour constitutionnelle a fait renaître leurs espoirs.

Le couple s’attèle à terminer la construction d’une maison à proximité de Zagreb qui deviendra, espère-t-il, d’ici la fin de l’année, le foyer de deux ou trois enfants.

– Opposition musclée –

Assumer son homosexualité n’est pas chose facile en Croatie, mais Ivo et Mladen, en acceptant que leur vie soit exposée dans les médias, veulent montrer que les couples de même sexe ne sont pas « des monstres importés de l’Occident ».

Selon les derniers sondages, 64% des Croates sont opposés à ce que des couples de même sexes accueillent des enfants.

La raison la plus fréquemment avancée ? Un enfant a besoin « d’une mère et d’un père » pour être convenablement élevé.

Vice Batarelo, patron de l’association ultra-catholique Vigilare, a qualifié la Cour constitutionnelle de « honte de l’Etat croate », ajoutant « nous avons fait des enfants des cobayes ».

Un autre groupe, « Au nom de la famille », entend remettre en cause la décision « inacceptable » de la Cour « contraire aux intérêts des enfants ».

En province, à Imotski, des poupées de carnaval représentant un couple gay tenant un enfant ont été incendiées durant un carnaval pour défendre, selon les organisateurs, « les valeurs traditionnelles », un incident condamné par le gouvernement.

« Le sujet nous touche, mais touche aussi à la politique, aux opinions et aux dogmes », a estimé Mladen. « Ce sont les 1.000 enfants qui devraient être au centre de l’attention. Eux qui perdent leur avenir en raison du mauvais travail des institutions ».

Après sa « grande victoire » électorale, Netanyahu bien placé pour mener un gouvernement

Malgré son inculpation pour corruption, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu se dirige mardi vers une victoire convaincante aux élections législatives le plaçant en position de force pour former le prochain gouvernement et se présenter à son procès.

Avec 90% des votes dépouillés mardi dans la matinée par la commission électorale, le Likoud (droite) de M. Netanyahu obtient 29,3% des voix, contre 26,3% pour la formation centriste « Bleu-Blanc » de son principal rival Benny Gantz.

Dans le système israélien, ce score se traduit par environ 36 sièges pour le Likoud, contre 32 pour les troupes de l’ancien général Benny Gantz.

Avec ses alliés de la droite radicale et des partis juifs ultra-orthodoxes, le Likoud pourrait compter, à l’issue de ces troisièmes législatives en moins d’un an, sur un total de 59 sièges, à deux députés de la majorité parlementaire, selon ces pronostics.

« Bientôt nous trouverons dans l’autre bloc les voix manquantes », a affirmé le porte-parole du Likoud Jonathan Urich sur la radio de l’armée. « Nous sommes déjà en contact avec un certain nombre de députés de l’autre camp », a-t-il assuré.

M. Netanyahu, Premier ministre le plus pérenne de l’histoire d’Israël avec 14 ans au pouvoir, s’est félicité dans la nuit d’avoir remporté « la plus importante victoire de sa vie », devant une foule de partisans réunis à Tel-Aviv qui l’ont accueilli par un concert de vivats et de « Bibi roi d’Israël ».

Si le score du Likoud se maintient au-delà des 35 sièges, il s’agira du meilleur résultat du parti sous Benjamin Netanyahu, qui compte aussi sur de bonnes performances de la droite en général.

« C’est une victoire… contre toute attente » et aux dépens de ceux qui avaient prédit « la fin de l’ère Netanyahu », a ajouté le Premier ministre, inculpé pour corruption, dont le procès doit s’ouvrir le 17 mars.

– Défiance –

« Une nouvelle fois, une majorité de l’électorat a exprimé son immense défiance vis-à-vis de la justice », a estimé l’éditorialiste Amnon Lord dans les colonnes du quotidien de droite Israel Hayom.

« Netanyahu serait parti depuis longtemps » si les Israéliens accordaient de l’importance aux chefs d’inculpation retenus contre lui, à savoir corruption, malversation et abus de confiance, selon M. Lord.

Mardi matin, la Cour suprême israélienne a toutefois reçu une pétition du « Mouvement pour un gouvernement de qualité » contre la possible désignation, par le président Reuven Rivlin, de M. Netanyahu pour mettre un cabinet sur pied.

« Un prévenu inculpé de corruption, malversation et abus de confiance ne peut assumer la tâche de former un gouvernement », fait valoir ce mouvement. « Un homme comme lui ne peut pas servir de modèle et être Premier ministre. »

– « Seule solution logique » –

A l’issue des élections d’avril et de septembre, M. Netanyahu avait échoué à forme un gouvernement d’union nationale.

C’est pourtant « la seule solution logique » pour sortir de l’impasse dans laquelle se trouve Israël depuis près d’un an, selon l’influent commentateur politique Ben Caspit, critique du Premier ministre.

Un gouvernement d’union pourrait permettre à M. Netanyahu de « rester un an de plus au pouvoir et de négocier (avec le procureur) en étant dans une position confortable », écrit M. Caspit dans les pages du quotidien Maariv.

Le Premier ministre clame son innocence et se dit victime d’une « chasse aux sorcières » des services du ministère public et des médias.

Les partisans de Benny Gantz espèrent eux voir les résultats officiels resserrer l’écart entre les deux camps. « Nous nous attendions à un autre résultat », a admis l’ancien chef d’état-major des armées dans la nuit.

Son parti « Bleu-Blanc » misait sur le soutien des partis de gauche, qui s’étaient unis pour ce scrutin, mais dont les premiers résultats sont décevants (6 ou 7 sièges au total). Le chef de la gauche, Amir Peretz, a accusé M. Gantz d’avoir mené « une campagne irresponsable » qui a « miné » l’ensemble de leur bloc.

Benny Gantz avait notamment durci le ton dans cette campagne à l’égard de la « Liste unie » des partis arabes israéliens, des alliés potentiels, qui avaient provoqué la surprise en septembre en gravissant la troisième marche du podium et pourraient cette fois atteindre 15 sièges, un record.

Kim a supervisé un « tir d’artillerie de longue portée »

Le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un a supervisé un « tir d’artillerie de longue portée », ont annoncé mardi des médias d’Etat nord-coréens, après que Pyongyang a menacé de faire la démonstration d’une nouvelle arme.

La veille, la Corée du Sud avait indiqué avoir détecté le tir par Pyongyang de deux « missiles balistiques ».

Kim Jong Un « a supervisé » l’exercice lundi, et « lorsqu’il a donné l’ordre aux unités sous-marines de tirer, les hommes chargés des pièces d’artillerie de longue portée ont tiré tous ensemble », a rapporté l’agence d’Etat nord-coréenne KCNA.

De son côté, le journal officiel Rodong Sinmun publiait des clichés de batteries de lance-roquettes multiples, ainsi que plusieurs photographies d’une roquette de large calibre tirée dans une forêt. On y voit également Kim, vêtu d’un manteau de cuir noir, jumelles à la main.

Selon KCNA, le dirigeant a exprimé sa « grande satisfaction » et appelé ses troupes à conserver « une volonté d’acier et un patriotisme ardent ».

L’armée sud-coréenne avait affirmé lundi que Pyongyang avait tiré deux projectiles, quelques semaines après avoir mis fin à son moratoire sur les essais de missiles longue portée et menacé de tester une « nouvelle arme stratégique ».

– Mobiliser l’opinion –

Il s’agissait « vraisemblablement de missiles balistiques de courte portée », selon un responsable l’état-major interarmes sud-coréen (JCS), ce qui serait une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU.

Les deux engins identifiés par Séoul ont été tirés en direction de l’est, au-dessus de la mer du Japon, depuis la région de Wonsan, sur la côte orientale, avait précisé le JCS dans un communiqué. Les projectiles ont parcouru 240 km à une altitude maximale de 35 km.

Toujours selon le JCS, la Corée du Nord aurait également conduit des exercices de tir vendredi.

Ces lancements surviennent alors que les négociations entre Washington et Pyongyang sur les programmes nucléaire et balistique nord-coréens sont dans l’impasse, un an après l’échec du sommet de Hanoï entre les deux puissances. La Corée du Nord avait donné aux Etats-Unis jusqu’à fin 2019 pour faire de nouvelles propositions.

Pyongyang cherche à « normaliser » les tests de nouveaux armements en les mêlant à ses systèmes de tir existants, afin de « les faire passer pour une simple extension de ses exercices de tirs de roquettes », estime Joseph Dempsey, expert de l’Institut international d’études stratégiques à Londres.

Ces tirs interviennent par ailleurs alors que la Corée du Sud et les Etats-Unis ont décidé de reporter leurs exercices militaires conjoints en raison de l’ampleur de l’épidémie du nouveau coronavirus dans la région.

Cette suspension d’exercices qui hérissent Pyongyang n’a cependant provoqué en réaction « aucun geste de bonne volonté » de la part du régime nord-coréen, observe Leif-Eric Easley, professeur de l’Université Ewha à Séoul.

Le Nord « signifie clairement qu’il continuera à renforcer ses capacités militaires et à afficher des exigences exorbitantes (sur la scène internationale), en dépit des préoccupations politiques et de santé publique émises par Pékin, Séoul et Washington », a-t-il souligné.

Ces tirs d’artillerie pourraient être surtout destinés à « mobiliser l’opinion publique nord-corénne à des fins politiques », indique pour sa part à l’AFP Ahn Chan-il, transfuge nord-coréen devenu chercheur à Séoul, en particulier après le récent limogeage de deux hauts responsables du Parti des Travailleurs au pouvoir.

Rumba et politique, un cocktail congolais explosif

Les Parisiens et les autorités françaises ont découvert une spécialité bien congolaise: le mariage explosif entre deux passions nationales, la rumba et la politique, avec des manifestations violentes en marge du concert de la star Fally Ipupa.

Au moins quatre personnes seront jugées pour les incidents et les incendies vendredi gare de Lyon à Paris près de la salle de concert où le crooner de Kinshasa a tout de même pu communier avec 20.000 fans.

Les manifestants se présentaient comme des « combattants » de la diaspora, à savoir des opposants installés en Europe qui accusent notamment le pouvoir de Kinshasa de passivité face aux tueries à Beni, dans l’est de la RDC.

Les « combattants » voulaient perturber le grand retour en Europe de Fally Ipupa, 43 ans, l’accusant d’être à la solde des autorités en place à Kinshasa.

Les leaders de la droite nationaliste française, Marine Le Pen en tête, ont réagi en dénonçant les auteurs de ces troubles étrangers à l’actualité française (gilets jaunes, réforme des retraites…).

Comme de nombreux Parisiens médusés par ces violences venues d’ailleurs, ils étaient bien en peine d’identifier l’objet de la colère des « combattants », parlant d’un simple « chanteur congolais ».

Fally Ipupa est pourtant l’une des plus grandes stars d’Afrique francophone, avec Youssou N’Dour ou Tiken Jah Fakoly.

Ancien du Quartier latin, groupe de Koffi Olomidé, il modernise la traditionnelle rumba au contact du rap et des musiques urbaines (featuring avec Naza et Booba), de l’afro-beat, du folk.

A Kinshasa, Fally Ipupa est une star qui n’a pas besoin du pouvoir pour exister. Le chanteur a suffisamment d’argent pour se mettre « à l’abri des sollicitations des politiciens », affirme le spécialiste congolais de l’histoire des mentalités, Zacharie Bababaswe.

La star « n’a jamais chanté pour des politiciens congolais lors des campagnes électorales » (2006, 2011 et 2019), ajoute M. Bababaswe.

En fait d’engagement, l’artiste est surtout connu pour sa défense de nobles causes très consensuelles: lutte contre les enfants-soldats et soutien au prix Nobel de la Paix 2018 Denis Mukwege, « l’homme qui répare les femmes » victimes de violences sexuelles au Congo.

– « Indépendance cha cha » –

En RDC, le coup de force contre l’icône pop congolaise n’a trouvé aucun soutien.

« Nous condamnons avec force les violences, casses et incendies injustifiables des soi-disant +combattants+ en marge du concert de #FallyIpupa. C’est un mauvais combat, mené de la mauvaise manière, contre les mauvaises personnes », a réagi le mouvement citoyen Lutte pour le changement (Lucha), guère tendre avec le pouvoir.

Les « combattants » avaient obtenu l’annulation d’un précédent concert de Fally Ipupa en juin 2017 dans une autre salle parisienne.

Depuis, les temps ont changé. Issu de l’opposition, Félix Tshisekedi a été proclamé vainqueur de l’élection présidentielle de décembre 2018, au prix d’un accord de coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila.

En Europe, le mouvement des « Combattants » s’en est trouvé affaibli, avec la défection des militants de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), le parti du nouveau président.

La musique et le pouvoir dansent ensemble au Congo depuis l’indépendance célébrée il y a bientôt 60 ans.

En 1960, l’African Jazz de Grand Kalle pose ses valises à Bruxelles pour accompagner et distraire la délégation congolaise qui négocie l’indépendance avec la Belgique.

Grand Kalle compose la chanson « Indépendance cha cha », tube panafricain et hymne des multiples indépendances célébrées cette année-là.

« Indépendance cha cha » cite le nom des héros de l’indépendance congolaise, en commençant par celui de Patrice Lumumba.

En 2020, les nombreux chanteurs de rumba continuent de citer dans leurs chansons le nom des « Excellences » ou des officiels qui veulent bien leur donner quelques billets de 100 dollars.

Dans les années 1970, les musiciens congolais (« zaïrois » à l’époque) ont été mobilisés par le dictateur Mobutu Sese Seko dans la mise en oeuvre de son retour à l' »authenticité » africaine.

Le chanteur-guitariste Franco Luambo « prit la tête d’une nouvelle instance publique destinée à soutenir la musique populaire », note l’écrivain David Van Reybrouck dans sa somme « Congo, une histoire ».

Fin 1970, le grand chanteur congolais Tabu Ley Rochereau se produit à l’Olympia, à Paris, avec le soutien de Mobutu. Une première pour un artiste africain. Et il n’y avait pas eu d’incidents sur les grands boulevards.

Chili: manifestations et violences pour commencer un mois de mars tendu

Des affrontements ont opposé lundi au Chili protestataires et forces de l’ordre et un bâtiment a été incendié à Santiago, à l’orée d’un mois de mars où sont prévues plusieurs manifestations, avec un regain de violence redouté par les autorités.

Une manifestation s’est tenue à Santiago sur la Plaza Italia. A la tombée de la nuit, des personnes encapuchonnées ont affronté les policiers anti-émeutes dans les rues adjacentes de cette « Place de la Dignité », comme les manifestants ont rebaptisé l’épicentre de la contestation qui secoue le pays depuis plus de quatre mois, la pire crise sociale depuis le retour de la démocratie en 1990.

Un bâtiment ancien a été incendié pour la deuxième fois.

Les troubles se sont étendus à d’autres quartiers de la capitale, où des manifestants ont érigé et brûlé des barricades, bloquant d’importantes avenues, avant d’être dispersés par la police qui a utilisé des gaz lacrymogènes et des lances à eau.

Des manifestations se sont également produites jusqu’à l’aube dans d’autres villes du pays comme Valparaiso (centre) et Concepcion (sud), avec là aussi des violences.

Les autorités chiliennes craignent une escalade de la violence en mars, un mois au cours duquel plusieurs manifestations ont été programmées, notamment dès dimanche prochain, à l’occasion de la Journée internationale des femmes.

La crise sociale a commencé le 18 octobre suite à la hausse du prix du ticket de métro de Santiago, entraînant des protestations, des pillages et des incendies, pour un bilan de 31 morts.

Biden ou Sanders: 14 Etats choisissent leur champion démocrate

Face au favori Bernie Sanders, l’ancien vice-président Joe Biden se présente mardi renforcé pour le « Super Tuesday », étape déterminante des primaires démocrates aux Etats-Unis, après le ralliement de trois anciens rivaux centristes.

Cette « super » journée électorale, lors de laquelle 14 Etats sont invités à voter pour choisir le rival de Donald Trump en novembre, marque aussi l’entrée en lice d’un nouveau protagoniste: le milliardaire Michael Bloomberg, qui avait renoncé aux quatre premiers scrutins pour cause de candidature tardive.

« La presse et les commentateurs avaient déclaré cette campagne pour morte (…) Les Etats du Super Tuesday vont avoir quelque chose à dire à ce sujet », a lancé Joe Biden lors d’un meeting à Dallas, au Texas, à la veille du scrutin.

Depuis quelques jours, les bonnes nouvelles s’enchaînent pour l’ancien bras droit de Barack Obama. Après une large victoire en Caroline du Sud samedi, il a bénéficié lundi du soutien de trois anciens candidats: la sénatrice Amy Klobuchar, le Texan Beto O’Rourke, et le benjamin de la course Pete Buttigeg.

Tous espèrent que leurs désistements permettront à Joe Biden de se présenter comme un rempart à Bernie Sanders, jusque-là super-favori de la course. Les idées marquées très à gauche du sénateur du Vermont, qui prône notamment une couverture médicale universelle, inquiètent une partie de l’establishment démocrate.

« Bernie a toujours eu face à lui cette énorme bataille. S’il décroche l’investiture ça serait énorme », a confié à l’AFP Jessica Chadwell, 24 ans, qui prévoit de voter mardi pour M. Sanders depuis Burlington dans le Vermont, où il a été maire.

– Bloomberg en embuscade –

Mais avant que la primaire ne se résume à un duel Biden-Sanders, deux septuagénaires aux positionnements très éloignés, l’ancien vice-président des Etats-Unis composera mardi avec un troisième homme: Mike Bloomberg.

Après avoir déjà dépensé plus d’un demi-milliard de dollars de sa fortune personnelle pour financer ses publicités de campagne, l’ancien maire de New York va pour la première fois affronter le verdict des urnes.

M. Bloomberg, qui compte parmi les dix plus grosses fortunes mondiales, a osé une tactique inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers Etats à se prononcer dans la primaire (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud).

Un premier débat raté et une deuxième performance peu convaincante ont fait baisser sa courbe dans les sondages, mais il figure toujours en troisième place, derrière Bernie Sanders et Joe Biden.

Une contreperformance de sa part laisserait à l’ancien vice-président un boulevard au centre. Joe Biden se positionnerait comme seul rempart modéré face au « socialiste » revendiqué Bernie Sanders, dans un pays où ce terme évoque encore à certains des relents de Guerre froide et de communisme.

– Sanders favori –

Depuis la pointe nord-est des Etats-Unis jusqu’au milieu du Pacifique, les primaires démocrates organisées mardi couvrent un immense territoire: 14 Etats, ainsi que les îles Samoa américaines et les électeurs démocrates vivant à l’étranger.

La Californie, Etat farouchement progressiste aux 40 millions d’habitants, pèsera de façon décisive lors de cette journée électorale. Le Texas avec ses 30 millions d’habitants sera l’autre poids lourd à surveiller.

Plus encore que le nombre d’électeurs, c’est surtout le fait que plus d’un tiers des délégués seront distribués d’un coup qui fait de cette journée un moment clé dans le calendrier électoral américain.

Les sondages pour ce « Super Mardi » sont largement favorables au sénateur du Vermont. Il y pointait en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui décidera in fine en juillet du nom du candidat démocrate à la présidentielle.

M. Sanders était aussi en tête dans le Massachusetts. Un mauvais score d’Elizabeth Warren dans cet Etat, dont elle est la sénatrice, pourrait signer la fin de sa campagne.

La Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden. Comme un pied de nez à ses rivaux, Donald Trump a tenu un meeting électoral dans cet Etat à la veille du vote. Entouré d’une marée de casquettes rouges, il a promis de battre « les socialistes radicaux ».

Plus tôt dans la journée, le milliardaire républicain, qui aime s’immiscer dans la campagne démocrate, avait affirmé que les dés de la primaire étaient « pipés » en défaveur de Bernie Sanders.

Elections au Guyana: accusations de fraude, résultats en suspens

Des accusations de fraude électorale ont terni le scrutin législatif lundi au Guyana, l’un des pays les plus pauvres d’Amérique du Sud, où les résultats sont attendus dans la semaine.

Le futur gouvernement de ce membre du Commonwealth, entre Venezuela, Brésil et Suriname, devra gérer la manne pétrolière tirée de l’exploitation de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

Le président David Granger, du Partenariat pour l’unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), cherche à consolider sa majorité d’un seul siège au Parlement, dont les 65 sièges sont à renouveler. Dans une vie politique largement guidée par les divisions ethniques, il est soutenu par la communauté afro-guyanaise, les descendants d’anciens esclaves.

Ses opposants du Parti progressiste du peuple (PPP) sont populaires auprès de la communauté indo-guyanaise, formée par les descendants d’émigrés indiens amenés par l’ancien colon britannique.

L’ANPU-AFC a accusé le PPP d’avoir fraudé dans un de ses bastions, Mon Repos, en banlieue de la capitale Georgetown, en faisant voter des électeurs non inscrits. La police anti-émeutes s’y est déployée pour empêcher toute violence.

Globalement dans le pays, le scrutin s’est tenu sans incident, selon la commission électorale du Guyana (GECOM).

Le chef de la mission d’observateurs de l’Organisation des Etats américains (OEA), le Jamaïcain Bruce Golding, a appelé les autorités à proclamer des résultats dès que possible.

« Ce n’est pas bon d’avoir une élection le lundi et plusieurs jours qui peuvent s’écouler sans que le peuple du Guyana ne sache quel est le résultat du scrutin », a-t-il déclaré. « Cela offre un terreau fertile aux rumeurs et aux théories du complot ».

Les autorités estiment qu’au vu des difficultés logistiques dans un pays en bonne partie recouvert par la forêt vierge, les premiers résultats devraient tomber mercredi ou jeudi.

Onze partis étaient en lice pour ces législatives, au scrutin proportionnel, alors que deux seulement étaient représentés dans le Parlement sortant, avec 33 sièges pour l’ANPU-AFC et 32 pour le PPP. Le chef du parti arrivé en tête devient président.

Ce pays de 750.000 habitants doit afficher une croissance économique record de 85% pour 2020, selon les prévisions du Fonds monétaire international, en faisant progressivement passer sa production pétrolière de 52.000 barils par jour à 750.000 barils/jours en 2025. Mais il n’y est pas préparé, manquant d’experts du secteur et de cadre législatif adapté.

Nouvelle-Zélande: enquête sur des menaces contre une des mosquées de Christchurch

La police néo-zélandaise enquête pour retrouver l’auteur de menaces formulées cette semaine contre une des mosquées de Christchurch, où 51 fidèles avaient péri dans le carnage perpétré il y a un an par un suprémaciste blanc australien.

Ces menaces contre la mosquée al-Nour ont été postées cette semaine sur la messagerie Telegram, au moment où Christchurch se prépare à commémorer le premier anniversaire de la tuerie.

Des médias rapportent que ce message montrait un homme portant une cagoule assis dans une voiture devant la mosquée, avec un texte menaçant et un émoji représentant un pistolet.

« Nous suivons des pistes et je suis convaincu que nous établirons qui est cette personne », a déclaré à Radio New Zealand John Price, un des responsables de la police de Canterbury, la région de l’Île du Sud où se trouve Christchurch. « Nous sommes très près. »

On ignore encore les détails de la cérémonie censée être organisée pour le premier anniversaire du carnage.

La Première ministre Jacinda Ardern, qui devrait y assister, a estimé mardi qu’il était difficile de croire que la communauté musulmane néo-zélandaise puisse encore être la cible de messages haineux.

Le tireur, Brenton Tarrant, qui s’était filmé lors de la tuerie, sera jugé à partir du 2 juin.

Cameroun: 10 séparatistes « neutralisés » selon le gouvernement, qui dément la mort de civils

Le gouvernement camerounais a assuré lundi avoir « neutralisé 10 terroristes » séparatistes lors d’une opération militaire samedi dans une localité de l’ouest anglophone du Cameroun, et dément avoir tué des civils comme l’affirment plusieurs médias en ligne camerounais.

« Dix terroristes sécessionnistes ont été neutralisés, dont trois femmes », lors d’un affrontement entre des militaires et des séparatistes dans la localité de « Small Babanki », dans la région du Nord-Ouest, a affirmé le ministre camerounais de la Communication, René Emmanuel Sadi, dans un communiqué.

Il a précisé qu’un commandant séparatiste connu sous le sobriquet de « général Fire man » fait partie des personnes abattues.

Depuis le week-end, plusieurs publications sur les réseaux sociaux ainsi que des médias en ligne accusent l’armée camerounaise d’avoir tué une dizaine de civils, notamment des femmes et des enfants, lors de cette opération.

Des photographies montrant des cadavres, dont celui d’un enfant en bas âge, ont largement circulé sur les réseaux sociaux, sans que l’AFP ne parvienne à les authentifier.

Le gouvernement parle « d’une propagande mensongère » et « d’allégations totalement infondées et contraires à la réalité des faits ».

Il a assuré aussi dans le communiqué qu’au cours de cette opération, « un fusil d’assaut de type AK47 » et du matériel de combat ont été retrouvés, ainsi qu’un homme « otage » libéré.

Depuis près de trois ans, l’armée et des groupes séparatistes armés s’affrontent dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Les deux camps sont accusés de perpétrer des crimes et des exactions contre des civils.

La 14 février dernier, 23 civils dont 15 enfants (neuf de moins de 5 ans) et deux femmes enceintes, sont morts lors d’une opération militaire à Ntumbo, un village du Nord-Ouest, selon l’ONU.

Selon plusieurs ONG, dont Human Rights Watch, les forces gouvernementales ainsi qu’une milice peule alliée sont les responsables de cette tuerie.

L’armée dément et assure qu’il s’agit des conséquences d’un « malheureux accident » – l’explosion de conteneurs de carburant consécutive à des échanges de tirs entre soldats et rebelles séparatistes – et n’évoque la mort que de 5 civils.

Le drame a provoqué l’émoi au Cameroun, mais aussi à l’international.

Interpellé le 22 février par un activiste camerounais à Paris, le président français Emmanuel Macron avait promis de mettre « le maximum de pression » sur le président Paul Biya pour que cessent des violences « intolérables ».

Selon l’Elysée, M. Macron et M. Biya ont échangé dimanche au téléphone, et « se sont accordés sur la nécessité d’une enquête impartiale » pour faire la lumière sur les violences de Ntumbo.

Chez les partisans de Netanyahu, le bonheur se mélange au soulagement

« Wahou! Je suis heureuse, cette fois c’est la bonne », se réjouit Hanna Piers, en dansant dans un hall de Tel-Aviv où sont réunis des partisans du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a revendiqué la victoire aux législatives après deux scrutins sans vainqueur.

Peu après l’annonce des premières estimations, c’est la satisfaction du but finalement atteint qui a dominé dans l’immense salle où sont rassemblés un millier de partisans du Likoud, sur le point de réaliser son meilleur score sous Benjamin Netanyahu.

Après deux élections sans vainqueur, en avril et septembre dernier, le Likoud est crédité d’environ 37 sièges par les sondages à la sortie des urnes, voire de 60 sièges avec ses alliés de droite, ce qui place le parti au seuil de la majorité.

« Finalement nous avons obtenu ce que nous voulions », se félicite Mme Piers, 37 ans.

« Cette fois-ci il n’y aura pas de nouvelles élections », renchérit Lidan Aton, 32 ans, tout sourire. « Je ressens une immense satisfaction, finalement nous avons réussi », lâche Ran Carmi Buzaglo, un adhérent actif du Likoud.

Quelques minutes avant la diffusion des sondages à la sortie des urnes, il avait parcouru l’immense salle en courant, drapeau israélien à bout de bras, clamant à qui voulait l’entendre que cette fois, c’était « la bonne ».

– Le 61 magique –

Au rassemblement du Likoud, la sono à fond diffuse de la musique pop israélienne orientale, des jeunes dansent en criant « Bibi, roi d’Israël » et en agitant des drapeaux du parti et d’Israël.

Les adhérents suivent de près l’évolution des résultats dans l’espoir de voir le bloc de droite – qui comprend les formations ultra-orthodoxes Shass et Judaïsme unifié de la Torah et de la droite radiale Yamina – atteindre, voire franchir, le nombre magique de 61 sièges, seuil de la majorité à la Knesset, le Parlement.

Gavriel Gaoui, 47 ans, membre du comité central du Likoud, est « persuadé d’atteindre 61, voire même 62 sièges ». « Historiquement les résultats définitifs nous donnent toujours un peu plus de sièges que les sondages de sortie des urnes », dit-il.

Mais certains, comme Lidan Aton, pensent qu’il faudra « voler » quelques sièges à « Bleu-Blanc » ou à Israël Beiteinou, parti de droite nationaliste laïque, grâce à la défection de leurs députés, pour parvenir à la majorité.

– Mince espoir –

La ferveur qui s’est emparée des partisans du Likoud tranche avec le long silence qui a accueilli les résultats de Benny Gantz dans la salle de réception située sur le port de Tel-Aviv, dont l’ancien chef d’état-major a fait son QG pour la soirée.

Les yeux rivés sur les grands écrans de télévision, la poignée de militants ayant fait le déplacement guettent le moindre changement dans les estimations.

La musique entraînante qui tourne en boucle depuis le début de soirée contraste avec l’ambiance pesante qui règne dans la salle.

Mais si la déception est de mise, l’espoir reste permis. Pour Katty Rojtman, porte-parole francophone du parti, « les résultats peuvent changer pendant la nuit, nous attendons les résultats définitifs ».

« En 2013, on s’est endormi avec le Parti travailliste et on s’est réveillé avec le Likoud », se rappelle-t-elle. « Alors on pourrait espérer s’endormir avec le Likoud et se réveiller avec Kahol-Lavan (Bleu-Blanc)… »

L’émissaire de l’ONU en Libye jette l’éponge

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a démissionné lundi pour des « raisons de santé », au moment où le processus politique dans ce pays, en proie à la guerre civile, est plus que jamais dans l’impasse.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a écrit le diplomate libanais sur son compte Twitter.

A New York, le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric, a confirmé que le secrétaire général « a reçu un message de M. Salamé, exprimant son intention de quitter son poste de représentant spécial pour la Libye ».

« Le secrétaire général a toujours fait pleinement confiance au travail de M. Salamé et aux grands efforts qu’il a déployés pour ramener la paix en Libye. Le secrétaire général discutera avec M. Salamé de la manière d’assurer une transition en douceur afin de ne pas perdre de les acquis déjà atteints », a ajouté M. Dujarric.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté M. Salamé dans son annonce, évoquant notamment le sommet international sur la Libye organisé fin janvier à Berlin et les pourparlers inter-libyens qu’il avait récemment lancés sur trois volets, politique, militaire et économique.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis, il a tenté en vain de convaincre les belligérants libyens d’unifier les institutions de l’Etat et d’organiser des élections en vue de mettre fin aux divisions dans le pays.

– Efforts partis « en fumée » –

Entamé en 2017 et interrompu à plusieurs reprises, ce processus de discussions a été mis à mal après une attaque surprise lancée le 4 avril par le maréchal Haftar contre la capitale, le jour où le secrétaire général de l’ONU était en visite en Libye.

Le pays était alors à quelques jours d’une conférence inter-libyenne longuement préparée par l’ONU. M. Salamé avait regretté que tous ces efforts partent en fumée » quelques jours après le début des combats aux portes de la capitale.

« Nous avons travaillé pendant un an entier à la préparation de quelque chose qui n’a pas de précédent en Libye, c’est-à-dire une conférence nationale réunissant tout le monde (…) Et voilà que ces efforts partent en fumée », avait déclaré l’émissaire onusien dans une interview à l’AFP.

La conférence était appelée à établir une feuille de route pour sortir le pays du chaos mais elle avait été annulée après l’assaut.

M. Salamé a essayé par la suite d’unifier la position de la communauté internationale sur la Libye, après avoir constaté que les divisions et les ingérences étrangères compliquent le conflit dans le pays et rendent difficile toute solution politique.

Il a ainsi réuni les puissances mondiales et les principaux pays concernés par le conflit lors d’un sommet à Berlin où des engagements de non ingérences et de relance du processus politique ont été pris.

Vendredi à Genève, il s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite des négociations inter-libyennes même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

Né en 1951, M. Salamé a passé la majeure partie de sa carrière en tant que professeur de relations internationales à la prestigieuse université française de Sciences politiques à Paris.

Il a été ministre de la Culture au Liban de 2000 à 2003 et a ensuite travaillé comme conseiller auprès de l’ancien secrétaire général de l’ONU Kofi Annan et de la mission des Nations unies en Irak.

Crise migratoire en Turquie : à Lesbos, en Grèce, « l’île n’en peut plus »

Sur le port de Mytilène, du linge sèche à côté d’une baraque installée à la hâte pour des migrants fraîchement débarqués sur l’île grecque de Lesbos depuis que la Turquie a ouvert les portes de l’Europe, provoquant la colère de la population locale.

« Les seules personnes qu’on voit ce sont des réfugiés », confie, las, Giannis Palassis, un retraité de 76 ans rencontré dans les rues escarpées de Mytilène, en ce lundi férié en Grèce.

Selon lui, Mytilène ne peut pas se convertir en « refuge » pour tous. « Ce sont des êtres humains eux aussi, mais l’île n’en peut plus. On souffre ».

Depuis la décision d’Ankara d’ouvrir ses frontières aux exilés en route pour l’Europe, quelque 1.300 migrants sont arrivés en 24 heures sur les cinq îles de la mer Egée, et en particulier à Lesbos, où la grande majorité des embarcations de fortune ont échoué.

Dans un contexte déjà particulièrement tendu ces dernières semaines, où les habitants de l’île s’opposent à la construction de nouveaux camps de rétention fermés sur leurs îles, ces nouvelles arrivées ont suscité une explosion de colère dimanche.

Des groupes d’habitants ont violemment repoussé un canot chargé de migrants, l’empêchant d’accoster au port de Thermi aux cris de « rentrez en Turquie ». Avant de s’en prendre à des membres d’ONG et à plusieurs journalistes.

Sur le macadam du port, 300 réfugiés campent lundi, faute d’avoir été conduits dans le camp de réfugiés de Moria, qui déborde avec ses 19.000 demandeurs d’asile pour 2.800 places.

« Nous cherchons un endroit pour dormir, pour le moment nous sommes dehors pendant la nuit et les enfants ont froid », a confié à l’AFP l’Afghan Ahlan Khali, 21 ans, venu avec la famille de sa soeur.

D’autres ont passé la nuit, sans couvertures, sur la plage de Skala Sykamineas, dans le nord-est de l’île, a constaté un photographe de l’AFP.

Barrages filtrants, routes coupées, voitures vandalisées: les habitants de l’île continuent de protester lundi contre cette nouvelle vague migratoire.

Principale « conséquence de la réaction de la population locale », selon le Haut commissariat aux réfugiés de l’ONU (HCR): les réfugiés ne peuvent plus être conduits vers les centres d’enregistrement et d’hébergement et sont livrés à eux même sur le port et au nord de l’île, où ils ne reçoivent qu’une aide humanitaire.

« Le processus (de prise en charge, ndlr) est retardé et nous ne connaissons pas les conséquences », a déploré auprès de l’AFP Boris Cheshirkov, porte-parole du HCR en Grèce.

Moria a été le théâtre d’affrontements entre policiers et demandeurs d’asile dont plusieurs centaines ont manifesté pour dénoncer leurs conditions de vie dans ce camp, l’un des plus surpeuplés d’Europe.

Entre les oliviers qui bordent les chaussées de la ville, des blocs de pierre et des morceaux de bois jonchent le sol, vestiges des affrontements entre migrants et forces de l’ordre.

« Le village de Moria a beaucoup souffert, personne ne partage le fardeau des îles grecques », estime le gouverneur de la région le gouverneur de l’Egée du Nord Kostas Moutzouris, sans excuser pour autant les violences.

– « Jamais vu ça » –

« Je n’ai jamais vu ça », confie Efi Latsoudi, qui travaille dans le camp d’accueil pour réfugiés PIKPA. « J’ai été menacée, on m’a forcé à partir sous les yeux de la police », s’indigne-t-elle, précisant que des groupes d’insulaires menacent quiconque entend s’approcher des plages pour venir en aide aux migrants débarquant sur les côtes.

Deux voitures appartenant au camp d’accueil ont été vandalisées, ajoute-t-elle, et un centre d’accueil inoccupé des migrants a été partiellement incendié dimanche par des groupes d’habitants furieux.

« La situation reste très confuse », estime Gianluca Rocco, chef de mission en Grèce pour l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM). « Les traversées sont de plus en plus risquées et on ne peut pas augmenter les capacités d’accueil sur les îles », avertit-il.

Un petit garçon est mort lundi matin dans le naufrage d’une embarcation de migrants au large de Lesbos, selon la police portuaire.

Afghanistan : les talibans annoncent mettre fin à la trêve partielle, premier attentat

Les talibans ont annoncé lundi mettre un terme à la trêve partielle instaurée le 22 février et reprendre leur offensive contre les forces de sécurité afghanes, deux jours seulement après la signature d’un accord historique avec les Etats-Unis.

Un attentat, non revendiqué, a été rapporté au même moment. L’explosion d’une moto piégée durant un match de football a tué au moins trois civils et en a blessé onze autres, a déclaré à l’AFP Sayed Ahmad Babazai, le chef de la police de la province de Khost (Est).

Les trois tués sont trois frères, a indiqué Abdul Fatah Wakman, le président de la fédération de football de Khost.

A Washington, le chef d’état-major américain, le général Mark Milley, a déclaré : « Nous ne savons pas exactement qui est responsable pour l’instant.

« Je mets en garde les gens qui pensent qu’il y aura une cessation absolue des violences en Afghanistan », a-t-il ajouté.

L’attentat intervient après neuf jours de trêve partielle, durant lesquels le nombre d’attaques s’était effondré en Afghanistan, à la grande satisfaction de la population, qui avait enfin pu respirer après quatre décennies de conflit.

La période de réduction des violences « a pris fin et nos opérations vont revenir à la normale », a déclaré lundi à l’AFP Zabihullah Mujahid, le porte-parole des insurgés.

« Conformément à l’accord (américano-taliban), nos moudjahidines n’attaqueront pas les forces étrangères, mais nos opérations continueront contre les forces du gouvernement de Kaboul », a-t-il poursuivi.

La commission militaire du mouvement a diffusé un document, transmis à l’AFP par une source talibane, demandant à ses combattant de relancer leurs opérations contres les forces afghanes.

Dans la province de Badghis (Nord-Ouest), « les talibans ont commencé à attaquer les positions de l’armée (…) vers 15H00 (10H30 GMT). Un soldat a été tué et un autre blessé », a rapporté un haut gradé.

« Nous attendons des talibans qu’ils soient sérieux en ce qui concerne leurs obligations », a réagi le Général américain Austin Scott Miller, soulignant que « Les Etats-Unis ont été très clairs sur leurs attentes. Le niveau de violence doit demeurer bas ».

– ‘Levier’ –

Michael Kugelman, analyste au Wilson Center, un centre de recherche américain indépendant, s’est dit « pas surpris » par la reprise des attaques. « La violence est un levier pour les talibans (…) qu’ils exploitent pour renforcer leur capacité à négocier en vue des discussions inter-afghanes », souligne-t-il.

Dimanche, le président afghan Ashraf Ghani avait annoncé la prolongation de la trêve partielle au moins jusqu’au début des discussions inter-afghanes, prévu pour le 10 mars, et « ce pour but d’atteindre un cessez-le-feu complet ».

Mais il avait également rejeté l’un des principaux points de l’accord signé samedi à Doha par Washington et les insurgés, de la négociation duquel son gouvernement a toujours été tenu à l’écart, à savoir la libération de 5.000 prisonniers talibans en échange de celle de 1.000 membres des forces afghanes détenus par les rebelles.

Cette mesure est « un prérequis pour les discussions inter-afghanes », a toutefois rappelé Zabihullah Mujahid, illustrant les difficultés à venir pour que Kaboul et les insurgés parviennent à un compromis.

« La position de Ghani montre que les Américains n’ont pas fait les préparations nécessaires avant de signer l’accord », a réagi une autre source talibane, basée au Pakistan.

D’après l’accord de Doha, un éventuel cessez-le-feu n’est par contre qu’un « élément » des discussions à venir et non une obligation pour que celles-ci se déroulent, comme le souhaite Ashraf Ghani.

Depuis la signature de l’accord, les talibans ont été vus se réjouir en public de leur « victoire » contre les Etats-Unis.

Dans le Laghman, une province frontalière de Kaboul, 3.000 habitants et combattants talibans se sont réunis lundi pour célébrer un « accord de fin de l’occupation » ou encore la « défaite » de Washington.

Les militants se sont aussi engagés à continuer leur offensive contre le gouvernement de Kaboul jusqu’à la remise en place d’un « gouvernement islamique ».

En vertu de l’accord de Doha, les Américains et leurs alliés s’engagent à retirer toutes leurs troupes d’Afghanistan sous 14 mois si les insurgés respectent les termes de l’accord, dont l’ouverture de discussions entre les insurgés et Kaboul visant à mettre en place une paix durable.

Pete Buttigieg de nouveau candidat en 2024? Ou en 2052?

Pete Buttigieg, alias « Mayor Pete », a fait irruption avec fracas sur la scène politique américaine. Il pourrait y occuper une place de choix dans les années à venir. A condition de réussir à séduire au-delà de l’électorat blanc.

« Presque personne ne connaissait mon nom et presque personne ne pouvait le prononcer »: entre le lancement de sa campagne, le 14 avril 2019, et la fin de cette dernière, le 1er mars 2020, le chemin parcouru par ce maire trentenaire ouvertement gay d’une ville moyenne de l’Indiana est spectaculaire.

Fort en particulier d’une victoire dans le caucus de l’Iowa devant le vétéran Bernie Sanders, il peut espérer un parcours politique au-delà de sa ville natale de South Bend dont il fut maire pendant huit ans.

« Pete donne le sentiment que ce n’est pas pour lui la fin mais le début », résumait David Axelrod, l’un des artisans de la victoire de Barack Obama en 2008.

Dans son discours de renoncement à l’investiture démocrate dimanche soir, l’ex-candidat de 38 ans a promis de tout faire pour que l’Amérique ait « un président démocrate en janvier ». Et il a clairement laissé entendre qu’il faudrait compter avec lui.

Le jeune homme pressé, passé par Harvard, Oxford et le cabinet de conseil McKinsey, affiche avec aplomb de très grandes ambitions, un trait qui agace ses nombreux détracteurs dans son propre camp qui ironisent sur son côté « premier de la classe ».

Clairement positionné sur un créneau « centriste » au sein du parti démocrate, dans la droite ligne de Barack Obama, il sait que ce champ devrait s’ouvrir en grand.

L’ancien vice-président Joe Biden, lui aussi sur cette posture, s’est replacé dans la course à l’investiture. Mais il a 77 ans. Et, s’il l’emportait, certains évoquent déjà la possibilité qu’il ne fasse qu’un mandat.

– « Sans fortune personnelle » –

Pour l’heure, Pete Buttigieg, qui aime à rappeler qu’il s’est lancé « sans fortune personnelle », n’a depuis janvier plus aucun mandat électif. Pour la suite, il n’a livré aucune piste, et n’a aucune certitude.

En cas de victoire d’un démocrate le 3 novembre face à Donald Trump, il peut espérer un poste de choix au sein du gouvernement.

S’il veut trouver une place au Congrès, à la Chambre des représentants ou au Sénat, la partie s’annonce délicate dans son Etat de l’Indiana, très conservateur, d’où est originaire le vice-président Mike Pence, même s’il pourrait tenter sa chance lors des élections de mi-mandat en 2022.

Et s’il veut croire encore à un destin national, le chemin à parcourir reste encore long.

Sa décision de jeter l’éponge dans la course à l’investiture est intervenue trois jours après son revers lors de la primaire de Caroline du Sud où il est arrivé en quatrième position. Un chiffre a retenu l’attention: il n’a, selon les sondages réalisés par NBC à la sortie des urnes , obtenu que… 3% du vote noir.

Il n’a, de fait, pas réussi à convaincre cet électorat traditionnel des démocrates qu’il comprenait ses inquiétudes et qu’il avait pleinement pris la mesure de ses luttes, passées et à venir. Or en l’absence d’appui solide parmi ces derniers, son horizon politique restera bouché.

Au moment où la primaire démocrate prend la forme d’un combat entre trois septuagénaires – Bernie Sanders, Joe Biden, Michael Bloomberg – certains s’interrogent déjà: « Mayor Pete » se lancera-t-il une nouvelle fois à l’assaut de la Maison Blanche?

Lors de son discours dimanche soir, certains de ses partisans ont chanté « 2024!2024! ». Le jeune candidat a esquissé un sourire, mais n’a pas réagi. L’équation politique de la décennie qui s’ouvre est pleine d’inconnues, mais M.Buttigieg a une certitude: il a du temps devant lui.

« S’il était candidat à la Maison Blanche en 2052, Pete Buttigieg serait toujours plus jeune que la quasi-totalité des candidats encore en course dans cette campagne », relevait malicieusement Matt Viser du Washington Post.

L’émissaire de l’ONU en Libye Ghassan Salamé annonce sa démission

L’émissaire de l’ONU en Libye, Ghassan Salamé, a annoncé lundi sur son compte personnel Twitter sa démission pour des « raisons de santé » après près de trois ans à son poste.

« Je dois reconnaître que ma santé ne me permet plus de subir autant de stress, j’ai donc demandé au secrétaire général (de l’ONU) de me libérer de mes fonctions », a-t-il écrit.

Une source proche de M. Salamé a confirmé à l’AFP l’authenticité de l’annonce, sans donner d’autres détails.

« J’ai essayé d’unir les Libyens et de restreindre l’ingérence étrangère » dans ce pays, a ajouté le diplomate libanais qui a souhaité « la paix et la stabilité » en Libye.

M. Salamé a été nommé le 22 juin 2017 par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres comme son nouveau représentant spécial et chef de la Mission d’appui des Nations unies en Libye (Manul), succédant à l’Allemand Martin Kobler.

Depuis 2015, deux autorités rivales se disputent le pouvoir en Libye: le Gouvernement d’union nationale (GNA), reconnu par l’ONU et basé à Tripoli, et un pouvoir incarné par le maréchal Khalifa Haftar dans l’Est.

Une trêve est observée, bien que régulièrement violée, depuis le 12 janvier aux portes de la capitale libyenne entre les pro-GNA et les pro-Haftar qui ont lancé en avril 2019 une offensive pour s’emparer de Tripoli.

Vendredi à Genève, M. Salamé s’en est pris aux « cyniques » qui tentent de saper les discussions entre les belligérants libyens, réclamant par ailleurs un plus grand soutien international.

L’émissaire de l’ONU a déclaré qu’il souhaitait la poursuite du processus de négociations inter-libyens, facilité par les Nations unies et qui porte sur trois aspects – politique, militaire et économique – même si les deux camps ont annoncé la suspension de leur participation aux pourparlers politiques.

« Nous poursuivons notre ligne de conduite malgré les tergiversations de ces cyniques », a assuré Ghassam Salamé, vendredi.

Primaire démocrate: Biden doublement requinqué avant le « Super Tuesday »

Requinqué par sa large victoire en Caroline du Sud et l’abandon surprise de son jeune rival modéré Pete Buttigieg, Joe Biden espère désormais émerger du « Super Tuesday » comme le seul candidat en mesure de faire barrage à Bernie Sanders dans la primaire démocrate pour la présidentielle.

Mais avant de réduire la course démocrate à la Maison Blanche à un duel entre deux septuagénaires aux positionnements très éloignés, l’ancien vice-président des Etats-Unis devra composer lors de la « super » journée électorale de mardi avec un troisième concurrent: Mike Bloomberg.

Ce dernier, qui compte parmi les dix hommes les plus riches de la planète, a osé une tactique inédite en faisant l’impasse sur les quatre premiers Etats (Iowa, New Hampshire, Nevada et Caroline du Sud) à se prononcer dans la primaire.

L’homme d’affaires new-yorkais de 78 ans, qui a déjà dépensé en publicités politiques plus d’un demi-milliard de dollars, un record, joue gros, pour son entrée en lice, dans les 14 Etats appelés à voter mardi au cours du « Super Tuesday ».

Une contreperformance marquée tuerait quasiment sa campagne dans l’oeuf et laisserait Joe Biden comme seul rempart modéré à Bernie Sanders, dont les idées très à gauche inquiètent une partie de l’establishment démocrate.

« Les gens ne veulent pas d’une révolution », a d’ailleurs affirmé dimanche Joe Biden au lendemain de son large succès en Caroline du Sud, se posant une fois de plus, du haut de ses années d’expérience politique, comme le candidat le plus à même de déloger Donald Trump de la Maison Blanche.

« Le +Super Tuesday+ est une question de dynamique, et elle est avec nous », a insisté lundi sur CNN Kate Bedingfield, l’une des responsables de son équipe de campagne.

Revanchard — « Les médias et les analystes nous avaient enterrés » –, l’ancien bras droit de Barack Obama a aussi réservé une pique à Mike Bloomberg, un temps affilié au parti républicain avant de virer de bord: « Le parti démocrate veut un démocrate (…) pas un ancien républicain ».

– « Bon timing » –

Joe Biden, qui faisait campagne lundi au Texas, pourrait également profiter dans une certaine mesure du retrait de Pete Buttigieg, qui chassait sur les mêmes terres modérées que lui.

C’est en tout cas le constat fait dimanche soir à chaud par Donald Trump. « Pete Buttigieg arrête. Toutes ses voix du +Super Tuesday+ iront à Joe l’endormi. Bon timing », a écrit le président sur Twitter. « Les démocrates commencent pour de vrai à sortir Bernie du jeu ».

Encore inconnu il y a un an, « Mayor Pete », ancien maire d’une ville moyenne de l’Indiana, avait progressivement percé, au point de remporter début février le premier vote de la primaire, dans l’Iowa.

Mais ses mauvais résultats dans le Nevada et en Caroline du Sud ont mis en lumière sa difficulté à mobiliser au sein de l’électorat noir et hispanique, et le trentenaire homosexuel a déclaré se retirer au nom du « rassemblement » nécessaire pour battre Donald Trump dans les urnes le 3 novembre.

Selon la société d’analyse Morning Consult, le report de ses voix serait équivalent entre Bernie Sanders, Joe Biden et Mike Bloomberg.

A la veille du « Super Tuesday », les sondages étaient largement favorables au sénateur du Vermont. Le socialiste autoproclamé — un terme très marqué à gauche aux Etats-Unis — y pointait en tête dans trois (Californie, Texas et Virginie) des quatre Etats offrant le plus de délégués pour la Convention qui décidera in fine en juillet du nom du candidat démocrate à la présidentielle.

Seule la Caroline du Nord penchait du côté de Joe Biden, globalement mieux placé dans les intentions de vote que Mike Bloomberg, lequel a dégainé lundi une nouvelle publicité de campagne visant ses rivaux démocrates, sans en nommer un en particulier.

« Aucun autre démocrate n’a créé plus de 450.000 emplois », y avance l’ancien maire de New York. « Aucun autre démocrate n’a montré autant de résistance au lobby des armes. Aucun autre démocrate n’a mon bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique. Aucun autre démocrate ne battra Donald Trump ».

Bissau: démission d’un des deux présidents rivaux après des « menaces de mort »

Le « président intérimaire » investi par le camp donné battu à la présidentielle en Guinée-Bissau, Cipriano Cassama, a renoncé dimanche à la fonction de chef d’Etat à la suite de « menaces de mort », moins de 48 heures après sa désignation, dans une déclaration à la presse.

« Compte tenu des menaces de mort sur ma personne et mes gardes de corps, j’ai décidé de renoncer à la charge de président intérimaire pour laquelle j’ai été nommé, pour éviter un bain de sang en Guinée-Bissau et la confrontation » entre des forces de sécurité, a déclaré dimanche Cipriano Cassama, un responsable du PAIGC, formation qui domine la vie politique de cette ancienne colonie portugaise depuis son indépendance en 1974.

« Je crains pour mon intégrité physique. Ma vie et celle de ma famille (sont) en danger. Je n’ai aucune condition de sécurité. Hier (vendredi) soir, ils (des soldats) sont venus chercher tous mes corps de sécurité », a-t-il ajouté, tout en affirmant conserver sa fonction de chef de l’Assemblée nationale.

La renonciation de M. Cassama n’est pas partagée par le PAIGC, selon une responsable de cette formation.

« Nous n’acceptons pas cette démission de Cipriano Cassama. C’est comme s’il a renoncé à son pays. Pour nous, le combat continue », a déclaré dimanche à la presse la ministre de l’Administration territoriale et deuxième vice-présidente du PAIGC, Mme Maria Odete, sans plus de précision.

La Guinée-Bissau avait depuis vendredi deux présidents rivaux, une situation née de la confrontation, toujours en cours, entre les deux candidats au second tour de la présidentielle du 29 décembre.

Le candidat du PAIGC, l’ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, conteste toujours la victoire à la présidentielle attribuée par la Commission électorale à un autre ex-Premier ministre, l’opposant Umaro Sissoco Embalo.

Il avait refusé cette semaine d’accorder sa caution à l’investiture de M. Embalo, donné vainqueur par la commission électorale avec 53,55%. M. Pereira, crédité de 46,45%, et le PAIGC dénoncent des fraudes et réclament qu’on recompte les votes.

M. Cassama avait été désigné vendredi soir comme « président intérimaire » par 54 députés du PAIGC, sur un total de 102 à l’Assemblée nationale.

Sans attendre une décision de la Cour suprême, M. Embalo s’était fait quelques heures auparavant investi président de la République et s’est installé au palais présidentiel à Bissau.

M. Embalo a investi samedi le Premier ministre Nuno Gomes Nabiam qu’il avait nommé vendredi, après avoir démis le même jour le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), reconnu par la communauté internationale. La formation du gouvernement de M. Nabiam était attendue dimanche.

La Guinée-Bissau est plongée depuis son indépendance dans une instabilité chronique dans laquelle l’armée joue un grand rôle.

Le pays est l’un des plus pauvres de la planète. Les narcotrafiquants utilisent son territoire pour faire transiter la cocaïne d’Amérique latine vers l’Europe, avec la complicité suspectée de cadres de l’armée.

Mali: six soldats tués à Mondoro, attaquée pour la troisième fois en 6 mois (nouveau bilan)

Six soldats maliens ont été tués et 10 blessés dimanche dans une attaque de présumés jihadistes à Mondoro, une localité du centre du Mali déjà visée en septembre et le mois dernier, a indiqué lundi l’armée malienne.

Les Forces armées maliennes (FAMa) « déplorent 6 morts, 10 blessés et des engins endommagés » lors de cette attaque, qui a eu lieu vers 22H00 (GMT et locales), a indiqué l’armée sur Twitter.

Lors de leur riposte, « les FAMa ont détruit deux colonnes de véhicules et de motos terroristes », ainsi que « deux sites de regroupement des terroristes ». « Les frappes aériennes déclenchées dans la nuit ont permis de vite infliger d’importantes pertes humaines et matérielles chez les GAT (groupe armé terroriste) », selon la même source.

Les assaillants ont « attaqué un check-point avant de le détruire » et ont « utilisé des lance-roquettes pour tirer sur les véhicules de l’armée garés », a indiqué à l’AFP un élu de Mondoro.

« Les échanges de tirs ont duré environ une heure », puis « l’aviation malienne est venue pour bombarder les positions des jihadistes. Je ne connais pas le nombre de jihadistes tués, mais il y a des victimes », a ajouté cet élu s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.

Une association locale s’est inquiétée lundi d’un possible départ des militaires de Mondoro, où un soldat avait été tué et trois blessés le 14 février. Le camp de Mondoro, ainsi que celui de Boulkessi, proches de la frontière avec le Burkina Faso, avaient déjà été frappés en septembre par une double attaque jihadiste durant laquelle au moins 40 soldats avaient été tués.

« Selon des informations, des militaires menacent de quitter Mondoro après l’attaque. S’ils mettent à exécution cette décision, les terroristes vont prendre le contrôle non seulement de Mondoro, mais de tout le cercle de Douentza », a déclaré à l’AFP Oumar Ongoïba, un responsable de l’Association pour le développement de Mondoro (ADM), en soulignant le caractère stratégique de la zone.

L’attaque de septembre contre Mondoro et Boulkessi, l’un des plus graves revers de l’armée malienne depuis des années, avait été revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), principale alliance jihadiste du Sahel affiliée à Al-Qaïda, avec lequel le président malien Ibrahim Boubacar Keïta envisage notamment de négocier.

Le Mali est confronté depuis 2012 aux insurrections indépendantistes, salafistes et jihadistes et aux violences intercommunautaires qui ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, malgré la présence de forces africaines, onusiennes et internationales.

Parties du nord du pays, les violences se sont propagées au centre et aux pays voisins, le Burkina Faso et le Niger.

RDC: des bouchons dans la lutte anti-corruption

« Renouveau de la justice » ou impossible lutte anti-corruption ? Les autorités congolaises jurent qu’elles iront jusqu’au bout d’une enquête sur des « abus » dans le financement des grands travaux publics lancés par Félix Tshisekedi il y a un an jour pour jour.

Le 2 mars dernier, 36 jours après son investiture, le nouveau président de la République démocratique du Congo ouvrait une enveloppe de 300 millions de dollars pour construire ou réparer des routes, des maisons ou des ponts dans le cadre d’un « programme d’urgence des 100 jours ».

Un an après, aucun « saut-de-mouton » n’a été inauguré à Kinshasa.

Ces ponts par dessus la chaussée, mis en chantier pour aérer le trafic automobile, sont la vitrine des retards et des ratés du programme des « 100 jours », sur fond de détournements de fonds présumés.

A cause des travaux, la circulation est même pire qu’avant aux grands carrefours. Les automobilistes sont piégés dans des goulets d’étranglement à l’approche des palissades bleues occupant les deux-tiers de la chaussée.

C’est le cas sur la route de l’aéroport international de Ndjili, encombrée par trois chantiers de « sauts-de-mouton » dont certains ont à peine commencé.

« Des trajets de 30 minutes prennent maintenant une heure, voire une heure trente », tempête Junior Shaba, conducteur de mini-bus pris dans un embouteillage sur le boulevard du 30-juin.

« Ils ont bouffé l’argent! », s’énerve son collègue Bob Yundula.

Après une descente sur le terrain mi-février, le chef de l’État a demandé une information judiciaire.

– « Manipulations » –

En conseil des ministre le 20 février, le ministre de la Justice Célestin Tunda Ya Kasende a souhaité que cette enquête marque « le début du renouveau » de la justice en RDC, « pour un véritable État de droit ».

Le président Tshisekedi a fait de la lutte anti-corruption une priorité, à la demande pressante des bailleurs de fonds de la RDC, les États-Unis et le FMI en tête.

Les choses ne semblent pas aussi claires. Le chef de l’État a déploré que « certains magistrats en charge des dossiers soient l’objet de menaces et de manipulations » lors du dernier conseil des ministres vendredi.

Le parquet et la défense ne communiquent pas sur l’enquête en cours. Au moins trois patrons de société, un Congolais et deux étrangers implantés depuis très longtemps en RDC, sont en détention provisoire.

Le directeur général de l’Office des routes (OR, une entreprise publique), Mutima Sakrini, est soupçonné de mauvaise gestion dans l’attribution et le suivi des travaux des 100 jours.

Deux prestataires de service, l’Américain David Blattner et le Libanais Jamal Sammih, sont accusés d’avoir encaissé de l’argent public sans exécuter les travaux dans les délais contractuels de trois mois.

Leur défense est très discrète. Le dossier ne connaitra « aucune suite judiciaire », affirme un avocat qui se présente comme le conseil de M. Blattner.

Le chef de l’État a aussi déploré que « certaines personnes interpellées soient victimes de mauvais traitements dans l’unique but d’extorquer des aveux ».

Le parquet a aussi entendu les responsables de l’entreprise chinoise China Railways Engineering Company (CREC 7), qui construit au moins un « saut-de-mouton » à Kinshasa.

– Marché attribué « autour d’un verre » –

Là, c’est l’ambassadeur de Chine en RDC, Zhu Jing, qui s’est lui-même chargé du plaidoyer de la défense sur Twitter: « L’entreprise chinoise a bien respecté les délais de construction fixés par les autorités congolaises. C’est à elles de choisir le moment opportun pour la mise en circulation ».

Les marchés ont été passés sans appel d’offre, de gré à gré, « autour d’un verre », déplore le député Claudel Lubaya. Cette procédure du gré à gré n’est cependant pas illégale en RDC.

Les volontés anti-corruption du chef de l’État n’ont pas que des soutiens au sein même de la présidence de la République et son cabinet pléthorique (plus de 100 conseillers).

L’attribution des marchés publics a été coordonnée par le propre cabinet du chef de l’État, dirigé par un allié du président, Vital Kamerhe.

Le nom de M. Kamerhe avait été cité par l’Inspection des Finances en septembre dans l’affaire dite des 15 millions de dollars, qui auraient disparus des caisses du Trésor public.

Le chef de l’État avait confirmé l’ouverture d’une enquête judiciaire. Une enquête dont plus personne n’a entendu parler depuis.

M. Tshisekedi gouverne aussi en coalition avec les forces de son prédécesseur Joseph Kabila, qui ont gardé la majorité au Parlement.

En septembre, le nouveau ministre des Finances José Sele (venu du camp pro-Kabila) avait déjà demandé des « audits » sur le financement du programme des 100 jours et des « sauts-de-mouton ».

Des « sauts-de-moutons » qui doivent désormais être livrés au 31 mai 2020 d’après le dernier Conseil des ministres. Ou peut-être pour les célébrations du 30-juin qui marqueront le 60e anniversaire de l’indépendance du Congo.

Afrique du Sud: la police évacue des migrants qui veulent quitter le pays

La police sud-africaine a évacué dimanche plusieurs centaines de migrants au coeur d’un imbroglio juridique, qui campaient depuis quatre mois sur une place du centre de la très touristiques ville du Cap (sud-ouest).

Ces migrants venus d’autres pays africains sollicitent l’aide du Haut Commissariat des Nations unies aux réfugiés (HCR) pour quitter l’Afrique du Sud, où ils ne sentent pas en sécurité depuis une vague de violences xénophobes qui a fait au moins 12 morts et d’importants dégâts en septembre dernier.

Après avoir été expulsés des locaux du HCR au Cap, ils occupent depuis octobre une église et une place sur laquelle ils avaient installé un campement de tentes.

Sollicitée par la municipalité, la justice a ordonné le mois dernier leur expulsion.

Dimanche, la police a donc investi la place, procédé à l’expulsion des réfugiés et au démantèlement de leurs installations de fortune, ont constaté des journalistes de l’AFP.

« Nous ne sommes pas des animaux ! Nous ne sommes pas des cafards », « Dieu va vous punir pendant des générations », « où est la Nation arc-en-ciel ? », ont crié des migrants en colère.

Mais la plupart ont obtempéré sans incident majeur et évacué les lieux, au moins provisoirement.

« Nous n’avons aucun endroit où aller », s’est plainte Falone Manok, une mère de quatre enfants âgée de 28 ans venue de République démocratique du Congo (RDC).

« Je leur ai dit (au HCR) que je n’étais pas en sécurité ici en Afrique du Sud, que je voulais aller ailleurs », a-t-elle ajouté, « mais depuis j’attends ».

« On ne peut pas laisser la situation perdurer car elle a un impact sur le commerce local », a justifié l’élu du Cap chargé de la sécurité, JP Smith. « Et on ne peut pas fournir de logement d’urgence (aux migrants) eu égard aux besoins non satisfaits des Sud-Africains en la matière », a-t-il ajouté.

L’Afrique du Sud accueille 268.000 réfugiés et demandeurs d’asile, selon le gouvernement. Ils viennent pour la plupart de Somalie, d’Ethiopie, du Zimbabwe, du Nigeria et de RDC.

Première puissance industrielle du continent, l’Afrique du Sud, qui accueille des millions de migrants, est le théâtre régulier de violences xénophobes, nourries par le fort taux de chômage (29%), la pauvreté et des inégalités criantes.

Algérie/corruption: procès en appel d’ex-hauts dirigeants

Le procès en appel de plusieurs anciens hauts dirigeants politiques et grands patrons, condamnés pour corruption, s’est ouvert dimanche devant la Cour d’Alger, a indiqué l’agence officielle APS.

Une vingtaine d’accusés, ex-responsables politiques, riches patrons et hauts fonctionnaires, avaient été condamnés en décembre lors du premier procès consécutif aux enquêtes lancées après le départ du président Abdelaziz Bouteflika sous la pression de la rue.

Prévu initialement le 12 février, le procès avait été reporté une première fois au 26 février puis une seconde fois à la demande des avocats de la défense.

Il concerne diverses malversations dans le secteur de l’industrie algérienne de montage automobile dont l’octroi d’avantages à certains patrons et le financement électoral « occulte » de M. Bouteflika, chef de l’Etat durant 20 ans.

Candidat à un 5e mandat en avril 2019, M. Bouteflika a été contraint de démissionner le 2 avril face à un mouvement de contestation populaire inédit.

En première instance, Ahmed Ouyahia, 67 ans, quatre fois Premier ministre dont trois sous la présidence Bouteflika, a écopé de 15 ans de prison. Abdelmalek Sellal, 71 ans, qui dirigea le gouvernement de 2014 à 2017 et quatre campagnes électorales de M. Bouteflika, a été condamné à 12 ans de prison.

Dimanche, M. Ouyahia a rejeté toutes les charges retenues contre lui. « Je ne me suis rendu coupable d’aucun abus de fonction, je n’ai ni reçu de pots-de-vin ni blanchi de l’argent », a-t-il dit, ajoutant toutefois « avoir oublié de déclarer quelques biens », selon APS.

M. Sellal a également rejeté les charges à son encontre, appelant à faire comparaître M. Bouteflika, très affaibli depuis un AVC en 2013, comme témoin. Il a affirmé avoir mis en oeuvre « le programme du président, adopté par le Parlement, et dont le premier responsable est l’ancien président qui devrait comparaître comme témoin ».

Le procès en appel reprend lundi.

En première instance également, les ex-ministres de l’Industrie Mahdjoub Bedda et Youcef Yousfi ont écopé de 10 ans d’emprisonnement, l’ancienne préfète Nouria Yamina Zerhouni de cinq ans.

Ex-président du Forum des chefs d’entreprises, principale organisation patronale et PDG du n°1 privé du BTP algérien, Ali Haddad, considéré comme l’un des principaux financiers des dernières campagnes de M. Bouteflika, a été condamné à sept ans de prison.

Trois autres riches hommes d’affaires, Ahmed Mazouz, Hassen Arbaoui et l’ancien vice-président du FCE Mohamed Bairi, tous propriétaires d’usines de montage de véhicules, ont écopé respectivement de sept, six et trois ans de prison.

Cinq accusés en fuite ont été condamnés par contumace et ne sont pas rejugés. Parmi eux l’ancien ministre de l’Industrie Bouchouareb Abdessalem (20 ans de prison).

C’est la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962 que sont jugés des dirigeants de ce rang.

Au Malawi, l’armée en dernier rempart de l’ordre constitutionnel

Ce fut l’une des images fortes de la longue crise politique qui a précédé l’annulation pour fraude de l’élection présidentielle de mai 2019 au Malawi: l’armée dans la rue pour assurer la protection de manifestants hostiles au gouvernement.

Pendant les six mois qui ont suivi le scrutin contesté, le pays a été le théâtre de violences entre la police et les partisans de l’opposition, qui dénonçaient la réélection à leurs yeux frauduleuse du président sortant Peter Mutharika.

La Cour constitutionnelle leur a donné raison début février en annulant, une décision historique, la présidentielle pour cause d' »anomalies systématiques et graves ».

Un nouveau scrutin est prévu le 19 mai prochain.

L’an dernier, les premières semaines de la contestation électorale ont été marquées par des heurts entre des manifestants et la police qui ont fait au moins 2 morts, dont un policier.

C’est dans ce contexte explosif que l’armée est sortie de ses casernes le 19 juillet 2019 pour apaiser les tensions, sans que l’on sache clairement qui le lui a ordonné.

« L’armée met son savoir-faire à la disposition des autorités civiles, que ce soit la police ou un autre service », avait justifié l’année dernière le chef d’état-major des Forces de défense du Malawi (MDF), le général Vincent Nundwe.

Son intervention avait été peu goûtée du président Mutharika, qui avait dans la foulée nommé trois nouveaux généraux à des postes-clés de l’état-major.

– ‘Respect constitutionnel’ –

Une forme de pression qui n’a guère ému le général Nundwe.

« Je me dois de faire respecter ce qui est inscrit dans la Constitution », avait-il expliqué. « Que le peuple manifeste, après tout c’est son droit le plus strict. Mais il ne doit pas empiéter sur les droits des autres ou détruire de biens ».

L’article 160 de la loi fondamentale malawite stipule que « les MDF doivent faire respecter et protéger l’ordre constitutionnel de la République et aider les autorités à accomplir leurs fonctions telles que définies par la Constitution ».

« Les MDF protégeront tout le monde, sans aucune considération tribale ou de quelque autre sorte », insiste l’officier supérieur.

Sur un continent où les hommes en treillis sont souvent associés aux coups d’Etat et à la répression, le rôle de tampon joué par ceux du Malawi a surpris à l’étranger.

« Les images récentes de soldats protégeant des manifestations de l’opposition sont contraires à l’image que beaucoup d’Africains se font de l’armée », note Nathan Chiume, un analyste politique établi aux Etats-Unis.

A l’inverse, l’armée malawite s’est déjà plusieurs fois distinguée dans un rôle de protection des institutions.

En 1993, un an avant l’avènement de la démocratie, ses soldats avaient démantelé l’aile paramilitaire du président de l’époque, Hastings Kamuzu Banda (1966-1994).

En 2012, ils étaient à nouveau intervenus à la mort brutale du président Bingu wa Mutharika. Le gouvernement de l’époque essayait alors d’empêcher la vice-présidente Joyce Banda de prendre le pouvoir, conformément à la Constitution. L’armée l’a vite contraint à obtempérer.

– ‘Confiance’ –

« Les MDF ont permis à la démocratie et à l’Etat de droit de s’imposer », se souvient Mme Banda. « Elles ont joué un rôle essentiel en apportant la justice au nom des pauvres et des sans-voix au Malawi », ajoute l’ex-cheffe de l’Etat.

Selon elle, les manifestations des derniers mois n’auraient pas eu lieu sans la confiance de l’opposition en « ses » militaires.

« Les MDF sont une institution sur laquelle le peuple du Malawi a toujours pu compter », confirme le principal adversaire du régime, Chakwera. « Ces derniers mois, les soldats ont maintes fois créé un environnement sûr qui a permis aux citoyens d’exercer leur droit à manifester pacifiquement ».

Officiellement, le camp de Peter Mutharika s’est réjouit du rôle joué par les militaires pendant la récente crise.

« (Ils) se sont toujours comportés de façon professionnelle », note le porte-parole du gouvernement Mark Botomani, « nous avons une des armées les plus disciplinées de la région ».

En coulisses toutefois, les partisans du président sortant ne cachent pas une certaine exaspération.

« Je ne pense pas que l’armée ait formellement outrepassé son rôle », juge l’un d’eux, Joshua Khan, mais « elle aurait dû empêcher les manifestations. Il y a eu des morts ! » « Les marches pacifiques sont devenues violentes et les MDF ont semblé d’accord avec ça », déplore-t-il.

Malgré ces critiques, les deux camps restent persuadés que l’armée saura garder sa neutralité lors du nouveau scrutin à venir, malgré les inévitables tensions.

« Les MDF resteront impartiales », assure le général à la retraite Marcel Chirwa. « Elles barreront la route du pouvoir à tout parti considéré comme un ennemi des citoyens », ajoute-t-il, « mais rentreront dans leurs casernes (…) sitôt la menace écartée ».

Nigeria: 50 personnes tuées dans une attaque de « bandits » dans le Nord

Au moins 50 personnes ont été tuées dimanche lors d’une attaque de bandits armés dans trois villages de l’Etat de Kaduna, dans le Nord du Nigeria, ont indiqué lundi la police locale et des habitants.

Une centaine d’hommes armés, soupçonnés d’appartenir à un gang spécialisé dans le vol de bétail et les kidnappings, ont attaqué les villages de Kerawa, Zareyawa et Marina dans le district d’Igabi, tirant sur des habitants, pillant et incendiant des maisons, selon la police locale.

« Le commandement de la police a reçu un rapport sur ces attaques et nous avons envoyé des hommes dans la zone pour rassembler davantage d’informations », a déclaré à l’AFP le porte-parole de la police de l’Etat, Mohammed Jalige.

Un député de Kaduna et des habitants ont quant à eux fait état d’au moins 50 corps retrouvés, un bilan provisoire qui pourrait s’alourdir.

« Jusqu’à présent, 50 corps ont été retrouvés mais le chiffre n’est pas définitif et devrait très probablement augmenter car les opérations de secours sont toujours en cours », a déclaré le député Zayyad Ibrahim.

Les bandits ont attaqué les villages au moment où les fidèles sortaient des mosquées après la prière, tirant au hasard sur la population, a déclaré M. Ibrahim, précisant que les blessés avaient été évacués vers deux hôpitaux de la région.

Un chef du village de Kerawa, Dayyabu Kerawa, a assuré que « 51 victimes » avaient été « enterrées » dimanche après-midi après l’attaque, la présentant comme des représailles aux opérations menées par l’armée dans la région.

« Les attaques étaient une réponse aux opérations militaires en cours contre les cachettes des bandits dans la forêt » voisine, a affirmé M. Kerawa. « Les bandits ont accusé les habitants des villages ciblés de fournir des informations sur leurs cachettes aux militaires ».

Le mois dernier, 21 personnes, dont 16 membres d’une famille, avaient été tuées lors d’une attaque similaire contre le village de Bakali, dans le district voisin de Giwa.

Cette partie de l’Etat de Kaduna est devenue ces dernières années un repaire de bandits spécialisés dans le vol de bétail et les enlèvements contre rançon, qui ont forcé des milliers d’habitants à fuir leurs foyers.

En février, les autorités nigérianes ont affirmé avoir tué 250 bandits lors d’une opération visant leurs cachettes dans les forêts de l’Etat de Kaduna.

Dans une déclaration lundi, le sénateur de l’Etat de Kaduna, Shehu Sani, a dénoncé le « silence » et l' »inaction » des autorités face à l’insécurité qui ravage le nord du pays, région la plus pauvre et la moins éduquée, soulignant le sentiment d’abandon des populations.

« Les homicides et les enlèvements sont devenus monnaie courante dans les états de Kaduna, Katsina, Zamfara et Niger », a déclaré Shehu Sani. « Les gouverneurs du Nord continuent de faire l’autruche, craignant de s’opposer au gouvernement fédéral et de prendre des mesures indépendantes pour protéger leur peuple ».

« Le Nord est devenu une région d’enterrements sans fin et de deuil perpétuel », a-t-il dit. « Les bandits du Nord sont devenus l’Etat, ils imposent des amendes et des taxes, envoient des avis, contrôlent les territoires ».

Le sénateur assure que « l’insécurité omniprésente dans le Nord est renforcée et entretenue par le silence (…) de ses élites autant que par l’inaction du Gouvernement ».

Au Texas, les jeunes Latinos courtisés par les candidats démocrates

Dans la permanence d’Elizabeth Warren à Houston, des volontaires texans s’empressent de coller au mur les dernières pancartes en espagnol et de mettre des chaises en cercle.

Ils attendent l’arrivée d’une dizaine d’électeurs latinos venus discuter du programme de la candidate aux primaires démocrates.

Au Texas, le nerf de la guerre dans la course à l’investiture démocrate est la participation de l’électorat hispanique lors du « Super Tuesday » mardi, lorsque 14 Etats se rendront aux urnes pour choisir quel candidat ils veulent voir défier Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« Très souvent, nous sommes ignorés en tant que communauté », déplore auprès de l’AFP la romancière Ariane Navarro, venue avec son mari et ses deux enfants à ce forum.

Pendant une heure et demie, des personnes âgées, de jeunes adultes et même quelques familles discutent d’immigration, de santé et de leurs ressentis d’Américains latinos.

« Je suis entourée par des Latinos éduqués et nous pensons tous avoir une voix et être capables de transformer le Texas », ajoute l’ancienne professeure qui veut aider les jeunes de sa famille à s’inscrire sur les listes électorales.

L’équipe de campagne d’Elizabeth Warren se vante d’avoir organisé une tournée dédiée spécifiquement à la communauté hispanique à travers le Texas.

« Beaucoup de gens disent que le Texas est un Etat rouge (républicain, ndlr), mais c’est faux: c’est un Etat où les gens ne votent pas », affirme Maria Martinez, chargée d’établir des passerelles avec la communauté hispanique au niveau national.

Lors des primaires démocrates de mars 2016, seuls 7.44% de la population texane en âge de voter avait mis un bulletin dans l’urne: c’est environ 20% de moins qu’au niveau national. Pendant l’élection présidentielle de novembre 2016, la participation texane était également près de 10% sous la moyenne nationale.

– Quinceaneras –

Les prétendants démocrates se disputent ardemment le soutien de cette base qui ne cesse de croître: en 2020, les électeurs originaires d’Amérique centrale ou méridionale sont 1.4 million de plus qu’en 2012 à pouvoir voter au Texas.

« 56% du total des électeurs hispaniques vivent dans un Etat qui vote avant ou pendant le Super Tuesday, dont fait partie le Texas cette année », explique Mark Hugo Lopez du Pew Research Center. Un nombre plus important de Latinos a donc l’occasion de participer aux primaires qu’en 2012 ou en 2016.

Les publicités en espagnol et le porte-à-porte électoral ne suffisent plus, estime Antonio Arellano, directeur exécutif de l’organisation Jolt, qui encourage les jeunes latinos à se saisir du problème eux-mêmes.

Le collectif a notamment lancé l’initiative Poder Quince (« Pouvoir quinze »), qui offre d’inscrire sur les listes électorales les convives pendant les quinceaneras, la fête traditionnelle des jeunes filles mexicaines qui marque leur anniversaire de 15 ans. Une « nouvelle tradition d’engagement civique » qui « exploite la puissance de la culture latino », estime le militant sans-papiers de 29 ans.

Autre idée pour toucher les jeunes, un débat organisé à Houston en février entre étudiants et candidats à la primaire démocrate. Le super-favori de la course Bernie Sanders a accepté d’être présent par vidéoconférence.

Le socialiste revendiqué qui mène les sondages avec 30% d’intention de vote chez les Latinos est particulièrement populaire chez les jeunes et a été longuement applaudi par la foule.

– « Un poids sur mes épaules » –

Au milieu des galettes de riz et beurre de cacahuète, bougies électriques et franges découpées dans du papier mâché rose ou jaune, la permanence de Jolt est investie tous les jeudis par des bénévoles comme Victor Ibarra, qui veut « faire en sorte que la jeunesse latino ait une voix dans le futur ».

« Cela compte beaucoup pour moi que (les candidats, ndlr) aient pris le temps de nous parler et de répondre à nos questions », apprécie le physicien de 23 ans, dans une petite salle couverte de pancartes multicolores dans l’est de Houston.

« On se concentre sur les jeunes parce qu’on veut leur faire comprendre que c’est leur responsabilité d’aller informer leur famille », explique Leslie Hernandez, responsable du recensement pour Jolt qui encadre les volontaires.

Pour eux, le vote aux primaires démocrates n’est qu’une goutte dans l’océan des combats politiques à mener: écologie, recensement, antiracisme.

Avant de dresser des listes de politiciens à contacter avant leur prochain événement civique, et d’enregistrer une petite vidéo promotionnelle à destination de leurs réseaux sociaux, la demi-douzaine de lycéens et de jeunes adultes ferme les yeux et s’accorde cinq minutes de méditation sur fond de musique relaxante.

« En tant que Latina, j’ai l’impression de porter un poids sur mes épaules en permanence », commence Leslie Hernandez, qui exhorte les volontaires à respirer et à prendre soin d’eux. « Vous êtes en sécurité maintenant. »

Elections générales au Guyana à l’ombre de la future richesse pétrolière

Les électeurs se rendent aux urnes lundi au Guyana pour les élections générales dans ce pays pauvre d’Amérique du sud, où la découverte de nouvelles réserves de pétrole pourrait rebattre les cartes du paysage politique marqué par des divisions communautaires.

L’élection s’annonce serrée entre la coalition au pouvoir formée par le Partenariat pour l’Unité nationale et l’Alliance pour le changement (ANPU-AFC), dirigée par le président sortant David Granger et l’opposition du Parti progressiste du peuple (PPP) d’Irfaan Ali.

Jusque-là, la coalition n’avait qu’un siège d’avance sur l’opposition à l’Assemblée nationale, où les 65 sièges doivent être renouvelés.

Le chef du parti qui aura remporté le plus de sièges devrait être désigné président de cette république indépendante depuis 1966.

La production de pétrole actuelle d’environ 52.000 barils par jour pourrait atteindre 750.000 barils/jours en 2025, après la mise en service de vastes champs pétroliers off-shore découverts en 2016 par le géant américain ExxonMobil.

Le Fonds monétaire international (FMI) prévoit ainsi une croissance économique record de 85% pour 2020.

« C’est une élection très importante car une énorme richesse est sur le point d’arriver », estime Henry Jeffrey, un ancien professeur de relations internationales à l’Université du Guyana.

Mais l’ancienne colonie britannique, frontalière avec le Brésil, le Venezuela et le Suriname, n’est guère préparée à l’arrivée d’une telle manne : l’Etat manque cruellement d’experts pétroliers et aucun cadre législatif n’a été voté pour en assurer la bonne gestion.

Le vote devrait être conforme à la division politique de ce pays de 750.000 habitants – même si des observateurs estiment qu’au moins un tiers de la population a émigré aux Etats-Unis et dans les Caraïbes – calquée sur une ligne de partage communautaire.

La coalition est principalement soutenue par la communauté afro-guyanaise, descendante d’esclaves, et le PPP par la communauté indo-guyannaise, formée de descendants de migrants venus d’Inde.

« Le problème du Guyana est ethnique et aucun de ces partis ne propose quoi que ce soit de nouveau », selon Henry Jeffrey.

Après avoir perdu un vote de confiance fin 2018, dont il a contesté les résultats, le président Granger, 74 ans, a convoqué de nouvelles élections.

Le président sortant et son challenger de 39 ans ont tenté de séduire les électeurs en promettant l’éducation gratuite, des emplois, une augmentation des salaires et des retraites, grâce aux revenus pétroliers.

Mais selon l’ONG britannique Global Witness, le Guyana a d’ores et déjà perdu 55 milliards de dollars à cause d’un contrat d’exploration mal négocié avec ExxonMobil en 2016.

Les résultats du scrutin sont attendus après plusieurs jours. De nombreux bureaux de vote parmi les 2.000 dispersés dans tout le pays, sont situés dans des zones reculées de montagnes forestières.

New York prévoit de nombreux cas de coronavirus, cherche à endiguer la propagation

Le gouverneur de l’Etat de New York a indiqué s’attendre à de nombreux nouveaux cas de coronavirus sur son territoire, les autorités se concentrant sur des mesures de nature à contenir le virus, notamment grâce à une campagne de test massive.

L’Etat de New York a enregistré dimanche son premier cas confirmé de coronavirus, une professionnelle de santé de 39 ans qui est revenue mardi d’un séjour en Iran, foyer connu de la maladie.

Cette femme est actuellement confinée chez elle avec son mari, dont les autorités soupçonnent qu’il est également infecté. Elle souffre de problèmes respiratoires, mais son état n’est pas jugé sérieux.

Lors d’une conférence de presse, lundi, le gouverneur Andrew Cuomo a indiqué s’attendre à de nouveaux cas. « Ce ne sera pas un, deux, ou cinq. Ce sera beaucoup. »

Il prévoit également que des personnes sans contact connu avec une personne ayant séjourné à l’étranger dans un foyer d’infection contractent la maladie, comme cela a déjà été le cas dans les Etats de Washington et Californie.

« C’est pour cela que l’enjeu est de limiter la propagation », a insisté Andrew Cuomo.

Les autorités de la ville de New York et de l’Etat ont rappelé les précautions à prendre en matière d’hygiène et appelé les personnes se pensant malades à contacter les services de santé.

Une campagne de désinfection va être menée dans les transports et les écoles, bien qu’il semble, comme l’a rappelé le maire de New York, Bill de Blasio, que les enfants ne soient pas affectés par la contagion.

Des mesures spécifiques de protection vont être prises pour tous les lieux de séjour de personnes âgées, plus vulnérables aux conséquences de la maladie.

Les autorités new-yorkaises prévoient également de lancer une campagne de détection et le gouverneur a fixé l’objectif d’arriver, d’ici une semaine, à une capacité de 1.000 tests par jour.

Le gouvernement Trump a été critiqué ces dernières heures pour n’avoir pas procédé de manière plus systématique à des tests.

Selon les derniers chiffres du Centre de contrôle des maladies (CDC), publiés samedi, seuls 472 test avaient été réalisés sur tout le territoire américain depuis le début de la propagation du virus.

Le gouvernement fédéral a autorisé samedi l’Etat de New York a effectué ses propres tests.

« Il est important de prendre du recul », a exhorté le gouverneur Cuomo, en réponse aux inquiétudes de la population new-yorkaise. « Dans cette situation, les faits anéantissent la peur, parce que la réalité est rassurante. »

Il a rappelé que le taux de mortalité estimé du coronavirus était de 1,4%, contre 0,6% pour la grippe ordinaire, estimant que la proportion à attendre à New York serait sans doute moindre, compte tenu des mesures de prévention et de la qualité du système de santé.

Les Etats-Unis ont enregistré ce week-end les deux premiers décès liés au coronavirus sur le territoire américain, tous deux dans le même hôpital de la banlieue de Seattle (Washington).

Officiellement, seuls 22 cas ont été diagnostiqué sur le territoire américain, auxquels s’ajoutent 47 personnes rapatriées aux Etats-Unis.

Critiqué par l’opposition pour sa réponse initiale à la crise, le président américain Donald Trump a indiqué lundi matin sur Twitter qu’il allait recevoir dans la journée à la Maison Blanche les grands acteurs de l’industrie pharmaceutique pour discuter « vaccin et remède ».

« Des progrès sont accomplis! », a-t-il assuré.

« J’ai été critiqué par les démocrates lorsque j’ai fermé le pays à la Chine de nombreuses semaines avant ce que presque tout le monde a recommandé. Cela a sauvé de nombreuses vies », a-t-il poursuivi. « Restez calmes et vigilants! »

Le Premier ministre désigné jette l’éponge, l’Irak plonge dans l’inconnu

Le Premier ministre désigné Mohammed Allawi a renoncé à former un gouvernement, enfonçant davantage l’Irak dans l’inconnu et exacerbant la colère de la rue qui conspue ses dirigeants depuis cinq mois.

Face à des manifestants déterminés malgré près de 550 morts dans les violences, la crainte du nouveau coronavirus et face à la baisse des prix de pétrole, l’unique source de devise d’Irak, « les dirigeants sont dans une bulle », dénonce un haut responsable irakien sous couvert de l’anonymat.

Le Premier ministre démissionnaire Adel Abdel Mahdi et son équipe « continuent comme si de rien n’était », assure-t-il. Démissionnaire en décembre, M. Abdel Mahdi, a assuré dimanche qu’il cesserait de gérer les affaires courantes lundi. Mais il a finalement préféré conserver son poste.

Dans un communiqué en fin de journée, l’homme qui ne préside déjà plus les Conseils des ministres a expliqué qu’il allait seulement se mettre « en retrait » car le « vide constitutionnel » est « le plus grand danger » et qu’il valait mieux attendre qu’un successeur soit désigné à M. Allawi et que son gouvernement soit approuvé par le Parlement.

Ce changement est loin d’être acquis, comme l’a déjà expérimenté Mohammed Allawi. Désigné début février pour former un nouveau gouvernement, il n’a jamais pu présenter sa liste de ministres au Parlement car deux fois cette semaine, l’Assemblée la plus divisée de l’histoire récente de l’Irak n’a pu atteindre le quorum.

Il y a « des parties qui ne négocient que pour leurs propres intérêts sans respect pour la cause nationale », a tonné M. Allawi dimanche en annonçant qu’il jetait l’éponge.

L’influent leader chiite Moqtada Sadr, qui ne cesse de souffler le chaud et le froid tant vis-à-vis des politiciens que des manifestants, a dénoncé « des corrompus » prenant le pays « en otage ».

– « Propres intérêts » –

La Constitution ne prévoit pas l’option d’un départ du Premier ministre en cours de mandat. La démission de M. Abdel Mahdi est sans précédent, tout comme l’échec de son successeur désigné.

Mais d’après la Constitution, sans cesse contournée par politiciens et partis décidés à jouer la montre, la balle est dans le camp du président Barham Saleh après l’échec du Parlement à voter la confiance.

M. Saleh a 15 jours pour choisir qui formera le futur gouvernement. Cette fois-ci, il le fera sans demander l’avis des grands blocs parlementaires comme l’y obligeait la Constitution pour M. Allawi.

Selon des sources politiques, il a déjà fait son choix: le chef du renseignement Moustafa al-Kazimi.

Sur la place Tahrir à Bagdad, épicentre de la contestation, les manifestants réclament toujours une nouvelle classe politique, accusant leurs dirigeants actuels de corruption et d’être incapables de leur assurer les services de base -électricité, emplois, soins médicaux etc…

« Le peuple veut quelqu’un qui n’a jamais été aux affaires », affirme à l’AFP Mohammed, étudiant de 21 ans.

De nombreux manifestants veulent au poste de Premier ministre Alaa al-Rikaby, un pharmacien de Nassiriya, à la pointe de la contestation dans le Sud.

« Les partis ne cherchent que leurs propres intérêts, ils n’écoutent ni notre opinion ni nos problèmes », s’énerve Roqiya, 20 ans, dans un des pays les plus riches en pétrole du monde où un jeune sur quatre est au chômage et un habitant sur cinq pauvre.

– Ministères « à vendre » –

« Allawi a tenté de concilier les intérêts des partis et ceux du peuple pour gagner la rue mais il a échoué sur les deux tableaux », tranche Hamid Abou Nour, un commentateur politique.

Quel que soit son successeur, sa tâche sera ardue. Il devra mener le pays vers des élections anticipées pour renouveler le système politique basé sur la répartition des postes selon ethnies et confessions.

« Seules des élections pourront changer la donne », résume le responsable irakien. Mais, et c’est là que le bât blesse, pour y arriver… il faut un gouvernement!

M. Abdel Mahdi a beau proposer des législatives début décembre couplées à un référendum constitutionnel –alors que jusqu’ici aucune des réformes réclamées par la rue n’a été votée ou sérieusement discutée au Parlement– les divergences entre Kurdes, sunnites et chiites sont telles que même le quorum est inatteignable.

Les Kurdes réclament pour leur région autonome (nord) des garanties sur leur part du budget fédéral. Avec les sunnites, ils veulent le maintien des soldats américains en Irak. Mais le prochain Premier ministre, chiite selon la répartition des postes, est lié par un vote du Parlement ordonnant leur expulsion. Seuls les députés chiites avaient alors voté.

Les trois communautés se disputent les postes ministériels dans le 16e pays le plus corrompu au monde où les postes se « vendent » et s' »achètent » selon de nombreuses sources politiques qui n’hésitent pas à donner des prix.

Virus: la cathédrale rouvre à Milan, qui vit toujours au ralenti

La cathédrale de Milan, monument symbole de la capitale économique italienne fermé une semaine durant pour cause de coronavirus, a rouvert lundi aux touristes, tout comme les musées, mais avec certaines limitations recommandées par les experts de santé publique.

Ce n’était pas la grande foule pour la réouverture à 09H00 (08H00 GMT) à l’entrée de la splendide cathédrale gothique, où se pressaient plus de journalistes que de touristes.

Parmi les rares visiteurs ayant bravé la pluie, Imasu Ohashi, un Japonais de 24 ans accompagné de sa mère. « A l’intérieur, il y avait très peu de monde », raconte-t-il aux journalistes de l’AFP qui, en fin de matinée, ne décomptaient qu’une vingtaine de personnes sous l’immense nef.

« Je suis resté une demi-heure à l’intérieur, j’ai pu admirer les peintures, les marbres, les plafonds, je suis très heureux… » explique le jeune homme, ravi de profiter de Milan et de Venise désertées tout en reconnaissant que « la situation est très difficile pour le gouvernement et les gens angoissés ».

Cristian Russovich, un touriste argentin qui porte un masque « par précaution », se félicite lui aussi de la réouverture. « Nous sommes contents parce qu’hier nous n’avons pas pu visiter le couvent où se trouve la Cène (peinte par Léonard de Vinci), fermé à cause du coronavirus », explique-t-il.

Le gouvernement a fixé par décret des limites à la réouverture des monuments et musées. Il faut le faire « de manière contingentée » en évitant le phénomène de groupes resserrés ne permettant pas d’assurer une distance de sécurité d’un mètre entre les visiteurs pour éviter la contagion, alors que l’Italie affiche le plus lourd bilan d’Europe avec 1.694 cas positifs et 34 décès.

L’Italie est désormais officiellement divisée en trois zones. La « zone rouge » placée sous quarantaine, couvre 11 communes du Nord du pays représentant plus de 50.000 habitants.

– « Symbole italien » –

La deuxième zone appelée « jaune » concerne les trois régions les plus touchées –Lombardie (qui inclut Milan), Emilie-Romagne (Bologne) et Vénétie (Venise). Les écoles et universités y sont fermées jusqu’au 8 mars. Les stations de ski restent ouvertes, mais à condition qu’on ne dépasse pas un tiers de la capacité à bord des remontées mécaniques.

Un coup d’arrêt est aussi donné aux « grands événements » sportifs et culturels (matches, concerts…), tandis que les cinémas, théâtres, discothèques et salles de sports restent fermés.

La troisième zone couvre le reste du pays où des mesures de restriction sont fixées au cas par cas.

Ainsi à Rome, l’église Saint-Louis des Français à Rome, qui recèle des chefs-d’oeuvre du peintre Le Caravage, a été fermée par précaution dimanche après que l’un de ses prêtres rentré en France a été testé positif mais elle devrait rouvrir rapidement après désinfection.

Les mesures de précaution prises par le gouvernement ne font pas l’unanimité.

Andrea Riccardi, fondateur de la communauté catholique de Sant’Egidio très proche du pape François, critique ainsi la fermeture « de tant d’églises dans le Nord de l’Italie », « des mesures qui me remplissent d’une certaine amertume ».

« Les églises ont été assimilées aux cinémas et théâtres », déplore-t-il.

« Les églises ne sont pas seulement un lieu de +rassemblement+ mais aussi un lieu spirituel, une ressource en période difficile, qui suscite de l’espoir, console et nous rappelle qu’on ne se sauvera pas tous seuls », estime-t-il, excluant tout risque aux messes dominicales « auxquelles participent une poignée de personnes dispersées sur des bancs éloignés ».

Un avis partagé par certains sur le parvis de la cathédrale de Milan. « C’est important que la cathédrale rouvre. Il est illogique d’avoir des supermarchés ouverts mais des églises fermées », estime Ivano Caiola, 54 ans, harnaché d’un sac à dos et venu avec sa femme retirer le carnet officiel de pèlerin pour Saint-Jacques de Compostelle. « La cathédrale, pour nous c’est un symbole italien, c’est notre histoire ».

Troisième round électoral en Israël, Gantz appelle à tourner la page Netanyahu

L’opposant Benny Gantz a appelé lundi à tourner la page de l’ère de Benjamin Netanyahu, inculpé pour corruption, lors des troisièmes législatives en moins d’un an en Israël, pays plongé dans la plus grave crise politique de son histoire.

Et à l’heure du nouveau coronavirus, ce vote a donné parfois lieu à des scènes de science-fiction dans des bureaux désignés, où du personnel électoral en combinaison de protection accueille des Israéliens entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans des pays touchés par l’épidémie.

Après avoir voté à Jérusalem, M. Netanyahu a appelé ses partisans à voter en masse pour assurer la « victoire », affirmant que « cette affaire de coronavirus est totalement sous contrôle ».

Dans le camp adverse, M. Gantz, son principal rival, a dit « espérer qu’aujourd’hui marquera le début d’un processus de guérison (…) Aujourd’hui, nous allons changer de disque, mettre fin aux dérapages, aux mensonges et à la manipulation. »

Après des élections en avril et septembre 2019 n’ayant pas réussi à départager le Likoud (droite) de M. , 70 ans, et la formation centriste Kahol Lavan (« Bleu-blanc ») de M. Gantz, 60 ans, les Israéliens sont appelés à boucler ce triathlon politique.

Une chose a changé depuis le dernier scrutin: l’inculpation de Benjamin Netanyahu, devenu en novembre le premier chef de gouvernement israélien en fonction à être mis en examen, et de surcroît pour corruption, malversations et abus de confiance.

M. Netanyahu joue son avenir politique à deux semaines du de son procès le 17 mars. Son inculpation n’a pas causé de fléchissement de ses soutiens au Likoud, selon les derniers sondages qui prévoient une nouvelle lutte serrée avec M. Gantz, pouvant se jouer à un ou deux sièges près.

– « Il reste innocent » –

Quelque 6,4 millions d’électeurs sont appelés à voter jusqu’à 22H00 (20H00 GMT). Suivront des sondages à la sortie des urnes et des résultats préliminaires.

Ella Levy, 63 ans, a voté pour « Bibi Netanyahu ». Il « nous a menés où nous sommes aujourd’hui, politiquement, économiquement et je veux que cela continue. Et puis, il reste innocent jusqu’à preuve du contraire. »

Etudiante en mathématiques, Inbal a elle donné sa voix à Benny Gantz pour empêcher M. Netanyahu de rester au pouvoir. « Gantz ne m’impressionne pas mais il n’y a pas d’autres options. »

Ni le Likoud, ni « Bleu-blanc » ne peuvent former un gouvernement sans l’appui d’autres partis.

M. Netanyahu, au pouvoir pendant 14 ans dont la dernière décennie sans interruption, compte sur le soutien des formations ultra-orthodoxes du Shass, du Judaïsme unifié de la Torah ainsi que de la liste Yamina (droite radicale).

« Bleu-Blanc » mise sur le soutien des partis de gauche, réunis au sein d’une liste unique, et pourrait bénéficier d’un appui de la « Liste unie » des partis arabes israéliens qui avaient provoqué la surprise en septembre en gravissant la troisième marche du podium avec 13 sièges.

« Nous espérons cette fois en obtenir 16 », a dit le chef de la « Liste unie », Ayman Odeh, dont l’objectif avoué est de barrer la route à M. Netanyahu, « parrain » selon lui du plan du président américain Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien.

La « Liste unie » tente de récolter les fruits de la frustration chez la minorité arabe israélienne (environ 20% de la population) face à ce plan applaudi par Israël et rejeté par les Palestiniens.

– Une campagne « sale » –

M. Netanyahu a mené sa campagne sur le socle du projet Trump, en promettant l’annexion rapide de la vallée du Jourdain et de colonies israéliennes en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par Israël, comme prévu par le plan.

Benny Gantz soutient lui aussi le projet américain.

La campagne électorale a été marquée par des scandales, des mots parfois durs, voire des conversations personnelles de responsables politiques enregistrées à leur insu puis diffusées dans les médias…

« Nous ne méritons pas une autre campagne sale et lamentable comme celle qui s’est achevée aujourd’hui et nous ne méritons pas cette instabilité sans fin », a déclaré le président Reuven Rivlin, qui a dit ressentir une « honte profonde ».

Dans cette élection, la grande inconnue demeure la participation liée entre autres à la crainte du nouveau coronavirus.

Des bureaux de vote spécifiques ont été désignés pour environ 5.600 Israéliens entrés en contact avec des personnes contaminées ou ayant voyagé dans des pays touchés par l’épidémie.

Selon un dernier bilan, dix cas ont été recensés en Israël.

Des partis redoutent que la propagation de « fausses nouvelles » sur cette épidémie pousse les électeurs à éviter les bureaux de vote.

Primaires démocrates: Buttigieg jette l’éponge, l’horizon de Biden s’éclaircit

Le jeune candidat modéré Pete Buttigieg a abandonné dimanche la course démocrate à la Maison Blanche, renforçant les chances de Joe Biden face au favori Bernie Sanders, plus à gauche.

La nouvelle choc de son retrait est tombée à deux jours de la primaire géante du , lorsque les électeurs démocrates de 14 Etats voteront pour choisir celui, ou celle, qui affrontera Donald Trump le 3 novembre.

Et alors que le modéré Joe Biden, ancien vice-président de Barack Obama, bénéficiait déjà d’une dynamique décuplée grâce à sa large victoire samedi à la primaire démocrate de Caroline du Sud.

« Notre objectif a toujours été d’aider à rassembler les Américains pour battre Donald Trump », a déclaré , premier candidat ouvertement homosexuel dans la course à la Maison Blanche.

Il n’a pas eu d’autre choix que de se retirer et « d’aider à rassembler » le parti a-t-il expliqué lors d’un discours ému dans sa ville de South Bend, dans l’Indiana, dont il a été maire.

Agé de 38 ans, il s’était positionné comme un modéré, mettant en garde contre les excès de l’aile gauche du parti, incarnée par Bernie Sanders. Il l’avait remporté d’un cheveu face à lui dans l’Iowa et était arrivé deuxième dans le New Hampshire.

Une excellente performance pour cet inconnu du grand public il y a encore peu.

Sa décision survient après une sévère défaite en Caroline du Sud, qui a mis en lumière sa grande difficulté à mobiliser au sein de l’électorat noir, essentiel pour qu’un démocrate remporte la Maison Blanche.

Comme certains observateurs, Donald Trump a prédit, sur Twitter, que Joe Biden serait le grand bénéficiaire du départ de Pete Buttigieg.

Mais la société d’analyse Morning Consult affirmait que le report de voix pourrait être presque équivalent entre MM. Biden et Sanders.

– « Coup de fouet » –

Après sa victoire en Caroline du Sud, Joe Biden, 77 ans, s’est plus que jamais posé dimanche en alternative à Bernie Sanders, 78 ans, mettant en doute la capacité de son rival démocrate à rassembler.

Après avoir déçu lors des trois premiers scrutins en Iowa, dans le New Hampshire et le Nevada, M. Biden a finalement réussi à stopper l’hémorragie samedi, réunissant quasiment la moitié des suffrages exprimés (48,4%), plus du double de Bernie Sanders (19,9%), deuxième.

« C’est un gros coup de fouet pour nous », s’est félicité Joe Biden dimanche sur CNN.

Plus d’un tiers des délégués (environ 34%), qui choisiront le candidat du parti lors de la convention démocrate, mi-juillet, seront désignés mardi lors du « Super Tuesday ».

Le septuagénaire fut longtemps le super favori au sein des démocrates avant d’être dépassé par Bernie Sanders. Il ne sont plus que six à briguer l’investiture démocrate, dont trois hommes approchant des 80 ans.

Les autres candidats distancés, Joe Biden affronte mardi un Bernie Sanders qui a levé quasiment le double du montant récolté par son équipe de campagne (134 millions de dollars contre 70) et dispose d’un réseau de terrain inégalé chez les démocrates.

Pour amplifier son élan, celui qui fut sénateur du Delaware de 1973 à 2009 est reparti à la charge contre son principal concurrent, un socialiste autoproclamé dont le programme trop à gauche, selon lui, risque d’échauder une part importante des électeurs.

Mal positionné dans de nombreux Etats importants en jeu mardi, notamment la Californie et le Texas, Joe Biden s’est projeté vers la présidentielle en affirmant qu’il pourrait rassembler au-delà de la base démocrate dans des Etats qui balancent entre les deux grands partis.

– « Pas de révolution » –

« Pour battre Trump, nous allons avoir besoin de la plus forte participation de l’histoire de ce pays », a répliqué Bernie Sanders, sur ABC. « Et je ne crois pas que ce soit faisable si vous n’avez pas un message qui résonne au sein de la classe ouvrière et des classes moyennes. »

« Les gens ne veulent pas d’une révolution », a martelé Joe Biden, en référence au programme de Bernie Sanders.

M. Biden voit aussi approcher la menace Michael Bloomberg, ancien maire de New York et ex-républicain, qui entrera en lice mardi. Il a déjà dépensé plus de 500 millions de dollars en publicités de campagne, du jamais vu.

« Le parti démocrate veut un démocrate », a lancé Joseph Robinette Biden Jr, de son nom complet, sur Fox. « Pas un socialiste, pas un ancien républicain ».