Affaire Noureddin Bongo : les auteurs de la plainte s’engagent à poursuivre leur combat auprès d’autres juridictions internationales

L’affaire liée à la plainte des 4 membres de la société civile contre Noureddin Bongo Valentin pour corruption n’est pas encore terminée selon les auteurs de la plainte.

Si le Parquet de Libreville a classé sans suite l’affaire les opposant au Coordinateur général des Affaires présidentielles, Noureddin Bongo Valentin, les Organisations de la société civile gabonaise engagées dans la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux au Gabon estiment que «les enquêtes judiciaires ont été insuffisantes et volontairement tronquées».

 Les quatre organisations de la société civile auteures de la plainte comptent poursuivre leur combat auprès d’autres juridictions nationales et internationales jusqu’à ce que la vérité éclate. C’est du moins ce qu’ils a ont assuré dans un communiqué daté du 16 février, elles annoncent qu’elles ne céderont devant aucune intimidation ou menace.

Le 14 février, après audition des différentes parties, le procureur de la République avait en effet classé l’affaire. Une décision que le Parquet motivait par le manque d’éléments de preuves suffisantes pour établir la présomption de culpabilité de l’accusé et pouvant lui permettre d’appuyer le dossier devant le juge d’instruction.

 

 

 

RDC: en Ituri, les victimes d’un « crime contre l’humanité » demandent de l’aide à la présidente de l’Assemblée nationale

Des femmes de l’Ituri, qui ont fui un conflit digne d’un « crime contre l’humanité » d’après les Nations unies, ont fait part de leur désespoir à la présidente de l’Assemblée nationale Jeanine Mabunda, en « visite de solidarité » auprès des déplacés dans l’est de la République démocratique du Congo.

« Faites confiance aux institutions », a déclaré mardi sur place Mme Mabunda. Le gouvernement « travaille assidûment au retour de la paix », a-t-elle assuré.

« Comme femme, +maman+ Mabunda peut mieux comprendre notre détresse. Notre souci est de retourner chez nous. Pour cela, l’État doit renforcer la sécurité », a déclaré à l’AFP Pauline, 53 ans, l’une des quelque 27.000 déplacés qui survivent dans trois camps à Bunia, le chef-lieu de l’Ituri (nord-est).

Des centaines de milliers de civils ont fui le nord de la province après des vagues de violences qui ont tué 701 personnes depuis fin 2017, d’après un rapport du bureau des droits de l’homme des Nations unies publié en janvier.

« Nous avons pu confirmer les crimes contre l’humanité », a affirmé la Haut-commissaire aux droits de l’homme Michelle Bachelet après une visite à Bunia fin janvier.

« Maman » Pauline affirme avoir fui avec ses cinq petits enfants après la mort de son mari en décembre 2018 lors d’une attaque dans le territoire de Djugu, épicentre des violences.

Ses voisines Bavazi et Célestine disent avoir échappé à une autre vague de massacres en mai 2019.

« Les autorités devraient tout faire pour mettre fin à la crise. Nous avons aussi droit à une vie décente », affirme Célestine.

Mme Mabunda était lundi au chevet des déplacés de Beni victimes de la violence du groupe armé ADF dans la province voisine du Nord-Kivu. Elle doit se rendre mercredi à Bukavu (Sud-Kivu).

Un conflit en Ituri avait tué des dizaines de milliers de personnes entre 1999 et 2003. Il opposait deux communautés, les Lendu, majoritairement agriculteurs, et les Hema, éleveurs et commerçants, dans cette province aurifère et pourvue de pétrole, frontalière de l’Ouganda et du Soudan du Sud.

Depuis fin 2017, « la grande majorité des victimes des attaques semblent avoir été visées en raison de leur appartenance à la communauté hema (au moins 402 membres de cette communauté tués entre décembre 2017 et septembre 2019) ». « L’un des enjeux majeurs du conflit est en effet le contrôle des terres par les Lendu », ajoute le rapport conjoint de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco) et du bureau des droits de l’homme.

Syrie: le premier vol civil en huit ans atterrit à l’aéroport d’Alep

Un vol civil transportant ministres syriens et journalistes a atterri mercredi à l’aéroport d’Alep, en provenance de Damas, le premier en huit ans de conflit, a rapporté un correspondant de l’AFP à bord de l’avion.

Ce vol intervient quelques jours après que les forces gouvernementales ont reconquis tous les secteurs autour d’Alep, sécurisant la deuxième ville du pays en repoussant jihadistes et rebelles qui tiraient des roquettes sur la grande métropole du nord.

La réouverture de l’aéroport d’Alep et la récente reconquête de l’autoroute M5 qui relie la ville à la capitale Damas représentent une victoire symbolique et économique pour les autorités de Bachar al-Assad.

Les ministres du Transport et du Tourisme se trouvaient à bord de l’Airbus A320 de la compagnie nationale Syrian Air qui a décollé de la capitale, avec à son bord un groupe de journalistes invités par le ministère de l’Information.

Après un vol de 40 minutes, l’avion a atterri à 11H22 (09H22 GMT) à Alep, où des responsables et des employés étaient rassemblés dans une atmosphère festive pour accueillir les passagers.

Cité par l’agence officielle Sana, le ministre des Transports Ali Hammoud a salué la réouverture de l’aéroport et la reprise prochaine –à une date toutefois à préciser– des vols intérieurs et internationaux.

« C’est une victoire significative réalisée grâce aux sacrifices de l’héroïque armée syrienne et la détermination du peuple syrien », a-t-il lancé.

Lundi, les autorités avaient indiqué que des vols vers Damas et Le Caire seraient programmés « dans les prochains jours ».

L’aéroport d’Alep, à l’est de la métropole, a interrompu tous les vols commerciaux en 2012, l’année où des groupes rebelles ont pris le contrôle des quartiers Est de la ville.

Chef-lieu de la province du même nom, Alep a été reprise dans son intégralité fin 2016 par le pouvoir de Bachar al-Assad.

Des vols tests ont été effectués en 2017.

Les reconquêtes aux environs d’Alep se déroulent dans le cadre d’une offensive lancée en décembre avec le soutien de Moscou, contre l’ultime grand bastion jihadiste et rebelle dans le nord-ouest syrien, à savoir la région d’Idleb et des secteurs limitrophes.

Les jihadistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS, ex-branche syrienne d’Al-Qaïda) dominent encore plus de la moitié de la province d’Idleb et des secteurs attenants dans celles d’Alep, de Hama et de Lattaquié.

Depuis décembre, près de 900.000 personnes ont été déplacées par les violences, selon l’ONU.

Déclenchée en mars 2011 par la répression de manifestations pacifiques, la guerre en Syrie a fait plus de 380.000 morts.

Syrie: vive réaction de Moscou à une menace d’offensive militaire d’Erdogan

Le président turc Recep Tayyip Erdogan s’est attiré une mise en garde immédiate de Moscou après avoir menacé de lancer rapidement une offensive militaire contre les forces syriennes dans la région d’Idleb (nord-ouest).

Cet échange musclé intervient alors que la situation humanitaire a atteint un point critique dans cette région, dernier bastion rebelle et jihadiste en Syrie, où près d’un million de personnes ont fui une offensive du régime appuyée par l’aviation russe.

Signe de la tension extrême dans la zone, M. Erdogan a réitéré son ultimatum au régime pour qu’il se retire d’ici fin février à l’est d’une autoroute clé et des abords de postes d’observation turcs à Idleb.

« Il s’agit de nos dernières mises en garde (…) Nous pourrons surgir une nuit sans crier gare. Pour le dire d’une manière plus explicite, une opération à Idleb est imminente », a menacé le chef de l’Etat turc.

La Russie, parrain du régime, a immédiatement réagi. Une telle opération serait « la pire des options », a déclaré le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Cette passe d’armes intervient alors que des discussions entre Ankara et Moscou ont échoué jusqu’à présent à réduire les tensions à Idleb.

L’offensive de Damas a provoqué une crise ouverte avec Ankara, qui appuie certains groupes rebelles, lorsque plusieurs soldats turcs déployés à Idleb ont été tués par des bombardements syriens, début février.

– Exode massif de civils –

Ces tensions ont aussi suscité des frictions entre Ankara et Moscou, qui coopèrent étroitement en Syrie depuis 2016, en dépit de leurs intérêts divergents.

Les deux pays ont notamment parrainé en 2018 un accord dans la station balnéaire russe de Sotchi visant à faire taire les armes.

Ankara voit d’un mauvais oeil l’avancée du régime à Idleb, région frontalière de la Turquie, redoutant un nouvel afflux de déplacés sur son sol. Quelque 3,7 millions de Syriens y ont déjà trouvé refuge depuis 2011.

Après plusieurs semaines d’offensive des forces du régime syrien déterminées à reprendre la région d’Idleb, la situation humanitaire est catastrophique.

Selon l’ONU, environ 900.000 personnes, en vaste majorité des femmes et des enfants, ont fui depuis début décembre l’offensive menée par le régime d’Assad et Moscou dans la région d’Idleb et ses environs.

Jamais le pays, en guerre depuis 2011, n’a connu un tel exode sur une période de temps aussi courte. Au total, le conflit syrien a poussé à l’exil des millions de civils et tué plus de 380.000 personnes.

Lors d’une conférence de presse à Istanbul mercredi, une coalition d’ONG syriennes a exhorté « le monde à se réveiller et à stopper le carnage » à Idleb, dressant un état des lieux alarmiste de la situation humanitaire dans cette province.

Selon la Coalition des ONG syriennes (SNA), « les camps de réfugiés déjà construits sont surpeuplés (…) et les civils n’ont d’autre choix que de dormir à l’air libre », malgré les températures hivernales.

– Hôpitaux touchés par des frappes –

Ces ONG estiment qu’une aide d’urgence de 310 millions d’euros est nécessaire pour faire face aux besoins essentiels de ces déplacés qui ont trouvé refuge à proximité de la frontière turque, s’entassant par dizaines de milliers dans des camps de fortune.

Selon l’OSDH, plus de 400 civils, dont 112 enfants, ont péri depuis que le régime, appuyé par l’aviation russe, a lancé une nouvelle offensive dans le nord-ouest mi-décembre.

De nombreuses ONG accusent le régime syrien et la Russie de cibler des populations et infrastructures civiles.

Sur les 550 structures sanitaires de la région, seule la moitié est encore opérationnelle, a décrié mardi l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Selon l’agence de l’ONU pour l’enfance (Unicef), les deux derniers hôpitaux opérationnels dans l’ouest de la province d’Alep, voisine d’Idleb, dont une maternité, ont été touchés par des frappes.

En dépit des mises en garde répétées d’Ankara, les forces gouvernementales poursuivent leur offensive et concentrent actuellement leurs opérations dans l’ouest de la province d’Alep, a indiqué l’OSDH.

Les prorégime tentent de progresser « en direction de la montagne Cheikh Barakat », qui surplombe de vastes régions dans l’ouest d’Alep et le nord d’Idleb, près de la frontière turque, d’après l’OSDH.

Transports ferroviaires : 12 nouveaux conducteurs ont reçu les parchemins qui justifient leur opérationnalité

Au terme d’une formation de conducteurs de ligne faite conformément aux textes règlementaires en vigueur, 12 stagiaires ont reçu les parchemins qui justifient leur opérationnalité.

Selon la société d’exploitation du Transgabonais (SETRAG), les 12 stagiaires ont été sélectionnés parmi les conducteurs de trains pour les opérations de manœuvres dans les gares. Ils ont eu droit à une formation additionnelle de trois mois pour devenir des conducteurs de ligne.

« On avait un déficit en conducteur, la formation qui a été lancée. Celle-là, c’est la première vague, nous attendons dans quelques mois deux autre vagues de conducteurs, donc on aura au total une soixantaine de conducteurs qui vont renforcer le nombre de conducteurs dont on a besoin pour réaliser les objectifs », a indiqué Mr Mini, directeur général adjoint de la SETRAG.

Si la récurrence des déraillements rappelle l’urgence de rénover le chemin de fer, le Secretaire exécutif de l’Autorité de régulation des Transports ferroviaires, Karine Arissani a rappelé aux nouveaux chemineaux leur responsabilité dans la sécurité des personnes et des biens qui leur sont confiés.

« La sécurité c’est très important parce qu’il faudrait qu’ils sachent qu’en dehors des marchandises, il y a aussi les voyageurs et donc il faut absolument qu’ils soient sérieux, qu’ils comprennent que la tâche qui leur incombe est vraiment très importante », a insisté Mme Arissani.

Le conducteur de train assure le transport des voyageurs ou des marchandises sur le réseau ferré, il surveille le bon fonctionnement des dispositifs de pilotage pour garantir la sécurité lors des voyages.

Alerte : l’activiste Carl Mihindou Mi-Nzamba proche de l’opposant Jean Ping kidnappé par un commando

Carl Mihindou Mi-Nzamba, proche de l’opposant Jean Ping, a été enlevé  mardi en soirée (19heures 30mn) à son domicile d’Angondjé à Libreville, par un commando lourdement armé, composé des personnes se présentant comme des policiers, rapporte un proche de sa famille.

L’activiste a été conduit dans une direction inconnue. Les personnes l’ayant kidnappé  ne sont pas identifiées. Comme des vrais Officiers de police judiciaire (OPJ), ces personnes auraient procédé préalablement à une perquisition systématique de son domicile.

Carl Mihindou Mi-Nzamba, serait introuvable, indique-t-on,  dans les geôles de la Direction générale de recherches (DGR) et celles de la Police judiciaire (PJ) de Libreville.

Torrent de critiques sur le Japon pour sa gestion du Diamond Princess

Les critiques pleuvent sur le gouvernement japonais, accusé de ne pas avoir pris de dispositions radicales à temps pour endiguer la propagation du coronavirus sur le paquebot Diamond Princess où la première période de quarantaine prend en théorie fin mercredi.

Les 3.711 personnes embarquées sur ce navire battant pavillon britannique avaient été mises en quarantaine au large du Japon le 5 février, après que le coronavirus eut été détecté sur un passager qui avait été débarqué à Hong Kong.

Sur le papier, les règles étaient claires: les passagers étaient confinés dans les cabines, sauf pour de brèves sorties sur le pont, avec port de masques et évitement de contact.

Mais, outre que plusieurs ont dénoncé des comportements inappropriés (certains discutaient sans masque ou fumaient sur le pont), des doutes ont vite surgi quant à l’efficacité des dispositions prises.

En quelques jours, des tests ont répertorié plusieurs centaines de personnes porteuses du virus. Mardi, 542 cas avaient été signalés alors même que tous les résultats n’étaient pas connus.

Quant aux membres d’équipage, ils n’ont pas été placés à l’isolement, partageant les espaces de travail et de vie, les salles de bains, en portant simplement des masques et des gants lors de l’interaction avec les passagers (distribution de repas, de serviettes, de journaux, etc.)

– La « peur » d’un spécialiste –

Au moins deux représentants du gouvernement ont eux-mêmes présenté des tests positifs au virus après avoir travaillé sur le navire.

La critique la plus vive, faite sur un ton direct extrêmement rare au Japon dans les milieux officiels ou universitaires, est venue d’un expert japonais. Pour Kentaro Iwata, professeur à la division des maladies infectieuses de l’Université de Kobe interrogé par l’AFP, la mise en quarantaine à bord du navire est « un échec majeur, une erreur » et justifie le « scepticisme » de l’étranger.

« J’ai été en Afrique pour traiter l’épidémie d’Ebola. J’ai été dans d’autres pays pour le choléra, en Chine en 2003 pour m’occuper du Sras (…) Jamais je n’ai eu peur d’être moi-même infecté », assène-t-il par ailleurs dans une vidéo en anglais où il dit avoir eu « peur » et qualifie tout ce qu’il a vu sur le bateau de « chaotique ».

Des responsables japonais ont cependant défendu cette approche, dont Shigeru Omi, ancien chef régional de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui conseille le gouvernement et selon qui la quarantaine a « un effet très positif » sur la réduction des infections.

« Nous pensons que la majorité des infections se sont produites avant la date à laquelle les mesures de quarantaine ont commencé », a-t-il déclaré aux journalistes.

Cela ne semble pas avoir convaincu les gouvernements des Etats-Unis, de Corée du Sud, d’Italie, du Canada ou encore d’Australie qui ont décidé d’évacuer leurs citoyens.

Plus de 300 Américains ont été rapatriés et plus de 200 Canadiens devraient suivre sous peu.

Nancy Messonier, une fonctionnaire du Centre de contrôle des maladies des États-Unis, a déclaré aux journalistes que « les données provenant du Japon suggèrent qu’il existe un risque plus élevé parmi les personnes à bord du navire ».

Les salves de reproche ont placé les responsables japonais sur la défensive.

– Le Japon « n’est pas parfait » –

« Il n’y avait pas d’accord international établi sur la manière de répondre et sur qui est responsable ni sur quand débarquer », justifie M. Omi, arguant que les bateaux avec des cas de coronavirus ont été refoulés dans de nombreux ports.

Et d’ajouter: « aucune organisation n’est parfaite, le Japon ne fait pas exception. »

Le ministre de la Santé, Katsunobu Kato, a admis mardi l’existence de critiques, mais a déclaré que le gouvernement se concentrait sur la « santé des membres d’équipage et des passagers ».

L’identification du moment où des infections ont pu commencer sur le navire a été rendue plus difficile par la lenteur du déploiement des tests, avec moins de 300 personnes initialement testées et l’éventail n’a été élargi que progressivement pour inclure les groupes à risque.

Le gouvernement japonais a été pris de court, manquant de kits d’examen, mais il a attendu des jours pour demander de l’aide au secteur privé et inviter des experts à ses réunions de crise.

Il n’a terminé les tests à bord sur l’ensemble des passagers qu’un jour avant la fin de la quarantaine.

La manière dont le gouvernement a géré la crise semble avoir entamé la popularité du Premier ministre Shinzo Abe, déjà affecté par un énième scandale de favoritisme.

Selon un récent sondage, 52% des personnes interrogées disent désapprouver la réponse du gouvernement à l’épidémie.

hih-sah-kap-uh/phv

Au Sénégal, la forte demande chinoise perturbe le secteur de l’arachide

Les premières livraisons de cacahuètes, spécialité sénégalaise, ont trouvé acquéreurs avec une rare rapidité cette année, absorbées par l’appétit des négociants chinois. Pour le bonheur des producteurs, et au grand dam des fabricants d’huile d’arachide, privés de matière première et durement éprouvés.

Le retour des acheteurs chinois après quelques années d’absence, d’abord timidement il y a 12 mois puis massivement depuis le début de l’actuelle campagne arachidière (décembre-avril), perturbe ce secteur clé d’un pays essentiellement agricole, dont 27% des ménages cultivent l’arachide selon la Banque mondiale.

Depuis plusieurs semaines, le gouvernement sénégalais cherche une position d’équilibre entre les intérêts des très nombreux cultivateurs et ceux des usines de transformation. La Chine, quant à elle, affirme participer à la création de richesse, alors que la majorité de la population sénégalaise vit toujours en-dessous du seuil de pauvreté.

Dans le village de Sanguil, au coeur du bassin arachidier du centre du pays, des camions chargés de conteneurs vont et viennent autour d’un bâtiment dissimulé par de hauts murs qui abrite un site de décorticage des cacahuètes.

Quand le portail s’ouvre apparaissent des Asiatiques entourés d’ouvriers sénégalais qui s’affairent parmi les machines à décortiquer et les sacs d’arachide, la plante dont la cacahuète est la graine, consommée décortiquée ou pressée pour en extraire de l’huile.

Baye Niass Fall, un paysan de 50 ans, attend d’être payé, le sourire aux lèvres, car il fait une bonne affaire en vendant, « aux Chinois », dit-il.

Les Chinois ou leurs intermédiaires proposent 300 francs CFA (0,45 euro) par kilo de cacahuètes en coque, et 525 CFA (0,8 euro) si elles sont décortiquées. Les huileries proposent généralement 210 CFA (0,32 euro) pour les cacahuètes en coque.

– Agitation sociale –

« Cette année, on ne va pas brader nos arachides », se réjouit Sidy Bâ, un responsable des planteurs.

La Chine est le premier importateur des cacahuètes sénégalaises, principale culture du pays, depuis un accord conclu avec Dakar en 2014 et renouvelé en 2019.

Depuis le début de l’année, une forte demande de la Chine, un rendement affecté par une météo défavorable et des prévisions de production jugées trop optimistes ont créé des tensions sur le marché.

Les exportateurs, notamment Chinois, ont raflé la marchandise les premières semaines. L’huilerie publique, la Sonacos, et ses trois concurrentes privées, se sont retrouvées à court de cacahuètes.

Des mouvements sociaux ont agité les huileries.

La Sonacos, qui emploie directement 4.000 personnes, s’est séparée de 500 saisonniers et a annulé le recrutement de 600 autres, selon un responsable syndical, Samuel Ndour. La Copeol, privée, a mis fin au contrat de plus de 120 saisonniers, selon un autre syndicaliste, Samba Wane.

Ayant emprunté pour financer ses achats, la Sonacos voit ses « efforts de relance compromis », s’alarme son directeur général, Modou Fada Diagne.

– Bien « précieux » –

On a accusé les professionnels chinois de « concurrence déloyale », d’aller dans les champs pour acheter la cacahuète encore en terre et de compromettre ainsi la prochaine saison en rendant indisponibles les graines nécessaires pour les semences.

Le gouvernement a également été accusé de faire profiter les travailleurs chinois des fruits d’une récolte qu’il subventionne.

L’arachide est « la marchandise la plus précieuse du Sénégal exportée vers la Chine », selon son ambassade à Dakar.

D’environ 100.000 tonnes en 2015, les exportations sont passées à 200.000 tonnes l’an dernier, précise-t-elle dans un message à l’AFP, assurant que la demande chinoise « a favorisé le développement de l’agriculture locale ».

Les producteurs ont écoulé leurs graines « à un prix jamais imaginé », a de son côté affirmé à la presse le ministre sénégalais de l’Agriculture, Moussa Baldé.

– L’arachide comme le gaz –

Certes, 1.500 emplois seraient menacés dans les huileries, mais « il y a un million de producteurs qui sont contents », selon lui.

Pour autant, l’Etat vient de suspendre les exportations, le tonnage convenu en début de campagne ayant été vite atteint, sur un total d’1,4 million de tonnes attendues sur le marché.

Le ministre « espère » que, d’ici à mai et la fin de la commercialisation, la Sonacos fera une collecte suffisante pour faire tourner ses usines.

L’essayiste sénégalais Adama Gaye, auteur de « Chine-Afrique: le dragon et l’autruche », voit dans cette situation un exemple d’un risque couru à l’échelle du continent et généralement reproché aux puissances étrangères: « confiner les pays africains à un statut de producteurs de matières premières, sans valeur ajoutée ».

« L’arachide n’est que la version agricole de ce que gaz, pétrole et mines ont été dans un passé récent » et l’Afrique doit « exiger l’installation d’huileries pour capter une partie de la manne », dit-il.

Mais il faudra compter avec les producteurs, prévient leur représentant Sidy Bâ: « Avec l’ouverture des marchés et les réseaux sociaux, les paysans d’aujourd’hui savent qui paie le plus et qui paie le moins ».

Au Pakistan, retour de la musique pachtoune après les années de sang

Pendant des années, tirs de Kalachnikov et attentats assourdissants ont couvert les mélodies endiablées de la musique des Pachtounes. Mais la tradition séculaire fait son retour alors que la situation sécuritaire s’améliore dans le nord-ouest du Pakistan, d’où ce groupe ethnique est originaire.

Les spectacles qui se déroulaient autrefois en secret, par crainte de représailles de groupes extrémistes, reprennent vie. Les magasins d’instruments de musique sont à nouveau ouverts et prospèrent, tandis que des chanteurs pop pachtounes ont la faveur des chaînes de télévision pakistanaises.

« La musique est le piment de la vie… elle fait partie de notre culture depuis des temps immémoriaux », affirme Farman Ali Shah, un poète du village de Warsak, près des zones tribales frontalières de l’Afghanistan et de ses quatre décennies de conflit.

Les mélodies pachtounes reposent sur des accords de rubabs, des instruments à corde traditionnels, posés sur le son clair des tablas, les percussions locales.

Elles poussent les hommes, dans cette culture très conservatrice et patriarcale où les femmes sont absentes des évènements publics, à des danses en cercle. Chaque participant y tourbillonne avec force moulinets des bras et autres pirouettes.

« Pendant des siècles, nous avons été une société libérale », assure pourtant le joueur de rubab et député Haider Ali Khan, originaire de la vallée de Swat. « Nous aimons notre religion mais en même temps nous aimons notre musique traditionnelle », ajoute-t-il.

Longtemps, les mélodies pachtounes ont pourtant été réduites au silence par les extrémistes.

A partir des années 1970, des mouvements islamistes rigoristes ont gagné en influence dans les zones pachtounes le long de la frontière avec l’Afghanistan. Leurs interprétations strictes de l’islam méprisaient la musique.

– Chaos –

Puis l’extrémisme est devenu violent, après l’invasion soviétique de l’Afghanistan en 1979, qui a vu l’émergence d’une génération de moudjahidines. Les talibans, au pouvoir à Kaboul entre 1996 et 2001, avaient interdit la musique.

L’intervention d’une coalition internationale menée par les Etats-Unis en Afghanistan a renversé leur règne. Mais elle a aussi plongé le Pakistan dans le chaos.

De nombreux groupes insurgés s’y sont réfugiés. Un mouvement taliban pakistanais s’est formé, prenant le contrôle de certaines parties du Khyber Pakhtunkhwa, la province du Nord-Ouest dont Peshawar est la capitale.

« Les extrémistes tuaient les artistes et les chanteurs pour créer la peur », explique le chanteur Gulzar Alam, lui-même attaqué à trois reprises, et qui s’est réfugié ces dernières années en Afghanistan.

« Si vous enlevez la culture d’une communauté, d’une tribu ou d’un groupe ethnique, la communauté sera éliminée », déplore-t-il.

Les représentations publiques ont été pratiquement interrompues par les attentats-suicides. Des bombes explosaient dans les marchés de CD. Les magasins d’instruments étaient anéantis.

Quelques courageux continuaient à inviter des musiciens pour des spectacles privés et autres mariages. Mais les groupes devaient se produire sotto voce, pour éviter d’être entendus par les islamistes.

« Ils demandaient aux gens d’arrêter la musique, mais les villageois ne les ont jamais acceptés », se souvient Noor Sher, dont la famille fabrique des rubabs à la main depuis 25 ans.

Des musiciens d’Afghanistan, où les Pachtounes constituent la principale ethnie, ont aussi fui la violence faisant rage dans leur pays. Certains se sont installés à Peshawar, où ils ont ouvert des écoles de musique, maintenant la tradition en vie.

– « Libérer l’esprit » –

L’armée pakistanaise a intensifié ses efforts pour vaincre les extrémistes en 2014. La sécurité s’est considérablement améliorée depuis.

Entre 2015 et 2018, les morts violentes – à caractère extrémiste, politique ou criminel – ont chuté de 80% dans le pays, passant de 6.574 à 1.131 décès répertoriés, selon le CRSS, un centre de recherche pakistanais.

« Maintenant, la situation est bonne, très bonne. Nous pouvons jouer n’importe où, quand les gens nous invitent », estime Akhtar Gul, un joueur de rubab.

Mais beaucoup restent prudents dans le nord-ouest pakistanais, craignant toujours des représailles. Certains interviewés par l’AFP ont refusé de critiquer les extrémistes.

Les attitudes conservatrices envers la musique continuent en outre de résonner dans la région. Abdul Latif, 24 ans, cache ainsi son amour pour le rubab à sa famille, qui considère que cet instrument dissone avec l’islam.

« Cela fait partie de la culture pachtoune, mais je pense que ma famille n’en est pas consciente », observe-t-il.

Pour des musiciens comme Gulzar Alam, forcés de fuir, les dégâts sont plus profonds.

« Il faut beaucoup de temps pour libérer l’esprit ou le cerveau des artistes de la peur », explique-t-il depuis Kaboul, qu’il cherche à quitter pour vivre en réfugié dans un pays occidental.

« On peut changer la politique d’un gouvernement d’un simple coup de crayon, cela ne prend pas beaucoup de temps », remarque le député Haider Ali Khan. « Mais changer l’état d’esprit que vous avez forgé en deux ou trois décennies, ce n’est pas facile », dit-il.

Haïti: le Premier ministre fustige des policiers ayant provoqué des incendies

Le Premier ministre démissionnaire haïtien Jean-Michel Lapin a fustigé mardi les policiers qui ont incendié les stands du carnaval à Port-au-Prince, dénonçant des « actes barbares » qui « ne cadrent pas avec la démocratie ».

Lundi soir, à l’issue d’une manifestation de policiers, des incendies ont ravagé la quasi-totalité des stands construits sur la place du champ de Mars, à quelques centaines de mètres du palais présidentiel. Le carnaval national est prévu les 23, 24 et 25 février.

« Le comportement de ce groupe de citoyens, ces policiers et policières, a placé la population qui était là dans une situation difficile car ils ont (procédé à) des tirs et ont incendié des biens publics », a dit M. Lapin à la presse mardi.

« Ces actes barbares, illégaux, inadmissibles et indignes du policier, viennent rappeler la violence aveugle des extrémistes et des terroristes », a-t-il ensuite dénoncé dans un communiqué.

Devant la presse, le Premier ministre démissionnaire a toutefois reconnu comme « justes » les revendications des policiers concernant la revalorisation de leurs salaires, primes de risques et assurances.

Depuis plusieurs mois, les agents de la police nationale d’Haïti réclament le droit de former un syndicat qui assurerait la transparence dans les négociations avec leur hiérarchie.

Des voix se sont élevées dans la société civile haïtienne pour appeler à l’annulation du carnaval, au regard des immenses difficultés auxquelles le pays fait face.

Mais le chef du gouvernement intérimaire a assuré que les festivités se tiendraient aux dates prévues, et sur le parcours traditionnel.

« L’Etat a la responsabilité de respecter chaque droit fondamental, ce qui veut dire qu’il est de la responsabilité de l’Etat de porter des loisirs et réjouissances à tout le monde », a lancé M. Lapin.

Depuis le début de l’année, Haïti enregistre une recrudescence des enlèvements contre rançon, qui s’ajoutent aux luttes entre bandes armées qui empêchent régulièrement la circulation sur les principaux axes routiers du pays.

Par ailleurs, aucune issue n’a encore été trouvée à la crise politique qui paralyse le pays depuis plus d’un an.

Haïti n’a ainsi pas de cabinet ministériel opérationnel. M. Lapin, nommé en mars 2019, a présenté sa démission l’été dernier.

Et face à l’appauvrissement de la population, accélérée par une inflation de plus de 20%, l’opposition réclame toujours la démission du président Jovenel Moïse, impliqué « dans un stratagème de détournements de fonds » selon la Cour des comptes.